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É VALUATION DES REJETS EN FONCTION DU MILIEU RÉCEPTEUR

Les effets des contaminants sur le milieu aquatique sont en général évalués par deux approches : l’étude directe du milieu et les OER.

L’étude directe du milieu consiste à prélever dans le milieu aquatique, des données physico-chimiques, biologiques et hydrologiques afin d’évaluer si le milieu est perturbé ou en santé. Il s’agit donc d’un état de situation. Ce type d’étude a l’avantage d’être effectué directement dans le milieu et présente peu d’extrapolation. Par contre, elle est coûteuse, et il est parfois difficile de déterminer la cause exacte d’une perturbation du milieu. Cette approche n’est pas appropriée pour établir des niveaux de rejets aux effluents, car on peut difficilement faire des liens quantitatifs entre les divers rejets et les effets observés. Les effets observés aux divers points d’étude dans le cours d’eau présentent aussi une variabilité spatiale et temporelle, ce qui complique l’analyse des résultats.

Typiquement, un OER est une valeur en charge et concentration calculée pour un paramètre associé à un effluent qui se rejette à un point précis d’un plan d’eau. Cet OER est calculé de façon à permettre le respect des critères de qualité d’eau de surface dans le milieu. Il peut donc être utilisé autant à titre préventif pour un rejet futur que pour effectuer une intervention relative à un rejet existant. Il a l’avantage d’être assez facile à calculer. Par contre, il ne tient pas compte des effets synergiques ou antagonistes des divers contaminants et des nombreuses variations qui surviennent dans le milieu ou dans le rejet.

Ces deux approches sont considérées comme complémentaires. L’étude directe du milieu permet d’établir l’état de santé du milieu, alors que le calcul des OER permet d’établir la qualité des rejets nécessaire pour maintenir ou améliorer la santé des milieux. D’ailleurs, le calcul des OER s’appuie, en partie, sur la connaissance du milieu.

C’est l’approche des OER qui a été utilisée pour évaluer les rejets des usines de pâtes et papiers. Le Ministère s’en sert également pour d’autres secteurs.

3.2 Définition, calcul et interprétation des objectifs environnementaux de rejet Définition et calcul des objectifs environnementaux de rejet

Les OER déterminent des concentrations et des charges qui peuvent être rejetées dans

le milieu aquatique sans compromettre les usages de l’eau. On peut les calculer pour

chaque substance pour laquelle il existe un critère de qualité de l’eau. Pour calculer un

OER, il faut connaître le critère de qualité de l’eau, le débit de l’effluent, la concentration

du paramètre dans le cours d’eau et, habituellement, le débit du cours d’eau récepteur

en étiage ou le débit dans le panache de diffusion de l’effluent.

Le calcul de l’OER tient compte, pour chaque contaminant, des divers usages de l’eau (source d’approvisionnement en eau potable, vie aquatique, activités récréatives et qualité esthétique de l’eau, protection de la faune terrestre piscivore, consommation de poissons, de mollusques et de crustacés). Il peut donc exister plusieurs critères de qualité de l’eau pour une même substance. L’OER est calculé avec le critère qui permet de protéger tous les usages en aval « immédiat » du rejet. Le document Critères de qualité de l’eau de surface publié par le Ministère présente en détail ces critères et contient diverses informations sur leur utilisation (MDDEP, 2008a).

Plusieurs débits de cours d’eau, et donc plusieurs taux de dilution, peuvent être utilisés pour calculer les OER, selon le type d’usage du milieu aquatique, les caractéristiques d’écoulement dans le milieu et le type d’effet associé à chaque contaminant. Le taux de dilution est défini comme le rapport entre une partie du débit du cours d’eau et le débit du rejet. L’annexe 1 présente les taux de dilution et diverses informations relatives au calcul des OER des usines visées dans ce rapport.

Une attention particulière doit être apportée lors de l’utilisation des OER en milieu salé.

En effet, l’eau douce du rejet étant moins dense que l’eau salée, le rejet remonte rapidement à la surface et se diffuse plus difficilement dans le milieu. Le taux de dilution utilisé pour le calcul des OER ne représente souvent qu’une faible portion du milieu récepteur. Le dépassement de certains OER en milieu salé doit donc être interprété avec prudence.

Le niveau des contaminants déjà présents dans les cours d’eau varie selon l’utilisation du territoire et divers autres facteurs. Si la concentration d’un paramètre dans un cours d’eau se situe déjà près de la concentration du critère de qualité de l’eau ou qu’elle la dépasse, cela signifie que la charge ajoutée devra être faible ou nulle. Dans une telle situation, il sera plus difficile de respecter l’OER.

Il existe différentes méthodes de calcul des OER selon les caractéristiques des paramètres visés et celles des milieux récepteurs (MDDEP, 2007). Mais peu importe la méthode retenue, le principe de base demeure le même et peut être résumé par l’équation suivante :

- Charge présente Charge tolérable = Charge tolérable dans le milieu

de rejet

(basé sur le critère de qualité)

dans le cours d’eau

Interprétation de l’OER

Le respect d’un OER signifie que le critère de qualité de l’eau visé n’est pas dépassé après une certaine dilution du rejet dans le milieu. L’approche des OER est donc une méthode pour traduire le respect des critères de qualité de l’eau dans le milieu en une valeur cible à l’effluent. Lorsque cette valeur n’est pas dépassée, on considère que les usages du milieu sont protégés la majorité du temps.

Une telle approche est donc différente de l’outil réglementaire qui impose des exigences

identiques pour un secteur d’activité. L’approche réglementaire fixe une performance

technologique de base, tandis que l’approche des OER permet d’établir, pour chaque milieu et pour chaque rejet, les besoins spécifiques de réduction de contaminants.

Souvent, l’approche réglementaire ou technologique de base est vue comme la première étape de réduction des rejets et l’approche utilisant les OER, comme la seconde étape.

Lorsque le rejet d’une usine montre des dépassements d’OER, cela ne signifie pas qu’il a subi un traitement moins efficace qu’un rejet pour lequel aucun dépassement n’est observé. Ceci est particulièrement vrai pour un secteur industriel réglementé, comme celui des pâtes et papiers, où les usines d’une même catégorie doivent respecter les mêmes normes de rejet.

Le taux de dilution du rejet dans le milieu (importance du débit du cours d’eau récepteur utilisé pour la dilution versus le débit des eaux usées qui sont rejetées) devient souvent un facteur déterminant dans l’évaluation du respect de l’OER. Le niveau de pollution déjà présent dans le milieu joue aussi un rôle important en limitant les rejets qui peuvent être ajoutés au milieu sans occasionner un dépassement des critères de qualité d’eau.

3.3 Objectifs environnementaux de rejet des usines

Des OER ont été calculés pour un grand nombre de paramètres susceptibles de se trouver dans les effluents des usines de pâtes et papiers, dans la mesure où il existait un critère de qualité de l’eau pour ces paramètres. Un échantillonnage préliminaire des effluents (voir la section 4.1) a permis d’établir, pour chaque usine, les paramètres pour lesquels un OER était susceptible d’être dépassé. Ainsi, chaque usine avait une liste d’OER appropriée aux caractéristiques de son effluent et du cours d’eau récepteur qui y était associé. De plus, quatre paramètres (azote ammoniacal, coliformes fécaux, toxicité chronique (algue) et toxicité chronique (méné)) ont été retenus pour toutes les usines.

Pour plus de détails, le lecteur peut consulter le document Méthodologie permettant d’identifier une norme supplémentaire de rejet dans le processus de l’attestation d’assainissement pour le secteur des pâtes et papiers (MDDEP, 2008b) que l’on trouve sur le site Internet du Ministère.

Le tableau 1 présente les valeurs minimales, moyennes et maximales des OER retenus pour chaque usine. La dernière colonne de ce tableau indique, pour chacun des paramètres, le nombre d’usines, sur un total de 37, pour lesquelles un OER a été retenu. Le nombre d’OER est propre à chaque usine, puisque cela dépend des caractéristiques de l’effluent (présence ou non de certains contaminants selon le procédé de fabrication) et des caractéristiques du milieu dans lequel l’effluent est rejeté.

Dans le cas où le rejet se déverse dans un milieu récepteur ayant un grand pouvoir de

dilution, le nombre d’OER susceptibles d’être dépassés est en général peu élevé, alors

que c’est l’inverse qui se produit en présence d’un faible taux de dilution.

T

ABLEAU

1 : Caractéristiques des OER retenus pour les usines de pâtes et papiers

4 P ORTRAIT DES REJETS

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