Septembre 2018 - N°458 PERSPECTIVES AGRICOLES
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LE DOSSIER BIOCONTRÔLE
L
e défanage vise à détruire rapide- ment et complètement les feuilles et les tiges des pommes de terre pour contrôler le calibre des tubercules, maîtriser la qualité et faciliter la récolte. La date de cette intervention - la dernière avant la récolte - est déterminée selon le débou- ché : plant, marché du frais ou industrie pour l’ali- mentation humaine.Pour les variétés précoces ayant généralement peu de fanes et parvenant rapidement à maturité, un passage unique de défanant peut suffi re. Pour des variétés à plus fort développement, un programme en deux applications, voire trois, est la stratégie la plus fréquente. Le premier traitement vise à détruire rapidement le feuillage et à enclencher la sénes- cence, le second, une semaine plus tard, détruit les tiges tout en limitant les repousses foliées.
Le défanage 100 % chimique garde encore une place importante, comme l’illustrent les derniers chiffres disponibles et issus de l’enquête SSP 2014 : il représentait alors 62 % des défanages de pommes de terre. Cependant, le défanage méca- nique, seul ou associé à un défanage chimique, progresse d’année en année.
C’est dans ce cadre qu’à partir de 2012, la société JADE, détentrice de l’homologation, a confié pour évaluation à Arvalis un produit à base d’acide nona- noïque : le Beloukha. En 2014, ce produit de biocon- trôle était autorisé en défanage de la pomme de terre.
Il est actuellement distribué par la société Belchim.
Un produit dessicant de contact strict
Beloukha est le premier produit de biocontrôle utilisable pour défaner les pommes de terre.
Par rapport aux produits déjà présents sur le
P OMME DE TERRE DE CONSERVATION
UN ACIDE GRAS
pour défaner
Premier produit de biocontrôle à avoir été homologué en défanage des pommes de terre, Beloukha est à base d’une substance naturelle issue de l’huile de colza. Les essais Arvalis effectués de 2012 à 2014 ont démontré son effi cacité lorsqu’il est appliqué sur fanes broyées, par temps sec et ensoleillé.
La première étape est de broyer les fanes des pommes de terre. Le défanant d’origine natu- relle, Beloukha, sera ensuite pulvérisé par un temps ensoleillé, favorable à la dessication.
© C. Vacher - ARVALIS-Institut du végétal
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LE DOSSIER
BIOCONTRÔLE
le broyage seul. Dans l’ensemble de nos essais, son effi cacité sur feuilles et tiges est comparable à une application de défanant classique tel que Spotlight Plus ou Sorcier + Actirob, utilisé dans les mêmes conditions (figure 1).
Cependant, son utilisation reste très marginale.
L’un des freins à l’appropriation de ce produit par le producteur est la dose appliquée - environ trois à dix fois plus élevée par rapport aux spécialités chimiques autorisées pour cet usage. Or, comme son prix au litre est du même ordre de grandeur que les autres spécialités, un tel dosage pénalise forte- ment le coût de mise en œuvre.
Dans le cadre des travaux menés par Arvalis sur le développement de la protection intégrée de la pomme de terre, un volet est consacré aux possibilités de réduire la dose de Beloukha tout en conservant un défanage efficace. Pour ce faire, différentes tech- niques d’application de Beloukha sont comparées (type de buse, volume de bouillie…). Premiers résul- tats à la récolte prochaine !
Catherine Vacher - c.vacher@arvalis.fr ARVALIS - Institut du végétal marché pour cet usage, l’originalité de ce défanant
tient à sa composition. C’est une préparation natu- relle issue de l’huile de colza, non sélective des plantes cultivées, dont la substance active est un acide gras, l’acide nonanoïque (ou pélargonique), aux propriétés défanante et dessicante.
Son application entraîne la déstructuration méca- nique rapide de la cuticule - la couche protectrice qui recouvre toutes les parties aériennes des végétaux.
La partie lipophile de l’acide gras détruit les mem- branes des cellules de l’épiderme. Cette perméabili- sation provoque une déshydratation rapide des tissus touchés puis leur mort. L’action du produit est rapide et visible dans les deux heures suivant l’application.
Il se présente sous forme de concentré émulsifi able contenant 680 g/l d’acide nonanoïque, et s’applique à la dose homologuée de 16 l/ha. Un seul passage est autorisé. Il ne présente pas de risque de migra- tion vers les tubercules. Prévoir une zone non trai- tée de 5 m et un délai de rentrée de 24 heures.
Son mode d’action nécessite néanmoins d’inter- venir en conditions favorables pour obtenir une bonne effi cacité : le temps doit être ensoleillé, sans couvert nuageux, pendant et au moins deux heures après l’application, le feuillage doit être sec, et la température, d’au moins 15 °C - autant de facteurs favorables à une perte d’eau importante par les fanes après l’application.
La qualité de la pulvérisation est tout aussi impor- tante que les conditions météorologiques pendant et dans les heures qui suivent l’application, en par- ticulier pour limiter le redémarrage des bourgeons axillaires (repousses foliées).
Un produit performant mais coûteux
Arvalis a mené des essais de 2012 à 2014 sur pomme de terre de consommation à chair ferme pour éva- luer ce produit. Beloukha a été utilisé à 16 l/ha, en complément d’un broyage de fanes effectué 24 à 48 heures auparavant. Il entraîne une destruction plus rapide des feuilles et des tiges restantes que
50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100
T+5 jours T+8 jours T+14 jours T1+21 jours
Destruction des feuilles (%)
Témoin broyé Broyage puis Reglone 2 2 l
Broyage puis Sorcier + H 0,8 l + 2 l Broyage puis Spotlight 1 l Broyage puis Beloukha 16 l
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
T+5 jours T+8 jours T+14 jours T1+21 jours
Destruction tiges (%)
Témoin broyé Broyage puis Reglone 2 2 l
Broyage puis Sorcier + H 0.8 l + 2 l Broyage puisSpotlight 1 l Broyage puis Beloukha 16 l
EFFICACITÉ DU DÉFANAGE AVEC BROYAGE : le Beloukha équivaut aux défanants classiques
Figure 1 : Effi cacité de différents programmes de broyage puis défanage sur feuilles (à gauche) et tiges (à droite) de pommes de terre.
Les défanants ont été appliqués 24 heures après le broyage. Synthèse de 3 essais, variétés Nicola et Charlotte.
litres à l’hectare de Beloukha doivent être appliqués sur fanes broyées.
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Le coût de la mise en œuvre étant supérieur à celui des défanants chimiques, Beloukha est encore peu utilisé, mais des travaux sont menés pour diminuer la dose à appliquer.
© C. Vacher - ARVALIS-Institut du végétal
