A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
C HRISTOPHE C HAMPETIER
Petite simplification dans les groupes hyperboliques
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 6
esérie, tome 3, n
o2 (1994), p. 161-221
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1994_6_3_2_161_0>
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- 161 -
Petite simplification dans
les groupes hyperboliques(*)
CHRISTOPHE
CHAMPETIER(1)
Annales de la Faculté des Sciences de Toulouse ’ Vol. III, n° 2, 1994
RÉSUMÉ. - Dans cet article nous donnons une preuve complète de l’affirmation par M. Gromov que le quotient de tout groupe hyperbolique
par des éléments satisfaisant une condition de petite simplification est
encore hyperbolique. Cela nous amène à définir une notion de volume dans les espaces métriques et, suivant Gromov, à étudier les propriétés du
flot géodésique agissant sur un groupe hyperbolique.
ABSTRACT. - In this paper, we give a complète proof of the statement
of M. Gromov that the quotient of any hyperbolic group by éléments which satisfy some "small cancellation" property is still hyperbolic. This leads
us to define a notion of volume in général metric spaces and, following
M. Gromov, to study properties of the geodesic flow acting on hyperbolic
groups, as compared to the case of negatively curved manifolds.
1. Introduction
En
1912,
M. Dehn montre que laprésentation
standard(X r)
du groupefondamental de toute surface
compacte
orientable admettant unemétrique
riemannienne à courbure strictement
négative possède
lapropriété
suivante : :tout mot réduit du groupe libre
L ~X )
trivial dans cetteprésentation
contientcomme sous-mot d’un
conjugué cyclique
du relateur r ou der -1,
delongueur
strictement
supérieure
à la moitié de lalongueur
de r. Enparticulier,
celafournit un
algorithme qui
détermine si un mot du groupe libre est trivialou non dans le groupe
quotient.
Ce fait a étégénéralisé
auquotient
d’un~ * ~ Reçu le 2 2 novembre 1993
(1) ) Université de Grenoble 1, Institut Fourier, Laboratoire de Mathématiques associé
au C.N.R.S.
(U.R.A. 188),
B.P. 74, F-38402 Saint-Martin-d’Hères(France)
Ce travail a été effectué lorsque l’auteur était à l’Ecole Normale Supérieur de Lyon,
U.M.R. 128 du C.N.R.S.
groupe libre par des éléments ri ..., vérifiant une
hypothèse
de"petite simplification" (la
conditionC~ ( 1 /6 ),
voir parexemple [LS]). L’algorithme
donné par M. Dehn
permet
enparticulier
de montrer que legraphe
deCayley
d’une telleprésentation
vérifie uneinégalité isopérimétrique (pour
une certaine définition de
l’aire,
voir[Gr1],
et[Sh], [Ch2])
linéaire.Dans
[Gr3],
M. Gromov extrait unepropriété purement métrique, qu’il appelle hyperbolicité,
vérifiée par les variétés riemanniennes à courbure strictementnégative :
l’existence d’une borne à la finesse destriangles
à bordgéodésique.
Cettepropriété
est à la source debeaucoup
despropriétés
"àl’infini" de ces espaces.
L’hyperbolicité
n’est par unepropriété infinitésimale,
mais
plutôt
stable parquasi-isométrie (voir
les définitions auxparagraphes
1.1 et
1.2).
Enparticulier,
un groupe detype
fini sera dithyperbolique
si songraphe
deCayley
pour unequelconque
de sesprésentations
est un espacemétrique hyperbolique.
Un fait notable
([Gr3], [Sh])
est quel’hyperbolicité
estéquivalente
àl’existence d’une
inégalité isopérimétrique linéaire,
dans les espaces où la notion d’aire est clairement définie : : les variétés riemanniennes ou desgraphes
deCayley (notre proposition
3.9généralise
ce fait à tous lesespaces
métriques). Ainsi,
M. Gromov montre que les groupesayant
uneprésentation
àpetite simplification C~(1/6)
sonthyperbolique ([G H], [Ch2]).
.En
fait,
tout groupehyperbolique possède
uneprésentation
danslaquelle l’algorithme
de Dehn est vérifié[Sh].
Dans
[Gr3],
M. Gromov montre commentgénéraliser
la notion depetite simplification
aux éléments d’un groupehyperbolique,
afin d’obtenir unrésultat du
type
suivant : : lequotient
d’un groupehyperbolique
par des élémentspossédant
unepropriété
depetite simplification
"relative" estencore un groupe
hyperbolique.
Ce faitimportant
luipermet
enparticulier
de construire des groupes
remarquables (par exemple
infinis detorsion)
comme "limites" de groupes
hyperboliques,
cette méthode étantinspirée
par A. Y. Ol’shanskii
[Ol1].
Nous avonsprécisé
etpoursuivi
lesapplications
de ce résultat dans
[Ch3] (voir
aussi[012], [013]).
Le but de cet article est de
préciser
ces idées de M.Gromov,
enparticulier
d’énoncer ce théorème de
quotient
des groupeshyperboliques
par des éléments àpetite simplification
"relative"(théorème 5.2)
et d’en écrire unepreuve. Un résultat similaire a été donné
indépendamment
par T. Delzant[De2].
Au
Paragraphe
5.5.F de[Gr3],
M. Gromov montre(la
preuve contenantune
difficulté) qu’une inégalité isopérimétrique
linéaire est vérifiée dansune variété riemannienne à courbure
négative
danslaquelle
on a attachédes
disques
sur certainesgéodésiques
fermées(ce qui permet
d’étudier lequotient
du groupe fondamental de la variété par les élémentscorrespondant
à ces
géodésiques fermées),
dans le cas où cesgéodésiques
fermées vérifientune
hypothèse
de"petite simplification".
Nous donnons une preuvecomplète
de ce fait à la section
2,
en montrant unepropriété proche
de lapropriété
de Dehn citée
plus haut,
pour lesdisques
troués riemanniens à courburenégative.
Pour
généraliser
à un groupehyperbolique
sa preuve faite sur les variétés à courburenégative,
M. Gromovsuggère
d’utiliser un espace associé augroupe
hyperbolique,
espacemétrique
surlequel agit
le "flotgéodésique"
du groupe : : pour le groupe fondamental d’une variété riemannienne à courbure strictement
négative,
cet espaceest, métriquement,
le fibretangent
unitaire à cette variété. Nous
rappelons
à la section 4 la construction de M.Gromov de cet espace, et surtout l’existence d’une
métrique
pourlaquelle
il vérifiera une
propriété
de convergenceexponentielle
desgéodésiques (théorème 4.13).
C’est une sorte depropriété
"à l’infini" : lestriangles
idéaux d’un tel espace sontplus
"fins" que lestriangles
idéauxd’un
plan hyperbolique
à courbure constante strictementnégative - K2
.Auparavant,
nous aurons introduit à la section 3 une notion d’aire valable pour tout espacemétrique,
de faitproche
de la notion defilling
volumedéfinie par M. Gromov
[Gr2], adaptée
à cet espace du flotgéodésique
car
permettant
demajorer
l’aire de sestriangles
idéaux. De mêmequ’une
distance n’est pas nécessairement une distance de
longueur,
c’est-à-dire que la distance entre deuxpoints
d’un espacemétrique peut
être mesurée sansqu’aucun
chemin( a fortiori "géodésique" )
ne lie ces deuxpoints,
nouspouvons mesurer l’aire d’une courbe sans
qu’aucune
surface( a fortiori
"minimale" )
ne borde cette courbe(bien
sûr cela segénéraliserait
à unenotion de volume en toute
dimension). Qu’une
tellequantité
soit nontriviale résulte du fait que le volume d’un cube
(plein)
muni d’unemétrique
riemannienne est
toujours
conditionné par la fonction distance sur son bord(par l’inégalité
deBesicovitch,
voir le lemme3.4).
Nous concluerons à la section 5 par la preuve du théorème 5.2.
1.1 Notations
On note
dE
la fonction distance d’un espacemétrique
E.Soient d un réel
positif,
X et Y deuxparties
de E. On dit que X estd- proche
de Y si toutpoint
de X est à distance inférieure à d d’unpoint
de Y.
Le
segment image
d’un arc g: [t, u ] ~ E
tel que = a etg(u)
= bsera noté noté
[a, b ]
g ou[a, b ]
s’iln’y
a pasd’ambiguïté. Lorsque
l’arcest
rectifiable,
on note.~~ ( ~ a , b ~ ~
salongueur.
On identifiera souvent par abus delangage,
un arc et sonimage.
On
appelle
arcgéodésique
de E un arcrectifiable g : I
~E,
où l est un intervalle deIR,
tel que pour tous x, y del,
Pour tout réel T
positif,
onappelle
arc-géodésique
de E un arc g : I ~ E dont la restriction à tout intervalle de la forme~ t , t
+ Test géodésique.
Ondit que g est un arc
géodésique
local.On
appelle
arc(À, )-quasi-géodésique
de E un arc rectifiable g : I ~E,
où I est un intervalle de
R,
tel que pour tout x, y de1,
,Un arc
géodésique
estappelé segment géodésique,
rayongéodésique
ouligne géodésique (parfois simplement géodésique)
suivantqu’il
est défini surun intervalle
fini,
semi-infini ou sur R.L’espace métrique
E est ditgéodésique si,
entre deuxpoints quelconques
de
E,
il existe unsegment géodésique joignant
ces deuxpoints.
Tous les groupes r considérés seront discrets de
type fini, rapportés
à unsystème générateur
fixé. On notera L le groupe libre sur cesgénérateurs.
Si X est une
partie
d’un grouper,
on note le sous-groupe normal de Fengendré
par XOn note
0393Cay
legraphe
deCayley
associé à F et sonsystème générateur :
:les sommets de
0393Cay
sont les éléments de F et on met une arêteentre 03B3
etye pour tout
élément 03B3
de F et toutgénérateur
e de F. Ensupposant
lesarêtes de
longueur 1,
cela fait de0393Cay
un espacemétrique
delongueur.
La distance sur
rCay
sera notéedr (elle
induit une distance sur r : :la
métrique
desmots).
Ainsi l’action naturelle du groupe F sur par translation àgauche
estisométrique. Si y
est un élément du grouper,
onnote
lr(y)
la distance dans0393Cay
entre l’élément neutre1Cay
et 03B3. On notela boule de rayon r du groupe F pour son
système générateur
fixé.Un mot du groupe libre
désignera toujours
un mot réduit.A
un mot du groupe libre Lcorrespond
un chemin derCay d’origine
l’élément neutre
1Cay (ou plus généralement
un chemind’origine n’importe quel
sommet deI‘C$y ).
Onappelle
écrituregéodésique
d’unélément 03B3
de I‘tout mot du groupe libre de
longueur
minimaleparmi
ceuxqui
seprojettent
sur y. Un mot du groupe libre L est dit
géodésique
dans r si c’est une écrituregéodésique
de l’élémentcorrespondant
dans r. De même on ditqu’un
motdu groupe libre L est minimal dans sa classe de
conjugaison
dans F si c’estl’écriture
géodésique
d’un mot de r delongueur
minimale dans sa classe deconjugaison.
On
appelle ligne (d’origine
le sommet1Cay) engendrée
dans0393Cay
par un’
mot w de L
l’arc g
R -~Fcay
tel que pour tout n E~ (n+1 )~~ (w)~
est
l’application
naturelle de cet intervalle sur lesegment w
derCay d’origine
le sommet
correspondant
àl’image
de wn dans F.Un
élément 03B3
de F est dit de torsion s’il yengendre
un groupe fini(la ligne qu’il engendre
dansrCay
est alorsfermée).
Un groupe est dit sanstorsion s’il ne
possède
aucun élément de torsion.1.2
Espaces
et groupeshyperboliques
Toutes les définitions de ce
paragraphe
sont dues à M. Gromov. Soit(E, dE)
un espacemétrique géodésique.
On
appelle triangle géodésique
de E la donnée T de troispoints
~, y, z de E et de troissegments géodésiques
, y]
f,~ y
, z]
9, , , z~
h dans E.On notera ce
triangle
y,z) lorsqu’il n’y
a pasd’ambiguïté.
On
appelle finesse
d’untriangle géodésique
leplus petit
nombre d telque tout
point
d’un côté de cetriangle
est à distance inférieure à d de la réunion des deux autres côtés. On dira que letriangle
estd- fin.
On dit
qu’un espace métrique géodésique E
est03B4-hyperbolique
si tous sestriangles géodésiques
sont b-fins. On supposeratoujours 03B4 ~
1.On
appelle triplet
central associé à cetriangle géodésique
de côtés,f
g, h et d’extrémités a?, y, z letriplet
depoints (u,
v,w~
tels que u E , y~ f,
v E
[y, z ~9, w E ~ [x, z ~ h
etu~
=w~, d E(y, u~
=dE(y, v~
etdE(Z, v)
=w)..
Fig. 1
Le
tripode
associé à cetriangle géodésique
T est l’arbremétrique To
formé de troissegments ~ x’ , t ~, ~ y’ , t ~ et z~ , t ~ ] disjoints
sauf ent,
, delongueurs respectives u), dE (y, v) w).
Onpeut
alors considérerl’application
: , y~
~ U~ y
, z~
9 U~ x
, z~
h ~To qui
envoie x, y et zsur
y’ et z~
etqui
estisométrique
sur les trois côtés dutriangle.
Si E est un espace
métrique 6-hyperbolique,
alors pour touttriangle géodésique
T deE, l’application ~~
vérifie :pour tous
points
p et q sur les côtés dutriangle (notons
que cette conditionsur un
triangle géodésique implique
évidemment que letriangle
est26-fin).
Un groupe r de
type
fini muni d’unsystème générateur
fixé est 6-hyperbolique
si legraphe
deCayley 0393Cay
associé est6-hyperbolique.
Ondira
qu’un
groupe esthyperbolique
s’il est6-hyperbolique
pour un certainsystème générateur
et un certain 6.2. Une
propriété
detype algorithme
de Dehndes
disques
troués riemanniens à courburenégative
On
appelle disque
riemannien à n trous la donnée d’unemétrique
riemannienne sur un
disque
ferméDZ privé
de ndisques ouverts,
cesdisques
étant d’adhérences deux à deuxdisjointes
etdisjointes
du bord dudisque D 2 .
.Prenons un tel
disque
troué P à bordgéodésique
et à courbure stricte- mentnégative.
Considérons le lieu despoints
de P dont la distance au bord dudisque
troué est réalisée par au moins 2points
du bord.Fig. 2
La courbure de P étant strictement
négative,
cet ensemble est une réuniond’arcs fermés : : c’est le lieu de coupure
(cut-locus)
du bord de P. Nousappellerons épaisseur
de P la distance du bord de P à cet ensemble.Montrons un résultat facile.
PROPOSITION 2.1.- Soit P un
disque
riemannien à ntrous,
à bordgéodésique
et à courbure strictementnégative, inférieure
à-K2.
Si lalongueur
de chacune descomposantes
du bord estsupérieure
à2~/(EK2)
+2e,
alorsl’épaisseur
de P estinférieure
à e.Démonstration. - Par le théorème de
Gauss-Bonnet,
l’aire dudisque
troué P est inférieur à
2(n - 1 ) /K2 .
.Si
l’épaisseur
de P estsupérieure
à e, lese-voisinages
des n + 1 compo- santes du bord sont deux à deuxdisjoints. L’inégalité
de Besikovitch(lemme 3.4)
montre que chacun de cesvoisinages
a une airesupérieure
à2~r/K2,
cequi
estimpossible.
0 ,Nous allons affiner cet
argument d’aire,
en utilisant unargument
combi-natoire
proche
des idées depetite simplification ([LS],
- Tout d’abord
rappelons
une définition depièce
descomposantes
du bordd’un
disque
troué riemannien P à courbure strictementnégative
donnée par M. Gromov~Gr3, § 5.5.FJ.
Une illustration de cette définition est donnée par lafigure
27.DÉFINITION
2.2. - Soit P undisque
riemannien à ntrous,
à bordgéo- désique
et à courbure strictementnégative. Appelons to,
..., tn
les compo- santes du bord de P. Soit d un réelpositif.
Onappelle d-pièce
deti,
re- lativement àtj,
pouri, j
E~0 ... p~
éventuellementconfondus,
unepartie
conneze c de
tZ
telle que tout relevé c de c, sur unecomposante tz
du relevé detz,
dans le revêtement universel P de P estuniformément d-proche
dansP d’une
composante
de 8P -ti
relevée detj.
.Notons
qu’à
uned-pièce de ti
relativementà tj correspond
uned-pièce
de
t~
relativement àti.
On dira(par
abus delangage)
quetZ
ett~ partagent
une
d-pièce.
Dans le
disque
trouéP,
uned-pièce de ti
relativement àtj, pour i ~ j,
secaractérise par deux
segments
ci surt2
etc3
surt~
uniformémentd-proches
dans P. Une
d-pièce de ti
relativement à lui-même se caractérise par deuxsegments disjoints
ci etci sur ti
uniformémentd-proches.
Fig. 3
Notons
lp(c)
lalongueur
d’un arc c dans P. Nous pouvons alors énoncer laproposition
2.3.PROPOSITION 2.3. - Soit P un
disque
riemannien à ntrous,
n >2,
àbord
géodésique
et à courbure strictementnégative, inférieure
à-K2.
Soit r~>100.Supposons
que toute1-pièce
d’unecomposante tZ,
relativement à unecomposante tj,
pour touti, j
E~1,
...,n~,
est delongueur inférieure
àSupposons
deplus
que toutecomposante tZ,
i E~1,
...,n~,
est delongueur supérieure
à100r~~ .
.Alors au moins deux
composantes ti1
etti2
, aveci1, i2
>1, partagent
avec la
composante to
dans P une1-pièce,
delongueurs supérieures
respec- tivement à~(t~ - 8~/~
et~(t~ - 8~/~.
Démonstration. - Tout d’abord comme pour la
proposition précédente,
le théorème de Gauss-Bonnet montre que :
Pour minorer l’aire de
P,
nous allons étudier le1-voisinage
descomposantes
~l) , ... , tn
du bord de P. Nous allons maintenant construire legraphe Q p
des
1-pièces
de P. Les sommets de~p
sontles ti
pour i>
1.Considérons pour
chaque composante
du bord de P son lieu de coupure.C’est une courbe dont le
complémentaire
est une réunion de(n -f-1 ~
anneauxouverts, correspondant
aux lieuxWz
despoints
de Pplus proches
d’unpoint de ti
que de tous les autres.Fig. 4
Ces courbes définissent un
graphe planaire
D. Notons D* le dual dece
graphe :
: il y aura une arêteentre ti et tj
dans D* là oùWi
etWj
s’intersectent sur une
portion
de courbe. DéfinissonsGP
comme le sous-graphe
de D* obtenu en ôtant le sommetcorrespondant
àt0
et en neconservant une arête
entre ti et t j
de D* que si laportion
de courbecorrespondante
surWi
nW j
intersecte les1/2-voisinages
detZ
et det j .
À
une arête entret2
ett j dans ~ correspond
donc naturellement une1-pièce entre ti
et~.
.Nous
appellerons graphe planaire
ungraphe plongé
dans leplan.
Une faceintérieure
(resp. extérieure)
dugraphe
sera unecomposante
bornée(resp.
non
bornée)
ducomplémentaire
dugraphe
dans leplan.
Le lemme suivant est une version
plus générale
des lemmesclassiques
depetite simplification [Ch2, § 3.1.1].
.LEMME 2.4. - Dans un
graphe planaire
dont toutes lesfaces
intérieures ont au moins 3 sommets sur leursbords,
le nombre de sommets estmajoré
par 6
fois
le nombre de sommets dedegré inférieur
à 6. .Démonstration. - Notons ~ un
graphe
comme dans le lemme. Onpeut,
en lui
rajoutant
desarêtes, trianguler
ses faces intérieures et faire en sorte que le bord de la face extérieure soit une courbesimple,
sans modifierl’ensemble des sommets sur la face extérieure. Cette
opération
ne faitqu’augmenter
ledegré
des sommets dugraphe. Notons
legraphe
ainsiobtenu,
et s son nombre desommets,
a son nombre d’arêtes etf
son nombrede faces intérieures. On a donc s - a +
f
= 1.En
comptant
le nombre decouples (face
F de~~,
arêteadjacente
àF),
on obtient
3/
= 2a - sext où on note sext le nombre de sommets sur la faceextérieure de
G’.
Cela fait 3s - sext = 3 + a.Notons si, et le nombre de sommets de
degré i,
i et > i dansle
graphe g’.
Encomptant
le nombre decouples (arête
A deg’,
sommetadjacent
àA),
on obtient :D’où
et en
particulier
Cela montre que
Or cette
inégalité,
vérifiée dans legraphe ~~,
est aussi vraie dans legraphe
~,
car diminuer lesdegrés
des sommets dugraphe
sanschanger
les sommetssur la face extérieure ne fait que renforcer
l’inégalité.
Le lemme est montré. 0Nous allons
appliquer
ce lemme augraphe ~p. Supposons
donc dans unpremier temps qu’aucune composante
dubord ti,
i~ 0,
nepartage
de 1-pièce
aveclui-même,
c’est-à-direqu’il n’y
a pas de boucle dans legraphe GP
,et que deux
composantes
distinctes dubord ti
ettj
pouri, j
> 1partagent
au
plus
une1-pièce
dansP,
c’est-à-direqu’il n’y
a pas d’arêtemultiple
dans~p .
Supposons
que toutecomposante ti,
i~ 0, partage
auplus
une1-pièce
avec
to
delongueur
inférieure à(r~ - 7)/~
fois salongueur. Alors, l’inégalité
de Besicovitch
(lemme 3.4)
montre que le1-voisinage Wi
d’unecomposante
ti,
i >1,
dedegré
inférieur à 6 dans legraphe ~p
a une airesupérieure
àFig. 5
Le nombre de
composantes ti,
avec i~ 1,
dedegré
inférieur à 6 dans~p
étant
supérieur
àn/6
et comme12 ~r~/K2,
l’aire de R est alorssupérieure
àet cela contredit
l’inégaùté (1).
Cela montre
qu’au
moins unecomposante t2,
avec i >1, partage plus
de~~ - ?)/r~
de son bord en une seulepièce
avec~o,
ou bienpartage plusieurs pièces
avecto.
Dans lepremier
cas, lacomposante ti
satisfait lapropriété
cherchée. Si on est dans le deuxième cas, nous allons trouver une
composante
~extrémale)
du bord de Pqui partage
avecto
une1-pièce
delongueur plus grande
que -8)/r~.
Pourcela,
onprocède
comme suit(voir
unraisonnement similaire dans
[Ch2, § 3.3]).
On
prend
unecomposante tio
du bord de Pqui partage plusieurs 1-pièces
avec
to.
On coupe ledisque
troué P selon deuxsegments
delongueur
auplus
1joignant
les extrémités d’unsous-segment
detio à
celles d’un sous-segment
deto,
les intérieurs de ces deuxsous-segments
nepartageant
pas de1-pièce
dans P.On notera
P’
ledisque
troué ainsi obtenu ettô
lacomposante
de son bord formée des deuxsegments
delongueur
1 et des deuxsous-segments
detzo
etto
dans P.Fig. 6
Le raisonnement
précédent s’applique
alors àP’ (il
fautadapter
le lieude coupure et le calcul d’aire au niveau des deux
segments
delongueur
1qui
rendent lacomposante tô géodésique
parmorceaux).
Il existe donc unecomposante,
autre quet~,
du bord deP’ qui partage
avectô
une1-pièce
delongueur supérieure
à -7) /r~.
Cettecomposante
du bord deP’
estune
composante ti
du bord de P pour i~
1.Comme ti
nepeut partager
une
1-pièce
delongueur supérieure
à1 /x
fois lalongueur
de son bord avecelle
partage
au moins(x
-8) /x
de son bord avecto. Si ti
n’aqu’une pièce
avecto,
elle convient. Sinon ellepartage plusieurs pièces
avecto.
En itérant ce
procédé,
on trouve au moins unecomposante
du bord deP
qui partage
une1-pièce
delongueur plus grande
que(~ - 8)/x
fois salongueur
avecto.
Encoupant
ledisque
troué P lelong
de deuxsegments
de
longueur
1 au bord de cettepièce (le
reste n’est pas videcar n 2: 2),
lemême raisonnement
permettrait
de trouver une deuxièmecomposante
dubord
qui possède
unegrande pièce
avecto.
La
proposition
est ainsi montrée dans le cas où legraphe
despièces
n’a niboucle ni arête
multiple.
Il reste à éliminer le cas où unecomposante ti
du bord de Ppartage
une1-pièce
avec lui-même et le cas où deuxcomposantes distinctes ti
ettj (i? j
>1) partagent
deux1-pièces
entre elles.Mais,
ilest maintenant clair que cela est
impossible :
parexemple
dans lepremier
cas, en
coupant
ledisque
troué P lelong
d’unsegment
delongueur
auplus
1joignant
deuxpoints
de lacomposante ti,
le même raisonnement queprécédemment
montreraitqu’une composante t j partage
avect2
une1-pièce
de
longueur supérieure
à cequi
estimpossible. 0
3. Aire dans les espaces
métriques
Nous
développons
dans cette section une notion de surface(2-variété)
et d’aire "abstraitement" sous-tendue par une courbe
(ou
une famille decourbes)
dans un espacemétrique quelconque.
Celapermettra
de mesurer dansl’espace
du flotgéodésique
d’un groupehyperbolique (défini
à lasection
4)
l’aire destriangles idéaux, qui
ne bordent apriori
pas dedisques
dans cet espace
(comparer
avec~Gr3, ~ 6.8]).
Il nous a étésignalé
que cettedéfinition
(donnée
par la dimension 1 et en fixant latopologie
de la variétébordante), inspirée
par lesidées
de[Gr3, § 5.5.F],
formalise de fait la notion defilling
volume défini par M. Gromov dans[Gr2, § 2].
.3.1 Définition de l’aire et
propriétés
Soit
(E, dE)
un espacemétrique.
On note,S1
un cercletopologique.
Unlacet t de E est une
application
continue deSI
dans E.Fixons une
sphère topologique
de dimension deux à n trousS(n),
c’est-à-dire une
sphère
de dimension deuxprivée
de ndisques
ouverts d’adhérencesdisjointes.
DÉFINITION
3.1.2014 Onappelle
multicourbe à ncomposantes (ou
n-courbe)
de E uneapplication
continuerectifiable
P du bord deS(n)
dansE,
c’est-à-dire de la réuniondisjointe S(P)
=Sl
U ... USn
de ncopies
deSI
dans E.On notera
ti
la restriction de P à5~.
. Onappellera composante
de P(resp.
deIm(P))
un lacet(resp. l’image
d’unlacet) ti.
Appelons sphère
riemannienne à n trous la donnée d’unemétrique
riemannienne sur
S(n).
Si R est unesphère
riemanniennetrouée,
son bord8R est
l’image
d’une multicourbe de R.Notons que
Im(P)
est muni de la distanced p
induite par lamétrique
de E. De
plus, chaque composante
deIm(P)
est munie de la distance donnée par lalongueur
d’arc lelong
du lacetcorrespondant :
: nousl’appellerons
distance de
longueur
sur cettecomposante.
DÉFINITION
3.2.- Soit P :âS’(~~
- E une n-courbesimple
de E.On note R l’ensemble des
sphères
riemanniennes R à n trous(c’est-à-dire
des
métriques
riemanniennes surS‘(n)~
pourlesquelles l’homéomorphisme
P : 8R ~ E est
1-lipschitzien (pour
lesmétrique induites).
On
définit
alors l’aire sous-tendue par P comme :Notons que cette aire ne
dépend
pas duparamétrage,
enparticulier
del’orientation,
des lacets deP,
mais seulement de leursimages.
L’ensemble ?Z de la définition n’est pas
vide, puisqu’il
contient unesphère
euclidienne de rayon assez
grand privée
de ndisques
de rayonsadéquats.
Enparticulier
cela prouvequ’une
courbe fermée delongueur .~
sous-tend uneaire inférieure à
.~2/2~r (prendre
lademi-sphère
euclidienne de rayon.~/2~).
On dira
qu’une sphère
trouée riemannienne de ?Z est sous-tendue par P et del’application
Pqu’elle
est sous-tendante.Remarque.
. -Soulignons
quel’application
P n’est définie que sur le bord de lasphère
trouée riemannienne R et ne demande pas à êtreprolongée
à l’intérieur de R. L’aire sous-tendue par une multicourbe d’un espace
métrique
nedépend
que de la multicourbe et de samétrique induite,
etpas de
l’espace
danslequelle
elle estplongée.
Pour n
> 2,
on diraqu’une
n-courbe P est non triviale si sonimage
contient au moins un
point appartenant
à une seulecomposante
deIm(P).
On dira
qu’un
lacet est non trivial s’il contient unpoint simple.
PROPOSITION 3.3. - Une multicourbe non triviale sous-tend une aire
non nulle.
Plus
précisément,
soit P une multicourbe et~ a , b ~
unsegment
sur l’une descomposantes
deS(P) correspondant
à un lacet t. On note .~ =dp (t(a), t(b)) . Supposons
que pour un réel e >0,
lee-voisinage
dusegment
~ t~a) , t~b) ~
dansIm(t)
ne contient que despoints
deIm(t)
à distance delongueur (sur Im(t) ) inférieure
à e de~ a , b ~
. On suppose deplus
que .~ + 2e estinférieur
à lalongueur
de t. Alors :Démonstration. - Pour montrer
cela,
on va utiliser le lemme suivantgénéralisant (légèrement) l’inégalité
de Besicovitch.LEMME 3.4. - Soit C le carré I x I de
IR2 privé
d’un nombrefini
dedisques
ouvertsdisjoints Ai,
... , On suppose C muni d’unemétrique
riemannienne. On note
dl (resp. d2 )
la distance entre les deux côtés verticauz~0~ x ~ 0 , 1 ~ ]
et~1~ x ~ 0 , 1 ~ ] (resp. horizontauz).
On suppose deplus
que les bords desdisques ~i
sont à distanceplus grande
quedl
du bord~0~ x ~ 0 , 1 ~ .
Alors :L’inégalité
de Besicovitch montre ce lemme dans le cas où le carré estsans trou. Notons que les
hypothèses
de ce lemmeportent uniquement
surles
propriétés métriques
du bord dudisque
troué riemannien C. Ilpeut
donc être énoncé dans le cadregénéral
desmulticourbes.
Nous allonsadapter
lapreuve du théorème 38.1.1 de
[BZ] (voir
aussi[Gr1, § 4.6])
pour ce lemme.Démonstration. - On note
Il
et12
les côtés~0~ x ~ 0 , 1 ~ et 0 , 1 ~
x~0~
de C. On note p la
métrique
sur Cet
lamétrique
euclidienne standard deR2.
.On considère
l’application :
.où 03C6i =
inf{di, dC(x, Ii)}
.D’après l’inégalité triangulaire,
lesapplications ~Z
sont1-lipschitzienne
et donc presque
partout
différentiable. Deplus :
:Donc le
jacobien
est inférieur à 1 pour presque tout z dans C. Ceci montre :Notons D
= [0 , dl] ] x [0, d2].
On a~(C)
CD,
et on va montrerl’égalité,
ce
qui
concluera.Supposons
par l’absurdequ’il
existe unpoint
a de Dqui
n’est pas dans03C6(C). L’application 03C6
définit unmorphisme 03C6* :03C01(C)
--> 03C01( D B a).
.L’hypothèse
du lemme fait que 8C s’envoie dans 8D par~.
Deplus
pour touti,
ne rencontre pas le côté~0~ x [0, ~2] J
de D. Doncl’image
par
03C6*
de la classed’homotopie
de~0394i
est nulle dansB a).
Or~ :
:8(1
x1)
-~ 8D est ledegré 1,
donc~* ( ~ ô(I
xI ) ~ )
est non nulledans 03C01
( D B a)
C’est absurde. a ,Plaçons-nous
maintenant dans les conditions de laproposition.
Notonst(a’)
ett(b’)
lespoints
à distance e det(a)
ett(b)
sur t. Soit Runesphère
trouée riemannienne sous-tendue par P. Onnote [a?, y] l’image
inverse de
~ a , b ~
dans aR parl’application
sous-tendante P. Comme P est1-lipschitzienne,
toutpoint
dusegment , y est
à distancesupérieure
à e des autres
composantes
du bord âR. Pour tout ÀE ~ ] 0, 1 [,
on choisitdans le domaine
(u E R ~
~1ed ~u , y ~ ) e ~ (qui
déconnecte1~)
uneréunion
d’arcs,
dont unarc x~ , y’]
d’extrémités surt, qui
déconnecte R.Fig. 7
Les deux
côtés ]
et~ y , y’ ~
du carré(éventuellement troué) (x,
y,y’, x’)
sont à distance minorée par la distance entre~ t(a) t(a’)]
et~ t(b) , t(b’)]
dansP, qui
estsupérieure
à 1 - 2e. Le lemmeprécedent permet
alors de minorer l’aire de R parae (.~
-2e).
On fait alors tendre a vers 1 et laproposition
est montrée. 0Remarque
2014 Dans la définition de l’aire d’une multicourbeP,
nous noussommes restreint à la famille des
sphères
trouées riemanniennes bordant P. Cessphères
trouées sont des variétés àbord,
dont lescomposantes
du bord sontsupposés
En recollant deuxsphères
trouées riemanniennes lelong
d’unsegment
de leurs bords(de
mêmelongueur
dans les deuxsphères trouées),
on obtient unesphère
trouée dont l’intérieur est muni d’unemétrique
riemannienne par morceaux, à bord par morceaux. Mais il est clair que si onélargit,
dans la définition de l’aire d’unemulticourbe,
la classe des
métriques
riemanniennes surS(n)
à la classe desmétriques
riemanniennes par morceaux sur
S(n) (dont
le bord sera Cao parmorceaux),
cela ne modifie pas l’aire sous-tendue par la multicourbe.
De
plus,
nous pouvons supposer quel’homéomorphisme
P est uneisométrie pour les distances de
longueur
surchaque composante
connexe de 8R et deIm(P).
Eneffet,
en collant à unesphère
trouée deR,
surchaque
composante
de sonbord correspondant
à unecomposante Si
deS(P),
un anneau
d’épaisseur
e dontchaque
méridien estgéodésique,
leslongueurs
des deux méridiens du bord étant celles de
8Rz
et deSi,
on obtient unenouvelle
sphère trouée,
munie d’unemétrique
riemannienne par morceaux, et pourlaquelle
onpeut
clairement définir uneapplication .P~
de son bordsur
Im(P), isométrique
pour les distances delongueur
et1-lipschitzienne
pour les
métriques
induites. Comme l’aire des anneauxajoutés
tend vers 0quand
e tend vers0,
ceci montre notre affirmation.Cette remarque sera utilisée dans le lemme
suivant, qui
montre la sous-additivité de l’aire.
LEMME 3.5.2014 Soient P et
P’
deux multicourbes d’un espacemétrique E, , formées
des lacetstl
, ..., tn
etti
, ..., tm
avecSupposons qu’il
eziste dessegments
connezes p deS1
etp’
deSi
tels queP(p)
=P’(p’).
. On note S le cercle(éventuellement "vide")
obtenu parrecollement de
5‘1 B
p etS‘1 B p’
en leursextémités,
t le lacetdéfini (à
orientation
près)
sur S part1
ettl
et PP’
la multicourbeformée
des lacets
t, t2,
.. ., tn, t2,
... , Alors :Démonstration. -
Pour, E ~ > 0,
prenons deuxs.phères
trouées rieman- niennes R etR’
calculant l’aire de P et.P~
à eprès,
telles que les compo- santes des bords de R etR’
seplongent isométriquement,
pour les distances_de longueur,
dans E. On considère lasphère
trouée M obtenue en recollantR et
R~
sur lessegments (isométriques) correspondant
à p etp’.
Fig. 8