CORRECTION DM D’ HISTOIRE: L’affirmation de l’État dans le royaume de France
Analyse de document :
Sujet : Analysez le document suivant afin de montrer que Louis XIV, en 1685, revient sur la coexistence pacifique au sein du royaume de France et quelles sont les
conséquences d’une telle décision.
Document à analyser : document 2 page 189 du manuel.
(Introduction) : Le premier document est constitué du préambule (de l’introduction) de l’édit de Fontainebleau signé par le roi Louis XIV le 18 octobre 1685 et interdisant la pratique du culte protestant au sein du royaume de France.
Le deuxième document proposé est un extrait de Mémoires du duc de Saint-Simon publié après sa mort (après 1755). Il s’agit donc d’un texte dans lequel le duc de Saint-Simon raconte les événements importants de sa vie ainsi que sa réaction face à de grands événements qui se sont déroulés dans le royaume de France. Dans cet extrait, le duc de Saint-Simon explique sa réaction face à la révocation de l’Édit de Nantes par le roi Louis XIV et les conséquences d’une telle décision pour le royaume de France.
(Développement) : Afin de mettre en lumière ces documents nous allons nous intéresser à la façon dont Louis XIV revient sur la coexistence pacifique au sein du royaume de France.
« […] que de révoquer entièrement l’édit de Nantes. », voilà la décision prise par Louis XIV le 18 octobre 1685 avec l’édit de Fontainebleau. Par cette décision, le culte protestant n’est plus autorisé dans le royaume de France. Cette décision revient sur celle prise par Henri IV en 1598 lorsqu’il a décidé de l’édit de Nantes qui tolérait le culte protestant dans le royaume de France. En effet les protestants du royaume de France, présents depuis le XVIe siècle, avaient la possibilités, dans des conditions très précises, de pratiquer leur culte. L’édit de Nantes met alors fin à 12 ans de guerres de religions entre catholiques et protestants intransigeants : « Dieu ayant enfin permis que nos peuples jouissent d’un parfait repos [...] ». Si l’édit de Nantes parvient à pacifier les relations entre catholiques et protestants en permettant aux protestants de pratiquer leur culte, elle ne fait pas des protestants les égaux des catholiques car la pratique de leur religion est soumise à de nombreuses restrictions (les protestants ne peuvent pratiquer leur culte que dans certaines régions du royaume de France et au sein de ces régions que dans certaines villes). Mais il parvient à instaurer une situation de coexistence pacifique entre catholiques et protestants du royaume de France, au moins pour un temps. En effet, sous le règne de Louis XIV cette coexistence entre catholiques et protestants se fait de moins en moins pacifique et les brimades contre les protestants de plus en plus nombreuses.
« […] qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons […] » en effet, nombreux sont les soldats royaux (les dragons) qui sont installés dans des familles protestantes et qui se
comportent comme en temps de guerre n’hésitant pas à piller les familles dans lesquelles ils sont logés, voire même à violer et à tuer. De plus, Louis XIV lui même tolère de moins en moins la pratique du culte protestant dans son royaume et voudrait se faire le champion de la cause catholique. Pour cela il met en place un organisme, la caisse des conversions, chargée de convertir au catholicisme les protestants les plus pauvres contre de l’argent : « […] puisque la meilleure et la plus grande partie de nos sujets de ladite R.P.R (« Religion Prétendue Réformé ») ont embrassé la religion Catholique ». Cependant cette révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV n’est pas sans répercussion.
Si Louis XIV décide de révoquer l’édit de Nantes en prenant l’édit de Fontainebleau en 1685, cette décision est lourde de conséquences pour le royaume de France.
Les effets de la révocation de l’édit de Nantes sont multiples : « […] dépeupla un quart du royaume [...] », en effet, nombreux sont les protestants qui dès 1685, mais surtout après 1704 et la répression de la révolte des Camisards, décident de quitter le royaume de France. Théoriquement l’édit de Fontainebleau demande le départ de France de tous les pasteurs protestants mais interdit celui des fidèles qui doivent demeurer dans le royaume de France et faire baptiser leurs enfants selon le culte catholique. Cependant on estime qu’entre 1680 (un peu avant l’édit de Fontainebleau) et 1715 (mort de Louis XIV), 180 000 protestants quittent clandestinement le royaume de France. « [...] tandis que nos voisins exultaient de nous voir ainsi nous affaiblir et nous détruire nous-mêmes. » les protestants qui fuient le royaume de France trouvent refuge dans les royaumes protestants voisins comme l’Angleterre (royaume anglican), les Provinces Unies ou encore le Saint Empire romain germanique (royaumes luthériens). Mais ces conséquences ne sont pas les seules d’une telle décision : « […] qui ruina son commerce […] » ou encore « […] qui fit passer nos manufactures aux étrangers [...] », en effet, les protestants étaient bien souvent des entrepreneurs voire même des bourgeois, ils constituaient alors une part importante de la société fortunée du royaume de France, leur départ conduit alors la fermeture de nombreux commerces et fabriques ainsi qu’au départ massif de capitaux vers les pays protestants voisins affaiblissant ainsi économiquement le royaume de France (ces populations aisées étaient membres du tiers état et contribuaient massivement aux revenus de l’État par leurs impôts) tout en enrichissant les pays voisins.
(Conclusion) : Ainsi Louis XIV, en 1685 décide, par l’édit de Fontainebleau, de révoquer l’édit de Nantes et ainsi d’interdire le culte protestant dans le royaume de France, mais cette décision est lourde de conséquences puisqu’elle conduit à l’exile de nombreux protestants vers les pays voisins ainsi qu’à l’affaiblissement économique du royaume de France car les protestants faisaient partis des populations les plus fortunées et les plus entrepreneuses du royaume de France.
