HAL Id: hal-00888526
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Submitted on 1 Jan 1987
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Valeur alimentaire du foin de luzerne pour la chèvre
Sylvie Giger, Daniel Sauvant, J. Hervieu, Michelle Dorleans
To cite this version:
Sylvie Giger, Daniel Sauvant, J. Hervieu, Michelle Dorleans. Valeur alimentaire du foin de luzerne
pour la chèvre. Annales de zootechnie, INRA/EDP Sciences, 1987, 36 (2), pp.139-152. �hal-00888526�
Valeur alimentaire du foin de luzerne pour la chèvre Sylvie GIGER D. SAUVANT,
J. HERVIEU Michelle DORLEANSINRA, Station de Nutrition et Alimentation, I.N.A.
Paris-Grignon
16, rue Claude-Bernard, F 75231 Paris Cedex OS
Résumé
Le foin de luzerne est un
fourrage
de choix dans l’alimentation des chèvres laitières. Sa valeurnutritive,
qui
est bien connue chez les ovins, l’estbeaucoup
moins chez lescaprins.
Les résultats de cette étude surcaprins montrent, qu’à composition d’ingéré équivalente,
les chèvres tariesingèrent significativement
moins(-
10,4 gMS/kg pO . 75)
que les moutons(MCS,
ANDRIEU et al.,1981). Cependant,
les animaux en lactation ont unecapacité d’ingestion plus
élevée que celle des moutons castrés standards(MCS)
d’environ 30 %. Les chèvresdigèrent
en moyenne mieux(+ 1,5 point
dedMO)
le foin que les moutons de référence. Aucune différence de la dMO n’a pu être mise en évidence, avec des foins différents, maiségalement équivalents
en terme decomposition
de
l’ingéré,
entre chèvres taries et enproduction.
Le taux moyen de refus de 15 %, par rapport à l’offert, se traduit par une amélioration moyenne de la
digestibilité
de la matièreorganique
del’ingéré
par rapport au distribué de 0.6point.
Laquantité
de matière sècheingérée
augmente, pour un foin donné, avec laproduction
laitière. Mais, les différences
d’ingestion
observées entre les trois foins considérés ne sont liées ni à leurdigestibilité,
ni à leurcomposition
ou au besoinénergétique
des animaux, cequi
soulève leproblème
del’application
des unités d’encombrement.Mots clés : Chèvre laitière,
foin
de luzerne, valeur nutritive.1. Introduction
Le foin de luzerne
jouit
d’une bonneréputation
pour alimenter leschèvres,
en raison notamment de soningestibilité
élevée et del’apport
azotéqu’il
constitue.Cependant,
aucune étudesystématique
de la valeur alimentaire de ce foin pour la chèvren’a,
à notreconnaisance,
été effectuée bien que desquestions spécifiques
etimportantes
demeurentposées
à ce propos :e Peut-on
appliquer
aux chèvres lescaractéristiques
de valeur alimentaire du foin de luzerne observées chez les moutons castrés standard(MCS) qui
ont servi à l’élabora- tion des tables de l’INRA de 1978(D EMARQUILLY ,
ANDRIEU &SAUVANT, 1978)
et de1981
(ANDRIEU,
DEMARQUILLY &WEGAT-LITRE, 1981) ?
e Quelle est l’influence du tri sur la valeur nutritive de la fraction de
fourrage
effectivement
ingérée ?
e Quelle est l’influence des variations de la
capacité d’ingestion
desanimaux,
enfonction de leur stade
physiologique,
sur ladigestibilité
du foin de luzerne ?e
Quelle
est laproduction
laitière maximalepermise
par le foin distribué comme seul aliment ?Pour
apporter
des éléments deréponse,
le travailprésenté
regroupe les résultats demesures de
digestibilité
etd’ingestibilité
effectuées sursept
foins de luzerne différents distribués en alimentunique
à des chèvres taries ou en lactation.II. Conditions
expérimentales
Les mesures, effectuées avec du foin
seul,
avaient pourobjet principal
de connaître leurdigestibilité. Sept
livraisons de foin de luzerne ont ainsi été étudiées avec des chèvres en lactation ou taries(gravides
ouvides)
selon les modalités décrites autableau 1. La
digestibilité
dechaque
foin a été mesurée sur 3 à 6animaux,
soit de 3 à 12fois,
si l’on tientcompte
desrépétitions
des mesures. Autotal,
51 observations individuelles ont été effectuées sur les 7 foins. Chacunecorrespond
à des mesuresd’ingestion
et dedigestibilités
faitespendant cinq jours
consécutifs. Sur les différents échantillons de foin et defèces,
les déterminations suivantes ont été effectuées : matièresèche, cendres,
cellulosebrute,
matières azotéestotales, paroi végétale (NDF)
de VAN SOEST & WiNE
(1967), lignocellulose (ADF)
etlignine (ADL)
de VAN SOEST(1963). Lorsque
le refus excède 5 p. 100 de laquantité distribuée,
il estl’objet
d’uneanalyse chimique spécifique
afin dedéterminer,
pardifférence,
lacomposition précise
de
l’ingéré.
Les 31 animaux
qui
ontparticipé
à cesexpériences
sont de racealpine
chamoiséeou Saanen. Ils sont
placés
dans les cages àdigestibilité
décrites par GIGER & HERVIEU(1980)
et sont soumis auprotocole
habituellement utilisé à la Station INRA de Nutrition et Alimentation de l’INA-PG(G IGER
etal., 1982).
Lepoids
moyen de cesanimaux, âgés
en moyenne de 4 ans, est de59,3 kg.
Les 16 chèvres enproduction
sonttoutes des
adultes, ayant déjà accompli
au moins une lactation entière. Ellesproduisent
en moyenne
1,73 kg
de laitcorrigé
à 35 p. 1000 de tauxbutyreux
parjour (PL35)
etsont en
phase
descendante de lactation(15 e
à la 32, semaineaprès
lamise-bas)
avec unstade moyen
qui
se situe à 6 mois de laparturition.
L’interprétation
des résultats a notamment été effectuée à l’aide de l’étude des corrélations inter et intra foins entre lescaractéristiques
mesurées et d’un programmed’analyse
de variance et covariancequi permet
de tester les effets desrégimes (types
defoin)
et ceux des covariables suivant les modalités décrites par SNEDECOR et COCHRAN(1984).
III. Résultats
A.
Caractéristiques
moyennes desfoins ingérés
Par
rapport
aux tables INRA1978, (D EMARQUILLY ,
ANDRIEU &SAUVANT, 1978),
lesfoins étudiés
peuvent
être considérés comme étant de bonne valeur nutritivepuisqu’ils
ont en moyenne des teneurs de
30,7
et17,1
p. 100 de cellulose brute(CB)
et dematières azotées totales
(MAT)
parrapport
à la matière sècherespectivement (tabl. 1).
La
digestibilité
de la matièreorganique (dMO)
des trois foinsingérés
par les chèvres en lactation a été en moyenne de61,8
p. 100. Cette moyenne est de61,0
p.100 pour les
quatre
foinsingérés
par les chèvres taries. Ces valeurscomparables
sontcohérentes avec les teneurs moyennes
équivalentes
en cellulose brute(34,1
p. 100 et33,8
p.100/MO)
et en matières azotées totales(19,9
et17,1
p.100/MO)
des foinsingérés
par ces deuxtypes
d’animaux. Les valeurs de dMO calculées àpartir
del’équation
obtenue sur les MCS(A NDRIEU ,
DEMARQUILLY &W EGAT -L ITRE , 1981)
sontétroitement liées
(r
=0,88)
aux valeurs mesurées(tabl. 2) ; cependant,
la dMO des chèvres est, pour une mêmecomposition
defoin,
en moyenne,significativement supérieure (P
<0,01)
de1,5 point
à celle obtenue sur les moutons.Les
quantités
moyennes de matière sècheingérée (MSI)
sont bienplus importantes (+
53 p.100)
pour les animaux en lactation que pour les animaux taris :91,3
contre59,8 g MSI/kg P°’ S ,
soit environ2,0
et1,3 kg
de MS paranimal, respectivement.
Lesingestions
des chèvres enproduction
sont nettementsupérieures,
de22,4 g/kg p0 .75,
soit33 p.
100,
à cellesprédites
parl’équation
INRA 1981 obtenue sur les moutons MCS(tabl. 2).
Les niveauxd’ingestion
des chèvres taries sont, pour lesquatre foins, statistiquement
inférieurs de10,4 g/kg
de pn.75 à ceux estimés pour des moutons castrés standard. Lespourcentages
de refus des chèvres ontvarié,
dans ce cas, de 10 à 30 p.100 de la matière sèche offerte.
B.
Influence
du tri des animaux sur ladigestibilité
dufoin de
luzerneLa
proportion
moyenne de refus est de15,7
p.100,
avec des différences indivi- duellesimportantes (fig. 1), puisque
le coefficient de variation entre lesindividus,
àl’intérieur d’une même
expérience,
c’est-à-dire pour unprotocole
de distribution identi- que, est de43,6
p. 100. Lafigure
2 traduit l’effet du tri des animauxqui ingèrent,
dece
fait,
un foin dequalité supérieure
au distribuépuisque
la teneur en cellulose brute adiminué en moyenne de
1,3
p. 100/MO et celle des matières azotées totales aaugmenté
de0,15
p. 100/MO. Lesécarts-types
intra-foin des teneurs en cellulosebrute,
NDF, ADF,
ADL et MAT del’ingéré
moyen sontrespectivement
de1,85, 2,36, 1,92, 0,47
et1,28
p.100/MO,
cequi
montrel’impact
dutri,
pour un foindonné,
effectuépar les animaux sur la
qualité
du foiningéré.
Les variations de ces teneurs enconstituants
pariétaux
sontpositivement
etsignificativement
corrélées entre elles. Elles sontnégativement
corrélées aupourcentage
de refus(fig. 2)
et à la teneur en MAT(tabl. 3),
alorsqu’il n’y
a pas de liaisonsignificative
entre le taux de MAT et lepourcentage
de refus(tabl. 3).
Les variations intra-foin de la
composition
del’ingéré
ne sont pas corrélées aux variations individuelles du niveaud’ingestion
dontl’écart-type
intra-foin est de12,5
gMS/kg
depo . 75 ,
cequi correspond
à un coefficient de variation de 16 p. 100. Par contre,lorsque
la chèvreréduit,
par sontri,
la teneur en constituantspariétaux
du foiningéré (ACB
= CB distribué - CBingéré) (corrélation
intra ACB - p. 100 refus :0,75)
etaccroît le taux azoté
(AMAT
= MAT distribué - MATingéré) (corrélation
intraAMAT - p. 100 refus : -
0,29),
il y a une améliorationsignificative
de la dMO du foin.La relation :
dMO =
76,9 - 0,453 CB p. 100/MO
+Fi (r
=0,82,
i =1 à 7, ETR
=1,60) qui
relie ladMO au taux de CB en
prenant
encompte
un effet lié au foin(Fi,
avec i variant de 1 à7) indique
que, par sontri,
la chèvre améliore de0,453 point
la dMO du foin parpoint
de diminution de la teneur en cellulose brute. Avec les donnéesconsidérées,
la diminution moyenne de1,30
p. 100/MOcorrespond
donc à une amélioration de0,60 point
de ladMO,
soit0,01
UFL. Dans les situations de tri maximal observées(refus
= 40 p. 100/MSdistribuée),
le foin de luzerneingéré
a unedigestibilité supérieure
de
3,3 points
en moyenne, au foindistribué,
cequi correspond
à0,05 UFL/kg
de MS.Les corrélations intra-foin entre la dMO et les teneurs en ADF et ADL de
l’ingéré
nesont que très
légèrement supérieures
à celles obtenues avec la cellulose brute(tabl. 4).
La
prévision
de la dMO n’est que trèslégèrement
améliorée par laprise
encompte
dela
qualité
du refuspuisque
lesécarts-types
résiduels desrégressions
liant la dMO aux teneurs en cellulose brute del’ingéré
et du distribué sontrespectivement
de1,70
et1,81 point.
Cettecomparaison
pose laquestion
del’opportunité
del’analyse
desrefus,
dans le cas de la
prévision
de la dMO du foin deluzerne,
du moinsquand
il est debonne
qualité.
Il
n’y
a pas de relation intra-foin entre la dMO et le niveau alimentaireexprimé
enkg
de MS(r
= —0,11)
ou MOD(r
=0,05) ingérés
parkilogramme
depoids métabolique ;
ce résultat est cohérent avec l’absence de relation intra-foin citée
plus
haut entre leniveau
d’ingestion
et lacomposition
del’ingéré.
Les variations intra de ladigestibilité
des fractions
CB,
NDF et ADF sont fortement etpositivement
corrélées entre elles(elles expliquent
environ la moitié des variations de ladMO)
et, par contre, ne sont pas liées à ladigestibilité
des fractions NDS(MO-NDF)
ou NDS-MAT(MO-NDF- MAT) (tabl. 5).
Comme dans le cas des matières sèche etorganique,
ces différentesdigestibilités
ne sont pas affectées par le niveaualimentaire, qu’il
soitexprimé
engrammes de MS ou de MOD par
kilogramme
depoids métabolique.
Pour
préciser
les relations intra-foindécrites,
uneanalyse
encomposantes princi- pales
a étéappliquée
au tableau des corrélations associant onze descaractéristiques
mesurées. Le tableau 6
rapporte
les valeurs des corrélations entre cescaractéristiques
etles
quatre premières composantes principales qui expliquent 90,6
p. 100 de la variation.La
première composante
traduit l’effetévoqué
du tri sur lacomposition
et ladigestibi-
lité des différentes fractions du foin
ingéré ;
le niveau alimentaire n’est pasreprésenté
par cette
composante,
mais ilexplique
par contre l’essentiel de la troisièmecomposante principale.
Lescomposantes principales
2 et 4 traduisent desaspects qui n’apparaissent
pas de
façon
évidente à l’examen du tableau des corrélations intra. La secondecomposante
traduit des variations nonexpliquées
par lapremière
de ladigestibilité
desconstituants
pariétaux.
Plusprécisément,
elleindique
que les variations intra de ladigestibilité
des constituantspariétaux
ne sont passystématiquement opposées
à cellesdes teneurs. La
quatrième composante
moduleégalement
descaractéristiques
de lapremière
au niveau de la relation associant le taux azoté à ladigestibilité
de la fraction soluble dans ledétergent
neutre de VAN SOEST(dNDS) : lorsque
le tri estimportant
letaux azoté et la
digestibilité
du NDS augmentent, mais laquatrième composante indique
que ces deuxcaractéristiques
sontopposées lorsque
la chèvren’opère
pas de tri.C.
Influence
du niveau deproduction
de laitPour l’ensemble des 28 mesures effectuées avec trois foins sur des animaux en
lactation,
iln’apparaît
pas de relationsignificative
entre les niveaux deproduction
delait
(PL35)
et de consommation de MS du foin(MSI) ;
les relations intra-foin entre cescaractéristiques
sont, par contresignificatives :
Les
relations,
illustrées à lafigure
3 dans le cas de laMSI, indiquent
que lacapacité d’ingestion
d’une chèvre de 60kg,
au sixième mois delactation,
alimentéeuniquement
au foin de luzerne s’accroît en moyenne de0,71 kg
de MSI par kilo- gramme de lait à 35 p. 1000 de TBsupplémentaire.
Il convient de remarquer que lahiérarchie,
entre les troisfoins,
des niveauxd’ingestion
mesurés pour un même niveau deproduction
de lait n’est pas associée à leurscaractéristiques
moyennes decomposi- tion,
dedigestibilité
mesurée etd’ingestibilité prédite (tabl. 2). Ainsi,
pour uneproduction
de 80 g de lait à 35 p. 1000 de tauxbutyreux
parkg
dep<J.7S,
soit1,7 kg/
animal,
les niveaux moyensd’ingestion
des foins1,2
et 3 sontrespectivement
de110,
73 et 88 g
MS/kg P&dquo;’ S ,
soit2,4, 1,6
et1,9 kg
MS/animal. Cette hiérarchie n’est pas cohérente avec les teneurs en cellulose brute ou lesdigestibilités
de la matièreorganique
de ces foins(tabl. 2).
En outre, le stadephysiologique
et le taux de refus nesont pas associés à cette relation intra-foin liant la
production
laitière à laquantité
dematière sèche
ingérée.
Par contre, lepassé
alimentaire des animauxpourrait
avoir uneinfluence, puisque pendant
les semainesprécédant
lapériode
derégime
foinseul,
lesanimaux
ingérant
le foin n° 1 ont reçu une alimentationplus
restreinte que les autres,pendant
les deux moisprécédents,
cequi pourrait expliquer
leurcapacité d’ingestion supérieure,
en raison d’un besoinplus important
de reconstitution des réserves. Cettehypothèse
estétayée
par le fait que les bilansénergétiques
moyens des animaux sontstatistiquement
différents pour les trois foins :4,94
gBMOD/kg
pO.75 pour le foin1,
-
14,92
pour le 2 et -6,08
pour le 3. Deplus,
les animauxqui produisent
leplus
ontdes bilans
statistiquement plus
élevés que les autres.Les variations intra-foin de niveau de
production
et decapacité d’ingestion
ne sontpas corrélées à celles de la
digestibilité
mesurée de la matièreorganique
ou desconstituants
pariétaux.
Comme pour la matière sèche
ingérée,
la matièreorganique digestible ingérée
estcorrélée à la
production
laitièrecorrigée :
D’après
cetteéquation,
lacapacité d’ingestion
d’une chèvre de 60kg
est augmen- tée de0,378 kg
de MOD parkg
dePL35.
Cette dernière valeur eststatistiquement supérieure
à0,324 kg
deMOD, qui représente
la valeur recommandée du besoin parkilogramme
de lait à 35 p. 1000 de tauxbutyreux (SAUVANT, 1981).
Ellepeut s’expliquer
par le fait que les animaux à fortpotentiel
ont mobilisédavantage
en débutde
lactation,
cequi
a entraîné une nécessité pour eux derécupérer plus
que les autres(SAUVANT et al., 1981).
Ce coefficient élevépeut expliquer,
enpartie,
la faible valeur observée pour la constante del’équation
derégression qui représente
le besoind’entretien des animaux.
IV. Discussion et conclusion
La
portée
des résultats obtenus est limitée par le nombre et la relativehomogé-
néité des foins
expérimentés ;
des études devront donc êtrepoursuivies
sur ce thème.Les
quantités
de matière sècheingérées
par les chèvres taries sontstatistiquement
inférieures à celles estimées sur des moutons castrés standards
(MCS ;
ANDRIEU etal., 1981),
cequi
confirme lacomparaison
de JoNES et al.(1972) qui
aégalement
été faitesur du foin de luzerne distribué à des chèvres ou des brevis taries et vides.
Cependant,
les revues de DE SIMIANE et al.
(1981),
BROWN & JOHNSON(1984)
et MORAND-FEHR etal.
(1987)
montrent que de telles différences entre ovins etcaprins
ne sont passystématiques
dans le cas desfourrages
secs. En outre, l’étatgravide
d’unepartie
desanimaux utilisés est
susceptible d’expliquer
les différencesprésentement observées ;
deplus,
le taux de refustoléré,
en moyenne de 15 p.100,
est relativement faible pour les chèvres etpeut expliquer
leur faible niveaud’ingestion (DE
SIMIANE etal., 1981).
Ceniveau de refus est
cependant proche
de celuiaccepté
pour les mesures sur MCS(A
NDRIEU
etal., 1981) qui
est de l’ordre de 10 p. 100.D’après
nosrésultats,
ladigestibilité
de la matièreorganique,
mesurée surchèvres,
est
légèrement,
maissystématiquement supérieure,
à celleprévue
pour unecomposition d’ingéré équivalente
chez des ovins(MCS ;
ANDRIEU etal., 1981),
cequi
confirme lestendances observées par DE SIMIANE et al.
(1981).
L’influence du tri des animaux a modifié sensiblement la valeur nutritive du foin de
luzerne, malgré
le faible taux de refus moyen. Cette influence est variable suivant lesindividus ;
elle ne semble pasdépendre
de leurcapacité d’ingestion,
mais du niveau de refuspermis
et des habitudes de tri desanimaux,
dernieraspect déjà rapporté
par MORAND -F
EHR
(1981).
L’amélioration obtenue par le tri a pu allerjusqu’à
5 p. 100 de ladigestibilité
de la matièreorganique
du foin.Les chèvres en lactation
produisent
en moyenne1,73 kg/jour
etingèrent
enmoyenne 50 p. 100 de MS de
plus
que les chèvres taries. Cette différence decapacité d’ingestion
est liée à un écart du niveau des besoins. Il est à noter que laquantité
dematière
organique digestible ingérée augmente,
en moyenne,plus
vite que les besoins moyens de lactation habituellement utilisés(0,378
vs0,324 kg MOD/kg
de lait à 35 p.1000).
Cette différencepourrait
traduire un besoin de reconstitutionplus
élevé pour les animauxpossédant
lepotentiel
deproduction
leplus important
ou le fait que le besoin moyen(SAUVANT, 1981)
est estimé àpartir
de la valeurénergétique,
ensupposant
que la chèvreingère
une ration mixte « moyenne» (EM/ED
=0,82,
kl =0,60). Ainsi,
unbesoin en
énergie
de0,40 UFL/kg
de lait à 35 p. 1000 de tauxbutyreux correspond
à342 g de MOD du foin moyen
ingéré
par lesanimaux,
valeursupérieure
de 6 p. 100 au besoin habituel.Les différences de niveau moyen
d’ingestion
àpoids
etproduction égaux
entre lestrois foins ne sont pas liées à leur
digestibilité
ou à leurcomposition.
Elles semblentplutôt
avoir pourorigine
lepassé
alimentaire et nutritionnel des animaux. Ce résultat soulève leproblème
del’application
dusystème
des unités d’encombrement(UE) puisque
les différencesd’ingestion
observées nepeuvent s’expliquer
par les valeurs UE de ces foins.Les valeurs de
digestibilité
sontidentiques,
à mêmecomposition d’ingéré,
pour les animaux taris et ceux enlactation, quel
que soit le niveau deproduction.
Laquantité
de matière sèche
ingérée
n’a donc eu aucun effet sur l’utilisationdigestive
du foincomme GmEx et al.
(1986)
l’ont observé sur des rations mixtes avec des chèvres ouF
REDERIKSEN
(1973)
avec des vaches alimentées auprorata
de leur niveau deproduc- tion,
mais contrairement aux données de BROWN(1966)
ou TYRRELL & MoE(1975)
oùl’augmentation
du niveau alimentaire entraînait une diminution de ladigestibilité.
Lesdifférences de
capacité d’ingestion
déterminées par celles desbesoins, pourraient
êtreassociées à des différences de
développement
du tubedigestif permettant
de ne pas modifier la durée deprésence
desparticules
dans lesprincipaux
réservoirsdigestifs.
L’équation
deprédiction
de ladigestibilité
de la matièreorganique
obtenue àpartir
de la relation intra-foin est
précise puisque l’écart-type
résiduel de larégression
est de1,6 point,
cequi
est inférieur à2,
valeurgénéralement
admise comme valeur del’incertitude
expérimentale (C HARLET -L ERY , 1969 ; RRI, 1975).
Les« systèmes
deWeende et de VAN SOEST » ont des
pouvoirs
deprédiction analogues
de ladigestibilité
de la matière
organique,
cequi peut s’expliquer
par le fait que cette étude concerne une mêmeespèce végétale (J ARRIGE , 1981).
V. Conclusion
Avec un niveau moyen de refus de 15 p.
100,
et pour un foin de luzerne de bonnequalité :
- Les chèvres taries
ingèrent significativement
moins(15
p.100),
maisdigèrent
mieux le foin de luzerne que les
MCS,
cequi
nepermet
pas de leurappliquer
leséquations
établies pour les moutons concernantl’ingestion
et ladigestibilité (INRA, 1981) ;
- Les
chèvres,
en triant lefourrage,
améliorent sa valeur nutritive de0,60 point
de la dMO en moyenne, soit
0,01 UFL/kg MS ;
- Les variations du niveau
d’ingestion
du foinqui
sont liées à celles du besoin deproduction
n’ont pas d’influence sur le coefficient d’utilisationdigestive
des différentes fractions de cefoin,
àcomposition d’ingéré égal ;
- Le foin de
luzerne,
d’une dMO voisine de 60 p.100,
distribué seul assure uneproduction
laitièrepouvant
allerjusqu’à 2,8 kg
de lait standard à 35 p. 1000 de tauxbutyreux,
cequi permet
de subvenir aux besoins d’animaux en milieu et en fin de lactation.Reçu
enjuin
1986.Accepté
en mars 1987.Summary
Nutritive value
of
lucernehay for dairy
goatsLucerne
hay
is an usefulforage
fordairy
goats. Its nutritive value is well-known forsheep,
but not for goats. It seemed therefore
important
to compare results obtained in these twospecies.
This
study
included seven different lucernehay
of medium tohigh
nutritive value.They
weregiven
either todry
orlactating
goats and their intake anddigestibilty
were measured(table 1).
Dry
goats atesignificantly
less(-
10.4g/kg BW&dquo;’ S )
thansheep (INRA, 1981)
with the same levelof refusal
(about
15%). Lactating
goats ate more(about
33%)
than « standardsheep >> (tabi. 2).
Lactating
goatsdigested
theorganic
matter as well asdry
goats, and bothdigested
better(about
1.5
point
ofOMD)
thansheep.
The mean percentage of refusal was about 15 % of the
given
feed withimportant
individualvariations
(figure 1).
The choice behaviour of goatsimproved
the nutritive value ofingested hay
with the reduction of its fibre content
(figure
2 and tables 3 and4)
and theimprovement
of itscrude
protein
content. The meanimprovement
oforganic
matterdigestibility
was 0.60point.
Itwas linked to the variations in fibre
digestibility (table 5).
Milk
production
was not related todry
matter intake as far as all the data are concerned(figure 3).
But within anexperiment,
milkproduction
washighly
correlated tohay
intake. Theobservated differences between
hays
were not related to theirdigestibility, composition
or to theenergy
requirements
of animals, whichgives
rise to theproblem
ofusing
ballast units.Key
words : Dairy goat, lucernehay,
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