Thesis
Reference
Etudes des conséquences physiopathologiques de l'hyperinsulinémie: son impact dans la compréhension du
développement de l'obésité chez le rat
CUSIN, Isabelle
Abstract
L'impact de l'hyperinsulinémie sur l'utilisation du glucose in vivo dans le tissu adipeux blanc et dans les muscles a été étudié lors de ce travail. Pour cela des rats normaux ont été perfusés de manière chronique avec de l'insuline à l'aide de minipompes pendant quatre jours et comparés à des rats contrôles perfusés avec du liquide physiologique. A la fin du traitement, l'index d'utilisation du glucose de différents tissus a été mesuré lors du «clamp» euglycémique hyperinsulinémique associé à la méthode du 2-désoxyglucose marqué. L'effet inverse de l'hyperinsulinémie sur l'utilisation du glucose par le tissu adipeux blanc et par les muscles persiste chez des rats traités par l'insuline qui ont subi une ablation de la médullaire de la surrénale ou une infusion de propranolol, ce qui élimine le rôle potentiel de l'élévation des catécholamines dû à l'hypoglycémie sur l'effet observé. L'hyperinsulinémie semble donc être un facteur clé produisant une surstimulation de l'utilisation du glucose dans le tissu adipeux blanc, une augmentation de la lipogénèse et de l'accumulation de [...]
CUSIN, Isabelle. Etudes des conséquences physiopathologiques de l'hyperinsulinémie:
son impact dans la compréhension du développement de l'obésité chez le rat. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 1991, no. Sc. 2504
DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:105697
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:105697
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
Laboratoires de Recherches Métaboliques
FACULTE DE MEDECINE Professeur B. Jeanrenaud
THESE
Etudes des conséquences physiopathologiques de I'hyperinsulinémie : son impact dans la compréhension du développement de I'obésité chez
le rat.
présentée à la Faculté des Sciences de I'Université de Genève
pour obtenir le titre de Docteur ès Sciences, mention biochimique
par lsabelle CUSIN de Douvaine (France)
THESE NO 2504 GENEVE
1991
Laboratoires de Recherches Métaboliques
FACULTE DE MEDECINE Professeur B. Jeanrenaud
THESE
Etudes des conséquences physiopathologiques de I'hyperinsulinémie : son impact dans la compréhension du développement de l'obésité chez
le rat.
présentée à la Faculté des Sciences de I'Université de Genève
pour obtenlr le titre de Docteur ès Sciences, mention biochimique
par lsabelle GUSIN de Douvaine (France)
THESE No 2504 GENEVE
1991
Métahol iques)., J. DESHUSSES, p.nofess.eur.ordinai.r:e..et.rép.ondant devant
la
Facultédes Sciences (Département de..b.ioch.imie)..e.t.L....PÉU.tC.AUO.,.do.c.teur: (.Lab.or:atoire de
Physiopathologib Oe
Ia Nutrition,
CNRS 307- Université de Paris VII),
autorise l'impression de
la
présente thèse, sans exprimer d'opinionsur
lespropositions
qui y
sont énoncées.cENÈVE,
le 24 septembre
19 91Le Doyen:
Pierre
BURIThèse
I.A.
TABLES DES MATIERES Résumé
I. lntroduction
I.B.
I.8.1.
I.8.1.1 I.B.1.2.
I.8.2.
r.8.2.1.
r.8.2.2.
I.8.2.3.
I.8.3.
I.8.3.1.
I.8.3.2.
I.8.3.3.
r.c.
r.c.1.
Rappel des principaux etfets de I'insuline chez le rat normal
Modèles animaux d'obésité et d'insulino-résistance
Evénements liés à la phase précoce de I'obésité.
Augmentation du dépot de graisse Dissipation de chaleur
Evénements liés à la phase tardive de I'obésité.
Résistance à I'insuline dans le muscle Résistance à I'insuline dans le foie
Résistance à l'insuline dans le tissu adipeux blanc Etiologies possibles
Système parasympathique Système sympathique
Axe hypothalamo-hypophysaire
Régulation du transporteur du glucose
Régulation du transporteur du glucose et de son ARNm dans le tissu adipeux blanc dans ditférentes conditions métaboliques et hormonales
Régulation du transporteur du glucose et de son ARNm dans le
muscle dans différentes conditions métaboliques et hormonales
lntroduction au travail de thèse Références
r.c.2.
I.D.
p.7 p.9
p.9
p. 14
p. 19
p. 19
p.20 p.20 p.20 p.23 p.24 p.24 p.25 p.26 p.26 p.27
p.32
p.36 p.42
I.E.
p.44II.
II.A.
II.A.1.
II.A.2.
II.A.3 II.A.4
II.A.5.
II.B.
II.B.1.
II.B.2 II.B.3 II.B.4
II.B.5
II.B.6
II.B.7
II.c.
II.D.
Matériels et Méthodes Animaux
Traitement à I'insuline (groupe A et B)
Ablation de la zone médullaire de la surrénale et traitement à I'insuline (groupe C)
Traitement au propranolol et à I'insuline
Mesure d'un métabolite des catécholamines dans I'urine:
I' acide 3-methoxy-4-hydroxy-mandéliq ue (VMA) Traitement à I'insuline et au glucose (groupe E)
Mesure du métabolisme du glucose.
Mesure du métabolisme total du glucose et de la production hépatique de glucose
Mesure de I'utilisation du glucose par les tissus individuels Mesure d'une constante de discrimination
Mesure de la vitesse d'incorporation de 11aç1-nlucose en glycogène dans les muscles
Mesure de la synthèse de lipides totaux en glycogène dans le tissu adipeux blanc et dans le foie
Mesure du taux d'ARNm codant pour le transporteur de glucose insulino-dépendant (GLUT4)
Mesure de la quantité de transporteur de glucose insulino-dépendant (GLUT4)
Méthodes analytiques Références
Résultats
Etfet du traitement à I'insuline chez le rat sur I'apport calorique, le gain de poids corporel, la glycémie et I'insulinémie
p.62 p.62
p.63 p.63
p.64 p.64 p.65
p.65 p.67 p.69
p.70
p.71
p.71
p.73 p.73 p.75
ilr.
p.78IIr.1.
p.78
ITT.2
III.3.
III.3.1
III.3.2.
III.4
III.4.1.
ilI.4.2.
III.4.3.
111.4.4.
[I.5.
m.5.1.
III.s.2.
III.5.3.
III.5.4
Etfet du traitement à I'insuline chez le rat sur le métabolisme total du glucose et la production hépatique du glucose
Etfet du traitement à I'insuline dans
lefoie de rat
Détermination du contenu en glycogène et de la synthèse de novo de glycogène
Détermination de la synthèse de lipides
Etfet du traitement à I'insuline dans
letissu adipeux blanc de rat
Détermination de la synthèse des lipides
Détermination de l'index d'utilisation du glucose
Détermination de I'abondance d'ARNm codant pour le transporteur du glucose insulino-dépendant (GLUT4)
Détermination de l'abondance du transporteur du glucose insulino-dépendant (GLUT4), de protéines totales et d'ADN
Effet du traitement à I'insuline dans différents Çpes de muscles de rat
Détermination de I'index d'utilisation du glucose
Détermination du contenu en glycogène et de la synthèse de novo de glycogène
Détermination de I'abondance d'ARN codant pour le transporteur de glucose insulino-indépendant (GLUT4)
Détermination de I'abondance du tranporteur du glucose
insulino-dépendant (GLUT4), de protéines totales et d'ADNp. 111
Discussion
p.
81p.
81p.
81p.
86p.
86p.
86p.
86p.
93p.
98p.1o2
p. 102p. 108
p. 111
p.117
ry
v. Conclusions
p. 130Je souhaite adresser toute ma gratitude et mes très sincères remerciements:
Au
ProfesseurB.
Jeanrenaudpour
m'avoir donnéun
sujetde
thèse passionnant, pour m'avoir fait confiance, pour Son SOutien constant tout au long de ce travail, pour sa critique toujours positive et pour sa passion pour son travail qu'il sait si bien communiquer.Au Professeur J. Deshusses et au Docteur L. Pénicaud pour avoir accepté de juger cette thèse et pour leurs conseils.
A
Jacques Terrettazet à
Françoise Jeanrenaud pour leur aideet
leur soutien si précieux et pour toutes les discussions que nous avons eues.A Patrizia Arboit, Francine Califano et Rosemarie Faes pour leur excellent travail.
A
Françoise Touabiet
Pierre Germann pour toute la peine qu'il se sont donnée lors de la rédaction de mes publications.A toute l'équipe des "Laboratoires de Recherches Métaboliques" grâce à laquelle j'ai été heureuse de travailler pendant la durée de cette thèse.
Pour terminer, je dédie cette thèse à ma petite Eva et à son papa.
Liste d'abréviations
VMH =
hypothalamus ventromédianNaGl
= solution de chlorure de sodium isotoniqueU =
Unité d'insulineGLUT4 = transporteur du glucose insulino-dépendant GLUTI = transporteur du glucose de type érythrocytaire ADMX = ablation de la zone médullaire de la surrénale
Prop
= propranololVMA
= acide 3-méthoxy-4-hydroxymandéliqueHGP
= production hépatique de glucoseWAT
= white adipose tissueEPI
= epithroclearisEDL
= e)ûensor digitorum longusDIAPH = diaphragme
RESUME
L'impact de I'hyperinsulinémie sur I'utilisation du glucose in vivo dans le tissu adipeux blanc et dans les muscles a été étudié lors de ce travail. Pour cela des rats normaux ont été perfusés de manière chronique avec de I'insuline à I'aide
de
minipompes pendant quatrejours et
comparésà des rats
contrôles perfusés avecdu
liquide physiologique. L'hyperinsulinémie produitepar
letraitement
à
I'insuline provoqueune
hypoglycémietrès bien
tolérée par I'animal, une augmentation significativede la
prise alimentaireet du
poids corporel.A
la fin du traitement, I'index d'utilisationdu
glucose de différents tissusa
été mesuré lors du "clamp" euglycémique hyperinsulinémique associé à la méthode du 2-désoxyglucose marqué. Après plusieurs jours de traitement à l'insuline chez des rats normaux, la stimulation aiguë à I'insuline produite lors du "clamp" révèle une augmentation de I'index d'utilisation du glucose dans le tissu adipeux blanc. Par contre, le traitement préalable à I'insuline produit une diminutionde
I'index d'utilisationdu
glucose dansla
plupartdes
muscles étudiés. L'effet inverse de I'hyperinsulinémie sur I'utilisation du glucose par letissu
adipeux blancet par les
muscles persiste chezdes
rats traités par I'insuline qui ont subi une ablation dela
médullairede
la surrénaleou
une infusionde
propranolol,ce qui
éliminele
rôle potentielde
l'élévation des catécholamines dûà
l'hypoglycémie sur I'effet observé. La normalisation de I'hypoglycémiepar
infusion concomitantede glucose à celle
d'insulinen'affecte pas les
résuttatsobtenus
précédemment. Pendantle
"clamp"euglycémique hyperinsulinémique,
la
production hépatiquede
glucose est supprimée chez les rats traités à I'insuline comme chez les animaux contrôles, mais la synthèsede
lipideset
la synthèse de novo de glycogène sont plus élevées chez les rats traités à I'insuline que chez les rats contrôles.L'hyperinsulinémie
semble donc être un facteur clé produisant
une surstimulationde
I'utilisationdu
glucose dansle tissu
adipeux blanc, uneaugmentation de la lipogénèse et de I'accumulation de graisse dans le tissu adipeux blanc
et
dans le foie, ainsi qu'une résistanceà
I'insuline dans les muscles.Le
mécanisme responsablede
I'etfet divergentde
I'hyperinsulinémie sur I'utilisationdu
glucosepar
le tissu adipeux blancet par
les musclesa
été étudiéau
niveaudu
système de transportdu
glucose par mesure du taux d'ARNm codant pour le transporteurdu
glucose insulino-dépendant GLUT4 ainsi que de la quantité de ce transporteur dans les tissus de rats contrôles etde
rats traitésà
I'insuline. Le taux d'ARNm codant pour le transpofteur du glucose GLUT4 est augmenté dans le tissu adipeux blancde
rats traités à l'insuline mais diminué dans le tibialis et le diaphragme comparé aux contrôles.La quantité de transporteurs
de
glucose GLUT4est
également augmentée dans le tissu adipeux blanc, diminuée dans le tibialis mais inchangée dans le diaphragme des rats traités à I'insuline comparés aux contrôles.En conclusion, I'hyperinsulinémie influence de manière divergente I'expression du transporteur de glucose insulino-dépendant GLUT4 dans le tissu adipeux blanc et dans les muscles. Plus généralement, I'hyperinsulinémie reproduit la plupart des anomalies qui caractérisent la phase dynamique
de
I'obésité et l'installation de la résistance à I'insulineI. INTRODUCTION
I.A. Rappel des principaux effets de I'insuline chez le rat normal
Etant
donné que mon
travailde thèse porte sur la
physiopathologie de I'obésité et de I'insulino-résistance, je résume brièvement ci-dessous les effets normaux de I'insuline sur ceftains aspects du métabolisme du glucose, ceci dans les principaux tissus cibles de cette hormone, notamment le muscle, le tissu adipeux blanc et le foie.On verra par les schémas ci-dessous que:
-
I'insutine se lie à un récepteur spécifique (schéma 1).-
l'insuline favorise la translocation des transporteurs de glucose d'un "pool"intracellulaire vers la membr:ane plasmique (shéma 2).
-
I'insuline stimule la synthèse de glycogèneet
la glycolyse au niveau du muscle et du tissu adipeux blanc (schéma 3).-
I'insuline stimule également la glycolyse au niveau du foie, en particulier enaugmentant
la
concentrationdu fructose
2,6-bisphosphate, puissant stimulateur de la phosphofructokinase (schéma 4).-
I'insutine stimule Ia lipogénèse à partir des carbones du glucose émanantde la
glycolyse, principalementau
niveaudu tissu
adipeuxet du
foie(schéma 5).
INS ULIN +
r\T
P, t
f t
I tI I
P-TYR MEDIATOR
HYPOTHESIS
I +
P.SER +
ATP +
PHOSPHATAS EACTIVATION
CASCADE
HY POTHESIS
ATP
P.S ERSchéma 1. Hypothèses concernant les mécanismes d'activation de kinases sérine/thréonine par I'insuline: présence d'une cascade de phosphorylation (flèches en trait plein) qui suggère que le signal transmis par le récepteur à I'insuline une fois occupé par I'hormone produit la phosphorylation de la tyrosine et I'activation de sérine kinases; présence d'un médiateur (flèches en traits pointillés) tel que le groupement d'un phospholipide inositol-glycan, relaché en réponse à I'insuline, quiactive des sérine kinases ou des phosphatases. Ce schéma est tiré de: Harrison SA, Lewis RE, Klarlund JK, Bradford AP, Yagaloff l(A, Czech MP; Mechanism of action of insulin. ln: Diabetes mellitus, Fourth edition, edited by: H Rifkin et D Porte, Elsevier Science Publishing Co. lnc. 1990, p.66.
I I
I
---->
)
aSE,R IN E
KINASE
SERINE KINASE
PHYSIOLOG ICAL
S U BSTR
ATE
@ Dissociation
-t
@ Translocation
/
\
Glucose @ Transpon
--
lntracellular Pool
e'-É
3'-3-
Glucose Transponers
Fusion
Translocation
@ Binding
Signal
@ Association
Plasma Membrane
Schéma 2 Hypothèse concernant le mode d'action de l'insuline sur le transport du glucose et les transporteurs. Oranslocation, produite par l'insuline, des transporteurs intracellulaires vers
la membrane plasmique et activation de ces derniers). Ge schéma est tiré de: Kahn BB,
Cushman SW; Cell biology of insulin action on glucose transport and its perturbation in
diabetes mellitus. ln: Diabetes mellitus: Pathophysiology and Therapy, edited by: W Creutzfeld et P Lefèbvre, Springer-Verlag Berlin Heidelberg 1989, p.97.
\
7
lnsuftn
Glucose
INSULIN
t)
lucoseG
IT
-6-P+
F-6.P
+
FDP
I
Glycogen
I
Pyruvate
Schéma 3 Effets de l'insuline sur le métabolisme du glucose dans le muscle et le tissu adipeux.
Ce schéma est tiré de:
J
Espinal; Understanding insulin action: principles and molecular mechanisms, edited by: AWiseman, Ellis Horwood ltd Chichester 1989, p.41.NAD
NADH Co
Acetyl
CoATCA Cycle
+
2
/e
Pyruvate
Fructose 6-phosphate AÏP
----: citrate
Fructose 2,6-bisphosphate ADP
Fructose 2,6-bisphosphatase/
phosphofructo-2 -ki n ase
ADP ATP
CAMP protein kinase
Schéma 4 L'insuline augmente la concentration hépatique du fructose 2,6-bisphosphate par le biais d'une augmentation de I'activité de
la
phosphofructo-2-kinaseet
une diminution simultanée de celle de la fructose 2,6 bisphosphatase. Ce schéma est tiré: J
Espinal;Understanding insulin action : principles and molecular mechanisms, edited by: A Wiseman, Ellis Horwood ltd Chichester 1989, p.47.
Glucose
P
P
Fatty acids Pyruvate
Long-chain acylCoA INSULIN
Pyruvate MalonylCoA
AcetylCoA AcetylCoA
Schéma 5 Sites d'action de I'insuline sur la synthèse des acides gras. Ce schéma est tiré : J Espinal; Understanding insulin action : principles and molecular mechanisms, edited by: A Wiseman, Ellis Honrvood ltd Chichester 1989, p.50.
@
Phosphof ructo-2-kinase/
f ructose 2,6-bisphosphatase
protein phosphatase 2
En conclusion, I'insuline est clairement une hormone qui favorise la captation de glucose, son utilisation via la glycolyse et la transformation des carbones émanant
de
I'utilisationdu
glucoselors de la
glycolyseen
acides gras et triglycérides.I.B Modèles animaux d'obésité et d'insulino-résistance
Un état
d'insulino-résistanceest
habituellement présentdans les
modèlesanimaux d'hyperinsulinémie et d'obésité (1), tels que:
les obésités spontanées dues à un double gène récessif (ob,db,fa,cp).
les obésités liées à un gène autosomal dominant (souris "Yellow")
les obésités génétiques dues à plusieurs gènes (New Zealand Obese, NZO, mice; KK mice)
les obésités produites par lésions
électrolytiquesde
I'hypothalamus ventromédian (VMH) ou par lésion du VMH à I'aide d'aurothioglucose.Les études
longitudinalesde ces
différentes pathologiesont
permis dedéterminer qu'un état de résistance à I'insuline est généralement précédé d'un
état
d'hypersensibilitéà cette
hormone,en tout cas au
niveaudu
tissuadipeux, un tissu souvent étudié en raison de la facilité de son prélèvement et de son rôle dans I'expression même de I'obésité.
par exemple, au début du syndrome d'obésité induit par lésion du VMH chez
le rat,
l'étudedu
métabolisme totaldu
glucose réalisée in vivoà
I'aide du"clamp" euglycémique hyperinsulinémique, démontre une surstimulation de ce processus par I'insuline: la sensibilité et la réponse maximale du métabolisme
du glucose sont augmentées en réponse à !'hormone une semaine après la lésion. Dans ce cas, la production hépatique de glucose est légèrement plus sensible à I'action inhibitrice de I'insuline (2).
Par
contre, six
semaines après lésiondu VMH, le
métabolismetotal
du glucose est devenu moins sensible à l'insuline et la production hépatique de glucosen'est
suppriméequ'à +5% par une
concentration d'insuline qui supprime complètement ce processus chez un rat normal.OLUCOSI UTILIZATIOII
(mq /mrn)
12 Lt
nN
I reelI
I C 6 reels
L-- +
C I weel
4
i
I
V llll
6 reeisl0
ilsljLltl
(pulmt ) .}
+
+{ 0
Métabolisme total du glucose en réponse à I'insuline chez le rat une et six semaines après lésion du VMH (2).
I|IPATIC BLIJCOST PRODUCTIO}I (ms f mrn )
3 YIll lre el
Controls
I
I
Vllll $ reeks
.J
'-f
\
\
+
J
lilslJLtlr
(yuf mt ) t0
Production hépatique de glucose en réponse à I'insuline chez le rat une et six semaines après lésion du VMH (2).
Dans ce modèle animal d'obésité, l'étude de I'utilisation spécifique du glucose par différents tissus périphériques établit la présence d'une surstimulation de ce processus à l'état basal et stimulé par I'insuline dans le tissu adipeux blanc une semaine après lésion. Par contre dans la plupart des muscles, I'utilisation du glucose est déjà résistante à I'insuline (3).
Six semaines après lésion du VMH, la surstimulation de I'utilisation de glucose a nettement diminué et la résistance à I'insuline, présente dans la plupart des muscles, s'est amplifiée.
02
60
Contro ls VmH I week
xt
Eosol Clômp
txItNsoR ototIoRUn l,0llGUs
III
6asol Clômp
wHllt ADTPOSI ITSSUI pcr ioY!r ion
IT
Eosôl CldmP s0t t u5
8ôsol Clomp tP I IROCHLTARIS
Basol Clamp
tPrrRocHLtARrs
n
crr E
cEso
E'tc
9zo
z=
)
U)o
3ro )
(5
x
N N N
Utilisation du glucose de différents tissus chez le rat une semaine après lésion du VMH (3)
Controls
trt o
0-
N
20-
o c'r E
c
E orC
z9
F
:
J F)
tî)o
Uf, 'o
VmH 6 weeks
N NN
0ôsol ClomP sor. t u5
Eôsol Clômp
txttxsoR 0lolt0RUrl r-oNous
Eool Clomg
wHrït ADrPost ilssut
por lovar lan
Utilisation du glucose de différents tissus chez le rat six semaines après lésion du VMH (3).
Chez
la
sourisdont le VMH a
étê léséà
I'aidede
I'aurothioglucose, la lipogénèse hépatique basaleet
la sécrétion des triglycérides qui en résulte, sont plus élevées que chez la souris normale au début du syndrome (4). De plus, le tissu adipeux blanc étudié six semaines après lésion est caractérisé par une augmentation de la lipogénèse basale ainsi que par une augmentation de la sensibilité et de la réponse maximale de ce processus à I'insuline (4). Par contre,vingt
semainesaprès
lésion,ce
processusest
devenu insulino-résistant (4). Lorsque le muscle soleus est étudié in vitro peu après la lésion du VMH, sa réponse à une concentration d'insuline élevée est déjà amputée par rapport à celle obtenue chez la souris normale, et cette diminution continue à s'amplifier lors
de
l'évolutiondu
syndrome (4). Dans le même type d'étude faite chez la souris (mdb/mdb) génétiquement obèse de quatre semaines, le muscle (diaphragme) est déjà insulino-résistant alors que le foieet
le tissu adipeux blanc restent surstimulés en réponseà
I'insuline (5). Des résultats similairessont
obtenuschez le rat
génétiquementobèse ia/ta: à
quatresemaines, la sensibilité à l'insuline est diminuée dans la plupart des muscles étudiés
in vivo, alors que le tissu
adipeux blanc répond normalement à I'insuline (6). A douze semaines, I'utilisation de glucose est fortement réduite chez le rat obèse, ceci au niveau de tous les tissus étudiés et comparés au rat normal (6).L'étude de ces pathologies démontre assez clairement la présence de deux phases lors de leur évolution en fonction du temps:
Une phase précoce de I'obésité.
Une phase tardive de I'obésité.
I.8.1.
Evénements liés à la phase précoce de I'obésitéI.8.1.1.
Augmentation du dépot de graisseL'augmentation anormale
du
dépotde
graissedans les
modèles animaux d'obésitéest due
principalement aux modifications intervenantdans
deux organes majeurs, le foie et le tissu adipeux blanc.Le foie de ces animaux obèses synthétise plus de triglycérides (principalement par une surstimulation
du
parenchyme par I'hyperinsulinemie) que celui des animaux normaux, mais aussi, il en sécrète plus sous forme de lipoprotéines de faible densité (VLDL), (7-12).Au
niveaudu
tissu adipeux,la
lipogénèsein
situest
surstimulée chez les animaux obèses et hyperinsulinémiques (9-11,13). De plus, I'augmentation deI'insuline disponible (agissant seule ou en synergie) résulte en
uneaugmentation marquée de I'activité de la lipoprotéine lipase (LPL), I'enzyme responsable
de la
captationdes
lipoprotéinesde faible densité
(VLDL) circulantespar le tissu adipeux
(7,13-16).Cette
anomalie,ainsi
queI'augmentation
de la
lipogénèsein situ
sus-mentionnée,conduit à
uneaccumulation de triglycérides à I'intérieur des adipocytes, à une augmentation de leur taille et finalement à une obésité atfirmée.
ll faut de plus
soulignerque les
voies lipogéniques surstimuléesdu
foie d'animaux obèsesne
deviennentpas
résistantesà
I'actionde
I'insuline(4,9,10,12,17) et que, bien que la synthèse de novo des triglycérides finit par ne plus se produire dans les adipocytes élargis des rats obèses, I'activité de la
lipoprotéine lipase du tissu adipeux reste toujours plus élevée que la normale et maintient ainsi I'obésité (18).
I.8.1.2.
Dissipation de chaleur diminuéeLa fonction de production de chaleur chez le rat est assumée dans une large mesure
par
le tissu adipeux brun. Le sitede
productionde
chaleur est lamitochondrie qui possède un polypeptide, la thermogénine
P32000' permettant au gradientde
protons, généré par la chaine respiratoire, d'être dissipé sous forme de chaleur. Les cellules de tissu adipeux brun répondent àla
stimulationdu
système nerveux sympathique,via des
récepteurs B- adrénergiques, par une augmentation de la synthèse de triglycérides (19,20), ainsique par
I'activationd'une
lipase dépendantede
I'AMP cyclique qui hydrolyse les triglycérides en acides gras lesquels s'oxydent à l'intérieur de lamitochondrie
(21). Par
ailleurs, I'insuline plasmatiqueagit aussi sur
lemétabolisme des adipocytes bruns en augmentant leur captation de glucose (22). Chez les rats (la/la), chez ceux dont le VMH
a
été lésé et ainsi que chez les souris(ob/ob),
la dépense d'énergie, particulièrement la thermogénèse induitepar le
repas, est défectueuse,ce qui est due à
une altération des connections des efférences sympathiques. Ce fait contribue indirectement à la rétentionl de calories quisont alors stockées sous forme de graisses (23-28).1.8.2.
Evénements liés à la phase tardive de I'obésité1.8.2.1.
Résistance à I'insuline dans le muscleLa résistance
à
I'insuline se traduit par une efficacité moindre de I'insuline à stimuler le métabolismedu
glucose. Cette altérationde
I'action de I'insuline peut se situer au niveau du récepteur de I'insuline, puisqu'une diminution du nombre de récepteurs à I'insuline dans les muscles de rats obèses a été bien établie (4,29,30) ou à un niveau post-récepteur.Dans les muscles isolés (soleus, diaphragme) des animaux dont I'obésité est
d'origine hypothalamique
ou
génétique (fa/fa,ob/ob),
une diminution de la réponse maximale et de la sensibilitéà
I'insuline, a été décrite au niveau de différentes étapes et voies du métabolisme du glucose, notamment au niveaude:
la captation de glucose la synthèse de glYcogène
la glycolyse Captation de glucose
Le transport du glucose
à
I'intérieur de la cellule est diminué dans tous les syndromes d'obésité. En condition basale, la captation de son analogue, le 2- désoxy-D-glucoseest
diminuéein vitro
(29-31).Le
transportde
glucosemesuré
à
I'aide d'un autre analogue, le 3-O-méthyl-D-glucose,à
l'état basal s'avère normal dans le coeur de rat obèse de cinq semaines, ators qu'il est diminué de quatre foisà
quinze semaines. Dans le coeur de rat normal, letransport du glucose peut être stimulé par I'insuline ou par I'augmentation de la pression de perfusion en I'absence de cette hormone: chez le rat obèse jeune ou âgé, le transport de glucose dans le coeur est amputé de moitié en réponse à I'un ou I'autre de ces stimuli. Néanmoins, chez le jeune rat obèse, la combinaison des deux stimuli provoque une réponse du transport de glucose similaire à celle du rat normal du même âge. Par contre chez le rat âgé, une telle combinaison ne parvient pas à produire une réponse normale (32)' Une autre étude conduite
à
I'aidedu
2-désoxy-D-glucose(31) chez la
souris(ob/ob)
permet de soutenir, le concept selon lequel le transport de glucose basal ainsi que celui stimulé par I'insuline est de plus en plus déficient lorsque le syndrome d'obésité progresse: à trois semaines, le transport du glucose, basal ou stimulé, est identique dans les muscles de souris mince et obèse. Aquatre semaines, le transport basal du glucose est légèrement diminué chez la
souris obèse, alors que le transport stimulé par
I'insulinemontre
une diminutionde la
sensibilitéet de la
réponse maximaleà
l'hormone. Ces résultats sont en accord avec une autre étude montrant quece
défaut au niveaudu
transportde
glucosejoue un
rôle majeur dansla
résistance à I'insuline de la souris (db/db) (33).Le mécanisme de l'action stimulatrice de I'insuline sur le transport de glucose
a
été clarifié initialementpar
deux groupesde
recherche (34,35). lls
ont démontré de façon indépendente et techniquement ditférente la présence de transporteursde
glucosesur la
membrane plasmatiqueet les
membranes intracellulaires des adipocytes. De plus, ils ont établi que I'action stimulatrice de l'insuline sur la captation du glucose était due à une translocation de ces transporteursd'un pool
intracellulairevers la
membrane plasmatique sous I'effet de I'insuline. ll a aussi été démontré que I'insuline stimule le transport du glucose dans le muscle (diaphragme) par le même mécanisme (36).Synthèse de glycogène de novo
La synthèse de glycogène et sa stimulation par I'insuline sont diminuées dans
tous
les types d'obésité (4,5,29-31,37). Le fait que I'insuline ne puisse pas activer la glycogène synthase semble être le défaut commun entraînant cette diminution (38).Glycolyse
Chez le jeune
rattalla
obèse de cinq semaines, la sensibilité à I'insuline de la glycolyse est diminuée dans le muscle soleus. ll en est de même chez le ratobèse âgé de dix
semaines, maisdans ce cas, la
réponse maximale à I'insuline est elle ausssi amputée (29). A cinq semaines, la vitesse d'utilisation des lipides, ainsi que la concentration intracellulaire de citrate, de glucose-6-phosphate et de glycogène, sont identiques dans le muscle de rat obèse et de rat normal (29). Toutefois, dans le muscle de rat obèse âgé, le contenu en triglycérides, la vitesse d'utilisation de lipides, la concentration intracellulaire de citrate (un index de I'utilisation des acides gras) sont plus élevés que chez l'animal normal. Cette accumulation de citrate est probablement responsable de I'inhibition de la glycolyse au niveau de la phosphofructokinase 1 (29).
1.8.2.2.
Résistance à I'insuline dans leloie
Mesuré pendant le "clamp" euglycémique hyperinsulinémique, la production hépatique
de
glucoseest
légèrement augmentée chezle rat
obèseet
sa sensibilitéà
I'action inhibitricede
I'insulineest
largement réduite;ce
quisuggère une résistance à I'insuline hépatique in vivo (39).
Le métabolisme
du
glycogène hépatique ne semble pas affecté par I'excès d'insuline présent chez Ie rat obèse nourri; mais par contre, la glycolyse est stimulée en réponseà
I'hyperinsulinémie. Cette situation est similaire à celle observée dans le foie de rat mince nourri et infusé avec de I'insuline. Ainsi, I'action de I'insuline est la même dans le foie de rat mince et obèse. L'excès de production de glucose hépatique, mesuré chez le rat obèse (39' 40) pendantle clamp
hyperinsulinémique euglycémiquepourrait être dû à la
non-suppression
de la
gluconéogénèse.Le
manquede
suppressionde
lagluconéogénèse pourrait être lié à une altération de I'inhibition de la sécrétion
de
glucagonet/ou de
I'actiondes
glucocorticoldes (41-45), même face à I'hyperinsulinémie présente dans I'obésité. En effet, le taux de glucagon est plus élevé chez le rat obèse que chez I'animal mince, lorsque I'obésité est bien établie (2). De même, le taux de corticostérone qui est augmenté à l'état basalet en
réponseà un
stress chezle rat
obèse adulte (68). L'incapacité de I'insuline à stimuler la synthèse de glycogène pendant la re-nutrition pourraitêtre due à la non-suppression de la dégradation de glycogène, provoquée par
une altération de
I'inactivationde la
phosphorylasepar le
glucose(conséquence d'une concentration cytosolique de calcium élevée).
I.8.2.3.
Résistance à l'insuline du tissu adipeux blancCe tissu
a
été largement étudié, non seulementpour
déterminerle
mode d'action de I'insuline dans les adipocytes normaux (34, 35), mais aussi pour démontrer la diminution du nombre de récepteurs à I'insuline lors de l'obésité ainsi que I'existence de nombreux défauts post-récepteurs. Le transport basal du glucose est normal ou abaissé, ainsi que le transport et le métabolisme du glucose stimuléspar
!'insuline dontla
sensibilitéet la
réponse maximale à I'insuline sont diminuées (46-49). La lipogénèse de novo est aussi diminuée,ce qui
pourraitêtre
expliquépar des
activités acétyl-CoA carboxylase et synthetased'acides gras très basses (50). Par contre la
lipolyse est augmentée, provoquant une accumulation d'acides gras libres dans la cellule,potentiellement responsable
de I'inhibition des enzymes
lipogéniques.Néanmoins, la diminution de la synthèse d'acides gras et I'augmentation de la
lipolyse
n'empêchentpas
I'accumulation excessivedes lipides de
sepoursuivre
en raison de
I'augmentation persistantede l'activité de
lalipoprotéine lipase dans ces cellules adipeuses insulino-résistantes (51).
I.8.3.
Etiologies possiblesLes syndromes d'obésité produits par la lésion du VMH ou par la présence
d'un
double gène recessif (ob;fa) sont caractériséspar
I'hyperinsulinémie, I'insulino-résistance, I'altération de I'homéostasie glucidique, I'hyperphagie, la régulation défectueusede la
température corporelle. Objectivement,il
estdifficile
de
décrirela
séquence des événementset de
déterminerla
cause premièrede ce
syndrome (52, 53). Néanmoins,un
concept émerge selonlequel les trois
modèlesd'obésité cités
ci-dessus pourraientêtre
unepathologie
neuroendocriniennepour laquelle la séquence
suivanted'événements
a été
proposée:a)
défautsde
I'homéostasiedu
systèmenerveux
central avec pour
principale conséquence, I'hypersécrétion de I'insuline;b)
augmentation du dépot de graisse, suite à cette hypersécrétion de I'insuline; c) évolution vers la résistance à I'insuline et d) insuffisance de la sécrétion d'insuline et tolérance au glucose anormale.Le concept selon lequel les modèles d'obésité précédemment cités pourraient être une pathologie neuro-endocrinienne est soutenu par la présence d'une régulation anormale des etférences parasympathiques et sympathiques par le système nerveux central ainsi que
par la
présenced'un
axe hypothalamo- hypophysaire anormal.I.8.3.1.
Système parasympathiqueL'hypersécrétion d'insuline, induite par des substrats tels que le glucose et I'arginine, apparaît quelques minutes après lésion du VMH et peut être abolie par la vagotomie (54, 55). Chez le rat génétiquement pré-obèse (ta/ta) de 17
jours qui, à cet âge n'est pas toujours distinguable de son contrôle mince en terme
de poids
corporelet de
niveau basal d'insuline (56),la
sécrétion d'insuline induite par substrats est plus élevée que chez son contrôle. De plus,, cette hypersécrétion d'insuline est abolie par blocage cholinergique aigu (56,SZ),
ce qui
indiqueson
origine parasympathique. L'administration aiguë d'arginine produit non seulement une hypersécrétion d'insuline mais aussi de glucagon qui peut être également abolie par blocage cholinergique (56). Ainsi, ces sécrétions accrues d'insuline et de glucagon, tant chez le ratfal|n
pré-obèse que chez le rat dont le VMH
a
été lésé, semblent être un défaut très précoce médié par le nerf vague.I.8.3.2.
Système sympathiqueUne capacité thermogénique diminuée (24, 25,58, 59), processus médié par les efférences sympathiques, est détectable très tôt après lésion du VMH (25) et est déjà présente chez les souris
ob/ob
(60) ainsi que les ratsfa/fa
pré- obèses (27).D'autre part, chez le rat tafla,la vitesse de renouvellement de la noradrénaline est réduite dans le pancréas et le tissu adipeux brun alors qu'elle est normale dans d'autres tissus comme le coeur et le tissu adipeux blanc et élevée dans
les
surrénales(61). Chez la souris ob/ob, ce
processusest
également diminué dans le tissu adipeux brun et dans le coeur (62). Une diminution de la vitesse de renouvellement de la noradrénaline est aussi présente dans le tissu adipeux brun et blanc, le pancréas et le coeur des rats dont le VMH a été lésé (63). Ces anomalies des efférences sympathiques régulées parle
système nerveuxcentral
semblent apparaîtretrès tôt lors de
l'évolutionde
cesyndrome.
I.8.3.3.
Axe Hypothalamo'HypophysaireLa
sévéritéd'une
altérationde I'axe
hypothalamo-hypophyso-surrénalien semble varierd'un type
d'obésitéà
I'autre(64, 65) et
sembleêtre
trèsmarquée
chez la souris ob/ob (65, 66). En effet, la
présence d'unehypertrophie de la glande surrénale et d'un niveau élevé de glucocorticotdes dans le plasma chez les animaux obèses (64), pourraient être responsables des anomalies induites
par le
stress ence qui
concerne I'homéostasie du glucose, via une augmentation de la gluconéogénèse et une inhibition rapidede la sécrétion d'insuline (67). Récemment, il
a
été montré qu'en réponse àdes
situationsde
stress,le rat
obèse(la/ia)
répondaitpar
une secrétion accrue de corticostérone et d'ACTH. Cette réponse exagérée était inhibablepar la
dexaméthasone indiquantune
origine centraledu
défautde
I'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien,ce qui est corroboré par
une augmentationdu contenu
(immunocytochimie)du CRF de
l'éminence médiane et de I'ACTH de I'hypophyse antérieure (68, 69).De plus, les effets de la surrénalectomie chez le rat ou la souris obèse sont les suivants: diminution de la prise alimentaire, normalisation de l'hyperinsulinémie basale
ou
stimulée, diminutiondu
dépôtde
graisse, meilleure utilisation de glucose et augmentation de la dépense énergétique (70-74).ll a été suggéréque ces
effetsde la
surrénalectomie pourraientêtre
médiéspar par
une normalisation de I'hypersécrétion d'insuline chez les animaux obèses (72) et que les glucocorticoides pourraientavoir un
effetsur le
système nerveuxcentral qui serait responsable de I'augmentation de la sécrétion d'insuline (71).
I.C. Régulation du transporteur du glucose
Un état
de
résistanceà
I'insuline et d'obésité est donc caractérisé par une attérationde
l'utilisationdu
glucose en réponseà
I'insuline in vivo (2, 3, 6).plusieurs études démontrent que le transport du glucose est l'étape limitante de I'utilisation de glucose dans le muscle (75-77). Ainsi, la vitesse de transport du glucose à travers la membrane devient un élément clé du métabolisme du glucose à l'état basal et stimulé par I'insuline.
Le glucose est une molécule hydrophile qui ne peut pas franchir la membrane plasmatique librement. Un système de transport est donc nécessaire pour permettre son passage à travers la membrane plasmique. En fonction du type
de cellule étudié, le système de transport diffère: dans les cellules du rein et de
I'intestin, le glucose pénètre dans la cellule contre son gradient
deconcentration. Ce transport est actif
et
promupar un
gradientde
sodium.Dans
les
cellules musculaireset
adipeuses,le
transportest
passifet
sadirection est déterminée par son gradient de concentration.
La phosphorylation du glucose à I'intérieur de la cellule étant plus rapide que sa vitesse de captation, la concentration du glucose à I'intérieur de la cellule est négligeable comparéeà une
concentration extracellulairede 5 mM.
Laprésence de ce gradient de concentration permet donc un flux spécifique du glucose vers I'intérieur de la cellule par diffusion facilitée, grâce à une protéine membranaire capable de transporter le glucose, le transporteur de glucose.
Deux mécanismes ont été proposés pour expliquer la translocation du glucose
à
traversla
membrane. Dansle
premier modèle (78),le
transporteur de glucose peut exister selon deux conformations dont I'une permet la liaison du glucose sur un site spécifique. La translocation du site de transport à travers la membrane est effectuée par un changement conformationnel du transporteur induit par I'occupation du site de liaison par I'hexose. Dans ce modèle, il n'y aurait qu'un sitede
liaison pour chaque substrat. Un second modèle dans lequeldeux sites de
liaisonsont
présents simultanément, impliquant un modèle de translocation plus complexe, a été décrit (79).Les cinétiques de transport de glucose facilité,
caractérisées dans l'érythrocyte humain démontrentque ce
transportest
stéréospécifique et saturable avec un Km de 5-10 mM pour I'influx du D-glucose (80-82) et qu'ilest
spécifiquement inhibépar la
cytochalasineB
(83). Le transporteur du glucosea
été purifié par chromatographie échangeuse d'anionsà
partir de membranes d'érythrocytes humaines solubilisées par un détergent. L'activité du transporteur reconstitué dans des vésicules lipidiques a été déterminée par mesure du transport de 3H-D-glrcose,ce
processus pouvant être inhibé lacytochalasine
B
(84,85). La purification du transporteur démontre qu'il s'agit d'une glycoprotéine d'un poids moléculaire de 55000, qui est glycosylée de manière hétérogène et qui migre en une bande spécifique ditfuse lors d'une électrophorèsesur
gelde
polyacrylamideen
présencede
sodium dodecylsulfate (86). Outre son etfet
inhibiteursur le transport du
glucose, lacytochalasine
B permet le
marquagedu
transporteurde glucose
parphotoatfinité
grâce à sa
propriétéde se lier de
manière covalente au transporteur lors de l'irradiation par UV (87). La liaison de la cytochalasine B, spécifiquement déplacéepar le
D-glucose, permetaussi de
quantifier lenombre de transporteurs de glucose de ditférentes fractions membranaires.
Ces techniques, initialement développées pour le transporteur de glucose de l'érythrocyte,
ont
ensuite été utllisées dans d'autres tissus, comme le tissu adipeux blanc et le muscle exposés à diverses conditions métaboliques (88).Dans le tissu adipeux blanc, Cushman et Wardzala (34), Suzuki et Kono (35)
ont démontré
simultanémentI'existence d'une fraction
membranaire intracellulaire contenant le transporteur de glucose. Ces auteurs ont fractionnéles
membranes d'adipocytesde rat en
membranes plasmiqueset
enmicrosomes de faible densité et ont mesuré leur contenu en transporteurs de
glucose,
respectivementpar analyse des courbes de liaison de
lacytochatasine B et par reconstitution des transporteurs de glucose dans des liposomes artificiels dans lesquels le transport (proportionnel au nombre de
transporteur) a été mesuré. Les résultats obtenus montrent que
laconcentration des transporteurs dans les membranes plasmiques est faible
dans les
adipocytes incubésen
absence d'insulineet
augmenteen
saprésence. A l'inverse, dans les microsomes, la concentration
des transporteurs baisse sous I'effet de I'hormone. Ainsi, ces équipes (34, 35) ontdonc
démontré la translocation des transporteursdes
microsomes vers la membrane plasmique lors d'une stimulation par I'insuline ce qui explique, enpartie, I'augmentation du transport du glucose dans cette condition. Toutefois, l'étude de la liaison de la cytochalasine B et du marquage par photoatfinité ne permet pas de faire la distinction entre différents types de transporteurs.
La production d'anticorps polyclonaux et monoclonaux contre le transporteur
de
glucosede
l'érythrocyte humain purifiéont
permisde
déterminer une séquence d'ADN codant pour le transporteur de glucoseà
partir de clones obtenus par criblage d'une banque d'ADNc de cellules HepG2 d'hépatome humain (89). Par une méthode identique, I'ADNc codant pour le transporteur de glucose de cerveau de rat (90) et de lapin (91) a été obtenu. La séquence d'acides aminés de ce transporteur présente plus de 97o/o d'homologie avec celle des cellules humaines HepG2. Ce type de transporteura
êté désignéGLUTI
et
il est exprimé dans de nombreux tissus tels que le tissu adipeux blanc et les muscles.L'existence
d'un
autre type de transporteura
été miseen
évidencepar
laproduction d'un anticorps monoclonal 1F8 contre des
microsomesd'adipocytes
de rat
(92). Cet anticorps réagit avec une protéinede
poids moléculairede 43000
présentedans les
microsomesde faible
densité d'adipocytes de rat non stimulé mais aucune réaction n'est détecté dans les membranes plasmiques. Ce schéma est inversé lorsque les adipocytes sont incubésen
présence d'insuline (92). Cette protéine sembledonc être
le transporteur de glucose insulino-dépendent. Le cDNA codant pour ce type de transporteur a été cloné à partir d'adipocytes de rat (93), d'adipocytes 3T3-L1 de souris (94), de muscle squelettique de rat (95, 96) et humain (97) eta
été désigné GLUT4. D'autres cDNAs ont aussi été clonés tel que GLUT2, à partir de foie (g8,gg),mds
présent aussi dans le rein, dans I'intestin et les cellules bétadu
pancréas,le
GLUT3, obtenuà
partirde
muscle squelettique foetal (1OO) et le GLUTS, émanant du jejunum (101). L'isolement et la caractérisation de ces différents cDNAs démontrent que le transport de glucose facilité nes'effectue pas par I'intermédiaire d'une seule protéine mais d'une famille de protéines structurellement semblables. La taille
de
ces protéines varie entre 4g2et 524
acides aminéset leurs
séquences présentent environ 60"/"d'homologie.
Un
modèle d'orientationdu
transpofteurde
glucose GLUTI dans la membrane plasmique, déduite de I'analyse de sa séquence d'acides aminés, a été proposé (101):Plasma lr/embrane
NH 2
cHo
outside
lnside
cooH
Transporteur du glucose GLUT1 (101)
Le transporteur comprend 12 segments transmembranaires, une boucle extra- cytoplasmique
entre les segments M1 et M2, comportant un site
deglycosylation et une boucle intra-cytoplasmique entre les segments M6 et M7.
Les extrémités amino-
et
carboxy-terminalessont
intra-cytoplasmiques. La comparaisondes
séquencesd'acides aminés des cinq
isoformes detransporteurs indique que les régions les mieux conservées sont les segments
M10 M11 M12
M6 M7 M8 M9
M2 M3 M4 M5
M1
transmembranaires
et les
petites boucles intra-cytoplasmiques reliant ces différents segments. Ces séquences d'acides aminésqui sont
conservées doivent participer à une fonction commune de ces isoformes de transporteursde
glucose et, donc, forment probablementle
"pore" par lequelle
glucose transite.La
séquence impliquée dansla
translocationdu
glucosen'a
pas encoreété
identifiée. Toutefoisles
acides aminés composantIe
segment transmembranaire M7 semblent être de bons candidats. Les domaines dont la séquenceest le
moins conservée telles les extrémités amino-et
carboxy- terminaleset
la boucle intracellulaire reliant M6et
M7 pourraient conférer à chaque isoforme ses propriétés intrinsèques, telles que ses caractéristiques cinétiques, sa sensibilité aux hormones et sa localisation subcellulaire.Le clonage de ces multiples transporteurs de glucose ont permis d'étudier, en tout cas partiellement, comment des états d'hypersensibilité et de résistance à
I'insuline pouvaient influencer I'expression des transporteurs spécifiques de glucose
ou si
I'altérationde
leur expression pouvait être impliquée dans la pathologie d'insulino-résistance d'obésité ou de diabète'I.C.1. Régulation clu transporteur du glucose et de son ARNm clans le
tissu adipeux blanc cle rat dans différentes
conditions métaboliques et hormonalesLes tissus
périphériquescibles de
I'insuline expriment principalement letransporteur de glucose
insulino-dépendent(GLUT4), mais aussi
letransporteur de glucose GLUT1. Dans I'adipocyte à l'état basal, la plupart des transporteurs GLUTI sont associés à la membrane plasmique, alors que les transporteurs GLUT4 sont dans les microsomes (92,1O2). Lors de I'incubation avec insuline, GLUT4 augmente de dix fois dans les membranes plasmiques alors que GLUT1 n'augmente que de 1,5 à