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7 RECOMMANDATIONS

7.2 Horizon 2025-2030

7.2.2 Éco-campus pour la formation à la citoyenneté environnementale

L’éco-campus se veut un espace de recherche où les divers acteurs du programme collaborent et coopèrent autour de projets socio-environnementaux visés dans le cadre du programme de formation à la citoyenneté environnementale. Il est un laboratoire pour l’expérimentation et la réalisation des idées innovatrices pour

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la transition écologique. Il est aussi le point d’ancrage entre les membres du programme issus de communautés et de facultés distinctes. Sur cet éco-campus, l’agriculteur, de l’exemple de Jocelyne mentionné ci-dessus, peut venir mettre à l’épreuve certains concepts. Il peut venir étudier les variables clés de la permaculture avec quelques étudiants, professeurs et partenaires afin d’explorer les répercussions sur la production journalière. L’éco-campus est un espace où tous les projets du programme de formation à la citoyenneté environnementale peuvent venir prendre vie si, bien entendu, cet espace n’est pas déjà accessible hors contexte universitaire. En d’autres mots, cet agriculteur pourrait aussi bien utiliser sa propre terre pour effectuer ces expériences.

L’univers social et environnemental de l’éco-campus est axé vers la transition écologique : il promeut des valeurs collectivistes et environnementalistes. Ces dernières sont véhiculées de façon transversale dans l’éco-campus via l’aménagement des espaces physiques et des infrastructures, la gestion et la gouvernance. La nature occupe une place prépondérante dans l’espace physique du campus en lien avec la première composante de la citoyenneté environnementale qui est de développer un sentiment d’unité avec les autres systèmes vivants. (voir chapitre 3.2.1) Ainsi, il n’est pas seulement question d’avoir quelques espaces végétalisés, mais bien une diversité d’habitats et d’espèces afin d’observer la vivacité et la complexité de l’environnement. L’éco-campus se veut donc un parc naturel où sont explorés les concepts qui permettent de tendre vers la transition écologique. Il n’est pas seulement question de construire des bâtiments écoresponsables avec des certifications spécifiques (ex : certification LEED), mais de plutôt voir comment ce territoire se transforme en fonction des projets visés par le programme de citoyenneté environnementale. En effet, le territoire de l’éco-campus évolue de manière dynamique avec le programme. Rappelons que ce dernier remet en cause les paradigmes dominants de nos sociétés. Au fur et à mesure, ce centre de recherche permettrait de reconstruire progressivement l’ensemble des dynamismes de notre société vers un avenir viable et de redéfinir notre façon de vivre ensemble, et ce, en incluant cette fois-ci le dynamisme des autres espèces vivantes. Une initiative similaire est en train de voir le jour au Québec. L’Éco-Campus Hubert Reeves est un parc de recherche dédié à l’innovation de technologies propres (TechnoParc Montréal, 2019). Cet éco-campus est également reconnu comme une zone protégée. Selon TechnoParc Montréal (2019), ce centre est « une première en Amérique du Nord », car la nature a une place prédominante dans l’espace physique. On peut voir que cette initiative incarne des valeurs similaires à celles de l’éco-campus pour la formation à la citoyenneté environnementale. Elles ont simplement une visée différente : la première promeut les technologies propres et l’autre un nouveau mode de vie. Des partenariats pourraient être envisagés entre ces deux initiatives.

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À titre d’exemple, les enjeux autour de la qualité et la quantité de l’eau potable peuvent susciter la remise en question de notre manière de concevoir, aussi bizarre soit-il, les toilettes. Sachant que l’eau douce représente seulement 3% de l’eau sur Terre, dont seulement un tiers est disponible (figure 7.1), il paraît déraisonnable de croire que faire nos besoins dans l’eau potable est viable à long terme.

Figure 7.1 Répartition des eaux sur Terre (tiré de United States Geological Survey, 2019).

Qui plus est, nous devons considérer les impacts négatifs des changements climatiques, de l’agriculture, des produits pharmaceutiques et des multiples autres enjeux socio-environnementaux qui affectent et affecteront la qualité et la quantité des eaux douces (OCDE, 2019; GIEC, 2014). Ces enjeux sont bien réels au Québec selon, entre autres, des études du gouvernement du Québec (Gélinas et al. 2014) et de l’UdeS présentées à Société Radio-Canada (2017). Peut-être est-il temps d’envisager que les excréments sont des ressources plutôt que des déchets comme l’envisage une exposition du Musée de la civilisation de Québec (Société Radio-Canada, 2019a)? Peut-être que nos futurs espaces de vie (maison, terrain) pourraient être à circuit fermé afin de réutiliser cette ressource? Certes, penser à de telles solutions alternatives peut sembler radical et même ridicule, mais peut-être que l’avenir se cache dans l’exploration d’idées singulières et non- conventionnelles.

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Concernant la gestion et la gouvernance, l’éco-campus serait complètement autogéré par la communauté d’apprentissage et de pratique. À l’image d’une microsociété, ce laboratoire explorerait les nouvelles tendances et contesterait les concepts conventionnels de façon complètement autogérée par les membres du programme. Puis, de la même manière que le programme de formation, le temps des apprenants dédié à la gestion de l’éco-campus serait transigé en crédit et reconnu par l’institution. Ainsi, un peu comme l’exemple de Thomas, un étudiant pourrait venir simplement contribuer à la gestion de la terre agricole, des matières résiduelles, de l’eau, des milieux naturels, de l’aménagement et des autres particularités de l’éco-campus afin de développer ces savoir-faire et savoir-être. Il en serait de même pour tous les acteurs du programme : les professeurs, les organisations, les communautés autochtones, etc.

La structure coopérative du programme, entre les collectivités et l’université, ouvre aussi la porte à un mode de gouvernance plus systémique (voir chapitre 2.4). La place prédominante du citoyen dans la démarche d’apprentissage du RAP et la nature même du programme d’être un incubateur à innovation sociale caractérisent ce nouveau mode. Sachant que la transition écologique implique d’être en interaction constante avec le milieu, ce nouveau paradigme de gouvernance semble être plus adapté aux contextes contemporains. Marion (2006) les distingue de la façon suivante :

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Tableau 7.1 Paradigmes mécaniste et systémique du comportement organisationnel (traduction libre de Marion [2006] tiré de Beauregard [2016])

Cette recommandation d’éco-campus peut certainement prendre vie à partir du Campus principal de l’UdeS, car la gouvernance institutionnelle soutient déjà des stratégies d’investissement pour un avenir viable (critère 1.3). L’UdeS a l’opportunité d’étendre le milieu naturel du Parc Mont-Bellevue à l’échelle du campus et de rediriger les efforts d’aménagements, notamment par les stratégies de développement durable, vers la transition écologique. Toutefois, de la même manière que le programme de formation à la citoyenneté environnementale, cette recommandation s’adresse aussi aux quatre autres institutions du PRESE. Il est peut-être plus juste de concevoir cet éco-campus, ce laboratoire expérimental pour la transition écologique, de façon concertée avec les autres institutions.