L’UTILISATION DE LA POMME DE TERRE POUR L’ALIMENTATION
DES ANIMAUX DOMESTIQUES
A. M. LEROY,
S. ZELTER R.FÉVRIER
Laboratoire de Zootechnie de l’Institut national
agronomique
et Station
expérimentale
de Bois-CorbonPLAN DU
MÉMOIRE
IntroductionGénéralités,
par A. M.LEROY
et S.ZELTER
Étudechimique
de la Pomme de Terre.Digestibilité
et valeur nutritive.Recherches sur la
conservation,
par A. M. LEROY et S.ZELTER
Influence du traitement sur la
qualité
del’ensilage.
Conservation
comparée d’ensilages.
Recherches sur
l’emploi
de la pomme de terre comme aliment du bétailExpériences
surporcins,
par A.-M. LEROY, S. ZELTER et R. FÉVRIER.Expériences
sur ovins par A.-M. LEROYExpériences
sur bovinset
S. ZELTER(vaches laitières)
ConclusionsBibliographie
INTRODUCTION
La récolte annuelle de pommes de terre
représente
actuellement en Franceprès
de i 800ooo tonnes.L’utilisation
d’une masse aussi élevée deproduits
pose des
problèmes
de solution délicate. D’oùl’importance particulière
querevêt,
pour notre Economieagricole, l’emploi
massif de la pomme de terre pour l’alimentation animale.La
généralisation
d’une tellepratique pourrait
entraîner : 10 Une
résorption
facile des stocks excédentairesqui
contribuent à l’alour- dissement du marché de cetubercule ;
2
° une réduction de nos besoins en aliments du bétail
d’importation, qui allègerait
ainsi notre balancecommerciale ;
3
°
un abaissement sensible du coût de nosproductions
animales et unemeilleure valorisation de la pomme de terre ainsi transformée.
Le
problème,
on leconçoit,
estd’envergure
et l’oncomprend
aisément la raison pourlaquelle
nous avonsentrepris
de lui trouver des solutionsappropriées.
I. -
GÉNÉRALITÉS
Par A. M. I,EROy et S. ZELTER
Étude chimique
de la pomme de terreLe tubercule de pomme de terre est essentiellement constitué par une masse
parenchymateuse
dont les cellules sontgorgées
degrains
d’un amidondésigné
sous le nom de fécule. Sa
composition chimique
moyenne oscille dans des li- mites trèsétroites,
comme le démontrent les données de nombreux auteurs.Composition
centésimale de la pomme de terred’après :
D’une variété à
l’autre, cependant,
les différences sont notables(GouiN ( 4 ))
et
portent
essentiellement sur la richesse en fécule et en matières azotées Selon Po!rr(i),
les teneurs en féculepeuvent
osciller entre 16 et 29%.
Les dé-chets de
triage
des variétés utilisées lors de certaines de nosexpériences,
etprovenant
de la récolte der 94 8,
montrentégalement
des variationsimportantes
dans leurs teneurs en matière sèche et en fécule :
1
0 Les matières azotées. - L’azote amidé
prédomine
dans la pomme de terre(R I T HAUS E
N
et OSBORNE(5)) ;
il se rencontre essentiellement sous forme d’as-paragine (S CHULZ E (6)).
LaTubérine, protéine caractéristique
dutubercule,
renferme
quelques
acides aminés essentiels. Son taux varierait de 43,9à58,3 %
selon K!!,!,rrEx
( 7 )
et de 43,2à64,6 % d’après
MoRG!rr( 8 ) . JACQUOT (9)
cons-tate des variations allant de 29 à 5r
%.
JACQUOT
et AxMnrrn( 10 )
trouvent que dans latubérine,
l’azote aminéreprésente 75 ,8 %
de son azote total et serépartit
comme voici :Pour 100g de
tubérine,
on trouve, selon ces auteurs : 5,2d’arginine,
5,4 decystine,
4,i d’histidine et 4,7 delysine.
On relève unléger
désaccord entre cesdonnées et celles avancées par
J ON E S
et NELSON( 11 ).
Malgré
son taux relativementfaible, l’azote protéique
de la pomme de terrepossède
une valeurbiologique
élevée etprésente
ungrand
intérêt alimentaire.En
effet,
de nombreux auteurs cités par TERROINE( 12 )
reconnaissent unegrande
efflcacité
biologique
à ces matièresprotéiques, principalement
pour l’entre- tien. Pour THOMAS(i 3 ),
cette efficacités’apparente plutôt
à celle desprotéines
animales
qu’à
celle desprotéines végétales
et se classe immédiatementaprès
celle de la caséine.
JACQUOT
et ARMAND( 10 ) concluent,
euxaussi,
que l’azoteprotéique
de la pomme de terrepossède,
pour la croissance et l’entretien du rat,une utilisation
digestive
et une efficacitérappelant
celles de la caséine.2
° Les matières grasses. - La pomme de terre contient des
quantités négli- geables
de matières grasses de peu de valeur nutritive.L’extrait
éthéré necontient,
selon STELWAAG(iç),
que1 6, 33 %
delipides vrais,
dont56, 92 %
sontdes acides gras et 3,07
%
des lécithines.3
° Les
extractifs
non azotés. - Ils sont essentiellement constitués par del’amidon,
dont la saccharification par lesdiastases,
laptyaline
et lapancréatine
est
plus
facile que celle des amidons des céréales(W INTHROP
et !sTOrr!( 15 )).
D’après
GRIMM(z6),
lepouvoir
degonflement
de cet amidondépasserait
nette-ment ceux du manioc et des céréales.
A côté de
l’amidon,
on rencontreégalement
depetites quantités
de sucres(
2 , 2
%)
et depentosanes ( 0 ,6 7 %)
selon FORFANG( 17 ).
MurrTZ( 1 8) signale éga-
lement la
présence
depectines ( 0 ,6 %),
de gommes( 0 ,8 %) ;
tandis que d’autres auteurs ont trouvé des acidesoxalique, lactique
etcitrique.
4
°
Les éléments minéraux. - La pomme de terre est caractérisée par des teneurs très élevées en P et surtout en K, et faibles en Ca. SelonR ANDOIN ,
LE GALLIC et CAUSERET( 3 ),
on trouve : q,5°/ oo
de K contre o,2o0 /..
de Na seu-lement,
et0 ,6 0 0 / oo
de P contre 0,15°/ oo
de Ca. Nos propresdosages
ontégale-
ment montré la
pauvreté
du tubercule en ceséléments,
dont lesproportions
relatives sont considérées
généralement
comme défectueuses.Parmi les
oligo-éléments,
onpeut
noter laprésence
de fer( 10
mg parkg)
ainsi que des traces de
manganèse
et d’iode.5
°
Les vitamines. - Très riche en vitamine C( 140
mg parkg)
contenantun peu de PP
( 25 mg),
la pomme de terre est totalementprivée
de carotène etne
possède
que des traces deB,
et deB,.
La cuisson détruit ces vitamines àl’exception
de la vitamineC, qui
nedisparaît
que dans laproportion
de 50%.
(R ANDOIN
,
LE GALLIC et CAUSERET(3)).
6° Les
principes toxiques.
- Eni82i,
DESFOSSES a découvert dans la pomme de terre, unglucoside
- la solanine - àlaquelle
HILGERa attribué la formuleC4 3 H 71 N0 16’
Sarépartition
dans la masse estinégale ;
on en trouve0,36 0/,,.
dans lesépluchures
et 0,240 /..
dans la massecharnue, d’après
HANTet HUZEMANN
( 10 ).
Selon MAYER( 20 ) cependant,
le taux de cette substanceest bien
plus
élevé dans le germe, où ilpeut
atteindre 0,5%.
Les troubles
provoqués
chez l’animal parl’ingestion
de solanine sont trèsgraves et
peuvent
entraîner des accidents mortels. Ledégermage
et la cuissonprolongée permettent
d’éliminer lamajeure partie
de lasolanine, particulière-
ment abondante dans les tubercules
germés
ou insuffisamment mûrs.Digestibilité
et valeur nutritive de la pomme de terreDe nombreuses recherches ont
porté
sur ladigestibilité
des éléments nutri- tifs de la pomme de terre. Wol,x( 2 z)
a déterminé les coefficients dedigestibilité
suivants :
Coefficients
dedigestibilité % :
V
OLTZet DI!TItICH
( 22 ),
encomparant
ladigestibilité
des tubercules crus etcuits,
obtiennent avec des moutons, les résultats suivants :W ATSON
et MORTON
( 23 ),
chez la mêmeespèce, obtiennent,
avec des tuber-cules
cuits,
des valeurs un peu différentes88,i, 6 7 ,8,
9q,2.Les travaux de BOLLMANN
( 24 )
offrent un intérêtparticulier
parcequ’ils
portent
à la fois sur des pommes de terre crues, des pommes de terrecuites,
et des pommes de terre ensiléesaprès
cuisson : Ils ont été effectués sur porcs, sur vaches et sur boeufs. Les résultats obtenus sont les suivants :D’après
ces travaux, il semble que ladigestibilité
des extractifs non azotés de la pomme de terre soitparticulièrement
élevée. Les résultats concernant les matières azotées sontd’interprétation plus
délicate. La cuisson améliorerait ladigestibilité
pour toutes lesespèces animales,
et le porcparaît
être le meilleur utilisateur.L’interprétation
des résultats observés au coursd’expériences
avecruminants est
délicate,
car ils’agit
d’un aliment que ces animaux nepeuvent
consommer
isolément,
de telle sorte que les donnéespubliées
onttoujours
étéobtenues par la méthode par différence.
Le calcul de la valeur
énergétique
de la pomme de terre, àpartir
de sacomposition chimique
et de ladigestibilité
de sesconstituants,
est relativement aisé. Les tables d’alimentation humaine évaluentl’énergie
brute dukg
depommes de terre à
8 2 o-8 9 o
calories.Pour l’alimentation
animale,
l’onindique
que la valeurfourragère
dei
kg
estcomprise
entre 0,2o et o,25 U. F.Les effets constatés lors de
l’emploi
de ce tubercule sont néanmoins extrê- mement variés. Les déficiencesazotées, minérales, vitaminiques appellent l’emploi
d’alimentcomplémentaire
dont l’absence ou l’insuffisance se traduit par une très mauvaise utilisation des élémentsqui
leur sont associés.L’emploi
de la pommede]
terre pour l’alimentation du bétail pose leproblème
de la conservation. C’est celuiqui,
tout d’abord a retenu notreattention.
II. -
RECHERCHES
SUR LACONSERVATION
Par A. M. LEROY et S. Z!!,TEx
On sait que la conservation des pommes de terre à l’état cru pose un pro- blème délicat : les maladies
cryptogamiques,
larespiration
cellulaire et la ger- mination - source de solanine -provoquent
despertes importantes
de subs-tances et rendent très difficile une utilisation alimentaire
prolongée
au-delà duprintemps.
La cuisson
journalière
améliore l’utilisationdigestive,
mais elle est onéreuseet ne résoud pas, pour autant, le
problème
de la conservation. Par contre, la cuisson suivied’ensilage
constitue une solution heureuse( 1 ).
Ellepermet,
eneffet,
une conservation trèsprolongée
et une utilisation alimentaire continue.Cette
technique
nesupprime cependant
pas entièrement lespertes,
et leséjour
en silo expose la masse de tubercules à des fermentations
plus
ou moins dési- rables. Son efficacitédoit,
parconséquent,
être étudiée sous unaspect
à la foisquantitatif
etqualitatif. L’impossibilité
matérielle danslaquelle
nous noussommes
trouvés, pendant
nosexpériences,
de chiffrer lespertes qu’entraîne
cette
technique,
nous a amenés àn’envisager
que l’étude del’aspect qualitatif
du
problème
de la conservation des pommes de terre conservées parensilage après étuvage.
Nous avons
adopté
ledispositif expérimental
suivant : les pommes de terre étaient cuites à la fin del’automne, toujours
avec le même matériel. La massecuite,
refroidie aux environs deq.o!C,
étaitemmagasinée
dans des silosrustiques (cases
deporcherie
désaffectées ou tranchées enterre), qui
étaient aussitôt ferméshermétiquement
par une couche de terre d’environ 20 cm. Ils étaient ouverts 2moisaprès,
pourpermettre
l’alimentation des animaux. La durée de l’utilisation s’échelonnait sur 4 mois environ(février
àmai).
Tous les i5jours,
on
prélevait
un échantillond’ensilage
destiné à un examenphysico-chimique.
Celui-ci
comportait
la détermination de la matièresèche,
la mesure dupH
et ledosage
des acidités volatile etlactique
à l’aide de la méthode de I,!PPERT. Les donnéesexpérimentales
que nousrapportons plus
loin constituent des moyennespondérées
établiesd’après
les résultats observés sur 6 à 8prélèvements
consé-cutifs par silo.
EXPÉRIENCE ? i
INFLUENCE DU TRAITEMENT SUR LA
QUALITÉ
DE L’ENSILAGE DE POMMES DE TERRE
ÉTUVÉES
Comme pour les autres
ensilages,
il étaitlogique
d’examiner l’utilité de traitementsappropriés
destinés à réduire lespertes,
ainsi que l’influence de cestraitements sur la nature des fermentations et la
qualité
finale de l’aliment.Cette
expérience
a eu pourobjet
de comparer les effets du tassement, accompa-gnés
ou non d’un traitement à l’acideformique
ou d’un ensemencement lac-tique.
( 1
) Voir !! La cuisson et l’ensilage de pommes de terre fourragères » publié en ig5o par le Comité d’Études techniques de la pomme de terre.
Interprétation
Ces résultats montrent que le recours à un
procédé physique comportant
un tassement
énergique
de la masse cuitepréserve
la pomme de terre des fer- mentationsnocives,
avec autant d’efficacité que leprocédé chimique
de l’aci-dification artificielle ou que le
procédé biologique
de l’ensemencementlactique.
Ce fait
s’explique aisément,
car le tubercule de pomme de terre renferme des grosses réservesglucidiques
immédiatementfermentescibles,
et latempérature
de la masse au moment de son
ensilage ( 40 °C)
favorise un déclenchementrapide
et intense de la fermentation
lactique ( 1 ).
La formation presque immédiate de fortesquantités
d’acidelactique
suffit à inhiber presque totalement la fermen- tationbutyrique
et à assurer la stabilité del’ensilage,
même au moment del’apparition
des chaleursestivales, phase critique
de la conservation.L’exemple
suivant(tableau II)
met en lumière la stabilitéremarquable
del’ensilage :
! --
Ces observations
suggèrent l’hypothèse
que la forte fermentationlactique qui
caractérisel’ensilage
de pommes de terre étuvéespourrait
être utilementemployée
pour la conservation de certainsfourrages,
notamment leslégumi-
neuses,
qui
estparticulièrement
difficile en l’absence de conservateursgénéra-
lement onéreux. On
peut
se demanderégalement
si unsimple broyage préalable
du tubercule ne serait pas aussi efficace que la
cuisson,
pour la conservation parensilage.
Ces deux
hypothèses
ont constituél’objet
del’expérience qui
suit.EXPÉRIENCE ? 2
CONSERVATION
COMPARÉE
D’ENSILAGES DE POMMES DE TERREBROYÉES CRUES,
DE POMMES DE TERREÉTUVÉES,
DE POMMESDE TERRE
ÉTUVÉES
ENMÉLANGE
AVEC DES FOURRAGES VERTS SEULS.Cette
expérience
a été conduitependant
les hivers1947 - 4 8
et194 8-49
de lafaçon
suivante : les tubercules de pommes de terre ont été traités aubroyeur
à
marteau,
ou cuits parétuvage. L’ensilage
mixte de pommes de terre et defourrages
verts a été obtenu par latechnique
des couches alternées. Les propor- tionspondérales
des deux matières au moment de la mise en silo ont été der/
3
pour lefourrage
vert et de2/3
pour la pomme de terre étuvée. Lesfourrages
verts du silo sans pomme de terre ont subi un
hachage préalable.
Tous les silos ont été
énergiquement tassés ;
aucun conservateur n’a été utilisé. Desprélèvements fréquents
d’échantillons ont été effectuéspendant
leur
utilisation,
àpartir
du3 e
moisayant
suivi la mise en silo.Interprétation
Ces résultats montrent
qu’un broyage préalable permet
de conserver lespommes de terre par
ensilage
dans des conditions relativement satisfaisantes.La
cuisson, cependant,
améliore laqualité
del’ensilage
car elle active la fer-mentation
lactique
dans la masse et réduit la fermentationacétique. L’incor- poration
defourrages
verts dans la masse cuite assure à ceux-ci d’excellentes conditions de conservation que l’on ne retrouve pas dans unensilage
de four-rages verts
seuls,
en l’absence de conservateurs d’un coûtgénéralement
élevé.La
technique
del’ensilage
mixte avecfourrages
vertsoffre,
en outre,l’avantage d’adjoindre
aux pommes de terre des substances riches en carotène et en pro- téines d’une bonne efficacitébiologique.
III. - RECHERCHES SUR L’EMPLOI DE LA POMME DE TERRE COMME ALIMENT DU
BÉTAIL
Les recherches concernant
l’emploi
de la pomme de terre comme aliment du bétail sont peunombreuses,
en dehors de cellesprécédemment passées
enrevue,
qui
concernent ladigestibilité
de cet aliment.Nous nous sommes
proposés
de combler cettelacune,
et les études que nous avonsentreprises
sur les divers animauxdomestiques
ont pourobjet
dedégager
des
règles permettant
de tirer le meilleurparti possible
de la pomme de terre dans l’alimentation animale.EXPÉRIENCES SUR PORCINS
Par A. M.
LE ROY ,
S. ZEl/TER et R. FÉVRIERLes
premières
tentatives desupplémentation
de la pomme de terre chez le porc sont dues à HW D!NS( 2 6) qui,
en1 8 77 ,
aessayé
d’associer à cet aliment desféculents,
des céréales secondaires et dessous-produits
de laiterie. Entre 1914et101 8,
LEHMANN( 27 )
aimaginé
unetechnique d’engraissement
du porc, utilisant trèslargement
lapomme
de terre. Lasupplémentation
consistaitdans un
apport journalier
d’unequantité
fixe(i kg)
d’un aliment riche en azotecomprenant : remoulage ( 35% ),
orge( 30 %), farine
depoisson ( 20 %)
tourteaude
soja ( 10 %)
et farine de luzerne( 5 %).
Cet aliment
apportait 1 6 5
g de matièresprotéiques digestibles
parkg.
B
OLLMANN
( 24 ), puis
KIRSCH,J ANT zo N et RnisH ( 2 8)
ont vouluapporter quelques
améliorations à la formule recommandée par I,!HMANN. Ilspréconi-
saient la suivante : farine de
poisson ( 10 %),
farine de viande( 20 %)
et orge( 7
6 %).
Cemélange apportait
environ zoo g de matièresprotéiques digestibles.
Une
légère quantité
dephosphate bicalcique
et de chlorure de sodium donnéeen
supplément
devait remédier à la déficience minérale de la pomme de terre.Ces deux
mélanges
nousparaissent trop
pauvres en matièresprotéiques
et en matières minérales pour
constituer,
avec la pomme de terre, des rationsadaptées
aux besoins desanimaux ;
d’autrepart,
leproblème vitaminique
semble avoir été
négligé.
Pour nos propres
expériences,
tout enreprenant
l’idée de l’utilisation d’un concentré distribué àdose
fixependant
toute la durée del’engraissement,
nous nous sommes efforcés de constituer un aliment
complémentaire
mieuxéquilibré.
L’engraissement
du porc àpartir
de pommes de terre pose un certain nombre deproblèmes auxquels
nous avons cherché une solution en recourantà
l’expérience.
Nous avonsparticulièrement
étudié :1
0 L’influence du traitement
préalable
de la pomme de terre sur la crois-sance et sur
l’engraissement.
·2
° L’influence
comparée
surl’engraissement
d’unrégime
à base de pommes de terre et d’unrégime
à based’orge.
CONDUITE
GÉNÉRALE
DESEXPÉRIENCES
1
0 Constitution de groupes d’animaux
Chaque expérience
atoujours
été effectuée avec dessujets
de même raceet
provenant
d’un mêmeélevage.
Elle aparfois
étérépétée
simultanément enplusieurs
centres.Les animaux
étaient,
selon lesCentres, groupés
enloges
de 1, 4, 5 ou 7 su-jets, qui
constituaient des unités.L’effectif
des groupes mis en observationcomportait
au moins deux unités et 10sujets.
A
l’exception
del’expérience
n° i, toutes les autrescomportaient
deuxpériodes
distinctes :a)
une «pré-exPérience»
!· -période
d’observation de 2rjours,
au cours delaquelle
les animaux recevaient un aliment standardspécialement étudié,
afin de déterminer aussi exactement quepossible
lesparticularités
des groupes d’animaux étudiés.Les résultats de cette
période
étaient utilisés à la constitution des lots desujets comparables. L’affectation
des lots se faisait par untirage
ausort.
b)
une «expérience
u dont la durée pourchaque
Centre variait avec larapi-
dité de croissance des groupes. D’une
façon générale,
le moment où lespremiers atteignaient
lepoids
vif moyen de 100kg
par casemarquait
la fin del’étude.
2
°
Comparaison
desrégimes
alimentairesPendant toute la durée de
l’expérience,
le lot de référence était nourriavec l’aliment standard mis au
point
par la Stationexpérimentale
du porc( 20 ).
Le
régime qui
lui étaitcomparé
était constitué par un alimentcomplémen- taire,
distribué à dose fixe(i kg
parjour)
et par del’ensilage
de pommes de terreétuvées,
dont la rationquotidienne
était fonction del’appétit
des animaux.Un
apport quotidien
de 2 500U. I. de vitamine A et de 25o U. I. de vita- mine D(Référence
H. Clausen( 30 ))
sous forme d’huile de foie depoisson
con-centrée,
était assurérégulièrement
à chacun dessujets
en observation.Dans la mesure du
possible,
pour tous les centres, les aliments utilisés étaientpréparés
àpartir
de matièrespremières
de même provenance, àl’excep-
tion des pommes de terre dont les variétés différaient d’un Centre à l’autre.
Des
prélèvements fréquents
d’échantillonspermettaient
de déterminer lacomposition chimique
des rations. Les résultats de cesanalyses figurent
dans des tableauxreproduits
en annexe de ce mémoire.Les repas étaient au nombre de 3 par
jour,
àl’exception
du dimanche où ils étaient réduits à 2. Leur durée étaitgénéralement
de1/4
d’heure pour lerégime
standard et de1/2
à3/4
d’heure pour lerégime comportant
des pommes de terre, par suite du volumeplus important
des rations. Lesquantités
d’ali-ments distribués étaient
réglées
surl’appétit
desanimaux,
defaçon
à éviterque leur
absorption dépasse
la duréeprescrite.
Il était
ajouté
environ 3litres d’eau parkg
de farine et un litre parkg
depommes de terre.
3
0
Les mesuresexpérimentales
Au cours de la
croissance,
nous avonsadopté
comme test :la consommation de
nourriture,
legain
depoids vif,
l’indice de consommation.
Les rations étaient
pesées
àchaque
repas ; les animaux étaientpesés
indi-viduellement à
jeun,
lepremier jour
dechaque
semaine. Lerapport
de la quan- tité de nourriture consommée augain
depoids
vif donnait « l’indice de con-sommation ».
4
°
Les méthodesd’interprétation
des mesures Nous avons effectué :a)
le calcul des moyennespondérées
et l’erreur standardd’après
la formuleb)
le calcul du test deprobabilité
àpartir
de la variance commune auxdeux moyennes observées
(S( X1 - X2 )
selon les formules :Toute différence dont la valeur t est > 2 doit être considérée comme
signi
ficative. On sait que cette valeur
correspond
au seuil deprobabilité
limite de5 : P <- 0,
05 .
Ce résultat nous
permettait d’apprécier
la valeur des différences relevées dans les effetscomparés
des diversrégimes.
a) Étude
de l’influence du monde depréparation
de la pomme de terresur la croissance et
l’engraissement
du porcEXPÉRIENCE ? I
L’expérience
s’est déroulée au DomaineExpérimental
de Courcelles-Chaussy,
du 17mars au 5 maiI gq.8.
Deux groupes de 10 porcs de race du Hanovre
améliorée, âgés
de5 mois
environ,
constituaient le matériel animal del’expérience.
Lacomparaison portait
sur des pommes de terre conservées à l’état cru enmagasin,
et cuites au fur et à mesure des besoinsquotidiens,
et sur unensilage
de pommes de terre étuvées dont la
préparation
avait été effectuée enjanvier.
Les animaux
recevaient,
en outre, pouréquilibrer
leur alimenta- tion : t1
° I
kg
parjour
dumélange
suivant :2
0 0,725
kg
de farine de maïs.Résultats
Les mesures effectuées lors de cette étude sont
rapportées
dans le ta-bleau IV ci-dessous.
Il est intéressant de constater non seulement que les résultats
globaux
sont
identiques
pour les 2 groupes, mais encore que les courbes de croissance sontsuperposables (graphique I).
Les animaux ont été sacrifiés aux abattoirs de la Ville de Metz
quelques jours après
l’arrêt del’expérience.
Cetteopération
nous a fourni les élémentspermettant
unecomparaison
des viandesprovenant
de ces deux lots :On ne relève donc aucune différence dans l’efficacité nutritive de la pomme de terre
préparée
selon ces deuxméthodes ;
nos observations sont enparfait
accord avec celles faites par
J ESPERS E N
et PLESNER( 31 )
au cours d’uneexpé-
rience du même genre.
EXPÉRIENCE N
O 2
Énsilage
de pommes de terrebroyées
crues et de pommes de terre étuvées Il nous a paru intéressant de vérifierexpérimentalement
si lebroyage
suivid’ensilage
améliorait l’utilisation du tubercule cru et s’il le rendait aussiefficace,
pour le porc
qu’une
cuisson suivied’ensilage.
Cette étude a étéentreprise
dansle même domaine que la
première, pendant
l’hiver 1949, et a duré 77jours,
dont 21 de
pré-expérience.
2
8
porcelets
de raceLarge
Whiteâgés
d’environ 3mois au début del’essai,
ont été mis en observation. Deux groupes de 14
sujets chacun, parfaitement comparables,
ont été constitués. A l’issue de lapré-expérience,
letirage
au sorta affecté au groupe A le
régime d’ensilage
de pommes de terre crues, et au groupe B celui del’ensilage
de pommes de terre étuvées.Pendant la
pré-expérience,
les deux groupes ont consomméuniquement
l’aliment standard « croissance » dont voici la formule :
Lors de
l’expérience, qui
a duré5 6 jours,
les pommes de terre distribuées à satiété à chacun dessujets
ont étécomplétées
par un aliment azoté distribué à la dose de ikg
parjour
et ainsicomposé :
Le
mélange
minéralemployé
avait pour formule :Résultats. - Le tableau V renferme les données se
rapportant
à notreexpérience.
Interprétation
L’utilisation
nutritive del’ensilage
de pommes de terre crues se montre donc défectueuse. Les deux groupes, dont lerythme
de croissance et ladépense énergétique
étaient absolumentidentiques
audépart,
accusentpendant l’expé-
rience des différences de croissance
significatives.
Eneffet,
legain
moyen depoids
vif du lotA,
nourri avec des pommes de terre crues, est de 28%
inférieurà celui du lot B. Ce ralentissement de la croissance pour le lot A est
accompagné,
malgré
uneappétence égale,
d’uneaugmentation
de ladépense
d’aliment parkg
degain :
30%
pour la matière sèche de la pomme de terre, et 29%
pourl’aliment
complémentaire.
Il semble donc incontestable que,
pour le
porc,l’ensilage
de la pomme de terre doit êtreprécédé
d’une cuisson.b) Ensilage
de pommes de terre étuvées et d’aliment standard EXPÉRIENCE ? 3107
porcelets provenant
du mêmeélevage
que ceux de l’essai n° 2, ont étérépartis
dans 4 centres, oùl’expérience
s’est déroulée simultanémentpendant
les mois d’hiver 1949-1950. Elle a eu pour
objet :
1
° d’étudier la
possibilité
d’utiliser dans l’alimentation du porc des quan- tités massives de pommes de terre,2
° de déterminer leur valeur
nutritive,
par référence à un aliment de ren-dement connu.
Les
régimes
étaient les mêmes dans tous les Centres. Les pommes de terre étuvées ont été ensilées 2-3mois avant leur utilisation. Les variétés différaient d’un Centre à l’autre. L’alimentcomplémentaire
était le même que dansl’expé-
rience 2.
Dans
chaque
centre, 2 groupescomparables
d’animaux ont été constituésaprès
avoir été soumis aurégime
témoin de l’aliment « Croissance»pendant
lapré-expérience
de 21jours.
Lors del’expérience,
le groupe servant de référence continuait à consommer,jusqu’à
unpoids
moyen d’environ 60kg,
l’alimentstandard «
croissance », qui
étaitremplacé ensuite, jusqu’à
la fin del’engraisse-
ment, par l’aliment standard «
engraissement
».Les animaux du 2e groupe recevaient chacun par
jour
ikg
de l’alimentcomplet
et des pommes de terre selon leurappétit.
Résultats d’ensemble
Les résultats pour l’ensemble des Centres
figurent
dans le tableau VI.. (Les
effectifsd’expérience n’ayant
pas été les mêmes dans chacun desCentres,
ces données
représentent
des moyennespondérées.)
Interprétation
L’étude statistique
des résultatsd’ensemble,
et de ceux dechaque
Centrepris séparément,
lacomparaison
des moyennes etl’analyse
de leurs variancescommunes pour les deux groupes d’animaux soumis à
l’expérience,
font ressor-tir que : 1
° Les écarts observés lors de la
pré-expérience
entre les croissances des divers groupes, sontdépourvus
de toutesignification.
Eneffet,
pour l’ensemble desCentres,
t =0 , 4 8 1
et P estcompris,
entreo,6
et 0,7. Pour les donnéessépa-
rées des
Centres,
t estcompris
entre o, 127et 1,39et les valeurs de P varient de 0,
2à 0,9
(on
saitqu’un
écart n’estsignificatif
que si t > 2etP < 0 , 05 ).
Par con-séquent,
les lots formés danschaque
Centre à l’issue de lapré-expérience
fai-saient bien
partie
d’une mêmepopulation
et étaientparfaitement comparables
entre eux.
2
° Pendant
l’expérience,
la différence entre les croissances des groupes standards et pommes de terre atteint9 8
g, soit une différence de -14 ,6 %
endéfaveur de ces derniers. Cet écart est hautement
significatif, puisque
t = 4,41 etP!O o,oi.Il semble donc que
l’ensilage
de pommes de terre cuites distribuées àsatiété,
dans unrégime
bienéquilibré
parailleurs,
nepermet
pasl’engraisse-
ment aussi
rapide
du porcqu’un régime
à based’orge.
Cependant,
enprocédant
à uneanalyse plus poussée
des donnéesportées
au tableau
VI,
on remarque quel’ingestion journalière
de matière sèche est nettementplus
faible(8i,q. %)
pour les animaux recevant des pommes de terre,ce
qui pourrait expliquer
cette croissance moindre(8 3 , 4 %).
L’examen
de ce trèsimportant aspect
duproblème impose
une étude cri-tique
détaillée des élémentsd’expérience
propres à chacun desCentres,
afin de vérifier si des facteurs autres que l’influence de la matière sèche n’étaient passusceptibles
d’exercer une action retardatrice sur la croissance du groupeexpé-
rimental ayant consommé des pommes de terre.
L’examen
détaillé de ce tableaupermet
de constater que la teneur des deuxrégimes
enprotéines
a été sensiblement la même etdépassait
celle que recom- mandent les tables d’alimentation. Il en est demême,
en cequi
concerne lesapports
enphosphore
et en calciumqui, quoique
inférieurs dans le lotexpéri-
mental à ceux du lot
témoin,
sontcependant supérieurs
aux minimaprévus
par les tables. Ces deux facteurs ne semblent pas, par
conséquent,
avoir puexercer une influence fâcheuse sur la croissance du groupe « pommes de terre ».
Par contre, une corrélation semble
apparaître
entre l’accroissement dupoids
vif etl’ingestion quotidienne
de matièresèche,
sauf àCourcelles-Chaussy.
Le volume relativement
important
queprésentaient
les rationscomportant
destubercules limitait sensiblement les
quantités
que les porcs étaientcapables
d’absorber,
etexplique
l’infériorité durégime expérimental
sur cepoint.
Eneffet,
lesquantités
maxima de pommes de terrequ’il
nous a étépossible
defaire
ingérer quotidiennement
variaient de 70o à 800g par 10kg de poids vif,
pour des animaux
pesant
entre 50et 60kg.
Elles n’ontjamais dépassé 8 50
g vers la fin del’expérience
pour dessujets dépassant
80kg. Cependant,
ilimporte
deremarquer
qu’à Ermenonville,
où les écarts de croissance entre les 2 groupes sont moinsprononcés,
la déficience durégime expérimental
en matière sècheest
plus atténuée,
car les dosesjournalières
de pommes de terreingérées
attei-gnaient
par moment ikg
par IOkg
depoids
vif.On
peut,
parconséquent,
se demander sil’augmentation
de laquantité
dematière sèche dans un
régime comportant
des pommes de terrepermettrait
d’activer la croissance du porc. L’influence d’autres facteurs n’estcependant
pasexclue,
et notamment celle de la moins bonne valeurbiologique
desprotéines
contenues dans l’aliment
complémentaire,
dont lescomposants
différaient deceux des aliments standards
qui apportaient
en outre,grâce
à laprésence
delevure,
des vitamines du groupe B.EXPÉRIENCES No q. ET 5
(hiver 1949-1950)
Les deux
hypothèses
émisesplus
haut nous ont conduits àentreprendre
deux
expériences parallèles
à Guérard et à Bois-Corbon.Une addition de farine
d’orge
aurégime type
pommes de terre, dans le but d’accroître la teneur de ce dernier en matièresèche,
devait nouspermettre
la vérification de notrepremière hypothèse.
Nous avons modifié la
composition
de l’alimentcomplémentaire
defaçon
à y faire
figurer
les constituants faisantpartie
de celle de l’aliment standard.La formule utilisée dans ces
expériences était la
suivante :Le
dispositif général d’expérience
est resté le même.Expérience
n°4 de GuerardA l’issue d’une
pré-expérience
de 2rjours
effectuée avec lerégime standard,
les 62 porcs de race
Large
White constituant le matériel animal de cette re-cherche ont été
répartis
en 3 groupescomposés
chacun de 3loges, pendant 8q. jours,
soumis auxrégimes
que voici :groupe A — 21 sujets :
Ensilage de pommes de terre à volonté + i kg d’aliment complémentaire.
groupe B - 20 sujets :
Ensilage de pommes de terre à volonté + i kg d’aliment complémentaire + farine d’orge en quantité
variable.
groupe C— 21sujets:
Aliment standard.
La
supplémentation
durégime
du groupe B en matière sèche à l’aide de la farined’orge
était conduite de manière à maintenir danscelui-ci,
la consomma- tion de pommes de terre à un niveau aussirapproché
quepossible
de celui du groupe A. Dès quel’adjonction
de farine entraînait un abaissement de ce ni-veau, ces doses subissaient une réduction en
conséquence.
Enfait,
lesquantités d’orge qu’il
a étépossible d’ajouter
aurégime
du groupe B sans enfreindre ceprincipe expérimental
ont été trèsfaibles,
comme on le verrad’après
les résultatsInterprétation
Il
apparaît
doncpratiquement impossible d’ajouter
à unrégime
compor- tant desproportions
élevées de pommes de terre unsupplément
de matièresèche sans abaisser les
quantités
de pommes de terre absorbées. Eneffet,
la distribution de 100 gd’orge
a entraîné une diminution de 450g del’ingestion
de pommes de terre et n’a pas amélioré la croissance des porcs.
Nos observations confirment
également
que la croissance moindre des su-jets
nourris avec des pommes de terre, résulteuniquement
de la réduction de la teneur de cerégime
en matièresèche.
Ni laqualité
différente desprotéines,
nil’absence de vitamines du groupe B
qui
caractérisaient lapremière
formule deAnnales de Zootechnie. - 1952
l’aliment
complémentaire,
ne semblent avoir exercé une influence surl’accrois-
sement du
poids
vif desanimaux, puisque
nous retrouvons le mêmephéno-
mène dans cette
expérience
où cet élément de variation a été éliminé.Expérience
n° 5 de Bois-corbonNous avons
constitué 4 groupes
de porcs issus d’un croisement Danois XLarge
White. Ils furent soumis auxrégimes
suivants :Chacun de ces lots
comportait
18animaux,
dont 12en 3loges de 4
et 6 enloges
individuelles.Une
épidémie
derouget
aprovoqué
despertes
dans deux de ces lots et les seules observations valables ont pu êtreenregistrées
sur les deux lots dont lessujets
recevaient :Les groupes ont été constitués
après
unepériode
d’observation de 28jours
effectuée avec l’aliment standard « coureur
»,
et soumis ensuite auxrégimes
cités
plus
hautpendant 6 3 jours.
I,’expérience
a été conduited’après
ledispositif général
décrit au débutde ce