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L'homme pressé : impacts et paradoxes socio-spatiaux

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Academic year: 2022

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JOURNÉE DOC’GÉO

L'HOMME PRESSÉ : IMPACTS ET PARADOXES SOCIO-SPATIAUX

COLLOQUE ORGANISÉ LES 09 ET 10 OCTOBRE 2014 SUR LE CAMPUS DE BORDEAUX

Accélération des modes de vie, de travail, de rencontre, et même de détente ou de penser : c'est de toutes les sphères de la société que la culture de la vitesse semble s'être emparée. En contrepoint à cet avènement de la rapidité, émerge un désir de ralentir. Ce qui nous intéresse dans ce prochain colloque, c'est de tenir ensemble ce couple conceptuel rapidité/lenteur, et non pas d'opposer les deux termes : comment ces deux rythmes peuvent-ils s’articuler ?

La mondialisation est venue bousculer notre rapport à l’espace, à la distance et au temps, jusqu'à créer l'illusion de l’instantané, de l'immédiateté. De nouveaux outils, moyens, pratiques permettent de s'emparer de ce temps si précieux. Le monde, l’omniscience, l’omnipotence sont à portée de main, suscitant l’envie (le besoin ?) de consommer rapidement la vie, de tout faire, tout savoir, tout connaître et connaître tout le monde… ne serait-ce qu'un peu. Exaltante accélération ou fuite en avant de la modernité, cet impératif de la vitesse semble sans limites : les villes ne dorment plus, l'information doit être donnée en temps réel, jamais le soleil ne se couche sur l'empire de la bourse. La pagaille causée par un célèbre volcan islandais, ou plus couramment la moindre panne de métro, rappellent l'instabilité de ce système de la vitesse organisée, de cette vie en vitesse rapide, de cette géographie de l'impatience.

Cette contraction de l’espace-temps, qui s’immisce dans nos sociétés modernes et les contrôle, vient s’entrechoquer avec l'irréductible temporalité et la rugosité territoriale de nos rapports sociaux et de nos activités. Or, plus le rythme (de communication, de production, de rencontre, de mobilité) s'accélère, plus se créent des sentiments de frustration et de stress : c'est la « dictature de la trotteuse » (J. Ollivro, 2006). Faire la queue au fast-food génère une frustration et le sentiment de perdre son temps, tout comme le fait d'être bloqué quotidiennement dans les bouchons, dans un engin pourtant voué à la vitesse. La rapidité n’est-elle pas une chimère ? Elle est censée nous faire gagner du temps, mais le temps libéré n'est que plus rapidement rempli de nouvelles activités... requérant encore davantage de vitesse. L'exigence de rentabilité est devenue personnelle, et dévore jusqu'aux moments de détente. « Culture globalisée et solitude en réseau »1 : grâce à Internet nous avons accès à toutes les informations à un instant t,

1 Expression extraite d'un article du 22 septembre 2013 du magazine Les Inrocks, « “Génération A”: portrait d’une génération globalisée et globalement paumée » (en ligne à l'adresse : http://www.lesinrocks.com/2013/09/22/livres/histoires-da-11427455/)

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l’ubiquité au bout des doigts… Et pourtant, cela ne génère-t-il pas un profond sentiment de passer à côté de l’essentiel, d'être toujours en retard, d’être « (ho !)pressé » ? Quel est l’impact de cette contraction du temps, de nos modes de vie en accéléré sur les liens sociaux, sur l’identité, sur notre rapport à la vie, sur la pratique et les représentations des lieux, des mobilités ?

Ces paradoxes se dessinent à toutes les échelles, de celle de l'individu-consommateur à celle de l'entreprise et de son organisation managériale, en passant par celle de grandes organisations internationales. Rappelons à ce titre que le paradigme du développement durable qui oriente de multiples politiques publiques renferme une exigence pernicieuse : celle d’avoir des résultats à la fois rapides et durables, renvoyant dos à dos temps du projet et temps de la société. L'urgence d'atteindre ces objectifs de croissance rend d'autant moins admissible l'attente de ces résultats, dans une schizophrénie généralisée.

De ces contradictions peuvent émerger des réactions qui paraissent presque instinctives, en opposition à ce rythme effréné qui semble s'imposer à nous. L’Homme pressé par la vie quotidienne, le travail, etc. s’adonne à des pratiques aux rythmes ralentis, individuellement ou collectivement, porteuses d'un nouveau modèle de développement, économique, social, culturel, et spatial. Éloge de la lenteur (C. Honoré), ou défense d'une allure « naturelle », organique, impondérable des choses, l'introduction d'un changement de rythme repose sur un objectif de qualité, là où les accélérations du monde moderne n'ont apporté que quantité. Les mouvements slow ont-il une place durable dans notre société, ou ne peuvent-ils exister qu'en marge de celle-ci ?

Plutôt que de fixer des axes restrictifs, nous proposons une liste non exhaustive de thématiques, d'exemples, de pistes de réflexion qui pourront être envisagés par les contributeurs.

- La production au sens large : n’existe-t-elle plus qu'au travers d'une course à la compétitivité et à la productivité ? La recherche nous semble un bon exemple avec le fameux publish or perish : n'est-ce pas un sprint qui se déroule ici, alors que l'on s'attendrait davantage à un marathon, celui de la réflexion scientifique ?

- Les rythmes de travail : quels impacts de l'accélération des rythmes de travail et parallèlement de la réduction du temps de travail sur le salarié ? A quel moment le corps se met-il à résister aux injonctions de rapidité/ralentissement qui lui sont donné ?

- La production agricole: la recherche de productivité et ses corollaires techniques n'est-elle pas antagonique de certains processus naturels ?

- Les outils de la rapidité : le GPS nous permet de savoir toujours où l'on est, mais pas forcément où l’on va, les réseaux sociaux d’acquérir des amis d’un simple clic, les speed dating de faire des rencontres amoureuses sur commande, les smartphones d’accéder instantanément à toutes les informations et musiques du monde... En rendant tout

« consommable » expressément, et ainsi jetable ou éphémère, en supprimant le temps de la réflexion, en localisant les pratiques, les nouvelles technologies ne réduisent-elles pas les liens sociaux ?

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- La (dé)synchronisation des rythmes : que se passe-t-il quand la société vit et se recompose selon des rapidités différenciées ? Quand et comment émergent les frustrations, le sentiment d'être pressé, de perdre son temps ? Que signifie aujourd'hui être en avance et par quoi est-ce rendu possible ?

- L’attente : quelles sont la forme et la place qui lui sont données face à l'hégémonie du tout, tout de suite ? Quand on est pressé, comment l'incompressible est-il pris en charge ? Le questionnement se pose aussi bien pour l'individu que pour les États en situation d'urgence.

- Les espaces et les instants de la lenteur « autorisée » : quelles sont les lieux et les modalités de ces activités, de ces pratiques « lentes » qui s'affirment comme des réponses à un rythme de vie (trop) rapide ? La vogue de mouvements tels que Slow Food ou Slow City, l'engouement pour la marche, ou pour des sports tels que le yoga ou le tai- chi pourront être étudiés comme des manifestations d'une géographie, d'une société du

« prendre son temps ».

- La ville, lieu de la lenteur non souhaitée, mais parfois aussi de la lenteur forcée : comment les vitesses s'y entremêlent-elles à l'aune de mobilités recomposées ?

- Rythme et globalisation : est-ce un phénomène uniquement occidental ? Se diffuse-t- il, s'impose-t-il à des sociétés et des espaces qui ont un autre rapport au temps, et si oui, comment ? Mais dans un monde globalisé, n'y a-t-il pas une rencontre, une circulation de ces façons d'éprouver la durée ?

Cette tension entre rapidité et lenteur constitue un enjeu sociétal fort et encore peu étudié. Du lièvre ou de la tortue, qui l'emportera ?

Informations pratiques

Doc’Géo est l’association des doctorants en géographie et en aménagement de Bordeaux.

Le colloque est organisé en partenariat avec l’UMR 5185 ADESS CNRS, le département de géographie de l’Université Bordeaux Montaigne et l’École Doctorale Montaigne - Humanités. Cette journée de recherche, ouverte en priorité aux masters, doctorants et jeunes docteurs de toutes disciplines, est l’occasion de discuter entre jeunes chercheurs autour d’un thème original.

Pour la douzième édition, et parce qu’il devient urgent de prendre son temps, nous vous proposons un colloque slow : même nombre d’intervenants, mais plus de temps !

- Un colloque sur deux jours

- 30 minutes de temps de présentation par intervenant - Des instants de débat étirables et sans contrainte - Des pauses donnant toute leur place aux échanges - Des « partenaires slow » à découvrir…

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Conditions de l'appel à communication

Les questionnements étant très nombreux, l’appel à communication est volontairement non exhaustif. Le colloque est ouvert à toutes les disciplines intéressées par la question (géographie, sociologie, anthropologie, psychologie, etc.). Nous attendons des communications sur des terrains variés, lointains ou non. Le comité scientifique attend des propositions structurées et problématisées.

La proposition comprendra un résumé de 3000 à 5000 signes (espaces, notes et bibliographie compris), cinq mots-clés, nom et prénom, section disciplinaire, laboratoire et université de rattachement, statut (master, doctorant ou jeune docteur), numéro de téléphone et e-mail. La proposition est à envoyer à docgeo_bdx@yahoo.fr dans un fichier pdf intitulé : « votre nom_jg12.pdf »

Après acceptation par le comité scientifique, les propositions retenues feront l’objet d’une communication orale lors du colloque, qui aura lieu à la Maison des Suds, sur le campus bordelais, à Pessac. Le comité scientifique sélectionnera les articles pouvant faire l’objet d’une publication dans la revue de l'UMR 5185 ADESS CNRS Les cahiers d'ADESS.

Calendrier

- Retour des propositions : 10 avril 2014 (docgeo_bdx@yahoo.fr) - Acceptation du comité scientifique : 10 mai 2014

- Retour des articles complets (30 000 signes) : 10 septembre 2014 - Colloque : 09 et 10 octobre 2014

Comité scientifique

Membres de l’association Doc’Géo :

- Pierre-Amiel GIRAUD, président de Doc'Géo, doctorant en géographie - Aurélie BOUSQUET, vice-présidente de Doc'Géo, doctorante en géographie - Guilhem MOUSSELIN, secrétaire de Doc’Géo, doctorant en géographie - Aurélie HERVOUET, trésorière de Doc’Géo, doctorante en urbanisme - Pierre-Louis BALLOT, étudiant en Master de géographie

- Frédérique CÉLÉRIER, doctorante en géographie - Angéline CHARTIER, doctorante en géographie - Cécilia COMELLI, doctorante en géographie - Marie CROSNIER, doctorante en urbanisme - Mylène RIVIÈRE, doctorante en géographie - Adèle SCHAR, doctorante en urbanisme

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Références

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