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Spécialisation régionale de l'agriculture et politique agricole commune

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Spécialisation régionale de l’agriculture et politique agricole commune

Francois Bonnieux, Pierre Rainelli

To cite this version:

Francois Bonnieux, Pierre Rainelli. Spécialisation régionale de l’agriculture et politique agricole com- mune. Colloque commerce international et economies regionales, Jun 1988, Aix en Provence, France.

21 p., 1988. �hal-02854157�

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1 1JUIN 1988 1

ÉCONOMIS RURALE

\--,-""B"'I1B1lQ.T E Colloque "Commerce International et Economies Rég1Onales'

AIX-EN-PROVENCE - 30 juin - 1er juillet 1988

SPECIALISATION REGIONALE DE L'AGRICULTURE ET POLITIQUE AGRICOLE COKHONE

François Bonnieux et Pierre Rainelli

I.N.R.A. - Economie 65, rue de St-Brieuc

35042 RENNES CEDEX

RESUME

La hiérarchie des prix et le niveau de soutien institués par la poli- tique agricole commune ont acentué la spécialisation régiûnale agricole.

Ainsi voit-on fortement se modifier au cours des vingt dernières années la carte des specialisations :.-égionales) avec notamment une extension de la production céréalière hors des zones naturellement propices. Par ailleurs on assiste au dépérissement des zones montagneuses4

Raisonnant dans un cadre d'équilibre statique, on considère le cas hypothétique d'une suppression complète de toute protection. Ceci revient à une forte baisse de production pour le lait, la viande bovine et les bette- raves industrielles. Ce sont les fruits et légumes, ainsi que les vins courants qui sont le moins touchés. Ces baisses qui ont des répercussions régionales en fonction de la structure du produit s'expliquent à la fois par les différences de protection et d'élasticité-prix de l'offre.

*

* *

(3)

2.

La réalisation du marché intérieur, un des éléments-clés de l'Acte unique européen, doit se traduire par une importante réallocation des fac- teurs entre activités productives allant dans le sens d'une restructuration de l'appareil productif. Parallèlement à cette redistribution des ressources entre branches, on risque d'assister pour un secteur donné à des phénomènes de réallocation spatiale aboutissant à une certaine concentration géogra- phique. L'ampleur de ces changements est assez difficile à apprécier.

Toutefois, il est un domaine où l'on dispose du recul suffisant pour juger des effets de l ' unici té du marché sur la spécialisation régionale, c'est l'agriculture.

Bien que les conditions initiales qui prévalaient au début des années soixante lors de l'élaboration de la Politique Agricole Commune (PAC) aient considérablement changé, on peut penser que l'Acte unique ne modifiera pas sensiblement l'essence du marché commun agricole. Les principes de base préférence communautaire, unité du marché et solidarité financière demeu- rent. Seul le niveau des prix, ainsi que leur hiérarchie, risquent d'être affectés.

Dans ce contexte, nous tenterons de voir comment le système des prix européens, avec un soutien plus ou moins important selon les produits» a joué sur les régions françaises. Un premier point sera consacré à la spécialisation régionale envisagée entre 1965 et 1985. Le deuxième point envisagera plus particulièrement la relation entre système de prix et spécialisation.

1. LA SPECIALISATION REGIONALE AGRICOLE ENTRE 1965 ET 1985

La caractérisation à 20 ans d'intervalle des agricultures régionales donne une base d'appréciation suffisante pour juger de l'ancrage des spécia- lisations et de leur évolution. On verra donc successivement la situation en 1965 puis celle en 1985 en mettant en valeur les changements intervenus.

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1. La spécialisation régionale en 1965

Afin de cerner d'aussi près que possible la diversité des agricul- tures locales) on a raisonné au plan départemental. En effet) ce nl veau géographique autorise le meilleur compromis possible entre finesse de l'ana- lyse et disponibilité en données de base. Le découpage retenu comprend 89 unités, avec l'Ile de France scindée en Seine-et-Marne et le reste prenant le nom de Seine-et-Oise, et avec les deux départements corses regroupés.

Chaque département est caractérisé par sa production finale exprimée en 13 catégories : gros bovins, veau, ovins-caprins, porc, lait, volaille-oeufs, autres productions animales, céréales, pommes de terre, légumes, fruits, vins, autres productions végétales.

Les regroupements et caractérisations des agricultures départemen- tales sur la base des 13 variables précédentes ont été conduits en recourant aux techniques de l'analyse des données, avec ce qu'elles comportent d'avan- tages et de réserves (Rainelli, 1983). Plus précisément, on a utilisé, outre l'analyse factoriele des correspondances un algorithme de classification hiérarchique. Les résultats présentés ici constituent une synthèse de ces deux approches et s'appuient également sur les coefficients de spécificité départementaux. Ils permettent de distinguer sept groupes.

- Le groupe des départements caractérisés par les cultures méditerranéennes Il s'agit pour l'essentiel de la Provence-Côte d'Azur, du Languedoc- Roussillon, à l'exception de la Lozère et de la Corse. A ces régions, i l convient de joindre des départements de la vallée du Rhône (Ardèche, Drôme, Rhône), de la vallée de la Garonne (Tarn-et-Garonne, Lot-et-Garonne, Gironde), les deux Charentes, la Marne et le Haut-Rhin. Dans ces zones dominent les cultures végétales intensives liées à des conditions naturelles particulières et à un rapport homme-terre défavorable.

En fait, des sous-groupes existent. Ainsi le Languedoc-Rousillon est dominé par le vin tandis que les fruits et légumes caractérisent la Proven- ce-Côte d'Azur. La Corse participe des deux. Une autre distinction est pos- sible entre les zones définies par les vins courants (bordure méditer- ranéenne) et celles définies par les vins de qualité (Gironde, les deux

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4.

Charente, Marne, Haut-Rhin). Généralement les départements de ce sous-groupe associent la production viticole à d'autres orientations comme le lait dans le Rhône et la Charente-Maritime, ou les céréales dans la Marne.

- le groupe des départements caractérisés par les céréales et les grandes cultures

La zone concernée par ce type de production est contigüe à l'Ile-de- France avec au nord la Picardie, à l'est l'Aube et l'Yonne, et au sud la région Centre à l'exception de l'Indre-et-Loire. Il s'agit de régions où le rapport homme-terre est favorable. Ce groupe est d'une assez grande homogé- néité, même si l'on trouve en Seine-Oise une production de légumes et fruits non négligeable, ou de viande bovine dans le Cher. Seul le Gers échappe un peu à ce schéma, car moins typé et excentré par rapport au Bassin Parisien.

- le groupe des départements caractérisés par la production laitière

Ce groupe se situe dans toute la frange est du pays depuis la Lor- raine jusqu'aux Alpes du Nord (Savoie et Haute-Savoie) et l'Ain incluant intégralement la Franche-Comté. A l ' ouest, se trouve la Basse-Normandie ainsi que la Seine-Maritime. Par nature, la production laitière s'accompagne de production de viande bovine (gros bovins et veaux). Aussi a-t-on un aspect secondaire viande dans cet ensemble. Parfois on a également des productions hors-sol (porcs, oeufs, volailles) comme c'est le cas dans l'Ain. Dans l'ensemble des cas, la production laitière s'exerce dans des exploitations moyennes ou petites. En Lorraine, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse échappent à ce schéma avec des rapports homme-terre plutôt favorables.

Il en va de même pour la Haute-Marne.

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- le groupe des départements caractérisés par la viande bovine

La grosse masse de ce groupe se trouve dans le Massif Central et ses franges avec l'ensemble du Limousin, l'Auvergne sauf le Cantal, l'Aveyron et la Lozère au sud et la Nièvre et la Saône-et-Loire au nord-est. La Vendée et l'Ariège se rattachent à ce noyau. A côté des zones très typées du Limousin, de l'Allier, de la Haute-Loire et de la Nièvre se manifestent des départe- ments moins caractérisés comme la Vendée, les Hautes-Pyrénées et le Puy-de- Dôme qui associent à la viande bovine le hors-sol ou la Saône-et-Loire dans laquelle existe une présence viticole non négligeable.

- le groupe des départements caractérisés par la viande bovine et le lait Si l'on peut envisager la production de viande bovine sans ~roduction

laitière, on a vu que l'inverse n'était pas possible. Mais il existe des zones où ces deux orientations sont assez équilibrées. Il s'agit de la Moselle, de la Mayenne, de la Sarthe, de l'Ille-et-Vilaine, des Deux-Sèvres, de la Loire et du Cantal. On peut noter qu'en Ille-et-Vilaine, outre le lait et la viande bovine la production hors-sol est présente de manière signifi- cative.

le groupe des départements caractérisés par les productions animales hors-sol

Un petit noyau homogène composé des Côtes-du-Nord, du Finistère et du Morbihan compose l'intégralité de ce groupe. Tels les départements caracté- risés par les cultures méditerranéennes, ils ont des productions intensives qui se sont développées dans un contexte de disponibilité en terre par travailleur agricole peu favorable. Ces départements très typés sont définis par la production porcine, d'oeufs et de volailles.

- les départements sans spécialisation affirmée

Pour un ensemble de 17 départements répartis sur tout le territoire, il est délicat de proposer une caractérisation précise. Ce sont en fait des zones de type polyculture et élevage assez hétérogènes. Elles se trouvent dans le nord du pays, dans l'ouest aux franges de la Bretagne, un peu dans

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6.

Carte 1. Typologie des départements

1965 -

1 .~

L·••• •JHors-sol

IIIIIIII Céréales

Carte 2.

Lait

1985 -

G. BoV.

Vin

Fruits + légumes Polyculture

r 1

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l'est et surtout dans le sud-ouest. Dans certains cas, les productions animales sont légèrement dominantes et notamment les productions hors-sol dans les Landes ou les Pyrénées-Atlantiques, alors qu'en certaines zones les fruits et légumes ou les céréales se manifestent.

La carte n° l donne une représentation simplifiée de ces résultats.

La simplification tient au fait qu'un département est indiqué par une spécialisation donnée, alors que, ainsi qu'on l'a vu, très souvent des nuances sont à introduire.

2. La spécialisation régionale en 1985 ; les évolutions en 20 ans

La carte nO 2, relative à l'année 1985, synthétise les résultats obtenus cette année-là selon les mêmes modalités que pour 1965. Plutôt que de se livrer à. une description détaillée de la nouvelle typologie, on tente- ra de présenter en les expliquant les évolutions intervenues.

En ce qui concerne les permanences d'une période à l'autre, on note que les groupes caractérisés par des productions intensives végétales (les cultures méditerranéennes) et par les productions intensives animales (porcs, oeufs, volailles) se retrouvent tels quels. Pour ce qui est des modifications importantes, on remarque une diminution du nombre de départe- ments non spécialisés alors que la zone céréalière s'étend. Quant aux dépar- tements orientés vers la viande bovine ou la production laitière, on cons- tate que globalement le total reste inchangé.

Ce schéma général nécessite des précisions et des approfondissements.

Ainsi malgré l'apparente stabilité des zones de type méditerranéen des chan- gements internes sont intervenus. Le plus notable tient à l'expansion des vins de qualité au détriment des vins courants. Ce phénomène se manifeste par le poids croissant de la Gironde et surtout de la Marne dans l'ensemble viticole. Mais il y a aussi une extension de la production de vins de qua- lité hors de ces départements, puisque la Côte d'Or tout comme la Saône-et- Loire acquièrent de façon secondaire, pour le moment, un carac tère vi ti- cole.

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8.

Pour ce qui est de l'extension de la zone céréalière, le mouvement se produit par élargissement du noyau initial, avec le rattachement des dépar- tements limitrophes du Bassin Parisien, et le développement dans le sud- ouest de cette production. En fait, au-delà des céréales sont concernées les grandes cultures (colza, tournesol, pois fourragers ••• ). Les nouvelles régions gagnées à cette orientation ne viennent pas seulement du groupe non spécialisé puisque figurent les départements de la Haute-Marne et de la Meuse, precédemment classes comme laitiers. L'extension de la production se manifeste aussi dans des départements comme les deux Charente qui, gardant leur caractère principal viticole, voient les céréales prendre de l'impor- tance (ceci est vrai surtout dans la Charente-Maritime).

Un chassé-croisé s'opère entre les départements sans spécialisation en 1965 et le groupe viande bovine, ou production laitière, ou les deux. Des zones lait-viande comme la Sarthe et l'Ille-et-Vilaine deviennent principa- lement laitières 20 ans après. D'autres, comme l'Ariège ou la Lozère marquées par la production de viande bovine évoluent vers un système mixte, ou bien deviennent uniquement laitière comme la Haute-Loire.

Ces changements d'orientation s'expliquent essentiellement en fonc- tion de la dotation en terre par travailleur. En effet, la Haute-Marne et la Meuse, qui, de lai tiers deviennent céréaliers, bénéficient de st ructures agraires éminemment favorables. De même, des départements non spécialisés à l'origine comme les Ardennes, l'Eure, la Vienne, la Côte d'Or ont des exploitations de grande taille. Même l ' Indre-et-Loire, les Landes et la Haute-Garonne la taille moyenne n'est pas très importante sont des régions les grandes unités, ou les moyennes de 20 à 50 ha sont bien représentées. Ces conditions autorisent une extension de la production de ceréales ou d'oléo-protéaglneux, cultures nécessitant une assez forte disponibilité en terre. Il s'agit bien d'une extension dans ce cas, car ces zones avaient déjà en 1965 un caractère céréalier, mais peu accusé.

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A l'inverse, les départements peu spécialisés qui ont basculé vers le système viande bovine, comme les Pyrénées Atlantiques, ou vers le système mixte viande-lait, comme la Loire-Atlantique, ont une dotation en terre par unité de travail inférieure à la moyenne nationale.

Cette évolution dans le temps des systèmes de production peut se caractériser par un processus de spécialisation-simplification qui se perçoit clairement dans la diminution du nombre de départements de polycul- ture-élevage. Mais à l'intérieur des groupes déjà fortement caractérisés, il y a un renforcement de la spécialisation initiale. Ceci se traduit aussi par une concentration spatiale, plus ou moins accentuée selon les orientations.

Globalement, la production animale se localise plus fortement que la produc- tion végétale. mais dans un cas comme dans l'autre, il Y a des nuances.

Ainsi on a vu que les céréales s'étendent dans l'espace, alors que pour les fruits et légumes il y a un resserrement. De même à l'intérieur des produc- tions animales, le hors-sol se concentre géographiquement beaucoup plus que la viande bovine ou le lait.

Il. LA SPECIALISATION REGIONALE ET LE SOUTIEN DE L'AGRICULTURE

La période d'après-guerre, marquée par la pénurie et les difficultés de ravitaillement était évidemment présente à l' espri t des signataires du Traité de Rome. Le souci de sécurité des approvisionnements subsistait, car l'Europe des Six se révélait toujours déficitaire pour certains produits essentiels. A cette préoccupation majeure, s'ajoutait la nécessité d' amé- liorer les conditions économiques de l' agricul ture. Toutefois dès juillet 1958, la résolution finale de la conférence de Stresa insistait sur la nécessaire harmonie entre la production et les possibilités de débouchés de la Communauté.

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10.

Relever le revenu des agriculteurs a été un objectif constamment affirmé de la politique agricole commune, sa réalisation passant par des prix garantis, plutôt que par des aides financières directes aux exploitants agricoles dont le revenu est faible. Certes la PAC ne s'est pas limitée à une politique de prix élevés comme le montre l'examen des mesures structu- relles (modernisation des exploitations, cessation de l'activité agri- cole ... ) des programmes en faveur des zones défavorisées ou des mesures spécifiques qui ont été mises en oeuvre. Toutefois l'action par l'intermé- diaire des prix a bien constitué jusqu'ici le volet principal de la PAC (CCE 1987, p. 166).

L'instauration d'un système de prix élevés et les progrès techniques réalisés expliquent en grande partie la croissance de la production agricole devenue excédentaire pour de nombreux produits beurre et produits lai- tiers, céréales sauf le mals et le riz, viande à l'exception du mouton pour d'autres. produits comme le sucre ou les vins courants il est même convenu désormais de parler de surabondance ou d'excédents structurels. En dépit des risques évidents de surproduction, le taux d' auto-approvision- nement a continué à augmenter pendant la dernière décennie (Henrischmeyer et Ostermeyer-Schloder, 1987).

La croissance des débouchés, tant au niveau communautaire qu'à l'ex- portation apparaissant limitée, il est devenu nécessaire de revoir à la baisse les garanties introduites par la PAC. L'instauration de prélèvements de coresponsabilité dès 1977 dans le secteur laitier et en 1986 dans celui des céréales obéit à cette logique et fournit au budget de la Communauté des ressources spécifiques au même titre que les prélèvements à l'importation et les cotisations "sucre" qui découlent eux aussi de l'application de la poli- tique commune. Ces mesures de réajustement de la PAC visant à limiter l'offre ont été complétées par d'autres décisions allant dans le même sens, notamment la fixation d'un seuil de garantie pour le lait en 1982, et en 1984 le système de quotas et de superprélèvement. La limitation du montant de l'aide aux producteurs de colza et de tournesol fournit aussi une illus- tration d'une extension du champ d'application de la notion de coresponsabi- lité.

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Baisse des prix, taxation, quotas, moins d'automatisme dans les interventions sont les éléments d'une politique plus restrictive de l'offre.

D'autres mesures comme le gel de terres poursui vent des objectifs sembla- bles. Cette réorientation de la PAC aura des conséquences différentes selon les productions et donc des traductions régionales diverses en fonction de la spécialisation des agricultures concernées. Pour les appréhender, sans prétendre à une analyse exhaustive, nous présentons tout d'abord une analyse succincte des distorsions, en terme de spécialisation, entratnées par des prix garantis élevés. Dans un second paragraphe, nous précisons la notion de protection et donnons une hiérarchie des taux de protection selon les pro- duits. Le dernier paragraphe est consacré à une analyse de statique compara- tive qui débouche sur une évaluation des baisses de production régionale qui seraient entratnés par une suppresion de la protection.

1. Evolution des prix et specialisation

L'extension de la zone céréalière, précédemment notéet peut s' ana- lyser comme le résultat des effets conjoints de prix élevés et d'un progrès technique rapide (Bonnieux, 1986,

céréales et les autres sont con- p. 15 et sq.). Le graphique l correspond à une représentation simplifiée de l'agriculture,

sidérés. Co est la courbe de transformation correspondant à un niveau donné d'inputs et à l'état initial des techniques ; la pente du rayon OAO est égale au rap- port optimal céréales/autres pro- duits qui correspond à un rapport de prix donné. Ce dernier est représenté par la valeur absolue de la pente de la tangente à Co en AO.

les seulement,

produits deux

céréales

Graphique 1. Courbes de transformation : céréales - autres produits.

o autres produits

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12.

Si le progrès technique avait profité également aux deux productions, l'évolution des courbes de transformation serait représentée par une famille d'arcs de cercles concentriques qui s'éloignent de l'origine. En fait, il y a lieu de supposer que le progrès technique a été biaisé en faveur des céréales. L'amélioration des rendements qui ont plus que doublé pour le mals et le blé tendre constitue un indicateur imparfait du rythme de progrès technique. La courbe de transformation devient alors Cl pour le même rapport de prix, on passe du rayon OAO au rayon OAl ce qui traduit une augmentation de la spécialisation céréalière. L'accroissement du prix rela- tif des céréales par rapprt aux autres produits a de plus entraIné le passa- ge du rayon OAl au rayon OA2 ; i l eût fallu une forte baisse du prix des céréales pour atteindre A3 et voir donc diminuer la spécialisation céréa- lière. Enfin un simple maintien du rapport céréales/autres produits suppose une baisse du prix relatif des céréales.

L'illustration présentée est simplifiée et suppose que les effets des prix et du progrès technique jouent dans le même sens. Dans certains cas, ils se sont contrariés comme le montre l'évolution de la production de volailles et de porcs, avec un progrès technique favorable aux premières et une évolution relative des prix jouant dans le sens d'un accroissement plus rapide de la production porcine les effets du progrès technique l'ont emporté sur ceux des prix. Il y a eu des évolutions plus complexes avec des sous-périodes où les deux effets étaient en phase - d'autres au contraire où ils s'opposaient - c'est le cas de la substitution lait-viande bovine au cours des années soixante. De plus le progrès technique n'a pas toujours joué en faveur du même produit, comme semblerait l'indiquer la substitution du mals au blé tendre dans l'agrégat céréales; il faudrait alors considérer des courbes de transformation défonnées tantôt vers un axe tantôt vers l'autre.

Parmi les productions végétales, les progrès plus récents des oléagi- neux s'expliquent par les mêmes facteurs (progrès variétaux et régime des prix très avantageux) et débouchent sur une surproduction. Elle a conduit à la mise en place de seuils de garantie à partir de 1983-84 pour le colza et

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la navette et de 1984-85 pour le tournesol, au delà desquels une réduction est appliquée aux prix indicatifs et d'intervention. Enfin, la croissance rapide de la production de vins de qualité doit baucoup aux efforts techniques visant à améliorer les cépages et la vinification, et à une évolution extrêmement favorable des prix, accélérée par une forte demande à l'exportation. Mais, ici il n' y a pas d'organisation communautaire et on n'observe pas les mêmes déséquilibres que pour les vins courants.

En dépit des progrès de la recherche agronomique et du développement des services de vulgarisation, les caractéristiques pédo-climatiques et les contraintes structurelles ont freiné la spécialisation induite par la PAC.

On peut toutefois s'interroger sur la pérennité de l'orientation céréalière de régions en définitive relativement mal placées. Par ailleurs, hors de zones produisant des fromages à label (Cantal, Comté .•. ) le maintien de la production laitière en région de montagne n'est possible que par des prix différenciés et des aides spécifiques.

2. Soutien et taux de protection

L'instrument de politique agricole le plus employé consiste à soute- nir les prix qui sont alors déconnectés du marché international. La mise en oeuvre de cette politique prend la forme d'un engagement à acheter à un prix fixé et de mesureS aux frontières qui visent à limiter les importations et à encourager les exportations. Une modalité de cette politique est illustrée sur le graphique 2, où DD' et 55' figurent respec ti vement les courbes de demande et d'offre le point Ao de coordonnées PO, Qo représente l'équilibre de marché.

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14.

Graphique 2. Soutien des prix

p

c

Pol. - - - ~- - - -

i ,

l ' :

1 5 1 :

o ---~-1 Qo

s'

D'

augmente de Po AO A2 par Ql Q2 A2 Al. Dans les coûts de stockage, de et le surplus du producteur

une perte collective mesurée il faut évidemment introduire représenté par

Po AO Al Pl Pl· On a donc un second temps,

Lorsque les prix sont soutenus au niveau OPI) la consommation s'établit à OQl et l'organisme d'intervention achète Q1Q2 qui peut être stockée (céréales), détruite (fruits), transformée (distillation). Par rappott à l'équilibre de marché, l'organisme d'intervention supporte un coût Al Ql Q2 A2· Le surplus du consommateur diminue de

destruction et de transformamtion ainsi que les recettes qui pèuvent être obtenues par la suite.

La politique de soutien des prix qui vient d'être décrite est coû- teuse en termes collectifs et se traduit par un transfert au bénéfice des producteurs. L'importance relative des variations de surplus est fonc tion des élasticités-prix de l'offre et de la demande la perte de bien-être collectif est d'autant plus faible que ces fonctions sont plus rigides.

Cette politique peut prendre d'autres formes, en particulier le versement d'un paiement compensatoire destiné à combler la différence entre le prix du marché et le prix indicatif. Cette méthode utilisée pour le soja et le colza stavère moins coûteuse, toutes choses égales par ailleurs) que la précédente en termes de bien-être collectif.

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Le soutien des prix se traduit par un transfert au profit des produc- teurs et au détriment des consommateurs ou du budget. Il tend à favoriser l'accroissement de la production au-delà des débouchés, ce qui rend néces- saire la mise en place des restrictions quantitatives sur l'offre. L'impo- sition d'un contingentement (quotas sur le sucre et le lait) ou de limita- tions sur un fac teur de production (primes d'arrachage, gel des terres) apparaissent comme des mesures d'accompagnement nécessaires au soutien des prix dès lors que l'autosuffisance est atteinte. L'analyse statique des effets de l'introduction d'un quota (Veeman 1985) est illustrée au graphique 3 qui reprend les notations du graphique Z pour l'offre, la demande et l'équilibre de marché.

Graphique 3. Effets d'un quota de production

L'imposition d'un quota QI inférieur à la quantité d'équilibre, permet aux producteurs d'obtenir un prix Pl supérieur à PO. Leur surplus augmente d'une quantité représentée par la différence

le surplus des consommateurs diminue

entre Po Pl de Po AO

AO Le bilan est donc négatif et la perte sociale est représentée par le triangle AO Al AZ puisque les producteurs ne captent pas entièrement la perte des consommateurs.

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16.

Ces analyses succinctes sont limitées aux effets de court terme, une appréciation plus complète devrait envisager les effets il long terme et surtout englober l'ensemble des mesures susceptibles d'affecter les échanges agricoles. Outre la limitation des inputs qui a été évoquée il faudrait con- sidérer l'ensemble des mesures qui vise il réduire les coûts des facteurs : taxation réduite des carburants, bonification des intérêts, ainsi que les politiques structurelles. Une définition large du soutien (USDA, 1987, p.

22) engloberait la recherche-développement, l'enseignement et la vulgarisa- tion ainsi que les programmes visant il subventionner la consommation (vente de beurre d'intervention par exemple) ou les règlements sanitaires.

Les distorsions induiteo par les différentes mesures de soutien sont difficiles il apprécier. Pour certaines d'entre elles, on ne dispose pas des bases empiriques nécessaires pour le faire, aussi doit-on limiter le champ des mesures prises en compte. Nous utilisons ici, une notion de protection nominale par produit, qui donne une vue partielle de l'aide accordée. Une approche en termes de protection effective (Courgeon et Mahé, 1986) théori- quement plus séduisante puisqu'elle tient compte des distorsions au niveau des inputs, aurait été difficile il mettre en oeuvre pour l'ensemble des produits agricoles ; de plus elle nécessite des hypothèses limitatives sur la technologie mise en oeuvre.

Bien que simple, la définition du taux de protection nominale, rapport entre prix intérieur et prix mondial, est difficile il mettre en oeuvre. Nous utilisons ici, sauf pour les légumes, les fruits et le vin courant, des taux calculés par Mahé et Tavéra. Ils sont centrés sur 1985 et concernent l'ensemble de la CEE. L'adaptation il la France a été faite en leur appliquant les taux de MCM. Sans entrer dans les détails, on peut indiquer les principes qui ont présidé il leur calcul.

Il faut tout d'abord distinguer les produits pour lesquels la CEE est exportateur net des autres. Pour les premiers, l'utilisation des aides il l'exportation par unité de produit permet de corriger le prix intérieur.

Cette méthode de calcul a été appliquée aux céréales en prenant le prix seuil et les resti tut ions comme indicateur d'aide il l'exportation. Elle a

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servi pour la viande et a dû être adaptée pour le lait. Pour ce dernier, on a raisonné en équivalent lait, en l'absence de marché mondial ce qui revient à considérer le marché des différents produits laitiers (beurre, fromage, poudre de lait). Le cas principal pour lequel la Communauté est un importa- teur net est celui des protéines végétales (colza, tournesol, soja, lin, pois fourragers), le prix intérieur utilisé ici est le prix plancher, cor- rigé des aides à la production pour obtenir le dénominateur du rapport.

La méthode de calcul utilisée pour le vin courant, les légumes et les fruits frais est cohérente avec la précédente. Elle a consisté à corriger la valeur de la production par le montant des dépenses de la section "garantie"

du FEOGA. Deux calculs indépendants, le premier mené directement sur l'ensemble de la CEE, le second sur la France seule, donnent des résultats semblables.

Enfin de compte, nous disposons de taux de sous-agrégats, qui représentent 85 %de la production 1985 (tableau 1).

Tableau 1. Taux de protection nominale (1985)

protection pour huit agricole française en

céréales

betteraves industrielles grandes cultures (oléagineux) légumes frais, fruits

vins courants gros bovins, veaux porcs, oeufs, volailles lait

1,78 2,70 1,95 l,OS 1,30 1,75 1,20 1,94

On retrouve au tableau 1, une hiérarchie bien connue des taux de protection qui conduit parfois à opposer une agriculture tempérée fortement aidée à une agricul ture méditerranéenne moins protégée. La comparaison avec des taux publiés par ailleurs est difficile compte tenu des différences de nomencla- ture ou de champ géographique (Harling 1983, USDA 1987), on peut insister sur les valeurs élevées pour les oléagineux et la betterave industrielle et dans une moindre mesure pour la viande bovine.

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18.

3. Effets d'une suppression de la protection

La hiérachie des taux de protection nominale ne constitue qu'une première approche des distorsions induites par la protection et de leurs traductions au niveau régional. Pour aller plus loin, considérons la situation hypothétique où la protection est supprimée et simulons les effets sur la production agricole de chaque région. Pour ce faire, on a utilisé une matrice d'élasticité-prix d'offre par produit issue du modèle international simplifié de simulation (Mahé et al., 1987).

La réponse aux variations de prix est très différente selon les produits. L'élasticité-prix directe varie de 0,15 pour les vins courants à 1,93 pour l'ensemble porcs, oeufs et volailles, les autres valeurs se situent entre 0,70 et l'unité. Les élasticités-prix croisées traduisent des relations de substitution, sauf pour le couple bovin-lait, pour lequel il y a complémentarité. Cette structure d'offre correspond à des relations obser- vées au niveau national ; son utilisation au niveau régional constitue donc une approximation. Cette limite est actuellement imposée par le manque d'in- formations régionalisées sur l'offre par produit.

La suppression de la protection a des effets sur l'offre (tableau 2) fonction des taux de protection mais aussi des élasticités-prix directes et croisées. La baisse importante observée pour le lai t et la viande bovine, comparativement aux céréales et aux grandes cultures, qui bénéficient de taux de protection analogues, est due à la complémentarité entre ces produc- tions. On note aussi la baisse de la production de porcs, oeufs, volailles qui atteint un chiffre élevé, bien que la protection soit modeste. Ceci résulte de la forte élasticité-prix de ce poste. Enfin, la suppression de la protection entratne une hausse de la production des autres produits Cet agrégat assez hétérogène regroupe l'hort iculture, les vins de qualité et d'autres spéculations qui ne relèvent pas d'une organisation commune de marché.

(20)

Tableau 2. Effets sur l'offre (en %) induits par une suppression de la protection (1985)

1 céréales - 21,8 1

1 betteraves industrielles - 37,0 1 1 grandes cultures (oléagineux) - 22,9 1

1 légumes frais, fruits - 3,7 1

1 vins courants - 3,4 1

1 gros bovins, veaux - 36,3

,

1, porcs, oeufs, volailles - 27,2 1

,

lait - 48,6 1

1 autres productions + 16,7 1

Le tableau 3 fournit une synthèse des principaux résultats au niveau régional : diminution de la production finale et taux moyen de protection.

Tableau 3. Effets régionaux d'une suppression de la protection (1985)

variation taux de pro- 1

production (%) tection moyen 1

1

1 Ile-de France - 14,5 1,45 1

1

Champagne - 15,0 1,44 1

Picardie - 24,9 l,58 1

1 Haute.-Normandie - 26,7 l,57 f

1 Centre - 18,4 l,56 f

1 Basse-Normandie - 35,1 1,64 1

1 Bourgogne - 18,4 1,49

,

1 Nord-Pas de Calais - 24,4 1,44 1

,

1 Lorraine - 29,7 1,65

,

1 Alsace - 15,5 1,35 1

1 Franche-Comté - 35,9 1,69 1

Pays de Loire - 27,6 1,48 1

1 Bretagne - 32,4 1,43 1

Poitou-Charente - 19,8 l,57 1

Aquitaine - 13,3 1,32 1

Midi-Pyrénées - 20,8 l,51 1

Limousin - 24,7 1,44

Rhône-Alpes - 18,4 1,34

Auvergne - 30,6 l,58

Languedoc-Roussillon - 4,1 1,22

Provence-Côte d'Azur 0,3 1,10

Corse - 8,1 1,20

France - 22,7 1,43

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