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Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la prostate : un pas vers le diagnostic

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ARTICLE ORIGINAL

Tomographie par cohérence optique plein champ des biopsies de la prostate : un pas vers le diagnostic

pré-histologique ?

Full field optical coherence tomography of prostate biopsies: A step towards pre-histological diagnosis?

F. Beuvon

a

, E. Dalimier

b

, F. Cornud

c

, N. Barry Delongchamps

d,∗

aServiced’anatomopathologie,hôpitalCochin,universitéParisDescartes,75014Paris,France

bLightforLifeTechnologies(LLTech),PépinièreParisSantéCochin,75014Paris,France

cServicederadiologieA,hôpitalCochin,universitéParisDescartes,75014Paris,France

dServiced’urologie,hôpitalCochin,universitéParisDescartes,27,ruedu Faubourg-Saint-Jacques,75014Paris,France

Rec¸ule13mai2013;acceptéle26mai2013

MOTSCLÉS Cancerdela prostate; Biopsies; Histologie; OCTpleinchamp

Résumé

Objectif.—Évaluer la valeur diagnostique de la tomographie par cohérence optique plein champ(FFOCT)surbiopsiesdelaprostate.

Patientsetméthode.—Huitpatientsconsécutifssoumisàdesbiopsiesdelaprostateenraison d’uneélévationduPSAoud’uneanomalieautoucherrectal,ontétéinclusdanscetteétude.

Pourchaquepatient,uneàtroiscarottesbiopsiquesontétéanalyséesenimagerieparcohé- renceoptiquepleinchampimmédiatementaprèsleurprélèvement.Lesimagesobtenuesont étéanalyséesenaveugleparunanatomopathologiste,etclassées entroiscatégories:tissu noncarcinomateux,tissususpectdemalignitéetadénocarcinome.Uneanalysedecorrélation anatomopathologiqueaétéensuiteréalisée.

Résultats.—Seizecarottesbiopsiquesontétéimagéesavantanalyseanatomopathologique.La duréemédianedelatechniqueétaitdequatre(3—5)minutes.Enhistologiestandard(coloration HES),aucunartefactn’aéténoté.Sixcarottesétaientenvahiesparuncancer,huitcarottes étaientindemnesdecancer,etdeuxcarottesétaientsuspectesdecancersansdiagnosticfor- mel.Uneanalyseimmuno-histochimiqueaconfirmél’existenced’uncancerdansuneseulede cesdeuxcarottes.Laconcordanceentrelerésultatdel’analyseoptiqueethistologiqueétait

Niveaudepreuve:3.

Auteurcorrespondant.

Adressee-mail:nicolasbdl@hotmail.com(N.BarryDelongchamps).

1166-7087/$seefrontmatter©2013ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.

http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2013.05.008

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correctedans13cassur16(81%).Lestroiscasdediscordancediagnostiqueétaientdusàdeux fauxnégatifsetàunfauxpositifdel’analyseoptique.

Conclusions.—LaFFOCTdesbiopsiesdelaprostatesemblaitêtreunetechniquefaisableet donne,danslamajoritédescas,desrésultatsconcordantsavecceuxdel’analysehistologique.

©2013ElsevierMassonSAS.Tousdroitsréservés.

KEYWORDS Prostatecancer;

Biopsy;

Histology;

FullfieldOCT

Summary

Objectives.—Toevaluate thevalue offullfield optical coherence tomography (FFOCT) for cancerdetectiononprostatebiopsies

Patientsandmethods.—Eightconsecutivepatients whounderwent prostatebiopsies foran elevatedPSAorsuspiciousDREfindingswereincludedinthestudy.Foreachpatient,oneto threebiopsycoreswereimagedwithFFOCTimmediatelyaftersampling.Imagesobtainedwere analyzedbyapathologistblinded tothepathologicalresults,andclassifiedintothreecate- gories:non-canceroustissue,suspicionofmalignancyandprostatecarcinoma.Apathological correlationanalysiswasfurtherperformed.

Results.—Sixteenbiopsycoreswereanalyzed. ThemedianFFOCTproceduretimewas of4 (3—5)minutes.Noartifactwasnotedinsubsequentpathologicalanalysis.Sixcoreswereinvol- vedwithcancerandeightcoresshowednoevidenceofcancer.Ontwocores,diagnosiswas uncertain,andimmuno-histochemicalanalysisconfirmedcancerinvolvementinoneofthem.

TheagreementratebetweenstandardhistologicalanalysisandFFOCTevaluationwasof81%

(13/16).Thethreecasesofdisagreementwereduetoonefalsepositiveandtwofalsenegatives ofFFOCTanalysis.

Conclusions.—FFOCTofprostatebiopsycoresseemedtobefeasibleandtoallowconcordant resultswiththoseofpathologicalanalysisinthemajorityofthecases.

©2013ElsevierMassonSAS.Allrightsreserved.

Introduction

Lesrecherches en imagerieoptique ont conduit au déve- loppement de la technologie full field optical coherence tomography(FFOCT)outomographieparcohérenceoptique plein champ, permettant de réaliser des images volu- miques d’échantillons tissulaires avec une résolution de l’ordre du micron dans les trois dimensions [1]. Le Light- CTTM Scanner (LLTech [Light for Life Technologies], Paris, France)est doncunappareild’imagerieoptiquenoninva- sif des tissus frais. L’imageobtenue permetd’analyser la structure des tissus en temps réel et à l’échelle cellu- laire.

Uneperspectivecliniqueintéressanted’applicationdela technologieFFOCTseraitd’évaluer,entempsréel,lanature desprélèvementsbiopsiquesdelaprostate,afind’orienter lenombreetlalocalisationdesprélèvementsadditionnels.

L’objectifdecetteétudepiloteétaitdoncd’évaluerlafai- sabilité et la valeur diagnostique de cette technique sur carottebiopsiquedelaprostate,paranalysedecorrélation anatomopathologique.

Patients et méthode Inclusion des patients

Depuisjuin 2011,uneIRMmultiparamétrique(IRMm)dela prostateest proposéeavant biopsiesdelaprostateàtous lespatientsayantunesuspiciondecancerdelaprostateà risquefaibleD’Amico.Enfévrier2013,huitpatientsconsé- cutifsontétéinclusdansl’étude.

Biopsies prostatiques

Lesbiopsiesdeprostateontétéeffectuéesenambulatoire, selonlesrecommandationsdebonnepratique[2].Cheztous les patients, 12biopsies systématisées ont été réalisées, dontsix dans chaquelobe, àla base,la zone médianeet l’apex,enZPmédianeetlatérale.EncasdecibleIRM,trois biopsiescibléesadditionnellesontétéréaliséesparfusion d’imageIRM-échographie.Touslesprélèvementsbiopsiques ontétéidentifiésetinclusséparément.

Sélection des prélèvements biopsiques

Pour chaque patient, une à trois carottes biopsiques ont étésélectionnéesauhasardparmil’ensembledesprélève- ments,etimagéesàlafindelaséancedebiopsies.

Tomographie par cohérence optique plein champ

Aprèsimmersiondans unesolutiondeformoldiluéà10%, lescarottes biopsiques ont été imagées avec un appareil de FFOCT commercialisé par LLTech, le Light-CT Scanner (Fig.1a).Lesystèmeétaitcomposéd’un microscopebasé suruninterféromètredetypeLinnik(Fig.1b). Unesource halogènedontlespectreétaitfiltrédanslerouge(autourde 700nm) étaitutiliséepour illumineràlafois l’échantillon et un miroir de référence. La lumière rétrodiffusée par l’échantillon était recombinéeavec celle réfléchie par le miroirderéférence pour obtenir unsignal d’interférence sur la caméra. Le signal correspondant à une coupe pré- cisedansl’échantillonétaitsélectionnéparlacombinaison

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Figure1. Imageriepartomographieparcohérenceoptiquepleinchamp.a:photographieduLight-CTscannerquicomprendlesystème optique,lasourcelumineuseetl’ordinateur;b:schémadusystèmeoptiquebasésuruninterféromètredeLinnik;c:imageoptiqued’une biopsie;d:imagescannéedelalamehaematoxylinéosinesafran(HES)correspondant.

dequatreimagesinterférométriquesavecdifférentsdéca- lagesdephase.Lesystèmepermettait ainsid’obtenirdes imagesde800␮mpar800␮mavecunerésolutionaxialede 1␮m, une résolution transverse de 1,5␮m, et à une fré- quence de 35Hz. De plus grands champs pouvaient être imagésautomatiquementencollantbout àbout plusieurs images,etdes piles d’imagespouvaientêtreobtenues en profondeur en déplac¸ant la tête optique par rapport à l’échantillon. La carotte biopsique était placée dans un porte-échantillondédiéetdélicatementplaquéecontreune lameenverre.Del’huileoptiqueétaitensuitedéposéesur lalamepourassureruncontactavecl’objectif.Unephoto macrodelabiopsieétaitpriseparl’appareil.L’utilisateur lanc¸aitensuitel’acquisitionautomatiquedel’imageenuti- lisant l’image macro pour définir la surface d’acquisition (totalité dela biopsie).L’imageétait obtenue à unepro- fondeur de 20à 30microns sous la surface de la carotte biopsique.Quaranteimagesétaientmoyennéespourréduire le bruit. La durée d’acquisition etde collage des images surtoutelasurfacedelacarottebiopsiqueétaitd’environ troisminutes.

Analyse histologique

Immédiatementaprèsl’analyseoptiquedesprélèvements, l’ensemble des carottes biopsiques était adressé en ana- tomopathologiesetanalyséselonlesrecommandationsde bonnepratique[2].Encasdedoutediagnostique,uneétude complémentaire par immuno-histochimie était réalisée, incluantunmarquageàlaP63etlaP504S/alpha-methylacyl- CoAracemase.Encasdecanceridentifiésurlesbiopsies,la longueurdecancer,lepourcentaged’envahissementtumo- ralainsiquelescoredeGleasonétaientprécisés.

Analyse en tomographie par cohérence optique plein champ

Les images optiques des prélèvements biopsiques sélec- tionnés ontétéanalysées indépendammentetenaveugle par un pathologiste n’ayant pas pratiqué l’analyse histo- logiquediagnostique desbiopsies.Trois résultatspossibles étaientattribués:existence decancer,diagnostic suspect etabsencedecancer.Encasdecanceridentifié,lescorede Gleasonétaitprécisé.

Résultats

Seize carottes biopsiques ont été imagées en OCT plein champavantanalyseanatomopathologique.Leurscaracté- ristiqueshistologiquesontétédétailléesdansleTableau1.

En microscopie optique standard (coloration HES), six carottes étaient envahies par un cancer de la prostate, huitcarottesétaientindemnesdecancer,etdeuxcarottes étaient suspectes de cancer sans diagnostic formel. Une analyseimmuno-histochimiqueaconfirmél’existenced’un cancerdansuneseuledecesdeuxcarottes.

LaduréemédianedelatechniqueOCTpleinchampétait dequatre(3—5)minutes.Lestromaprostatiqueétaitfaci- lement reconnaissable. Le muscle lisse avait l’aspect de faisceauxgrisallongésenstructuresserrées,etséparéspar unfinmatérielconjonctifcollagèneblancintense.Letissu adipeux avait un aspect alvéolaire de couleur noire. Les vaisseaux avaientun aspect tubulaire, de petite taille et régulier.

Danshuitcas,letissuanalyséaétéconsidérécommenon tumoral.Lesglandesconsidéréescommenormalesétaient

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Tableau1 Comparaisondel’analyseenOCTpleinchampetdel’analysehistologiquedes16prélèvementsbiopsiques.

Patients Carottes biopsiques

AnalyseenOCTpleinchamp Analysehistologique Concordance Diagnostic Scorede

Gleason

Diagnostic Scorede

Gleason

1 1 Suspect NA SuspectenHESBéninenIHC NA Oui

2 2 Cancéreux 3+3 Cancéreux 3+3 Oui

3 3 Suspect NA SuspectenHESCancerenIHC 3+3 Oui

4 4 Bénin NA Bénin NA Oui

5 Bénin NA Bénin NA Oui

6 Bénin NA Bénin NA Oui

5 7 Bénin NA Bénin NA Oui

8 Bénin NA Bénin NA Oui

6 9 Cancéreux 3+4 Cancéreux 3+3 Oui

10 Cancéreux 3+3 Cancéreux 3+3 Oui

11 Suspect NA Bénin(PIN) NA Oui

7 12 Suspect NA Cancéreux 3+4 Oui

13 Bénin NA Cancéreux 3+4 Oui

14 Cancéreux 3+4 Cancéreux 3+4 Oui

8 15 Bénin NA Bénin NA Oui

16 Bénin NA Bénin NA Oui

HES:haematoxylineéosinesafran;IHC:immuno-histochimie;NA:nonadapté;OCT:opticalcoherencetomography;PIN:néoplasie intra-épithéliale.

globalement lobulées, régulièrement réparties, séparées pardesseptasdestroma.Lesglandesconstitutivesétaient centrées d’une lumière grise foncée, de taille variable, et bordée d’un liseré blanchâtre (épithélial) festonné.

Il était parfois possible de reconnaître, après grossisse- ment,lesdeuxassisescellulairesluminalesetbasales.Les glandesdystrophiquesadénomateusesoukystiquesavaient une architectured’ensembleplus irrégulière mais restant organoïde.Ellesalternaientdesaspectsprochesdeglandes normalesavecdesformationsdegrandetaillearrondiescer- néesd’untraitfinépithélialplusclair(kystes).

Dansquatrecas,letissuanalyséaétéconsidérécomme tumoral. Les glandes prostatiques considérées comme carcinomateusesavaientunearchitectured’ensemblepom- melée, gris clair, formée de structures rondes rigides, de petite taille et homogène. Certaines glandes tumo- rales étaient séparées par un espace stromal régulier et étaient classées de bas grades de Gleason (2et 3). Les glandes oumassif detaille plus grande etvariable,espa- cées plus irrégulièrement, étaient classées en grade 4.

Une lumière centrale (noire) punctiforme était parfois visible.

Enfin,dansquatreautrescas,letissu prostatiqueavait un aspect atypique sans critère formel de malignité. Ces carottesontdoncétéconsidéréescommesuspectes.

La concordance entre le résultat de l’analyse en OCT plein champ et l’analyse histologique HES était correcte dans13cas(81,25%,Tableau1).

Discussion

Le principe de l’OCT repose sur le phénomène d’interférence de la lumière rétrodiffusée par les tissus

[3].Desimagesendeux,voiretroisdimensionsd’unobjet semi-transparentpeuventainsiêtre obtenuesenbalayant le faisceau lumineux envoyé sur l’objet [4]. Le contraste desimagesOCTrésultedesinhomogénéitésdel’indicede réfractionauseindutissu.L’imagetomographiqueobtenue estorientée perpendiculairement à la surfacede l’objet.

Larésolutionspatialedel’OCT,meilleurequecelledel’IRM oudel’échographie,s’approchedecelledelamicroscopie optique. Enfin, la profondeur d’imagerie accessible est supérieureàcelledelamicroscopie.Leprincipaldomaine médicald’applicationdel’OCT est l’ophtalmologie,oùla techniqueestdevenueunstandardpour visualiserlesdif- férentescouchesconstitutivesdelarétinehumaineinsitu [5].L’examen parOCTpermetenparticulier lediagnostic etlesuivideladégénérescencemaculaireliéeàl’âgeetla rétinopathiediabétique,demêmequelamesuredel’angle iridocornéenpourlediagnosticetlesuividuglaucome[5].

Enurologie,l’OCTestencoreunetechniqueexpérimentale.

Elle aété évaluée principalement pour ladétection etla caractérisationdes tumeurs de vessie en endoscopie [6], lacaractérisationdesbandelettesvasculonerveusesetdes margesopératoirespendantlaprostatectomieradicale[7], et la caractérisation peropératoire des tumeurs rénales [8].

L’acquisitionpoint parpoint enOCT nécessitede mul- tiplesacquisitions pourobtenir uneimpression globalede lastructuretissulaireimagée. L’imageanalyséeestorien- téeperpendiculairementàlasurfacedutissu,rendantson interprétationdifficile.Enoutre,larésolutionaxialereste limitée par l’utilisation de puissantes sources lumineuses à spectre fin; la résolution transverse est quant à elle limitéepar l’utilisation d’optiques à faible ouverture qui permettent le scan vertical. Une approche alternative a étédéveloppéerécemment,dans laquellelesimagessont

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obtenuessansbalayagedefaisceau.Danscettetechnique, appeléeOCTpleinchamp,lesimagescorrespondentàune coupetissulairecarellessontproduitesenfaceetnonvers laprofondeur,parcombinaisondeplusieursimagesinterfé- rométriquessurune caméra[1]. Toutle champimagéest éclairéavecdelalumièredefaiblecohérencetemporelle etspatialeproduite parunelampe halogène. Letissu est ensuitedéplacé verticalementpourimager enprofondeur.

Cette configuration permet d’améliorer à la fois la réso- lution axiale (par une source à spectre plus large), et la résolutiontransverse(pardesobjectifsplusouverts)dusys- tème.Lesimagestomographiquesenfaceontunerésolution axiale ettransverse théorique de l’ordre du micromètre, maiscelle-citendàsedégraderaufuretàmesurequela profondeurd’imagerieaugmente.Ellepermetnéanmoinsde réaliser des coupes tissulaires jusqu’àquelques centaines demicrons deprofondeur,en fonctiondu tissu imagé.La pertinencecliniquedecetteméthodeaétéconfirméepar analysedesimagesetcorrélationanatomopathologiquesur une large variété de tissus excisés, incluant notamment lapeau, letissu mammaire etlecerveau[9—12]. Enuro- logie, une étude a montré la visualisation in situ de la spermatogénèsesurdesmodèlesderat,ouvrantdespers- pectivespouruneutilisationentempsréelsurl’hommelors desextractionsdespermeparmicrodissectiontesticulaire [13].

Dans le domaine médical, l’OCT plein champ pourrait potentiellement avoir un rôle dans le diagnostic peropé- ratoireextemporané,pour guiderlegestechirurgicalsans avoirrecours aux techniques classiques d’histologie. Cela serait le cas par exemple dans la prise en charge chi- rurgicale du cancer du sein, en permettant d’apprécier les marges chirurgicales des tumorectomies et l’analyse desganglionssentinelles.Enurologie,unetelletechnique pourrait potentiellement avoir sa place dans la straté- gie globale du dépistage du cancer de la prostate. Le développementdel’IRMmultiparamétriquedelaprostate a montré son intérêt dans la détection et la caractéri- sation des foyers tumoraux de plus de 0,2cm3chez les patients ayant un cancer de la prostate [14—17]. Plu- sieurs études récentes ont suggéré que la stratégie des biopsies ciblées par l’IRM, sans biopsies systématisées additionnelles, permettrait d’optimiser le dépistage en évitant des biopsies inutiles et en ignorant un certain nombre de cancers non significatifs en cas d’IRM nor- male, sans néanmoins diminuer la détection des cancers significatifs [18—20]. Néanmoins, pour que l’IRM mul- tiparamétrique de la prostate puisse être utilisée non pas comme un outil supplémentaire de détection, mais réellement comme un outil de substitution aux biopsies systématisées, une caractérisation optimale de la cible biopsiée semble nécessaire en temps réel. Malgré une bonne performance diagnostique du score de détection ESUR (AUC=0,86; IC95%=0,83—0,89) [21], les sensibili- tés et spécificités rapportées n’étaient que de 73,5% et 81,5% pour un score optimal supérieur ou égal à 9.

Le contrôle peropératoire d’une carotte biopsique consi- dérée comme prélevée dans une cible IRM, permettrait d’apporterune évaluation supplémentaireà la fois sur le caractèreciblé ounonduprélèvementetsanaturehisto- logique.Enfin,uneautreperspectivepotentielleconcerne le développement des traitements focaux de la prostate,

dont les plus aboutis sont encore actuellement au stade d’hémi-ablations. Une possibilité de contrôle peropéra- toire dutissu prostatiquepermettrait decibler l’ablation tumoraleau foyerlui-mêmetout ens’assurantd’un geste carcinologique.

Nos résultats préliminaires d’évaluation de la tech- nique OCT plein champ au cours des biopsies de la prostate ont suggéré sa faisabilité. Les tissus analysés en imagerie optique n’ont pas été altérés par l’examen.

Une manipulation méticuleuse de la carotte biopsique a évité en effet tout traumatisme tissulaire, et son exa- men histologique ultérieur était sans particularité par rapport à un examen classique. La durée globale de l’examen optique incluait en moyenne quatreminutes d’acquisition des images suivies d’une à deux minutes d’analyse par l’anatomopathologiste, suggérant que son inclusionau coursde laséancedebiopsies delaprostate nedevraitpasmodifiersignificativementladuréetotalede l’examen.

L’analyse d’image a été abordée comme une recon- naissance, en niveaux de gris, de l’architecturetissulaire générale àfaiblegrossissement.Cette démarcheest simi- laireàl’analysemicroscopiquedepremièreintentiond’une lamehistologiquestandard. Lediagnosticdecancer repo- sait sur des critères essentiellement architecturaux, tels que l’existence de contours glandulaires irréguliers, une infiltrationentrelesglandesnormalesoul’existencedetra- vées oude massifs cribriformes.Une des caractéristiques glandulaires essentiellesdes glandes tumorales estla dis- paritiondel’assisecellulairebasaledesglandes.Cecritère n’a puêtreobservéaveccertitudequedans deuxcas,en raison d’un tropfaible contraste(Fig.2a etb). Enfin,les critères cytologiques utilisés en histologie pour aider au diagnostic,telsquel’existencedenoyauxoudenucléoles volumineux,n’ontpaspuêtreprécisésenimagerieFFOCT.

C’est doncl’architecture générale dutissu, le contour et l’agencementdes glandeslesunes parrapport auxautres etpar rapportau stroma, quiorientaient le diagnostic.Il adoncfalludanslamajoritédescassepasserdecritères cytologiquesfins,quireprésententenvironlamoitiédescri- tères décisionnels diagnostiques. Malgré l’absence deces critères, lesnéoplasies intra-épithéliale(PIN)etlesproli- férations tumorales intracanalaires, d’aspect proche, ont étéassezbienreconnus.Enrevanche,lesformesatypiques d’adénocarcinome avecnécroseluminale,globuleshyalins oumicronodulescollagèniquesgloméruloïdesontétédiffi- cilesàreconnaître.

Notreanalyse decorrélation,bien quereposant surun faiblenombredecasanalysés,suggéraitune concordance dans 13cas (81%) avec l’analysehistologique. Parmi eux, sept carottes ne comportaient que des glandes normales ouhyperplasiques,etquatrecarottesétaientenvahiespar des glandes carcinomateuses. Dans deux cas, l’analyse a conclu à l’existence de glandes suspectes à la fois en imagerieoptique et àl’analyse histologique. Une analyse immuno-histochimique a permis deconclure à l’existence d’uncancerpouruned’entreelles.L’analysedecorrélation a été discordante dans uniquement trois cas. Il s’agissait de deux faux négatifs et d’un faux positif de l’imagerie optique(Fig.3aetb).Danslepremiercasdefauxnégatif (casno13),l’analyseoptiquemontraitunaspecttubulaire maisl’existence dematérieldanslalumièreafaussement

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Figure2. Structuresnormalesnonglandulaires.a:imageopticalcoherencetomography(OCT)dustroma,musclelisse,structureserrée enfaisceauxgrisallongés,séparésparunfinmatérielconjonctifcollagène(blancintense);c:imageOCTdutissuadipeux,aspectalvéolaire (noir);e:imageOCTdumusclestriésphinctérienapical,rubané;b—d:aspectshistologiquesHESrespectifscorrespondants.

conduit au diagnosticdevaisseaux. L’analyse histologique apréciséquecesstructurescorrespondaientàdesglandes tumoralesayantenleurseinuneproliférationconjonctive detypepseudoglomérulaire,aspecthistologiqueinhabituel

des glandes tumorales [22]. Pour le second faux négatif (casno12),l’imagerie optiquemontraitdegrandesplages compactes évoquant un aspect cribriforme. Ce prélève- mentn’anéanmoinspasétéconsidérécommetumoral,mais

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Figure3. Structuresglandulaires.a:imageopticalcoherencetomography(OCT),glandenormalecentréed’unelumière(grisfoncée), bordéed’unliseréblanchâtre(épithélial)festonné,icilesdeuxassisescellulaires(luminalesetbasales)sontvisibles;c:glandestumorales debasgradesdeGleason(3),architecturepommelée(grisclair),structuresrondesrigides,depetitetaille,séparéesparunespacestromal régulier;d:massifstumorauxvariables,deplusgrandetaille,espacésplusirrégulièrement,Gleasongrade4;b—d:aspectshistologiques HESrespectifscorrespondants.

uniquement suspect, car l’anatomopathologiste a évoqué l’existence éventuellede PIN de hautgrade. Ces glandes étaienten réalité tumorales à l’analysehistologique, qui a confirmé la disparition de l’assise cellulaire basale de cesglandes.Enfin,lefauxpositifdel’analyseoptique(cas no11)aété dûàl’aspect faussementsuspectdes glandes secondaireà l’existence dePIN dehaut grade,confirmée par l’analyse histologique. Il est important de noter que l’anatomopathologiste n’avait pas considéré ce prélève- mentcommenormalenimagerieoptique,précisémentdu faitdel’existencedePIN(Fig.4).

Cette étude préliminaire avait des limites, la plus importante étant le faible nombre de cas analysés, ne permettant de ce fait aucune analyse statistique.

Elle a permis néanmoins de débuter un travail de sémiologie, basé sur un nouveau mode d’analyse des tissus. Une étude de corrélation plus importante, ainsi qu’une analyse de la variabilité interindividuelle de l’interprétation des images et de l’éventuelle courbe d’apprentissage, permettra d’évaluer plus précisément l’OCT plein champ dans le domaine des biopsies prosta- tiques.

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Figure4. Discordancediagnostiqueopticalcoherencetomography(OCT)/histologie.a:imageOCT,massifsdegrandetaille,irréguliers (grisclair),espacésirrégulièrementparunstroma(grisfoncé)suspectd’unetumeurdegrade4;b:aspecthistologiquecorrespondant, plusieurscouchescellulairesavecuneassisebasalepersistante(PIN),fauxpositif;c:imageOCTaspecttubulairerigideetsinueux(liseré blanc,contenugrismoucheté)interprétécommepelotonvasculaire;d:histologiecorrespondantàunetumeurdebasgradeavecaspect gloméruloïdeluminal,fauxnégatif.

Conclusions

Notreétude a suggéréque la tomographie parcohérence optiquepleinchampdes biopsiesdela prostateétait une techniquefaisableneprovoquantnitraumatismetissulaire niartefactd’analysehistologique.Lesrésultatsdel’analyse optiqueétaientconcordantsavecceuxdel’analysehistolo- giquedanslamajoritédescas.

Déclaration d’intérêts

F.Beuvon:aucun;E.Dalimier:employéedeLLTech;F.Cor- nud:aucun;N.BarryDelongchamps:aucun.

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