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Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678 Lecture linéaire 1 -- Le Portrait de Mademoiselle de Chartres, Tome 1

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Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves, 1678 Lecture linéaire 1 -- Le Portrait de Mademoiselle de Chartres, Tome 1

La présentation de l’héroïne est un moment attendu par le lecteur. Il s’agit d’un passage important.

Dans La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette qui a été d’abord publié en 1678 de manière anonyme, la présentation du personnage éponyme est retardée.

Le roman s'ouvre sur un tableau de la Cour de France à l'époque des Valois (1558, Roi Henri II), cour où règnent l'observation permanente, la dissimulation, le paraître.

Nous avons une galerie de portraits de personnages historiques (Mme de La Fayette a fait appel à des historiens) qui ici deviennent personnages d'une histoire fictive.

Mme de Chartres et sa fille sont les seuls personnages fictifs.

Ces personnages historiques présentés en ouverture du roman vont pour la plupart prendre de l'importance dans la narration, que cela soit le prince de Clèves, le duc de Nemours, le duc de Guise ou encore la reine dauphine (Marie Stuart) qui va devenir une proche de l'héroïne. Le portrait de la future princesse de Clèves est le dernier de cette galerie, ce portrait clôt donc l'exposition du roman et marque le début du récit.

Ce portrait est original, surtout pour l'époque. En effet, normalement le portrait insiste sur le physique, or ici ces éléments traditionnels (jeunesse, beauté, cheveux) tiennent une place réduite (au début et à la fin du passage uniquement). La place la plus importante est accordée à l'éducation de la jeune fille et à celle qui a dirigé cette éducation, à savoir sa mère Madame de Chartres.

Ce texte peut être découpé en 3 mouvements

- 1) l'apparition d'une beauté parfaite, lignes 1 à 6, de « Il parut » à « la cour »

- 2) une éducation remarquable, lignes 6 à 16, de « Pendant cette absence » à

« en être aimée »

- 3) le retour au présent, lignes 17 « Cette héritière » à la ligne 23, fin de notre extrait

Lecture linéaire :

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I. PREMIER MOUVEMENT DU TEXTE =APPARITION DUNE BEAUTE PARFAITE LIGNES 1 A

6

1 ) Lignes 1 à 3 (jusqu'à « belles personnes » : Une arrivée remarquée à la cour présageant un destin hors du commun

(3)

Citations Procédés Analyses

« Il parut alors une

beauté à la Cour » Tournure impersonnelle. Dans cette première phrase, l’auteur semble nous introduire plutôt dans un conte de fée que dans un roman psychologique. Pour souligner la beauté de la princesse, Madame de La Fayette recourt à l’expolition, (figure de style qui consiste à répéter plusieurs fois la même chose ou le même argument dans des termes équivalents), de manière à bien faire sentir le côté extraordinaire de cette beauté. On note que les caractéristiques physiques de la jeune fille ne sont absolument pas précisées, et qu’on en reste à l’affirmation de la beauté pure et simple ; comme dans le conte, il appartient au lecteur de s’imaginer lui-même l’héroïne avec les traits qui lui plairont.

« Il parut alors une

beauté à la Cour » Adverbe

• « alors » signale un événement important dans l'histoire, l'arrivée de la future princesse, l'arrivée d'une inconnue qui va bouleverser le monde de la Cour

« Il parut » Passé simple • L’expression « Il parut » donne à voir la jeune fille en question comme une véritable apparition, et son arrivée à la cour comme un événement véritablement magique.

une beauté Métonymie • il est à noter que la future princesse n'est pas encore nommée, elle est une sorte d'énigme présentée dans une formulation proche .

• (le « Il parut » rappelle la formule d'entrée « Il était une fois » des contes : même formulation impersonnelle par un narrateur extérieur à l'histoire, à la différence qu'ici le temps employé est le passé simple, temps de l'action de premier plan)

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• celle qui paraît n'est donc pas nommée, elle est désignée par « une beauté » qui la réduit à un simple trait physique, mais un trait physique non précis ce qui lui donne un caractère universel de beauté

« qui attira les yeux de tout le monde »

« et l’on doit croire »

le pronom

impersonnel indéfini

le pronom impersonnel indéfini « on » marque une présence du narrateur omniscient qui intervient pour inclure son lecteur : nous, lecteurs, devons prendre conscience du caractère exceptionnel de la beauté de cette femme puisque la métonymie initiale « une beauté » (l.1) devient hyperbolique « une beauté parfaite » (ligne 2). qui « donna de l'admiration dans un lieuoù l’on était si accoutumé de voir de belles personnes » →

« une beauté parfaite » (ligne 2).

qui « donna de l'admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé de voir

de belles

personnes »

Hyperbole Toujours la caractéristique précieuse du caractère exceptionnel de la jeune femme, elle éblouit la Cour, elle est plus belle que les plus belles de cette Cour.

- en plus de faire l'éloge de la beauté de la future princesse, la ligne 2 avec l’intensif« si » fait l'éloge de la cour des Valois emplie de si belles personnes → flatterie de Mme de Lafayette à la Cour du Roi (en creux celle de Louis XIV), éloge, registre épidictique.

mise en valeur de l'arrivée de la jeune fille, être parfait de conte, perfection physique qui fait l'unanimité, elle est l'élément déclencheur de l'histoire.

2 ) Lignes 3 à 6 (jusqu'à « à la cour ») : Origines familiales de la future Princesse

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Citations Procédés Analyses

« Elle était de la même maison que le

vidame de

Chartres »

Description Le titre de noblesse de vidame est un des plus anciens, et remonte au Moyen Âge ; il démontre l’ancienneté de la famille, ce qui est une caractéristique essentielle pour la noblesse. (vidame = vice-dominus, celui qui remplace le maître ; à l’origine les vidames étaient les intendants des évêques).

(note de grammaire : « même » peut être un adjectif, il est alors variable en genre et en nombre, un pronom « le même », lui aussi varaible, ou un adverbe invariable , ex : « il rangea même sa chambre ». Ici, c'est l'adjectif, ayant pour sens « semblable » : elle est de la même maison)

« une des plus grandes héritières de France »

Hyperbole Hyperbole qui confirme l'arrivée d'un être exceptionnel, l'exceptionnel est pour l'instant sur la beauté et le nom (côté précieux : elle est une perfection presque irréaliste, une fille qui fait rêver)

« Son père était mort jeune »

Description élément biographique, traditionnel pour un portrait

« et l'avait laissée sous la conduite de

madame de

Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient

extraordinaires ».

Rythme ternaire l'adjectif

mélioratif

« extraordinaires »

Mme de Chartres est une veuve exemplaire (dans le sens où elle doit servir d'exemple aux autres), un modèle de perfection morale. L'éloge de la perfection morale est visible par le Rythme ternaire .« le bien, la vertu et le mérite », trois qualités morales renforcées par l'adjectif mélioratif

« extraordinaires »

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« Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour »,

CL de la perte Isolement de la mère pour le deuil + pour élever sa fille avec perfection, loin du paraître et des mensonges de la Cour. Qualité exceptionnelle de la mère qui annonce une qualité exceptionnelle (d'un point de vue moral, parfaite éducation) de la fille.

Ce qui est important ici, c’est le non-dit : la cour du roi a été présentée comme un milieu extrêmement brillant dont il n’y avait que du bien à dire. Pourtant, Madame de Chartres l’abandonne pour éduquer sa fille ; comme on le verra dans la suite du roman, la cour est en réalité un milieu extrêmement dangereux pour la vertu des femmes, on y passe son temps à nouer des intrigues, à former des coteries, à s’espionner et à se jalouser, et elle ne constitue sûrement pas un lieu pour inculquer la vertu à une jeune fille.

La mort du père et l’absence de frère font de la jeune fille une héritière particulièrement intéressante, puisqu’elle va hériter immédiatement de la totalité de la fortune paternelle. La jeune Mademoiselle de Chartres est donc comblée par le destin puisqu’elle possède les trois atouts les plus importants pour une jeune fille de l’époque : la fortune, la noblesse, et la beauté. On comprend que les prétendants vont se précipiter.

Il est à noter la quasi absence (pour l'instant) de la jeune fille dans ce portrait. Elle est caractérisée par rapport aux autres (son oncle, ses parents) ; elle est déterminée par la noblesse de sa famille (son oncle le vidame), par la mort de son père, qui la laisse sous l'éducation seule de sa mère, l'éducation d'une femme (ce qui aura de l'importance car Mme de Chartres décide -en tant que femme- de prévenir sa fille des «dangers de la cour, de l'amour, etc., ce qui n'aurait peut-être pas été possible si le père avait été là)

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D’autre part, cette disparition du père permet à la mère d’éduquer la jeune fille, selon ses propres principes. La Princesse de Clèves est une histoire de femmes, écrite par une femme, à l’usage des autres femmes, qui constitue la première étape dans l’histoire du combat pour l’égalité entre hommes et femmes en Europe.

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II/ DEUXIEME MOUVEMENT DU TEXTE :UNE EDUCATION REMARQUABLE, LIGNES 6 A 16

1 ) Lignes 6 à 7 : le travail de la mère et de la fille

Citations Procédés Analyses

« Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; »,

préposition + plus que parfait, retour dans le passé

idée expliquée page 1 de la LL, des années d'éducation parfaite loin de la cour. Autre qualité de la mère, l'expression « elle avait donné ses soins » signifie que toute son attention est portée sur sa fille (et non sur elle- même)

« mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable »

→ la notion d'éducation est perceptible avec les verbes

« travaill[er] » et « cultiver »,

le rythme binaire → le rythme binaire « son esprit et sa beauté » montre que le narrateur passe vite sur ces deux points, comme si ces qualités avaient été facilement acquises, qu'elles allaient de soi

les deux invariables → les deux invariables « mais […] aussi » soulignent le caractère complet de cette éducation, Mme de Chartres lui apprend la vertu1 et surtout elle s'attache à ce que sa fille apprécie cette vertu « à la lui rendre aimable » . Il est à noter la volonté que l’enfant adhère à l’idée de vertu, ce qui est nouveau dans un siècle où l’éducation est plus marquée par une obéissance aveugle.

(À l’origine, en latin, la virtus désigne les qualités propres à l’homme en tant que mâle ; vir désigne l’homme mâle, à la différence de homo qui désigne l’espèce humaine ; il a disparu en français moderne mais on le retrouve dans des termes tels que viril et virilité ; la virtus désigne essentiellement les vertus militaires : courage, force, dévouement, discipline, etc. Le terme désigne ensuite les vertus

1 = agir du côté du bien ; le christianisme compte 7 vertus : la prudence, la tempérance (= ne pas se mettre en colère), la force d'âme, la justice, la foi, la charité et l'espérance

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du citoyen : l’honnêteté, le respect des lois, le dévouement à la patrie, etc. À l’époque chrétienne, l’Eglise invente la notion de « vertus féminines », qui désigne essentiellement la fidélité au mari, et le dévouement à la famille et aux enfants.)

Le paradoxe dans ce roman est que la vertu va apparaître comme l’apanage des femmes, et que les hommes en sembleront singulièrement dépourvus.

- -

2 ) Lignes 8 à 16, l'éducation de Mme de Chartres : Préparation à la vie de cour et aux risques qu'elle comporte + l'idéal de l'épouse fidèle, de l'honnête femme

Citations Procédés Analyses

« La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant

les jeunes

personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait

une opinion

opposée ».

intervention d’un narrateur

omniscient qui vient énoncer une vérité générale

le présent gnomique

Elevant seule sa fille, Mme de Chartres prend des libertés avec l'éducation traditionnelle. Elle s'oppose aux autres mères (« la plupart des mères » vs

« opinion opposée ») qui refusent de dire la vérité.

Ces autres mères cachent la « galanterie », c'est-à-dire les intrigues amoureuses, dans l'objectif de préserver, protéger les jeunes filles. Le verbe « s'imaginent » et la proposition « qu'il suffit » nous montrent bien que pour le narrateur, taire la galanterie ne protège en réalité pas ces jeunes filles, moyen de montrer qu'il adhère à l'éducation de Mme de Chartres.

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« ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs

domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. »

« souvent »

(adverbe temporel itératif)

Mme de Chartres ne va pas suivre cette « protection » grâce à l'ignorance :

il est à noter la construction de cette phrase, la juxtaposition de nombreuses propositions grâce aux points-virgules qui montrent la différence de l'éducation de Mme de Chartres avec les autres mères, elle parle beaucoup et « souvent » (adverbe temporel itératif) à sa fille L’imparfait L’imparfait utilisé dans cette longue phrase souligne l'aspect itératif de

cette éducation, de ces discussions

Métaphore elle lui dit ce qu'il se passe dans le monde (car pour l'instant, elles vivent isolées) : « elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour » Termes positifs elle lui montre les aspects positifs (« agréable » « tranquilité ») d'une vie

de femme mariée qui respecte son mari

ce positif est montré pour faire réfléchir la jeune fille et la « persuader » d'éviter le négatif (côté novateur d'une éducation non basée sur une obéissance aveugle et l'absence de rélexion. Faire réflechir la jeune fille assure la pérennité de la « leçon » car la jeune fille se l'approprie, elle y adhère avec réflexion, elle en est « persuad[ée] » )

Termes négatifs le négatif est cette galanterie (c'est-à-dire avoir une passion pour un homme autre que son mari) , galanterie considérée comme « dangereuse » (ligne 11) pour l'honneur et la vertu.

le négatif est aussi le visage donné aux hommes séducteurs, à ceux qui veulent être amants, présentés par le rythme ternaire péjoratif « le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité », des menteurs, des infidèles. Vision du monde pessimiste

le négatif est aussi « les malheurs domestiques où plongent les engagements », c'est-à-dire qu'une femme qui trompe son mari, qui

« s'engage » sentimentalement avec un autre, va avoir des préoccupations, des soucis dans sa vie domestique, c'est-à-dire sa vie privée (elle va avoir

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des angoisses, va devoir mentir à son mari etc.), elle perdra donc sa tranquilité

Opposition éloge de la « tranquilité » (ligne 13), de l'honneur, de la vertu par opposition aux troubles de la passion

Termes religieux fin de cette éducation par la présentation d'un idéal, à savoir que la vertu associée à la beauté et à la naissance permet une « élévation » : terme religieux. Ainsi, Mademoiselle de Chartres devient un être supérieur, presque divin, au dessus des autres. Nous avons ici un idéal aristocratique, beauté + noblesse de naissance + noblesse d’âme

==> Mme de Chartres fait se méfier de la passion amoureuse = on comprend ainsi pourquoi la princesse refuse d'aimer le duc de Nemours ==> Mise en garde contre la passion amoureuse qui entraîne les malheurs domestiques : vision quasi proleptique : le prince de Clèves meurt de chagrin et la princesse fait le choix final du repos, de la tranquilité

- Lignes 14 à 16 : « Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi- même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée. »

Citations Procédés Analyses

« Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui

deux invariables

« mais […] aussi»

→ présence à nouveau des deux invariables « mais […] aussi», caractère complet de cette éducation, ce n'est pas encore fini (à noter la très grande place que prend cette éducation dans le portrait de la jeune fille, elle

« disparaît » derrière les principes que sa mère lui inculque)

Progression → retour de la leçon (être une honnête femme, une épouse fidèle) mais avec une vision encore plus positive car d' « agréable » (ligne 10), nous sommes passés à « bonheur ». Respecter son mari fait le bonheur de son épouse

(12)

seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée. »

défiance Terme négatif → nouvelle leçon, amenée par l'adverbe « aussi » : être vertueuse est difficile (ligne 14) et ne s'obtient que de deux façons :

- La défiance vis-à-vis de soi même, ce qui n’est pas aisé comme l'exprime l'adjectif « extrême » qui précède le terme négatif « défiance ». Le plus dur est là visiblement : Melle de Chartres devra se savoir vulnérable à la passion comme toutes les autres femmes et se tenir en garde contre les impressions de l’amour. La future princesse est avertie de la faiblesse humaine, des inclinaisons que nous avons, elle devra donc se battre contre elle-même (tout ceci nous permet de comprendre les agissements de la princesse dans la suite du roman)

- -

« aimer son mari et d'en être aimée »,

Chiasme - La vertu est donc dans l'amour conjugal, ce qui est rare au XVII° siècle (car il s'agit de mariages arrangés, non des mariages d'amour ; d'ailleurs la future princesse n'a pas épousé Clèves par amour ). Il est à noter le ton catégorique de cette fin de paragraphe, le présent utilisé qui érige la leçon en une vérité générale unique « ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée. »

Conclusion partielle : Mme de Chartres rejette l’amour-passion au profit de l’affection conjugale et de son devoir qui est plus conforme à la vertu. Cette éducation occupe une très grande place du portrait

(13)

III. TROISIEME MOUVEMENT DU TEXTE = LE RETOUR AU PRESENT, LIGNES 17 A 23 1) Melle de Chartres, une fine fleur de l'aristocratie

2)

Citations Procédés Analyses

« Cette héritière était alors un des grands partis qu'il y eût en France », retour

l'adverbe temporel

« alors »

au début du portrait après la longue parenthèse sur l'éducation , retour sur la valeur aristocratique, nobiliaire de la jeune fille (héritière, grands partis) et retour de l'adverbe temporel « alors » qui marque l'événement qu'est l'arrivée de cette jeune femme à la cour des Valois

le subjonctif

imparfait le subjonctif imparfait souligne ici la rareté de la chose. « Quoiqu’elle fût

» : le subjonctif imparfait marque ici l’opposition entre l’extrême jeunesse de la jeune fille et le nombre des demandes en mariage. On a déjà expliqué pourquoi les prétendants se précipitent.

« et quoiqu'elle fût dans une extrême jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs

mariages. »,

Hyperbole on en apprend plus sur la jeune femme par le complément « extrême jeunesse » (la ligne 19 nous apprendra qu'elle a 15 ans, puisqu'elle est

« dans sa seizième année ») . Nous apprenons aussi qu'elle a déjà eu des demandes en mariages, ce qui est plutôt normal à 15 ans : nous avons ici une mise en évidence des mœurs de l’époque : on se marie jeune et en fonction du rang social. Mme de Lafayette fait un rapport sur les coutumes liées au mariage, sans les juger évidemment.

2 ) la présence de la mère dans toute décision pour sa fille

Citations Procédés Analyses

« Madame de Chartres, qui était extrêmement

glorieuse, ne

Adverbe

« extrêmement »

premier trait négatif de Mme de Chartres, elle est décrite comme.

« glorieuse », ce qui est renforcé, accentué par l'adverbe

« extrêmement ». Elle a façonné sa fille est en tire une fierté extrême.

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trouvait presque rien digne de sa fille »,

De ce fait, aucun homme pour l'instant ne lui paraît digne de sa fille (autre caractéristique de l'époque : c'est la mère qui choisit le mari)

«la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour »

Cause /

Conséquence

Autre point sur les mœurs de l'époque : la présentation à la cour pour les jeunes filles de haut rang. Difficulté pour Melle de Chartres : sa mère lui expose les dangers de la galanterie et elle la plonge dans un monde de galanterie.

-

3 ) le portait physique de Melle de Chartres

Citations Procédés Analyses

« Lorsqu'elle arriva, le vidame alla au- devant d'elle »,

Connecteur de temps

Convenance de l'époque, un noble de haut rang amène une jeune fille à la Cour

« il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. »

Répétition Cette répétition sur la surprise ressentie par le vidame a un effet d'annonce, d'attente ; on attend la description physique de la jeune fille présentée avec une nouvelle hyperbole « grande beauté » (3° fois que le substantif « beauté » la désigne).

L’auteur reprend ici les informations déjà données sur la grande beauté de son héroïne, mais il ne s’agit pas de se répéter : en fait, Madame de La Fayette a surtout insisté sur l’excellente éducation de la jeune fille, mais cela, les hommes ne le voient pas. Ce qui est important ici, c’est le regard du vidame, de l’homme : il ne voit que le physique, l’éducation ou la vertu de l’intéressent pas ; c’est pourtant cela qu’il y a de plus remarquable chez la jeune fille. L’auteur invite donc ici le lecteur à réfléchir sur l’importance du regard que l’on porte sur les gens, et à éviter de les juger seulement sur leur physique.

(15)

« La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle »

La négation : elle correspond aux canons de beauté de l'époque à savoir la peau blanche et la blondeur. La négation « n'a jamais vu qu'à elle » renforce le côté exceptionnel de la jeune femme2

« tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes. ».

l'hyperbole Utilisation de l'hyperbole encore visible par le déterminant « tous » et le pluriel « charmes ». Le portrait physique attendu est finalement assez vague (blonde, blanche de peau, traits réguliers) voire même assez abstrait (grâce, charmes). Ce dernier substantif « charmes » laisse supposer beaucoup : c'est sans doute une volonté de Mme de La Fayette de laisser le spectateur projeter n’importe quelle image idéalisée.

- -

2 Il est à noter que la princesse est une personne extraordinaire par son éducation, son rang (tout comme le duc de Nemours) et ici sa beauté hors du commun. Or, lors du portrait de Nemours, il y aura la même négation restrictive : « que l'on n'a jamais vu qu'à lui seul ». Tous deux sont des idéaux de la Préciosité, tous deux sont exceptionnels, uniques par la grande beauté (tout cela est très hyperbolique). Ils étaient donc prédestinés par leur unicité.

Cette prédestination est d'ailleurs ressentie par la princesse qui se désespère de ne pas avoir rencontré Nemours avant son mari.

(16)

Conclusion : Le passage que nous avons étudié se situe au début du roman, l'héroïne est présentée à la cour d'Henri II pour la première fois. Le lecteur la découvre également pour la première fois. Son portrait s'inspire de la préciosité (par la perfection hyperbolique de la jeune fille) mais relève surtout du roman psychologique par l'importance accordée au portrait moral et surtout à l'analyse à laquelle se livre Mme de Lafayette pour expliquer les vertus dont est dotée son héroïne. L'éducation de Mme de Chartres a été puissante (n'oublions pas qu'elle a fait réfléchir sa fille) car la future princesse en est imprégnée, le message de vertu est inscrit de manière indélébile dans la conscience de la future princesse.

Ce portrait de la jeune femme (une noble parfaite, ayant des valeurs morales) et l'insistance sur les dangers de la passion laissent présager un desin tragique

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