Pour citer cet article : Bopaka RG, et al. Corrélations entre contrôle de l’asthme et sensibilisation cutanée aux moisissures. Rev Fr Allergol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.03.006
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Revue française d’allergologie xxx (2015) xxx–xxx
Article original
Corrélations entre contrôle de l’asthme et sensibilisation cutanée aux moisissures
Correlation between control of asthma and skin sensitization to mold
R.G. Bopaka ∗ , W. El Khattabi , B. El Bied , M. Choubi , A. Aichane , H. Afif
Service des maladies respiratoires, hôpital 20-Août-1953, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc Rec¸u le 14 mars 2015 ; accepté le 26 mars 2015
Résumé
Le but de cette étude était d’évaluer les risques allergiques et la sévérité de l’asthme liés à la sensibilisation aux moisissures. Nous avons mené une étude rétrospective entre septembre 2011 et juillet 2013 sur deux groupes de patients, tous asthmatiques, groupe 1 constitué de patients sensibilisés aux moisissures et groupe 2 patients non sensibilisés aux moisissures, chez lesquels ont été effectués des prick-tests pour les pneumallergènes fongiques. Les critères d’évaluation du contrôle de l’asthme étaient ceux du Global Initiative for Asthma (GINA). Les patients asthmatiques étaient au nombre de 219. Les prick-tests étaient positifs pour au moins une moisissure chez les 44 patients constituant le groupe 1 (20 % de la cohorte) avec une prédominance féminine (71 %). Dans ce groupe 1, l’asthme était partiellement contrôlé dans 68 % des cas versus 31 % dans le groupe 2 (p < 0,001) ; l’asthme était contrôlé dans seulement 25 % des cas dans le groupe 1 versus 57 % dans le groupe 2 p < 0,001). À travers ce travail, les auteurs soulignent que la sensibilisation aux moisissures est non négligeable au Maroc et constitue un facteur de risque de mauvais contrôle de l’asthme. La sensibilisation aux moisissures doit être recherchée devant tout asthme sévère.
© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : Asthme ; Moisissures ; Environnement ; Sévérité ; Humidité Abstract
The aim of this study was to evaluate the control of symptoms in asthmatic patients and its relation to sensitization to molds. This retrospective study, which took place between September 2011 and July 2013, included 219 asthmatic patients which we divided into two groups: group 1 was composed of the 44 patients (20% of the patients, of which 71% were females), who were sensitized to at least one mold and group 2 was composed of the 175 patients (62% females), who were not sensitized to molds, this diagnosis having been established by prick-tests for allergic sensitivity to airborne molds. We used the Global Initiative for Asthma (GINA) as the basis for the evaluation of asthma control. We found that asthma was
“partially controlled” in 68% of group 1 patients but “partially controlled” in only 31% of group 2 patients (P < 0.001). In contrast, asthma was
“controlled” in only 25% of group 1 patients compared to 57% in group 2 who were “controlled” (P < 0.001). As a result of this study, we point out that sensitization to molds is not rare in Morocco and constitutes a risk factor for poor control of asthma, and we recommend that sensitization to molds should be considered in all patients with poorly controlled asthma.
© 2015 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.
Keywords: Asthma control; Severity; Allergy; Fungi; Mold
∗
Auteur correspondant.
Adresse e-mail : bopaka3@yahoo.fr (R.G. Bopaka).
1. Introduction
L’asthme est un désordre inflammatoire chronique des voies respiratoires entraînant des symptômes en rapport avec une obs- truction bronchique diffuse, variable, réversible spontanément
http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.03.006
1877-0320/© 2015 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Pour citer cet article : Bopaka RG, et al. Corrélations entre contrôle de l’asthme et sensibilisation cutanée aux moisissures. Rev Fr Allergol (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.reval.2015.03.006
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ou sous traitement. Par ailleurs, cette inflammation est la cause d’une hyperréactivité bronchique à de nombreux stimuli [1]. La prise en charge de l’asthme sévère impose une recherche sys- tématique d’autres pathologies allergiques telle que la rhinite, avec parfois une participation oculaire, pharyngée ou otologique [2]. Cette sévérité peut être corrélée à un mauvais contrôle des symptômes lorsque les contacts allergéniques sont importants ou lorsque certains allergènes sont en cause. Il en est ainsi de l’exposition ou de la sensibilisation aux moisissures présentes à la fois dans l’air atmosphérique et surtout dans l’air intérieur.
Les moisissures sont des champignons qui se développent dans des endroits humides et mal aérés et sont plus abondantes sous certains climats.
L’objectif de notre étude était de corréler le contrôle de l’asthme à une sensibilisation aux moisissures dans une popula- tion homogène d’asthmatiques habitant la ville de Casablanca.
2. Patients et méthodes
Il s’agissait d’une étude rétrospective réalisée entre sep- tembre 2011 et juillet 2013 portant sur 219 patients asthmatiques suivis à la consultation d’allergologie du CHU Ibn Rochd de Casablanca en comparant deux groupes. Le groupe 1 était consti- tué par les patients sensibilisés aux moisissures et le groupe 2 les patients non sensibilisés aux moisissures.
Des prick-tests pour les pneumallergènes fongiques dis- ponibles (Alternaria sp, Penicillium sp, Cladosporium sp et Aspergillus fumigatus) ont été pratiqués avec des extraits stan- dardisés. Les autres pneumallergènes testés étaient les acariens (Dermatophagoides pteronyssinus, Dermatophagoides farinae, Blomia tropicalis), les pollens d’olivier, de 5 graminées en mélange et du mimosa.
Les tests cutanés étaient lus au bout de 15 minutes et consi- dérés comme positifs si le diamètre de la papule était supérieur à 3 mm et/ou à 50 % du diamètre du témoin positif histamine.
Une fiche était pré-établie pour recueillir les données des patients comportant : données épidémiologiques (âge, sexe, poids, origine géographique, type d’habitat, humidité profession), données anamnestiques (histoire de la mala- die, symptômes, signes associés), résultat des prick-tests et épreuves fonctionnelles respiratoires. Les critères d’évaluation du contrôle de l’asthme étaient ceux du GINA [1] (Tableau 1).
L’asthme était considéré comme non contrôlé devant des symp- tômes diurnes quotidiens, des exacerbations fréquentes, des symptômes nocturnes fréquents, des activités physiques limi- tées, une VEMS ou DEP inférieur à 60 % de la valeur théorique [1]. Les données étaient analysées avec le logiciel épi info ver- sion 6.04.
3. Résultats
Les patients asthmatiques étaient au nombre de 219. La sensi- bilisation cutanée aux allergènes était partagée entre les acariens (59 % des patients), les pollens (21 %) et les moisissures (20 %) (Fig. 1).
Le groupe 1, sensibilisé aux moisissures, comprenait 44 patients. Parmi eux 31 étaient des femmes (71 %), la moyenne
59%
21% 20%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Acariens Pollens Moisissures
Fig. 1. Sensibilisation cutanée aux allergènes.
39%
34%
27%
Aspergilus fumigatus
Alternaria Alternata Spp
Cladosporium herbarum