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La civilisation Saône-Rhône

STRAHM, Christian, et al.

STRAHM, Christian, et al . La civilisation Saône-Rhône. Revue archéologique de l'Est et du Centre-Est , 1977, vol. 27, no. 3-4, p. 331-420

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:95077

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LA CIVILISATION SAONE-RHONE

AVANT-PROPOS

Le présent article expose les résultats d'une réunion qui s'est tenue en avril 1974 à Neuchâtel dans le but d'étudier certains aspects du Néolithique de la Suisse occidentale et du secteur du Rhône et de la Saône (1). Les fouilles d'Auvernier-La Saunerie (1964-1965) sur le lac de. Neuchâtel avaient permis de distinguer une civilisation nouvelle dite d'Auvernier et celles d'Ouroux-sur-Saône (1959-1970) de reconnaître un nouveau groupe culturel axé sur la Saône. Ch. Strahm partant d'une idée analytique avait recherché pour cette civiJisation des parallèles qui ne lui semblaient pouvoir se trouver que vers l'ouest, le Jura en particulier. De son côté, J.-P. Theve- not dans une conception synthétique s'était attaché à établir des liens entre le groupe de la Saône et les sites du Jura et de Savoie. Ces directions de recherche ont provoqué entre eux des échanges d'idées ; c'est pour appro- fondir la question que les préhistoriens travaillant dans le même domaine se sont rassemblés.

A la réunion de Neuchâtel participaient : - Jakob Bill (Musée National Suisse, Zurich),

- Jean-Luc Boisaubert, Auvernier - La Saunerie (1970-1971) (Musée Cantonal d;Archéologie de Neuchâtel),

- Aimé Bocquet, Charavines (Grenoble),

- Michel Egloff (Musée Cantonal d' Archéologie de Neuchâtel), - Alain Gallay, Sion - Le Petit Chasseur (Département d'Anthropo- logie de l'Université de Genève).

- Pierre Pétrequin, Chalain et Clairvaux (Direction des Antiquités Préhistoriques de Franche-Comté, Besançon),

- François Schifferdecker, Auvernier-Brise-Lames (Musée Cantonal d'Archéologie de Neuchâtel),

- Christian Strahm, Auvernier - La Saunerie (1964-1965), et Yverdon- Avenue des Sports (Institut Für Ur-und Frühgeschichte der Universitat Freiburg),

- Jean-Paul Thevenot, Ouroux-sur-Saône (Direction des Antiquités Préhistoriques de Bourgogne, Dijon).

Les participants ont confronté leurs points de vue et la concordance de leurs avis, les a mené.s à définir une nouvelle civilisation qui a été dénom- mée civilisation «Saône-Rhône» (C.S.R.). Pour la première fois la mise

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332 J.-P. THEVENOT) CH. STRAHM ET ALI!

en commun des connaissances a aidé à résoudre un certain nombre de problèmes que séparément ils auraient mis plus de temps à traiter. Cette réunion a en outre permis d'étudier le développement de cette civilisation, ses relations et sa place dans l'évolution du Néolithique. /

Le auteurs con idèrent le phénomène culturel dont il est question non comme une civilisation au sens la.rge telle la Bandkeramik mai comme une manifestation plus cohérente. Elle correspond ainsi à la présentation des modèles polythétiques de D. Clarke qui sont des entités géographiques et chronologiques (2). Les auteur dé ignenl les particularités région.ales de cette civilisatiou sous le nom de gl'Oupe, terme neutre qui couvre les aspects géographiques et chronologique . Il est important de signaler qu'en ce ens la notion de civilisation d'Auvernier doit être ramenée à celle de groupe local de la civilisation Saône-Rhône au même titre que le groupe d'Ouroux ou de la Saône.

Le texte qui uit comporte un historiqu général des recherche sur le Néolithique récent dans les différentes régions concernées, la description de groupes reconnus, une évocation des problèmes touchant aux origines et aux prolongements de la C.S.R. un tableau cbrnnologique et un essai de rnthè e. Des cartes de J. Bill viennent préciser I extension de celte civi- lisation (3).

C. STRAHM et J.-P. THEVENOT

J.. La réLrnion II eu lieu au Musée Cantonal d'Archéologie de Neuchlltel les 2l el 22 avril 1974. Les auleurs Liennem à remercier Je Fonds National de la Recherche Scientifique en Suis.se qui a financé 'Je Symposium (crédit n• '1321 : Auvcrnlc.r-Lo-Sauncrie 1964-65) ainsi que Monsieur le Conservateur du Musée de Neuchâtel.

2. D. CLARKE, Analyticcil Archaeology, 1968, p. 34.

3. A[in d'uniformiser autanl Que possible le style des figures, les dessins de céramiques ont été repris par P. Carnin (Direction des Antiquités Préhistoriques de Bourgogne).

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE

SOMMAIRE

Avant•propos, par C. STRAHM et J.-P. THEVENOT ... . Historique des recherches et genèse de la civilisation Saône-Rhône (C.S.R.), par C. STRAHM .- ... , ... , ... , .. . Les sites du lac de Neuchâtel et le group~ d'Auvernier, par C. STRAHM Les stations littorales de Chalain et Clairvaux et la fin du Néolithique dans le Sud de la Franche-Comté, par P. PÉTREQUIN ... . Le site d'Ouroux-sur-Saône et le groupé de la Saône, par J.-P. THEVENOT La station des Baigneurs et la grotte de La Baline dans le cadre. du Néolithique final nord-alpin, par A. BOCQUET ... . Le site d'Auvernier-Brise-Lames et les relations du groupe de Lüscherz avec le groupe d'Auvernier, par F. SCHIFFERDECKER et A. BEECHING Le site du Petit Chasseur-··à Sion et la civilisation Saône-Rhône, par A. GALLAY • • • • • • • • • • ! • • , • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

Problèmes chronologiques de . la civilisation Saône-Rhône, par A. GALLA Y ... ; ... · ... . La civilisation Saône-Rhône. Essai de synthèse, par J.-P. THEVENOT ..

Catalogue des dates Carbone 14, par A. GALLAY . . . ... . Liste des sites, par J. BILL ... . Références bibliographiques ... ... .

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HISTORIQUE DES RECHERCHES ET GENESE DE LA CIVILISATION SAONE-RHONE (C.S.R.)

Les objets que nous considérons aujourd'hui comme appartenant à la C. S. R. sont connus depuis longtemps. On les attribuait autrefois soit au Néolithique au sens large, soit au Chalcolithique ou Age du Cuivre. C'est ainsi que furent catalogués les documents provenant des rives érodées de la Saône ou ceux extraits des sites lacustres du Jura, de Savoie, du Dauphiné et de la Suisse occidentale.

A. Arcelin et H. de Ferry mirent en évidence dès 1869 les caracté- ristiques principales des stations des rives de la Saône et donnèrent une première description du Néolithique des berges, aujourd'hui identifié au groupe de la Saône (oE FERRY, 1869, p. 349-369, ARcELIN, 1869, p. 392-414). En 1870

J.

Le Mire présenta les matériaux de la station jurasienne de Clairvaux qui correspondent exactement à la C. S. R.

(LE MIRE, 1870) et quelques décennies plus tard Ch. Lebrun y reconnaissait un type particulier de pointes de flèche (le type losangique à encoches) qui s'est révélé caractéristique de cette civilisation (LEBRUN, 1908). Piroutet a discerné l'originalité des industries des stations lacustres du Jura et les a classées chronologiquement dans le vaste Robenhausien (PIRoUTET, 1929, 117). Mais manquaient encore les objets caractéristiques qui auraient permis de 'dégager une civilisation autonome. Le Néolithique apparaissait en effet comme se développant de façon continue et l'on considérait les différentes formes céramiques dans la même optique.

Grâce à ses fouilles systématiques d'Auvernier (1919-1922), P. Vouga mit au jour des séries importantes de matériaux propres à la C. S. R.

qu'il analysa et décrivit dans une perspective évolutionniste. Il releva une stratigraphie qui garde encore sa valeur et qui était jusqu'aux nouvelles fouilles d'Auvernier la seule base de la chronologie. Il distingua, suivant les couches archéologiques, un Néolithique ancien,

un Néolithique moyen, un Néolithique récent et un Enéolithique. Il y reconnaissait deux civilisations tout à fait différentes, la première contenue dans la couche la plus profonde (le Néolithique lacustre ancien) et la seconde comprise dans les trois couches supérieures (VouGA, 1929, p. 89).

Ces recherches furent le point de départ des travaux. d'E. Vogt qui ne définit plus dans son article fondamental « Zum schweizerischen Neolithikum », comme Vouga, des phases temporelles, mais, conformé-

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CIVILISATION SAÔNE· RHÔNE ·335

ment à la théorie du cycle des civilisation , isola des civilisations auto- nome (VOGT, 1934, p. 89). En se fondant ur la typologie, il rassembla de roatérfaux de même nature et carnctérisa po1.u· la première fois les civilisations de Cortaillod et de Horgen. Il fit entrer les autres matériaux dan le Michel berg et la chnu1·keramik. Il as imila le Cortaillod au Néolitlüque ancien de Vouga, le Horgen au Néolithique moyen et la Schnurkeramik à 1 Enéolithique. Une autre civili ation ayant le ara - Lère du Néolithique occidental semblait se dessiner dans le léolithiqrie récent. Cette idée fut reprise plusieurs fois par E. Vogt (VoGT, 1950, p. 36; 1964, p. 26) qui attiTa ainsi l'attention sur le groupe que nous avons appelé groupe d'Allvernier. Ces considérations ne furent pas retenues en Suisse 0ccidentale parce qu'au un matériel nouveau cor0 respondant au Néolithique moyen 01.1 au Néolithique récent n'était apparu.

Ce n'e t qu en 1960 que Curent faites à Vinclz, à l'occa ion d'nn petit ondage, des découvertes qui ont été rattachées au éolithique moyen de P. Vouga ( TRAHM, 1965-66, p. 302). La J)Ubücation de cette fouille donna l'o ca ion d'examiner une nou elle fois la question cl la corre pondance entre le Néolithique moyen et la civili ation de Horgen.

E. Vogt avait mis les deux phénomènes ur le même plan avant lout en raison de la technologie de la éramique et parce qu'il savait qll'il y avait en Suisse o cidentale des vases typique de Horgen. Les fouilles de Vinelz ont révélé un ensemble dont certains éléments présentaient une ressem- blance avec Horgen e.t d'autres que l'on ne pouvait pas trouver dans cette culture mais dans le Néolithique moyen de P. Vouga. Comme le matériaux publié n'étaient pas très homogènes, il sembla préférable de définir un nouveau groupe le groupe de ü cherz. Nou ai ,ssons aujounl'hui plus n.ettement l'autonomie de ce groupe grâ e aux (ouilles de Delle , Portalb,1n ( CHWAB 1%8-69, p. 7-11 ; 1971, p. 91-93).

Auvernier Bl'i e-Lames (, HlFFERDECKER, LENOBLE, LAMBERT, 1974, p. 58), Yvonand et Thielle-Wavre, Pont-de-Thielle ( CHWAB, 1973, p. 23-27).

Depuis les fouilles de P. Vouga, on n'a fait .en Sui se o identale aucune autre découverte attribuable au Néoliùüque récent. Seuls les riches matériaux provenant des fouilles d'Auvernier menées en 1964-65 à La Saunerie ont apporté du nouveau à la recherche. Les documents céramiques ne pouvant, se ranger dans aucune des civilisations reconnues jusqu'ici, nou nous vîmes Co1·cés de créer un autre groupe que nous avons appelé civj]j ation d'Auvernier du nom du site neuchAteloi (STRAHM, J 969, p. 111). Nous l'avons assimilée au éolithigue récent en faisant i-éféren e aux dé ouvertes inédites plutôt qu'à la publication, du reste peu illustrée, de P. Vouga. Il est vrai qu'au début nous consi- dérions la céramique d'Auvernier - La Saunerie comme une variante

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locale de la civilisation d Horgen CTÉQUJlfü et STRAHM, 1965, p. 87) ou bien comme une éramique grossière de la Schnurkeramik (GALLA>',

1971, p. 229). Pui d ve· i e i lentiques mi au jour sur d'autres site, onl venu· renforcer notre dé ision d'fodividuali er une nouvelle civilisation. Celle-ci ne constitue plus, dans la conception exposée ici, qu'un groupe de la civilisation Saône-Rhône.

A la même époque A. Gallay 1:eprit l'analyse détaillée des an ienne découvertes à peine connues de Chalain. Il fut amené à di tinguer, à côté d'ensembles du Cortaillod et du Bronze ancien, une érie de ve tige présentant une certaine autonomie qu'il rattacha à un groupe parti ulier dit groupe de Chalain (GALLAY 1968 p. 12). s document témoignenl de rapports ave · la Suisse occidentale et le Midi de la •rance («Pasteurs de Plaleaux ») sur lesquels P. Pétrequin a également attiré l'attention (PÉTREQU!N, 1971, p. 153).

Les fouilles de J.-P. Thevenot à Ouroux et l'étude du matériel anciennement découvert lui ont permis de mettre en relief l'origin,llité le l'indu, trie des gi ements de la Saône dans le N~olithique de Bourgogne et de lui reconna'Ître des liens avec les site lacu tres du Jura et de Savoie (THEVE oT, 1960-1961 p. 75). Il a, plu ré emment, rapproché le groupe cl' uroux de ceux de Chalain, d'Annecy et d'Auver- nier clan un même en emble culturel (T HEVENOT, 1973, p. J 33-136).

'e t à cet ensemble culturel qu le 'ympo iurn a donné un nom. e groupe savoyard est acluellement mi en évidence par A. Bocquet à Charavines -Les Baigneur (BocQU · , 1974, p. 44) t celui lu Jura éclairé par les fouille de P. Pétrequin à Clairvaux (PÉTREQUJN,

J 974, p. 50).

Les rela.tions qui ont été con ·rntée entre ce· groupes à l'o ca i.on des étud s citées ne sont pas ·1llée ju qu'fl une ompréhension de tout I.e phénomène; celle-ci n'a été rendue possible que par une discu ion approfondie. Le trait. ommun entre e groupe sont apparus d'ail- leurs beaucoup plus forts qu'on ne pou ail le penser au début et ont justifié la réation de la ivili ation aône-Rhône.

C. STRAHM

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LES SITES DU LAC DE NEUCHATEL ET LE GROUPE D'AUVERNIER

Le groupe d'Auvernier a été révélé par les foui.Ues d'Auvernier de Portalban et d'Yverdon, qui ont fourni la plupart des matériaux. On a entrepris ces derniers temps des sondages dans quelques autres station de type Auvemier comme Saint-Blaise (EGLOFF, 1973 p. 523), Auvernier- Les Tenevières (SCHIFFERDSCKER, LENOOLE, LAMOERT, 1974 p. 60) Yvo- nand-La Peupleraie (STRAHM, 1974-75, p. 7-17). De plus on peut trouver encore, parmi le matériel des ancienne fouilles, des éléments isolé que

,l'on peut attribuer typologiquement au groupe d'Auvernier et qui montrent

qu'à cet i::ndroit exi tait un site de ce groupe (cf. liste p. 414).

Dan l'exposé qui suit, nous ne nou référeron qu'aux résultat· des [ouilles d uvernier-La Saunerie, Delley-Portalban et Yverdon-Avenue des Sports. Auvernier-La Saunerie, découvert en 1854 par N. Mi.iller, a été fouiHé de façon systématique par P. Vouga de 1919 à 1921 (Vouga, 1929).

L'exploration a été poursuivie en 1964-65 par nos soins (GALLAY, 1966, 57-82; }ÉQUŒR, STRAHM, 1965 p. 78~88 · STRAHM, 1966, p. 145-152) et repri e de 1971 à 197 4 par J. -L. Boisaubert. Grangicr a signalé Delley et Porlalban dès 1858, mais la cité n'est connue que grâce aux sondages effectués par J. Hubscher entre J 952 et 1958 et surtout aux fouille menées par H. Schwab de 1962 à 1975 (ScttwAB, 1968-69 p. 7-11 · 1971, 91-93).

Yverdon-Avenue des Sports ne fut découvert qu'en 1962 grâce à J.-L. Wy s.

Nou y avons fai.t des fouilles ·ystématiques de 1968 à 1975 (STRAHM, 1972-73, p. 7-16).

SITUATION DES GISEMENTS

Toutes les cités sont installées au bord de l'eau dans une petite baie périodiquement submergée par les inondations. Leur situation particulière peut être très différente : Auvernier se trouve sur un littoral plat, de 200 m de largeur maximum, appuyé contre les versants du Jura; Portalban occupe un littoral absolument plat, très large, limité par de hauts rochers de grès ; Yverdon fait partie de la plaine de l'Orbe.

STRATIGRAPHIE

La stratigraphie des sites mentionnés est partout la même et correspond aux observations que l'on a faites dans les gisements des lacs de Suisse occidentale. Elle est très complexe, pas du tout homogène ; elle est toujours constituée de couches de différentes ompo itions. La stratigr~phie comporte des couches de substance organique (lits de branches, bandes de charbons de bois, etc.), des lefltilles d'argile, de

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Fig. 1. - Groupe d'Auvernier. Tableau montrant l'évolution des types céramiques.

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 339 soi-disant tas de pierres et des bandes de sable en décomposition.

Ces dernières sont avec certitude des sédiments lacustres. Elles séparent nettement les niveaux si bien que l'on peut établir une stratigraphie précise et bien justifiée (fig. 1).

Sous les niveaux archéologiques se trouvent, dans les gisements cités, des couches de sable considérables apportées par les eaux voisines.

Ailleurs, on observe de la craie lacustre.

MATERIEL

Céramique (fig. 2 · et 3). La technologie de la céramique des trois sites mentionnés du groupe d'Auvernier n'est pas très évoluée. En général la pâte est grossière, à dégraissant à gros grains, soùvent pourvue d'un mince engobe et particulièrement mal cuite. Il peut arriver que le récipient se soit désintégré entièrement dans le sol humide. Pour autant qu'on puisse le constater sur le.s cassures, les vases sont construits au colombin. A côté de cette céramique ordinaire, il en existe aussi une à pâte très fine, fabriquée avec une argile très bien lavée, à dégraissant fin. Ces récipients, qui se différencient par la forme des précédents, sont pourvus d'un bon engobe, la plupart du temps noir 'brillant, et bien cuits. Il faut noter én outre de nombreux fragments de la -Schnurkeramik qui se distinguent aisément par la forme et la technique.

Les formes de la céramique du groupe Auvernier ne sont pas très variées. Il s'agit essentiellement de gros, récipients, en forme de tonneau, qui ont sous leur bord des anses larges et disposées symétri- quement. Le fond est plat ou rond; le corps du récipient est le plus souvent un peu bombé, mais il peut aussi être droit; selon les cir- constances le bord est un peu incliné vers l'intérieur, ou bien vertical.

Les mamelons sont aussi très divers : au début, ils sont petits, mais ils deviennent de plus en plus massifs au cours de l'évolution du groupe ; ils portent quelquefois aussi; au milieu, des impressions digitales. Leur nombre sur un même vase peut varier de deux à cinq. En raison de sa fréquence, nous avons considéré cette forme comme typique de la C.S.R.

A côté de ces vases il y a, et particulièrement à Auvernier, des récipients sembla_bles, plus grands et hauts, qui ont un profil légèrement évasé. Ils peuvent présenter les mêmes boutons, mais ils sont pourvus, encore plus fréquemment, d'impressions digitales sous fe bord ou d'empreintes d'ongle sous la lèvré.

On connaît très peu de décors. Exceptés les boutons et les impres- sions digitales déjà signalées, il n'y a, comme ornement plastique, que le cordon circulaire, qui peut être aussi pourvu d'impressions digitales.

De plus, des récipients à profil évasé peuvent être ornés de quelques lignes en zigzag ou de très rares bandes gravées.

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Fig. 2. - Groupe d'Auvernier. Industrie céramique

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Fig. 3.

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Groupe d'Auvernier. Industrie céramique

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Lithique (fig. 4 et 5). Les outils de silex se distinguent par la diversité de la matière première. A côté du silex du Grand Pressigny, qui n'est cependant pas le seul silex importé, on utilisa aussi beaucoup les matériaµx du pays, recueillis à proximité immédiate des sites. De ce fait, la technique de façonnage varie beaucoup ; elle peut être tantôt très évoluée, tantôt rudimentaire. A côté des techniques de retouches habituelles, on a aussi eu souvent recours à la retouche oblique couvrant la surface ; on connaît également des lames à surface polie.

L'inventaire des outils se compose de types très variables : les pièces caractéristiques sont surtout les poignards, taillés en grande partie dans du silex importé du Pressigny ; les grattoirs transversaux, assez rares, et les scies à encoches sont aussi typiques. Il y a de nombreuses poinles de flèches qui présentent presque toutes les formes connues.

Particulièrement frappantes à cause de leur multiplicité de formes sont les pointes de flèches à pédoncule (UERPMANN, 1976). A côté du silex, on utilisa aussi, mais rarement, pour les mêmes outils le cristal de roche.

Parmi les outils en roches vertes, on doit citer en premier lieu les hachettes. Elles se distinguent par leur forme typique; elles ne sont, la plupart du temps, que grossièrement travaillées et polies seulement sur le tranchant. En outre, il y a une série de haches de combat bien façonnées, qui se distinguent des outils en pierre par leur technique soignée de fabrication.

En dehors des fusaïoles plates en calcaire, les autres outils en pierre tels que les percuteurs, les pierres à aiguiser, les meules, les poids de filet, ne méritent pas de mention particulière.

Os et bois de cerf (fig. 6). On peut citer parmi les outils en os des alènes, des poinçons, des ciseaux et de nombreuses pointes de flèches, ainsi que des1pièces gravées de rainures, dont la fonction reste inconnue.

L'industrie du bois de cerf -est extraordinairement riche : nous connaissons pratiquement tous les types de hache, des formes simples sans talon, aux formes possédant un aileron bien façonné, ou au talon bifide, quelques retouchoirs, des outils qui ont été utilisés comme pioches, les soi-disant tendeurs de flèches ou bâtons de commandement et des haches.

Bois. Les objets en bois qui donnent à penser que le bois était un matériau très important, d'empioi courant, sont très variés.

Métal. Il s'agit, selon les cas, de petites alènes et d'un poignard que l'on peut, sous réserve, attribuer au groupe d'Auvernier. La compo0 sition du métal est parfois la même ; elle correspond à une sorte de cuivre fabriqué exclusivement en Suisse occidentale dans-le Néolithique récent.

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Fig. 4. - Groupe d'Auvernier. Industrie lithique, silex

Parure. Les bijoux du groupe Auvernier sont très riches et divers.

Ils montrent très bien les rapports chronologiques et les cultures. Il faut mentionner les pendeloques en dents d'ours ou de canidés, les petites lames en défense de s·angliers percées rectangulairement ou les défenses de sangliers taillées, Très importantes sont en outre les épingles en bois dé cerf, qui peuvent avoir une tête en forme de disque, de marteau ou de massue. Elles témoignent, par leur décor de points disposés en forme de rayons, une influence de la civilisation de la Schnurkeramik. Des pendentifs en pierre et des perles en calcaire complètent le tableau.

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Fig. 5. - Groupe d'Auvernier. Industrie lithique, autres roches

CHRONOLOGIE

Chronologie absolue. Les datations au carbone 14 des fouilles d'Auvernier et d'Yverdon, citées en appendice, donnent des dates, qui varient entre 2010 ± 120 et 2370 ± 110. Si l'on calibrait ces dates d'après la courbe de correction calculée à Berne sur la base des dates Suess, cela signifierait que le groupe Auvernier a existé entre 2800 à 2500 environ avant J.-C.

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Fig. 6. - Groupe d'Auvernier. Industrie du bois de cerf

Chronologie relative. Les nouvelles fouilles des cités mentionnées de la Suisse occidentale ont apporté de très nombreux vestiges, que nous devons interpréter comme des objets importés. Ils témoignent d'un système commercial largement ramifié, qui nous aide à reconnaître des civilisations de même époque. Ainsi les objets en métal, mais aussi une

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forme particulière de pointes de flèches, indiquent que dans le groupe Auvernier ancien, il y avait des relations avec le Remedello qui lui était contemporain. 1-ous trouvons les mêmes formes der cipients qu'à Auvemier dan le matériel très mal défini de Goklberg III. Les influences, indiquées à plusieurs reprises déjà, de la civilisation Schnur- keramik, que nous retrouvons toujours dans ces stations, vont dans le même sens. Il s'agit pourtant ici, non seulement de contacts com- merciaux, mais aussi de relations culturelles étroites, qui se prolongent au-delà de tout le développement du groupe Auvernier.

Les contacts vers l'ouest avec les autres groupes de la C. S. R., sont très intensifs ; ils aident à mettre en parallèle le développement intérieur des régions isolées, comme cela apparaît sur le tableau. Le matériel provenant de nos cités ne nous livre pas de rapports chronolo·

giques plus lointains vers l'ouest; cela doit plutôt être recherché dans le matériel de Chalain ou de Clairvaux. On trouve plutôt des rapports vers le sud avec la civilisation des « Pasteurs des P_lateaux », mais qui ne tendent pas à ce que l'on peut qualifier d'accord général entre des civilisations parentes. Ils ne peuvent pas être utilisés à des fins chronologiques. Mais il en est autrement d'une relation, qui ne se dessine qu'obscurément : sous le matériel qui est attribué aux constructeurs du Monument VI de Sion, Petit Chasseur, se trouvent quelques objets, qui, en soi, sont typiques pour le groupe Auvernier, ce qui signifie que l'on peut mettre en parallèle ceux-ci avec les autres, si l'on ne veut pas même les ranger dans la même civilisation.

COMPOSITION DU GROUPE AUVERNIER

Grâce à la rapide sédimentation dans la station littorale d'Yverdon, il fut possible, par le dénombrement des déc.ouvertes provenant des strates isolées, d'établir une évolution précise du groupe Auvernier (fig. 1) . Là on a vu qu'à Yverdon on peut couvrir tout le déve- loppement du groupe Auvernier, de sorte que cette station devient le point-clef de la chronologie. Alors que, jusque-là, nous nous étions efforcés de classer notre matériel dans les systèmes de chronologie qui existaient, maintenant il en va autrement : Yverdon devient l'échelle pour la suite des groupes dans le Néolithique récent, de la même façon que l'est le site du Petit Chasseur, dans le Valais. La composition du groupe Auvernier constatée à Yverdon devrait ainsi être valable en général et représenter en même temps une synthèse des cités du lac de Neuchâtel (STRAHM, 1973, p. 70).

Nous trouvons à Yverdon, dans les couches les plus basses, des récipients du groupe Lüscherz. Celui-ci déborde continuellement dans le groupe Auvernier. Bien entendu, nous savons aujourd'hui qu'une telle continuité existe entre la civilisation de Cortaillod et celle de

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CIVILISATION SAÔNE·RHÔNE 347 Lüscherz. Dans ce développement continu fait irruption, vraisembla- blement avant la formation du groupe Lüscherz, la civilisation de Horgen, qui influence ainsi les autres formes de civilisations. Elle devrait surtout être responsable du fait nettement constatable que la céramique est devenue plus grossière.

Nous retrouvons ensuite les formes de récipients du groupe Lüscherz dans les premières phases du groupe Auvernier, les pots étant ici petits, à fond rond et la plupart du temps légèrement incliné vers l'intérieur. Alors que la décoration à boutons de Lüscherz se perd très vite, nous retrouvons ici encore les baguettes circulaires. Mais il y a maintenant, en plus, l'élément Auvernier typique : l'anse large. Dans les couches elle est encore petite et à peine saillante ; plus haut elle devient plus massive (mais on doit regarder ce développement comme statistique ; une décision peut être, dans un cas isolé, difficile). Ensuite nous trouvons aussi dans les mêmes couches toujours plus de fonds plats. A partir des couches moyennes s'ajoute alors un nouvel élément, qui marque toujours plus la civilisation et qui, finalement, la trans- forme : ce sont les influences de la Schnurkeramik. D'abord ce ne furent certainement que des marchandises importées, et sans doute seulement des exemplaires uniques, mais qui sont devenus toujours plus fréquents, à l'occasion de quoi le décor a été repris aussi par la céramique indigène. Cela a conduit ainsi à de nombreuses formes mélangées (SCHWAB, 1968-69, p 7-11). On ne peut pas encore décider si l'on doit compter en plus, les nombreux récipients à profil évasé et à impressions digitales :r-rovenant d'Auvernier, ou si derrière se cache une autre

influence encore mal définie.

Les rapports de formes de la céramique du type Auvernier récent et du Bronze ancien sont manifestes : tous deux ont de gros récipients en forme de tonneau, qui ont comme caractéristique de grosses anses.

Il y a encore en plus dans le Bronze ancien le cordon circulaire, mais qui n'est pas non plus totalement inconnu à Auvernier. La différence essentielle consiste dans le fait que les récipients du Bronze ancien sont construi.ts beaucoup plus structurellement ; ils ont une composition que la décoration prend en considér.ation. Après avoir déjà souvent fait remarquer qu'en Allemagne du Sud et dans le centre de la Suisse, le Bronze ancien commence déjà à l'époque de la Schnurkeramik, nous pouvons maintenant dessiner ici une continuité directe. Les formes du groupe Auvernier deviennent, tout à fait graduellement, les formes du Bronze ancien, ce qui apparaît vraisemblablement de la façon la plus nette dans les nouvelles découvertes de Sion, Petit Chasseur. La C. S. R. peut ainsi être interprétée comme précurseur de la civilisation Rhône.

Ch. STRAHM

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LES STATIONS LITTORALES DE CHALAIN ET CLAIRVAUX ET LA FIN DU NEOLITHIQUE

DANS LE SUD DE LA FRANCHE-COMTE

Depuis 1870, année de la découverte des gisements néolithiques du lac de Clairvaux, puis après l'assèchement partiel des sites littoraux de Chalain en 1902, l'étude du Néolithique final - Bronze ancien en Franche- Comté a porté uniquement sur ces deux grands ensembles des lacs juras- siens. L'abondance et l'excellente conservation du matériel archéologique, ajoutées aux reconstitutions de villages sur plates-formes au-dessus de l'eau ont fait complètement oublier, pendant quelques décennies, qu'il s'agissait de gisements stratifiés, dont la compréhension ne pouvait être que liée à l'étude du contexte naturel et humain. Une énorme masse de mobilier est venue garnir les dépôts des musées et les collections particulières et l'exploi- tation de cette documentation était réduite à ses seuls aspects typologiques.

L'étude de la céramiq.ue en particulier témoigne que, jusqu'à maintenant, il paraissait difficile de replacer les ensembles de Chalain-Clairvaux dans un cadre cohérent ; la variété des termes utilisés - Horgen, S. O. M., Cordé, Ferri?!res, Néolithique récent ou final, Chalain, Pasteurs des Plateaux, etc. - pour définir les ensembles archéologiques témoigne clairement de notre ignorance et du man.que d'informations précises tant sur les gisements régionaux que sur les sites comparables.

En 1968, A. et G. Gallay, dans le cadre d'une synthèse sur le Jura et la séquence Néolithique récent - Bronze ancien, ont montré que la céramique de Chalain-Clairvaux pouvait être classée en trois grands ensembles : Néo- lithique moyen, Néolithique récent et· Bronze ancien et que finventaire des formes et décors au Néolithique récent se rapprochait de la céramique du Midi de la France (Pasteurs des Plateaux davantage que du HŒgen ou du S. O. M.). Ils propos~rent de baptiser faciès de Chalain l'ensemble archéolo- gique moyen, immédiatement antérieur au Bronze ancien.

Depuis 1970, la Direction des · Antiquités Préhistoriques de Franche- Comté a lancé une étude à long terme des station néolithiques du lac de Clairvaux. Parallèlement des prospections et des sondages sont effectués sur le lac de Chalain. Cinq années de fouiUe à Clairvaux pe.rmettent de revoir d'un peu plus près le problème des séquences chronologiques et proposer une classification possible en trois périodes qui seront définfos sur la base de trois stations différentes des lacs de Chalain et Clairvaux.

NÉOLITHIQUE FINAL, TYPE CHALAIN - STATION !

La station n° I du lac de Chalain est située au lieu dit « l'Ilot sous Damier», commune de Doucier (Jura). C'est un village de bord de lac dont la stratigraphie détaillée n'est pas encore connue : tout au plus savons-nous que l'épaisseur des niveaux archéologiques n'excède guère 50 cm et que le mobilier recueilli y paraît tioès cohérent (pros- pections 1972 et 1973). Il n'existe, pour l'instant, aucune preuve

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE

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Fig. 7. -- Néolithique final, type Chalain-Station I. Industrie céramique

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350 J.-P. THEVENOT, CH. STRAHM ET ALII

stratigraphique pour replacer ce gisement dans la chronologie des lacs jurassiens. Seules les datations C 14 et surtout l'étude du mobilier céramique tendent à donner une, datation haute à cet ensemble, au début .du Néolithique final. Il est donc possible qu'après étude détaillée l'attribution chronologique soit sujette à remaniements, bien que le mobilier découvert forme un ensemble clos. Dans la station I, les niveaux archéologiques reposent directement sur une couche de la fin du Néolithique moyen, avec quelques éléments, attribuables au Cortaillod récent.

Ceramique. Tous les vases trouvés jusqu'à présent appartiennent à des récipients de grandes dimensions, dont la technologie est bien caractéristique ; la pâte est grossière, mal cuite et le dégraissant calcaire est souvent un sable de forte taille (moyenne 3 à 7 mm). La surface des vases est grossièrement lissée ou engobée à la main et la cuisson paraît réductrice pendant toute sa durée : les couleurs les plus fréquentes sont les noirs, bruns et gris foncés, toujours ternes.

Trois types de formes peuvent être définis (fig. 7 et 8) :

des jarres cylindriques à fond rond et col rentrant (fig. 7, n° 5) - des jarres cylindriques à fond rond et col droit (fig. 8, n° 3) - des marmites hémisphériques à fond rond ou aplati (fig. 8, n° 1) . Dans leur grande majorité, les fonds sont ronds, avec quelques cas exceptionnels de fonds aplatis.

Les décors sont des éléments plastiques collés sur la paroi du vase et placés dans le quart supérieur du récipient, juste au-dessous de la lèvre :

- languettes et mamelons très saillants, lisses ou segmentés par des impressions digitales profondes (fig. 7, n° 5) ;

- cordons lisses ou impressionnés, irréguliers et saillants, placés sous la lèvre; rares sont les cas de cordons horizontaux multiples sur une même jarre ;

- sur quelques jarres, cordons et languettes peuvent être associés (fig. 8, n° 3) .

La céramique fine est absente de ces niveaux, mais il convient de ne pas perdre de vue la surface très réduite - quelques mètres carrés - explorée jusqu'à présent.

Lithique. Les seules pièces lithiques attribuables à cette phase sont des racloirs épais sur larges éclats de chaille locale et de nombreux éclats utilisés sans retouche de préparation.

Os et bois de cerf. La pauvreté des vestiges d'industrie osseuse ou du bois de cerf ne permet pas de généralisation : poinçons et ciseaux en os, industrie sur lamelles, hache-marteau et gaines en bois

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 351

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Fig. 8. - Néolithique ftnal, type Chalain-Station I. Industrie céramique

de cerf (fig. 9). Les gaines sont en général à tenon simple et la gaine à ailette pourrait apparaître à la fin de cette période (d. Chalain, Ilot des Roseaux,- fouilles Bourdier, niveau 12, A. et G. GALLA Y, 1968) . Chronologie. Nous disposons de quatre datations -C 14 pour situer.

chronologiquement cette phase de Chalain :

- un pieu de la station I : 2270 ± 140 av; J.-C.;

- un pieu de palissade proche de la station I 2330 ± 140 av. J.-C. i

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352 J.-P. THEVENOT, CH. STRAHM ET ALII

Fig. 9. - Néolithique final, type Chalain-Station I. Industrie du bois de cerf

:-- les niveaux 9 et 12 de l'Ilot des Roseaux (fouilles F. Bourdier) 2400 ± 80 et 2315 ± 80 av. J.-C.

D'autre part, l'évolution des formes céramiques pourrait s'inscrire dans le cadre de ce que l'on connaît à Clairvaux, bien que toutes les données ne soient pas complémentaires. Aussi bien par la technologie que par le répertoire des formes, les céramiques de la station I sont comparables, sans réserves, à celles des niveaux moyens d'Yverdon (C. STRAHM, 197 3) et définies comme type d'Auvernier ancien. Ce type d'Auvernier ancien est maintenant bien connu en stratigraphie où il succède au type de, Lüscherz, qui existe à Chalain comme décor céra-

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Fig. 10. - Chalcolithique, type Clairvaux-Station III. Industrie céramique

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354 J.-P. THEVENOT, CH. STRAHM ET ALII

mique exceptionnel, mais non comme élément majeur dans la céra- mique. Il conviendra donc de vérifier très vite la position strati- graphique exacte du site de Chalain pour savoir s'il existe ou non un décalage chronologique de part et d'autre du Jura plissé.

CHALCOLITHIQUE, TYPE CLAIRVAUX - STATION III

ur le lac de lai..rvaux, deux site· pré·enteot une tn1tigraphie identicrue où les couche de la fin du Néolithique ont éparées des niveaux .Bronze ancien par un dépôt de raie, dans une tr n gre · ion lacustre d'une certaine durée. Il s'agit de la station n° III, que nous prendrons comme station type, et de la Motte aux Magnins ud que nous laisserons de côté pour éviter des confusions possibles avec une autre station toute proche, la Motte aux Magnins.

Les deux gisements ont fourni, parmi des structures de maisons quadrangulaires associées en rangées, un mobilier comparable.

Céramiqite. Par la technologie, la céramique peut être classée en troi · catégories avec :

a) des forme et une te hnoloo·ie très proches des vases de la station I de halain (fig. 7 et 8). e ré ipients disparaissent complè- tement dan· les niveaux supérieurs ;

b) clcs vas . de grande taille, du "'enre janes ou vases h.émi.sphé- 1iques à fond rond ou aplati, trè rar ment plat (fig. 10 et 11). La céramiqûe reste gros iè.re à dé rai ant calcaire de grande taille, mais le urface peuvent tre traitées avec un soin que l'on ne trouvait pas à Chalain; entre autres, J'engobe des vase est li é ,'.1 la patule. Les :urfoces ont en général de couleur noir, brun, rouo-eâtre ou beige, sans aucune constante à l'intérieur de la pâte. '

Les décors sont des éléments plastiques collés ou des cannelures grossières tracées au doigt :

- jarre à cannelures localisées sous le bord (fig. 10, n° 6), ou au tiers supérieur du vase (fig. 10, n~ 7) ;

- jarres à cordon unique (fig. 10, n° 4) ou multiples (fig. 11, n° 8),

pouvant couvrir toute la céramjque; ·

- pastilles de technolo ie proche de la fin du Cortaillod (fig. 10, n° 3) ou du type de Uisd1erz (fig. 10, n° 5) ;

- mamelons et languettes peu saillants (fig. 11, n° 6).

Seuls sont onnus quelques exemples de décors poinçonnés (fig. li, n° 10) ou avec des métope de style Ferrières ou Pasteurs des Plateaux.

(lac de Chalain, musée de Dole) ;

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 355 c) des vases de petite taille à fond arrondi ou plat en céramique fine, à surfaces sombres lustrées. Nous ne possédons aucun profil complet de ces récipients.

Des fusaïoles cylindriques très plates sont également faites en terre cuite.

Lithique. Notre documentation sur l'industrie lithique est abon- dante. Toutes les armatures de flèche sont de type évolué (fig. 12, n° 5) avec des pointes foliacées, losangiques avec ou sans encoches latérales, pointes à pédoncule, etc. Les poignards, en silex régional ou importé, sont en général losangiques, avec ou sans soie dégagée. Les outils de grande taille, racloirs, scies à coches, etc. sont faits sur plaquettes de silex du Haut-Jura ou chaille locale.

L'outillage poli, tranchets, haches ou herminettes est fait presque exclusivement sur des roches alpines travaillées par taille directe, bou- chardage, puis polissage. Les calcaires de Clairvaux fournissent des meules et des fusaïoles. La station III a livré également trois perles à ailettes en marbre, d'inspiration méridionale.

Os et bois de cerf. L'industrie osseuse est abo~dante, mais peu significative : ciseaux, poinçons, etc. Au contraire, l'outillage en bois de cerf est nombreux et diversifié : outillage sur lamelle ( « lissoirs »,

ciseaux ... ), poinçons, coins, hache-marteau, gaines à emmanchement transversal (fig. 12, n° 2), gaines droites (fig. 12, n• 4) et nombreuses gaines à ailettes (fig. 12, n° 3).

Bois. Le bois et les fibres végétales ont fourni la matière première de bols, mortiers, emmanchements de haches ou couteaux, peignes, vanneries, etc. Aucun objet métallique n'a été trouvé dans les sites de Chalain-Clairvaux.

Chronologie. Quatre datations C 14 peuvent nous orienter pour assurer la place chronologique du Néolithique final, type Station III :

- Station III : 2690 ± 270 av . .J.-C. ;

- Motte aux Magnins, niveau IIe : 2120 ± 140 av. J.-C.;

- Chalain, Ilot des Roseaux, niveaux 3 et 5 : 2150 ± 60 et 2340 ± 115 av. J.-C.

La céramique reflète particulièrement bien les influences extra- régionales durant cette phase chronologique :

- quelques rapports sont prob.1bles avec la Suisse occidentale, c'est-à-dire avec les types de Lüscherz et d'Auvernier;

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Fig. 11. - Chalcolithique, type Clairvaux-Station III. Industrie céramique

dionaux qu'il faut chercher l'origine des décors de cordons et cannelures dont le développement a été si important qu'ils constituent l'originalité même du type Chalain-Clairvaux, Station III. Les céramiques et l'industrie lithique qui les accompagnent ont dû persister assez tard dans le Néolithique, pour que l'on y trouve des éléments proches du Cordé de Suisse occidentale (décors céramiques, épingles en os).

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 357

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Fig. 12. - Chalcolithique, type Clairvaux-Station III. Industrie lithique et du bois de cerf.

BRONZE ANCIEN, TYPE CLAIRVAUX - MOTTE AUX MAGN.INS

Il peut paraître curieux de voir rattacher à une étude ,sur la fin du Néolithique un gisement du lac de Clairvaux dont la datation est très basse, puisqu'elle se situe tout à la fin de l'Age du Bronze ancien. Mais les traditions de la phase précédente sont si fortes dans la céramique

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358 J.-P. THEVENOT, CH. STRAHM ET ALI!

gross1ere, l'industrie lithique et l'outillage en bois de cerf, qu'il nous a paru trop artificiel de vouloir segmenter la fin du Néolithique à l'apparition de l'outillage en bronze. Les niveaux supérieurs de la Motte aux Magnins, à Clairvaux, appartiennent à un village situé sur une tourbière, où des maisons quadrangulaires de 8 m sur 4 m environ ont été installées; ces constructions ne sont plus disposées en rangées, comme au Néolithique final, mais sont nettement séparées les unes des autres par des ruelles de 1,5 à 3 m de largeur.

Céramique. Nous distinguerons, d'une part, une céramique gros- sière de tradition néolithique ; d'autre part, une céramique fine d'inspiration Bronze ancien.

La céramique grossière comprend toujours des jarres de grande taille avec décors de cannelures horizontales (fig. 13, n° 3), de cordons lisses ou impressionnés (fig. 13, n° 4 et fig. 13, n°s 6, 13). Les éléments de préhension, languettes, mamelons, sont fréquemment associés aux cordons (fig. 13, n° 7). La technologie diffère de celle du Néolithique final; en particulier il semble que l'engobage des vases soit moins systématique et bien souvent le dégraissant calcaire est apparent et donne des surfaces rugueuses. Les couleurs de pâte sont très variables.

La céramique fine est beaucoup moins dégraissée : les surfaces sont soigneusement lissées et leur couleur est toujours sombre (noir, brun, etc.). Les décors peuvent être :

- poinçonnés (fig. 13, n°' 8 et 9)

- incisés (fig. 13, n°' 10 à 12) : ils sont organisés en registres horizontaux ;

- plastiques (fig. 13, n°' 6 et 13), petits cordons à impressions digitales très réguliers; il n'est pas possible de confondre ces décors plastiques avec les cordons très tourmentés du début du Néolithique final.

Lithique. L'industrie lithique taillée est tout à fait comparable à celle de la phase précédente, type Station III (fig. 14) : flèches évoluées, scies à coches, poignards, etc. Deux éléments nouveaux sont à signaler : les armatures de flèche à pédoncule et ailerons très dégagés et les éclats micro-denticulés (fig. 14, n° 10).

L'outillage en roches polies est exclusivement fait sur roches vertes ou cristallines. Les fusaïoles en pierre, de type cylindrique plat, sont toujours représentées. Mentionnons une perle à ailettes en marbre (fig. 14, n° 13), de type évolué, tout à fait différente des perles de la Station III où les ailettes sont bien individualisées.

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Fig. 13. - Bronze ancien, type Clairvaux-Motte aux Magnins. Industrie céramique

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Os et bois de cerf. L'industrie de l'os et du bois de cerf ne permet pas de noter une quelconque évolution par rapport à la phase précédente (fig. 15). L'utilisation du bois de cerf est toujours intense.

Métal. Les niveaux supérieurs de la Motte aux Magnins ont livré quelques objets en bronze :

- -trois alènes losangiques dissymétriques, avec pointe d'un côté et biseau d'emmanchement de l'autre (musée de Lons-le-Saunier) ;

- une flèche à pédoncule et ailerons droits ;

- un petit poignard triangulaire à deux rivets (coll. Le1nire, Pont-de-Poitte, Jura) ;

- un poignard triangulaire à soie trapézoïdale et deux rivets, décor de nervures en V sur la lame ;

- une hache à talon étroit encoché, tranchant large et bords limités au talon (musée de Besançon).

Signalons également :

- trois perles en fritte émaillée (pâte de verre) - deux anneaux;

- une barrette multiforée.

Chronologie. Deux datations au C 14 sont cohérentes :

- Motte aux Magnins Sud, niveau supérieur : l 7IO ± 110 av. J.-C.;

- Motte aux Magnins, niveau I : 1850 ± IIO av. J.-C.

L'ensemble du matériel est homogène et témoigne d'une occupation à l'extrême-fin du Bronze ancien avec :

- une forte tradition Néolithique final;

- des influences campaniformes tardives : décors horizontaux poinçonnés, décors à la cordelette, etc. ;

- des influences de· style Bronze ancien des Roseaux ;

- un mobilier métallique déjà bien tardif qui annonce le Bronze moyen.

Dans l'état actuel des connaissances, la succession des types définis dans les stations de Chalain-Clairvaux paraît limitée au sud de la Franche-Comté. Dans le nord, c'est-à-dire les départements du Doubs, Haute-Saône et Territoire de Belfort, le problème semble tout autre.

En effet, au débouché occidental de la Trouée de Belfort, existe une concentration de tombes collectives en dolmens (Brevilliers, Fontaine-les-Clerval, etc.) que nous rattachons, selon toute vraisem- blance, au S. O .. M. D'autre part, le niveau V de la grotte de la Tuilerie, à Gondenans-les-Montby (Doubs) contenait quelques frag- ments d'urnes cylindriques à fond plat et languettes de préhension;

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Fig. 14. - Bronze ancien, type Clairvaux-Motte aux Magnins. Industrie lithique

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Fig. 15. - Bronze ancien, type Clairvaux-Motte aux Magnins. Industrie du bois de cerf.

la technologi~ de ces vases est très sommaire et rappelle le S. O. M.

ou le Horgen, bien que les languettes de préhension ne soient pas comparables. Un niveau à céramique cordée véritable a été trouvé dans la grotte de la Baume de Gonyillars (Haute-Saône, niveau IX). La trouée de Belfort a fourni pendant tout le Néolithique et l'Age du Bronze ancien des haches polies en aphanite (quartzite micacé) ; or, ce type de roche est tout à fait inconnu dans le sud du Jura au

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 363 Néolithique final, alors qu'au Néolithique moyen sa diffusion vers le sud s'étend au-delà de Clairvaux.

Ceci laisse soupçonner dans le nord de la Franche-Comté l'exis.- terice d'un groupe Néolithique final, à affinités S. O. M. ou Horgen, bien différent des types de Chalain-Clairvaux.

P. PÉTREQUIN

LE SITE D'OUROUX-SUR-SAONE ET LE GROUPE DE LA SAONE

Les gisement néolithiques de la Saône furent décrits pour la première fois il y a plu de cenl a11 par A. rcelin et H. de Ferry. En 1869, ces deux archéologue avaient déjà recensé entre Chalon-sur-Saône et Lyon, près de vingt sites visibles dans !es coupes naturelles des berges. Ils mirent dès cette époque en évi lencc certaines caractéristique tecb niques de l'i ndustric d'aprè l'étude des seul documents révélés par les crues. Les l'echerches ultérieme qui amenèrent Ja découverte de nouvelles stations, en amont de Chalon-sur-Saône notamment, en restèren au stade du ramas age. Aucune fouille ne fut jamai entreprise et les sites de la Saône ne nous étaient connu , il y a peu, que par de succinctes études et de rares collec1io11s. Les fouilles ouvertes à Ouroux-sm-Saône en 1959 bien que réduites eu surface, nous ont apporté asse.z d'éléments pour donner une diagnose plus précise de l'industrie, reconnaître Ja personnalité du groupe de la Saône et distin- guer se,<; liens de parenté avec les sites du Jura, de la Suis c occidentale et du Nord des Alpes.

SITUATION DES GIS)i:MENTS

Les gisements qui appartiennent au groupe en question s'échelon- nent sur les rives de la Saône depuis Gray jusqu'à Lyon, avec une densité apparemment plus forte dans la région de Chalon, Tournus, Mâcon et Villèfranche-sur-Saône. Ils occupent le bord même de la rivière, mais certains se trouvent aujourd'hui noyés dans son lit. Ils apparaissent souvent localisés à proximité de l'un de ses tributaires (Sermoyer, Ain), à l'emplacement d'un gué (Ouroux-sur-Saône, Saône- et-Loire), au niveau d'une île (Sancé, Saône-et-Loire, Feillens, Ain) ou dans un méandre favorable (Glanon, Côte-d'Or) . Les stations dans leur majorité sont installées sur la rive gauche, mais certaines des plus importantes sont implantées en rive droite (Crêches-sur-Saône, Saône·

et-Loire).

• Les gisements sont à présent dégagés par les crues ·qui érodent les berges. Il ne semble· pas cependant que le cours de la rivière se soit beaucoup déplacé latéralement depuis le Néolithique. Son niveau

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Fig. 16. Groupe de la Saône. Phase récente, type Ouroux. Industrie céramique

a suivi des oscillations sensibles ; les analyses malacologiques ont montré qu'au moment où les cités riveraines existaient, le niveau de l'eau était particulièrement bas; la construction de barrages au siècle dernier l'a fortement rehaussé.

On connaît plus de trente gisements répartis sur les rives de la Saône, mais leur importance relative ne peut être appréciée dans tous les cas, soit qu'ils aient été à peine prospectés, soit que les crues ou l'exploitation intensive des graviers les ait déjà considérablement entamés. Certains ont été observés en coupe sur plusieurs centaines de mètres de longueur (Ouroux-sur-Saône, Saône-et-Loire ; Po~t-de- Vaux, Ain) ; d'autres apparaissent plus limités.

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CIVILISATION SAÔNE-RHÔNE 365

STRATIGRAPHIE

Les gisements sont inclus dans les alluvions quaternaires récentes de la rivière. Dans tous les cas ils sont stratifiés, à une profondeur variable suivant leur épaisseur locale, dans les limons bruns de débor- dement qui reposent eux-mêmes sur des limons sableux jaunes tardi- glaciaires. A Ouroux comme dans les autres gisements des rives de la Saône, seuls les limons bruns superficiels contiennent les niveaux archéologiques; dans ce dernier site, la stratigraphie en comporte trois, qui se rapportent au Gallo-Romain précoce, au Bronze final et au Chalcolithique. En aucun- point des coupes naturelles des berges n'a été rencontrée de couche renfermant une industrie plus ancienne notamment mésolithique.

Dans presque tous les gisements répertoriés, n'existe qu'un seul niveau néolithique avec ses structures afférentes; mais à Boz (Ain), H. de Ferry en signale deux sur un même point de la rive (FERRY et ARCELIN, 1870, p. 94). Il est probable que les habitats se sont déplacés le long de la rivière ; ce peut être le cas à Ouroux, car des vestiges et des traces de terrassements se découvrent dans la b_erge sur phis de

1.200 mètres de longueur.

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Fig. 17. - Groupe de la Saône. Phase récente. type Ouroux. Industrie céramique

STRUCTURES D'HABITATS

Bien que des troncs d'arbres aient été extraits de la Saône à diffe- rentes reprises, on n'a aucune preuve de constructions sur pilotis,

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366 J.-P. THEVENOT, CH. STRAHM ET ALII

comme on l'a affirmé autrefois (MARCHAND~ 1867). De nombreuses structures ont été par contre repérées en terre ferme : trous de poteaux, tranchées, fosses domestiques ou d'extraction, foyers. Les substructions étudiées à Ouroux, bien que très partiellement dégagées, semblent indiquer l'existence de grands bâtiments rectangulaires dont les parois et les cloisons étaient, comme dans les maisons du Rubané récent, constituées de troncs plantés dans des tranchées ou des trous de poteau. Des fosses de différentes taîlles, situées à proximité, ont fourni des matériaux pour la construction des bâtisses et servi de dépotoirs.

MATÉRIEL

Le seul ensemble qui permette de décrire avec quelque précision l'industde du groupe de la Saône est celui recueilli à Ouroux. Il caractérise cependant la phase la plus récente de l'évolution du groupe.

Aucune autre fouille n'est venue équilibrer ces données. Les vestiges recueillis sur d';mtres sites par ramassage ou dans les dragages appor- tent quelques informations complémentaires.

Céramique (fig. 16 et 17). L'industrie céramique est dans son ensemble d'aspect rugueux, grossière, mal cuite, bien que certains vases témoignent d'une technique plus fine. En dépit de cette rusticité, sa fabrication fait montre d'une certaine recherche, notamment dans la préparation des terres auxquelles sont incorporées dans des propor- tions variables des dégraissants de différentes natures (granite concassé, sables) et même des paillettes de mica doré.

Les formes de la série grossière sont des plus simples, mais de tendance générale plutôt élevée; les vases sont de forme cylindrique ou en tonneau, à fond oscillant, aplati ou quelquefois plat au moins dans la phase récente; ils sont dotés d'oreilles et de boutons de préhension plus souvent pleins que perforés, placés à faible distance du rebord par 2 ou par 4 et plus rarement munis de baguettes ou d'anses d'autres types. Il y a aussi des vases tronconiques et des écuelles. en calotte sphérique du genre assiette, des plats à bord dressé et des récipients à col.

La série fine comprend des écuelles carénées à profil anguleux ou sinueux pourvues de boutons ou de baguettes de préhension, ainsi que de petites coupes hémisphériques.

Le décor est très rare et consiste tout au plus, sur les gros vas·es, en impressions digitales enfonçant un mamelon de préhension, et sur les écuelles en calotte sphérique, en légers coups de spatule. Par contre, on connaît à Ouroux un décor géométrique assez fruste de triangles hachurés et un décor campaniforme au peigne.

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