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Reference
L'envol des Syrphes
CASTELLA, Emmanuel, SPEIGHT, Martin C.D., SARTHOU, Jean-Pierre
CASTELLA, Emmanuel, SPEIGHT, Martin C.D., SARTHOU, Jean-Pierre. L'envol des Syrphes.
Espaces Naturels , 2008, vol. 21, p. 22-23
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:73234
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O E C a s t e l l a
Parmi les dipteres, les syrphes deviennent des indicateurs privil6gi6s
A c6t6 des l6pidoptdres (papillons), des col6optdres (scarab6es, carabes...) et des hym6noptdres (abeilles, gu6pes, fourmis...), les diptdtes sont
incontournables lorsqu'il s'agit d'6valuer la qualit6 ou les changements dans la diversit6 biologique d'un milieu. Leur nombre et les fonctions qu'ils
accomplissent dans les milieux naturels (recyclage de la matiire organique, pollinisation, proies d'autres espices, parasites...) expliquent cette position.
r e p r 6 s e n t a t i o n 6 q u i l i b 1 6 e d e s m o d e s trophiques: environ 3070 des espdces sont microphages,20%o herbivores et 3070 car- nivores (le reste partageant plusieurs modes).
Des outils disponibles. Des arguments techniques se conjuguent 6galement pour
promouvoir une m6thode standardis6e d'6valuation 6cologique bas6e sur les
syrphes. Tout d'abord, parce que ces insectes peuvent au stade adulte, 0tre 6chantillonn6s commod6-
ment par un pidge d'interception passif: le pidge Malaise']. Ce dis- positif l6ger, de la taille d'une
Consultation
Espdces attendues
petite tente canadienne, peut fonctionner sans maintenance pendant deux ) trois semaines et permettre un dchantillonnage en continu sur toute la pdriode de vol.
Par ailleurs, de nombreux pays europ6ens possddent une connaissance assez pointue de leur faune de syrphes tant au niveau national que r6gional. S'il n'existe pas encore d'ouvrage complet permettant la d6termination de tous les adultes, le livre de Van Veen (2004) et les cl6s de ddtermination contenues dans la base de donndes Syrph- the-Net permettent de d6terminer l'essen- tiel des espdces frangaises.
Cette base de donn6es informatique, mise ) jour annuellement, constitue un outil d'analyse et d'6valuation. Elle stocke les informations biologiques et 6cologiques dis- ponibles pour 641 espdces europ6ennes (dont plus de 90% des espbces franqaises).
Les informations compil6es proviennent de la littdrature et d'un r6seau d'une vingtaine d'experts. I-l6l6ment central de cette base de
Les connaissances d i s p o n i b l e s s u r le s syrphes sont stock6es d a n s u n e b a s e d e
donnOes (Syrph-the-Net).
Elles permettent de pr6dire, dans une r6gion d o n n 6 e e t p o u r la c o m b i n a i s o n d ' h a b i t a t s prdsents sur un site d
€valuer, une liste d'espdces attendues.
La comparaison de cette liste avec les espdces r6ellement observ6es est la base de l'6valuation de I'int6grit6 du site et de son €tat de sant6.
m i l l e d e s s y r p h e s ' a s s o c i e d e s iques biologiques et 6colo- propres. mais aussi des ele
ationnels qui en font un groupe remarquable dans l'6valuation dcologique.
En comparaison avec d'autres groupes d'insectes, cette conjonction semble actuellement unique.
Ainsi, il est possible, ) l'aide d'une famille d'insectes, de couvrir ) la fois la quasi-totalitd des habi- tats naturels, une grande vari6t6, de leurs niches dcolo- liques et les trois niveaux tro- phiques principaux. En effet, d I'exception des eaux courantes ou des zones d'eau libre sans v6g6- tation, Ies espdces de syrphes peu- plent l'ensemble des milieux naturels.
Ainsi pour Ia France, environ 3070 des espdces sont strictement forestidres, 20%
associ6es |r divers types de formations ouvertes (pelouses, landes...) et 10 %o d des habitats aquatiques. Les espdces restantes sont associ6es ) plusieurs types d'habitats dans ces trois cat6gories. A l'int6rieur de ces macrohabitats des adultes, les larves de syrphes sont associ6es de faEon trds sp6ci- fique ) des microhabitats qui couvrent toutes les strates du paysage, des racines d'herbac6es ) la canopde des arbres, en pas- sant par l'int6rieur des tissus v6g6taux, le bois mort, les couldes de sdve, les nids d'hy- m6noptdres sociaux, les ddjections de gros herbivores ou les s6diments subaquatiques.
L) aussi, la sp6cificitd larvaire permet une
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CAUTUM, S\RPHE
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AUX MILIEUX OIJI'ERTS
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Base de donn6es : sur l'6cologie '..,
des syrphes e syrpnes
Espdces observ6es
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22 Espocesnotrresr'21 . ]cnver2008
D i a g n o s t i c s u r l a q u a l i t 6 d u s i t e
donn6es est une matrice indiquant de fagon numdrique I'association entre les esp0ces et plus de 300 cat6gories d'habitats d6finies sur la base du systdme europ6en Corine Biotope.
D'autres types de donn6es num6risr5es concement les caract6ristiques biologiques des espdces, Ies microhabitats des larves, la distribution g6ographique en Europe et I'estimation du statut de menace. Ces don- ndes sont compl6t6es par un fascicule r6su- mant, sous forme de texte, l'information sur chaque espdce.
Cet outil offre avant tout la possibilitd d'6va- luer le degrd d'int6grit6 du peuplement d'un habitat (ou d'un site) par rapport ) un dtat de rlfdrence.ll permet aussi de construire des scdnarios prddictifs de changements de diversit6 selon des modifications d'habitats.
Lencadr6 ci-contre et des exemples concrets illustrent cette m6thode d'6valuation 6co- logique basde sur la prddiction d'un 6tat de r 6fdr ence du peuplement.
Pour la France, Syrfid3 compile les donn6es d'occurrence publi6es au niveau des d6par- tements, ainsi que leurs sources bibliogra- phiques. Il permet de connaitre les listes d'espDces potentielles d un niveau rdgional et d'identifier les d6ficits dans la couverture du territoire.
Les syrphes et Syrphthe-Net constituent un ensemble intlgrd et standardis6 offert au gestionnaire pour 6valuer I'int6grit6 des sites du point de vue de leur diversit6 bio- logique. C'est dgalement un outil dyna- mique, port6 par une communaut6 de sp6cialistes actifs. Il devrait inciter les ento- mologistes ) rendre plus opdrationnelles les connaissances disponibles pour d'autres groupes d'invert6br6s afin d'rilaborer une panoplie d'approches compl6mentaires dans l'6valuation et le suivi de l'6tat de santd des 6cosystDmes. I
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>>> M6l : emmonuel.roslello@lebo.unige.ch
En savoit pl
) Guide des mouches et moustiques. Les compagnons du naturaliste, J. et H. Haupt, Delachaux et NiestlC, 2000, 352 p.
) " Les diptdres Syrphidae, peuple de tous les espaces J.-P. Sarthou et M.C.D. Speight, lnsectesn" 737,2005, p. 3-8.
- La revue europ6enne de syrphidologie: Volucella http: //www. naturku ndem useu m-bw. delstuttg ar t / v olucella / ) Base de donnees Syrph-the-Net et ses applications:
- A partir du 4" trimestre 2007, sur le site http:,//leba. unige.chlsyrph idae. html
- Les insectes indicateurs, P. Goeldlin, R. Delarze, E. Castella, M.C.D. Speight,2OO3. Mdmoire de la soci€te vaudoise des sciences naturelles n" 20, p. t59-267.
- Projet-pilote de gestion 6cologique des forets de Montricher (Jura vaudois, Suisse).
- Evatuation 1cologique d'lcosystdmes forestiers de r1serves naturelles de Haute-Savoie d I'aide des dipEres syrphides, V. Sarthou, J.-P. Sarthou, 2007. Rapport au conservatoire des r6serves naturelles de Haute-Savoie, 52 o.
- Diagnostic de pelouses et landes subalpines, d I'aide des diptEres Syrphidae, M.C.D. Speight, E. Castella, 2OO5. Rapport au conservatoire des r6serves naturelles de Haute-Savoie.57 p.
1. Les syrphes adultes (500 espdces en France) ont un mode d'alimentation trds homogdne: ils se nourrissent de nectar ou de oollen floral.
exceptionnellement de coul€es de sdve. Cette exigence alimentaire explique leur r6le important de oollinisateurs. En revanche, les larves de syrphes sont extremement diversifi6es du point de vue de leur alimentation et donc de leur r6le dans la nature.
On peut distinguer trois groupes: des herbivores qu consomment les tissus vivants non ligneux des v6g6taux, des carnivores
predatrices qui se nourrissent d'autres insectes vivants et des microphages (ou saprophages) qui
consomment de la matiCre organique plus ou moins d6comoos6e. Dans ce dernier groupe, environ 80 espdces de la faune frangaise possedent des larves saproxyliques qui d6oendent du bois mort sous diff6rentes formes. De nombreuses espCces se nourrissent de pucerons et sont de precieux auxiliaires des cultures.
2. Du nom de son inventeur.
3. http:,//syrfid.ensat.frl
dludesrecherche
Sc6narios d'intensification et perte
de diversit6 dans une exploitation agricolel
ette 6tude men6e sur une exploitation mixte (c6r6ales, pr6s de fauche, 6levage) de 41 ha en lrlande cherche, par I'emploi des syrphes, d pr6dire les pertes de diver- sit6 associ€es d ouatre scdnarios d'intensification. La base de donn6es StN permet d'identifier d quels habitats pr6sents sur I'exoloitation sont associ6es les 73 esodces recens6es.
La disparition des habitats entrain6e par chaque sc6nario permet de prOdire le nombre d'espdces qui seraient perdues dans chaque cas. Ce nombre s'6chelonne de sept, pour la seule perte des habitats associ6s aux infrastructures (haies, bordures, mare...), d soixante-cinq espOces (89% du stock initial) dans le sc6nario de changement le plus intensif (perte des infrastructures, des terrains non exploitCs et une sp6- cialisation en grandes cultures). Cet exemple simple illustre la possibilit6 de mod6liser les changements de biodiversit6 sous diff€rents modes de gestion.
1. M.C.D. Speight et al.,2OO2. Volucella, 6, p. t25-137.
Evaluation d'un massif forestier et faune saproxylophage'z
l\ ans le cadre d'un projet de crEation de r6serve fores- I f tiOre, un massif forestier de 300 ha du Jura suisse a V CfC 6tudi6 pendanttrois ans. 192 espdces de syrphes y ont 6t6 d6nombr6es dans 8 stations repr6sentatives d'un gradient altitudinal de 800 a 1500 m conduisant d'une h6traie d des formations d sapins et 6pic6as, L'6valuation confronte la liste d'esodces rencontr6es dans le massif avec les espdces attendues, pr€dites d partir de la liste suisse des espdces associ6es aux habitats existants sur le site.
Le niveau d'int6grit6 global du peuplement de syrphe est 6lev6: prBs de 75o/o des espdces attendues sont effective- ment presentes. L'analyse d6taill€e des r€sultats d I'aide des microhabitats larvaires r6vdle un dEficit relatif des espdces associ6es aux arbres agCs (60% des espdces attendues), alors que les espdces associ6es au bois mort sont tres bien reprEsent6es (pr6s de 95% des espdces attendues).
2. P. Goeldlin et al.,2OO3. Memoire de la soci1td vaudoise des sciences naturelles n" 20.
Evaluation de pelouses
et landes subalpines en r6serve naturelle3
ans le cadre d'une politique d'inventaire de la biodi- versite associ6e d des habitats d'int6rdt communau- taires, Ies reserves naturelles de Haute-Savoie ont commandit6 une 6tude des syrphes dans trois sites de pelouses et landes subalpines (1 70O - 222O m). L'6tude men6e sur une annCe (2OO4) a permis de recenser 59 espdces et de faibles taux d'observation d'esodces or6dites (moins de 35%). L'analyse pouss6e au niveau des micro- habitats larvaires fait apparaitre un d6ficit maximal au niveau des esp€ces dont les larves phytophages sont associ6es d la strate herbac6e (Caricion) avec moins de 4Oo/o des espdces attendues, alors que les espdces associ6es aux formations buissonnantes sont mieux repr6sent6es (prOs de 60% des espdces attendues). Ces r6sultats alertent sur une baisse possible de la diversit6 des invert6br6s associ6s a la strate herbac6e de ces sites subalpins. lls incitent d la mise en place d'une politique de suivi pluriannuel, incluant des sites t6moins non affect6s par le pdturage, afin de s6parer les effets de ce dernier et celui des changements climatiques, 3. M.C.D. Speight et E. Castella, 2005. Rapport au conservatoire des reserves naturelles de Haute-Savoie, 57 p.
