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Sociétés des Amis des Beaux-Arts

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Academic year: 2021

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ARTISTIQUE

Sociétés des Amis des Beaux-Arts

&

des Ingénieurs

&

Architectes

A TRAVERS LES AGES

PUBLICJ\TION

DES

1907

MÉDAILLE DE VERMEl L

LA PLUS HAUTE RÉCOMPEl\SE

NIÉDlULLE D'OR

1-:\I'OSITI01\ 1\ATIOl\ALE SUISSE

DltCERNl-;E

A 1.E\pOSITI01\ CAl\TOl\ALE DL lï{IIlOUH; 18()2

LIBRAIRIE JOSUI~ LABASTROU

(Hubert Labastrou Suce.)

FRIBOURG

(SUISSE)

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GENI~n: 1896

IMPRIMERIE SAINT-PAUL

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-

TABLE DES PLANCHES

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Préface

---

1. Eglise de Bellegarde

2. Saint Maurice. (Reliquaire de la Collégiale de Saint-Nicolas.)

3. Une vie de la Vierge. (Peinte dans le cloître des Cordeliers, à Fribourg.)

4. Ancien costume fribourgeois.

5. Chapelle de Notre-Dame des Neiges, près Lessoc 6. Calices anciens, argent. (Chartreuse de la Valsainte.)

7., Calices anciens, vermeil. (Chartreuse de la Valsainte.)

8. Saint Pierre et saint Paul. (Bustes de H. Geiler.) .

9. Pont couvert sur là Sarine, à Fribourg. (Pont dit « de Berne ».) 10. Ex V oto. (Peinture sur bois du X VIme siècle.)

II. Bahut ancien

12. Sceaux de la Ville et République de Fribourg 13. Frédérich de Diesbach, prince de Sainte-Agathe 14. Mausolée de Frédérich de Diesbach, à Torny 15' Ferme, à Middes .

16. Groupe de paysans tribourgeois 17. Château du Petit-Vivy.

18.' Donjon du Château du Petit-Vivy

19. La Chapelle de Sainte-Anne, à Fribourg

20. Statues de la Chapelle de Sainte-Anne.

21. Portes de maisons. (Grand'rue, à Fribourg.) 22. Un poêle historique.

23. Ruelle des Augustins. (Quartier de l'Auge.)

24. Initiales de l'Antiphonaire d'Estavayer. (Dessins comiques.)

G. DE MONTENACH.

'.

FR. REICHLEN.

FR. PAHUD.

J.-J.

BERTHIER.

G. DE MONTENACH.

R. DE SCHALLER.

D. L.-M. DE MASSIAC.

D. L.-M. D~lVlAS§}AÇ.

-A11ttX s;

-z.

1UIf>M/fl

W€IEN B055I!N5.

AMÉDÉE GREMAUD.

GONZ. DE REYNOLD.

PAUL DE,PURY.

F. DUCREST.

PAUL DE PURY.

PAUL DE PURY.

FRÉDÉRIC BROILLET.

G. DE MONTENACH.

MAX DE DIESBACH.

MAX DE DIESBACH.

LUCIEN BOSSENS.

LUCIEN BOSSENS.

ROM. DE SCHALLER.

MAX DE DIESBACH.

C. SCHLlEPPFER.

FR. PAHUD.

(8)

Le Comité directeur du FRIBOURG ARTISTIQUIfA TRA VERS LES AGES se compose des délégués des deux Sociétés fondatrices :

POUR LA SOCIÉTÉ DES AMIS DES BEAUX-ARTS

MM. HUBERT LABASTROU, président.

P. 1.-1. BERTHIER.

MAX DE DIESBACH.

FRÉDÉRIC BROILLET.

POUR LA SOCIÉTÉ DES INGÉNIEURS ET ARCHITECTES

MM. AMÉDÉE GREMAUD.

ROMAIN DE SCHALLER.

MODESTE BISE.

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(9)

PRINCIPAUX COLLABORA TEURS

DU « FRIBOURG ARTISTIQUE A TRAVERS LES AGES »

-~-

R. P. Berthier, Professeur à l'Université. - M. Max: de Diesbach, Président de la Société d'histoire.

M. Max de Techtermann, Conservateur du Musée cantonal. - t M. J. Gremaud, Professeur d'histoire.

M. Joseph Schneuwly, Archiviste cantonal, - M. Romain de Schaller, Architecte, Président de la Société des Amis des Beaux-Arts. - M. Amédée Gremaud, Ingénieur cantonal, Président de la Société des Ingénieurs et Architectes. - M. W. Effmann, Professeur d'Archéologie. - M. Dr Joseph Zemp, Professeur de l'Histoire de l'Art à l'Université. - Mgr Kirsch, Professeur d'Archéologie à l'Université. - t M. Oharles Stajessi, Inspecteur des Arsenaux. :- M. Frédéric Broillet, Architecte. - M. François Pahud, R. Curé de Lausanne. - M. François Reichlen, Archéologue. - M. l'abbé François Ducrest, Professeur, Secrétaire de la Société d'Histoire. - M. Georges de Montenach, Député au Grand Conseil, - Mgr 'Léon Esseiva, R. Prévôt du Chapitre de Saint- Nicolas. - t M. Alfred Berthoud, Artiste-peintre, à Meyriez. - M. Dr Fr. Speiser, Professeur à l'Université. - M. Et. Fragnière, Rédacteur. - M. Léon Buclin, Conseiller communal. - M. Paul de Pury, Conservateur du Musée de Neuchâtel. - M. Gonzague de Reynold. - Dom Louis-Marie de Massiac, Bibliothécaire à la Chartreuse de la Valsainte. - M. o. SchUlppfer, Professeur au Technicum. - M. Ohanoine Bossens, Recteur de St-Jean.

---·~f---

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Le Présent nous harcèle et l'A venir nons inquiète. Seul le bienheureux Autrefois s'épanouit en paix au royaume de la Légende, - à jamais débarrassé du joug de la Fatalité.

GEORGES AURIOL.

1

~~%3 'EST avec empressement que, répondant à l'invitation qui nous a été adressée, nous venons de nouveau nous entretenir avec les fidèles abonnés du Fribourg artistique, et souligner une fois

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de plus devant :eux, les mérites de cette publication qui est, comme un ami, dont les visites

~(Ij régulières, quoique trop espacées encore à notre gré, nous procurent toujours un plaisir délicat, sur lequel nous ne serons jamais blasé ..

Nous ne saurions oublier que le F6boU7'g artistique, il y a bien des années déjà, nous a permis de commencer dans ses colonnes, cette campagne contre le vandalisme et en faveur de la Renaissance du Beau social, qui, nous nous croyons autorisé à le reconnaître, n'~pas été sans résultat, puisqu'aujourd'hui, ceux qui soutiennent et défendent les idées esthétiques dont nous nous sommes fait le propagateur, deviennent de plus en plus nombreux et constituent une force avec laquelle l'opinion doit compter:

Ces idées esthétiques, elles ont trouvé ici même, dans la personne de M. Gonzague de Reynold, auquel nous devons les excellentes préfaces de ces dernières années, un défenseur aussi enthousiaste qu'érudit, dont le style élégant et nuancé, dont la phrase rythmée, sertie d'épithètes colorées et vibrantes, nous fait appréhender de reprendre après lui, une place qu'il occupait avec tant de succès. Mais nous ne saurions nous dérober à l'appel qui nous est fait, car jamais les amis du Beau n'ont eu un besoin plus urgent de s'unir et de se compter. Notre ville et notre canton traversent une période fiévreuse d'extension économique, il faut grandement s'en réjouir;

mais elle est infiniment dangereuse pour le passé local qui :nous est cher et dont nous voudrions conserver intacts, les monuments, les trésors et les traditions.

Il importe donc plus que jamais de travailler sans relâche à la conciliation entre le Beau et l'Utile, ces adversaires d'aujourd'hui, car c'est par elle, que nous empêcherons notre petit pays de perdre l'héritage artistique de ses pères, de méconnaître dans les manifestations nouvelles de son activité, les enseignements du milieu naturel, de sombrer dans une banalisation qui aurait sur la mentalité fribourgeoise les plus funestes répercussions.

Les luttes en faveur de l'indépendance de nos petits territoires cantonaux, se produisaient autrefois sur le terrain politique; à présent, ce que j'appellerai l'âme même de la race, est menacée dans les gens et dam les choses, par une poussée d'utilitarisme niveleur, et de toutes parts nous voyons grossir et s'allonger les. infiltrations de ce dernier. C'est donc un devoir patriotique au premier chef, que de réagir fortement, que de magnifier les mœurs anciennes et tout ce qui leur servait de cadre, que de s'emparer des créations actuelles, pour leur imprimer l'empreinte de notre esprit, de notre idéal historique.

Le .Fribourg artistique, par les œuvres qu'il met en lumière, par les renseignements qu'il donne, par les idées qu'il répand, par les hommes qu'il groupe à son service, est un vrai foyer, dont le rayonnement s'étend sur le, pays tout entier. Il est une force puissante au service de la cause qui nous est chère, et bien des cantons en Suisse nous envient ce périodique qui, depuis bientôt vingt ans, toujours égal à lui-même et sans une défaillance, a tracé un large sillon dans lequel germent déjà bien des jeunes pousses, prometteuses de magnifiques récoltes.

Cependant, à travers les années, et surtout depuis trois ou quatre ans, le Fribourg artistique a, lui aussi, évolué, élargissant peu à peu son cadre primitif, pour y embrasser toutes les manifestations de la beauté et, là encore, il a donné là mesure de sa souplesse, et là encore, il a montré combien il savait s'adapter aux principes nouveaux de l'esthétique moderne qui, moins étroite et moins exclusive, ne demeure plus cantonnée au seul service des Beaux-Arts et de leurs formules poil cives, mais s'intéresse à toutes les manifestations de la ligne et de la forme, qu'elle les tr~:>uve dans l'objet le plus vulgaire de nos logis, ou dans la cabane la plus rustique d'un hameau montagnard.

Dans la première décade de son existence, le Fribourg artistique a surtout collectionné et reproduit les trésors classiques de notre domaine national.

Il était alors le répertoire un peu monotone de ces richesses de nos églises et de nos monastères amoncelées par les siècles et sauvées de la destruction. Sans négliger aucunement cette partie dé son rôle, il se préoccupe maintenant davantage des paysages et des sites, de la maison, du costume, toutes choses qui ne sont plus des objets d'art, à proprement parler, dont les' érudits déchiffrent péniblement le style et l'histoire, mais qui sont mieux que cela, les éloquents témoins d'un temps où l'art était vivant en toutes choses, d'un temps où les plus humbles

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VIII

et les plus déshérités habitaient dans une ambiance harmonieuse, créée par une parenté étroite entre les gens et tout ce qui servait à leur existence coutumière.

Pour ma part, je ne puis qu'inviter le Fribourg artistique à persévérer dans cette ligne de conduite, car c'est en montrant à la foule d'aujourd'hui, comment la foule d'autrefois savait s'entourer, se loger et se vêtir, qu'on fera naître en elle la honte et le regret qu'une époque de progrès matériel, soit en même temps une époque de décadence et de déchéance esthétique. L'objet d'art qu'on sort des lourdes crédences sculptées dejios vieilles sacristies n'éveille aucun intérêt dans la masse, il n'est pas fait pour elle, elle ne le comprend pas et sa splendeur la laisse indifférente. Tandis qu'au contraire le peuple s'émeut, en voyant mettre en honneur un ustensile dédaigné, dont il use sans cesse, sans avoir soupçonné sa valeur, il s'étonne en voyant reproduite la petite maison à côté de laquelle il a passé cent fois, sans détourner la tête. - Si nous voulons exercer une influence sociale vraiment profonde, former le goût populaire, c'est seulement en soulignant les œuvres d'autrefois, issues du goût populaire, que nous y parviendrons, et non point en nous confinant dans des recherches archéologiques, savantes et documentées.

Que le Fribourg artistique évoque donc souvent, devant nos yeux, les recoins intimes de nos bourgades, les sites agrestes de nos campagnes, et nos fermes cossues, et les escaliers branlants de certains greniers, et les vieilles portes encadrées de molasse effritée, puis tant d'autres choses empruntées à la demeure commune du bourgeois et du peuple, cheminées et girouettes, grilles, poëles 'ou enseignes, toutes révélatrices « de l'âme domestique, ancestrale et fidèle ».

Nous avons donc été heureux de saluer au passage, dans les fascicules publiés, en 1907, la ruelle des Augustins aux vieux logis délabrés, qui ont si grand air encore, malgré la misère de leurs murailles lépreuses.

Hautains et blasonnés, ils me font songer à ces hidalgos mendiants de l'Espagne, qui tendent la main en se drapant fièrement dans leur cape trouée, car ils sont gentilshommes! Puis nous avons retrouvé avec joie le fourneau en catelles écornées de la maison Boccard, avec sa double série de cadotzons profonds, que nous grimpâmes si seuvent jadis, et -qui entendirent les confidences galantes des habits rouges et des minois poudrés, aux mouches friponnes.

Voici les portes d'une maison patricienne de la Grand'Rue; pUlS une ferme, celle de Middes ; un château, celui du Petit-Vivy. Quel voyage en zig-zag, que de souvenirs, que de choses paraissant peu faites pour se trouver ensemble et qui, cependant, sont chacune une petite pierre de ce bel et noble édifice, qu'on appelle la patrie!

Nous avons relevé également avec plaisir, dans les livraisons que nos lignes doivent commenter, la reproduction de plusieurs de ces humbles chapelles rustiques qui sont un des plus délicieux ornements de nos paysages pittoresques. La chapelle de Notre-Dame des Neiges, près Lessoc; celle de Sainte-Anne, à Fribourg; l'église de Bellegarde ne sont point de grandioses morceaux d'architecture et cependant, chacune d'elles a un charme infini, chacune d'elles se marie étroitement avec son cadre naturel, chacune d'elles porte le reflet de quelque chose de poétique et de sacré, qui la rend plus belle à nos yeux, que tant d'édifices recherchés, surchargés et macaronisés par lesquels, notre foi maladroite et impuissante cherche en vain cette expression, que nos pères trouvaient si facilement, par les moyens les plus simples et les plus primitifs.

Dans un travail très remarquable et très original, le R. P. Théobald Massaray, de l'Ordre des Capucins, nous a montré au dernier Katholikentag de Fribourg l'importance de la Chapelle, du Calvaire et des autres manifestations rurales de l'art religieux : images pieuses encadrées de pierres, statuettes accrochées à un tronc d'arbre, etc., dans la constitution de nos paysages. En faveur de la conservation de ces pieux monuments, il a

adressé aux foules croyantes un appel chaleureux, tout en se demandant pourquoi nous abandonnions toutes ces manifestations anciennes de notre foi, qui avaient un cachet particulier, en harmonie avec nos hameaux, pour leur préférer des productions étrangères : statues en faux bronze de la Vierge ou des Saints, Christs en fonte dorée et tant d'autres horreurs, produits de la fabrication industrielle, qui détonnent dans les milieux agrestes où nous les plaçons.

Puisse le Fribourg artistique contribuer pour sa part, en reproduisant les modèles anciens de notre archi- tecture sacrée, en ressusciter l'usage aux dépens, de nouveautés dont l'apparence faussement fastueuse nous égare, et qui demeureront toujours choquantes, parce .qu'elles ne seront jamais adaptées à leur voisinage naturel.

Après avoir longtemps implanté dans nos villages des bâtiments scolaires sans aucune relation avec les logis villageois et d'un caractère urbain trop nettement tranché, les autorités gouvernementales de nos cantons sont revenues à une conception plus juste et plus normale, et elles élèvent maintenant, dans une foule de localités, des maisons d'écoles qui, tout en étant extrêmement bien comprises au point de vue des services qu'on est en droit d'attendre d'elles, arborent franchement une livrée campagnarde, popularisant ainsi des formes décoratives qu'on est trop enclin à mépriser et à rejeter.

Plusieurs d'entre elles mériteraient d'être reproduites par le Fribourg artistique qui ne doit pas seulement servir le passé, mais encourager toutes les manifestations nouvelles du sentiment esthétique national qui découlent de lui.

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IX

Je voudrais que, s'inspirant des mêmes principes, nos constructeurs d'églises sacrifient de m010S en m0111S aux produits de l'exotisme pieux, qu'ils empruntent de toutes pièces tantôt à la France, tantôt à l'Allemagne, et qu'ils s'efforcent au contraire, de tirer parti toujours davantage, des matériaux et du style, qui ont séculairement droit de cité parmi nous.

Nous constatons du reste avec plaisir, qu'une réaction dans le sens de nos vœux est commencée; puisse-t-elle s'accentuer et s'étendre, non seulement aux édifices proprement dits, mais encore à tout le mobilier cultuel! La nouvelle chapelle, élevée par les RR. PP. Dominicains, pour le service du Conuict Albertinum, nous montre dans ses aménagements intérieurs, tous les heureux effets qu'on peut tirer du bois le plus simple et le moins coûteux, effets que n'arrivent pas à produire, malgré des frais considérables, les faux marbres et les faux bronzes, les staffs dorés et argentés, à l'aide desquels on prétend de plus en plus enrichir nos sanctuaires, aux dépens de la véritable beauté. Ici, nous devons encore constater, que malgré les défenses réitérées de l'autorité ecclésiastique, que malgré la surveillance du pouvoir civil, il y a encore, dans nos sacristies, des fuites nombreuses, par s'écoule vers les magasins de bric à brac, notre héritage artistique. Tel objet qui figurait en bonne place, il y a quelques mois, à l'Exposition d'Art Religieux, organisée à Fribourg par les soins attentifs de M. Max de Tech- terrnann, a déjà depuis lors été brocanté. Telle paroisse qui possédait un rétable en bois sculpté du XVImc siècle, ajouré comme une dentelle et dans un parfait état de conservation, l'a cédé, il y a peu de mois, pour le remplacer par un autel, en vrai marbre - nous devons le dire - dont tous les praticiens du monde pourraient fournir la réplique banale et tarifée ..

Il faut souligner ces faits sans se lasser, car l'opinion est encore à leur endroit trop indulgente et trop indifférente, et le Fribourg artistique a le devoir de servir de tribune à ceux qui veulent signaler ces inconscientes dilapidations. Ces dernières n'ont pas même à leur actif d'être une bonne affaire financière, car les vendeurs naïfs sont presque toujours odieusement exploités par d'adroits chineurs, qui paient à un prix dérisoire, des reliques précieuses, dont ils savent tirer un bénéfice considérable et souvent énorme.

Le Fribourg artistique fait également, dans ses livraisons, une place plus fréquente à la reproduction de costumes fribourgeois; il Y a là un riche filon à exploiter, car la documentation iconographique est extrêmement nombreuse et variée. Le savant qui> se vouera à l'histoire de notre costume local, entreprendra une œuvre méritoire et comblera une lacune, mais sa besogne ne sera pas facile; il aura à se retrouver dans un véritable dédale, et les images mises sous ses yeux, bien loin de lui faciliter sa tâche, l'embrouilleront davantage encore. - Nous avons pu nous en rendre compte en essayant nous-mêmes de nous orienter en cette matière qui est l'objet de tant d'erreurs. .

Du costume au mobilier, la transition est facile. Le Fribourg artistique continue à s'intéresser de temps en temps, à cette partie importante de nos richesses, à preuve la notice consacrée par lui dans son deuxième numéro au bahut de la collection Fégely. La valeur du meuble ancien augmente tous les jours et aussi l'intérêt qu'il suscite. Dans les grandes ventes, on paie maintenant une chaise autant qu'une statue, une belle commode autant qu'un tableau de maître, si ce n'est davantage. Nous nous inquiétons donc à juste titre, en remarquant l'indifférence persistante, de ceux qui ont mission chez nous de sauvegarder nos trésors anciens, pour tant de meubles qui devraient être sérieusement conservés et collectionnés et qui, au contraire, prennent chaque année, parfois par wagons entiers, le chemin de l'exil. C'est un appauvrissement continu, que rien ne répare.

Nous nous sommes laissé dire qu'un antiquaire de Paris avait en quelque sorte opéré, l'année dernière, dans certaines maisons, une véritable rafle de pièces très curieuses et de haute valeur. Malheureusement notre Musée cantonal est resté, à ce point de vue là, trop fidèle à une conception un peu vieillie. Il réunit une foule de choses avec un soin pieux, mais il néglige, soit le meuble fribourgeois si caractéristique, soit le meuble importé jadis par nos familles patriciennes et qui a reçu parmi nous ses lettres de grande naturalisation.

Si l'Etat de Fribourg avait consacré depuis vingt ans, à l'achat de meubles anciens, chaque année, un ou deux mille francs, il posséderait aujourd'hui. une véritable fortune qui lui permettrait de reconstituer bientôt des intérieurs complets, soit campagnards, soit citadins, dans le nouveau musée dont la construction s'impose. Les locaux actuels, qui hospitalisèrent au Lycée nos œuvres d'art et d'archéologie, sont absolument insuffisants 1; c'est leur exiguïté qui a souvent empêché l'achat de choses encombrantes et leur a fait préférer, trop exclusivement peut-être, les monnaies et les bibelots de vitrines, les armes et les vitraux.

1Le Musée Cantonal qui possède des objets estimés, dans leur ensemble à plus de trois millions, est exposé sans cesse, au danger d'incendie, par suite de la proximité du laboratoire de physique et de chimie; pendant le dernier rassemblement de troupes on a logé des soldats au-dessus de lui, dans des salles entièrement garnies de paille. Ily a dans les corridors du Lycée un va et vient incessant, jusque fort tard dans la soirée, ce qui rend toute surveillance sérieuse presque illusoire. Les cambrioleurs qui vident actuellement les Musées de France auraient beau jeu chez nous. Il est donc de toute nécessité de porter un prompt remède àcet état de choses, et nous espérons que le conservateur nouvellement entré en fonctions, M. R. de Boccard, secondera de tout son pouvoir notre campagne pour le transfert de nos collections nationales dans un édifice' où elles trouveront le cadre qui leur convient et la sécurité qui leur manque.

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x

Maintenant que la nouvelle Bibliothèque cantonale est mise en chantier, tous ceux qui ont à cœur le développement intellectuel et artistique de notre canton et de notre cité universitaire, doivent se coaliser pour demander sans relâche l'aménagement d'un nouveau Musée cantonal, qui permettra de donner à nos collections une extension rationnelle, et attirera vers elles l'intérêt public encore trop peu éveillé.

Tandis qu'à Berne et à Bâle, le Musée est vraiment la maison de tous, en faveur de laquelle les familles n'hésitent pas à se dessaisir des souvenirs les plus chers, où les sociétés savantes font de. fréquents et studieux pèlerinages; chez nous, il est à peine visité, de temps en temps, par quelques écoles en ballade, et, dans notre ville, on compte sur les doigts ceux qui en soupçonnent l'intérêt déjà si considérable.

Nous sommes loin d'avoir le fétichisme des musées et souventes fois, nous avons regretté le vide qui se fait à leur profit; nous avons maudit les archéologues dénicheurs qui dépouillent nos façades, nos rues et nos places de tant de souvenirs d'autrefois; ceux-ci, enlevés à leur entourage séculaire, à leur milieu naturel, perdent la moitié de leur signification et de leur valeur esthétique.

On l'a dit souvent, le musée est un cimetière, une lugubre nécropole où les choses, partageant le sort des hommes, 'dorment dans la poussière et dans l'oubli. Mais devant la marée montante du vandalisme qui risque de tout submerger, nous le comparerions plutôt à cette arche de Noé libératrice qui, en abritant pendant le déluge, toutes les choses vivantes, permit après le cataclysme, un nouveau repeuplement. Du reste, on comprend de plus en plus le rôle social du Musée et son rôle professionnel. Il ne doit plus être un dépôt fermé, cher à quelques érudits, mais une exposition permanente pour l'enseignement de la foule, pour la formation de l'ouvrier et de la jeunesse.

Afin de lui faire atteindre ce but vraiment social, on ne le conçoit plus selon certaines formules étroites et conven- tionnelles, mais on l'ouvre largement à tous les modèles qui peu vent suggérer aux artisans du pays, une idée de perfectionnement et l'amour du Beau.

Grâce à la direction qu'a su lui imprimer le savant modeste et dévoué qui vient d'être à sa tête pendant tant d'années, notre Musée cantonal fribourgeois est sorti de la période de stagnation, pour entrer dans la voie du progrès, comme le prouvent tant d'acquisitions heureuses et l'ouverture de la salle des bois .sculptés. Mais ce progrès sera entravé, tant que d'autres locaux ne lui permettront pas de prendre tout son essor.

Le Fribourg artistique nous paraît tout désigné pour être en quelque sorte l'organe des Amis du l'Jusée, la tribune où, san~ se lasser, ils doivent dès maintenant réclamer pour lui une installation meilleure.

Cette installation est, selon nous, toute trouvée : l'Hôtel de la Préfecture, avec le jardin qui l'environne, et le bâtiment affecté provisoirement au Conservatoire de musique nous permettraient de doter Fribourg d'un établissement pouvant rivaliser avec ceux des plus grandes villes de la Suisse.

Restaurée dans son style avec soin et intelligence, l'Hôtel de la Préfecture, ce bijou auquel on refuse des réparations indispensables, serait le cadre de toute une série de chambres dans lesquelles, nos meubles, nos objets et nos bibelots de prix, nos tableaux et nos vitraux reprendraient leur place naturelle et nous donneraient l'illusion d'être encore vivants.

Le jardin recevrait, comme celui de Cluny, à Paris, les vieilles colonnes et les statues de pierre, tous ces débris qui, dans un cadre de lierre et de verdure, prendraient un charme que leur entassement dans le vestibule du Lycée est loin de leur donner.

Enfin, l'ancien Arsenal deviendrait une salle où nos vieilles armes, nos canons et nos drapeaux, dans un appareil pompeux, évoqueraient l'image des jours glorieux et sanglants. Dans le bas du jardin, au sommet de la falaise qui domine le cours sinueux de la Sarine, on reconstituerait la maison fribourgeoise des champs, avec les ustensiles agricoles, le mobilier campagnard. Rienne serait plus facile que de compléter cet ensemble unique et merveilleux, par l'érection d'une salle en forme de chapelle qui recevrait les objets cultuels que nous possédons.

Le quartier du Bourg cherche par tous les moyens ·à faire revenir à lui le mouvement et les affaires; celui que nous lui offrons nous paraît plus certain dans ses résultats, que les hypothétiques constructions promises, à l'aide desquelles on cherche à endormir son impatience et son mécontentement. L'afflux des touristes et des étrangers vers le nouveau Musée serait continue et tout le voisinage en profiterait. Nous avions livré jadis au comité constitué pour la défense du centre de la ville le plan que nous développons ici, espérant trouver en lui un auxiliaire qui en favoriserait la réalisation. Hypnotisé par d'autres intérêts, il s'en est détourné, contribuant même par sa campagne en faveur des écuries banales, à consommer la ruine esthétique de ce vieux coin de Fribourg, déjà un peu déshérité, dont nous voulions faire un centre attractif.

Mais tout cela est encore réparable, et nous sommes persuadé qu'un retour des esprits mieux informés; pourrait facilement changer le cours des choses dans le sens que nous indiquons. Entre toutes les institutions que l'ancien Fribourg voudrait faire venir à lui, il n'en est point qui puisse y trouver mieux sa place qu'un Musée historique, auquel il importe de ne pas donner un entourage de maisons modernes et banales, de casernes locatives; tout milite donc à l'avantage de notre proposition.

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XI

On nous objectera que nous délogeons impitoyablement de chez lui un fonctionnaire méritant et sympathique 1, que nous privons l'Etat de sa maison baillivale, siège de son autorité dans le district de la Sarine. Il ne manque pas à Fribourg de fières demeures patriciennes, dignes de devenir une préfecture; leurs possesseurs, hélas! sont bien trop disposés à les vendre pour qu'il soit difficile de fixer son choix.

Nous ne comprendrons jamais, pour notre part, comment le Conseil d'Etat a laissé échapper l'occasion d'acheter, en vue de l'augmentation constante des besoins administratifs, un immeuble magnifique qui a tous les caractères d'un édifice public, l'ancien hôtel de la famille d'Ait. Situé en face de la gendarmerie, à côté des bureaux de la police locale, il était tout désigné pour abriter la Préfecture. Par cette acquisition, l'Etat serait devenu, en outre, le maître de toute la place de l'Hôtel-de-Ville et ce fait avait une importance esthétique et politique, sur laquelle nous n'avons pas besoin d'insister.

Qu'on ne vienne pas ici nous opposer des raisons financières comme un empêchement à l'exécution de ces projets. L'édification d'un Musée deviendra indispensable avant longtemps, et la solution que nous proposons, tout en étant la meilleure, sera encore la moins coûteuse.

M. Gonzague de Reynold, dans un article publié naguère par la Liberté, émettait au sujet de l'organisation des musées de très justes remarques; il rêvait d'une décentralisation permettant de grouper chaque série de souvenirs dans un milieu fait pour eux et représentatif lui-même, de notre art national ou local. C'est une erreur, disait-ilvde bâtir des musées neufs quand on possède tant d'antiques demeures qui se prêteraient admirablement aux mêmes services et qu'on sauverait ainsi de la dévastation. L'idée que nous apportons ici, me paraît conforme à ses vœux.

Nous la livrons aux discussions ayant surtout pour but d'aiguiller l'opinion citadine vers une question qui, dorénavant, doit être sans cesse agitée devant elle.

Un mot encore. Nous possédons à Fribourg, soit au Musée, soit dans nos collections particulières, beaucoup de vitraux précieux, documents héraldiques d'une grande valeur. La matière fragile dont ils sont faits les expose plus que d'autres objets à la destruction. Pourquoi le Fribourg artistique les laisse-t-il de côté si souvent? Dans chacune de ses livraisons, il devrait nous montrer l'un ou l'autre de ces témoins d'un art qui a jeté dans notre pays un incomparable éclat, d'un art en pleine renaissance aujourd'hui, grâce à des verriers habiles qui ont su renouer dans notre ville, la chaîne des vraies- traditions. La reproduction photographique du vitrail lui enlève, sans doute, ses admirables couleurs, mais le dessin reste et il sera pour l'avenir un enseignement de la plus haute portée.

Enfin, en terminant, j'exprime à nouveau le désir que le Fribourg artistique devienne plus familier aux enfants de nos écoles, qu'il fasse partie de toutes les bibliothèques scolaires.

Déjà, dans une de nos précédentes préfaces, nous avions émis le vœu que les planches du Fribourg artistique soient employées à la décoration murale des salles de classes, de préférence à certains tableaux empruntés à d'autres cantons. Le Bulletin pédagogique avait souligné et partagé notre manière de voir. Nous voudrions à nouveau insister sur ce point afin d'obtenir une satisfaction moins platonique.

En faisant comprendre et aimer la petite patrie locale, en révélant ses sites, ses monuments, ses splendeurs de tous genres à notre jeunesse, nous la préparerons à mieux servir plus tard la grande patrie helvétique et nous inclinerons son âme vers les joies saines et pures, que l'Idéal assure à ses fervents.

Si nous voulons réellement faire cesser le règne de la laideur et du vandalisme, si nous voulons ranimer dans la foule le sentiment ,du Beau, c'est par l'enfant qu'on doit commencer la réforme de la mentalité actuelle,en mettant constamment sous ses yeux des choses harmonieuses, en lui faisant sentir les raisons de leurs charmes.

Comme l'a dit, en termes si choisis, M. Thémanlys: «Combien plus efficace, combien plus profonde sera la suggestion esthétique lorsqu'elle s'adressera à l'enfant, qui est la plus délicate des matières vierges, la plus malléable des substances plastiques, la plus vibrante, la plus docile, la plus aimante des réceptivités. »

GEORGESDE MONTENACH.

1 Il est de toute évidence, que si le transfert proposé par nous avait pour résultat de priver les préfets de la Sarine d'avantages acquis, ceux-ci devraient être compensés d'une autre manière. Notre intention n'est pas du tout de diminuer la situation de ces hauts personnages dans notre cité.

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Figure

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