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Dans un premier temps, les enseignants ont dû définir des termes appartenant au domaine de l'enseignement de l'écriture soit d'abord le mot « écriture ». Concernant ce terme, il apparaît que l'un comme l'autre enseignant n'envisage, ni une définition commune, ni une définition telle qu'elle a été établie réellement dans la partie « qu'est-ce qu'écrire ? » selon les travaux de E. Charmeux, à savoir la prise en compte de deux dimensions principales dans l'acte d'écrire : le geste grapho-moteur et l'acte de rédiger, produire. Effectivement, chacun des enseignants ne semble penser qu'à une ou l'autre des dimensions malgré cependant quelques ambiguïtés, du moins selon leurs réponses apportées dans le questionnaire.

Chez l'enseignant débutant, l'écriture se rapporte de façon évidente à tout ce qui à trait à la calligraphie, selon ses propos. Par définition, du moins selon le Larousse68, ce mot signifie l'art de former d'une façon élégante et ornée les caractères de l'écriture. Ce qui veut dire que c'est l'art de former les belles lettres. De fait, cette tentative définitionnelle se rapproche clairement de la dimension de l'apprentissage de l'écriture par la maîtrise du geste graphique pour former correctement les lettres. D'autre part, il qualifie l'écriture comme représentant le fait d'écrire. Suivant le sens premier des mots, le fait serait alors de l'ordre de l'acte, de l'action. Le mot écrire pourrait quant à lui référer à la fois à la

dimension graphique puisque c'est bien tracer des caractères, des signes d'une langue et à la fois faire allusion à la rédaction, à la production d'un écrit. Conséquemment l'enseignant débutant aurait envisagé alors toutes les dimensions de l'écriture. Il semble difficile de saisir réellement le sens des mots proposés pour définir l'écriture selon l'enseignant débutant. Cependant, les quelques éléments donnés tendent principalement vers un unique pend de l'écriture : le geste grapho-moteur. L'enseignant débutant ne semble donc pas penser globalement l'écriture. D'un autre côté, cet enseignant mentionne dans sa définition : « les caractères que l'on lit », comme pour faire référence au processus d'apprentissage de la lecture en rapport avec le codage, l'encodage, la relation graphie- phonie. C'est ce que confirme d'ailleurs toujours le Larousse en énonçant que la lecture est le « fait de savoir lire, déchiffrer et comprendre ce qui est écrit ». Par voie de conséquence, un lien intrinsèque s'opère entre lecture et écriture. Mais est-il simplement envisagé du côté de l'enseignement de la lecture même ou également dans d'autres versants plutôt littéraires où la lecture plurielle devient source et ressource de la production d'écrit ? Selon l'historien et théoricien, Mickail Bakhtine69, un texte est toujours le fruit de lecture d'autres textes. C'est ce qu'il appelle l'interdiscursivité. Cette notion est à l'origine de la construction des ressources du scripteur, qui par ses nombreuses lectures accroît non seulement son imagination mais surtout ses connaissances en lien avec les diverses typologies textuelles existantes.

Chez l'enseignant expert, les termes employés sont tout autre. Effectivement, il définit l'écriture comme une mise en écrit. Il serait erroné de croire que c'est le reflet d'une vision matérialiste où il s'agit simplement de prendre de quoi écrire. En effet, le mot « mise » semble faire référence à une action, un acte. C'est faire une activité : écrire. De fait, cet enseignant aurait plutôt opté spontanément, au contraire de l'enseignant débutant, pour la dimension de la production d'écrit. Encore faut-il deviner les enjeux que l'enseignant expert y rattache. Une nouvelle fois, il n'est guère possible d'affirmer que tous les aspects de l'écriture soient perçus. Cependant, des éclaircissements paraissent émerger quand il parle d'une transcription à l'écrit par l'élève. Selon le dictionnaire Larousse, une transcription est l'action de transcrire, c'est-à-dire à la fois de « copier » ou « recopier » un mot, une phrase ou plus largement un texte mais également à la fois de « mettre très exactement à l'écrit des paroles, des idées ». Conséquemment, il s'agirait d'un côté d'une

69 BAUDELLE S et al. « Écrire, c'est construire sa pensée en la formulant ». In Francais. nouveau concours 2014 Tome 2 Tome 2. Paris : Nathan, 2013, p. 8.

activité plutôt de graphie mêlée à de la concentration et d'un autre côté d'une véritable intention de produire un écrit avec un objectif précis et une organisation spécifique. Ce sens définitionnel donné ici n'est pas sans rappeler les courants qui s'opposent de l'écriture70. L'une, déclare que la pensée est première et que l'écriture en est simplement la traduction. L'autre, plutôt dans le sens de l'enseignant expert, affirme que l'écriture et la pensée sont conjointes, c'est-à-dire que l'écriture est la traduction instantanée des pensées. L'écriture est donc l'entrée dans un mode de raisonnement spécifique, lieu de l'organisation et de l'argumentation.

D'autre part, tout comme l'enseignant débutant, il semble poser un lien avec l' apprentissage de la lecture puisque le terme de transcription possède aussi le sens de « la notation des unités phoniques du langage au moyen de symboles et de signes graphiques conventionnels ». Finalement, il semblerait que l'enseignant expert soit celui qui se rapproche le plus de la définition conventionnelle de l'écriture et de ses enjeux telle qu'elle a été posée précédemment.

Pour conclure sur cette tentative définitionnelle du terme « écriture », il semblerait que l'ensemble des définitions conjuguées des deux enseignants parviennent à cerner globalement cette notion qu'ils sont amenés à considérer pourtant en globalité pour pouvoir l' enseigner.

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