A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
A. C RUMEYROLLE
Déformations d’algèbres associées à une variété symplectique, une construction effective
Annales de l’I. H. P., section A, tome 35, n
o3 (1981), p. 175-194
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175
Déformations d’algèbres associées
à
unevariété symplectique,
une
construction effective
A. CRUMEYROLLE
Université de Toulouse III, 118, Route de Narbonne Ann. Inst. Henri Poincaré,
Vol. XXXV, n° 3, 1981,
’
Section A :
Physique théorique.
INTRODUCTION
On sait associer à une variété
symplectique V,
de dimension n =2r, l’algèbre
associative des fonctionsCOO(V)
etl’algèbre
de Lie N(dite
dePoisson)
induite surC°°(V)
par le crochet de Poisson.L’étude de déformations « formelles » de ces
algèbres,
au sensprécis
donné par Gerstenhaber
[5],
fondamentale enmécanique quantique,
liées au crochet dit de
Moyal,
a étédéveloppée depuis
1973 par A. Lich- nérowicz et certains de ses collaborateurs etprésentée
notamment dans[7] ]
[1 ],
dans le cadreplus général
des variétés de Poisson. J.Vey
a donnéune condition suffisante très forte d’existence de ces déformations
(H 3(V, R)
=0,
encohomologie
de deRham) [9],
pour cequi
concernel’algèbre
de Poisson.Comme l’avait montré Gerstenhaber l’étude de ces déformations pos- sède une
signification cohomologique (au
sens de Hoschschild pour lesalgèbres associatives,
deChevalley
pour lesalgèbres
deLie). Cependant
nous n’utiliserons pas ici ce
point
de vue, maispartirons
de notions liéesaux
algèbres
de Cliffordsymplectiques [3] ]
et nous nous intéresserons aussi à des déformations de caractère non formel - c’est-à-dire pourlesquelles
nous donnerons des conditions de convergence. Des défor- mations formelles desalgèbres
des fonctions différentiables sont sus-ceptibles
d’être construites sur toute variétésymplectique (cas complexe),
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A-Vol. XXXV, 0020-2339/1981/175/$ 5,00/
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176 A. CRUMEYROLLE
ou sur toute variété
symplectique
munie d’unchamp
delagrangiens (cas réel) (*).
Si l’on compare ces déformations à celles que l’on a tirées du
produit
de
Moyal,
ilapparaît
une différenceessentielle,
alors que ces dernièresne comportent que des termes de
degré pair,
les nôtrespossèdent
destermes de toute
parité,
deplus
elles ont un certain caractère universel : il existe unhomomorphisme
de nos déformations sur toute déformation de typeMoyal.
Nous examinons brièvement comment on peut utiliser ces déforma- tions dans le cadre d’une
quantification
dessystèmes classiques.
Enfinnous
signalons
que ces méthodespourraient
naturellement segénéraliser
à la théorie
quantique
deschamps (bosons
etfermions).
L’auteur
exprime
sagratitude
au Pr. A. Lichnérowicz pour des sug-gestions qui
lui ontpermis
d’améliorer laprésentation didactique
dece travail.
Nota. - Cet article a fait
l’objet,
sous une forme extrêmement voi-sine, d’exposés
au Séminaire de Géométrie différentielle de la faculté des Sciences de Toulouse(février 1980),
à la faculté des Sciences de Sfax(avril 1980)
et deSaragosse (juin 1980).
Il estjoint
à la notepubliée
auxC. R. Acad. Sciences de Paris en octobre 1980.
I. RAPPELS ET
PRÉLIMINAIRES ALGÉBRIQUES
On considère d’abord un espace réel E de dimension n =
2r,
muni d’une formesymplectique
F. On saitqu’on peut
associernaturellement
à la structure
symplectique
une structureorthogonale.
Pour les notions élémentaires concernant lesalgèbres
de Cliffordsymplectiques Cs(F), Cs(F),
on sereportera
à nos travaux antérieurs[2].
Nousrappelons
tou-tefois
quelques
résultats essentiels. ’BOn construit d’abord
l’algèbre
associativeCs(F),
0,quotient
del’algèbre
tensorielle de E par l’idéal bilatère
engendré
par l’ensemble des éléments :Cela revient à calculer en tenant compte de la condition :
Cs(F)
est linéairementisomorphe
àl’algèbre symétrique VE,
c’est aussiune
algèbre isomorphe
àl’algèbre enveloppante
del’algèbre
de Heisen-berg d’espace
(*) Voir remarque bas de page 17, on peut déformer le crochet de Poisson de N sur toute variété symplectique, rendant caduque la condition de J. Vey.
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE 177
Toutefois cette
algèbre Cs(F)
est insuffisante(en particulier
pour cons- truire les revêtements du groupesymplectique),
c’estpourquoi
nous défi-nirons
l’algèbre
de Cliffordsymplectique large Cs(F)i,
dont les élémentssont des séries à termes
pris
dansCs(F).
Il sera utile d’introduire aussi les
algèbres complexifiées Cs(F’)
etCS(F’)I.
Prenons une base
(eex, f3
=1,
..., r, à la foissymplectique
etorthonormée,
et, associons-lui la base8p*)
ducomplexifié
avec :qui
est une base de Witt au sensorthogonal
telle queune telle base sera
appelée
hermitienne.Les éléments de
Cs(F)i,
sont des séries û de termegénéral :
écrit
symboliquement :
(les hh ki
sont des entierspositifs
ounuls),
avec lamajoration,
àpartir
d’un certain rang :
a( û), p( û)
constantespositives, qui
nedépendent
que de û[2].
Il sera essentiel ici de remarquer que dans tout
repère
del’algèbre symé- trique,
linéairementisomorphe
àCs(F),
les conditions(1)
sont de la mêmeforme.
Sans d’ailleurs utiliser nécessairement un
repère symplectique
deE,
nous traduisons la loi de
changement
des composantes d’un terme homo-gène
deû,
dedegré k,
par :AA’
=(M~
étant la matrice dereprésentation
dansl’algèbre symétrique
duchangement
derepère) ; k
sera arbitrairementgrand
rela-tivement à n.
La division euclidienne de k par n donnant :
k = an
+ b,
o b n, selon un résultat connu ausujet
des coeffi- cients multinomiaux :Vol. XXXV, n° 3-1981.
178 A. CRUMEYROLLE
La formule de
Stirling,
k! ~(k ) 203C0k, /~Y
écrite modulo des scalaires constants, donne :(n+k- 1)!
somme étendue
aux 201420142014201420142014
termes, dont le nombre est la dimension~!(~20141)!
de
l’espace
des tenseurssymétriques
dedegré
k. Comme :le nombre de ces termes est de l’ordre de
kn - 2, majoré
parn~, pour k
suffi-samment
grand.
et ceci donne une
majoration
du type souhaité.Introduisant le
complexifié Cs(F’),
il sera utile de calculer aussi avecles
repères
déduits desrepères
hermitiens et de faire intervenir deschangements
de base de matriceAJ
dans le groupe unitaire. CommeAp* et Ar
serontnuls,
ceschangements
derepères
respecterontl’identification faite
àpartir
de l’unquelconque
d’entre eux, entrel’algèbre symétrique
etl’algèbre
desymplectique.
De manièreprécise
si R et R’ sont2 tels
repères
eti,~, i~,
les identifications linéaires on a : Q= 1., (u)
0 pour tout u et tout v appartenant àl’algèbre symétrique (car
dans un monôme il
n’y
a pas de modification de l’ordre relatif des indices étoilés avec les indices nonétoilés).
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section
179 DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE
On peut noter que cette remarque vaudrait aussi pour identifier
l’algèbre
extérieure et
l’algèbre
de Cliffordorthogonale.
Remarque.
- Abandonnant la condition de convergence,remplaçant E par
E (8)R((t))
et F partF,
on pourraenvisager
desdéveloppements
dont les coefficients sont des séries formelles en t, et des
algèbres
de Cliffordsymplectiques
formelles.En
effet,
il estclair, d’après
la formule(12)
duparagraphe
IV(cf. plus loin)
que le
produit
de deux séries dont les termesgénéraux
sont dansCs(F)
sera une nouvelle série à coefficients dans
R((t))
etqu’on engendra
bienainsi une
algèbre associative,
notéeCs(tF)
avec unléger
abus de notation.II. L’HOMOMORPHISME DE TAYLOR
V est une variété paracompacte
symplectique
de dimension n = 2r.On sait que l’on peut définir sur V le crochet de Poisson
de f,
g EC~(V) :
à
partir
de la formesymplectique F;
dF = 0 entraînant l’identité deJacobi, C~(V) possède
une structured’algèbre
de Lie N.Sur V existe un fibré de Clifford
symplectique [2] ] à
fibres linéairementisomorphes
àCS(F)l (ou CS(F’)I,
cascomplexe)
avec un abusléger
de nota-tion. Les fibres ont une structure
d’espace
normé[2 ].
Sur ce fibréopère
le groupe
symplectique, S p(n, R)
réductible au groupe unitaireU(r).
Après
réduction au groupeunitaire,
on peut identifierglobalement
etlinéairement une section du fibré
symétrique
à une section du fibré de Cliffordsymplectique :
cela suit de la remarque du I.Si f E COO(V)
on va montrerqu’on
peut associerà f
deux sectionsdu fibré
de
Clifford symplectique,
l’unebanale,
t’autre liée à unhomomorphisme
que nous dirons de
Taylor.
La section non banalejouera
un rôle fonda- mental dans la théorie de laquantification
deschamps classiques
à rdegrés
de liberté.
Soit xo E
V,
et(xl, x2, ... xn)
unsystème
de coordonnés locales en xo, nulles en xo, V est une connexion sur le fibré tangentsymplectique,
sanstorsion,
telle que VF =0,
il existe une infinité de telles connexions(dites symplectiques),
deux d’entre elles diffèrent par un tenseurcomplètement symétrique
d’ordre3,
F définissant comme l’on sait unisomorphisme
entre
T(V)
etT*(V).
f E
et(est
le germe en xo def;
estl’algèbre
associative**
de ces germes ; est
l’algèbre
des séries formelles à coefficientsVol. XXXV, n° 3-1981.
180 A. CRUMEYROLLE
réels construite sur A associons
JE
par lejet
en
xo, d’ordre
oo :S étant une
symétrisation
que nous allonspréciser.
Comme dans le cas
plat,
on veut retrouver ledéveloppement
deTaylor
avec terme
général
dedegré k :
général
de(2),
endegré
total k :somme étendue à tous
les qi
entiers tels que ql + q2 + ... qn = k avec :q1! q2! k t ...
° qm q2, ... qnfixés,
où on écrittoutes les dérivations avec tous les ordres
possibles distincts,
en nombreEvidemment ~(q1q2...qn)f =
~q1q2...qnf dans
le casplat.
Ainsi le terme
général
de(2)
endegré k
pourra se noter encore :(n+k-1)!
avec
k !
(n - 1) !
termes sous le
signe ~ .
Nous dirons de que c’est une dérivée covariante
symétrique
de
.f E
Le deuxième membre de
(2)
nedépend
que du germede f
en xo, il est indé-pendant
du choix de toutrepère,
naturel ou non.La formule de Leibnitz s’écrit avec des dérivées ordinaires :
DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE 181
On pose par définition
(«
dérivation covariantesymétrique ») :
[en particulier
=]
et la
formule
de Leibnitz sera encore valable par simpleanalogie formelle
pour les dérivées
symétriques
covariantes.tandis que
si la torsion est nulle.
La validité de la formule de Leibnitz
entraîne,
comme pour un déve-loppement
usuel deTaylor que
=/’ ~
où leproduit
du deuxième membreest dans
l’algèbre symétrique (homomorphisme
deTaylor).
Le noyau de cet
homomorphisme quand
décrit est l’ensembledes germes dont les dérivées d’ordre
quelconque
sont nuls en xo. Ce noyauest donc différent de 0 en
général.
Pour éliminer cette difficulté il est com-mode de faire des
hypothèses
depseudo-analyticité
et mêmed’analycité, l’homomorphisme
deTaylor
devientinjectif,
car un raisonnement parrécurrence
montre que la donnée de la suite deséquivalente
à celle de la suite des
(écrire
les dérivationssymétriques
d’ordre1 , 2, 3,
etc., les dérivéespartielles
ordinaires se calculent l’uneaprès
l’autre enfonction des
etc.).
HYPOTHÈSE
(H).
-Supposons qu’il existe,
pour un certain choix de V,non
nul,
tel quesi f ’ E
il existe des constantes Aet a
positives,
pouvantdépendre de f
et de xo, avec :a)
Aak pour tout k entierpositif, b) (H2) : l’application ~ injective.
On vérifie immédiatement que
si Jet g
satisfont à il en est de mêmede leur
produit (formule
deLeibnitz)
et de leur somme. Deplus
la condi-tion
a)
estindépendante
de tout choix derepère local,
car en vertu ducaractère tensoriel du
premier
membre(HJ,
il intervient parchangement
de
base,
un nombre de termes de l’ordre dekn - 2, majoré
parquelque n’’‘,
et si M est une borne
supérieure
des coefficients matricielsapparaît
audeuxième membre
AMn’kak.
Il existe des cas où la condition
(H)
peut être satisfaite :. Si V est un espace vectoriel
symplectique,
muni de la connexionplate
Vol. XXXV, n° 3-1981.
182 A. CRUMEYROLLE
et
f
une fonctionquasi-analytique
telle que ses dérivéespartielles
vérifient
(H 1).
(On pourrait
même en supposant que est satisfaite pour tous lespoints
d’un ouvert relativement compact contenant xo, supposer seulement que l’on considère des fonctions Coo satisfaisant à unemajoration
demême
type Aak,
~x ~ O,(H2)
est alorsvérifiée).
_Si V est une variété
symplectique
à structureanalytique (~),
s’il existeune connexion
plate,
ou si l’on choisitf
telle que0,
ou0,
ou toute condition de ce type : =
0,
qfixé,
Varbitraire,
sur unvoisinage
ouvert de xo.Dans la suite nous abandonnerons la condition
(H1)
et serons conduità introduire des
algèbres
de Cliffordsymplectiques
formelles et des défor-mations formelles de
(cas analytique)
et de(cas
différen-tiable). L’hypothèse (H)
aura donc servi commehypothèse
detravail,
si nous nous intéressons
spécialement
au cas formel différentiable C°~.III.
DÉFORMATIONS
DESALGÈBRES ASSOCIÉES
A UNE
VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE
Introduisons maintenant des bases
adaptées
à la structure presque hermitienne(bases H-adaptées).
Nous prenons d’abord
l’hypothèse (H).
_ç restreinte à est une
application bijective
de surl’algèbre
de
Clifford symplectique large
cotangente en xo.(A.
Cl. S.1.xo).
Il sera commode d’introduire des fonctions à valeurs
complexes
etune
algèbre C).
ci étant un
repère adapté,
nous posons avec une notationdéjà
uti-lisée en
(I) :
cP 1 =i ~ ~
cp et/= /est
un élément decomplexifiée. /0 ~
est leproduit
cliffordien. Nous définissons :ce
qui
donne surCH(xo, C)
une structured’algèbre
associative etensuite,
naturellement un crochet de Lie.(~i 1
composé
àgauche
avec toutautomorphisme
intérieur del’algèbre
de Clifford
symplectique
donne un autreisomorphisme
d’identificationVI 0
qJ1 et le mêmeproduit *, tf
peutprovenir
d’une transformation sym-plectique
locale ouglobale.
(’) Avec atlas compatible avec le pseudo-groupe des fonctions entières de type expo- nentiel.
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE 183
On peut
remplacer l’espace symplectique
standard par E @C(t)), C((t))
c
corps des fractions rationnelles en t, muni de la forme
symplectique
tF.Remplaçant
partout F partF,
on obtient surV,
aupoint
xo, en utilisant(6)
une déformation de
l’algèbre
associativeCH(xo, C).
Si t estinterprété
comme un
paramètre
réelarbitraire, .1 *
sera un élément deCH(xo, C).
On s’assure que les conditions de convergence introduites en
(I)
restentvalables pour tF. Nous y reviendrons.
Avec une base
H-adaptée (OCX, 8~*)
aupoint
xo, prenons :On
rappelle
la formule tirée de[2 ] :
Elle montre que
dans j * g
le terme dedegré
0 en t estfg L’algèbre
construite ne peut visiblement être
isomorphe
àC)
@C((t)),
doncc
nous avons bien obtenu une déformation non triviale de
CH(xo, C).
Si on construit maintenant :
ou
on a nécessairement une structure
d’algèbre
de Liecomplexe
surC"(xo, C),
cette
algèbre
de Lie est une déformation del’algèbre NH(xo)
que nous allonsexpliciter :
Cherchons le coefficient de t dans le
développement
de~0 g.
Le termede
degré
0 relativement aux0"
V8K*
vientuniquement, d’après (9)
de :Quant
au termegénéral
dudegré
1 en t, on ne peut l’obtenirqu’en
réordon-nant dans un
produit
de monômes en8H
V (}K* un seulcouple (8a*)k
0(8°‘)r ~
si ce
produit
de monômes s’écrit :Vol. XXXV, n° 3-1981.
184 A. CRUMEYROLLE
où les
(JB*
ne contiennentplus
de et les0~ plus
de il donne modulotous les termes dont le
degré
en t est différent de1,
et venant des seuls0~*,
qui
est une « dérivée covariantesymétrique »
attachée à~~a*, f )
xLa formule de Leibnitz
généralisée
donne pour le coefficientde t,
dans ledéveloppement de (/0 g),
le termegénéral :
qui
n’est autre que celuiqui
vient de :En e ffet :
puisque
la torsion est nulledonc = où au
premier
membrefigure
la dérivée «symé-
trisée ».
= = et ainsi de suite.
Si on écrit avec qa* = 1 :
c’est encore :
de sorte que l’on peut à volonté «
intégrer »
ou non dans lasymétrisation
l’indice et*
(et
l’indiceoc).
Finalement on obtient
pour ( )
ECH(xo, C),
et en retranchant
g * J apparaît
le crochet de Poisson.En
poursuivant
on obtient les termesprincipaux
dans les coefficientsde t2, t3...
Poincaré-Section
DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE 185
et en
repères
hermitiens lesplus généraux
pour le coefficientde tk :
Dans le cas
plat,
on obtientqui
ditfére àpremière
vue de celui deMoyal (cf. plus bas).
Dans le casd’une variété
symplectique générale
des termes de courbures’ajoutent
aux coefficients de
t2, t3 ... déjà
écrits. Parexemple,
enrepères
hermitiensparticuliers,
le coefficient de t2 estl’image
par({JI!
des termes du pro-duit :
où A, C ne contiennent pas
0~ B*,
D* ne contiennent pas~"*,
et :où A et C ne contiennent ni
0~
niB*,
D*ne
contiennent nif*,
ni0~,
Remarques.
- 1 ° Certaineshypothèses
sur la courburepermettraient d’envisager
à nouveau ledéveloppement (11).
Parexemple
pour le coeffi- cient det2,
si l’onpouvait
écrire :condition réalisée avec :
pour les coefficients du tenseur de courbure.
Dans le cas kählérien les identités de
Bianchi,
montrent que ces der- nières conditions entraînent laplatitude [8 ].
2° On observe que pour certaines fonctions on peut obtenir
Par
exemple,
dans le cas kählérienplat,
si on a les conditions de Kil-ling
=0,
=0,
pour toute fonction h.Vol. XXXV, n° 3-1981.
186 A. CRUMEYROLLE
Les déformations formelles.
On peut observer que la formule
(11)
du casplat,
aussi bien que la for- muleanalogue qui
existe dans le cas d’une variétésymplectique
munied’une connexion avec courbure non nulle et sous les
hypothèses faites,
donne un
algorithme
de calculqui
s’étend de lui-même au cas des germes de fonctionsC°~(V)
et à valeurs dans l’anneau des séries formelles en tà coefficients
complexes,
car la vérification de l’associativité conduit à des calculsqui
sont formellementidentiques
dans tous les cas.Donc sur toute variété
symplectique
on peut construire enchaque point
xo,une
déformation formelle
del’algèbre C:(C)
des germesde fonctions di, f ’fé-
rentiables
déformations
à valeurs dans l’anneau des sériesformelles
en t.Les
déformations
del’algèbre COO(V, C).
Revenons d’abord au cas
général,
avecl’hypothèse (H).
xo étantchoisi,
la déformation construite permet de définir
l’application :
- (xo)
1:::::::-
xi 1 dans un
voisinage
de xo,fxo
= ~p~fxo
étant le germe def
en xo,cxo~
et 1
l’isomorphisme déjà envisagé (au point xo).
Varions maintenant xo,l’hypothèse (H)
étantsupposée
vérifiée enchaque point
xo.L’application
x -
(x * x)(x)
notéeg)(x)
donne une loi decomposition d’algèbre
associative,qui
comme dans le cas des germes en xo, et pour les mêmes raisons s’étend au casdifférentiable
etfournit
unedéformation formelle
del’algèbre
C)
à valeur dans le même anneau C[ [ t ] ] {2).
Le
produit * possède
lapropriété
de covariancesymplectique.
Soit 9 une transformation différentiable
symplectique
et x1 =e{xo).
,
ko
etR1
sont desrepères adaptés
en xo et x 1respectivement.
i est le trans-port
parallèle
pour V deTxo(V)
sur On va montrer que :Comme nous l’avons
remarqué
au début duparagraphe III,
on peut(2) La loi x - (f * g) (x) ainsi obtenue s’exprime par la même formule (11), car
on observe que les termes complémentaires obtenus pour sont nuls pour
x = xo.
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
187 DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE
composer ç avec un
isomorphisme symplectique ~,
posant cp2== ~ °
çi :choisissons ~
tel queT~o
= comme~(9
==ifxo
la connexion V étant
symplectique
cela s’écrit :et cette
égalité
assure lapropriété
annoncée.La construction des déformations de
l’algèbre C~(V, C)
peut se résumer ainsi dupoint
de vueheuristique :
. on envoie par
l’isomorphisme
CP1(lié
au choix derepères adaptés,
et d’une réduction au groupe unitaire du groupe structural du fibré sym-
plectique,
le faisceau des germes des fonctions différentiables dans le faisceau des germes des sections du fibré de Cliffordsymplectique complexifié Cls(tF’) (ou
. on
prend
la composante dedegré
0(en eH,
duproduit
des germes de sections associéesà f,
g EC~(V, C) :
ce faisceau définitf*
g.Cette remarque permet de mieux
comprendre pourquoi l’hypothèse (H)
n’intervient
plus
dans la construction finale des déformations formelles deC~(V, C).
Par contre(H 1)
est à conserver pourenvisager
des défor-mations non formelles.
Remarque.
- Il est immédiat de vérifier sur la formule(1 1)
que si l’onforme f* g - g * .f,.f et g réels,
les termes dedegré impair
sont réels et lestermes de
degré pair (en t’ k, k > 1)
sontimaginaires
purs. Calculant modulo t2k dans(11),
on obtient donc un crochet de Lie réelqui
est unedéformation du crochet de
Poisson { f, g}. Cependant
moyennant unehypothèse globale supplémentaire
on peut introduire une déformation pour leproduit fg
et lecrochet { f, g}
en restant dans le domaine réel.IV.
DÉFORMATION
DESALGÈBRES RÉELLES
Si l’on veut rester dans le domaine
réel,
on suppose que la variété sym-plectique
V est munie d’unchamp global
L delagrangiens réels,
cequi signifie qu’il
existe une sous-fibration deT(V)
dont les fibres sont deslagrangiens
réels(espaces
totalementisotropes
pour la formesymplec- tique).
C’est le cas si V estl’espace
desphases T(M)
de lamécanique
clas-sique.
Vol. XXXV, n° 3-1981.
188 A. CRUMEYROLLE
V
possède
une structurecomplexe
J et l’on peut écrireT(V)
= L Q)JL ;
comme la
grassmannienne lagrangienne
de (~2r estdifféomorphe
à0(r)
on voit que cette condition
équivaut
à une réduction du groupe structuralSp(2r,
à0(r) x O(r).
Dans cette situation on peut faire une identification
globale
entre sec-tions de
l’algèbre symplectique
cliffordiennelarge
réelle et sections del’algèbre symétrique.
Lesdéveloppements
de III se reprennent en utilisant des basesadaptées
à la structure presqueproduit (non
naturelles engénéral).
(9)
estremplacé
par[2 ] :
on trouve une formule
analogue
à(10)
mais le deuxième membre est réel.En conclusion :
Les résultats obtenus pour
l’algèbre des fonctions
à valeurscomplexes
s’étendent sans
modification
sousl’hypothèse qu’il
existe sur la variété sym-plectique
unchamp global
delagrangiens
réels.Le coefficient
de tk
est unopérateur
bidifférentiel d’ordre k relativement àchaque
argument, dont lesymbole principal
estidentique
à celui que l’on obtient dans le casplat.
Remarque.
Notre méthode estsusceptible
des’adapter
sous despré-
cautions évidentes aux variétés de Poisson
[7] ] [7].
V RELATION AVEC LE PRODUIT DE MOYAL Soit E. un espace vectoriel muni de coordonnées cartésiennes réelles
(xl, x2, ..., xn), n =
2r. Considérons d’abord l’ensemble P des fonctionspolynomiales
réelles en(xl, X2,..., xn)
dedegré quelconque (mais fini).
Soient f, g ~
P.F est une forme
symplectique
sur E(aussi
bien surE*).
On pose(produit
de
Moyal) :
avec les notations de
[6].
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
189 DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE
t est un
paramètre
scalaire arbitraire. On en déduit un crochet attaché à tF.Si on
remplace
P par l’ensemble P’ des séries entières en(xl, ... , xn)
avec des coefficients du type introduit au
(I)
pour lesalgèbres
de Cliffordsymplectiques larges,
il est facile de voir queproduit
et crochet deMoyal
existent encore.
On introduit E @
R((t))
= E’ et son dual(E’)*,
avec la forme sym-plectique tF,
etl’algèbre
de Cliffordsymplectique large Cs(tF)i,
t seraencore considéré comme un
paramètre
réelarbitraire,
afin de rendre claires les conditions de convergence.Soit
(~pi,
une base de(E’)*.
Posons : =
Xi,
=txi,
u s’étend à uneapplication
de E’ dansl’algèbre
deMoyal déjà envisagée.
Dès lors la
propriété
universelle desalgèbres
de Cliffordsymplectiques implique
l’existence d’unhomomorphisme
Li deCS(tF)l
dans P’ muniedu
produit
deMoyal
telque u o
p = u, phomomorphisme canonique.
CS(tF)l
estsimple [2 ],
donc u est nécessairementinjective.
Par récurrenceon voit que si est identifié à = et
que l’on atteint tous les
générateurs
de P’.Donc
l’algèbre
que nous avons construite estisomorphe
à celle deMoyal.
Comme :
0 0 ... 0 sera un
polynôme
en t dedegré au-plus égal
àtp-l.
Ainsi,
dans le casplat, l’algèbre
construite auIV,
dans le cas nonformel,
est
identique
à cellequi
vient duproduit
deMoyal,
modulo une déforma-tion triviale au sens de Gerstenhaber
[5 ].
On observera que
l’isomorphisme
ne respecte pas ledegré
relativement à t(ce qui
entraîne la perte desymétrie
pour les termes dedegré pair).
Vol. XXXV, n° 3-1981.
190 A. CRUMEYROLLE
Dans le cas purement
formel,
il existe unhomomorphisme
de notrealgèbre
sur celle deMoyal.
Il est àconjecturer
quel’(A.
Cl .S)
formelleest encore
simple,
de sorte que l’on aurait encore unisomorphisme.
Revenons à une variété
symplectique V,
munie d’unchamp
delagran- giens réels,
avec une déformation(formelle
ounon)
del’algèbre (C°~(V)
ou
CW(V) éventuellement)
du type introduit dans(IV).
Supposons
que l’on sache construire une déformation f,qui
pour toutsystème
de coordonnéessymplectiques (Xl, x2, ..., xn)
sur un ouvert Udonne :
c’est le cas pour la déformation :
avec
introduite dans
[1 ]
à l’aide d’une connexion de Poisson sans courbure.Soient
=1, ... , n),
les éléments d’une cobase attachée aux(xi), ~p~
=dxt.
Grâce aux
repères produits
les(cpi)
s’identifient à des sections cliffordiennessymplectiques ~pL qui engendrent
localement le fibrécorrespondant,
r dési- gnant unesection,
fi associe àcpi
Er(Cls(U, tF)l) (ou r(ClsU, tF),
casformel),
la fonction(Xi)
del’algèbre
deMoyal Mt(U) ;(14)
et(15) s’appliquent
et on obtient un
homomorphisme h qui
étend fi, au moinssurjectif.
Si lacourbure est nulle les
(x’)
ont le caractère tensoriel(3)
et si h est un isomor-phisme
local(cas
nonformel)
cetisomorphisme
local s’étend à un iso-morphisme global.
Si la courbure est non
nulle,
les n’ontplus
le caractèretensoriel ;
au-dessus de U n
U’,
la même fonctiondéveloppée
selon les coor-données
(Xi), (x‘~)
centréesrespectivement
en xo E U etjco
E U’ peut pro- venir de deux éléments différents der(Cls(V, tF)i), (ou rCls(V, tF),
casformel)
selonqu’on
seplace
sur U ou sur U’. Il ne peut exister engénéral qu’un homomorphisme surjectif.
On obtient ainsi unepropriété
de type universel.La
déformation
construite s’envoie par unhomomorphisme
sur toutedéformation satisfaisant
localement(16) (par exemple
sur celle deMoyal, explicitée
dans[1 ]).
Remarque.
On peutconjecturer
que la déformation( 10)
est «rigide
».Ce résultat étendrait une
propriété signalée
dans[5 ] qui
affirme que toutes( 3) Un tel choix, du moins est possible.
Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A
191 DÉFORMATIONS D’ALGÈBRES ASSOCIÉES A UNE VARIÉTÉ SYMPLECTIQUE
les
algèbres semi-simples
de dimensionfinie, séparables
sontrigides.
Ainsien est-il d’une
algèbre
de Clifford de dimension finie attachée à une formequadratique
nondégénérée.
Lapropriété conjecturée
serait l’extensionau cas
symplectique.
VI.
DÉFORMATIONS
DESALGÈBRES SYMÉTRIQUES
ET
EXTÉRIEURES
Sur une variété C~ presque
symplectique,
introduisons une structure riemannienne g naturelle à l’aide del’opérateur J,
J2 = - 1.Selon ce que nous venons
d’exposer l’algèbre symétrique
se déforme enalgèbre
de Cliffordsymplectique (les
conditions de convergenceimposant
certaines restrictions comme nous avons
dit).
De
même,
utilisant le fibré réduit au groupe unitaire et desrepères adaptées
à cetteréduction,
toutealgèbre
de Cliffordorthogonale
associéeà la
forme tg
est la déformation del’algèbre extérieure,
l’identification de 2 sections se faisantgrâce
auxrepères adaptés.
Dans ce dernier cas lesconditions de convergence n’ont pas à être
postulées.
Plus
généralement
si une variétépseudo-riemannienne
Coo admet unestructure
spinorielle
au senslarge,
il existe pour le fibré tangentcomplexifié
une structure presque
produit
et une structuresymplectique complexe.
On peut donc pour les fibrés
complexes
donner des résultatsanalogues
pour les déformations des
algèbres
extérieures etsymétriques.
On peut obtenir ainsi des déformations de
l’algèbre
de Weil de la variété Cooqui
ont un caractère universel et donnent un cadre naturel pour ledéveloppement
de la théoriequantique
deschamps.
L’algèbre
de Lie des déformations del’algèbre
de Weil contient alors des termes naturelsd’interaction,
au sens desphysiciens (lien
avec lessuperchamps).
Enfin il est
possible d’envisager,
au lieu des fonctions différentiablescro,
ou COO à valeurs
scalaires,
des fonctions à valeurs tensorielles. Les défor- mations se construisent de la même manière.VII. APPLICATION A LA
MÉCANIQUE QUANTIQUE :
UN CADRE
GÉOMÉTRIQUE
Nous avions
déjà
abordé ceproblème
dans[4 ]
et donné cequi
cons-titue selon nous, les
principes essentiels ; cependant
ausujet
des sys- tèmes à rdegrés
de liberté nous n’avions considéré que le cas où V étaitun espace
plat.
Nous
rappelons quelques
résultats.Vol. XXXV, n° 3-1981.
192 A. CRUMEYROLLE
Il existe au-dessus du fibré des
repères
deT(V)
de groupeSp(2r, R)
uneextension au groupe
métaplectique [2].
Il existe alors selon noscritères,
au-dessus deT(V)
tout à la fois un fibré enspineurs orthogonaux
et unfibré en
spineurs symplectiques (au
senslarge,
dont les sections sont définies modulo un facteurcomplexe
de norme1).
Avec les notations de
[4] ]
il estpossible
de définir sur leschamps
despineurs symplectiques
une formesesquilinéaire
1’ définiepositive :
({3 anti-automorphisme principal).
Il existe des
champs supplémentaires
delagrangiens complexes, si fi
estune telle section
lagrangienne,
on obtient les relations de commutations :où tF est la forme
symplectique, a,~ l’application
M~ -~ eta; l’adjoint
de
a,~
relativement àPour
quantifier
un observableclassique,
soit une fonctionf
définie surune variété
symplectique
V :. on choisit sur V une structure presque
hermitienne ;
. on associe
à f,
dans l’une deshypothèses
décritesplus
haut(III) f,
champ
cliffordiensymplectique ;
. on fait
opérer /
sur les sections du fibréspin oriel symplectique complexifié (définies
modulo un facteurcomplexe
de norme1)
naturel-lement associé à la structure hermitienne
cet
opérateur
est anti-hermitien si et seulement si. on observe que
l’algèbre
de Lie des crochets de 2opérateurs
est iso-morphe
à celle de ladéformation,
laquantification
est bien attachée à unedéformation de
l’algèbre
de Poisson(qui
peut être formelle ounon) ;
. on observe que si on considère
l’espace
desphases
avec coordonnées localescanoniques ~p~, qa)
et les autres crochets sont nuls.
t
représente
donc la constante de Planck.Annales de l’Institut Henri Poincaré-Section A