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DOSSIER ENERGIE AGRICOLE, SÉPARER LE BON GRAIN DE L IVRAIE

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LaRevueDurable

Pour s’informer et s’engager sur l’écologie

NUMÉRO 29 • MAI - JUIN 2008 • bIMESTRIEL

La Revue Durable

DOSSIER Energie agricole, séparer le bon grain de l’ivraie

Le climat entre nos mains

Devenez Kyoto-compatible

MInIDOSSIER

Empreinte écologique : le débat se déplace sur les questions de fond

REncOnTRE GERHARD DE HAAN :

Pour changer la société, l‘école doit s‘ouvrir

au monde extérieur

Les carburants végétaux de deuxième génération, nouvelle voie de garage ?

comparaison de dix fi lières d‘énergie agricole

DOSSIER

ENERGIE AGRICOLE, SÉPARER LE BON GRAIN DE L’IVRAIE

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3

ÉDITORIAL

ÉDITORIAL par Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz

Un journalisme engagé

« Le véritable journalisme est toujours motivé, c’est-à-dire qu’il se fixe des objectifs et vise à instaurer une forme de changement. Le bon journalisme ne peut qu’être ainsi. Si vous lisez les textes des meilleurs journalistes, les œuvres de Mark Twain, Ernest Hemingway, Gabriel Garcia Marquez, vous constaterez vous-mêmes qu’ils ont pratiqué un journalisme engagé. Chacun d’eux se bat pour une cause.

Il raconte pour atteindre un but, pour obtenir un résultat. »1

Celui qui s’exprime ainsi, Ryszard Kapuscinski, a quitté la scène du monde qu’il chérissait tant en janvier 2007. Quarante ans durant, ce grand reporter a pratiqué un journalisme engagé. Voyageur intrépide, il se sentait investi d’une mission très précise : dire aux Européens ce qui se passe dans le tiers-monde, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, là où l’on pense très différemment d’eux et où les caméras des médias de masse ont moins l’heur de se pencher qu’auparavant.

A LaRevueDurable, nos outils journalistiques diffèrent radicalement de ceux de Kapuscinski : là où le célèbre écrivain polonais s’aventurait seul en bravant mille dangers pour pouvoir témoigner – il a assisté durant son exceptionnelle carrière de quarante ans à vingt-trois révolutions ! –, nous sommes installés à l’abri des turpitudes du monde, en pays libre, dans le centre-ville de Fribourg, où nous avons tout loisir de lire, réfléchir et discuter avant de rédiger nos articles et d’en tirer des enseignements pour l’action.

Il n’empêche ! Même si nous prenons beaucoup moins de risques et ne publions cette revue que depuis bientôt six ans, notre engagement est, nous l’espérons, tout aussi intense que celui de Kapuscinski. Nous aussi nous nous battons pour une cause, en l’occurrence la durabilité. Nous aussi cherchons à « raconter pour attein- dre un but » : celui de déchiffrer un monde complexe pour comprendre, données chiffrées et solides arguments à l’appui, comment mieux s’y prendre qu’actuelle- ment. Nous aussi « visons à instaurer une forme de changement » : face à l’urgence qu’il y a à changer de trajectoire, nous espérons être une source de motivation qui incite à agir.

C’est dans cet esprit que nous apportons dans le dossier de ce numéro sur l’énergie agricole un éclairage qui montre comment le monde peine à choisir la bonne voie sur ce chapitre (comme sur tant d’autres) (page 14), que nous prenons position sur la grande pertinence de l’empreinte écologique (page 60) et que nous nous alarmons de la fracture qui sépare, en France, les parlementaires de l’opinion publique sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) (page 7).

De même, interviewer Gerhard de Haan (page 9) n’est pas anodin. Nous pen- sons que le programme allemand d’éducation au développement durable que ce chercheur dirige depuis neuf ans est l’un des mieux conçus au monde pour favoriser le changement de mentalité nécessaire pour avoir une chance d’affronter correctement l’avenir.

Et bien sûr, avec l’initiative « Le climat entre nos mains » (page 66), que nous lancerons bientôt, nous passons nous-mêmes de la théorie à la pratique : puisque ni l’écriture ni la lecture ne suffisent à changer le monde, nous avons décidé d’agir au-delà de l’édition et de la publication de cette revue. Et nous formulons ce vœu : que vous ayez vous aussi l’ambition d’agir sur ce terrain.

1 Autoportrait d’un reporter, Feux croisés, Plon, 2008.

LaRevueDurable N°29

ÉDITORIAL

Une publication de CERIN Sàrl

Rue de Lausanne 23, 1700 Fribourg, Suisse Tél. : + 41 (0)26 321 37 11

Fax : + 41 (0)26 321 37 12 www.larevuedurable.com Directeur de la publication : Jacques Mirenowicz Rédacteurs responsables : Susana Jourdan et Jacques Mirenowicz Tél. : + 41 (0)26 321 37 10

Mise en page, iconographie et maquette de couverture : Jean-Christophe Froidevaux Eléments de couverture :

A.Danti/S.Suharjoto/dreamstime

Illustrations : Tom Tirabosco, Vanessa Vérillon Correction : Anne Perrenoud

Ont également participé à ce numéro : Dominique Hartmann et Nicolas Rousson Projet Le climat entre nos mains : Nathalie Tissières

Tél. : + 41 (0)26 321 37 11

Communication, marketing et publicité : Hélène Gaillard et Jan Rosset

Tél. : + 41 (0)26 321 37 11 Abonnements : Fabienne Mazenauer Tél. : + 41 (0)26 321 37 11 Tirage : 13 000 exemplaires

Maquette : Nicolas Peter et Marc Dubois Impression : Atar Roto Presse SA, rue des Sablières 13, 1214 Vernier Papier : 100 % recyclé, blanchi sans chlore Commission paritaire : 1009 N 08170 Avec le soutien de la Banque Franck, Galland & Cie SA et de l’association Les amis de LaRevueDurable

(4)

Que font exactement les banques avec notre épargne ? D’où provient le rendement de nos placements finan- ciers ? Les fonds de placement « du- rables » le sont-ils vraiment ? Quels sont les critères de sélection utilisés ?

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a pour objectif de porter les revendications des consommateurs de produits biologiques

auprès des pouvoirs publics pour le développement durable d’une agriculture écologique,

respectueuse de l’homme et de son environnement

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Fax : 01.55.93.21.91 – mail : contact@bioconsomacteurs.org

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SOMMAIRE

LaRevueDurable N°29 SOMMAIRE

9 Gerhard de Haan

Pour changer la société, l’école doit s’ouvrir au monde extérieur

37 Le méthane

d’origine agricole, cible à privilégier dans la lutte contre le chan- gement climatique

BENJAMIN DESSUS

44 Un village du nord

de l’Allemagne

se chauffe et s’éclaire au biogaz agricole

HANS RUPPERT, SWANTJE EIGNER-THIEL, WALTER GIRSCHNER, MARIANNE KARPENSTEIN- MACHAN, FOLKER ROLAND, VOLKER RUWISCH, BENEDIKT SAUER ET PETER SCHMUCK 3 ÉDITORIAL

6 bRèvES sur le changement climatique 7 cOup DE pROjEcTEuR

8 bRèvES sur la biodiversité 9 REncOnTRE

GERHARD DE HAAN : Pour changer la société,

l’école doit s’ouvrir au monde extérieur DOSSIER

ÉnERgIE AgRIcOLE,

SÉpARER LE bOn gRAIn DE L’IvRAIE 15 Éditorial et sommaire du dossier

16 Situation de l’énergie agricole dans le monde 19 Exploiter l’énergie de la ferme

nécessite beaucoup de discernement 20 Les agrocarburants

invitent… à ranger les voitures 22 Tableau comparatif

de dix filières d’énergie agricole 28 Les carburants végétaux de deuxième

génération, nouvelle voie de garage ? 30 Le potentiel des agrocarburants

dans l’Union européenne est très limité 33 Le biogaz agricole français cherche sa voie 37 Le méthane d’origine agricole,

cible à privilégier dans la lutte contre le changement climatique 41 En Suisse, le décollage du biogaz

est imminent

44 Un village du nord de l’Allemagne se chauffe et s’éclaire au biogaz agricole 49 Améliorer le sort des paysans pauvres

en Amazonie grâce au diesel végétal 50 Au sud du Mali, des villages pourraient

bientôt s’éclairer grâce au jatropha 53 Guide : pour un tribunal des flagrants délires

écologiques mondiaux 58 cORRESpOnDAncE 59 AgEnDA

60 MInIDOSSIER

Empreinte écologique : le débat se déplace sur les questions de fond

LRD

60 Le monde virtuel de l’empreinte écologique FRÉDÉRIC PAUL PIGUET,

ISABELLE BLANC, TOURANE CORBIÈRE- NICOLLIER ET SUREN ERKMAN 62 Trop de réalité

est insupportable au genre humain LRD

65 bRèvES sur la consommation 66 InITIATIvE

Le climat entre nos mains Devenez Kyoto-compatible LRD

68 bRèvES sur la publicité

69 Donnez votre avis sur LaRevueDurable LRD

28 Les carburants

végétaux de

deuxième génération, nouvelle voie

de garage ?

LRD

60 Empreinte écologique :

le débat se déplace sur les questions de fond

LRD, FRÉDÉRIC PAUL PIGUET, ISABELLE BLANC,

TOURANE CORBIÈRE-NICOLLIER

ET SUREN ERKMAN

66 Le climat

entre nos mains

Devenez

Kyoto - compatible

LRD

22 Tableau

comparatif de dix filières d’énergie agricole

LRD

53 Guide : pour un tribunal

des flagrants délires écologiques mondiaux

LRD

Bioenergiedorf JühndeRay Witlin / World Bank

(6)

6

Gaspillage en Moselle

On pouvait croire ces excentricités réservées aux Emirats arabes. Voilà qu’elles débarquent en pleine Moselle. A Amnéville-les-Thermes, la plus longue piste de ski sous verre d’Europe permet la pratique du ski tout au long de l’année au prix de dépenses éléphantesques en énergie et en eau, dans un lieu touristique où la neige se fait rare. France Nature Environnement crie au scandale écologique. Le gas- pillage d’énergie et d’eau pour maintenir toute l’an- née un tapis neigeux de 60 centimètres d’épaisseur sur 500 mètres de long et 35 mètres de large à une température de – 2° à – 3° C est faramineux.

www.fne.asso.fr

Terrasses chauffées

Greenpeace Suisse dénonce un autre gaspillage : le chauffage des terrasses de restaurants et de cafés l’hiver.

L’organisation demande à la Confédération et aux can- tons de mettre fin à cette pratique absurde et d’inter- dire les parasols chauffants, nuisibles pour le climat.

www.greenpeace.ch

Taxis hybrides

Depuis la fin février 2008, la Ville de Paris a mis en place, avec l’appui de la Région Ile-de-France, une subvention de 3000 Ð pour l’achat de véhicules hybrides qui émettent moins de 120 g de CO2 par kilomètres. Cette mesure concerne les 15 600 véhi- cules circulant dans Paris et en petite couronne, soit 200 000 courses effectuées chaque jour. Par cette aide, la municipalité parisienne compte bien pousser les chauffeurs et les sociétés de taxis à choisir des véhi- cules moins polluants.

www.paris.fr – Fiat, Citroën et Renault – sont en voie de respecter

les objectifs de réduction des émissions des voitures pour 2008. Si les bons se mettent prendre exemple sur les mauvais…

www.agirpourlenvironnement.org

Bateaux et CO2

Un rapport des Nations unies auquel le quotidien britannique The Guardian a eu accès révèle que la flotte marchande mondiale est responsable de 4,5 % des émissions mondiales de CO2. C’est le triple de ce qu’on pensait et le double des émissions dues au transport aérien. Il sera maintenant difficile à cette industrie de prétendre continuer à échapper au pro- tocole de Kyoto et aux objectifs de la politique euro- péenne sur le climat. A la décharge de la navigation, 80 % du commerce international circule par voie maritime.

Remise de l’initiative en faveur du climat

Le 29 février 2008, sur fond de costumes folklori- ques et au son des cors des Alpes, des chameaux ont défilé sur la place Fédérale de Berne… pour mettre en scène l’avenir de la montée à l’alpage. Sur le dos de ces animaux du désert, les cartons contenant les plus de 150 000 signatures pour l’« Initiative popu- laire fédérale pour un climat sain » déposées à la Chancellerie fédérale fin février. Toutes ces signa- tures ont été recueillies dans le temps record de sept mois. Ce qui montre le soutien populaire aux objectifs des initiants : réduire de 30 % au minimum les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire helvétique avant 2020 par rapport à leur niveau de 1990. Une votation populaire pourrait intervenir entre 2009 et 2011.

www.oui-initiativeclimat.ch/

bRèvES LaRevueDurable N°29

Rapport sur le développement

Le Rapport mondial sur le développement humain 2007/2008 brosse un tableau apocalyptique de la menace du réchauffement de la planète. Des mil- liards de personnes risquent de perdre leurs moyens de subsistance et pourraient souffrir de malnutrition et de manque d’eau. Ce document met l’accent sur les 2,6 milliards de personnes qui survivent avec moins de 2 dollars par jour et avertit : les forces déchaînées par le réchauffement de la planète pourraient ralen- tir, puis inverser les progrès accomplis depuis des générations.

Ses auteurs demandent aux pays développés de réduire drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre et de placer l’adaptation au changement climatique au cœur des partenariats internationaux pour réduire la pauvreté.

La lutte contre les changements climatiques : la soli- darité humaine dans un monde divisé, Pnud, 2007.

http://hdr.undp.org/en/

Les Français et le changement climatique

La huitième édition du sondage de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) sur la perception que les Français ont du changement climatique révèle une montée de la prise de conscience de sa gravité. Un tiers d’entre eux consi- dère désormais le réchauffement climatique comme une priorité. Plus intéressant : les trois quarts pensent qu’il faudra modifier de façon importante les modes de vie pour freiner l’effet de serre tandis que 12 % seulement estiment que le progrès technique est la solution. Pourtant, pas plus de 20 % des personnes interrogées sont favorables à l’augmentation du prix des carburants.

www.ademe.fr

CO2léos

Renault a présenté son premier 4x4, le Koléos, au Salon automobile de Genève, en mars. Les associa- tions Agir pour l’environnement, le Réseau Action climat et France Nature Environnement lui ont trouvé un meilleur sobriquet : « CO2léos ». Ses émis- sions fleurtent avec les 200 g de dioxyde de carbone (CO2)/100 km, soit un quart de plus que la moyenne des émissions de l’ensemble de la gamme de cette marque. La frustration des associations se comprend : sur vingt constructeurs automobiles, seuls trois

Brèves sur le changement climatique

(7)

7

LaRevueDurable N°29 cOup DE pROjEcTEuR

Le débat qui vient d’avoir lieu au Parlement français sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) prouve une fois de plus que les députés et les sénateurs sont dans leur majorité bien décidés à camper sur une vision passéiste du progrès. Plus dommageable encore : il révèle un mode obso- lète de délibération en vue de légiférer sur un sujet d’une telle importance.

Au final, il est très provocateur – et sans doute très grave – d’opter ainsi pour la rupture frontale avec l’opinion.

Les parlementaires français sont-ils élus pour faire des bras d’honneur à leurs électeurs ? Au vu de leur attitude favorable jusqu’à la ca- ricature aux OGM, on est enclin à le croire.

Tous les sondages mettent en évidence une claire majorité de Français opposée aux OGM pour plusieurs raisons aussi fortes que ration- nelles et légitimes. Faut-il, dès lors, plutôt voir les députés et les sénateurs comme les victimes d’une institution poussiéreuse, au fonctionne- ment inadapté à l’époque ?

On attend encore vainement des parlemen- taires qu’ils apportent, par la loi, des éléments de réponses crédibles aux questions brûlantes de l’époque : comment allons-nous réussir à cohabiter dans un espace et avec des ressources irrémédiablement limités ? Comment allons- nous produire les richesses dont nous avons besoin sans ruiner la biosphère ni renforcer des déséquilibres déjà criants entre les uns et les autres ? Comment allons-nous vivre, culti- ver la terre, habiter les villes, nous déplacer, consommer sans condamner les générations futures aux pires régressions ?

L’irruption des OGM sur la scène politique soulève depuis plus de dix ans l’une de ces questions très difficiles : comment allons-nous produire notre nourriture ? Et sur qui allons- nous compter pour assurer cette production ? Faut-il croire les marchands d’OGM bien pla- cés pour contrôler cet aspect si fondamental de la vie humaine ? Sommes-nous vraiment sûrs qu’il s’agit là d’une bonne idée ?

Lors des débats sur le projet de loi française, députés et sénateurs se sont mis en complet por- te-à-faux avec une opinion publique de plus en plus combative, de moins en moins prête à subir

des décisions mal éclairées, marquées du sceau d’une idéologie désormais rétrograde. Il est fini ce temps où l’on pouvait louer les vertus simples d’un couple économie de l’innovation-progrès technologique. Ce couple s’empêtre aujourd’hui trop souvent dans une toile d’intérêts privés contraires à l’idéal du bien commun.

Président de la Fondation pour une Terre hu- maine1, Jean-Louis Gueydon de Dives qualifie, dans un texte diffusé sur internet, de « scélérate » cette loi française en préparation. Et se prend à rêver, si elle devait être adoptée, « à l’organi- sation d’actions de résistance dans nos campa- gnes, menées par nos élus locaux déclarant par milliers leurs territoires libres d’OGM, et rejoi- gnant ainsi un vaste mouvement international qui, de Moscou à Salzbourg, et de l’Algarve à la Toscane regroupe déjà de très nombreuses zones et communes… Ce ne serait peut-être pas légal, mais comme ce serait légitime ! »

Dans La reine du monde, court essai paru dans la collection Café Voltaire, chez Flamma- rion, le journaliste et historien Jacques Julliard livre cette observation : « Il existe trois instan- ces d’expression de la volonté populaire : le suffrage, l’opinion, la rue. » Lorsque l’opinion est en décalage trop flagrant avec le suffrage, il reste la rue, en l’occurrence le champ.

Comment mieux prendre en compte cette opinion afin d’éviter que le décalage avec le suffrage ne devienne tel qu’il légitime l’illé- gal, qu’il s’agisse de fauchage volontaire ou de toute autre forme de désobéissance civile ? Comment prévenir ce glissement depuis un fonctionnement pacifié des institutions démo- cratiques vers le pugilat, la bataille rangée, la célèbre « chienlit » ? En faisant preuve d’ima-

gination, répond Jacques Julliard, pour réussir à insérer de nouvelles formes de délibération dans les rouages de la démocratie.

Où est l’imagination ?

Existe-t-il des modèles à suivre ? Des mé- thodes adaptées à un sujet aussi difficile que les OGM ? Réponse : oui, mille fois oui. Il y a bien sûr, comme en Suisse, le référendum ou la votation populaire, qui a conduit le pays à adopter un moratoire de cinq ans sur toute culture commerciale d’OGM (du 28 novem- bre 2005 au 27 novembre 2010). Il y a aussi les jurys citoyens, à l’instar de l’Espace citoyen d’interpellation démocratique (Ecid), qui a eu lieu au Mali, en janvier 2006, sur le thème du coton transgénique2.

LaRevueDurable a rendu compte en détail du contexte et des modalités de cet événement. Il est désormais possible – et vivement recomman - dé – de visionner le DVD qui vient de sortir3. On y découvre des participants, tous paysans, qui ont des idées très claires sur ce qui importe à leurs yeux : on le perçoit très bien à la lumière des questions qu’ils posent. Et il apparaît évi- dent, au fil des débats, que la seule conclusion possible pour eux est un refus catégorique des semences transgéniques.

Quarante ans après Mai 68, l’imagination fait plus cruellement défaut que jamais dans les couloirs du pouvoir. Pendant que le monde mute sous l’effet des technologies, les institu- tions démocratiques se figent et leurs repré- sentants se cabrent. C’est sûrement très grave et Jacques Julliard a raison de mettre en garde :

« L’histoire du XXe siècle nous apprend que rien n’est jamais acquis à l’homme, ni la paix, ni la liberté. Suffrage universel et opinion pu- blique sont en vérité deux modalités différen- tes d’une même réalité. Ce que le XIXe siècle a su faire pour le suffrage, il appartient au XXIe de le faire pour l’opinion. »

1 www.terrehumaine.org

2 LaRevueDurable. Lors d’un jury citoyen, les paysans maliens rejettent le coton génétiquement modifié, LaRevueDurable n° 22, octobre-novembre 2006, pp. 65-70.

3 Senekelaw Ka Kuma, Paroles de paysans. Film d’Idriss Diabaté, durée une heure, production Dja-Comm, Aapsi, Bede et IIED, 2008. Prix : 15 euros, à commander à l’association Bede : www.bede-asso.org

LRD

Il était une fois des OGM, une opinion publique,

un parlement… et des faucheurs volontaires

(8)

8

à impliquer les citoyens dans la protection de la bio- diversité en les invitant à accomplir quelques-uns de seize gestes possibles. Certains sont aussi simples qu’initiatiques. Par exemple celui-ci : « Je me promène au moins une fois par mois dans un parc. » D’autres sont plus ambitieux : « Je fais de mon jardin ou de mon balcon un gîte pour les plantes et petits animaux sauvages (coquelicots, papillons, hérissons). »

www.parcs93.info/especesdurbains

La fratrie d’ursidés maudite

JJ3 n’est plus. Le soir du 14 avril 2008, les gardes- faune grisons ont abattu cet ours devenu dangereux pour l’homme parce qu’il cherchait sa nourriture en zone habitée. Le Plan ours suisse prévoit d’abattre un ours qui ne craint plus l’homme, qui a pénétré à plusieurs reprises dans des zones d’habitation et qui ne réagit pas aux actions d’effarouchement répétées.

JJ3 avait pour frère Bruno, tombé en Bavière pour les mêmes raisons. Un troisième membre de la fratrie, Lumpaz, premier ours en liberté à avoir pénétré sur le sol helvétique depuis un siècle, a disparu depuis ses incursions qui remontent à 2005, selon toute vrai- semblance lui aussi abattu. Leur mère vit en Italie…

mise en captivité pour cause de comportement pro- blématique.

Le séjour en Suisse d’un autre ours, établi depuis 2007 dans la région de l’Engadine, du val Müstair et du Parc national des Grisons se déroule sans pro- blème. Discret et craintif, il se tient à carreau.

Les abeilles menacées

Si les ours reprennent un peu du poil de la bête dans les Alpes, ce n’est pas le cas de leurs grandes amies les abeilles. Fin février, la filière apicole fran- çaise a manifesté devant les Ministères de l’agriculture et de l’environnement pour exiger le retrait de l’auto- risation de mise sur le marché du Cruiser. Cet insec- ticide produit par Syngenta est utilisé en enrobage de semences de maïs. Il appartient au même groupe d’insecticides que le Gaucho et le Régent, interdits pour leurs méfaits sur les abeilles. La situation de ces insectes est très préoccupante. Le varroa, parasite qui

bRèvES LaRevueDurable N°29

Un distributeur bannit les pesticides…

Depuis le 1er janvier 2008, les 55 magasins de l’entre- prise Botanic ne vendent et n’utilisent plus un gramme d’engrais ou de pesticide chimique de synthèse. On mesure mieux cette décision lorsqu’on sait que les jar- diniers amateurs ont la main lourde avec les pesticides : ils appliquent 8 % des 75 000 tonnes de pesticides pul- vérisées chaque année sur l’Hexagone. Les Français arri- vent en tête des utilisateurs de pesticides en Europe. Ils paient cet excès de leur propre santé, car ils se protègent mal de ces toxiques.

Aujourd’hui, à la place des pesticides et engrais, les clients de Botanic trouvent un personnel prêt à leur donner des conseils pratiques sur le jardinage écolo- gique. Et une offre d’ateliers pédagogiques que chacun peut suivre pour devenir écojardinier.

www.botanic.com

… de même que les jardineries bretonnes

Déjà signée par des dizaines de jardineries autour de Rennes et de Brest, la charte « Jardiner au naturel, ça coule de source » s’étend pas à pas à toute la Bretagne.

Elle engage ces magasins à promouvoir auprès de leurs clients l’utilisation de solutions sans pesticides.

Les autorités de la Région Bretagne ont confié la mis- sion d’accompagner sa mise en œuvre à l’association La Maison de la consommation et de l’environne- ment (MCE). Les jardineries autour de Douarnenez, Quimper et Vitré viennent à leur tour de la signer.

www.jardineraunaturel.org www.mce-info.org

L’eau appréciera

Pour les autodidactes de l’écojardinage, la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman publie, en ligne et sur papier, Le guide du jardin naturel. Ces pistes pour se passer de la chimie au jardin feront du bien au lac. Pour rap- pel : un seul gramme de pesticide rend impropre à la consommation l’équivalent de quatre piscines olym- piques pendant un an.

www.cipel.org

Espèce de…

Seul territoire urbain de la petite couronne pari- sienne classé « Natura 2000 », la Seine-Saint-Denis lance l’opération « Espèces d’urbains » pour préserver la biodiversité sur son territoire. La démarche consiste

affecte le couvain de l’abeille, et la pénurie de pollen se sont ligués pour décimer les ruches cet hiver.

Les animaux témoignent

Dans sa campagne Climate Trackers, le WWF joue sur la fibre anthropomorphique pour présenter le réchauffement climatique au travers des yeux d’ani- maux symboles. Ours polaire, tigre du Bengale et 33 autres espèces témoignent de la galère que les humains et leurs gaz à effet de serre leur infligent. Ces animaux profitent du fort capital de sympathie dont ils bénéfi- cient dans le public pour l’encourager à modifier son comportement avant qu’il ne soit trop tard.

www.climatetrackers.net/

Biodiversité culturelle au plus mal

Plantes et animaux ne sont pas les seuls à être menacés de disparitions. A l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle décrétée par l’Unesco le 21 février, Survival International rappelle qu’en moyenne, une langue indigène s’éteint toutes les deux semaines. Sur les 6000 langues recensées dans le monde, 5000 sont indigènes et la plupart des lan- gues menacées d’extinction sont indigènes.

« A chaque fois qu’un peuple disparaît et que sa langue meurt, ce sont un mode de vie et une manière de voir le monde qui disparaissent à tout jamais », déclare Stephen Corry, directeur de Survival International. Et l’on peut ajouter : c’est tout un pan de la si précieuse biodiversité qui meurt à chaque fois en même temps. Les Nations unies ont proclamé 2008

« Année internationale des langues ».

www.survivalfrance.org

L’autoroute et le grand hamster

Le Gouvernement français a publié fin janvier une déclaration d’utilité publique du grand contourne- ment autoroutier ouest (GCO) de Strasbourg. Une majorité s’est pourtant exprimée contre ce projet lors de l’enquête publique et une étude indépendante met en évidence la possibilité de solutions alternati- ves. France Nature Environnement s’insurge contre ce GCO qui encouragera le trafic routier, détruira les meilleures terres agricoles de la région proche de Strasbourg et portera massivement atteinte à la bio- diversité. Le grand hamster et une myriade d’autres espèces animales pâtiront immanquablement de ces infrastructures. Grenelle, où es-tu ?

www.fne.asso.fr

Brèves sur la biodiversité

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* Gerhard de Haan dirige l’Institut de recherche pédagogique pour l’avenir à l’Université libre de Berlin et le programme allemand d’éducation pour un développement durable.

L’émergence d’une société durable exige la participa- tion et l’engagement de tous. Le programme natio- nal allemand d’éducation au développement dura- ble tire toutes les conséquences de ce constat : son premier objectif est de former des citoyens capables

« de modifi er et d’aménager l’avenir des sociétés dans lesquelles ils vivent grâce à une participation active com- patible avec le développement durable ».

Gerhard de Haan dirige ce programme, dont le constat de départ cingle comme une gifl e sur la joue du système éducatif en place : pour infl échir les modes de vie vers le durable, il ne suffi t pas de transmettre des connaissances sur la nécessité de transformer la société, il faut que l’en- seignement donne à chaque citoyen les compétences qui le rendent capable d’y parvenir. Ce que le système éduca- tif n’est pas habitué à faire.

Pour satisfaire à cette exigence, l’Allemagne a engagé en 1999 un programme de réforme scolaire, appelé BLK-21, dans 160 écoles pilotes du secondaire. Depuis 2004, le programme Transfer-21

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étend les leçons de BLK-21 à des milliers d’écoles. Cette expérience pionnière arrive à son terme fi n juillet 2008. Il est d’ores et déjà possible d’en extraire les premiers enseignements.

LaRevueDurable N°29 REncOnTRE

ces conditions, l’école pourrait-elle être le lieu d’une éduca- tion pour un développement durable ? N’y a-t-il pas là une belle contradiction ?

Gerhard de Haan : Je ne le pense pas. Notre expérience en Alle- magne révèle une réalité différente. Près de 10 % des écoles sont en train de mettre en œuvre le programme national d’éduca- tion pour un développement durable. Cela représente environ 2700 écoles, ce qui est énorme pour un programme de réforme.

Le nouveau curriculum de ces écoles inclut des enseignements spécifi ques sur la durabilité. Et elles savent qu’il vaut la peine de s’engager sur ce thème. Par exemple sur les économies d’énergie, avec le projet « 50/50 », lorsqu’une école économise de l’énergie, elle récupère la moitié de l’argent épargné. Libre à elle ensuite d’investir ce pécule dans un projet lié à l’écologie, par exemple.

Les écoles ont donc intérêt à avancer vers la durabilité.

LRD : 10 % des écoles qui adoptent votre réforme, c’est préci- sément l’un des objectifs du programme Transfer-21.

GdH : Absolument.

LRD : Voilà une bonne nouvelle. Pouvez-vous présenter à grands traits les principaux buts de Transfer-21 ?

GdH : Il comprend trois objectifs centraux. Le premier, je viens de le mentionner, concerne la gestion durable des établisse- ments scolaires. Le deuxième est l’acquisition par les élèves des compétences nécessaires pour être à même de transformer la société. Nous en avons identifi é sept : faire preuve de créativité et de fantaisie pour envisager et imaginer des avenirs possibles ; savoir résoudre les problèmes et innover de manière interdis- ciplinaire en tenant compte de connaissances complexes en constante évolution ; être solidaire avec les plus pauvres, les plus faibles, les opprimés, ceux qui souffrent ; être capable de planifi er et d’agir en prévoyant des conséquences secondaires et des effets inattendus d’une action ; savoir régler les confl its de manière démocratique, chercher le consensus, faire preuve d’empathie, comprendre les différences culturelles et accep- ter la diversité des points de vue ; apprendre à apprécier des styles de vie durables et devenir capable de les transmettre à d’autres ; porter un regard critique sur ses propres intérêts et motivations. Un abondant matériel sert de support à la trans- mission de ces compétences. Notre objectif est de le diffuser bien au-delà des 10 % d’écoles qui appliquent Transfer-21.

Les conditions sont favorables puisque la Commission des mi- nistres de l’Education des länder a adopté voilà quelques mois une recommandation sur le développement durable. Ainsi avons-nous le soutien des länder.

LRD : Quel est le troisième objectif de Transfer-21 ?

GdH : Il est de renforcer les relations de l’école avec le monde extérieur. Sur ce plan, les collaborations avec des partenaires ex-

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GERHARD DE HAAN * :

Pour changer la société, l’école doit s’ouvrir au monde extérieur

LaRevueDurable : La société actuelle n’est pas durable. Et le fonc- tionnement des établissements scolaires est le parfait refl et de cet état de fait. Par exemple, le mode de vie de nombreux enseignants, en matière de transport ou de consommation notamment, est en complet décalage avec l’impératif de durabilité. Comment, dans

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Lorsque la pédagogie mène à l’écologie

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et des lacunes subsistent sur ce point. Une autre diffi culté est liée aux modes d’enseignement. En Allemagne, l’enseignement a en- core en grande partie lieu sous forme de questions-réponses : l’enseignant pose une question et les élèves cherchent la réponse.

Notre programme, en revanche, privilégie l’« apprentissage civi- lisé », qui relie les processus d’apprentissage au quotidien et aux expériences des enfants, les rend pratiques et applicables. Nous y réussissons en partie, mais il reste beaucoup à faire.

LRD : Peut-on déjà dire que certaines composantes du pro- gramme ont mieux fonctionné que d’autres ?

GdH : Certainement ! Ce qui a bien fonctionné, c’est d’avoir atteint ce taux de 10 % d’écoles qui appliquent Transfer-21, c’est-à-dire autant que nous le souhaitions. Une leçon très im- portante est que la réussite est plus marquée lorsque les direc- teurs d’école sont motivés. L’effet peut même être étonnant, comme en Basse-Saxe, au nord-ouest de l’Allemagne : dans cet Etat, 20 % des écoles participent au programme. L’explication est la suivante : lors d’une inspection des écoles, l’établissement qui s’en est le mieux sorti travaillait avec nous dans le cadre de BLK-21. Du coup, beaucoup d’écoles ont voulu l’imiter. Dans d’autres länder, nous avons plus de peine. Mais ce taux moyen de participation était notre premier objectif.

LRD : Y a-t-il un lien entre la participation de cette école de Basse-Saxe à BLK-21 et le fait qu’elle soit arrivée en tête du classement du land ?

GdH : Il n’y a aucun doute possible sur le rapport de cause à effet. BLK-21 incluait un guide des compétences à transmettre, de la gestion durable de l’école, de son ouverture sur l’extérieur, de sa capacité à s’évaluer, etc. L’école victorieuse a strictement suivi ce guide. Ainsi a-t-elle pu montrer aux inspecteurs que tout ce qu’elle accomplissait se fondait sur une structure systé- matique et rigoureuse de travail. C’est cela qui a été déterminant et qui a fortement convaincu les inspecteurs : ils ont bien vu que quelque chose de substantiel avait changé dans cette école. C’est pour cela qu’elle a fait un tel tabac.

LRD : Plus précisément, que pouvez-vous dire de la transmis- sion des compétences aux élèves pour les rendre à même de transformer la société vers le durable ?

GdH : L’évaluation complète n’étant pas encore disponible, nous savons encore peu sur l’amélioration des compétences des enfants. J’espère toutefois que cela se passe bien. De BLK-21, nous savons que les élèves reçoivent beaucoup pendant les cours : ils sont motivés, s’engagent et remarquent qu’ils sont capables de mener des actions à leur terme. Cela est très positif.

Ce sont des succès importants.

LRD : Peut-on au moins discerner une hiérarchie dans le niveau de diffi culté à transmettre chacune de ces sept compétences ? trascolaires jouent un rôle décisif. Cela d’autant plus que l’Alle-

magne est passée d’un système scolaire avec des demi-journées de cours à une école qui tend toujours davantage à durer toute la journée. Dès lors, l’après-midi peut être organisée en col- laboration avec un partenaire extrascolaire qui travaille, par exemple, sur la solidarité Nord-Sud ou sur l’environnement.

Premier bilan

LRD : Etes-vous d’ores et déjà en mesure d’esquisser un bi- lan des accomplissements de Transfer-21 ?

GdH : L’évaluation de l’ensemble du programme a été confi ée à un organe externe, qui devra relever les compétences des élè- ves, les thèmes que les écoles abordent, le comportement des directeurs d’école et des enseignants, etc. Un recensement de ces données est en cours et se poursuivra après juillet 2008, une fois le programme achevé. Les résultats complets seront dispo- nibles dès 2009 ou en 2010. Ils seront intéressants, car c’est la première fois qu’un tel programme a lieu en Allemagne.

LRD : Mais que pouvez-vous dire en première approximation ? GdH : Qu’il n’est pas sûr que nous pourrons atteindre tous les objectifs poursuivis. La durabilité est quelque chose de compli- qué, de diffi cile à faire comprendre. En milieu scolaire, il n’est pas simple de traiter des effets à long terme sur l’environnement et de les relier à son style de vie. Nous n’y parvenons pas toujours

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Diplômé dans les disciplines de l’éducation, la psychologie et la sociologie, Gerhard de Haan préfère… l’écologie.

Sa carrière commence dans les années 1970 à l’Université libre de Berlin, où il fait ses études. Comme assistant, ses principaux champs de recherche concernent la didactique et la pédagogie scolaire. Puis il se tourne vers les sciences de l’éducation. En 1990, il devient professeur d’éducation et d’écologie à l’Ecole de pédagogie Neubrandenburg, en Allemagne.

Il est nommé professeur d’éducation à l’Université libre de Berlin dès l’année suivante, et y devient responsable du groupe de travail « Ecologie et pédagogie » en 1992. Aujourd’hui, il dirige l’Institut de recherche pédagogique pour l’avenir1. A partir de 1999, il assume des fonctions au plus haut niveau : directeur du programme allemand d’éducation au développe- ment durable depuis 1999 (BLK-21 puis Transfer 21), il pré- side le Comité national allemand pour la décennie de l’Unesco depuis 2005.

LRD

1 www.institutfutur.de

Lorsque la pédagogie mène à l’écologie

Diplômé dans les disciplines de l’éducation, la psychologie et la sociologie, Gerhard de Haan préfère… l’écologie.

Sa carrière commence dans les années 1970 à l’Université libre

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GdH : L’évaluation devra le confi r- mer, mais il apparaît que les écoles et les enseignants traitent en effet plus certaines compétences que d’autres. En particulier, la compétence solidarité fonction- ne très bien, la motivation est très grande grâce aux contacts dans les pays en développement. Les élèves parviennent aussi plutôt bien à relier leur style de vie à leur consommation. Une autre source d’expériences positives, ce sont les actions collecti- ves dans les communes : il y a de très nombreux exemples. Les enseignants éprouvent en revanche des diffi cultés à travailler avec des scenarii sur des perspectives d’avenir. Ils

ne sont pas du tout habitués à cela. De même, il leur est diffi cile de transmettre des approches très complexes telles que l’approche syndrome, dont le but est d’identifi er des pathologies de la Terre.

5000 entreprises durables

LRD : Transfer-21 arrive à son terme fi n juillet 2008. Quelle est la suite prévue ?

GdH : C’est toute la question qui se pose maintenant. La si- tuation est favorable, puisque, dans le cadre de la Décennie de l’éducation pour le développement durable2 que chapeaute l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) depuis 2005, la formation au dévelop- pement durable en Allemagne est prévue jusqu’en 2014. Les

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opportunité Une pour les élèves

les moins favorisés

Trois principes fondamentaux

De 1999 à 2004, le programme BLK-21 s’est concentré sur le niveau secondaire. Transfer-21 ajoute le niveau primaire et les écoles à journées entières, qui commencent à 8h et se terminent dans l’après-midi. Ces deux programmes repo- sent sur trois principes de base : le savoir interdisciplinaire, l’apprentissage participatif et les structures innovantes.

Le savoir interdisciplinaire introduit dans les cursus des contenus et des formes de travail qui transmettent un savoir interdisciplinaire et les compétences d’action qui y sont liées. L’apprentissage participatif se réfère à la participation de tous les groupes sociaux, y compris les élèves, au proces- sus de développement durable, ce qui est l’une des exigences centrales des Agendas 21.

Les structures innovantes partent de l’idée que l’ensemble de l’école est un facteur de formation. Ce troisième principe concerne la gestion de l’école et ses rapports avec la société, ce qui inclut les écoles durables, les audits de durabilité dans les écoles, les entreprises scolaires et les économies durables, les nouvelles formes de coopération avec la société.

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GdH :

mer, mais il apparaît que les écoles et les enseignants traitent en effet plus certaines compétences

länder sont très engagés et, grâce à Transfer-21, beaucoup dis- posent de centres de compétences en développement durable, qui subsisteront une fois le programme terminé. A mon avis, l’étape suivante devrait être de lancer une initiative centrale avec les länder autour des entreprises durables gérées par les élèves.

LRD : Vous n’avez pas encore parlé de ces entreprises. De quoi s’agit-il ?

GdH : C’est un des résultats les plus surprenants de Transfer-21.

Nous n’étions pas trop sûrs de cette idée au début, mais ces entreprises d’élèves génèrent un très fort intérêt.

Rien qu’en Basse-Saxe, il y en a plus de 400. Or, elles constituent une grande opportunité pour le tiers d’élèves les moins favorisés sur le plan de la formation, qu’en Allemagne nous appelons

« le précariat ». Elles amènent les enfants à s’im- pliquer dans une activité qui a du sens, les moti- vent à apprendre, augmentent leur intérêt pour l’école. Du coup, leurs notes s’améliorent. C’est pour cette raison que j’aimerais lancer une grande initiative au niveau fédéral pour dire ce que nous faisons et proposer la créa- tion de 5000 entreprises durables d’élèves, par exemple.

J’aimerais qu’on mette l’accent là-dessus.

LRD : Comment se distinguent ces entreprises ? Quel type d’activité développent-elles ?

GdH : Outre le fait qu’elles ont en général un vrai business plan, elles se distinguent avant tout par leur fi nalité en lien direct avec la durabilité : atelier pour vélos, entreprise de prêt de vélos, tourisme doux régional, petite restauration avec des produits bio, etc. Les activités possibles sont innombrables.

LRD : Que deviennent les profi ts dégagés ?

GdH : Ils sont peu élevés. La plupart de ces entreprises par- viennent juste à survivre. Celles qui génèrent le plus d’argent atteignent peut-être 20 000 euros par an. Ce qu’elles font de cet argent est cependant en effet très intéressant : elles l’investissent parfois dans l’école pour améliorer sa situation, par exemple en achetant du matériel. Mais le plus souvent, elles investissent cet argent dans un pays en développement. Elles se disent : on fait un don, on crée un partenariat, on construit quelque chose en- semble, par exemple des fours solaires.

LRD : Pour l’instant, rien n’est encore décidé quant à cette grande initiative pour promouvoir ces entreprises que vous voulez lancer ?

GdH : Nous n’avons réuni qu’une partie des fonds nécessaires. Les ministères fédéraux du travail et de l’environnement sont prêts à contribuer fi nancièrement. Mais pour vraiment faire ce que nous souhaitons, il nous manque encore des fonds : nous avons besoin

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REncOnTRE LaRevueDurable N°29

de 5 millions d’euros par an. C’est beaucoup d’argent, mais je tiens à ce projet…

LRD : Indépendamment de ces entreprises, comment la diffu- sion de l’éducation pour un développement durable se pour- suivra-t-elle en Allemagne s’il n’y a plus de programme ? GdH : En règle générale, les länder disposent, grâce à Trans- fer-21, d’un centre de compétence ou d’un responsable dans le cadre des formations continues des enseignants, de sorte que le thème ne disparaîtra pas. Nous travaillons aussi sur la constitution d’une agence au niveau fédéral pour la formation au développement durable, une Sàrl d’utilité publique. Une organisation reprendra ainsi tous les acquis de BLK-21 et de Transfer-21 et poursuivra le travail.

LRD : Cela se poursuivra donc sous une autre forme…

GdH : Exactement. Il n’y aura plus cette forme de subvention de l’Etat, il faudra faire les choses autrement.

LRD : Estimez-vous avoir reçu suffisamment de moyens pour mener à bien votre programme ? Vous a-t-il manqué quel- que chose ?

GdH : Evidemment, on peut toujours dire qu’on ne reçoit pas assez d’argent ! (rires) Mais je ne me plains pas. Transfer-21 a investi environ 10 millions d’euros sur quatre ans. C’est beau- coup. Avec de telles ressources, nous avons jusqu’à présent pu

nous débrouiller. Cela ne suffit cependant pas pour conseiller des milliers d’écoles de façon intensive. Pour s’occuper des 2700 éta- blissements scolaires qui participent au programme, vingt per- sonnes sont engagées : cela fait 135 écoles par personne, ce qui est beaucoup trop. Lorsqu’on conseille un nombre réduit d’écoles, on peut pratiquement toutes les connaître. Au-delà de 2000 éco- les, on en connaît à peine 10 %. Il faut donc persévérer et, selon mon expérience, souvent s’adapter.

Du côté des enseignants et des pédagogues

LRD : Quel accueil les enseignants et les directeurs d’école, qui sont autant les destinataires du programme que les élè- ves, ont-ils réservé à Transfer-21 ?

GdH : Les réactions sont très variées. Certaines écoles sont bien plus ouvertes aux réformes que d’autres. Les plus ouvertes participent souvent aux programmes Erasme ou Copernic, ont l’habitude de prendre des initiatives, etc. Il est plus facile de les intéresser à la durabilité. D’une part, c’est un grand thème ac- tuel et les directions des écoles sont conscientes de la nécessité de le traiter. D’autre part, ce thème conduit les élèves à mettre la main à la pâte, à développer une activité pratique, ce que de nombreuses écoles estiment très important. C’est aussi le cas des enseignants socialement ouverts. Le problème est que nous touchons justement ces enseignants-là, ceux qui sont ouverts à l’innovation sociale, et il est beaucoup plus difficile d’intéresser les autres. Le souhaiterions-nous, nous aurions des difficultés à passer à 30 % d’écoles qui appliquent Transfer-21 au cours des trois prochaines années. Les enseignants motivés sont déjà montés à bord et nous ne saurions pas comment convaincre les autres de les rejoindre.

LRD : Comment les enseignants moins ouverts réagissent-ils ? Disent-ils ne pas être convaincus par la thématique ? Ne pas avoir le temps pour ça ?

GdH : Là encore, c’est très variable. Il y a un film de Reinhard Kahl, dans la série Archives du futur, intitulé « Les serres du futur », qui présente des écoles novatrices. Quand on le projette aux enseignants, leurs réactions sont toujours les mêmes : « Ça, on ne peut pas le faire », « C’est beaucoup trop compliqué »,

« Ce n’est pas adapté à notre école », etc. Ce qui change beau- coup les choses, c’est lorsqu’ils voient une école, qui se trouve dans la même situation que la leur, réussir à innover. Il faut donc procéder autrement : plutôt que de rechercher deux ou trois enseignants dans les écoles, il faut d’abord toucher leur direction. Si elle voit que c’est une bonne chose, la moitié du chemin est faite. Ensuite seulement on peut chercher un grou- pe d’enseignants qui soit d’accord d’aller de l’avant. C’est ce modèle qui a fonctionné en Basse-Saxe : de nombreuses écoles se laissent persuader non pas par le thème, mais parce qu’une bonne école s’occupe de développement durable.

12 Du primaire à l’enseignement supérieur

LRD : Les principes de Transfer-21 s’appliquent-ils à l’ensei- gnement supérieur, aux universités, aux écoles d’ingénieurs ou de commerce, etc. ?

GdH : Je le pense, oui, surtout les idées de base. On peut y adapter l’interdisciplinarité ou le traitement des scenarii d’avenir. Les hautes écoles sont encore fortement orientées sur les savoirs spécifiques aux disciplines, ou sur des constel- lations complexes de problèmes, que l’on peut comparer à la problématique du développement durable. On pourrait donc reprendre certains concepts d’apprentissage à ce niveau et, sans doute aussi, certaines grandes problématiques.

LRD : Travaillez-vous dans cette direction ?

GdH : Non. Nous nous sommes réparti les tâches. Je m’occupe des écoles primaire et secondaire et il existe un programme spécifique aux hautes écoles. Nous avons toutefois créé une banque de données et réalisé un guide de toutes les filières d’études de la durabilité et de toutes les institutions de recher- che sur ce thème en Allemagne. Il est sorti à l’automne 2007.

Un site internet permet de savoir où l’on peut étudier le déve- loppement durable en Allemagne.

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LRD : Concrètement, comment s’adresse-t-on aux enseignants ? GdH : Via différents canaux. Nous organisons de nombreu- ses formations continues, qui constituent un canal très direct.

Nous produisons du matériel, qu’on trouve partout, et des newsletters. Nous essayons aussi de mettre en place des cho- ses au niveau collectif, pour qu’on se dise : cette tâche étant commune, nous allons nous en occuper ensemble. Une autre initiative est un projet sur la « société du savoir vieillissante ».

La société du savoir est de plus en plus âgée : en 2050, il y aura en Allemagne davantage d’octogénaires que d’enfants et d’adolescents de moins de vingt ans. Dans ce double contexte, nous nous demandons ce que la société doit acquérir comme nouvelles compétences. Et nous essayons de mettre sur pied un projet européen avec plusieurs pays : Finlande, Hongrie, Autriche et Espagne.

LRD : Comment les spécialistes de l’éducation qui ne s’intéressent pas particulièrement au dé- veloppement durable perçoivent-il Transfer-21 ? GdH : Les priorités actuelles des pédagogues, en Allemagne, portent sur les matières classiques : allemand, mathématiques ou anglais.

LRD : Comme partout !

GdH : Effectivement : ce sont ces matières qui concentrent l’at- tention. Et tout autre thème, au premier rang desquels l’éduca- tion au développement durable, s’en trouve affecté. C’est ainsi qu’un programme d’éducation à la démocratie en a aussi pâti…

L’infl uence de la politique joue également un rôle : pour qu’un thème soit mis en évidence, il faut qu’une personnalité du mi- nistère insiste sur son importance. Autrement, les chances de le voir mis en avant sont faibles. Il faut être clair : la durabilité reste un domaine marginal. Du point de vue du volume, il peut faire peut-être deux heures par semaine, ce qui est peu.

Ecole et société

LRD : Les attentes de la société à l’égard du système éducatif sont très fortes. BLK-21 et Transfer-21 partent de l’idée que l’éducation peut beaucoup pour la durabilité. Pensez-vous que l’on attend trop des écoles en la matière ? Que l’école n’est pas en mesure de fournir certaines choses dans ce registre ? GdH : Notre espoir et l’un de nos objectifs étaient que les en- fants et les jeunes sachent que l’on peut s’engager en faveur du développement durable. Mais c’est une évidence : l’école n’a pas le pouvoir de changer le monde. Si les choses ne bougent pas aussi au niveau économique, cela ne fonctionnera pas. Sur ce plan, l’école est impuissante. Dans toute cette histoire, elle n’est pas l’entité qui décide. Nous voulons amener les enfants à se dire, du moins à pouvoir se dire : « Ça, je suis d’accord, mais ça,

je n’en veux pas, je le laisse tomber et je consomme autrement. » Nous voulons qu’ils s’engagent activement comme citoyens.

Mais bien sûr, la pédagogie n’a pas d’infl uence sur les décisions des gros producteurs d’énergie, par exemple.

LRD : En Europe ou dans le monde, que préconiseriez-vous aux programmes nationaux d’éducation sur le développe- ment durable ?

GdH : Ce serait très bien s’ils se fondaient un peu plus sur le mo- dèle que nous développons en Allemagne depuis neuf années. Ce serait un gros avantage si on pouvait exporter un peu ce modèle vers d’autres pays. Et s’il fallait encore développer un thème cen- tral, il faudrait davantage mettre en avant l’apprentissage global, c’est-à-dire tout ce qui est lié à la coopération au développement.

Et faire un effort substantiel sur la représentation de l’avenir, la vision du futur. C’est extrêmement important et cela s’applique de manière générale au système de formation.

LRD : A part l’Allemagne, quels sont les pays en avance dans ce domaine ?

GdH : Le Japon – auquel on ne s’attendrait peut- être pas –, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud. En Europe, la Suède, les Pays-Bas et, en partie, le Royaume-Uni.

LRD : Ces pays travaillent-ils aussi sur les compétences ? GdH : Oui ! Nous échangeons un peu entre nous. Une confé- rence de l’Union européenne a récemment eu lieu à Berlin sur ce sujet.

LRD : En Suisse et en France, la Décennie de l’éducation pour le développement durable de l’Unesco, en cours depuis 2005, ne brille pas de mille feux. Vous présidez le Comité natio- nal allemand pour cette décennie. Pourquoi, en Allemagne, prend-on cette décennie au sérieux ?

GdH : Cela remonte aux années 1970, lorsque le gouvernement a pris une initiative qui a conduit à la création du Ministère de l’environnement. Curieusement, il existe un intérêt pour ce thème au niveau de la politique fédérale. Et puis, l’Unesco est en Allemagne une institution très renommée, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. Il y a une volonté très positive, parce que tous, en Allemagne, en attendent quelque chose. On n’a pas en tête que la durabilité correspond uniquement à la protection des ba- leines, on pense au potentiel d’innovation. Nombreux sont ceux qui ont compris cela. Les länder conservateurs ont très vite vu le potentiel de l’éolien, du solaire, etc., branches qui explosent.

1 www.transfer-21.de ; voir aussi de Haan G. L’Allemagne à la pointe de l’éducation pour un développement durable, LaRevueDurable n° 8, décembre 2003-janvier 2004, pp. 19-21.

2 www.dekade.org

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S’impliquer dans une

activité qui a du sens

je consomme autrement. »

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