FACULTÉ 1)E MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
AKIISTEE 1896-97 N" 77
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE
LA DIGITALINE
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement le 9 Avril 1897
pau
Louis-Charles-Joseph-Albert
DESTRIBATSNé àLit-et-Mixe (Landes), le 8 mars1871.
Examinateurs de laThèse
MM. ARNOZAN, professeur.... Président.
de NABIAS, professeur....
CASSAËT, agrégé JJuges.
AUCHÉ, agrégé
Le Candidat répondraaux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE Y. CADORET
17 rue montméjan 17
1897
FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
M. PITRES Doyen.
PROFESSEURS :
Professeurshonoraires.
MM. MICE.
'AZAM MM.
• f | PICOT.
Clinique interne... <
™ . (DEMONS., ..
Cliniqueexterne j LANELONGUE.
Pathologieinterne.... DUPUY.
Pathulogieetthérapeu¬
tiquegénérales YERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecineopératoire... MASSE.
Clinique d'accouchements MOUSSOUS.
Anatorniepathologique COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatornie générale et
histologie YIAULT.
MM.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecinelégale... .... MORACHÇ.
Physique BERGONIÉ.
Chimie t... BLAREZ.
Histoirenaturelle GUIELAUD.
Pharmacie FIGUIER.
Matière médicale deNABIAS.
Médecineexpérimentale...
Cliniqueophtalmologique..
Clinique des maladies chirurgicales
FERRE.
BADAL.
Clinique gynécologique.
PIECHAUD.
BOURSIER.
AGRÉGÉS EN EXERCICE :
section de médecine (Pathologie interneetMédecine légale).
MM. MESNARD.
CASSAET.
AUCHE.
MM. SABRAZES.
Le DANTEC.
section de chirurgie et accouchements
ithologieexterne
MM. VILLAR.
BINAUD.
BRAQUEHAYE
Accouchements MM. RIVIERE.
CHAMBRELENT.
Anatornie.
section des sciences anatomiques et physiologiques
j MM. PRINCETEAU. I Hhysiologie MM. PACHON.
' " "
t CANNIEU. Histoire naturelle BEILLE.
section des sciences physiques
M. BARTHE.
Physique MM. SIGALAS. 1 Pharmacie
Chimie etToxicologie.. DEN1GÈS. 1
COURS COMPLÉMENTAIRES :
Clinique interne des enfants MM. MOUSSOUS.
Clinique desmaladiescutanéesetsyphilitiques DUBREUILH.
Clinique desmaladies des voies urinaires POUSSON.
Maladies dularynx, desoreillesetdunez. MOURE.
Maladies mentales RÉGIS. ,
Pathologie externe DENUCÉ.
Accouchements RIVIÈRE.
Chimie DENIGÈS.
Le Secrétaire de la Faculté :LEMAIRE.
Pardélibérationdu5 août1879, la Facultéaarrêtéqueles opinionsémisesdans les Thèses qui ui sont présentées doivent être considérées comme propres à leursauteurs, et qu'elle n'entend
eurdonner ni approbation ni improbation.
A MON
PÈRE,
A MAMÈRE
>Y>. s
A MES SOEURS, A MES
REAUX-FRÈRES
A TOUTE MA FAMILLE
A MES AMIS
A mon Président de thèse
Monsieur le Docteur ARNOZAN
Professeur de Thérapeutique à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Médecin desHôpitaux, Officier de l'Instruction publique.
PRÉFACE
Ce n'est certes pas pour nous conformer à un usage tradi¬
tionnel que nous écrivons cette préface. En terminantnosétudes
médicales à la Faculté de Bordeaux, il nous semble plutôt rem¬
plir un devoir en remerciant tous nos maîtres. Nous n'oublie¬
rons en effetjamais leur affabilité et leurs savantes leçons.
Entre autres périodes de stage accomplies dans les hôpitaux,
celles passées dans les services de MM. Démons, Picot, Piéchaud compteront pour nous parmi les meilleures et les plus agréa¬
bles; que ces savants maîtres reçoivent ici l'assurance de notre profonde gratitude.
Nous devons trop de reconnaissance à MM. les professeurs agrégés Cannieu et Cassaëtpour les conseilsquilsnousontpro¬
digués et l'intérêt que toujours ils nous ont témoigné pour ne pas les en remercier publiquement.
M. le Dr Rondot a eu l'amabilité de nous communiquer quel¬
ques-unes des observations que nous consignons dans notre
thèse : nouslui en sommes profondément reconnaissant.
Nous ne savons comment remercier M. le professeur Arnozan
d'avoir accepté la présidence de notre thèse. Nous regrettons beaucoup que les circonstances actuelles ne nous aient pas per¬
mis d'écrire une œuvre plus digne de l'honneur que nous fait
notre cher maître. Nous ne saurons assez lui témoigner notre gratitude.
. , :
*
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE THÉRAPEUTIQUE
DE
LA DIGITALINE
INTRODUCTION
Ladigitale (digitalispurpurea), plante depuis longtemps uti¬
lisée en médecine etqui y rendjournellement de si grands ser¬
vices, a été l'objet de nombreux travaux. Nous n'avons pas
l'intention d'apporter une pierre de plus sur un chantier déjà
riche en matériaux de grande valeur, mais il nous a paruinté¬
ressant d'en utiliser quelques-uns, en essayant de mettre en lumière laquestion actuellement si diffuse des alcaloïdes extraits
de la digitale et qui, en raison de leur commune origine, ont
reçu, malgré leurs différences chimiques et leur inégale puis¬
sance d'action, le nom commun de Digitaline.
Tandis que nos devanciers et beaucoup de praticiens contem¬
porains se contentent des préparations usuelles : poudre, infu¬
sion de feuilles de digitale, teinture, extrait alcoolique, certains
médecins profitant du progrès des sciences chimiques se sont
servis avec succès et avantage des produits extraits de cette plantepar l'industrie. L'expérience ayant étéfavorable, les mar¬
ques de digitaline se sont multipliées, tant en France qu'à
l'étranger, et ainsi s'explique à la fois
l'embarras du clinicien
dansle choix des préparations de
digitale qu'il doit prescrire et,
d'autre part, le danger qui peut
résulter d'une
erreur oud'une
insuffisance de détails dans la prescription.
Ayant été frappé, dans le cours de nos
études médicales, de
l'efficacité de la digitaline et de sa supériorité dans certainscas
sur les autres préparations de la digitale, àla
fois
commetoni¬
que du cœur et surtout comme diurétique, nous nous sommes
décidé à entreprendre ce travail que nous aurions voulu
faire
plus complet maisque des circonstancesindépendantes de
notrevolonté nous ont obligé de restreindre.
Ayant pour but l'étude thérapeutique de la digitaline, nous diviserons notre travail en sixchapitres.
I. Différentes digitalines, leurs caractères chimiques différen¬
tiels et leur inégale importance au point de vue thérapeutique.
II. Doses et modes d'administration.
III. Actionphysiologique.
IV. Indications thérapeutiques. Accidents.
V. Observations.
VI. Conclusions.
Nous annexons à notre travail un index bibliographique que
nous nous sommes efforcé de faire complet, pour faciliter la
tâche à ceux qui voudrons reprendre cette question.
9
CHAPITRE PREMIER
ÉTUDE DES DIFFÉRENTES DIGITALINES
Avant d'aborder l'étude des digitalines,nous voudrions éluci¬
der unpoint de nomenclature ou de désignation qui occasionne
des confusions trèsregrettables.
Doit-on donner le nom de digitaline à tous les principes reti¬
rés de la digitalispurpurea ou lien, et c'est vers cette solution
que nous penchons, doit-on en limiter le nom à des produits
bien spécifiés, ayant des propriétés chimiques etphysiologiques
bien déterminées? Avant de parler du principe actif, disonsque la confusion entre tous ces produits chimiques est encore le fait
d'une différence de terminologie entre les produits livrés par l'industrie française et ceux provenant de l'industrie allemande.
Le corps que nous connaissons en France sous le nomde digitaline amorphe ou cristallisée est désigné en Allemagne
sous le nom de digitoxine, tandis que ce que nous appelons digitaléine est appelé par les Allemands digitaline. Encore une fois, c'estune nomenclature très regrettable, car ellepeut occa¬
sionner de graves confusions. Il existe,en effet, entre ces corps,
des différences profondes qui ont été signalées par plusieurs
auteurs, notammentpar MM. Lafon, Rardet, Adrian, Arnauld et Houdas, et que nous allons essayerde résumer.
Avec Scliemiedeberg, nous diviserons les principes extraits de
ladigitale en trois classes.
Digitonine.
Digitaléine.
Digitaline.
Digitoxine.
!Digitoxéine.
Paradigitogénine.Toxirésine.
1° Les digitalines solubles dans l'eau
2° Lesdigitalines insolubles dans l'eau
— 14 —
En laissant de côté la digitonéinc, la paradigitogéninc, la
toxirésine et les autres produits de décomposition de la digitale
dont les effets nous sont absolument inconnus, nous trouvons actuellement dans le commerce et désignés sous des nomsdiffé¬
rents deux genres de produits actifsretirés de la cligitalispur- purea. Ce sont :
l°La digitaline amorphe ou cristallisée,dénommée digitoxine
par les Allemands, produit soluble dans le chloroforme;
2° La digitaléine, dénommée digitaline par les Allemands et qui est insoluble dans le chloroforme.
Il importe donc de ne pas confondre la digitaline allemande
avec la digitaline française : ce sont là deux produits qui n'ont
de commun que le nom, qui sont très différents aupoint de vue
chimique et physiologique. Il y aurait intérêt à distraire de l'usage courant la digitaline allemande et la digitaléine fran¬
çaise et à n'employer que les seuls dérivés bien définis de la
digitale, c'est-à-dire la digitaline française et la digitoxine alle¬
mande.
Le Codex français reconnaît deux digitalines, toutes deux
chloroformiques et donnant une série de réactions que nous aurons à étudier : ce sont la digitaline amorphe et la digitaline
cristallisée.
A. Digitaline amorphe. —On trouve sous ce nom dans le com¬
merce deux produits différents : l'un, insoluble dans le chloro¬
forme, est la digitaline d'Homolle et Quévenne et surlequel
nous ne voulons pas insister; l'autre, soluble dans le chloro¬
forme, correspond à la digitaline amorphe du Codex et est plus
actif que le produit préparé par Homolle.
La digitaline amorphe du Codex se présente sous l'aspect
d'une poudre légèrement jaunâtre, douée d'une odeur aromati¬
que particulière et d'une amertume extrême. Elle aune réaction neutre au papier de tournesol. Elle est presque insoluble dans l'eau, insoluble dans l'éther, soluble dans l'alcool et surtout le chloroforme. Elle se ramollit à 90°, fond vers 100°, brunitvers 180° en se décomposant.Sion la brûle sur une lame de platine,
elle répand une odeur analogue àcelle de l'oliban etbrûle sans
résidu.
La digitaline amorphe étant
inaltérable à l'air et
nonhygro¬
métrique se conserve
très bien dans des flacons simplement
bouchés.
Elle peutêtre
additionnée frauduleusement de certaines subs¬
tances à couleur plus ou moins jaunâtre
(tanin, réglisse, lyco-
pode)dont
on pourradéceler la présence :
1° En traitant la digitaline suspecte par
le chloroforme qui
dissout complètement la
digitaline
:les matières ajoutées reste-
teront insolubles;
2° En calcinant la digitaline sur une
lame de platine
: norma¬lement on ne doitpas avoir de
résidus;
3° Enfinla solution aqueuse de
digitaline
nedoit
secolorer
ni en noir ni en violet lorsqu'on yfait
tomber
unegoutte de
perclilorure de fer.
Une telle coloration dénoterait la présence
du tanin.
Ce sont là des indications qui ont leur
importance et
nousavons cru intéressant de les signaler, car
elles pourraient, dans
certains cas, donner
l'interprétation d'une inefficacité thérapeu¬
tique qui
n'aurait d'autre
causequ'une falsification du produit
employé.
B. Digitaline cristallisée deNativelle. — La faveur
des prati¬
ciens se partage entre
l'infusion de poudre de feuilles de digi¬
tale etla digitaline
cristallisée de Nativelle qui suffisent à tous
les besoins de la pratique. Il
n'est
pasdouteux
queles effets de
cette dernière ne soient plus constants que ceux
de la poudre
de feuilles.D'autre part,comment
expliquer cette sorte de para¬
doxe de l'insolubilité dans l'eau de la digitaline
cristallisée et
de la puissance
indéniable de la macération et de l'infusion de
feuilles dans ce liquide?Il est
bien probable
que,dans la feuille
de digitale, le principe
actif n'est
pasà l'état cristallin, que ce
n'est pas à l'état
cristallin qu'il entre en conflit avec l'élément
organique sur
lequel il agit. La forme cristalline sous laquelle
le chimiste nous la présente nous assure
seulement une plus
grande quantité de ce
principe actif contenu sous un volume
donné. La digitaline de
Nativelle est comme un sel défini dans
lequel le principe
actif serait à titre de base ou d'acide et n'agi-
rait dans l'organisme qu'après s'être dédoublé, qu'après avoir
mis en liberté l'élément actifà l'étatplus ou moins naissant.
Ce fait que l'infusion de feuilles est active comme la digita¬
line, alors que le principe actif est insoluble dans l'eau, peut
encore s'expliquer. On peut, en effet, concevoir que dans la
feuille et dans la digitaline cristallisée existe le même principe actif, mais sous une forme ou une combinaison différentes expliquant la différence de leur solubilité.
On reconnaîtla digitaline cristallisée auxcaractèressuivants : 1° Avec l'acide chlorhydrique concentré : coloration jaune passant au vertémeraude;
2° Avec l'acide sulfurique : colorationvertequi, parla vapeur debrome, passe au rouge groseille et revient verte si on étend
d'un peu d'eau ;
3° Avec l'acide azotique : pas de coloration d'abord, puis
teinte jaune persistante. Si l'on évapore la solution à siccité et que l'on verse sur le résiduune goutted'ammoniaque, ce résidu prend une couleur jaune ;
■4° Avec l'eau régale : coloration jaune qui, peu à peu, passe
au vert obscur ;
5° Avec l'acide phosphorique : coloration verte au bout d'un certain temps ;
6° Avec un mélange à volumes égaux d'acides sulfurique et azotique : coloration rose terne quipasse bientôt au violet;
7° Avec le chloral anhydre, la digitaline se dissout rapide¬
ment en prenant une teinte vert jaune qui, lorsqu'on chauffe,
passe au violet puis au vert ainsi quel'ont montré Berthelot et
Jungfleisch ;
8° Enfin, avec le réactif de Lafon (mélange à parties égales
d'alcool et d'acide sulfurique auquel on ajoute une goutte de perchlorure de fer), on obtient une coloration bleu verdAtre
persistant pendant plusieurs heures.
Au point de vue médico-légal, son véritable réactif n'est pas tel ou tel produit chimique, c'est le cœur d'un animal, disent
Tardieu et Roussin dans leur rapport sur la fameuse affaire
Couty de la Pommerais. Mais c'est là un point bien intéressant
sans doute, mais trop spécialpour que nous yinsistions.
CHAPITRE II
DOSES ET MODES D ADMINISTRATION
%
Ladigitaline étantunproduittrès actif doitêtre donnéeà doses
très faibles, si l'on veut éviter les symptômes d'intoxication que
nous étudierons ultérieurement enquelques mots.
Les doses varieront suivant la digitaline qne l'on prescrira,
car si MM. Bardet etAdrian considèrent comme ayant une acti¬
vité égale la digitaline amorphe et la digitaline cristallisée, le
Codexqui, jusqu'à plusamples informations,fait loienla matière,
veut que la digitaline cristallisée soit 20 fois plus active que la digitaline amorphe. 11 y a là une contradiction qui peut être expliquée par ce fait que la digitaline du Codex est chlorofor- mique, tandis que celle étudiée par Bardet n'est autre que la digitaline amorphe d'IIomolle et Quevenne, laquelle n'est pas soluble dans le chloroforme. Il y a donc lieu de spécifier dans
l'ordonnance si l'on entend prescrire de ladigitalinecristallisée
de Nativelle, de la digitaline amorphe d'Homolle ou de celle chloroformique du Codex.
1° La digitaline amorphe d'IIomolle et Quevenne se donne à la dose de 1 à 5 milligrammes en granules ou en solution alcoolique.
2° La digitaline amorphechloroformique du Codex, beaucoup plus active, se prescrit à la dose de 1/2 milligramme à 1 milli¬
gramme 1/2. Onpeut la prendre en granules.
D'après Manquart, il serait préférable d'employer la solution
suivante :
Digitaline chloroformique 0gr.01.
Alcool à 90» 3gr.50.
XXgouttes contiennent 1 milligramme.
Destribats
I
3° Enfin la digitaline
cristallisée de Nativelle qui, de 1 avis de
beaucoupde
chimistes, et
enparticulier de Soulié, représenterait
le véritable élément actifdela
digitale, s'administre à la dose de
1/4 de milligramme
à 1 milligramme. On peut la donner par
la voie hypodermique
mais c'est là
unprocédé défectueux, ces
injections étant très
douloureuses. Il est vrai que c'est surtout
la digitaline
d'Homolle qui
aété administrée de cette façon. Il
vaut mieux la voie stomacale, ce que
l'on peut faire
sousdeux
formes :
1° Engranules de
1/4
:1
àdeux granules.
2° Il nous asemblé préférable
d'employer la solution de digi¬
taline cristallisée au 1/1000
employée
avecavantage
parPotain,
Huchard :
Chaque centimètre
cube renferme 1 milligramme et si l'on
compte par gouttes,
1 milligramme (dose maxima) correspond
à 50 gouttes.
La formule de Huchard est d'ailleurs inscrite au nouveau Codex.
Dans les quelques cas
qu'il
nous aété permis de traiter, il
nous a paru que
l'emploi de la digitaline cristallisée de Nativelle
était préalable aux autres marques
de digitaline,
parce que sonaction étaitplusactiveàla
fois
commetonique du
cœuret
comme diurétique. Pourcequi
estdu mode d'administration, la solution
au 1/1000 de Huchard a toutes nos
préférences
surles granules.
Etnous basons notre opinion sur les résultats que nousavons
obtenus en administrantl'une et l'autre, résultats que confir¬
ment ceux déjà obtenuspar Potain et
Huchard.
Ayant déterminé les doses et
indiqué les modes de donner la
digitaline, il nous reste à dire
quelques mots des soins dont
ondoit faire précéder
l'administration de
cemédicament.
La manière de procéder de Huchard nous semble
donner
Alcool Eau
Glycérine
Digitalinecristallisée .
10centimètres cubes.
10 —
5 —
0,025 milligrammes*
— 19 —
l'action la plus efficace. Avantd'administrer la digitaline, il faut
donner unpurgatif énergique, l'eau-de-vie allemande de préfé¬
rence, et instituer le régime lacté. Ce n'est qu'après quel'on fait prendre de 20 à 50 gouttesde la solution au 1/1000 de digitaline
cristallisée que nous préconisons. On ne donne la digitaline qu'un jour ou deux au maximum et oncesse son administration
afin de ne pas produire d'intoxication, la digitaline comme et plus que toutes les autres préparations de digitale s'accumulant
dans l'organisme très rapidement. D'ailleurs, le plus souvent,
sous l'influence de ce traitement, voit-on le cœur se régulariser,
les œdèmes disparaître et l'urine augmenter dans des propor¬
tions parfois véritablement surprenantes et cela, tant que dure
l'action de la digitaline, c'est-à-dire une huitaine de jours.
Il importe de suspendretoutmédicament qui pourraiten mas¬
quer les effets, notamment la morphine qui diminue la sécrétion urinaire, l'antipyrine, la belladone (antagonistes rénaux), la quinine (antagoniste cardiaque), la trinitrine (antagoniste mus¬
culaire), le tannin (antagoniste chimique).
Il nous faudrait peut-être, arrivé à ce point de notre travail,
donner les indications thérapeutiques de la digitaline. Il nous a semblé qu'une étude un peu approfondie de son action éclaire¬
rait et simplifieraitce chapitre que nous renvoyons un peuplus
loin.
CHAPITRE III
propriétés de la digitaline
Nous n'étudieronsiciquel'action
de
cetalcaloïde
surle
cœur,le rein, les autres propriétés étant
les mêmes
pourla digitale et
la digitaline. La
digitaline est
eneffet hémostatique, hyposthé-
nisante; elle esten effetemployée comme moyen
de déferves-
cence, comme anaphrodisiaque, comme
dépresseur de l'excita¬
bilité cérébro-médullaire (épilepsie,
alcoolisme chronique, etc.).
Nous allons doncdiviser l'étude thérapeutique de
la digita¬
line en deuxchapitres importants :
1° Action de la digitaline sur le cœur; 2° Action sur le rein.
A. Action surle cœur et lepouls. — Dans certaines
affections
cardiaques que noussignalerons, la digitaline agit simplement
sur les pulsations du cœur :
elle
enaugmente la force,
endimi¬
nue le nombre et enrégularise le rythme.
1° Ladigitalinerenforce
l'énergie des systoles ventriculaires.
— D'aprèsles
mémorables
travauxde François Franck et d'après
les nombreux tracés qu'il nous a laissés de cœurs
digitalinisés,
ladigitaline augmente
l'énergie ventriculaire et
cerenforcement
del'énergie se soutient très longtemps,
sauf dans le
casde doses
toxiques d'emblée.
Il
seproduit parallèlement dans les deux
ventricules, mais avecprédominance dans le
ventricule gauche,
ce qui résulte de l'excès
de résistance aortique
surla résistance
pulmonaire. L'examencomparatif des pressions artérielles dans
les diverses branches périphériques de l'arbre aortique
permet
de conclure qu'il y a action
vaso-constrictive de la digitaline
par— 21 —
son intervention active sur les éléments contractiles des vais¬
seaux.
2° La digitaline diminue le nombre despulsations cardiaques.
— Si on comptele nombre de pulsations d'un malade ayantpris
de ladigitaline, à dosethérapeutique, onvoitqueces pulsations,
en même temps qu'elles sont augmentées d'énergie, sont dimi¬
nuées dans leur nombre; cette manifestation parait être plus
tardive avec la digitaline qu'avec la digitale (13 à 18 heures après l'administration du médicament au lieu de 6à 12 heures).
Le ralentissement du pouls, de même qu'avec la digitale, se manifeste pendant quelques jours après l'absorption, de trois à dixjours. Ce phénomène coïncide avec l'augmentation de pres¬
sion dans le système artériel, d'après les lois de Marey : plus la
tensionaugmente, plus les pulsations cardiaques diminuentde fréquence.
3° Action sur le rythme du cœur. — La digitaline n'a pas d'action sur le rythme du cœur normal : peut-être augmente-t-
elle la durée des silences. Mais lorsque le cœur est irrégulier,
comme dansl'hyposystolie,surtout l'hyposystolie d'origine val- vulaire, le cœur qui étaittrès rapide et très irrégulier revient
presque autype normal. Dans les cas où le cœur bat irréguliè¬
rement, lorsqu'il existe par exemple une ou deux pulsations régulières suivies d'une salve de pulsations avec diminution du grand silence, comme dansl'embryocardie, la digitaline agit sur le cœur en augmentant le grand silence et en le rapprochant
ainsi du rythme normal. Mais, comme il arrive avec l'infusion
ou la teinture de digitale, avant d'obtenir ce type normal, ou du moinsrégulier, on observe le rythme dit bigéminé dont on a voulu faire une caractéristique de l'action de la digitalesurle
cœur. Lorsqu'on observe pendant longtemps une maladie car¬
diaque, onvoit celte série de deux pulsations, dont la deuxième plus courte, survenir à différents moments, sans qu'on puisse
l'attribuer à l'effet d'un médicament. Elle disparaît d'ordinaire
assezrapidement, apparaîtde même avec ou sansassociation de médicament où entre de la digitaline.
Il est un fait qui a attiré notreattentionà propos d'unmalade
22
du service de M. le Dr Lande et qui nous a paru
intéressant à
signaler. Ce
malade,
unartério-scléreux, avait de l'arythmie
cardiaque, et se
rendait parfaitement compte de cet état de
choses. Il sentaitnous disait-il,comme
des
coupsde marteau, et
ilnous montrait sa région
précordiale. Sous l'influence de la
digitaline, ces
palpitations disparurent et le malade ne nous en
parlaplus.
C'est là
ungrand avantage qui amène un grand
calme dans l'esprit du
malade qui, sentant fortement battre son
cœur, est toujours
désagréablement impressionné.
Il nous reste à nous demander pourquoi la
digitaline agit
ainsi, comment s'exerce cette
action? Est-ce directement sur le
myocarde oubiensur
les terminaisons des nerfs dans le cœur?
Ici encore, nous ne ferons que suivre
les expériences de
Fr. Franck et ce sont elles quenous allons résumer.
Le 18juillet 1890,
Fr. Franck soumit le ventricule du cœur
d'unegrenouille à une
circulation artificielle de
sangdéfibriné
alternativement normal et digitalinisé. Voici ses
conclusions
:« Au bout de vingt minutes de contact
du
sangdigitalinisé
aveclemyocarde, on ne
compte plus
que2 systoles
en18
ou20 se¬
condes au lieu de 24 systoles qui se
produisaient normalement
dans le môme temps. Mais, tout
ralenti qu'il soit, le ventricule
est encore plus énergique
qu'avant la digitaline. L'ordonnée
systolique est
ici de 18 à 19 millimètres
aulieu de 16 et corres¬
pond à une
poussée manométrique de 5 1/2 et 6 millimètres au-
dessus des maximanormaux. De même,le débit de chaque sys¬
tole est beaucoup plus abondant que
normalement, mais la
somme des débits est moindre en un même temps, enraison du grand ralentissement ».
En présencedes résultats qui
précèdent (augmentation d'éner¬
gie,débit exagéré,
travail renforcé) qui
sontfournis
par un ven¬tricule isolé ne subissant aucune variation d'apport sanguin et n'ayant à surmonter qu'une résistance constante, on est
bien
forcé de reconnaître que la digitaline s'adresse directement au tissu neuro-myocardique; elle ne sollicite pas seulement son activité en lui imposantun effort plusgrand que le spasme vas- culaire aortique, mais elle agit simultanément sur le cœur
et
les vaisseaux.
!
— 23 —
Et cette actionsur le cœur estcomparable à celle queproduit
l'excitation modérée du nerf vague, mais elle en diffère en ce
qu'il y a augmentation d'énergie ducœur,
tandis qu'il
y aatonie cardiaque dans l'excitation du pneumogastrique.La digitaline doit agir à la fois sur les centres modérateurs
et accélérateurs, car l'excitation simultanée des nerfs modéra¬
teurs ettoni-cardiaques provoque le ralentissementavec renfor¬
cement d'énergie comme la digitale.
C'estpeut-être à cette action sur les ramifications nerveuses
dans le myocarde, qu'il faut attribuer cette sédation dans les palpitations douloureuses du cœur qui existent
dans certaines
affections cardiaques et dont nous avons signalé la disparition,
àla suite de l'absorption d'une médication contenant de ladigi¬
taline.
B. Action sur le rein. — La digitaline agitnon seulement sur le cœur, mais elle agit aussi sur la sécrétion urinaire. D'après
lesrecherches deLaborde surl'homme et les animaux,employée
à hautesdoses, la digitaline, si elle relève la pression sanguine, n'augmente pas la diurèse. Lorsqu'on veut provoquer celle-ci,
il faut de petites doses.Cette actiondiurétique de la digitalinea été surtout bien mise en lumière par Huchard, et les nombreu¬
ses observations qu'il a recueillies sont là pour en faire foi.
Comment agit la digitalinesur lerein ? Ici la question devient plus épineuse. Puisque la digitaline, d'après les assertions de
Gubler et Laborde, n'agit pas surla diurèse si elleestemployée
àhautes doses, il est probable que l'action de cet alcaloïde sur le rein n'est qu'une action indirecte, mais que la glande elle-
même n'est pas touchée. Maisla digitaline, comme nous l'avons
dit pour le cœur, augmente l'énergie de la systole vcntriculaire;
par conséquent elle augmente la force de la tension artérielle,
et le sang qui avait de la tendance à stagner, pour ainsi dire,
dans les capillaires, circule plus rapidement : par là disparait
cette congestion passive du rein dans les affections cardiaques.
Nous savons de plus que l'action tonique de la digitaline ne s'exerce pas seulement sur le cœur, mais sur les éléments con-
— 24 —
tractiles cles vaisseaux, sur les fibres musculaires de ceux-ci.
Or nous savonsqued'autre partles
vaisseaux rénaux sont riches
ences fibres musculaires. 11 n'est donc pas étonnant que cette
actionvaso-constrictive de la digitaline quis'exerce sur tous les
vaisseaux se fasse également sentirau niveau du
rein,
en aug¬mentant l'activité de cet organe, c'est-à-dire ladiurèse.
Nous voyonsbien également, sous
l'influence de la digitaline,
régresserlesœdèmes,les
épanchements dans les séreuses. Pour¬
quoi n'y aurait-il pas en même temps
action
surles lymphati¬
ques, bien qu'aucune
expérience
nevienne confirmer cette
hypothèse ?Maintenant pourquoi la digitaline à
hautes doses n'amène-t-
elle pas la diurèse ? C'est peut-être par
inertie de
cesmêmes
fibres musculaires dont nous parlions tout à l'heure; la digita¬
line amenant une véritable dépression de leurs éléments ner¬
veux, il yaurait analogie avec
l'action du
curare.C'est là
unfait
qui mériteraitdémonstration.
Pour que l'action de la
digitaline soit aussi efficace, il faut,
bien entendu, queles reins soient en état
de
permettre la sécré¬tion urinaire. S'ils sont atteintsdenéphrite parencliymateuseou de dégénérescence amyloïde,
l'action
serafortement diminuée,
sinon complètement abolie.
CHAPITRE IV
INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES. ACCIDENTS.
L'augmentation cl'énergie du cœur digitalinisé se traduit par
unesérie de modifications dans le fonctionnementventriculaire,
dit F. Frank, mais l'action cardio-tonique apparaît plus claire¬
mentencore quand la digitaline s'adresse à un cœur dont l'acti¬
vité estdéprimée, dont les ventriculessontdans un étatatonique
relatif. Sicette diminution de l'action cardiaqueest continue, la digitalinerelève le niveau général de la tonicité du cœur et par suite régularise la circulation artériellegénérale etpulmonaire;
nous en avons des exemples dans certaines formes d'atonie ven¬
triculaire. Si cette atonie ne porte que sur une systole ou une série de systoles, les autres ayant conservé leur énergie nor¬
male comme dans certaines formes d'arythmie, l'action renfor¬
çante de la digitaline apparaît surtout par le réveil de l'activité cardiaque amoindrie et nivelle l'énergie des systoles ; de là
l'effet régularisant sur le poulsdont les battements reprennent plus ou moins complètement leur égalité d'amplitude, les pul¬
sations déficientes reparaissant si elles manquaient complète¬
ment ou s'amplifiant et regagnant ce qui leur manquait d'am¬
plitude, si elles étaient seulement plus ou moins avortées.
Cet effetrégularisant nepeut évidemment être obtenu que si
lemyocarde s'y prête encore. Dans les lésions valvulaires avec
myocardite chronique et arythmie, dans les altérations scléreu-
ses du myocardeavecpulsations irrégulièresetde forceinégale,
dans les altérations oblitérantes des coronaires avec systoles
redoublées et avortées, il ne faut pas s'attendreàobtenir d'effet
bien notable au point de vue de la régularisation du rythme e|
— 26 —
del'énergie ventriculaire. Dans ces
conditions, la digitaline ne
peut querendre
aumyocarde
unepartie de l'activité qui lui fait
défaut, sans manifester son action
aussi complètement
quedans
les arythmies atteignant un
myocarde dont la nutrition est nor¬
male.
La certitude que la digitaline est
essentiellement
unagent de
renforcementde l'énergie cardiaque peut engager
à
enécarter
l'emploi dans certaines
affections valvulaires aortiques qui ten¬
dent déjà à exagérer
l'activité cardiaque et conduisent le ventri¬
culegauche à l'hypertrophie.
De même, dans certains états cir¬
culatoires généraux, dansles formes
variées de l'artério-sclérose
avec ou sans néphrite
interstitielle qui s'accompagnent d'hyper¬
trophie
ventriculaire
etd'excès de pression artérielle.
La digitaline est donc utile
dans le rétrécissement
enexcitant
la fibre musculaire. Elle favorise ainsi l'issue d'une quantité
suffisante de sang pur.
Au début de l'insuffisance aortique, elle est plutôt
nuisible
qu'utile. Mais à unepériode plus avancée, quand la fibre
car¬diaque est affaiblie,
l'emploi de la digitaline peut parfois être
indiqué.
Ladigitaline peut êfre nuisible chez
certains individus prédis¬
posés et qui présentent
des phénomènes d'intoxication à doses
très faibles. Si, chez ces malades, on néglige de surveiller le
cœur, onpeut amener une asystolie artificielle.
A quel momentfaut-il donner la
digitaline? Toute maladie
du cœur présente plusieurs périodes que nous
diviserons
avecHuchard en quatre :
1° La première période ou
ensystolie
estcelle dans laquelle
le malade possède bienune lésion valvulaire, mais sans en être
incommodé. Il n'existe pas d'œdème. Le malade peut se livrer
à certains travaux assez pénibles sans, pour cela, avoir de dysp¬
née cardiaque. C'est la période de compensation, la période où
le cœur lutte victorieusement malgré le surcroit de travail. Puis
arrive une dernière période où le cœur n'est plus capable de
surmonter l'effort, où son énergie ne suffit plus : c'est l'asys-
tolie.
2° Avant d'arriver à cette période, le cœur passe par une
période appelée hypersvstolie. L'hypersystolie n'existe pas dans les affections valvulaires; c'est un état particulier qui ne
se montre que dans l'artério-sclérose. Dans cette affection, il
existe une endartérite, dite oblitérante, des petites artères, une perte d'élasticité des parois artérielles. Si, à cet état, il sejoint
un peu de spasme vasculaire, il y auratension artérielle exagé¬
rée. Pour vaincre cette résistance, le cœur devra se contracter plus fortement et ce redoublement de travail se traduira ici
encore par une hypertrophie. Ce phénomène ne se manifestera subjectivement par aucun symptôme. L'oreille attentive du pra¬
ticien seule découvrira un signe qui fera surveiller soigneuse¬
mentle malade : c'est le retentissement prolongé du 2e bruit à
l'orifice aortique. Puis, peu à peu, le cœur sefatigue et sa fati¬
gue, comme l'a dit M. Pitres, se traduit par une diminution
dans l'énergie de ses systoles et unetendance plus grande à se laisser dilater. C'est l'hyposystolie.
3° Période hyposystolique. — Le foie du malade est conges¬
tionné, douloureux à la pression. Aux deux bases du poumon,
on trouve des râles sous-crépitants, crépitants fins qui témoi¬
gnent de l'œdème pulmonaire. Le pouls estfaible et ondulant.
Le cœur se contracte mal, d'une façon inégale, irrégulière. Les
deux bruits du cœur n'ont pas leur timbre normal. Les veines jugulaires sont gonflées et saillantes, les urines rares, colorées fortement, sédimenteuses. Le malade s'achemine vers la qua¬
trième période.
4° Cette période est constituée par la cachexie cardiaque ou
asystolie vraie et caractérisée par la déchéance detous les orga¬
nes de l'appareil circulatoire, cœur et vaisseaux.
Dans toutes les affections cardiaques passant par les quatre périodes décrites par Huchard, il est un moment où la digita¬
line exerce une action très manifeste : c'est la période d'hypo- systolie. En effet, c'est à ce moment que le malade réunit les
trois indications capitales de son emploi : affaiblissement de la
contractilité cardiaque, diminution de l'énergie ventriculairc,
diminution de la tension artérielle, augmentation de la tension
— 28 —
veineuse, amenant par suite la
moindre quantité des urines.
Il nefaut donc pas attendre que
le malade soit tout à fait
entrédans lapériode
asystolique
pourdonner la digitaline, bien
que ce médicament
soit appelé le tonique du
cœur.A
cemoment,
le cœur s'estlaissé distendre, le myocarde a perdu sa
tonicité
musculaire et la digitaline, bien qu'augmentant
l'énergie
car¬diaque, n'arrive pas à donner
la force nécessaire
pourvaincre
les obstacles. Le cœur devientimpuissant comme
l'arc qui
tou¬jours tendu se relâche et
devient incapable de lancer la flèche.
Il ne faudraitpas non plus aller trop
de l'avant et donner de
la digitaline à la période de
compensation
: ceserait nuire à
l'intérêt du malade. Le cœur à ce moment-là, en effet, lutte victorieusement; son myocarde déploie son maximum
de force,
il s'hypertrophie, il s'accroît comme tout
muscle dont le travail
augmente progressivement et, tant que cette somme
de travail
n'est pas au-dessus de ses forces, il faut
le laisser lutter seul.
Mais, dès qu'il commence à faiblir, le médecin
qui le surveille
doit venir à son secours et le médicament par excellence, sa seule planche de salut, est la digitale ou la
digitaline
sonalca¬
loïde.
Accidents dus à l'administration de la digitaline. — La toxi¬
cité très grande de la digitaline peut être une cause d'accidents pouvant même entraîner la mort des
malades. Nous
savons, en effet, qu'un à deux milligrammes de digitaline suffisentpour tuerun chien de 10 kilogrammes. On voit parlà combien faibledoit être la dose de cet alcaloïde employé chez l'homme. De plus, il est une certaine préparation de ce médicament qui
expose encore plus aux accidents : nous voulons parler de l'em¬
ploi engranules. Souvent, eneffet, lemédecin prescrit plusieurs granules qui doivent être pris à intervalles plus ou moins éloignés. Le malade comprend mal les instructions qui lui sont données, il prend en une seule fois tous les granules et les
accidents ne tardent pas à se manifester. De plus, ces granules
sont devenus plus ou moinsla propriété de certains fabricants qui enfont des spécialités et il est ainsi un violent poison pour ainsi dire sous la main du criminel qui peut le faire absorber