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5. ÉTUDE QUALITATIVE

5.2. Analyse de contenu des entretiens des enseignants

5.2.1. Les échelles

5.2.1.1. La pertinence des échelles : le point de vue des enseignants

L’échelle du plaisir est celle qui recueille le plus d’opinions favorables. Un enseignant la considère comme « pertinente ». Il ajoute « l’échelle du plaisir ça ne leur a pas posé de soucis

parce que bon c’est visuel […] Par contre, je pense que celle qu’ils n’ont pas très très bien compris, utilisée c’est la 2ème l’échelle de l’effort […] j’étais sans arrêt en train de réactiver le truc parce que j’avais l’impression qu’ils ne la prenaient pas dans le bon sens […] pas facilement assez parlante ». Cet enseignant est assez dubitatif quant aux résultats de l’échelle de l’effort, il précise : « je ne suis pas certain que les résultats que vous avez obtenu soient conformes à la réalité ». Quant au progrès, il pense « que ça doit être correct ». Un autre enseignant considère que l’échelle du plaisir traduit plutôt la réalité : « c’était fidèle surtout au niveau du plaisir ».

Un seul enseignant estime que l’échelle de l’effort est facile d’utilisation.

Un enseignant relève les difficultés qu’il a rencontrées pour rendre opérationnelle l’échelle du progrès « ils avaient du mal à se situer […] je pense qu’ils avaient plus la notion de plaisir quand ça leur plaisait ou pas mais le progrès c’est très très dur je trouve à évaluer même pour soi même ». Le progrès est la notion qui a posé le plus de difficulté aux enseignants, non par rapport à l’échelle mais par rapport à l’équivocité de cette notion.

Un professeur s’interroge sur la longueur des échelles. Il estime qu’elles comportent un nombre d’échelons trop élevé : « c’était difficile d’utilisation […] le plaisir, je trouve qu’il y en avait beaucoup […] c’est difficile de choisir entre l’une et l’autre entre bon j’éprouve aucun plaisir et j’ai éprouvé du plaisir. Est-ce qu’il en faut autant ? Il en faut 5 ? Euh, je ne suis pas sûr ».

Un enseignant met en avant l’utilisation des échelles dans la temporalité de la séance : « ce que j’ai trouvé intéressant c’est le côté avant-après et ça a bien marché ». Il relate l’expérience d’élèves n’ayant pas envie de s’engager et qui ont éprouvé du plaisir à la fin de la séance : « il y a eu des élèves peu motivés qui n’avaient pas envie d’aller courir et qui finalement après parce qu’ils avaient réussi à se dépasser et à faire leur projet étaient contents ».

Il met aussi en évidence l’aspect plaisant des réglettes : « les échelles ça leur a bien plu, en plus ça a un côté un peu ludique ». Un autre enseignant souligne aussi « c’est ludique ces petits bonhommes, c’est maternel […] mais ça marche vachement bien même avec les nôtres qui ont 9/10 ans ».

5.2.1.2. Permettre l’expression des élèves : un des apports des échelles Pour la question relative à l’apport des échelles, un enseignant répond « ils se sont beaucoup plus exprimés là-dessus […] c’est rare qu’on leur demande leur avis sur leur ressenti ». Il reconnaît qu’il ne le fait pas mais « pense que ça peut être bien dans les autres matières, dans les autres activités sportives ». Au sujet de l’écriture des sensations, il ajoute « de les écrire je ne sais pas mais de les faire ressentir je pense que ça peut-être bien ».

5.2.1.3. L’utilité des échelles : une vision contrastée pour les enseignants À la question « Est-ce que tu penses que ces trois échelles, ça leur a servi? » un enseignant estime que ce n’est pas le cas : « je crois que non ». Pour lui, les enfants accordent de l’importance au « nombre de tours, […] au nombre de fois où ils ont marché » et ajoute « je ne suis pas certain qu’ils ont fait attention au fait de se dire « j’éprouve du plaisir ». Globalement pour lui, le projet est déterminant.

À la même question, un autre enseignant répond « oui pour se connaître ». Quant à l’éventuelle exploitation en classe des échelles proposées, il avoue ne pas l’avoir fait. Se pose alors la question de l’utilisation des échelles en classe. Dans le dispositif, nous insistons davantage sur le renseignement des fiches que sur l’emploi ultérieur en classe des résultats notés.

Un troisième enseignant répond par l’affirmative à la question posée en précisant « ça les aidait à avoir un retour sur ce qu’ils venaient de faire […] et ça c’est important puisque ça leur permet de réfléchir sur leur propre activité. Ce qu’ils font très rarement, et pas seulement en sport d’ailleurs ».

Un professeur prolonge la notion de plaisir ressenti avec l’utilisation de la réglette en musique : « la semaine dernière on a écouté Chopin, […] le plaisir […,] ils le voient, ils le sentent ».

5.2.1.4. La fréquence d’utilisation des échelles

Concernant la fréquence d’utilisation des échelles dans l’unité d’enseignement de course longue, un enseignant s’interroge sur l’intérêt de les présenter à chaque séance. Ainsi, pour « celles qui étaient à remplir avant de donner la consigne d’entourer ce qu’on pensait […], ça peut-être intéressant […] c’est sûr, de savoir qu’est-ce qui va se passer, comment mon corps va réagir […] mais quand c’est toujours la même chose, quand on sait à quoi s’attendre, on

sait de quoi on va être capable là je trouvais que c’était superflu». Il ajoute l’intérêt de les utiliser « ponctuellement, mais pas à chaque séance, […] seulement quand c’est nouveau ».

5.2.1.5. Les notions abordées peuvent dépendre de la sensibilité enseignante

En ce qui concerne les notions de plaisir, de progrès et d’effort, un enseignant indique « j’ai peut-être plus insisté sur le plaisir et sur le progrès, […] involontairement [...]. Sur le plaisir, j’ai énormément insisté, on a beaucoup parlé du plaisir, qu’on pouvait ressentir ou pas, dans ce genre de sport ou par rapport à des sports d’équipe où on marque des points…».