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La littérature de la France médiévale face aux littératures de langue vernaculaire

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La littérature de la France médiévale face aux littératures de langue vernaculaire

TILLIETTE, Jean-Yves

TILLIETTE, Jean-Yves. La littérature de la France médiévale face aux littératures de langue vernaculaire. In: Vignest, R. La France et les lettres . Paris : Classiques Garnier, 2012.

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:85509

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Ouvrage publié avec le soutien de la mission aux commémorations nationales du ministère de la Culture

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MINISTF..RE OtiS AFFAIRilS trltAN<:;fuws t . _ _ _ _ _ _

La France et les lettres

Actes du colloque organisé par l'association des professeurs de lettres au lycée HenrJ.IV à Paris les 18 et 19 novembre 2011, réunis par Romain Vignest

PARIS

CLASSIQUES GARNIER 2012

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LA LITTÉRATURE LATINE DE LA FRANCE MÉDIÉVALE FACE AUX LITTÉRATURES

DE LANGUE VERNACULAIRE

L'idée de confier à un latiniste le soin de donner le branle à une réflexion sur «La France et les lettres » est assurément hardie. Si, comme le veut à juste titre le texte de présentation du colloque qui leur est consacré, la littérature, et la langue qui la porte, sont constitutives de la «singularité française», le spécialiste d'une langue universelle et de ce fait même d'une littérature apatride se trouve vis-à-vis d'un tel objet dans une situation paradoxale. Quelle part en effet ont pu prendre à la construction de cette singularité les œuvres qui s'écrivent en latin sur le territoire de ce qui deviendra la France ? Il est sans doute raisonnable d'évaluer en termes de « modèle» ou d'« influence » l'importance de la tradition classique et singulièrement latine pour la littérature française, jusque dans ses plus récents développements, La Bataille de Pharsale ou les Géorgiques de Claude Simon, voire la subtile et troublante adaptation par Marie Darrieussecq des élégies ovidiennes de l' exiP. Plus hasardeuse en revanche semble être l'annexion au patrimoine littéraire français d'un vaste pan de la culture - les écrits latins du moyen âge -, longtemps disqualifié au double motif de sa médiocre qualité linguistique (celle du «latin de cuisine») et de son orientation jugée a-nationale, voire antinational~ (celle du «latin d'Église»).

Ainsi, les manuels d'histoire littéraire d'inspiration lansonienne, tels

(JUC nous les pratiquions au cours de nos années d'apprentissage, faisaient

tntditionnellement commencer la poésie de langue française avec la

Marie Darrieussecq, Tristes Pontiq11es, Paris : POL, 2008.

l Révélateurs de cet état d'esprit sont par exemple les oukases lancés contre «la littérature cles clercs» au profit des «poètes véritablement nationaux,. par Gaston Paris, le fondateur, en France, de la philologie romane comme discipline scientifique (voir les textes cités par llrsula Biihler, Gaston Paris et la philologie romane, Genève : Droz [Publications romanes er françaises 234], 2004, p. 407-411 er 543-548).

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32 JEAN-YVES TILUETIE

sublime Chanson de Roland, implicitement promue au rang d' 1/iade; les Serments de Strasbourg étaient évoqués au titre de trace archéologique, la Cantilène de sainte E11lalie, la Chanson de sainte Foy, la belle Vie en vers de saint Alexis, pourtant antérieures à la geste « déclinée » par le mystérieux Turold, considérées avec circonspection par l'école de la République laïque. Pour autant, ce geste littéraire inaugural que constituerait la Chanson de Roland est l'œuvre d'un poète de génie, parfaitement maître de ses moyens et conscient de ses fins. Il faut être aveugle et sourd pour juger qu'elle renvoie l'écho de l'expression encore balbutiante, voire enfantine, d'un peuple en gestation, comme l'imaginait naïvement, faute d'instruments adéquats d'évaluation philologique, la mythologie romantique1Dans sa thèse de doctorat au titre quelque peu provocateur, L'Énéide médiévale et la chanson de geste, Francine Mora-Lebrun établit de façon plutôt convaincante que l'épopée virgilienne, comble sans doute indépassable de la sophistication littéraire, peut avoir influencé la pre- mière et la plus illustre des chansons de geste. Au prix, sans doute, de nombreuses médiations, comme les hymnes en l'honneur des martyrs et les épopées apologétiques composées par Prudence, le plus talentueux des poètes chrétiens de l'Antiquité tardive, ou encore certains poèmes carolingiens d'inspiration plus germanique, telle Waltharirts, qui trans- pose en hexamètres constellés d'emprunts à Virgile et à Prudence un épisode de la future Chanson des Nibelrmgr. On pourrait en invoquer quelques autres, comme ces poèmes hagiographiques, rares témoins du paysage bien érodé de la littérature française ou occitane du x~,

voire du

· :xe

siècle, dont le protagoniste est un juste souffrant, à l'instar du neveu de Charlemagne et de ses compagnons. À titre symbolique sinon anecdotique, je note que le syntagme du/ce France, « France la douce», qui éclaire d'un jour touchant la belle et douloureuse scène de la mort de Roland est pour la première fois attesté en langue latine - Francia dtdcis- sous la plume d'un poète parfaitement contemporain de la rédaction de la Chanson de Roland, l'abbé bénédictin Baudri de BourgueiP. Sans en inférer pour autant l'influence d'un texte sur l'autre,

Michel Zink, LefON inattgttra/e tk fa chaire de Littlra111res tk fa Franœ 111ldilvak, Paris : Collège de France, 1995, p. 10-77.

2 Francine Mora-Lebrun, L'Énéide 1111dilva/e ella chatiS011 tk gesJe, Paris: Champion(« Nouvelle bibliothèque du Moyen Age, 23), 1994.

Daudri de Bourgueil, c. 82, 7, De t0tk111 abbate [épitaphe de Gérard, abbé de La Sauve- Mujeurc en Aquitaine, mort en 1095], éd. Jean-Yves Tilliette, Paris : Les Belles Lettres

LA UTI~RATURE LATINE DE LA FRANCE M~DŒVALE 3}

je crois utile de rappeler que l'histoire de la littérature est faite de ces interactions subtiles et complexes.

Dans l'un de ses premiers ouvrages, L'Histoire littéraire de la France médiévale (vf-XIv' siècle1) (il convient de noter la première de ces dates~

qui suggère qu'en France, la littérature a préexisté au français), le grand médiéviste Paul Zumthor mettait en évidence le fait que cette histoire s'écrit en deux langues, le latin et le français, voire trois si l'on y adjoint comme on doit le faire le provençal. L'approche résolument chronologique de Zumthor le conduit ainsi à entremêler les productions littéraires contemporaines entre elles de ces aires linguistiques, sous la forme assez élémentaire, mais d'où peuvent surgir des rapprochements éclairants, de la juxtaposition. Soixante ans ou presque après la publication de ce livre pionnier, il paraît que son propos n'a guère trouvé d'imitateur, les manuels d'histoire littéraire parus depuis lors, quelle que soit leur qualité souvent excellente, se limitant à rappeler, entre les bornes d'un chapitre souvent liminaire, que les écrivains médiévaux s'exprimaient· en latin autant et même plus qu'en français, sans tellement se soucier d'envisager les conséquences de cette donnée de fait. Elle n'est pour- tant rien moins qu'insignifiante. Car il faut bien être conscient que les auteurs, trouvères, chroniqueurs ou romanciers, jusqu'au Xlv" siècle au moins, sont des clercs- au sens que donne à ce terme le moyen âge, qui pose une équivalence rigoureuse entre les mots c/ericus et litteratrfll. Le litterattts, c'est celui qui a appris les litterae, les lettres de 1 'alphabet, dans une école qui s'exprime en latin, d'abord en déchiffrant le psautier et en apprenant les règles de la grammaire de Donat, puis en commentant les classiques, ceux que l'on nomme alors les a11ctore.s, Virgile et Horace, Térence, Ovide et Juvénal ... Telles sont, parmi bien d'autres, les réfé- rences sur lesquelles poètes et romanciers, Chrétien de Troyes comme Rutebeuf, Marie de France et Jean de Meung, édifient leurs propres œuvres. C'est de cette double appartenance, à la langue française et à la culture latine, que je voudrais ici évaluer certains des effets.

Face à une tâche qui peut sembler démesurément ambitieuse, mon propos risque d'apparaître simpliste et réducteur. Du moins s'efforcera-t-il

(coll. ALMA), 1998, p. 78.

1 Paris : PUF, 1954.

2 Herbert Grundmann, « Litteracus-illitteratus. Der Wandel eines Bildungsnorm vom Altertum zum Mitcelater », Arrhifl for Kw/JmgtJChichte 40 (1958), p. 1-65.

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34 JEAN-YVES TILLIETTE

d'être synthétique, en vue de respecter l'esprit d'u~ colloque~ «la ~rance

et les lettres». J'en limiterai d'ailleurs l'extensiOn, pour 1 essennel, ~u XIf siècle. Au cours des âges précédents, la littérature de lang~e vulgrur~

ne s'écrit pas ou à peine. Dès le XIIf siècle, la culture scolasttque tend a cantonner le latin- ou en tous cas ce qui s'écrit dans cette lan~e ~e plus remarquable et de plus novateur-à l'expression de co~tenus sctenc~fiques

et philosophiques1La période qu'il est ~on~u de qualifier

?e

« rena.tssan~

du xn" siècle» est au contraire témom d une double et eclatante florru- son: les langues d'oc et d'oïl, à peine vien~ent-elles d'accéde: au stat~t

de scriptae, donnent ce qui représente, du motos so~ le regard r;~ospecttf

du lecteur « honnête homme», le meilleur de la ltttérature médiévale, la poésie amoureuse des troubadours, les romans de Chrétien de Troyes, les plus célèbres chansons de geste, les premières branches du ~~n de Renart; quant au latin, loin de se réduire à la paraphrase a~plt~uee des grands classiques comme ille faisait vol~tiers à!' époque caroli.~gt~nne, ~u à l'expression du sacré liturgique et hag10graphtque, com~e c ~ta.tt plutot le cas au cours des x" et Xf siècles sous influence monasttque, tl prend en charge la lyrique amoureuse et satirique de. recueils de _chansons comme les Cannina burana, il répond à la soif de ficnon du publtc en adaptant des contes et des légendes venus d'Orient et en donnant f~r~e, sous couvert d'écrire l'histoire, aux aventures du roi Arthur et de Merlin, tl re~oue av:c la grande tradition de l'épopée antique en magnifiant au moyen d hexametres d'excellente facture les exploits d'Alexandre le Grand et des héros de la guerre de Troie ... J:on aura peut-être noté, entre les deux séries parallèles qui viennent d'être énoncées, l'existence, sinon. de corres~nd:mces term~

à terme, du moins de cenaines parentés. Il n y a pas lieu d en dout_er . entre les deux littératures, celle qui s'écrit dans la vieille langue canon~sée

par son antiquité et son prestige, ~p~ri~ à l'~le sans~~ autant et~

devenue langue morte, et celles qw, a petne fixees dans 1 écrtture, mam- fëestent déJ'à une richesse et une force expressive remarquables, se noue un

fë ''1 A ;> B

dialogue silenàeux. Comment caractériser les ormes q_u 1 , ~ev~t : o~r

faire simple, je suggère que la littérature en langue vulgrure s ~r~ a /Jf;lrftr de la littérature latine de son temps, contre elle et finalement a côtl d elle.

'IHs sont les trois aspects, que je voudrais illustrer tour à tour de quelques

r r·mplt"i. <fune relation à la fois fraternelle et conflictuelle.

Ir l""lll'••in, I.e Latm 111ltiilw/, Turnhottt: Brepols («L'atelier du m~diéviste», 1. \11 tr(,

LA LITT.-éRATURE LATINE DE LA FRANCE M~DIÉVALE

35

Voyons donc d'abord ce qu'il en est de la première des hypothèses annoncées : celle selon laquelle l'ancienne littérature fran;aise s'invente d'après la littératrtre latine.

Elle fait presque figure d'évidence naïve. L'histoire d'un mot un seul suffirait à en apponer la preuve :

roman,

le genre littéraire le plus fréquenté aujourd'hui, à quoi le public a tendance à identifier la littérature désigne au départ non un genre, mais une opération linguistique -le ;ransfert dans une langue romane d'un original latin. L'expression Roman d'Eneas ne connote pas d'abord le contenu romanesque de l'ouvrage contant les

a~ntu;~

d'Énée, mais dénote le fait qu'il consiste en la mise en français d un rectt dont Énée est le héros, autrement dit 1 'Énéide virgilienne. De même le Roman de Thèhes traduit en l'adaptant la Théhaiae de Stace et

cel~i

de

!~ie

non pas l'Iliade, inaccessible au moyen âge occiden;al, mats le rectt de la chute d'Ilion composé par un faussaire du V" ou du Vf s,iède qui p_rétend avoir été

té~oin

de 1 'événement et se fait appeler Daces le Phrygten. Rappelons ausst que les premières œuvres de Chrétien de Troyes aujourd'hui perdues1 mettaient en vers français certains des épisodes des Métamorpho.res d'Ovide.

Ce qu'il vaut la peine d'analyser, ce sont les inflexions particulières selon lesquelles les poètes médiévaux réinventent leurs modèles classiques.

Les romanistes les ont étudiées avec

assez

de soin pour qu'il soit utile de s'y attarder longuement. Ainsi, de l'Eneas dont il vient d'être question il est à remarquer qu'il amplifie dans des proportions considérables

1~

seconde partie de 1 'Énéide, le récit de la conquête du latium, tandis qu'il abrège plutôt drastiquement la première, le périple méditerranéen des exilés' troyens.

:ar

ailleurs, l'épouse latine d'Énée, Lavinia, se voit par le poete françats confier un rôle essentiel, tandis qu'elle n'est sous la plume de Virgile qu'une figure estompée2Ces altérations du scénario

À l'exception toutefois de Philomena, si le «Cres tien " à qui l'Ovide 111oralisi attribue ce conte en vers esr bien à identifier, comme il est probable, à l'auteur du Lanœlot et du Conte lÛt

~1

(voir Pyra111e

'!

This/Ji. Narcùse. PhiiOTNnta. Trois conleJ Jg x1t .rikle /rtrnfaÙ iwlitls ti'Ovùk, présent~s. ~dJt~s et traduits par Emmanuèle Baumgarrner, Paris : Gallimard Folio» 3448], 2000, p. 155-255 er 273-279).

1.

q.,

entre aurres, Edmond Faral, "Ovide et quelques autres sources du roman d'En

1111s,.

dans R«herches JNr lu

s~~t~ms

latmu du trJIIIeJ d rrJ/NaNJ mNrtois

Jr~1fWyell

âge, Paris :Champion:

~913, ~· 73-157; Raymond J. Cormier, Ont Heart, IJ1/t Mind. The Rtbirth ofVirgil's Hero

"!

Medztval Frene~ Roma11a, Charlottesville (Miss.), 1973; Daniel Poirion, "De I'"A

111ide à 1 E11eas: Mytholog..e et moralisation "• Cahiers de Civilisation Mltiilvale 19 (1976), p. 213-229;

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36 JEAN-YVES TILUETTE

originel résultent de ce que le vieux récit a ~té adapté aux attentes ~e son public-cible, l'aristocratie féodale, au sem de laquelle, comr_ne 1 a montré Georges Duby, la grande affaire de la classe turbulente des Jeun~

guerriers, ceux qtlon appel.le les che~aliers (mili~es), est de co?quém une princesse, et par celle-ct une terre . Le caractere fantasmattque ~e la représentation de cet idéal se traduit en o~tre dan~ l~Eneas pa~ le fatt que le couple princier, celui que forment Énee et Lavtma, est um par ~e lien d'une parfaite relation courtoise, modelée sur celle dont la poéste des troubadours permet d'extrapoler les codes.

Cela est bien connu. On sait peut-être moins que le Roman de Renart a existé en latin avant d'apparaître en français. Dès le milieu du xif siècle, un clerc anonyme de Gand compose d'après des fables ésopiques et des traditions folkloriques d'origine plu_s obscure ~e. é~pée parodique en sept chants mett~nt en scène.des ammaux, qu tl ~ntt~ule Ysengrimm, du nom de l'un de ses protag~n~stes, le loup Ysengr!n, nval acharné de Renarr:2. Les dix aventures qUt s y entrelacent constitueront toutes sauf la dernière, la matière de diverses branches du Roman en ancied français. Et ces rencontres sont assez nombreuses et précises pour que l'on puisse postuler à coup sûr sinon une influence ~irecte, du moins le rapport à une source commune et proche. Ce que Je v~u­

drais suggérer, c'est que, si les épisodes se correspondent, leur mtse en œuvre poétique varie du tout au tout d'un texte à l'autre. On peut en faire la démonstration à propos du célèbre épisode de la « pêche à la queue », relatée à la fin de la branche III du roman français, entre la fin du chant 1 et le début du chant Il de l'épopée latine. Limitons- nous par souci de brièveté à quelques nota~ions cursives, à pr?po~ de la fin de cet épisode. Dans la version françatse, tout se passe tres vtte : apercevant le loup prisonnier de la glace, un châtelain nommé Constant qui chassait dans les parages l'assaille à coups d'épée ; Ysengrin se débat ; Constant manque son coup et le loup amputé de sa queue peut

id., "Le mythe antique comme préhistoire», dans Résnrgmas. Mythe etlittlratnre à l'âge du sy111bole (xtf Iiède), Paris : PUF (coll. « ~crirure •), 1986, p. 55-77.

1 Georges Duby, « Les" jeunes" dans la société aristocratiqu~ dans la France du Nord-Ouest au XIf siècle "• Amutles ESC 19 (1964), p. 835-846 [repns dans : HomtNeJ et str11ctum ritt moym âge, Paris-La Haye : Mouron, 1973, p. 213-225]. . .

2 Ysmgrillttn. Text wirh Translation, Commenrary_ and In~~ucrson b~ Jsll Mann, Leyde _New York- Copenhague- Cologne : Brill (Msttellaresnssche Studien und Texte, 12),

1987.

LA UTTÉRATURE LATINE DE LA FRANCE M~DŒVALE 37

s'enfuir. En to~t, une vingtaine de vers. Le même récit en compte près de deux cent cmquante dans l'Ysengrimm.

A

quoi tient donc la diffé- rence ? Côté français, le comique découle de la brièveté, de la vivacité, du caractère syncopé du récit. Le poète latin fonde en revanche ses effets sty~istiques sur la pratique de l'amplification, préconisée par les arts poéttques du temps. Car c'est bien d'un combat épique, avec tous les clichés attachés au genre, que l'auteur de l'Ysengrimm gratifie son lecteur. Mais c'est un combat parodique. L'assaillant du loup n'est pas en effet un « châtelain cossu », mais une vielle femme, Aldrada, qui brandit non point une épée, mais cette arme bien plus rustique qu'est une hache. Pour se donner du cœur au ventre, le personnage, à l'instar du guerrier épique, invoque la protection de ses dieux avant de se jeter dans la mêlée. Et c'est ainsi qu'Aldrada va faire appel aux saints du calendrier, mais ceux dont elle sollicite l'aide, au fil d'une énumération torrentielle de plus de quarante vers, constituent une troupe parfaitement hétéroclite, bizarre et bouffonne, que je m'abstiens de détailler. Ce catalogue loufoque, largement fondé sur des calembours et des équivoques linguistiques, tend peut-être à tourner en dérision les paysans, ces rustauds, dont la tradition littéraire médiévale, latine et vernaculaire, souligne volontiers la stupidité. Mais elle vise surtout à sub;ertir les codes traditionnels de l'épopée. Par rapport à ce qui constitue sans doute leur source commune, aujourd'hui perdue, les auteurs anonymes du Roman et de l' Ysengrimus réagissent de façon tout à fait différente. Là où le premier tire parti du dynamisme du récit pour trouver matière à un conte à rire, et régaler ses lecteurs des aventures burlesques de ses personnages animaux ou des rôles sociaux ct moraux dont il sont le masque, le second joue avec des textes, en entrechoquant de façon cocasse références liturgiques et allusions au grand genre épique d'inspiration virgilienne, à l'intention du public averti qui saura les identifier : le carnaval des animaux se mue ici en c:arnaval des mots.

On Y voit_ entre autres la vieille invoquer saint Hosanna er son épouse Excelsis (parce que fiO:anna 111

exat:is,

et que la terminaison en -is peur faire penser à un prénom f~minin), sasnte Anne, "sssue des lombes de Phanuel,. et mère de la Vierge Marie (confusion de deux personnages bibliques), sainte Alleluia associée à saint Pierre er à saint «Michel l'emplumé» (permatm Michael), les saintes Helpwara et Noburgis, dont le rayonnement si tant est qu'elles existent, n'a pas dû dépasser un échelon très local, er ainsi de suite .. : (Ysagrimns 2, 61-100, éd. cit., p. 264-268).

(7)

38 JEAN-YVES TILUETI'E

Avec cet exemple, nous touchons à la deuxième des hypothèses que je voulais illustrer, celle qui postule que la relation entre les deux /ittératfl'res

est de concttr1'enœ, voif't d'antagonisme. Sur ce point, notre façon de penser l'histoire, héritée du romantisme, nous inclinerait à considérer que c'est la nouvelle venue, la littérature en langue vulgaire, qui entreprend, avec si besoin est une certaine agressivité, de se faire une place au détriment de sa devancière. Le moyen âge, qui révère l'autorité des anciens, pense tout à l'inverse, et la démarche des auteurs en français, telle que j'ai essayé d'en esquisser le mouvement, apparaît plutôt comme un hommage rendu à cette autorité. Féodaliser l'Énéide, c'est reconnaître que le chef d'œuvre est toujours d'actualité. La littérature latine, en revanche, va réagir avec un humour agressif à ce qu'elle considère sans doute comme un empiètement sur ses prérogatives.

Depuis que le latin a cessé d'être langue maternelle, la littérature qu'il porte est une littérature palimpseste, qui s'édifie sur, et d'après, les grands textes classiques, volontiers pastichés avec un réel bonheur.

Vis-à-vis des œuvres de langue vulgaire, la réécriture tend moins au pastiche qu'à la parodie, et je serais par exemple tenté de penser que certaines des chansons érotiques qui remplissent des recueils comme celui des Carmina burana visent à moquer, par le biais de renvois obliques à l'humour grivois d'Ovide, le grand chant courtois des troubadours2

Mais l'exemple que je voudrais brièvement mettre en avant muche un sujet classique par excellence, la guerre de Troie - à travers deux textes d'origine voisine (la cour du roi Henri II Plantagenêt et de sa femme Aliénor d'Aquitaine).

A

l'encontre de ce que l'on pourrait imaginer, c'est ici le texte en français qui vient en tête chronologiquement. Le Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure (ca. 1165) et l'Y/ia.r de Joseph d'Exeter (ca. 1188) constituent deux réécritures fort amplifiées et fort complexes du journal de siège du prétendu Darès le Phrygien.

A

propos de la chute de Troie, l'événement fondateur des nations et des dynasties d'Occident, Benoît va mettre en scène les deux sujets favoris du public aristocratique, les armes et les amours, et en décliner les variantes. Mais il promet aussi à son lecteur des leçons de sagesse et de gloire. Placé dès le prologue sous

1 Paul Lehmann, Pseudo-Antike Littralur du Mittelatm, Leipzig - Berlin, 1927.

2 Alison G. Elliocc, "The Bcdraggled Cupid : Ovidian Satire in "Carmina butana" 105 ,., Tnrditio 37 (1981), p. 425-437 ; ead., «The Art oflnept "exemplum" : Ovidian Deception in "Carmina Burana" ll7 and 178 "• Sandalio11 5 (1982), p. 353-368.

LA UTTIRATURE LATINE DE LA FRANCE ~DIÉVALE 39

l'invocation de Salomon1, le texte est saturé d'intentions didactiques : les scènes d'ambassades, les discours et délibérations, supports d'une formation à la rhétorique, peuvent initier le public curial aux méthodes du ~n gouvernement, tandis que les nombreuses et précises descriptions de heux offrent une vision encyclopédique du monde. Quant à la morale de l'histoire, elle s'incarne dans le personnage du héros tragique, Hector. Comme l'écrivent finement de récentes éditrices du texte, «à travers la figure du guerrier, du chef, de l'orateur, se lit sans doute la conviction du clerc [sc. Benoît] que l'homme doit savoir braver le destin pour tenter de mener à bien, contre l'ordre voulu par les dieux et au mépris des senti- ments humains les plus respectables, ce qu'il croit être une cause juste : son devoir face à lui-même, à ses hommes, à sa patrie2 ».

A

ce noble idéal, l'épopée latine de Joseph d'Exeter, composée quelques années plus tard, semble bien opposer une réponse grimaçante. Le maniérisme forcené d'un style toujours tendu vers le sublime y joue le rôle de miroir déformant.

Il s'en déduit que la gloire terrestre n'est que leurre et faux-semblant. Et l'héroïsme guerrier n'est pas autre chose que le masque des passions les plus profondément enracinées au cœur de l'homme, la cupidité, la cruauté et la luxure. On en voudra pour seule preuve le rôle central joué dans 1'1/iade de Joseph par la «mauvaise femme», Hélène, alors que Benoît de Sainte-Maure privilégie plutôt 1' émouvante Polyxène : le portrait fort développé de la reine adultère de Sparte est en fait celui d'un monstre, dont 1' apparente beauté dissimule à peine la noirceur-3. Et c'est sur son triomphe immoral que s'achève le poème. Contre l'héroiSrne chevaleresque qui conduit à se battre pour un objet aussi futile que la possession d'un~

femme vicieuse, le poète finit par suggérer que les seules guerres qui valent sont celles de la foi, et seule la reconquête de Jérusalem sur les pareos sera en mesure de racheter la malédiction de Troié.

La même démonstration, exactement, pourrait être faite à propos de l' A/exandréide de Gautier de Châtillon, le plus grand des poètes

1 Son nom est le premier mot d'un roman qui compte phts de 30000 vers.

2 Emmanuèle Baumgartner er François Vielliard, "Introduction, à Bnuît de Sainte-MaNre.

~ roman de Troie. Extr~~ils d11 manutcrit Milan, Bibliothèque ambrosientlt D 55, Paris : Le Livre de poche(« Letues gothiques,. 4552), 1998, p. 14.

3 Jean-Yves Tilliette, «La Dtstriptio Hel111111e dans la poésie latine du XII' siècle,. Bim din

et bim aprandre 11 (1993), p. 419-432. '

4 J~~ d'~er a d'ailleurs consacré à la Croisade une seconde épopée (aujowd'hui perdue), 1 Ant~rxhm.

(8)

40 JEAN-YVES TILUETIE

latins du moyen âge. Le titre de cette épopée dénote assez son intentio~

d'émuler l' Énlide, et de fait elle y parvient de temps en temps. Au portnut d'Alexandre le Grand en souverain idéal, guerrier, équitable et savant qu'a dessiné quelques années plus tôt le roman français d' Alexan~re, l'épopée latine oppose, à force d'insinuations subtil~ dont l' accumu~uon fait sens, le constat de la vanité de tout accomplissement mondam, le caractère illusoire et fugace de toute gloirè.

De ce genre de contraste découle ma troisième hypothèse : la. lit- tératrtre franfaise, et occitane, s'écrit à côté, ott en marge, de la creltr~re lattne.

Les modes de la transmission des œuvres en langue vulga1re, beau- coup plus tardive, aléatoire et hétérogène, le fiou qui estompe la figure d'auteurs dont- dans le meilleur des cas- on ne connaît guère plus que le nom font contraste avec la diffusion des écrits en latin, bien mieux organisée par l'institution ecclé_siastique o~ scol~re. ~n ?uc_re, contrairement à ce qui se passera à partlr du

xive

stècle ou des ecnvams comme Dante, Pétrarque et Boccace, pour la France Alain Chartier ou Jean Gerson écrivent alternativement, et avec autant de talent?, le lati~

et la langue vulgaire, on connaît très peu d'auteurs du XII" stecle qw maîtrisent ouvertement les deux compétences (l'exception qui confirme la règle étant fournie par Hélinand de Froidmont, poète en français, hagiographe et chroniqueur en latin - mais c'est un moine cistercien).

De cette apparente étanchéité déduira-t-on l'opposition entre «culture savante » et «culture populaire», entre un savoir scolaire hérité et la spontanéité du Volksgeist, voire entre la sécheres~ du rat~onalism~ latin et la fraîcheur de l'imagination celto-germamque, qw a nourn tant les illusions naïves du romantisme que des idéologies d'aloi nettement plus douteux? De telles niaiseries n'ont ~eureusement. pl~~ c?urs, ne serait-ce que parce qu'elles sont démenttes par un fatt d evtd~nce : comme je l'ai rappelé plus haut, les écrivains de langue françatse et provençale sont des lettrés, qui ont suivi le même cursus d'études que leurs confrères latinistes, même si leur carrière a ensuite emprunté un autre cours, et qui maîtrisent à la perfection les lois de la rhétorique et la connaissance des grands auteurs du passé. D'autre part, il ne faut pas

c ( IIOH ~llllllf'nl P{•rer von Moos, "Lucain au moyen âge •, dans Entre histoire etlittémiN~.

t , _ •loNIINtr ,,, 111<11'1111 lige, Florence: SISMEL- Edizioni del Galluzzo Millemo 1 lt'/ 'Il ' hJWI p. 1 ~9-152).

LA LITIÉRATURE LATINE DE LA FRANCE MÉDIÉVALE 41

sous-estimer la compétence au moins passive en latin du public de la cour et de la ville : l'écrivain Giraud de Cambrie, que n'étouffe pas la modestie, raconte que lorsqu'à la fin des années 1180, il donne devant la population d'Oxford une lecture publique de son ouvrage, en latin, sur les merveilles de l'Irlande, l'affluence et l'enthousiasme sont tels qu'il doit réitérer l'exercice plusieurs jours de suite1

Plus que sur l'existence de deux publics distincts, gens d'Église d'un côté, laïcs de l'autre, je tendrais à insister sur la diversification des attentes.

Tout en l'affirmant avec prudence, j'ai l'impression que le premier essor de la littérature en langues vulgaires est porté par des genres et/ou par des contenus qui n'existent pas en latin, voire ne peuvent pas exister en latin. Le plus bel exemple en est représenté par la poésie courtoise des troubadours, source majeure, comme chacun le sait, de la lyrique européenne moderne. La question de son surgissement, quasi ex nihilo, au tournant des xl" et XII" siècles, reste indéfiniment controversée, et je n'ai certes pas la présomption de la trancher. Sans doute peut-on, à la suite d'éminents savants, y discerner des réminiscences ovidiennes ; ou bien le mettre en relation avec de nouvelles formes de dévotion

,

notamment mariale, plus sensibles aux mouvements du cœur; voire y repérer la trace de la poétique et de l'inspiration des kharjas arabo- andalouses, transmises au Limousin par des voies incertaines2Sans nier la possibilité de ces diverses influences ou de leur combinaison, il reste que la lyrique amoureuse occitane est tout à fait sui generis, ne ressemble à rien, sur le plan à la fois de la forme et du sentiment exprimé, de ce qui s'est fait avant elle. Ne peut-on dès lors concevoir qu'un langage nouveau se soit alors inventé pour exprimer un sentiment, «l'amour réalisé du désir demeuré désir», comme dit René Char, lointain héri- tier du pétrarquisme et par celui-ci des troubadours, que les modèles d'expression traditionnels, l'érotique d'Ovide du côté de l'amour profane, le lyrisme du Cantique des cantiqr~es pour ce qui est de l'amour sacré, étaient inaptes à traduire ?

Autre exemple, celui du roman de chevalerie : il se greffe d'abord sur une tradition latine, celle de 1 'Histoire des rois de Bretagne imaginée

Jeanne-Marie Boivin, I:lr/anrie aN moyen âge: GiraNd de Ba"i ella Topographia Hibernica (1188), Paris : Champion (Nouvelle Bibliothèque du Moyen Âge, 18), 1993, p. 64-66.

J Une présenœtioo récente et équiliblie de cette fJNMSiio 1/tXIlla dans Maria Luisa Menegherri, ù

<lrigini delle lettemtttre tRtdiewli rrm~atrze, Bari : Larerza (Manuali Laterza, 93); 1997, p. 162-193.

(9)

42 JEAN-YVES TILLIETTE

dans les années 1130 par le clerc gallois Geoffroy de Monmouth, presque aussitôt traduite en français et en octosyllabes par le poète anglo-normand Robert Wace1Une vingtaine d'années à peine séparent l'original latin de sa traduction, ce qui témoigne de l'appel puissant lancé à l'imagination du public par le souvenir celtique. Or, au fil d'une longue histoire qui s'étend de la fondation du royaume de Bretagne par un arrière-petit-fils supposé d'Énée jusqu'à la conquête saxonne, il n'est qu'une période au sujet de laquelle l'historien fasse silence: c'est celle où le roi Arthur, ayant étendu sa domination sur tout le Nord de l'Europe, règne en paix pendant douze années. C'est à l'intérieur de ce moment laissé vacant par l'historiographie que va s'engouffrer la mer- veille, que la fiction va asseoir ses droits. Wace en effet situe alors (et c'est son seul ajout à sa source latine) l'invention de la Table ronde2. Et c'est dans cet espacè, où la grande histoire donne congé aux guerriers, que se déploieront les aventures - à telle enseigne que, matériellement, certains manuscrits interpolent toute l'œuvre de Chrétien de Troyes à l'intérieur du roman de Wace, juste après le récit de l'invention de la Table ronde>. La littérature latine fait silence, er voici que surgissent le château du Graal, le royaume des géants et des fées : l'imagination de don Quichotte peut s'enflammer.

The Historia regnm Britanniae of Geoffrry of Monniollth. 1 : Bern, Biirgtrbibliothek, MS 568, éd. Neil Wright, Cambridge : Brewer, 1985; Wace. Le Romatl dt Brot, éd. lvor Arnold, 2 vol., Paris : Firmin-Didot (SA TF), 1948-1950; voir aussi Emmanuèle Baumgartner et lan Shorr, La Geste d11 roi Arthttr, Paris : UGE («Bibliothèque médiévale»), 1993 [nouvelle édition partielle, avec traduction en français moderne, du Brut de Wace].

2 U où Geoffroy se borne à dire que la puissance et la courtoisie (/actJia) du roi Arrhur, sa " renommée de largesse et de prouesse,. (/a111a largitatis et probitatis) attirent à sa cour des chevaliers du monde entier (Historia ... , § 154), Wace insère les vers suivants : «Pur les nobles ban1ns qu'il or, 1 du nt chascuns mieldre estre quidot - 1 chascuns se teneit a meillur,/ ne nul n'en saveit le peiur -/fisc Arcur la Rounde table 1 d11t1t BreiNtl diiint lllaintefab/e. llloc sëeient li vassal/ tuit chevelment et tuit el,>al; 1 a la table egalment sëeient 1 e e1.oalment servi esteient: 1 nul d'eals ne se poeit vanter 1 qu'il seïst plus haut de sun per; 1 mit esteient asis mëein 1 ne n'i aveit nul derein,. (éd. Short- Baumgartner, v: 1019-1032, p. 80-82). Après quoi, le poète anglo-normand rejoint sa source latine. C'est du vers inscrit en italiques, ci-dessus, que natt toute la tradition du roman de chevalerie, encore illustré dans la littérature française contemporaine par des œuvres comme celle de René Barjavel (I:ntchanlltlr), Michel Rio (Merlin, Morgane, Arthm; La Tm't gaste) ou Jacques Roubaud (Graai-Thlâtrt).

3 Ainsi, le manuscrit de la Bibliothèque nationale de France fr. 1450, daté du deuxième quart du XIII" siècle.

LA LITTIRATURE LATINE DE LA FRANCE M~DI~VALE 43

Je termine par où j'avais commencé. Vers 1200, il prend fantaisie à un poète peut-être d'origine allemande de réécrire en distiques élé- giaques la Chanson de Roland' - preuve, sans doute, que le dynamisme créateur est désormais du côté de la littérature de langue vulgaire. Il en résulte un texte bizarre, proprement saturé de figures de style sonores er coruscanres, polyptotes, paronomases, antithèses, chiasmes, zeugmas, oxymores- un feu d'artifice de langage, mais désespérément dénué de grandeur et d'émotion2En attendant la révolution pétrarquienne, qui refondera la littérature en latin sur de nouvelles bases, celles d'une subjectivité revendiquée, mais marquera la fin de l'osmose entre les deux cultures, l'œuvre littéraire en latin n'est plus que le terrain de jeu

d'érudits subtils et vains. lorsque l'imitateur se fait à son tour imiter,

c'est le signe que le rapport des forces s'est inversé. Ainsi, c'est pour s'être nourries de la substance des anciens textes que les lettres françaises vont enfin à leur tour prétendre accéder à l'universel.

Jean-Yves TILLIETTE

Université de Genève

William D. Paden et Patricia Harris Stablein, « De tradicione Guenonis : an Edition

with Translation,., Traditio 44 (1988), p. 201-251.

2 Voir la présentation que je fais de ce texre dans mon article "Medieval Larin Literature from the Perspective of the Vernacular Literarutes (12th-13th centuries) "• à parattte dans le volume Latinitas perernis 111 : The Properties of Lati11 Litera111re (éd. Jan Papy et Wim Verbaal).

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