La ballade des Père Noël pendus
Frères humains, qui dessous de nous passez, N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez, Vous devriez en vouloir à ceux-ci Qui nous ont accrochés tous les ans ici. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six : Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est cachée dans un costume pourri, De notre mal personne ne s'en rit :
Mais priez Dieu que tous nous veuillent descendre ! La pluie nous a décolorés, lavés,
Et le soleil desséchés et noircis : Pies et mouettes nous ont les yeux piqués
Et arraché la barbe et les sourcis. Jamais nul temps nous ne sommes assis;
Puis ça, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charrie, Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez des idiots qui nous sourient;
Mais priez Dieu que tous nous veuillent descendre ! Prince Jésus, qui de tous est patron,
Vois l'Enfer qui nous est réservé : Hommes, décrochez-nous, c’est trop con; Et priez Dieu que tous nous veuillent descendre !