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Les seigneuries dans l’espace Plantagenêt (c. 1150-1250). Introduction

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L

ESPACE

PLANTAGENÊT

(2)
(3)

LES

SEIGNEURIES

DANS

L

ESPACE

PLANTAGENÊT

(c. 1150 - c. 1250)

Textes réunis par

Martin A

URELL

& Frédéric B

OUTOULLE

Actes du colloque international organisé par l’Institut Ausonius (Université de Bordeaux / CNRS) et le Centre d’Études Supérieures de Civilisation Médiévale (Université de Poitiers / CNRS), les 3, 4 et 5 mai 2007 à Bordeaux et Saint-Émilion

Ouvrage publié avec le concours de l’Institut Universitaire de France

Diffusion D

E

B

OCCARD

11 rue de Médicis F - 75006 P

ARIS

(4)

http://ausonius.u-bordeaux3.fr/EditionsAusonius

DIFFUSION DE BOCCARD 11 rue de Médicis

75006 Paris

http://www.deboccard.com

Directeur des Publications : Jérôme FRANCE

Secrétaire des Publications : Nathalie TRAN

Graphisme de couverture : Stéphanie VINCENT

© AUSONIUS 2009 ISSN : 1283-2200 ISBN : 978-2-35613-020-4 Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Gráficas Calima, S.A. Avda. Candina, s/n

E - 39011 Santander – Cantabria

novembre 2009

Illustration de couverture :

Donation aux Hospitaliers de l’église et de la dîme de Lugaut par Amanieu V d’Albret (chapelle de Lugaut, Retjons, Landes, première moitié du XIIIe siècle). Cliché Jacques Lacoste, Centre Léo Drouyn, Bouliac.

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Frédéric BOUTOULLE

Peu avant 1143 les chanoines de la cathédrale de Dax, en Gascogne, rapportent les clauses de la partition du territoire sur lequel doit être installée la future commanderie des Templiers de La Torte, à 3 kms au sud-est de la cité :

“Nous avons partagé par moitié tout le reste de la villa avec ses dépendances (…). La partie située au-dessus du chemin n’est pas à nous mais appartient entièrement aux frères du Temple, à l’exception de deux paysans avec leurs biens (…) De ce qui se trouve sous le chemin ou en bas du chemin, rien n’est à eux, mais tout est intégralement à nous (…) S’ils faisaient un moulin ou des nasses, ils les posséderaient en commun avec l’abbé de Sorde à qui devait revenir le tiers des revenus avec le tiers des frais. S’ils établissaient un bourg sur le chemin, le bourg serait aussi commun et indivis, sauf le ban et la justice qui seraient à eux. La chapelle serait à nous, tout le reste en commun, tant les redevances de nos hommes que les leurs ou de nouveaux arrivants. Il faut aussi noter que, comme il l’a été dit plus haut, il ne sera permis de défricher et de s’étendre, ni à nos hommes au dessus du chemin, ni aux leurs au dessous du chemin” 1.

Dans cet accord présidant à la mise en place d’un nouveau peuplement, la seigneurie se livre d’un bloc, avec des caractères que l’on ne rencontre pas qu’en Dacquois comme la multiplicité des ayants droit du ban, l’éventail de leurs pouvoirs enchevêtrés et peu à peu spatialisés. Mais, et c’est bien le problème que rencontrent les historiens, en dehors de circonstances exceptionnelles comme, dans ce cas d’école, la création d’un nouvel habitat ou la rédaction d’une charte de franchise, la seigneurie se révèle toujours imparfaitement, par bribes frustrantes avec lesquelles il nous faut tenter d’appréhender la réalité de ce “moule commun à toutes les dominations” dans lequel se déploient les pouvoirs locaux du Moyen Âge 2. C’est pour cette raison qu’il

a paru opportun de mettre à profit l’espace couvert par l’équipe Plantagenêt pour s’intéresser de près à cet idéal-type.

1. Pon & Cabanot éd. 2004, n° 9. 2. Guyotjeannin 2002, 219.

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Après Poitiers et Fontevraud, en mai 2004, c’est à Bordeaux et Saint-Émilion que s’est retrouvée l’équipe animée par Martin Aurell, du 3 au 5 mai 2007 3. Si à l’origine,

ses concepteurs n’avaient pas imaginé la pérennité de ce groupement de chercheurs, l’usage l’a consacré car il répond à un besoin dont chacun ressent la nécessité : assurer l’existence d’un lieu d’échanges entre spécialistes de plusieurs nationalités travaillant sur le même espace et la même période. Que cette sixième rencontre ait été délocalisée hors de son Poitou natal n’est somme toute que le prolongement logique de la précédente, car, après le désastre de 1204 et la perte de l’essentiel des possessions continentales de Jean sans Terre, la Gascogne, de Bordeaux à Bayonne, est restée l’obstiné reliquat continental de l’empire d’Henri II Plantagenêt et cela jusqu’à la fin de la guerre de Cent ans 4. Aliénor d’Aquitaine, dont le précédent colloque

marquait le huit centième anniversaire de la mort, avait donc bâti sans le vouloir un lien durable entre Bordeaux et l’Angleterre, un lien qui, à l’image des relations entre l’abbaye bordelaise de La Sauve-Majeure et son prieuré du Lincolnshire, a connu bien des vicissitudes, mais qui a finalement duré, porté notamment par le succès des vins de Gascogne sur les marchés britanniques 5.

Le thème de ce colloque, quelque peu induit par les travaux des médiévistes de l’UMR Ausonius, tient compte des opportunités offertes par ce terrain d’observation qu’est l’espace Plantagenêt pour l’étude des pouvoirs locaux du plein Moyen Âge et de leur articulation avec un pouvoir englobant ne cessant de s’affermir 6. La seigneurie

médiévale suscite en effet, malgré la quantité de travaux passés, un intérêt toujours aussi vif, en partie grâce aux renouvellements dont son étude fait l’objet, nourris des apports de l’archéologie, de l’anthropologie ou de la linguistique. L’année 2007 a ainsi été marquée par la publication du manuel de Laurent Feller, Paysans et seigneurs au Moyen Âge (VIIIe-XVe siècle), la sortie des actes du colloque de Jaca, deuxième partie

de l’enquête consacrée à l’Anthropologie du prélèvement seigneurial dans les campagnes médiévales 7, pendant que, du côté des colloques, après celui d’Albi consacré aux

vicomtés méridionales sous la direction d’Hélène Débax, se poursuivait un cycle

3. Ce colloque entre dans les actions du programme de recherches de l’UMR Ausonius “Résidences et territoires seigneuriaux de la Gascogne médiévale”, Axe Aquitaine, animé par S. Faravel, Ph. Araguas et Fr. Boutoulle.

4. Aurell & Tonnerre dir. 2006. 5. Trabut-Cussac 1957.

6. Barthélemy 1990, 199-230 ; Guyotjeannin 2002. 7. Feller 2007, Bourin & Martínez Sopena 2007

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d’ateliers commencé à Rome le 1er décembre 2006 sur les pouvoirs territoriaux de la

France du Midi et de l’Italie du nord 8.

Sur ce sujet prisé, notre démarche se distingue des travaux de l’équipe rassemblée en 1998 par Monique Bourin et Pascual Martínez Sopena, qui a renversé les perspectives habituelles en étudiant le prélèvement seigneurial, non depuis la seigneurie, mais de manière anthropologique, en adoptant le point de vue de ses sujets et pour accéder aux représentations, par la sémantique du prélèvement, la gestuelle associée aux rites de la dépendance ou à travers les discours sur la domination légitime contenus dans les préambules des chartes de franchises. Si l’on peut diriger à nouveau les projecteurs sur les seigneuries en tant que telles, ce n’est pas par désir de se conformer avec une approche qui a fait ses preuves, mais parce qu’il y a manière à la conduire autrement, en se plaçant sur un terrain où l’on peut faire des comparaisons et confronter dans la synchronie. En effet, avec son extension géographique, de l’Écosse aux Pyrénées, et avec son siècle d’épaisseur (milieu XIIe-milieu XIIIe siècle) l’espace Plantagenêt permet

d’appréhender la diversité spatiale de la seigneurie 9. Il couvre des régions où elle est

de mieux en mieux connue, tant les travaux sont nombreux, monographies ou études régionales 10. La matière recueillie a permis d’esquisser des synthèses inter-régionales

comme celles qu’ont présentées à Medina del Campo Daniel Pichot sur l’Ouest de la France, Philip Schofield pour l’Angleterre orientale ou Wendy Davies sur la Bretagne et le Pays de Galles 11. Mais, sans parler de la nécessité de mieux faire connaître les

travaux des chercheurs anglo-saxons à leurs collègues français (et vice-versa), s’impose le besoin d’avoir une vision d’ensemble.

8. Débax 2008 ; Les pouvoirs territoriaux en Italie centrale et dans le sud de la France. Hiérarchies, institutions, langages, XIIe-XIVe siècles. Études comparées, dir. G. Castenuovo et A. Zorzi, Rome 1er décembre

2006, Chambéry 4 mai 2007.

9. Le terminus ad quem a été fixé au milieu du XIIIe siècle, quand par le traité de Paris la configuration

des territoires prend un tour plus définitif et que le nouveau servage s’institutionnalise. Concernant les sources, cette période permet d’englober les débuts d’une phase radicalement nouvelle autour des années 1230, plus normée (Barthélemy 1993, 73), dans laquelle le flot montant des baux fonciers permet de mieux appréhender le lien entre seigneur et exploitant, mais aussi, pour l’Angleterre, de se placer avant la phase de prolifération de la comptabilité manoriale. Ce calage chronologique bien au-delà de la période de domination des Plantagenêts sur les territoires perdus par Jean sans Terre en 1204, permet en outre de voir les effets du changement de pouvoir englobant dans les seigneuries.

10. Au sein d’une liste particulièrement fournie, citons Louise 1992, Debord 1995, Thompson 2002, Jeanneau 2006.

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À ce niveau, l’assemblage de principautés hétéroclites que constitue l’empire Plantagenêt peut présenter une particularité qui a déjà été relevée 12. Il correspond en

effet à ce “vide atlantique” s’étendant de l’Écosse à la Gascogne que Robert Fossier a individualisé en dressant la carte du mouvement des franchises à l’échelle de l’Europe occidentale, avec des franchises peu nombreuses, tardives (milieu XIIe siècle) et surtout

urbaines, alors que dans la France du nord-est, on fait et duplique les franchises avec moins de retenue 13. Il ne s’agit pas de postuler de l’unicité de cet espace. Il suffit, pour

prouver le contraire, d’observer les corvées domaniales qui fleurissent en Angleterre parallèlement au retour à la gestion directe des manoirs alors qu’elles restent faibles ou modérées sur le continent 14 ; même constat à l’observation des bourgs, nombreux

dans la France de l’Ouest, bien moins au sud-ouest 15.

Il n’empêche que ce “vide atlantique” en a troublé plus d’un. Pour l’expliquer, on a invoqué les réticences des Plantagenêts devant ce qui pouvait limiter leur domination ; un probable haut niveau de franchise antérieur ; une certaine atonie commerciale ; la faible puissance de l’Église ; la moindre cohésion du tissu social ou la “férocité de l’emprise banale” 16 ! D’autres raisons, aux yeux d’André Debord,

expliqueraient cette moindre densité de franchises : le faible nombre d’hommes de corps ne nécessitant pas d’affranchissement global ; la relative faiblesse du poids des contraintes seigneuriales, tôt fixées par la coutume, ou le caractère plus économique que juridique de l’emprise de l’aristocratie sur la paysannerie. Mais est-il toujours aussi pertinent d’individualiser cet espace à partir de ce critère ? Peut-on réellement y déceler des structures seigneuriales similaires ? C’est bien le moins que l’on puisse se demander.

Dans cette période d’essor économique et démographique, le moment Plantagenêt est aussi un cadre permettant de faire ressortir les aspects locaux des changements de la seconde moitié du XIIe siècle, observés un peu partout en Europe

occidentale sous des appellations diverses : “crise de franchises” dans la Catalogne de Thomas N. Bisson, “mutation coutumière” de Y. Sassier, “temps d’institutionnalisation de la servitude” pour M. Bourin et P. Freedman, “deuxième âge de la seigneurie banale”

12. Pour la pertinence de l’expression d’“Empire Plantagenêt”, voir Aurell 2003, 9-12. 13. Fossier ;1982= 1989, 564-570, Pichot 2004, 610.

14. Point dans Brunel 2004, qui montre qu’il n’y a pas de linéarité en France du nord-est dans le mouvement d’affranchissement des corvées.

15. Debord 1980, Musset 1966, Senseby 1997, Boutoulle 2007, 119. 16. Fossier ;1982= 1989, 564.

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de D. Barthélemy etc. 17 La crise des revenus seigneuriaux, sensible à partir des années

1170, se traduit par des niveaux d’endettement de plus en plus élevés, soulignés ici même par les communications de Bruno Lemesle et Géraldine Damon, même si, dans les pays de la Charente, A. Debord a pu minimiser la gêne de la petite aristocratie 18.

Cette crise est causée par la hausse d’une large variété de besoins (équipement, investissement, habillement, largesses en tout genre) alors que dans le même temps, comme l’a montré G. Duby, les revenus fonciers ont tendance à stagner voire à se déprécier face à l’inflation.

S’agissant des sources et de la vision qu’elles nous donnent de la seigneurie, cette période est marquée par de fortes transformations. En Angleterre, les travaux de M. T. Clanchy ont révélé toutes les dimensions de la diffusion des procédures écrites, d’abord dans l’administration royale, dont la bureaucratie se perfectionne pendant le règne de Richard, puis, à partir de là, vers les officines épiscopales et baronniales où pointent les rôles marqués par les méthodes de l’Échiquier (Winchester 1208) ou des registres dont la forme est dérivée de celle des rouleaux de la chancellerie royale 19.

Toujours en Angleterre, les années 1180-1190 voient l’épanouissement des surveys ou rentals, ces listes de rentes établies dans les seigneuries par descriptio, à l’instar du vieux modèle du Domesday Book, et qui, pendant les premières décennies du XIIIe siècle,

sortent des grands domaines ecclésiastiques pour toucher davantage de seigneurs 20.

Les account rolls arrivent au début du XIIIe siècle, suivis par les court rolls aux données

si précises sur la justice rendue dans les cours manoriales ou sur les aspects les plus quotidiens de la seigneurie 21.

Sur le continent, la période est à la diffusion des enquêtes, du notariat et des chartes de franchises, signes de l’entrée de la seigneurie dans une phase de fixation par écrit ouverte au milieu du XIIe siècle 22. Les accords seigneuriaux qui fleurissent

alors dans la France de l’Ouest sont enrichis par des enquêtes comme celles que Claire Lamy et B. Lemesle ont utilisées. À l’instar de ces règlements, les franchises mettent en lumière les modalités du prélèvement et l’organisation des communautés de dépendants. Ces concessions de nature juridique, militaire, économique et judiciaire assurent une meilleure maîtrise de l’espace, rigidifient l’encadrement seigneurial et

17. Bisson 1985-86, Poly & Bournazel 1991, 219, Morsel 2004, 125 18. Duby 1953, 1971 1982, 494 ; Debord 1984, 422 ; Feller 2007, 147. 19. Clanchy [1979] 1993, 74-78.

20. Clanchy [1979] 1993, 94-96. 21. Genêt 1995, Stocks 2001. 22. Guyotjeannin 2002, 235.

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collectivisent les contraintes. Elles ont fait l’objet d’importantes recensions sur de larges parties de notre domaine et, sur ses marges méridionales, d’une enquête en cours 23.

Ainsi, dans les pays de l’Ouest (de la Normandie à la Bretagne et au Poitou), dont on a dit tout à l’heure la moindre richesse en chartes de ce type, les premiers exemples sont antérieurs au milieu du XIIe siècle (Poitiers entre 993 et 1029, Angers, 1135). Mais leur

nombre s’accroît passé le milieu du siècle (Charroux 1150-1170, Bourg-le-Roi 1160-1173, Châteauneuf-les-Tours 1181, Bressuire, avant 1190, Blois et Romorantin 1196, Châteaudun 1197), selon un rythme qui ne fléchit pas dans la première moitié du XIIIe

siècle 24.

D’autres changements affectent les sources, comme celui du discours du prélèvement que les scribes imbus de culture savante habillent d’une rhétorique nouvelle. On doit à André Gouron et Paul Ourliac d’avoir mis en évidence les étapes de l’introduction du droit romain dans le midi de la France au second tiers du XIIe

siècle. Dernièrement Hélène Couderc-Barraud a suivi, entre le début du XIIe siècle et

les années 1220, les progrès tout en nuances de la sensibilisation à la culture juridique dans une Gascogne précocement ouverte au droit canonique et qui reçoit lentement, passé le milieu du XIIe siècle, l’influence du droit savant par le vecteur des prélats et des

agents ducaux, comme les justiciers de Richard Cœur de Lion des années 1180 25. De

l’autre côté de la Manche, où les clercs royaux connaissent le décret de Gratien depuis le milieu du XIIe siècle, des seigneurs saisissent le parti à tirer de ces nouveautés, à l’instar

de Thomas de Marlborough, moine d’Evesham, dont le stage de droit à Bologne en 1205 lui permet de fourbir les allégations destinées à conforter l’immunité de son abbaye et la pleine propriété de ses dépendances contre l’évêque de Worcester 26. La

renaissance juridique du XIIe siècle ne se limite donc pas à la production intellectuelle

ou à l’émergence des doctrines ; elle permet aux puissants de parer leurs revendications d’une coloration juridique et de formaliser, pas toujours clairement, les rapports de domination en attributs.

L’élargissement des champs d’investigation de l’archéologie médiévale nous permet aussi de mieux connaître, au-delà des sites castraux sur lesquels cette discipline s’est d’abord polarisée, les autres formes de résidences aristocratiques ou de lieux

23. Debord 1984, 447-449, Chédeville 1993, Chédeville 2002, Favreau 2002, Berthe 1994, Mousnier 2007.

24. Chédeville 1993.

25. Couderc-Barraud 2005, 548.

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de pouvoirs, dont l’étude d’Annie Renoux révèle le large répertoire de formes 27.

Combinées aux données de fouilles, de prospections ou de relevé du bâti, les sources planimétriques trahissent l’impact de la seigneurie médiévale sur les structures du peuplement, soit qu’elle favorise le groupement autour du château ou du prieuré, soit, comme dans les “villages éclatés” de D. Pichot, en s’accommodant de la dispersion. On parvient maintenant, comme s’en réjouit Benoît Cursente, à appréhender les transformations de l’environnement, des paysages et des cultures par la palynologie ou l’anthracologie 28. L’accentuation de la déforestation indiquée par les données

polliniques des XIIe et XIIIe siècles peuvent être correlées avec les mises en défens et les

réglementations seigneuriales destinées à protéger les espaces forestiers. D’une certaine manière, la seigneurie prend davantage consistance, et au-devant des droits qui la constituent, qui assurent le contrôle des hommes ou qui garantissent la domination sociale des puissants, c’est sa matérialité que l’on appréhende, sur ses pôles et les territoires qu’elle contribue à façonner.

Dans un cadre ainsi délimité, contentons-nous d’évoquer quelques unes des pistes qui nous sont ouvertes, en les illustrant d’exemples glanés dans toutes les directions. En premier lieu, il sera difficile de faire l’économie d’une réflexion sur le concept même de seigneurie, quitte à paraître contredire le titre de ces journées. C’est l’intérêt des rencontres entre des historiographies qui ne voient pas forcément les choses de la même manière et qui se sont longtemps tournées le dos, David Crouch l’a récemment rappelé 29. D’autant qu’en France même, le doublet seigneurie

banale/seigneurie foncière cher à Georges Duby et que les historiens britanniques utilisent parcimonieusement ne fait plus tout à fait recette. On verra justement avec la communication de B. Cursente que la largeur de la frange d’indétermination se déployant aux marges de la seigneurie béarnaise n’est pas minime. Face à ce flou, Jérôme Baschet préfère mettre en avant le concept de dominium d’Alain Guerreau, alors que L. Feller transpose celui de “seigneurie territoriale” emprunté à l’historiographie italienne 30. L’attachement des historiens au terme de seigneurie ne rend pas que

des services en raison de l’acception organique et territorialement délimitée qu’il véhicule habituellement ; cette manière de réifier une abstraction fuyante est renforcée par l’expression de “cellule seigneuriale” (composante de la notion d’encellulement

27. Barraud et al. 2006. 28. Durand 1998, Galop 1998. 29. Crouch 2005.

30. Guerreau 2001, 26, Baschet 2004, 125, Feller 2007, 103, 122. Pour une critique du binôme banal/foncier Morsel 2004, 175-175, Wickham 2004.

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forgée par R. Fossier), sous-entendant l’existence de limites plus ou moins étanches et revêtue d’une connotation carcérale.

Certes, on assiste bien, tout au long de la période, à un processus de territorialisation des pouvoirs, dont rendent compte aussi bien l’anthroponymie aristocratique que l’existence, dans les chartes, de titres seigneuriaux rapportés à un pays ou quelques termes spécifiques (comme le bien vague terra). Des ressorts seigneuriaux sont déjà géographiquement délimités et les règlements de conflits permettent de rigidifier des confins disputés 31. Certains seigneurs, comme les cisterciens autour de leurs granges,

constituent aussi des ensembles fonciers cohérents par des remembrements ou par l’élimination de dominations concurrentes 32. À en juger par les craintes du vicomte

de Soule, dans les Pyrénées, d’être attaqué sur le chemin reliant les différentes parties de son honneur, la polynucléarité des seigneuries peut être vue comme une source de menaces 33. Mais la spatialisation du prélèvement que révèle le classement géographique

des censiers du XIIIe siècle n’est souvent rien d’autre qu’une affaire de représentations.

La seigneurie reste un territoire discontinu plus ou moins polarisé depuis des lieux symboliques, “publics”, sacralisés ou à vocation économique, et s’étendant de façon réticulaire sur des espaces voisins à travers un écheveau de dominations emboîtées.

Le plus fréquemment, la seigneurie se révèle être un nœud de pouvoirs enchevêtrés, organisé autour du prélèvement ou fondé sur un rapport de domination dont les contemporains eux-mêmes n’appréhendent pas forcément l’ensemble des parties prenantes. Elle constitue un ensemble de droits constamment remodelé, fruit d’adaptations entre conservation coutumière, abandons ou réaménagements. En Angleterre et en Normandie, le parage, norme juridique bien établie et protégée par la royauté, règle les rapports entre aînés et puînés. En revanche, une coseigneurie moins codifiée et plus conflictuelle est le lot de bien des principautés méridionales de l’Empire Plantagenêt. Dans les faits, ce degré d’enchevêtrement des droits mitige largement la globalité du concept de dominium et l’encellulement, même au XIIe siècle,

est largement incomplet 34. Dans le détail, la superposition et l’emmêlement des droits

seigneuriaux ne sont pas faciles à restituer, la cartographie en est quasiment impossible 35.

Résultant de compromis familiaux ou vassaliques, ces situations paraissent tellement

31. Lamy 2004, 196. 32. Mousnier 2006, 233-235.

33. Pon & Cabanot éd. 2004, 324, n° 152. 34. Barthélemy 2004.

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répandues qu’on en est réduit à se demander si la seigneurie n’a pas davantage fonction à asseoir des clientèles plutôt qu’à participer à l’encadrement du pays.

La vision que nous nous faisons de la seigneurie n’échappe pas non plus aux préoccupations de notre époque, ce que montre bien le traitement de sa dimension économique, qui prend sensiblement le pas sur celle d’encadrement des hommes. Il y a vingt-cinq ans, R. Fossier dans l’Enfance de l’Europe commençait son chapitre sur le ban par “contrôler” (le château, les réquisitions, le gîte, corvée et tailles) et le poursuivait par “exploiter” (péages, mesures…) 36. Aujourd’hui L. Feller consacre

un chapitre entier de son manuel à l’économie seigneuriale. Il y voit les seigneurs comme des “opérateurs” ou “des entrepreneurs susceptibles d’investir dans des entreprises économiques d’envergure qui leur permettent d’améliorer leurs revenus”, les châteaux comme des “centres de commandement économiques militarisés”, la seigneurie comme “un organisme économique dont la fonction est d’assurer un revenu au seigneur, par certains côtés comparable à une entreprise parce qu’elle est un instrument d’organisation de la production et d’encadrement du travail paysan qui requiert des savoir-faire techniques et gestionnaires” 37. L’analyse de Mathieu Arnoux

sur les moulins et les marchés seigneuriaux en Normandie s’inscrit pleinement dans ce renouveau historiographique. De fait, bien avant qu’Adam Smith n’individualise le champ de l’économique, avant même qu’un manuel comme le Dite de Hosebondrie de Walter de Henley n’établisse les règles de bonne administration d’une maison, les seigneurs manifestent un intérêt de plus en plus aigu pour l’économie en règle générale. À La Réole, en Gascogne bazadaise, dont les coutumes mises par écrit vers 1187-1188 constituent un inventaire des droits seigneuriaux rare dans le Midi de cette époque car tendant à l’exhaustivité, 41 % de ses 65 articles concernent les dispositions économiques, principalement relatives à la taxation des échanges 38, une préoccupation

qui n’est pas étrangère à l’intérêt des Plantagenêts pour l’Agenais, comme le montre la communication de Nicholas Vincent.

Si cette sensibilité de l’historiographie contemporaine à l’économie seigneuriale n’est pas neuve, en revanche sa valorisation l’est davantage, et on ne peut s’empêcher d’y voir les effets d’une époque, la nôtre, où s’insinue à bien des niveaux le discours entrepreneurial et où les tensions sociales font le lit d’un nouveau matérialisme. Mais l’on apprécie mieux, ce faisant, la capacité des seigneurs à insérer les activités

36. Fossier ;1982= 1989, 402. 37. Feller 2007, 141.

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paysannes dans l’économie de marché ou leurs efforts pour faire évoluer les modalités du prélèvement, avec la réaction des seigneurs anglais des années 1170-1220 face à l’inflation, l’abandon de la ferme et le retour à la gestion directe par l’intermédiaire des reeve ou des steewart 39. Le développement de tenures plus étroites que les manses

d’ancienne manière, dont la large palette de servicia révèle une forme d’autosuffisance, entraîne chez les exploitants le recours au salariat. Parallèlement, l’augmentation relative du poids des redevances en argent au sein du prélèvement total, par la commutation des corvées, implique la participation des tenanciers au marché des denrées. Il n’est pas rare de relever une connexion entre l’organisation spatio-temporelle de la seigneurie et le calendrier des foires ou des marchés, déterminant les dates, les lieux du prélèvement voire l’adaptation des structures de stockage. On est plus attentif aux modifications et aux restructuration sous-jacentes à l’établissement ou à la transformation d’un impôt que consacre par exemple l’octroi d’une charte de franchise. En somme, pour les seigneurs, “la situation de rentier n’a pas été majoritaire en Europe” 40.

Change aussi notre perception de la dimension judiciaire de la seigneurie. Il y a encore quelques années la justice seigneuriale exercée sur les dépendants, dans cette période de hiérarchisation entre justice haute et justice basse, paraissait comme le symbole de l’oppression féodale, comme une source de revenus importants de seigneurs forcément injustes, car juges et parties, avides de lourdes amendes destinées à alimenter leurs caisses 41. Il est vrai qu’en Angleterre, où D. Crouch nous rappelle

l’existence de cours seigneuriales exerçant un droit criminel, les amendes consignées dans les court rolls constituent une source de revenus importants au XIIIe siècle (1/10e

en moyenne, 1/3 sur les Marches galloises) et que celles-ci sanctionnent des aspects quotidiens de la vie des communautés 42. Certes aussi, les prises de cautions restent

un puissant vecteur d’extorsions. Mais sur le continent, François Menant a pu établir le caractère “bonasse” de la justice seigneuriale du nord de l’Italie. Et l’on commence à envisager, grâce aux travaux sur les modes de résolution des conflits, le seigneur davantage comme un régulateur des contentieux opposants entre eux les membres de la communauté plutôt qu’un juge 43. Les chartes de franchises gasconnes étudiées par

H. Couderc-Barraud montrent des seigneurs reconnaissant aux habitants un recours

39. Duby [1962] 1977, II, 133 et sq., Feller 2007, 145. 40. Feller 2007, 147.

41. Guyotjeannin 2002, 229-230. 42. Stocks 2001, Feller 2007, 158. 43. Baschet 2004, 144.

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à la violence légale et la capacité à régler eux-mêmes un certain nombre d’affronts, indépendamment de la cour seigneuriale 44.

Parallèlement, la seigneurie s’expose comme une structure moins monolithe. Malgré la persistance de simplifications commodes mais finalement réductrices 45, on

revient vers une typologie plus nuancée, plus ouverte, moins braquée sur l’emblématique seigneurie châtelaine, à quoi est fréquemment ramenée toute forme de seigneurie banale 46. C’est justement dans cet espace que D. Barthélémy pour le Vendômois et

D. Pichot pour le Bas Maine ont mis en évidence ces “seigneuries locales” ou “de villa”, comme celle des Deux-Evailles, une seigneurie à la marge des seigneuries de Laval et de Mayenne, bien connue grâce à son cartulaire ; depuis leur manoir de la Beschère (une maison forte installée sur un toponyme caractéristique), ces seigneurs avaient la justice, une coutume sur les ventes de blé et la banalité du moulin 47. Récemment

identifiées plus au sud, ces seigneuries non châtelaines mais justicières, éventuellement péagères, contrôlant églises, dîmes, terres publiques et cours d’eaux, perpétuent une forme d’encadrement des hommes antécédent la révélation documentaire du XIe

siècle et la diffusion du système castral en autant de déclinaisons du domaine post-carolingien, finalement pas si éloignées du manoir à l’anglaise 48. Cependant par les

liens, féodaux ou familiaux, les unissant souvent aux castra, bien de ces seigneuries locales semblent être générées à l’intérieur des châtellenies. Elles constituent le cadre dans lequel se déroule la “descente du château” de milites choisis qui contribuent à resserrer le pouvoir sur les dépendants du ressort castral.

Un cran au-dessus, les fiscs, c’est-à-dire les domaines royaux, ducaux ou comtaux, sont réévalués alors que, sur le continent, ils passent pour avoir été désagrégés par la multiplication des seigneuries banales. Le cartulaire de Bigorre, que Benoît Cursente et Xavier Ravier viennent d’éditer, montre bien l’importance territoriale d’un dominium comtal des XIIe et XIIIe siècles 49. De l’Adour jusqu’à la Gironde, le

duc est incontestablement le premier des seigneurs territoriaux de la région 50. Les

contributions de Richard Barton, Gaël Chenard et Patrice Barnabé révèlent des fiscs traversés par les mêmes processus que les seigneuries, patrimonialisés d’abord par les

44. Couderc-Barraud 2005, 104, 131-132, 285-308. 45. Baschet 2004, 125 et sq.

46. Debord 2000, 89-126 ; Morsel 2004, 88 et sq. 47. Barthélemy 1993, 354, 472 ; Pichot 1995a. ; id. 1995b. 48. Boutoulle 2007, 120 et sq. ; Feller 2007, 110, 120. 49. Ravier & Cursente éd. 2005.

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familles princières, peu à peu dotés d’agents qui sont parfois eux-mêmes seigneurs châtelains, et dont l’autorité, à l’instar de celle du Maréchal en Irlande que dessine la communication de Marie-Thérèse Flanagan, n’a rien à envier à celle des barons de la tétrarchie poitevine décrits par Géraldine Damon. Dans les domaines comme dans les seigneurie, l’alourdissement du prélèvement se ressent, sans parler des processus de détachement qui finissent par générer de nouvelles seigneuries. Le discours des sujets lui-même n’est pas anodin. Ainsi, dans les années 1230, les habitants du domaine ducal en Bordelais voient l’autorité du roi-duc comme un dominium et considèrent qu’ils tiennent de lui leurs alleux : la seigneurialisation est aussi une affaire de représentations 51.

S’il est un aspect que l’on appréhende mal c’est l’évolution de l’importance globale du prélèvement seigneurial, à force de n’en discerner que des aspects souvent divergents, faute aussi de pouvoir le quantifier aussi finement que dans les seigneuries des Rotrou analysées ci-dessous par Kathleen Thompson. Ainsi en est-il des banalités, dont la plus célèbre, celle du “monopole” de mouture, est débattue dans ce volume par Cédric Jeanneau, Daniel Pichot et M. Arnoux, à la manière d’une disputatio dialectique” 52. Cependant la tendance de fond paraît être à l’alourdissement, comme

l’ont montré les travaux de D. Pichot pour le Bas Maine, avec, au XIIe siècle, des

cens relativement modestes, des tailles et des banalités qui ne paraissent pas trop pesantes, alors qu’à la fin du XIIe siècle et pendant la première moitié du XIIIe siècle,

au moment où se précise une organisation spatiale différente : les cens augmentent, les mentions de taille tarifée et abonnée se multiplient, la châtellenie prend un sens territorial, la pression seigneuriale s’adapte au cadre paroissial et les seigneuries locales fleurissent 53. Les exemples présentés par A. Renoux, Cl. Lamy, G. Damon, B. Cursente

ou C. Jeanneau révèlent l’ampleur des mutations de la seigneurie au XIIIe siècle.

Les enquêtes régionales qui fondent l’historiographie de la question se sont attachées à repérer l’apparition dans les textes de nouvelles prestations pesant sur les dépendants et à périodiser leur diffusion. Ainsi en Vendômois, c’est dans la seconde moitié du XIIe siècle qu’un nouveau système fiscal s’achève et se régularise autour du

trinôme vicaria / taille (ou aide) / bian (ou corvée), en lieu et place au vieux binôme

51. Bibliothèque municipale de Bordeaux, Petit cartulaire de La Sauve Majeure, Ms 770, p. 128. 52. Sur ce sujet, voir aussi par exemple Debord 2000, 110 ; Feller 2007, 163 ; Boutoulle 2007, 131.

53. Voir les graphiques de J.-J. Larrea pour la Navarre (Larrea 1998, 589) et de D. Pichot pour le Bas-Maine (Pichot 2004, 629).

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de la commendise et de la vicaria 54. Dans l’ensemble de notre période et même vers

son aval, d’autres changements affectent la temporalité du prélèvement, selon des combinatoires complexes, pas toujours contemporaines, et que Julien Demade a récemment schématisé. Un cas de figure voit le “passage d’un prélèvement arbitraire à un prélèvement régulier interannuellement (tailles abonnées) et structuré intra-annuellement (concentration des cens en nature et en argent après les récoltes)” 55.

La superposition des pouvoirs englobants au-dessus des seigneuries est un phénomène bien illustré dans l’espace Plantagenêt. Cela se traduit, en Normandie de manière précoce, par l’émergence d’un corps de règles applicables à un pagus ou à un groupe de pagi, appelées coutumes, progressivement dotées d’une portée territoriale 56. Les contributions de Maïté Billoré et de David Crouch permettent de

suivre le processus, alimenté par les progrès de la justice princière ou royale s’exerçant au détriment des cours seigneuriales par le jeu des appels et de la mise en place d’un personnel adapté à la cour ducale. L’alourdissement du dominium princier se lit aussi dans les domaines et dans les seigneuries de manière plutôt paradoxale car, pour un empire aussi vaste, dans lequel le pouvoir central paraît forcément lointain, les conditions sont a priori favorables au développement des pouvoirs locaux. Dans les pays de la Charente étudiés jadis par A. Debord, entre 1152 et 1224 le gouvernement des premiers Plantagenêts provoque d’abord un resserrement de l’encadrement administratif, avec une multiplication des prévôtés (une dizaine pour l’ensemble de l’Aquitaine) 57. Il se manifeste surtout par des empiètements dans les successions ou,

comme le disait Robert de Thorigny, par les “atteintes aux libertés des Poitevins”. Le roi prend les tutelles, marie des héritiers, occupe les terres des seigneurs défunts ou révoltés pour ne les restituer que contre hommage 58. Cette politique a surtout de

visées fiscales. En 1214, il faut à Pierre IV de Bordeaux débourser 20 000 sous pour avoir la garde de l’honneur de Blanquefort et pour pouvoir marier sa fille, héritière de cet honor. Or une trentaine d’années plus tôt, son père, Pierre III, avait pu confier la garde de sa domus et de ses héritiers à d’autres membres de la famille, librement, sans aucune intervention royale. “Corruption anglaise” ! C’est ainsi que des Bordelais au début du XIIIe siècle jugent la réserve ducale sur les gardes et les tutelles imposée par les

54. Barthélemy 1993, 738. 55. Demade 2007, 318. 56. Sassier 1994, 287-291.

57. Lemesle 2006 sur la précocité de la principauté angevine de la mise en place d’un personnel administratif nombreux.

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premiers Plantagenêts 59. À la question de savoir comment ce renforcement du pouvoir

englobant, perceptible aussi bien dans les domaines qu’en dehors, à joué vis-à-vis de celui des pouvoirs locaux, l’analyse des trois aides normandes menée par Daniel Power apporte une réponse lumineuse.

La puissance de la vague de fond portant le renforcement des dépendances et des dominations seigneuriales est diversement appréciée. Les auteurs ont pris l’habitude d’en mesurer l’importance par la baisse des pourcentages d’alleux relevés dans la documentation, expliquée par des conversions en fiefs, les donations à l’Église ou l’intégration à la seigneurie, en oubliant un peu rapidement que ces tendances statistiques sont surtout induites par les évolutions documentaires 60. Or,

la permanence, par endroits, de l’alleu, dont R. Boutruche a fait au lendemain de la Libération le symbole de la lutte contre le régime féodal, nous invite à nuancer les généralisations par trop hâtives sur le triomphe de la société seigneuriale 61. Cependant

une des évolutions maintenant les mieux connues concerne, dans le monde des dépendants de la seigneurie, l’apparition et la diffusion de nouvelles servitudes dont les tables rondes de Nanterre et de Rome (1997-1999) ont donné un large aperçu 62. Du

villainage anglais à la questalité gasconne, des dépendances ce sont institutionnalisées pendant les années 1180-1230 sans se limiter à l’espace Plantagenêt puisque, comme les villains d’outre-Manche, les remenses catalans sont placés hors du droit commun 63.

On connaît le rôle des nouveaux professionnels de la justice et des juges royaux dans la consolidation du servage anglais. Pour savoir qui pouvait aller devant les cours royales et y revendiquer la common law, les juges royaux ont tranché à partir de l’ascripticius glebae du droit romain et du test de la corvée : la tenure coutumière, parce que devant des corvées, devient à leurs yeux servile, ce qui fait basculer dans la servitude plus de la moitié de la paysannerie anglaise 64.

Un autre facteur d’enrichissement de la recherche sur le domaine qui nous préoccupe concerne les agents de la seigneurie, dont on traque depuis longtemps les périodes d’apparition, la relative densité, les liens avec le servage et la chevalerie, ou la capacité à générer de nouvelles seigneuries. Le groupe des auxiliaires est englobé dans la réflexion sur les élites, rurales ou urbaines, puisque parmi les multiples

59. Boutoulle 2007, 268-269 (note 9). 60. Debord 1984, 431 ; Id. 2000, 129.

61. Baschet 2004, 111-147 ; Mousnier 2006, 167-169. 62. Bourin & Freedman dir. 2000.

63. Hyams 1980, 2006. 64. Genêt 1995, 34.

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facteurs favorisant l’émergence et le maintien des élites, la fonction d’intermédiaire du prélèvement seigneurial est un moyen de s’imposer socialement 65. L’élargissement du

spectre des intermédiaires des pouvoirs locaux revient à examiner l’articulation entre notables et seigneurie car les communautés rurales que l’on considère habituellement laminées par la généralisation des pouvoirs seigneuriaux et qui se révèlent pourtant, ça et là, au gré des opportunités documentaires, ont généré des élites qui ont dû composer avec les pouvoirs princiers ou seigneuriaux, par l’exercice de ces fonctions de médiation. On retrouve leur trace dans bien des chartes de franchises. Leur progressive substitution par les prévôts et autres viguiers ne s’est pas faite sans heurts.

D’autres points mériteraient aussi d’être mis en exergue, d’autres tendances de fond, comme le poids de la rente ecclésiale dans les revenus seigneuriaux de ces siècles post-grégoriens et que l’Église, malgré le faux-semblant des inféodations de dîme, est loin d’avoir “récupérée” au XIIIe siècle 66. Le sujet, il faut le reconnaître, est tellement

vaste qu’il est difficile d’embrasser chaque aspect de la trame qui vient d’être rappelée à grands traits. D’où la diversité des approches, qu’il s’agisse des synthèses ou des communications plus monographiques, sur toutes les parties de l’Empire Plantagenêt. Les contributions rassemblées dans ce volume ont suivi non une grille d’analyse précise, mais un questionnement ouvert en amont faisant ressortir quelques axes de réflexion comme le poids de l’action princière, l’évolution des formes de prélèvements ou les signes de territorialisation. Chacun des auteurs s’étant efforcé de les suivre, le classement des communications est, non pas thématique, mais géographique. Le cadre franco-anglais, sur le même sujet de la seigneurie, a été le théâtre des essais de Marc Bloch en histoire comparée et de la synthèse de Jacques Boussard 67. Quoi que

la méthode comparatiste se heurte à bien des écueils, comme celui de la polysémie des redevances qui fausse souvent les comparaisons, K. Thompson et D. Power ont heureusement pu la reconduire un demi-siècle après J. Boussard.

Des lambris du Grand Théâtre de Bordeaux aux voûtes de l’église monolithe de Saint-Émilion, ces trois journées, riches d’échanges et de convivialité, doivent beaucoup aux auteurs qui ont répondu au texte du projet. Elles sont aussi redevables aux personnes et institutions suivantes : les membres du programme de l’UMR Ausonius “Résidences et territoires seigneuriaux dans la Gascogne médiévale et ses marges” (Axe Aquitaine), dont Sylvie Faravel et Philippe Araguas, l’UMR Ausonius et

65. Menant & Jessenne dir. 2007. 66. Viader à paraître.

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son directeur Raymond Descat, l’Institut Universitaire de France et Martin Aurell, le CNRS, l’université Michel de Montaigne-Bordeaux III et son président Singaravelou, le CESCM, l’Université de Poitiers, le Conseil général de la Gironde, le Conseil régional de la région Aquitaine, le GDR France-Îles Britanniques, la municipalité de Saint-Émilion, l’Office du Tourisme de Saint-Émilion, Jean-Luc Piat, Judith Canal, la Société Archéologique de Bordeaux, Marie-France Lacoue-Labarthe, J.-M. Debruge, Xavier Roborel de Climens, la société Historique et Archéologique de Saint-Émilion et sa présidente Mireille Lucu, le Centre Léo Drouyn de Bouliac, Jacques Lacoste et Christian Gensbeitel. Dominique Barthélemy, Patrick Henriet, Françoise Lainé, Philippe Araguas, Jean-Philippe Genêt et Stéphane Boisselier ont bien voulu présider et éclairer nos séances de travail. Les collègues et le personnel d’Ausonius ont maintes fois apporté une précieuse et souriante assistance : Carole Baisson, Sylvie Maleret, Roger de Brézé, Nathalie Peixoto, jusqu’à la publication des actes de ces journées, assurée avec diligence par Nathalie Tran. Que toutes et tous soient vivement remerciés.

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