GROUPES SANGUINS ET SITUATION GÉNÉTIQUE
DE LA RACE BOVINE FLAMANDE
VARIABILITÉ GÉNÉTIQUE
COMPARÉE A CELLE DE LA RACE« FRANÇAISE
FRISONNE
PIE-NOIRE» ;
PARENTÉ AVEC LES RACES « DANOISE ROUGE » ET « BELGE DEFLANDRE
OCCIDENTALE »Y. BOUQUET
F. GROSCLAUDEG. BEZARD, G. HOULIER G. RUFFET Anne TROCCON Faculté de médecine vétérinaire, 21,
place
duCasino, Gand, (Belgique)
Station centrale de
Génétique
animale,’
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Le déclin de la race bovine Flamande,
supplantée
par la race FrisonnePie- N oire,
s’est accompa-gné
d’uneaugmentation exceptionnelle
du niveau moyen deconsanguinité,
due notamment à l’utili-sation par l’insémination artificielle de taureaux en
majorité apparentés.
On a tenté, comme remède, l’introduction dereproducteurs
des races parenteseuropéennes,
DanoiseRouge puis Belge de
Flandreoccidentale. Le
présent
travail a pour but d’estimer la variabilitégénétique
de la race Flamande, etson
degré
deparenté
avec les deux « races rouges» étrangères.
Une discussion
préliminaire
montrepourquoi,
dans laplupart
des travauxpubliés
sur les groupessanguins
des bovins, et même dans le cas depopulations
à évolutiongénétique rapide, le
test dey 2
n’apas décelé d’écarts aux
proportions génotypiques
de la loi deH ARDY -W EINBERG ,
etprécise
les rapports existant entre le coefficient moyen deconsanguinité
et la somme des carrés desfréquences alléliques
du locus B.Pour
apprécier
la variabilitégénétique
actuelle des deux races en concurrence, Flamande et FrisonnePie-Noire,
lesfréquences alléliques
de huit loci de groupessanguins,
du locus des transfer- rinessériques
et du locus desp-lactoglobulines
ont été déterminées dans chacuned’elles ;
la varia-bilité
génétique, exprimée
soit par la somme des carrés desfréquences alléliques
du locus B, soit par laprobabilité
de tirer au hasard deuxgénotypes sanguins identiques,
estplus
élevée dans la race Fla-mande.
Le
degré
deparenté
entre races est estimé parcomparaison
des sériesalléliques
du locusB,
àl’aide de divers tests
statistiques
et d’un indice de ressemblancegénétique
introduit dans ce travail.Les différences assez nettes
qui
s’observent entre la race Flamande et les races DanoiseRouge
etBelge
de Flandre occidentale contrastent avec la similitude
génétique
presque totale des races Frisonnesde France et des
Pays-Bas.
INTRODUCTION
« La race bovine Flamande est une race
autochtone, apparentée
aux races Pie-Rouge
ouRouges qui peuplaient
les bassesplaines
du nord-ouest del’Europe :
raceHollandaise,
races du nord del’Allemagne,
raceRouge
du Danemark »(Q UITTFT , 19
6 3
).
Son berceau se trouve enFlandre,
dans larégion
deBergues,
Hazebrouk etSaint-Omer.
D’effectif
déjà
limité -50 6
oootêtes,
soit 3,2p. 100du totalfrançais
en 1932 selonQ UITTET -
cette race a été décimée par la guerre ; il a fallu ensuite reconstituer des étables de sélection àpartir
d’un groupe restreint de familles différentes. Par lasuite,
les Centres d’Insémination artificielle ont été amenés à choisir leursreproduc-
teurs dans un nombre de souches
limité ;
ainsi en1957 ,
26 des 32taureaux utilisés eninsémination artificielle étaient des
fils, petits-fils
ou arrièrepetit-fils
d’un taureaufameux,
« Mirongi8 3
»(ANONYME, tg5 7 ).
Enconséquence,
le coefficient moyen deconsanguinité
de la race s’est accrurapidement :
selon uneanalyse mathématique
deCARRÉ et POUTOUS
(t 957 )
« cette utilisation de taureauxapparentés
conduisait à uneaugmentation
du coefficient moyen deconsanguinité
pargénération
du même ordre que si l’on croisaitsystématiquement
entre eux des cousinsgermains
».Comme l’ont montré Ro$ExTSOrr et Masorr
(r 954 ),
la diffusioncroissante,
dans une racelaitière,
des
gènes
d’un taureau améliorateur ne peut être indéfinimentbénéfique.
En effet, la tendance àl’amélioration de la
production qui
se manifeste d’abord doit être peu à peu freinée par l’effet défavo- rablequi
semble bien, enrègle générale,
accompagner toute élévationmarquée
du niveau de consan-guinité.
Il doit exister un seuil au-delàduquel
cet effet défavorable devientprépondérant.
Ce seuilcorrespond
auprogrès génétique
maximum que l’on peut attendre de l’utilisationsystématique
dutaureau considéré,
progrès
d’autantplus important
que ce dernier étaitsupérieur
à la moyenne de larace.
On peut
ajouter
à cequi précède
queplus
onmultiplie
dans une race lesgènes
d’un
reproducteur particulier, plus
les familles nonapparentées
à cereproducteur
deviennent rares, etplus
il est difficile de modifier l’orientation de la sélection sans faireappel
à des apports extérieurs.Il semblait
alors,
à bien desobservateurs,
que le coefficient moyen deconsangui-
nité
de_la
race Flamande avait atteint une valeurcritique.
Pour yremédier,
les orga- nismesd’élevage
locaux ont tenté d’introduirequelques
taureaux de race DanoiseRouge, puis Belge de
Flandre occidentale. Les effectifs de la raceFlamande,
soumisepar ailleurs à la concurrence de la race
Frisonne,
ontcependant
décrurapidement :
33 00
o vaches ont été inséminées artificiellement en
19 66
contre 120000 en1957 (ANONYME,
1957,1967 ) .
Le
présent
travail a étéentrepris
dans le but de comparer à celle de la race Fri-sonne Pie-Noiye la variabilité de la race Flamande et d’estimer le
degré
deparenté
decette dernière avec les deux « races rouges »
étrangères
dont on a tenté l’introduction.Ces mesures ont été effectuées à l’aide des groupes
sanguins
et dequelques polymor- phismes biochimiques (transferrines, (i-lactoglobulines).
Leprincipe
des méthodes utiliséesn’ayant jamais été,
à notreconnaissance,
discuté d’une manièredétaillée,
nous tenterons de le faire dans le
chapitre
suivant avant deprésenter
nos résultats.MÉTHODES
I
. Méthode de mesure de la variabilité
génétique a)
Les races bovines et la loi deHardy-Weinberg.
Le modèle fondamental de la
génétique
despopulations,
connu sous le nom de« modèle de
Hardy-Weinberg
», estcelui
d’unepopulation
d’effectif trèsnombreux,
où lesaccouplements
se font au hasard(panmixie),
et où n’interviennent ni les muta-tions,
ni les facteurs desélection,
ni leséchanges géniques
avec d’autrespopulations
(migrations).
Dans cemodèle,
pour un locus donnécomportant
nallèles,
lesfréquences géniques P l , P 2 ...p l ...P n ,
etgénotypiques
données par ledéveloppement
del’expres-
sion
(Epi) 2
sont invariables. On dit que lapopulation
est en «équilibre génétique ».
Faute d’autres modèles aussi
simples,
on admet souvent, dans les études de grou- pessanguins
notamment, que la structuregénétique
des races bovines estapproxima-
tivement conforme au modèle de
Hardy-Weinberg.
Ceci a pu être exact dans cer-taines races et à certaines
époques,
etpeut parfois
l’être encore, mais l’observation de l’évolutiongénétique
récente de nombreuses races montre que les conditions du modèle deHardy-Weinberg (effectifs
infinimentnombreux, panmixie,
absence de mutationset
migrations)
y sont rarement toutesrespectées.
En effet,
leséchanges
dereproducteurs (ou migrations,
en termes degénétique
des
populations) peuvent
êtrefréquents
et d’influence nonnégligeable (voir plus
loinl’analyse
du travail de ROBERTSON etA SKER , 1951 )
et,plus
encore, les méthodesd’élevage
modernescomportent
une sélection souvent trèspoussée
desreproducteurs.
Cette sélection se manifeste essentiellement de deux manières :
- dans certains
élevages,
par lapratique d’accouplements consanguins plus
ou moins
étroits,
cequi
doit amener normalement à desproportions génotypiques
différentes de celles de la loi de
Hardy-Weinberg.
- et
surtout,
parl’expansion,
au niveau de la race, de certaines familles dont lesgènes
propres sont doncmultipliés.
Cephénomène
est très courant mais sonampleur
et ses
conséquences génétiques
àlong
termevarient ;
onpeut,
à lalimite, distinguer
deux situations :
1
°
l’expansion
d’une famille estimportante,
étendue à toute la race, et défini- tive. Lesgènes
de cette famille sontlargement
et uniformémentmultipliés.
Tout sepasse alors comme si l’effectif
numérique
de lapopulation
avait été réduit. Les fluctua- tions defréquences géniques s’accompagnent
donc d’uneaugmentation
du niveaude
consanguinité
moyen de lapopulation.
2
0
l’expansion
d’une famille est limitée dans letemps,
dansl’espace
et enampleur ;
une autre famillepeut
lui succéder ensuite de la même manière. Dans ce cas, on doit observer des fluctuations defréquences géniques,
mais le coefficient de consan-guinité
moyen de la racepeut
ne pas être sensiblement affecté.En pratique,
les différents facteursjouent
de manière trèsinégale
d’une race àl’autre. On doit donc s’attendre à observer toutes sortes d’intermédiaires entre les situations extrêmes
qui
viennent d’être schématisées. Lesanalyses
de la structuregénétique
des races bovinespubliées jusqu’ici
sont peunombreuses,
mais mettent bienen valeur la diversité des situations.
L’exemple
sans doute leplus classique
est celui de la raceanglaise Shorthorn,
créée vers la fin duXVIII
esiècle par des éleveurs
pratiquant
desaccouplements consanguins
assez étroits dans la descen- dance dequelques
taureaux, comme le fameux « Favourite ». Les souchesproduites
par ces éleveurs sesont ensuite
répandues
dans la race. Ceci s’est traduit par uneaugmentation rapide
du coefficient moyen deconsanguinité
dela,population :
r7 p. 100de I 790à 1810notamment,(M C PHEE
et WRIGHT,r
9 a 5
).
Lamultiplication
desgènes
des familles de basequi
s’estopérée
à cetteépoque
se détecte denos
jours
encore d’une manièreflagrante
parl’existence,
au locus de groupessanguins B,
d’allèles detrès haute
fréquence (RO B ERTSON, 195 6).
A
l’opposé,
une étude très détaillée de ROBERTSONet ASKER( 1951 ) qui
porte sur lesélevages
affiliés au Herd-Book de la race Frisonne
anglaise,
fournit un bonexemple
depopulation
traverséepar des fluctuations de
fréquences géniques importantes,
mais sansaugmentation
notable du coeffi- cient moyen deconsanguinité.
Les auteurs montrent que cette race peut être grosso modo subdiviséeen trois groupes
d’élevages d’importance numérique croissante,
mais de valeurzootechnique
décrois-sante. Dans un
premier
groupe de ao à 3oélevages,
lesreproducteurs
mâles sont rarement choisis endehors du groupe, exception faite des taureaux
importés
deHollande, auxquels
onfait,
par contre,largement appel.
Un second groupe de 100à 200élevages
achète desreproducteurs
mâles dans lepremier
groupe, et, encontrepartie,
fournit ceux du troisième groupe, formé par les i 800élevages
restants. Les choix effectués par le
premier
grouped’élevages
sont donc d’uneimportance capitale
pour la race toute entière, car leurs effets
s’y répercutent
trèsrapidement.
Ainsi, comme les éleveursdu premier
groupe ontpréféré
les souchesimportées
de Hollande, ROBERTSONet ASKERont pu calculerqu’en
ig5r lescinq
sixièmes desgènes
de la race Frisonne deGrande-Bretagne provenaient
en faitd’animaux
nés en Hollande dans les q.o annéesprécédentes.
Les fluctuationsgéniques
ont donc ététrès
rapides
et considérables dans cette race. Par contre, le taux deconsanguinité
moyen n’aaugmenté
que faiblement
pendant
lapériode
considérée.Il est
possible
de mesurer l’influence de l’utilisation intensive de certainsreproducteurs
sur lesfréquences géniques
en s’adressant à desgènes
facilement détectables comme lesgènes
de groupessanguins.
RENDEL(r 9 6 3 ),
étudiantcomparativement
lagénéalogie
et les groupessanguins
de taureauxutilisés en race
Rouge
Suédoise dans les années r955-r96o met en évidence l’influence d’unreproduc-
teur fameux
largement
utilisé unevingtaine
d’années auparavant, dont il peut même reconstituer,a
posteriori,
une bonnepartie
du groupesanguin.
Bouw( 19 6 0 )
montre que la diffusion dans la raceFrisonne de Hollande de l’allèle BBGKOxYA!O!
(noté
BBGKYA!O!(8) dans leprésent
travail, compte tenu desanticorps utilisés),
dont lafréquence
estpassée
en quatre oucinq générations
de 0,7p 100à m p. 100, n’est duepratiquement qu’à
deuxsujets
fameux.Tous les
exemples précédents,
portant sur des racesétrangères
prouvent que celles-ci ont tra- versé despériodes
où lapanmixie
était loin d’être réalisée. On manqued’analyses précises
sur l’évo-lution
génétique
des racesfrançaises. Cependant,
une étudehistorique
de la race Normande(Arro-
NYME
,
r 95 r)
montre bien le rôlejoué
dans sa « création » par un nombre limité de familles. Le cas de la race Flamande,exposé
en introduction est un autreexemple, particulièrement frappant.
De toute
façon,
lesméthodes
de sélectionactuelles,
basées sur l’utilisation in- tensive de certainsreproducteurs mâles,
dont lesgènes
sontrapidement multipliés
dans la
population grâce
aux facilitésqu’apporte
l’inséminationartificielle, pourraient
conduire très souvent à une situation très voisine de celle de la race Flamande: aug- mentation
rapide,
et étendue à toute la race, de lafréquence
de certainsgènes,
etaugmentation parallèle
du coefficient moyen deconsanguinité,
résultant de la réduc- tion de l’effectifgénétique
réel.Or, plusieurs
dizaines depublications
consacrées aux groupessanguins
et auxgroupes
sériques
des bovinscomportent
un test de la loi deHardy-Weinberg
pourun locus au moins. Il
peut paraître curieux, compte
tenu des considérationsprécéden- tes,
quequelques-uns
de ces tests seulement(S TONE , 19 6 2 ;
AsxTOrr etF ALLON , 19 6 2 ; G
R OSC LAUD
E
etM ILL OT, ig62 ; BOUQUET, 19 66 a)
aient conduit àrejeter
le modèlede
Hardy-Weinberg,
par suite soit d’un excèsd’homozygotes,
soit d’un excès d’hé-térozygotes.
Enfait,
ces résultatss’expliquent parfaitement.
On remarquera tout d’abord que les facteurs mentionnés
précédemment peuvent
effectivement se traduire d’une manièreopposée
sur lesfréquences génotypiques.
Ainsi,
lesaccouplements consanguins systématiques
conduisent à un excès d’homo-zygotes ;
maislorsque
lesfréquences
desgènes multipliés
par un groupe de mâles d’effectif limité sont différentes de celles de lapopulation
femelle - cequi peut
être le cas dans les conditions actuelles d’utilisation de l’insémination artificielle - il enrésulte un excès
d’hétérozygotes (Ros!x’rsorr, ig6g).
Il sepeut
que les deux facteursjouent dans
des ensemblesd’élevages
différents etque
leurs effetsopposés
se neutra-lisent
enpartie
dans unéchantillonnage portant
sur l’ensemble de lapopulation.
D’autre
part, rappelons
que dans les races bovinesactuelles, qui
se ramènent à despopulations
d’effectifgénétique limité,
les notions de corrélationgamétique
-expri-
mant l’écart à la
panmixie
- et deconsanguinité
moyenne ne sont passuperposables.
En
effet,
« pour mesurer l’écart à lapanmixie,
c’est-à-dire calculer le coefficient de corrélationgamétique,
il faut déduire du coefficient moyen deconsanguinité
oc, celuiot’
qui
résulteraitautomatiquement
de la limitation de l’effectif de lapopulation
sup-posée
constammentpanmictique
»(I / HÊ R iTiE R , 1954 ).
Autrementdit,
le coefficient de corrélationgamétique
est inférieur au coefficient moyen deconsanguinité. Or,
même dans le cas de la race
Shorthorn,
où nous l’avons vu,l’augmentation
du coeffi-cient moyen de
consanguinité
a étéexceptionnelle,
le coefficient de corrélationgamé- tique
ne sembleguère
avoirdépassé
4 p. 100(McPx!!
etW RI G H T, 1925 ).
,Considérons alors dans une
population
nombreuse où s’observe une corrélationgamétique F,
un locusbiallélique,
dont lesfréquences géniques sont P
et q. Les pro-portions génotypiques
sont :Cherchons à tester
l’hypothèse
deHardy-Weinberg
àpartir
d’un échantillon d’effec- tif N tiré au hasard dans lapopulation.
Dans ce cas, sif
est l’estimation de F dansl’échantillon,
on a(LI, 1955) :
Pour un
degré
deliberté,
la valeurde x 2 correspondant
au seuil de 5 p. 100est de3,8 4 . Donc,
si N =400 , f
= o,io, et si N =4 000 , f
= 0,03. On voit que l’effectif des échantillons retenus dans laplupart
des travaux sur les groupessanguins publiés jusqu’ici, qui dépasse
rarement i ooo, esttrop
faible pour détecter une corrélationgamétique
dont l’ordre degrandeur
n’est pas trèsélevé,
même dans les cas extrêmes.b)
La variabilitégénétique ;
sonimportance Pratique; principes et
limites de sa mesureà l’aide de loci marqueurs.
Quand
legène qui
occupe un locus considérépeut,
dans unepopulation, présenter plus
d’unétat,
on ditqu’il
y a variabilitégénétique.
Cette dernière est d’autantplus
élevée que le nombre de
gènes
allèles estélevé,
et, à nombreégal d’allèles,
que leursfréquences
sontplus voisines.
Onpeut
doncexprimer
la variabilitégénétique
par lasomme des carrés des
fréquences alléliques
au locusconsidéré,
ouEqâ.
Onpeut
aussil’exprimer
par laprobabilité
de tirer au hasard dans lapopulation
deuxgénotypes identiques.
Connaissant lesfréquences alléliques,
le calcul de cetteprobabilité
-quoi-
que un peu laborieux dans le cas d’un locus
complexe
comme le locusB -s’obtient facilement,
dansl’hypothèse
depanmixie
par laquantité Sq,2
i + 4¡’q!ql,
iioù q i
et qi
sont deuxfréquences alléliques quelconques (i:,!4-j).
Les deuxquantités précédentes
sont d’autant
plus
faibles que la variabilitégénétique
estplus
forte.L’utilisation préférentielle
d’unreproducteur
et de sa famille dans unepopulation
est une forme de sélection. Elle se traduit donc par une hausse de
fréquence
desgènes
de la famille
favorisée,
et par une baisse defréquence
corrélative des autresgènes,
cequi signifie
aussi l’extinction d’une fraction desgènes
lesplus
rares. La variabilitégéné- tique
de la race décroît.Cette
conséquence
inévitable de la sélection ne saurait poser aucunproblème si
les
objectifs zootechniques
des sélectionneurs de la race étaientimmuables,
si leurs choix étaienttoujours
infaillibles et si la sélection massalepratiquée
ne favorisaitque les
gènes
à sélectionner.Ceci n’est pas le cas, et on
peut
avoir àenvisager,
danschaque
race, l’éventualité de nouvelles orientationszootechniques. Or, l’ampleur
et larapidité
d’une nouvelleorientation sont conditionnées par
l’importance
de la variabilitégénétique
résiduelle.En
pratique, l’objectif
des sélectionneurs doit donctoujours
consister à obtenirqu’un progrès zootechnique
donnés’accompagne
d’une baisse minimum de la variabilitégénétique.
Les loci dont on souhaiterait mesurer la variabilité
génétique
sont ceuxqui
condi-tionnent les « caractères de
production
o tels que lacroissance,
le rendement laitier.etc. Ces loci ne sont pas détectables individuellement. Le
problème qui
nous intéressen’a donc pas de solution
directe ;
onpeut,
par contre, donner une estimation indirecte de la variabilitégénétique
en se basant sur la variabilité de locidétectables, jouant
le rôle de « marqueurs n. Le marquage idéal serait réalisé par un locus
contigu
du locusintéressant et dont les allèles seraient en relation
biunivoque
avec ceux de ce dernier.Bien
entendu,
une situation de ce genre n’a pu êtredécrite,
ne serait-ce d’ailleurs que parcequ’il
estimpossible
d’isoler les effets individuels desgènes qui
conditionnent les caractères deproduction.
La variabilité
génétique
d’un locus de groupessanguins
comme le locus B nepeut
ainsi servirqu’à
estimer d’une manièrerelative,
donc parrapport
à celle d’une autrepopulation,
la variabilité d’un locusquelconque
dans lapopulation
considérée. Onpeut
apriori
comparer soit deuxpopulations distinctes,
soit la mêmepopulation
à desépoques
différentes. Bienentendu,
il faut dans tous les cas, être en droit d’admettre que la série de réactifsdisponibles permet
dedétecter,
dans lespopulations comparées,
une
part
sensiblementégale
de la variabilitégénétique
existant réellement.Cepen- dant,
unecomparaison
effectuée dans des conditions différentes(mise
en oeuvre deséries de réactifs non
identiques
dans les deuxpopulations comparées) peut garder
une
signification
dans le cas où lapopulation
trouvée laplus
variableest,
desurplus,
celle où l’on pense détecter la
part
laplus
faible de variabilité réelle.c) Rapports
entreQ/q/
.et
lecoefficient de consanguinité moyen de
laPopulation.
L’évolution
de la variabilitégénétique
du locus B dans une race traversée par desflux
géniques importants
a été discutée par Ros!xTSOrr( 195 6) qui
apostulé qu’en
l’absence de sélection favorisant les
hétérozygotes Eqâ
estsupérieur
au coefficienti
moyen de
consanguinité
de lapopulation.
Cette relation entre le coefficient moyen deconsanguinité
oc, calculée àpartir
des archives deLivres généalogiques,
et laquantité
Eqd,
souventappelée
dans les travaux delangue anglaise degree of homoxygosity
abien été vérifiée dans les
quelques
cas où elle a faitl’objet d’investigations (R OBERT -
sorr,
i 95 6 ; NuimANN-SÔRENSEN, i 95 8 ; BOUQUET, 19 66
a etb). Cependant,
nousallons montrer que les
rapports
entre oc etgÇqi
nepeuvent
pas être définis d’une manière aussisimple.
Pour
simplifier,
considérons d’abord le cas -envisagé
parRos!RTSOrr,
etqui
semble assez
général ―
d’unepopulation
bovine sensiblementpanmictique,
mais dontl’effectif
génétique
réel est réduit par suite de l’utilisation d’un nombre limité de mâles à un moment donné de son histoire. Laquantité Çqi représente
bien laprobabilité
pour que deux allèles du locus considéré choisis au hasard dans la
population
soientidentiques.
Parsuite,
pour celocus, Àlql
, est doncsupérieur
à laprobabilité P a
detirer au
hasard,
dans lapopulation,
deux allèlesidentiques par
descendance mendé- lienne soit :On voit que
P a
est un coefficient moyen deconsanguinité absolu, qui place
lagénération
dedépart
àl’origine
del’espèce
etqui
tientcompte
desmutations.
La va- leur de ce coefficient caractériseuniquement
le locusconsidéré.
Le
problème qui
se pose est d’établir lesrapports existant
entre ce coefficient deconsanguinité absolu P a (locus particulier)
et lecoefficient
moyen deconsangui-
nité a, calculé à
partir
desarchives
d’unLivre généalogique
enpartant
d’unegéné- ration prise
arbitrairement commegénération initiale,
etqui
ne tient pascompte
des mutations.Or,
on voitfacilement
que lesrapports
entre a etP a -
ou sa bornesupérieure
mesurableS<! ― peuvent
êtreinversés
en fonction del’éloignement
dansle
temps
de lagénération
dedépart
choisie(ex augmente
avec cetéloignement
et àla limite tend vers
z)
et de lacomplexité
du locus marqueurconsidéré (liée
à sa muta-bilité) .
-
Lorsque
ce est calculé sur une courtepériode,
il y a de fortes chances pourqu’il
soit inférieur à
glqi, et
ceci d’autantplus
que lelocus
marqueur considéré est moinscomplexe (Eiqi l
sera, pour le locus F parexemple,
biensupérieure
à la valeur obte-nue pour le locus
B).
-
Lorsque
ex est calculé sur unelongue période
et que l’on s’adresse à un locus marqueurcomplexe,
on peu avoir x >Eq l l .
<
En considérant en second lieu le cas
plus général
d’unepopulation où,
toutes choseségales
parailleurs,
sepratiquent
en outre desaccouplements consanguins systématiques,
a seraplus
élevé et deviendrasupérieur
àEq i z
enpartant
d’unegéné-
ration de
départ
moinséloignée
queprécédemment.
En
conclusion, si
lesquelques
travauxcités plus
haut ont établi queEqi (locus
B)
étaitsupérieure
à a, ce résultat est dû au fait que a est calculé sur unnombre
degénérations
relativement trèsfaible,
et ne résulte pas d’unerègle générale.
Par contre, les
rapports
entre!q2 (locus B)
et Pa(locus B)
nous semblentplus
intéressants à
retenir.
Dans les races étudiéesjusqu’ici,
le nombred’allèles
du locusB de
fréquence supérieure
à i p. 100dépasse
rarement 25(voir Bou Q UET, 19 66
a,page
101 )
etquelques
allèles - une dizaine environ danschaque
race - ont unefréquence supérieure
à 5 p. ioo. C’est essentiellement lafréquence
de ces allèlesqui
fixe en définitive la
valeur
deQlqfl.
i Or il semble que, souvent, onpuisse expliquer
en
grande partie
la hautefréquence
d’un allèle par sa diffusion àpartir
d’un repro- ducteurlargement
utilisé. Autrement dit!ql
i 1(locus B)
ne devrait pas être engéné-
ral très différent de
P a ,
cequi souligne
l’intérêt de cettequantité
comme indice devariabilité
génétique.
On doit d’ailleurs remarquer que
!qi2
i etP a
ne diffèrent pour un locusdonné,
quedans
la mesure oùcertains phénogroupes
de la race ont puapparaître
dans lepassé
àplu-
sieurs
reprises,
à lasuite
de mutationsindépendantes ;
enfait,
il estplus vraisemblable
que laplupart
desphénogroupes
nedescendent
que d’un seulévénement
mutationel.Dans cette
hypothèse 1! donnerait,
en tout état de cause, une bonne estimation deP a .
1
2
. lVléthode de mesure du
degré
deparenté
inter-racesIl est apparu très
tôt,
auxpionniers
de l’étude des groupessanguins
desbovins,
que la
fréquence
des facteursantigéniques (O W E N
etal., 1947 ) puis
des allèles(S TOR -
M
oNT et
al., 1951 ) pouvait
varier nettement d’une race à l’autre. De nombreuses études ont dès lors été consacrées à l’inventaire des allèles des diverses races, et notam- ment à celui des allèles du locus B. Ces études ont montré queplus
deux races pas-saient pour
apparentées, plus
ellespossédaient
d’allèles communs, cequi permet d’admettre
que ledegré
de ressemblancegénétique
de deuxpopulations exprime
vala-blement
leurdegré
deparenté. Quelques
auteurs ont donc effectué la démarcheinverse, consistant
à tenterd’apprécier
ledegré
deparenté
existant entre certainesraces à l’aide des inventaires
alléliques
du locus Bmais
ils se sont contentés dedis-
cuter les résultats des inventaires effectués dans les races
comparées (G ROS C LAUD E
etMILLOT, 1962 ; SCHINDI,ER, IC!63).
Récemment, BOUQUET ( 19 66 a)
a introduit diverses méthodespermettant
detester
statistiquement
la ressemblancegénétique
entrepopulations. Cependant,
onpeut
allerplus
loin encore, en mesurant cetteressemblance,
ce que nous avons tenté defaire,
en mettant en oeuvre, pour lapremière fois,
un indiceproposé
par GRos-CLAUD!
(IC!67).
a)
Test de la ressemblaneegénétique
depopulations.
Tous
les tests introduits parBOUQUET ( 19 66)
font intervenir la notion de corré-lation
de rang due àSrEA R NIAN ( 1904 ). Quatre
tests sontapplicables,
soit pour comparer deuxpopulations,
soit pour comparer simultanément un groupe de popu- lations.Comparaison de populations
deux à deux : tests de SPEARMANet de K!NDAI;L.Test de SrEaRMnrr
( 1904 ).
- On numérote les allèles dechaque population
dans l’ordre des fré- quences décroissantes. Les allèlesprésents
dans l’une seulement despopulations reçoivent,
dans l’autre, une numérotation arbitraire(on
admet que ces allèles existent dans cettepopulation,
mais avecune
fréquence plus
faible que celle de l’allèle leplus
rare réellementobservé). Lorsque plusieurs
allèles ont une même
fréquence,
on leur affecte à chacun le numérocorrespondant
à la moyenne arith-métique
des numéros de rangqu’ils
auraient eux, si leursfréquences
avaient étélégèrement
différentes.Le coefficient de corrélation de SnEnxMnrr s’écrit :
avec p = nombre total d’allèles différents dans l’ensemble des deux
populations.
D
2 = somme des carrés des différences de numérotation de
chaque
allèle.u = nombre d’allèles de même rang dans l’une des séries d’allèles de même
fréquence
et dansune des
populations.
Le
terme Z (u 3
- u) est un terme correctifqui
tient compte de toute les séries defréquences
de12
même rang
auxquelles
on a affecté un numéro de rang moyen.v = même
signification
pour l’autrepopulation.
On teste la
signification statistique
de R par le test de tclassique
selon :Lorsque
t n’est passignificatif,
on peut conclure que lespopulations comparées
diffèrent au locusconsidéré.
Coefficient de
corrélation de KENDALL(1948).Le coefficient de corrélation de KENDALLs’écrit :
Si est, pour un allèle donné, la différence entre le nombre d’allèles
possédant
un numéro de rangsupérieur
et le nombre d’allèlespossédant
un numéro de rang inférieur. Pour chacun des allèles faisantpartie
d’un groupe d’allèles de mêmefréquence,
onpratique également
une correction.On teste la
signification statistique
de T par :Comparaison
deplusieurs populations simultanément.
- Coefficient
de concordance de FRIEDMAN( 1937 ).
avec n = nombre de
populations comparées
k = nombre d’allèles se retrouvant dans toutes les
populations comparées
u = même
signification
que dans les testsprécédents.
On teste la
signification statistique
de W, avec k -- idegrés
delibertés,
par :où K est la somme des carrés des différences entre la somme des numéros de rang de
chaque
allèle etla moyenne de la somme totale des numéros de rang.
- -
xl
de KRUSKALet WALLIS( 195 2).
Ce
xé
permetégalement
de tester la ressemblance entre lespopulations
considérées, avec n ―i
degrés
de liberté :--
Dans ce test, contrairement aux
précédents,
le- numéros de rang sont donnés en regroupant tou-tes les
populations,
et sans accorder, bien entendu, de numéro aux allèles absents dans certaines S2populations. ! représente
alors la somme des carrés des numéros de rang d’une despopulations
divi-n
sées par le nombre
d’allèles
n de cettepopulation.
b)
Mesure de la ressemblancegénétique
entrepopulations.
Les tests
statistiques précédents
nepermettent,
par essence, qued’accepter
ou non, certaines conditions
ayant
étéposées, l’hypothèse
d’identitégénétique
despopulations comparées.
Enpratique,
ledegré
deparenté
de deuxpopulations
estune variable continue
qu’il
est souhaitable depouvoir exprimer
par un indice variable lui-même defaçon
continue - de o à i parexemple
- défini sur des baseslogiques
et de calcul facile.
Nous mettrons donc en oeuvre dans ce
travail,
et pour lapremière fois,
l’indice de ressemblancegénétique
de deuxpopulations (indice R),
défini par l’un de nous(G ROSCLAUD
U, 19 6 7 )
comme laprobabilité
de tirer au hasard deux allèlesidentiques,
l’un dans la
première population,
l’autre dans laseconde,
divisée par la moyennegéo- métrique
desprobabilités
de tirer au hasard deux allèlesidentiques
à l’intérieur de chacune de cespopulations.
Autrementdit,
sip
i
=probabilité
de tirer l’allèle i dans lapopulation
iP
l
=probabilité
de tirer le même allèle i dans lapopulation
2on a
!n pratique,
on estimera lesprobabilités pi par les fréquences alléliquesfi cal-
culées dans les
populations
à comparer.On
peut
remarquer que si N est le nombre d’allèles détectés au total dans les deuxpopulations,
le coefficient de corrélation entre les deux séries defréquences alléliques
s’écrit :
Quand
N estgrand, peut devenir négligeable
devant les autres termes : l’indice
R et le coefficient de corrélation prennent
alors la même valeur. On peut
rencontrer
cette situation
précisément
dans le cas du locus B.MATÉRIEL
ETTECHNIQUES
i.
Échantillonnage
dans les races Flamande et F. F. P. N.Les
prélèvements
de sang ont été effectués tout d’abord en raceFlamande,
au début de l’annéer 9 6 3
, puis
durant l’hiveriç6 3 -r 9 6 4 ,
dans une centained’élevages désignés
par le Livregénéalogique
et
qui comprenaient
lesprincipaux élevages
de la race. Ils portent sur 400couples mère-produit,
provenant pour 40p. 100de Flandremaritime,
et pour le reste, à parts sensiblementégales,
de l’Aves- nois, dudépartement
du Pas-de-Calais et dudépartement
de la Somme. L’échantillon est constituéuniquement
des mères, lesproduits
ne servantqu’à
faciliterl’interprétation
desgénotypes
maternels ; danschaque
étable, elles ont été choisies au hasard dans trois classesd’âge
différentes(plus de
ans, de 5à
ans inclus, et moins de 5 ans) à un taux sensiblementproportionnel
aux effectifs de ces classes.On peut donc considérer
qu’elles
forment un groupe trèsreprésentatif
de la race. Notons d’ailleursque les vaches issues de croisements avec les taureaux
d’importation étrangers, quoique
assez nom-breuses dans certaines étables, ont été exclues de
l’échantillonnage.
Les