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et le D éfi global junior de R om ei

A lfonso M olina^

Traduit de l'anglais avec la contribution de Julien Soupizet

A

l'aube de la société de l'inform ation, le m onde fait face à un défi essentiel : com m ent am éliorer la qualité de vie et de travail de tous, sans distinction ? L 'apparition d'une société nouvelle offre toujours

de nouvelles opportunités pour éviter de reproduire les errem ents du passé.

M ais elle apporte aussi un certain nom bre d'incertitudes et de risques, notam m ent pour les régions particulièrem ent touchées par la pauvreté et l'exclusion. C es pays et ces com m unautés sont m enacés d'être encore plus appauvris par le jeu de l'exclusion de la société de l'inform ation si d'em blée, aucune action positive n'est entreprise pour trouver un m oyen de lutter contre la fracture num érique. H eureusem ent, la prise de conscience de ce risque a eu pour effet de développer de nom breuses initiatives et des activités à différents niveaux sociaux pour relever le défi que constitue la fracture num érique. Selon une idée largem ent adm ise, les technologies de l'inform ation et des com m unications (TIC ) peuvent am éliorer le bien-être de tous et elles peuvent donc contribuer à transform er le rêve d'une société de l'inform ation pour tous en une réalité.

C et article rend com pte de deux types d'expériences dont chacune a contribué positivem ent à l'apparition d'un m ouvem ent social global visant 1. U ne plus longue version de ce docum ent a été présentée au troisièm e forum global à N aples. V oir M olina (2001).

2. Professeur, T echM aPP, U niversité d'E dim bourg. P résident des jury internationaux de Stockholm G lobal C hallenge et de G lobal Junior C hallenge.

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la fracture num érique. La prem ière expérience porte sur le D éfi global de Stockholm (SG C ) et le D éfi global junior de R om e (G JC ) ; la seconde expérience concerne le projet SITA de lutte contre la pauvreté des fem m es à D elhi (Inde) qui a rem porté le défi de R om e. La conclusion portera sur l'opportunité et la nature d'un m ouvem ent social global pour lutter contre la fracture num érique.

SG C et G JC de Rome^

Les origines du D éfi global de Stockholm rem ontent à 1995, arm ée de l'adhésion de la Suède à l'U nion européerm e. La ville de Stockholm cherchait un m oyen prom otionnel pour se rapprocher du centre de l'E urope en dépit d'une position géographique beaucoup plus périphérique. Pour cela, il lui fallait défier les grandes villes européerm es pour voir si elles

« faisaient m ieux que Stockholm » dans chacun des dix secteurs identifiés com m e stratégiques pour le développem ent de la société de l'inform ation dans le rapport B angem ann4, élaboré en 1994 par un groupe de haut niveau présidé par le C om m issaire européen.

A insi est né le D éfi de Stockholm et il est devenu rapidem ent un véritable succès avec la participation de plus de 120 projets soum is par près de 25 grandes villes européerm es. Q uatorze gagnants ont été honorés avec la récom pense de globe (un tube cathodique recyclé qui est devenu le sym bole du D éfi de Stockholm ). C ette prem ière expérience a rem pli ses objectifs, non seulem ent en dorm ant à Stockholm une nouvelle place au centre de l'E urope, m ais aussi en posant les bases d'une opération encore plus am bitieuse : le D éfi global de Stockholm .

L ancé en 1997 pendant la cérém onie finale du prem ier défi européen, le D éfi global a étendu le concours au m onde entier, attirant plus de 700 projets de toutes les origines. La sim ple évaluation des projets avec une telle augm entation quantitative constituait déjà une gageure. La cérém onie de clôture qui a eu lieu en juin 1999 a honoré 18 gagnants dans 11 catégories et elle a préparé le terrain pour le SG C de 2000 et de 2001 avec plus de 740 projets, 100 finalistes et 14 gagnants au sein de 7 catégories. La cérém onie de

3. S ur la base de la conférence « T he S pirit of the C hallenge » faite par A . M olina à la conférence de rem ise des récom penses du défi global de Stockholm , le 5 juin 2000.

4. L es catégories étaient : télétravail, éducation à distance, réseau pour les universités et centres de recherche, services télém atiques pour PM E , gestion de la circulation routière, contrôle du trafic aérien, réseaux de soins de santé, travaux publics électroniques, réseaux trans-européens d'adm inistrations publiques, autoroutes de l'inform ation de ville.

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clôture a été célébrée dans le E lue H all de Stockholm et les prix ont été rem is par le m aire de Stockholm , M . C ari C ederschiold. Le tableau 1 m ontre les gagnants pour 2001 dans les différentes catégories^.

C atégories G agnants

Services publics et D ém ocratie

H ong-K ong : L ivraison électronique de services, H ong- K ong, C hine

M oure pour B arcelone - se déplacer à B arcelone, B arcelone, E spagne

C ulture et D ivertissem ent

M usées et M illenium , Q uébec, C anada

C entre historique de la ville ; site w eb du vieux M ontréal, M ontréal, C anada

Santé et qualité de la vie

SU M A - le projet hum anitaire de gestion d'approvisionnem ent - E tats-U nis T eenex, Slough, R oyaum e-U ni

E nseignem ent

L ycée virtuel, C oncord, E tats-U nis

Im pact possible de la W S de H ighe - créant les prem iers centres d'apprentissage d'internet de lycée au L aos, V ientiane, L aos

O rdinateurs dans les m aisons, W ellington, N ouvelle Z élande

N ouvelle économ ie T ortasperu, L im a, Pérou

E nvironnem ent D e la terre 911, B erkeley, C alifornie D u laboratoire vivant, A rarat, A ustralie U n village global

Projet de recherche de village d'inform ations, C hennai, Inde

T A R A haat, N ew D elhi, Inde

Tableau 1. Les catégories et les gagnants du SGC 2001

R étrospectivem ent, il est clair que la volonté de prom ouvoir Stockholm a été un des principaux m oteurs dans le développem ent du SG C . M ais ce qui est beaucoup plus im portant est que cette prom otion s'est transform ée en une volonté de participation au concept d'une « société de l'inform ation pour tous ». A vec l'ém ergence prochaine de la société de l'inform ation, cette volonté a souligné le fait que l'hum anité est engagée dans un long processus d'apprentissage, y com pris par des erreurs, au term e duquel se dessinera le profil de la société de l'inform ation. C ette m êm e hum anité a com pris que.

5. L es inform ations sur les gagnants de 1999 et de 2000, ainsi que les finalistes et les gagnants de 2001 sont disponibles sur le site de SG C,

(http: / / w w w .challenge.stockholm .se)

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alors m êm e que la libéralisation des m archés et la concurrence constituaient des forces dynam iques essentielles, des questions essentielles restaient sans réponse com m e les effets de la m ondialisation et notam m ent l'objectif particulièrem ent com plexe d'une « cohésion globale » - m ettre fin au clivage entre « ceux qui ont » et « ceux qui n'ont pas » par le biais d'un dialogue et d'une coopération entre tous.

E n récom pensant et en prom ouvant les initiatives en faveur d'une société de l'inform ation pour tous, le SG C a aidé à dynam iser ces initiatives et a servi de catalyseur pour l'interaction, le partage et l'ém ulation des idées.

C om m e on pouvait s'y attendre, dès le prem ier défi, le postulat de départ des organisateurs était que « tout le m onde était gagnant », et pas seulem ent les projets obtenant une récom pense ou m êm e la ville de Stockholm en raison du succès obtenu dans la création d'un événem ent m ondial m ajeur jouant un rôle de pionnier pour les projets de la société de l'inform ation.

L 'objectif est de développer un apprentissage et un travail collectif pour un avenir m eilleur, et engager d'autres à contribuer à cet objectif com m un en créant leur propre défi, étroitem ent liés à celui de Stockholm .

La ville de R om e a pris une telle initiative et en a fait une réalité, en lançant, autour du thèm e de l'éducation, le D éfi global junior (G JC ) en 1999, alors qu'elle présidait le R éseau européen des Télécités^ - avec Stockholm en tant que vice-président. Le G JC a été fondé com m e une com pétition internationale pour les projets éducatifs les plus novateurs élaborés par les étudiants, les éducateurs, ou de jeunes adultes arrivant sur le m arché du travail.

R om e a fait valoir que l'enseignem ent était au cœ ur du processus de construction d'une société de l'inform ation pour tous et que l'am élioration des structures et m écanism es scolaires par l'utilisation des TIC exigeait inspiration, volonté de partage et apprentissage m utuel. Le m écanism e est le m êm e que celui du SG C m ais il se concentre sur l'enseignem ent. R om e et ceux qui suivent le m ouvem ent s'engagent dans un apprentissage à long

6. Le réseau des T élécités est une association des villes européennes travaillant pour la société de l'inform ation. V oir h ttp :/ /w w w .telecities.org. L e G JC faisait égalem ent partie du dialogue global de villes (G CD ), une initiative des m aires du m onde pour un dialogue global de villes sur la société de l'inform ation. L 'esprit du défi se trouve dans la déclaration de G C D signée à H elsinki (la déclaration de H elsinki à http://w w w .globalcitiesdialogue.org/declaration.htm ) et à la fois Stockholm et R om e sont des m em bres du groupe directeur stratégique de G C D , avec Stockholm com m e vice-président d'Issy-les-M oulineaux. P our plus d'inform ation sur le G C D , http://w w w .globalcitiesdialogue.org/; pour la stratégie originale du dialogue global de villes, voir M olina (1999).

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term e portant sur l'utilisation des TIC dans l'éducation, et le G JC est un m oy en, autoprom otionnel, pour contribuer à ce processus.

C atégories G agnants

Jusqu'à 10 ans B abynet (E spagne) Jusqu'à 15 ans

B ons environnem ents d'apprentissage tridim ensionnels pour les débutants aveugles (C hili)

Jusqu'à 18 ans

K idlink (N orvège)

Y om ag.net - m agazine en ligne européen pour les jeunes consom m ateurs (A llem agne)

Journal junior (international) Jusqu'à 29 ans

P earn (le réseau d'enseignem ent international et de ressource) (M aroc)

La page W ebQ uest (E tats-U nis) L ernforum D eutsch (A llem agne)

« travail »

SITA (études dans les applications de technologie de l'inform ation : form ation à la m icro-inform a­

tique pour les fem m es à faibles revenus) (Inde) M ention spéciale

Je m ange donc je suis (Suède) M entor G irl (E tats-U nis) Scuola F uori (Italie) R écom pense spéciale

du président de la R épublique italienne

Frénésie de la fin du m illénaire (C aserta, Italie) Les aventures de Fiera... l'étain qui ne voulait pas term iner dans une trém ie de déchets (Spoleto, Italie)

Tableau 2. Catégories et gagnants du GJC 2000

Le prem ier G JC a eu lieu en 2000 et la cérém onie de clôture s'est tenue le 4 décem bre 2000 dans la m airie de R om e (C am pidoglio) honorant 14 gagnants dans 5 catégories (voir le tableau 2) et 90 finalistes de 588 projets provenant de plus de 50 pays dans le m onde^. Les prix les plus caractéristiques du sym bole de la fondation de R om e - La L ouve allaitant R om ulus et R em us - rem is par le m aire de R om e, Francesco R utelli, et le succès de cette expérience ont posé les bases pour le lancem ent d'un instrum ent encore plus large pour développer une nouvelle vision de l'éducation pour R om e-L atium et potentiellem ent pour d'autres villes.

7. P our de plus am ples inform ations sur les m otivations et les projets, voir h ttp ;/ / w w w .gjc.it

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Le D igital Y outh C onsortium s est constitué com m e un partenariat entre secteur public et secteur privé avec la m unicipalité de R om e et six fournisseurs m ajeurs de TIC ayant pour objectif la diffusion des technologies à visées éducatives parm i les jeunes de la région R om e-Latium . Parm i les activités essentielles du C onsortium se trouve la continuation du G JC .

Fondam entalem ent, le SC C et le G JC de R om e sont des défis ayant le m êm e esprit et ensem ble ils offrent un support pour identifier les bonnes pratiques, récom penser l'innovation et stim uler le partage d'expériences. Les défis incluent une évaluation de m écanism es des bonnes pratiques en présence de son jury international. Et, com m e le m ontre une enquête sur la valeur des 2 C hallenges^, la cérém onie et les activités associées com m e la présentation des finalistes, la dém onstration des projets, et la diffusion par le biais du w eb, fournissent un environnem ent qui donne une visibilité aux projets pionniers et perm et à leurs auteurs d'accéder à la Toile et d'apprendre les uns des autres.

Par ce biais, Stockholm et R om e ont créé une opportunité et offert un cadre pratique pour développer et partager des projets de société de l'inform ation. L 'accent m is sur la fracture num érique ajouté à l'effet d'initiative a perm is de donner aux pionniers de la société de l'inform ation pour tous une raison de rêver à une recorm aissance internationale. E n ce sens, les villes de Stockholm et de R om e ont créé la possibilité de m om ents exceptionnels, servant de guide et de m oteur pour le travail quotidien. N ous verrons que cela a été le cas du projet SITA exam iné ci-dessous.

L 'histoire du projet pilote SITA io

La question centrale posée par le projet SITA

(Studies in Information Technology Applications :

form ation inform atique pour des fem m es ayant de faibles revenus) porte sur les m oyens d'introduire les principales applications des TIC dans une couche de la société physiquem ent et/ou socialem ent exclue. La réponse de SITA a été de rendre disponibles des équipem ents, des ressources et des contenus afin de perm ettre aux fem m es venant de fam illes à faibles revenus de se form er à l'inform atique com m e

8. D Y C com prenant la m unicipalité, des fournisseurs de T IC et une association des éco les, centres de form ation et des organisations ayant adhéré à l'objectif d'une

« nouvelle renaissance éducationnelle » dans la région R om e-L atium . V oir h ttp ://w w w .digitalyouth.net

9. V oir M olina (2001).

10. S ur la base de K . Sane (2000), texte trouvé dans

http://w w w .gjc.com une.rom a.it/uk/show .asp?IdP rj=593.

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prélim inaire à la recherche d'un em ploi et, en accroissant leur em ployabilité, d'am éliorer le bien-être de leurs fam illes. Le choix de la fem m e com m e sujet de l'initiative se fonde sur l'idée que «

If y ou teach women, you're changing the future, because women are the natural teachers ofthe coming generationsA^

»

L 'idée vient d'une préoccupation de longue date de K rishna Sane, qui com m e professeur à l'université de D elhi, a dirigé le projet parrainé par l'U nesco

Locally Produced Low Cost Equipment Project

(LPLC E) entre 1980- 1995. Parallèlem ent, le D r K am alni Sane a constaté qu'il était possible de form er des fem m es nécessiteuses en m atière de publication assistée par ordinateur (PA O ) en utilisant les docum ents qu'ils avaient écrits pour le projet LPLCE. Les personnes qui ont été form ées les prem ières ont rejoint l'entreprise perm ettant son développem ent tandis que les fonds devenaient disponibles au travers d'une subvention fournie par InfoD ev, program m e de fin ancem ent de la B anque m ondiale.

Le projet SITA pour l'habilitation des fem m es a com m encé au m ilieu de l'année 1999 en cherchant à réaliser les objectifs suivants : la form ation d'un noyau de form ateurs, le développem ent d'un kit d'apprentissage (com prenant des docum ents écrits et audiovisuels avec des m odules m ultim édias), et la form ation de 500 fem m es défavorisées d'ici décem bre 2000.

Pour réaliser ces objectifs, SITA a sélectiorm é de petits groupes de stagiaires et leur a dorm é une form ation avancée gratuite basée sur des exercices pratiques utilisant M S O ffice 2000. D ans le m êm e but, le cœ ur de l'équipe SITA a égalem ent développé un ensem ble de ressources com prenant des com pétences inform atiques à jour, des m anuels m ultilingues, des m odules audiovisuels et interactifs de form ation continue et du m atériel de soutien, y com pris un dictionnaire A nglais-H indi-U rdu pour la com préhension m inim ale de l'anglais.

D ans la m esure du possible, les stagiaires ont été rattachées à un em ployeur potentiel et, au bout de deux m ois de cours, chaque stagiaire devait offrir ses services à tem ps partiel com m e assistante pour un form ateur. Jusqu'ici, le projet SITA a enregistré 448 dem andes dont plus de 80 % viennent de persorm es de m oins de 30 ans et souffrant de lacunes en m atière de lecture, d'écriture et de com m unication ajoutées à une absence de confiance en soi. C ela n'a pas em pêché la plupart des stagiaires d'obtenir des

11. « Si on enseigne aux femmes, on change le futur parce que les femmes sont les professeurs naturels des générations futures. » (Propos de K rishna Sane).

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résultats satisfaisants. U n certificat a été rem is aux stagiaires ayant réussi ainsi qu'une aide pou r obtenir un em ploit^.

Le projet SIX A a dorm é espoir aux fem m es nécessiteuses de D elhi. M ais la pérennité des em plois s'est révélée être un défi encore plus difficile à relever et la plupart des fem m es form ées par le SITA n'ont pas trouvé d'em plois sur le m arché, engendrant une baisse significative du taux de réussite du projet. Il est alors apparu qu'une étape interm édiaire était nécessaire en plaçant de façon tem poraire les fem m es form ées auprès d'O N G par exem ple, afin de leur perm ettre d'acquérir une expérience professionnelle. A plus long term e, le SITA a essayé de faire évoluer le m odèle com m ercial du projet en un m odèle coopératif - M itra M andai - qui pourrait assurer une pérennisation des acquis. A ujourd'hui le projet est face à ce nouveau défi, en ayant conscience de facteurs socio-économ iques sous- jacents com plexes difficiles à surm onter.

C ela confirm e les difficultés auxquelles sont confrontés les projets qui cherchent à am éliorer les conditions de vie des pauvres ; la pérerm ité de ces entreprises est plus difficile à assurer que dans le cas de projets com m erciaux classiques. C ependant, si la fracture num érique doit être abordée, on doit donner une place prépondérante à ce type de projets. En effet, ce sont ces derniers qui jouent un rôle de m ise en com m un, de solidarité, et d'ém ulation des différentes initiatives.

Q uand le projet SITA a rem porté le G JC, son prom oteur, le professeur K rishna Sane, songeait à abandonner. La récom pense rem ise par le m aire de R om e, les dialogues qui se sont noués et les nouvelles idées qui ont ém ergé pendant les jours de l'événem ent ont perm is de relancer le projet. C om m e K . Sane Ta dit lui-m êm e : «

Je n'y serai pas arrivé en 2001. Je suis allé à Rome défait et j'en suis revenu plein d'enthousiasme. Le GCD doit citer cet exemple comme défense et illustration de son prix.»^^.

C ette relance a m aintenant m ené à une nouvelle récom pense rem ise par D igital P artners 14 qui soutierm ent le développem ent du nouveau m odèle coopératif à la fois par le biais du financem ent et par le conseil d'experts.

12. P our ces réalisations, le SIT A a reçu une reconnaissance internationale puisqu'il était finaliste du défi de Stockholm en juin 2000, finaliste IC T Story C om pétition organisé par l'Institut international de coopération au développem ent (IIC D ) en octobre 2000 et gagnant du G JC de R om e en décem bre 2000.

13. C om m unication persoim elle avec K . Sane.

14. V oir h ttp :/ /w w w .digitalpartners.org

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Conclusion : vers un mouvement social global contre la fracture numérique

Le SG C , le G JC de R om e et des projets tels que le SITA sont des exem ples des nom breuses expériences et initiatives qui aujourd'hui oeuvrent pour une société de l'inform ation pour tous. Les défis représentent une contribution de deux villes im portantes, et le projet SITA est un projet de fond soutenu par les organisations internationales (dans ce cas, InfoD EV ). D 'autres expériences peuvent être trouvées à différents niveaux et zones d'activités, depuis la dim ension internationale des N ations unies et du G 8 jusqu'aux projets com m unautaires et m êm e individuels dans de nom breux secteurs tels que la santé, l'enseignem ent, la dém ocratie, le développem ent com m unautaire, la pauvreté, etc. O n peut notam m ent citer les travaux des groupes de réflexion ou de coordination com m e la D ot.force du G 8, la T ask Force TIC des N ations unies, le G lobal D evelopm ent G atew ay et InfoD ev de la B anque m ondiale, ainsi que l'adoption des politiques de lutte contre la fracture num érique de la part des gouvernem ents et du secteur associatif.

U n autre élém ent essentiel est l'adoption de politiques d'intégration sociale par le secteur privé,i5 aiitsi que le développem ent d'organisatioias servant de m oteurs tels que B ridges, N um eric Partners, T echnology E m pow erm ent N etw orklé, D igital N ations et les D éfis de Stockholm et de R om e. M ais il y a surtout de nom breuses initiatives venant de la société civile cherchant à innover pour aboutir à une société de l'inform ation pour tous^^.

C es diversité et cette richesse rendent possible d'envisager l'ém ergence d'un

mouvement social global de lutte contre la fracture numérique

conscient de sa propre existence et dans lequel des initiatives pourraient interagir, m ettre en com m un les expériences, les ressources et, plus généralem ent, aboutir à la construction d'une société de l'inform ation pour tous. En ce sens, le m ouvem ent social global contre la fracture num érique est une organisation diffuse, sans frontières, com posée de personnes partageant et poursuivant la réalisation d'un rêve. Il s'agit d'un espace pour la direction, la créativité, l'innovation, l'ém ulation, la coopération, la concurrence, l'accom plissem ent et les déceptions dans la poursuite du changem ent. C e m ouvem ent peut être

15. P ar exem ple, IC L a estim é que «

en tant que compagnie leader sur le marché des TIC, nous cherchons à faire une contribution significative à la "cohésion sociale" dans la société de l'information d'aujourd'hui

», (http://w w w .icl.com /about/com m unity/index.htm). Il en est ainsi pour de nom breuses autres grandes sociétés, voir par exem ple pour les déclarations et les politiques sociales de responsabilité de plus de 50 sociétés

http://w w w .digitaldivide.org/corps.htm l.

16. V oir http: / /w w w .techem pow er.net/

17. V oir la charte de l'O kinaw a sur la société de l'inform ation (G 8 2000).

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en partie coordonné ou se développer sur la base de liens ténus pour partager et apprendre en se fondant sur les différentes expériences. En dehors des m anifestations, le lien se résum e sim plem ent à un rêve com m un et au désir d'agir.

D ans ce m ouvem ent, la som m e des actions individuelles serait supérieure à la valeur de chaque initiative individuelle. E n effet, la m ise en com m un d'inform ations fait ém erger de nouvelles synergies perm ettant d'accroître encore plus les flux d'inform ation, de corm aissance, d'expériences et de ressources. Les D éfis de Stockholm et de R om e dém ontrent l'intérêt de cette coopération pour relancer les corm aissances, l'expérience, les interactions, les énergies et les ressources. C om m e le constate A lvaro G alvis, chef de projet L udom aticais vainqueur de la catégorie « enseignem ent » du SG C de 1999,

«

...Devenir un finaliste signifie la possibilité de partager ses idées à un niveau global avec d'autres groupes et aussi de participer comme exposant à un salon très excitant. Nous avons réalisé que les initiatives locales deviennent progressivement globales quand les autres savent ce que vous faites et que vous pouvez le partager. Mais gagner le défi dans la catégorie éducation était un succès. En Colombie, le secteur de l'éducation n'apporte pas beaucoup de bonnes nouvelles internationales à la scène sociale. Mais quand Ludomatica a été récompensé en 1999, c'était le cas. Beaucoup qui étaient sceptiques sur l'importance du projet ont dû reconnaître sa nature unique. Des groupes qui investissaient dans la phase pilote ont décidé d'aider son expansion et des fonds nationaux et internationaux ont été obtenus grâce à cette reconnaissance...»^'^

C ela est précisém ent l'intérêt d'un m ouvem ent social global que de servir de catalyseur et de m ultiplier les expériences positives. Et ici, com m e illustré par le tableau 3, les possibilités d'action sont considérables. E n effet, le tableau fournit une idée de la variété im pressionnante d'initiatives et d'actions possibles par origine géographique et par la portée des initiatives, par donneur ou réalisateur, par but et par objectif final. Le tableau est construit en quatre couches, avec des colonnes et des rangées m ultiples pour souligner les possibilités com binatoires énorm es des initiatives et des actions.

La prem ière couche large m ontre les possibilités géographiques, notam m ent le fait qu'il peut y avoir de m ultiples interactions (par exem ple 18. L e L udom atica est un projet sur des environnem ents d'apprentissage interactifs pour des enfants entre 7 à 12 ans. V oir http://lidie.uniandes.edu.co/ludom atica 19. P our le texte intégral, voir http://w w w .challenge.stockholm .se

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entre les actions bilatérales et m ultilatérales). La deuxièm e couche large m ontre la m ultitude de possibilités organisatiorm elles des opérateurs com m e donneurs et/ou réalisateurs, en particulier le secteur privé, le secteur public, le secteur associatif, la société civile, les individus et les com binaisons hybrides d'élém ents précités.

La troisièm e couche large m ontre qu'à l'intérieur des deux couches précédentes, il y a différentes possibilités susceptibles d'aboutir à l'objectif recherché. C ela com prend à la fois l'objectif de gouvernance, avec toutes ces initiatives visant à changer ou créer les cadres juridiques et l'objectif plus large de changem ent dans les pratiques et les attitudes culturelles des gouvernem ents, des entreprises et des autres parties (Prahalad, 2000). C ela com prend aussi le support d'autres m itiatives ponctuelles, des projets d'infrastructures et toutes les possibilités hybrides. La dernière partie à l'intérieur de toutes les autres couches m ontre les différentes possibilités servant la finalité dernière, y com pris l'intervention des entreprises, des services publics tels que l'am élioration de l'enseignem ent, l'hum anitaire (tel que les projets associatifs visant à am éliorer les conditions de vie et de travail) et toutes les form es d'hybrides possibles.

B ien qu'aucune enquête systém atique n'existe, il n'est pas déraisoim able de penser que des initiatives et des actions se déroulent déjà sur plusieurs sinon toutes les couches du tableau 3. D e plus, si l'on décide de véritablem ent relever le défi de la fracture num érique au niveau m ondial, il faudra des initiatives et des actions à tous ces niveaux. C ertaines auront un im pact plus ou m oins grand, certaines seront peut-être m êm e en concurrence avec d'autres m ais, en définitive, elles seront toutes concentrées sur un seul objectif : réduire la pauvreté et l'exclusion grâce à « l'opportunité num érique ». C 'est ce qui en ferait un m ouvem ent social global.

D ans ce m ouvem ent, sont en prem ière ligne nom bre de projets et d'expériences qui sont en contact direct avec la pauvreté et l'exclusion dans les différentes zones géographiques. Il est vrai que les initiatives des organisations internationales déjà citées attirent souvent toute l'attention du public, m ais en réalité elles ne sont qu'un élém ent de l'ensem ble des forces nécessaires pour effectuer un changem ent réel. M ais c'est au niveau élém entaire que la réalisation du rêve d'une économ ie num érique basée sur une cohésion globale aura lieu, par le biais des pionniers et des créateurs de la société de l'inform ation. C ela signifie que, dans une certaine m esure, l'ensem ble des actions gouvernem entales, politiques et financières à tous les niveaux géographiques seront effectives si elles aboutissent à créer un environnem ent fertile pou r perm ettre à ces projets de se développer.

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278Nord et Sud numériques. LCN, n° 3-4/2001

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur lcn.revuesonline.com

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Inversem ent, ces projets portant sur la fracture num érique seront égalem ent notés en fonction de leur aptitude à changer les conditions de vie et de travail des pauvres et des exclus et, im plicitem ent, leur aptitude à produire les ressources nécessaires pour exister.

C e qui constitue à la fois un avantage et un inconvénient est le fait qu'on est au prem ier stade de développem ent de la société de l'inform ation, que le m écanism e de gouvernance est encore en form ation et que la fracture num érique, bien que peu représentée dans l'économ ie de m arché, peut encore devenir un des thèm es m ajeurs dans les consciences et les actions de tous les secteurs, public, privé et associatif, la société civile et les individus.

C ela est essentiel si une société de l'inform ation pour tous doit devenir une réalité.

Les progrès dans cette direction exigent à tout le m oins la poursuite des actions connexes suivantes ;

(1) C ontinuer à stim uler et appuyer des initiatives et actions (public, privé, associatif, etc.) qui se développent à l'heure actuelle, ainsi que leur m ise en com m un pour bénéficier de l'ém ulation. L 'appui com m ercial des projets de fond par le biais des organisations de financem ent est particulièrem ent im portant, notam m ent dans le développem ent durable d'entreprises. U ne cartographie com plète et arm otée des actions et initiatives serait utile, probablem ent en s'appuyant sur les initiatives actuelles. U n autre élém ent im portant est la diffusion des expériences pour apprendre et s'en inspirer. C ela ne doit pas concerner que les succès parce que les échecs et les tâtonnem ents font partie intégrante de l'apprentissage, en particulier aux prem iers stades du développem ent.

(2) Stim uler une plus grande prise de conscience des questions relatives à la fracture num érique et du lien qu'elle entretient avec la lutte contre la pauvreté et l'exclusion, question soulevée par le som m et du M illénaire des N ations unies, qui souhaite diviser la pauvreté par m oitié d'ici 2015. C ela devrait corrstituer une priorité pour chacun des acteurs et toute occasion devrait être saisie pour convaincre d'autres élém ents de se joindre au défi.

C ette participation n'im plique pas nécessairem ent le développem ent de nouvelles activités ou un changem ent pour les persorm es et les organisations. M êm e s'il faudra aussi cela, l'essentiel de la participation peut être faite par des changem ents m ineurs dans les objectifs.

Il est vrai que l'intervention d'un seul individu ou d'une seule organisation telle une « goutte dans l'océan » n'aurait que peu d effet.

C ependant, si on m ultiplie le nom bre de personnes agissant dans le m êm e sens, ces « gouttes » ont le potentiel de se transform er en un « océan de changem ent ». E t donc l'objectif est de « faire de toutes ces gouttes un océan

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280 N ord et S ud num ériques. L C N / n° 3-4/2001

de changem ent », et c'est ici que les possibilités de m ise en com m un offertes par cette m êm e technologie est essentielle en perm ettant le développem ent d'un esprit com m un à une échelle m ondiale - le m ouvem ent social contre la fracture num érique.

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Références

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