Rush, ou l histoire du faux dominant et de la vraie pintade

Rush, ou l’histoire du faux dominant et de la vraie pintade

Rush, de l’anglais précipiter, foncer… j’aurais tendance à opter pour la traduction « bâcler » pour le coup…

Autant vous prévenir tout de suite, j’ai détesté ce roman, je l’abhorre carrément, même. Et je vais spoiler à mort, donc vous êtes avertis ! On y va ? Fustigeons, mes amis !

Dès les premières lignes, j’ai l’impression d’être dans un mauvais remake de Fifty Shades. Ok, ce titre n’est pas un chef d’œuvre en soi, mais il y a tellement de similitudes que je ne peux que comparer et me rendre compte qu’à côté de Rush, c’est une merveille et ça l’a fait remonter sur mon échelle d’estime. Je n’ai pas détesté Fifty Shades, ne me faites pas dire ce que je ne pense pas, mais disons que même s’il a enfoncé des portes, j’ai lu beaucoup mieux dans le genre depuis. Bref, nous sommes là pour parler de Rush et j’en ai des choses à dire, tu es assis petit lecteur ? Je disais donc que pour moi c’est un mauvais remake de Fifty Shades et tu vas découvrir pourquoi avec ce petit tableau comparatif.

Christian Grey ~ Fifty Shades Gabe Hamilton ~ Rush

Contrat dominant - soumise Contrat dominant – soumise Mais pas de safe- word, « non » suffit, or dans un jeu dominant- soumise, le « non » fait partie de l’intérêt. Faux dominant, vilain, mauvais imitateur !

Milliardaire, trentenaire, graou sexy. Milliardaire, 38 ans, moins graou tout de suite.

Penthouse Penthouse, mais il n’a pas la bonniche à

domicile, petit joueur.

Ana ne doit pas sauter de repas, Christian fait une fixation.

Mia ne doit pas sauter de repas, mais il lui dit une fois et c’est bon elle a imprimé.

Possède un vieux jean délavé qui lui tombe trop bien sur les hanches qu’Ana en mouille sa culotte.

Possède un vieux jeans usé qui lui va trop bien que Mia en mouille sa culotte, mais il porte avec un t-shirt ringard de foot ou je ne sais quoi, échec critique.

Ana est vierge, donc très étroite, ô joie pour Christian.

Mia n’est pas vierge mais elle est très étroite, ô joie pour Gabe. Elle s’est déjà fait défourailler par plein de types, mais elle reste étroite comme une vierge. Ok. Pourquoi pas.

Le sexe est tellement ouf avec Christian qu’elle roupille après quelques rounds.

Le sexe est tellement ouf avec Gabe qu’elle roupille après, mais après une fois juste, une fois et bam elle est KO !

Christian refuse toute forme d’intimité/câlin parce qu’il a été maltraité durant sa petite enfance, il fait un blocage, on ne peut pas le toucher, c’est psychologique blablabla.

Gabe ne veut pas se laisser aller à se montrer câlin, sa femme l’a quitté, voilà, ça en fait un inadapté aux câlins, traumatisé le gars quoi…

rude pour lui…

Ana ne doit pas tomber amoureuse, la met en garde Christian qui veut juste une nouvelle soumise au départ.

Mia ne doit pas tomber amoureuse, la met en garde Gabe (alors que lui est déjà raide dingue amoureux et que tu l’as compris à la page 10) Christian prend soin d’elle quand elle se bourre la

gueule

Gabe prend soin d’elle quand elle se bourre la gueule = égalité avec 50 shades sur ce coup.

Christian offre un iPad chargé de musique/livres à Ana.

Gabe offre une liseuse chargée de livres à Mia.

C’est moins classe tout de suite hein… je veux dire : il est milliardaire ! Espèce de radin ! Ana se retrouve au resto sans culotte. Mia a interdiction de porter une culotte, tout le

temps, c’est comme ça.

Christian a une salle de bain attenante à son bureau.

Gabe a une salle d’eau attenante à son bureau, moins la classe de suite…

Christian refait la garde-robe d’Ana. Gabe refait la garde-robe de Mia mais il est moins organisé, ils doivent faire ça à la dernière minute… petit joueur…

Christian est un malade du contrôle, il lui envoie 250 textos par minute, environ.

Gabe est un malade du contrôle, il lui envoie 250 textos par minute environ, mais juste dans une scène, sinon non, ça lui prend une fois et hop il n’est plus maniaque du contrôle.

Ana doit compter à voix haute les fessées Mia doit compter à voix haute les fessées = sale petit copieur !

Mais si je me permets cette comparaison, c’est aussi pour te dire que, alors que Christian Grey a un background, une histoire, quelque chose qui nous fait nous attacher à lui, Gabe à côté j’ai envie de dire : as-tu rangé ton âme, ton cœur et tes cojones dans un coffre en Suisse ?

Je ne me suis donc attachée à aucun personnage, c’est pas compliqué.

Mia

: oh, ma grande, t’as conscience que tu as la volonté d’une huître avariée et que tu es pathétique ? Non ? Ça m’étonne pas, t’as pas conscience de grand chose. Mais arrête tout, tu renvoies une image tellement hideuse de la femme que j’ai envie de te greffer une paire de cojones pour que tu réagisses ! On pourrait même prendre celles de Gabe, il ne s’en sert pas !

La nana, elle a 14 ans de moins que le gars, elle le bade depuis genre… toujours, et quand enfin il lui accorde l’attention qu’elle demande, c’est pour… oh, mais… lui faire signer un contrat ? Vraiment ? Maya, t’as pas l’impression dès les premières pages de prendre le lecteur pour une bille, non ? Bon, elle signe le contrat et elle n’a même pas douté une seconde qu’elle le signerait, c’est peut-être là, donc, dès les premières lignes, que le lecteur sait qu’il a affaire à une atrophiée du cerveau.

Mais, alors qu’elle se retrouve à bosser pour Gabe (c’est sa couverture, en vrai c’est juste son objet sexuel), elle va enchaîner les pires humiliations sans ciller. Je vous fais un florilège, attention j’ai dit que je spoilais, ne va pas te plaindre !

- D’abord, la fessée, comptée à haute voix bien sûr. Tu me diras, passe encore… mouais… pourquoi pas. Mais alors qu’Anastasia avait la décence de s’y faire petit à petit, Mia, elle, fonce croupion baissé vers le châtiment. Why not. C’est rien ça, attends la suite…

- Gabe pelote carrément une autre nana devant elle. Mia a le bon sens de faire semblant de se rebeller et se tire. Mais bien sûr il suffit qu’il lui dise que c’était pour montrer à son père, de qui la nana était la nouvelle petite amie, qu’il était ridicule, pour qu’elle lui pardonne parce que snif, bouh, ses parents ont divorcé après 39 ans de mariage, il a eu une enfance superbe, il a eu une famille unie jusqu’à ses 37 ans et là bam ses parents divorcent, c’est dur pour lui, tu comprends ? Alors on lui pardonne.

- Il la ligote, à poil, la fait s’installer au milieu du salon de la suite qu’ils ont louée à Paris puis fait entrer les 3 collaborateurs avec qui ils ont dîné. Là, il se fait pomper le dard devant eux puis l’attache à la table basse et leur dit que c’est buffet gratuit à volonté. Juste il précise qu’ils n’ont pas droit de la pénétrer, grand seigneur le gars tu remarques. Mais bien sûr ça tourne au vinaigre, juste au moment où, comme par hasard, il avait l’intention de cesser les hostilités car il avait fait ça pour se prouver que non, il n’avait pas de sentiments pour elle et puis oui finalement il n’est peut-être qu’un gros connard et qu’il ferait mieux d’arrêter. Bref, il fout la partouze à la porte et s’occupe d’elle. Elle tremble, elle est traumatisée, ils l’ont touchée bla, bla, bla. Et le lendemain, pour se faire pardonner, il l’amène faire tellement de shopping dans Paris qu’ils sont obligés de faire livrer les sacs par un chauffeur parce que ça déborde. Ben qu’est-ce que tu crois : elle lui pardonne ! C’est bien, ça ne donne pas du tout l’image d’une prostituée, du tout… Ma grande, les féministes du monde entier pleurent en lisant que tu pardonnes à ton mec de t’avoir offerte à des collaborateurs juste en te faisant payer des pâtisseries, une écharpe et d’autres babioles. Le traumatisme a l’air très profond, indeed. Tu sais quoi ? Tu es la honte de toutes les femmes violentées qui subissent ce genre de traumatisme ! Réduire ta convalescence à une journée de shopping à Paris, c’est juste insultant pour les victimes de viols et d’agressions sexuelles. C’est bien, continue, tu es sur la bonne voie pour décrocher le titre de l’héroïne la plus

- Bon, tout va bien elle est trop in love pour lui en vouloir. Et alors qu’ils décident d’annoncer leur liaison au frangin de la nana, qui est aussi l’associé du gars et accessoirement son meilleur ami, pour fêter ça ils s’offrent une séance de bondage teintée de SM. Parce que bon, on soigne le mal par le mal ma cocotte, au cas où tu serais encore traumatisée de ton ligotage-partouze de la semaine précédente et que la balade en haut de la Tour Eiffel n’ait pas suffi à te faire oublier ce regrettable incident collatéral, on va s’occuper de ce détail en t’attachant encore et puis cette fois, la fessée c’est à la cravache, hein ma pouliche ! Et là, qui entre par surprise dans l’appartement de Gabe pendant que tu es nue, à plat ventre sur ses cuisses, le derrière en bombe, les pieds et mains liés ? Ton frangin.

Ouaip. Donc là c’est genre, l’humiliation de ta vie. Surtout que celui qui disait tenir à toi arrête de te fouetter les miches et te dit de te tirer, qu’il t’avait bien prévenue de pas tomber amoureuse. Du coup toi, tu repars avec ton frère, t’es super vénère. Et comme il voit bien que ça va pas, il t’amène faire du shopping, avec le 3° meilleur pote (qui était là aussi quand tu te faisais punir, vilaine fille !) pour ensuite te conduire sur une île au soleil pour Thanksgiving. Et toi, ben y’a pas de souci : tu suis le mouvement hein, c’est cool. Je veux dire : allô ? McFly ? Y’a quelqu’un au bout du fil ? Si jamais mon frère me surprenait dans une telle posture je ne pourrais plus le regarder en face pendant des MOIS ! Et toi, en moins de 24h, on rigole, on shopping, c’est cool, no problem, c’est pas comme si tu avait été à poil en pleine séance BDSM la veille sous les yeux de ton frangin… non… peccadille ! - Là tu te dis que la nana, plus matérialiste, y’a pas. Ben si, en fait, c’est possible, parce que le Gabe, pour se la reconquérir, il fait quoi ? Il lui offre plein de cadeaux ! Et elle résiste hein, elle prouve qu’elle existe, mais quand il décide de la laisser un peu respirer et d’arrêter les cadeaux, ben ça lui fait tout bizarre à la poule de luxe, elle est perplexe : où sont ses cadeaux quotidiens ? Elle va bouder et taper du pied, fais attention !

- Et tu sais quoi ? Le pire, c’est que le Gabe, il est plus tarte qu’une plante en plastique d’aquarium : il lui propose de retourner faire un voyage à Paris… Ils y ont de tellement bons souvenir… l’humiliation, le ligotage à la table basse, la tentative de viol… Ah…. Paris…. moi ça me donne envie de chanter, pas vous ? J’ai deux amours… mon pays et Paris… Ben elle est trop contente, elle a des étoiles dans les yeux et tout, hein ! Genre, mais c’est génial, je rêve de retourner dans cette ville où j’ai vécu un traumatisme ! Oh Gabe, tu prends si bien soin de moi ! Comment te remercier ? Une petite humiliation te ferait plaisir ? Oh, ben, je dis pas non, j’adore que tu m’avilisses…

T’es encore là ? Allez, on passe à

Gabe

! Donc lui, c’est le faux dominant de base. Il aimerait bien en être un vrai, il a fait établir un contrat comme LE Christian pour l’occasion ! Il a même le super bureau, l’appartement penthouse, le chauffeur, la réputation de salaud… Mais en vrai il galère parce que malheureusement pour lui, il a eu une enfance et une vie merveilleuses et il est juste hyper complexé parce que, tout comme Mia, il a été livré sans cojones.

- Il fait comme s’il était le boss en lui donnant des ordres à tout va. Et au final, il culpabilise. Bon, alors, expliquez-moi les gens, la base du principe dominant/soumis, c’est pas que le dominant aime ce qu’il fait ? Non ? J’ai dû louper un truc… Bon, ben Gabe, lui, non, il se laisse aller à ses instincts primaires et puis après il se fait un torticolis à l’unique neurone qu’il possède en se disant que ça craint quand même.

- Il est insipide. Le gars j’ai même pas envie de fantasmer sur lui. Espèce de vieux crado qui fait une obsession sur la sœur de son meilleur ami depuis toujours ! Donc, comme il a 14 ans de plus qu’elle et

qu’elle a 24 ans et qu’ils se connaissent depuis, ben, toujours comme j’ai dit… en gros il craquait déjà quand elle avait 12 ans. WTF ???? Maya, tu déconnes à plein tube là.

- Il organise une partouze avec des collaborateurs de travail. J’ai encore envie de dire : Hello you, is there anybody in your head ? Tu te tapes la sœur de ton meilleur ami, qui est aussi ton associé, personne n’est au courant et tu ne te dis pas que c’est pas futé-futé d’inviter 3 collaborateurs, dont 2 américains et 1 qui a ses bureaux à NY, pour profiter en version open de ta nana ? Non ? Je veux dire, ton cerveau, il sert juste à décorer ou bien ?

- Lui, il a tout compris : quand il merde avec sa nana il se dit qu’il pourra l’acheter. Il connaît bien la chanson « ‘cause we are living in a material world ant I am a material girl » donc il achète des trucs à sa nana. Il est milliardaire, il s’en tape au final ça lui coûte presque rien héhé, malin… Et le mieux c’est qu’elle lui passe tout ! Génial, il en a trouvé une qu’il peut trop facilement acheter. C’est bête, parce que du coup, ni toi ni ta nana j’arrive à vous trouver une once d’intérêt, de dignité ou même d’humanité.

- D’un coup il devient romantique. Et quand je dis d’un coup, c’est vraiment d’un coup, à la fin, 5 pages avant la fin même. Et là il sort le grand jeu digne d’une fin de comédie romantique : genou à terre sur scène à l’illumination du sapin de Noël à NY quoi ! La classe internationale (bleurp, pardon je viens de vomir) ! Tu l’as donnée en pâture à tes collaborateurs, mais regarde : hop une petite bagouze et le tour est joué. Jamais plus elle ne pensera à ce malheureux incident, bien joué Gary, tu mérites au moins… ben rien, j’arrive vraiment pas à trouver du positif dans ce personnage.

Bon sinon… que dire, cette nana subit les pires humiliations mais ça ne la dérange pas, elle fait semblant, à un moment on croit qu’elle va taper du poing sur la table, mais non. En fait non, elle aime juste être traitée comme un objet. Pourquoi pas, me direz-vous… sauf que non, ça ne le fait pas. C’est tellement mal écrit que ça ne passe pas. Si tu écris une histoire nulle, enrobe-la au moins dans un super style. Sinon c’est juste une bouse.

Maya Banks reprend des éléments qui ont fonctionné dans Fifty Shades en se frottant les mains, s’imaginant déjà ce qu’elle va pouvoir s’offrir avec ses droits d’auteur. Mais il ne suffit pas de surfer sur la vague pour que ça fonctionne. Non, madame. Tu peux faire passer des scènes BDSM dans une romance quand il y a des sentiments, quand on s’attache aux personnages, mais là, c’est plus creux que le trou de la sécu si tu veux mon avis. Ou alors, annonce au départ que c’est un récit pornographique. Voilà, moi j’ai l’impression qu’on se fout littéralement de moi avec de livre. Mais mince, quoi ! L’écriture est aussi attrayante que les fesses d’un lépreux ! Je dis non, je m’insurge et je proteste, au nom de la féministe qui ne fait pas que sommeiller en moi : je suis outrée qu’une femme ait écrit ce livre, carrément outrée. Elle avilit la femme, qui supporte des humiliations qui ne lui plaisent pas, mais elle les supporte. On sait même pas pourquoi ! Par amour ? Ouais, à un moment elle dit qu’elle est amoureuse mais il y a autant de sentiments dans ce livre que de dents dans la bouche de grand-père Simpson !

Pour conclure

T’es toujours là ? Bravo, et moi, ben je me sens mieux maintenant. Sinon, le livre fait 600 pages mais si on enlève tous les « Tu sais pas ce que tu me fais » et tous les « regarde moi quand tu jouis », il doit rester grosso modo 250 pages, j’exagère à peine.

Tu l’auras compris, ce livre est un gros coup de gueule. Et quand tu penses qu’elle en a écrit 3 pour cet univers, ben moi ça me fait aussi froid dans le dos que quand j’ai vu la bande annonce de Conjuring. Et je peux te dire que même sous la torture, même si tu me payes, même si tu me promets un beau gosse en kilt : jamais je ne lirai la suite. Quant à Maya Banks, il paraît qu’elle écrivait des vrais livres avant … mais pour ma part, je vais en rester là. J’ai juste fait un tour sur la fiche amazon.com du livre et j’ai été rassurée de voir qu’une 100° de personnes au moins ont eu exactement la même impression que moi sur ce « livre », si on peut appeler ça comme ça…

Si j’avais dû payer pour ce livre, je m’en voudrais amèrement. Sérieusement, je regrette de l’avoir lu, j’aurais aimé ne jamais poser les yeux dessus, c’est juste une immense insulte aux femmes et de ce fait aux lectrices !