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Submitted on 1 Jan 1992
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Interactions génotype x environnement et adaptation au
milieu chez les volailles
P. Mérat, A. Bordas
To cite this version:
P. MÉRAT
A. BORDASINRA Laboratoire de
Génétique
Factorielle 78352Jouy-en-Josas
CedexLes
objectifs
et
les critères de
sélection
Interactions
génotype
x
environnement
et
adaptation
au
milieu chez
les volailles
Résumé.
Lesexemples
passés
en revue incluentl’adaptation
à destempératures
élevées,
par desgènes
influant
sur la taillecorporelle
oul’emplumement,
ainsi que parl’apport
delignées
locales. Uis-à-vis del’intensité
lumineuse,
laréponse
particulière
dugène
albinos Lié au sexe en cequi
concerne laponte
estdécrite. Des
différences génétiques
deréponse
à lacomposition
de l’aliment sont brièvementdiscutées,
avec
l’exemple
d’ungène
répandu
dans leslignées
detype
"oeuf
brun",
responsable
d’une odeur "depoisson"
desoeufs
enprésence
de tourteau de colza. Pour la résistance à desagents
pathogènes
spécifiques,
en dehors des nombreuses études concernant lecomplexe majeur d’histocompatibilité
oud’autres
gènes,
l’apport
defacteurs
de résistance contenus dans deslignées
locales est illustré dans lecas de la race
égyptienne
Fayoumi.
Les volailles sont élevées industriellement en
condi-tions aussi standardisées que
possible
dans les paysdéveloppés :
elles sont ainsi soustraites à de nombreuxaléas du
milieu,
climat en tout oupartie,
sourcesali-mentaires
locales,
etc.Cependant,
leproblème
del’adaptation
au milieu se pose pour elles de deuxfaçons :
-
par
rapport
à une évolution des méthodesd’élevage
industriel (mode
d’alimentation,
programmeslumi-neux,
température
deslocaux, ...)
-
par
rapport
à des conditions depetit élevage,
enco-rerépandues
dansbeaucoup
derégions
du Tiers Mondeet
qui
ontpeut
être un avenir nonnégligeable
moyen-nant certains
aménagements
de cetélevage.
Nous passerons en revue
quelques exemples
d’influences
génétiques
surl’adaptation
à des facteursclimatiques
(température),
àl’éclairement,
à descom-posants
de la ration et à desagents
pathogènes.
1
/ Influences
génétiques
sur
l’adaptation
à
des
températures
élevées
Le tableau 1 détaille
quelques perspectives
d’amé-liorationgénétique
pour des composantesphysiolo-giques
de la thermotolérance. Suivant le cas, on peutpenser à une modification de
l’importance
relativeaccordée à un caractère (le
poids corporel)
dans lasélection,
àl’incorporation
dans unelignée
demutants
spécifiques
(Cou nu), à une sélection sur uncritère nouveau (caractère
maigre
?) ou à l’essai decroisements avec des
populations
locales.Nous
évoquerons
un peuplus
complètement
le rôleadaptatif
d’un mutant, legène
dominant "Counu",
enréponse
à la chaleur. Cegène
est caractérisé par uneréduction du
plumage
de diversesrégions
du corps.Le tableau 2 résume ses
principaux
avantages
pourla
production
dupoulet
de chair àtempérature
éle-vée. Le tableau 3 compare desperformances
de pro-duction d’oeufs depoules
Cou nu ou non Cou nu à deuxtempératures.
Au tableau 4apparaissent
lafer-tilité et le taux d’éclosion de
reproductrices
Cou nu ou non selon la chaleur ambiante.Dans ces trois domaines -
croissance,
production
d’oeufs,
reproduction
de la femelle - la mutation Counu a des effets
positifs
limités aux environnementschauds,
au-dessus de 25 et surtout de 30°. Il en est de même pour la mortalité à diversstades,
et dans uneexpérience
récente avec coups de chaleurpériodiques,
la
ponte
à 40 semaines étaitrespectivement
135, 106et 99 oeufs pour les
poules
NaNa, Nana’,
na’na’. Enoutre, des
comparaisons
"sur le terrain" en Malaisieou en
Afrique
du Nord vont dans le même sens quenos
premiers
essais en cellulesclimatisées,
en accord avecl’opinion répandue
selonlaquelle l’hygrométrie
joue
essentiellement un rôle de modulation des effetsde la
température.
2
/ Génotypes
et
environnement
lumineux
Il est bien connu que la maturité sexuelle
puis
laponte des oiseaux sont conditionnées par la variation
pas de différences
génétiques
caractérisées enrépon-se à une modification du
régime
lumineux. Il est doncintéressant de
signaler
notre résultat concernant ungène
albinos lié au sexe de lapoule.
Nous avonscom-paré
en 1988-89 despoules
albinos ou coloréessou-mises à une intensité d’éclairement inférieure à 10
lux ou
approchant
400 lux en moyenne. Parrapport
auxpoules
colorées,
les albinos avaient un nombred’oeufs un peu inférieur en faible intensité
lumineu-se, et
supérieur
deplus
de 10 % en forteintensité,
alors que les
poules
non albinos n’étaient affectées enrien par cette
intensité,
résultatclassique.
Un effet dans le même sens a été obtenudepuis.
Le tableau 5et la
figure
1 résument les résultats.Cette
réponse
particulière
despoules
albinos à la lumière n’a pas encored’interprétation
au niveauphysiologique,
mais elle renforce l’intérêtpossible
dugène albinos ; celui-ci,
étant lié au sexe,permet
descroisements sexables par la couleur de l’oeil dans des
cas où un sexage par la couleur du duvet n’est pas
possible
(p
ex. en raceLeghorn).
Nos donnéessuggè-rent
qu’une manipulation appropriée
del’environne-ment lumineux peut valoriser
davantage
cegène
dans des croisements de
type
ponte.Un second
exemple
concerne legène
dw lié au sexe. On sait que lespoules
font des séries de ponte, àdes
jours successifs,
avecdécalage
de l’heure del’ovi-position
d’unjour
àl’autre,
et à la fin report de laponte
48 heuresplus
tard en &dquo;sautant&dquo; unjour.
Ce castypique correspond
à uncycle
d’ovulation etd’ovi-position légèrement supérieur
à 24heures,
couram-ment 25 ou 26 heures. Si l’on réalise des
jours
artifi-ciels de la même
durée,
lespoules
àcycle dépassant
24h, synchronisées
avec ces dernierscycles,
fontl’économie des
jours d’interruption
entre séries etleur intensité de
ponte
estquelque
peuaugmentée.
Or les
poules
naines (dw) ont descycles
de ponte d’1ou 2 h
plus longs
que lespoules
de taillenormale,
del’ordre de 26 ou 27 heures. Nous avons vérifié que
leur
ponte
est améliorée de 3 à 4 !o ennycthémères
de 26 ou 27 heures.
3
/ Différences
génétiques
de
réponse
à la
composition
ou au
mode de distribution
de
l’aliment
On a observé assez peu d’interactions
génotype
xaliment vis-à-vis des
composants
principaux
de laration :
protéines totales, énergie.
Divers auteurs ontsignalé
des différences entrelignées
pour le taux deprotéines
totalespermettant
laproduction
d’oeufsoptimum,
les différences n’étant pastoujours
trèsconsidérables. On sait aussi que les
poules
naines dwvoient leurs
performances
deponte
et depoids
d’oeufslégèrement
améliorées par une élévation de la teneurde leur ration en
protéines brutes,
car elles sont de médiocres utilisatrices de cesprotéines.
Enréponse
àdes composants
plus spécifiques,
on peut citerl’exemple
très étudié enGrande-Bretagne
d’uneréponse particulière
à lasinapine
du colza ou à lacholine associée à un
gène
assezrépandu
dans lespopulations
de type&dquo;pondeuse
à oeuf bruns&dquo;. Lespoules
nepossédant
pas cegène oxydent
latriméthy-lamine dérivée de la
sinapine,
mais pour celles le pos-sédant cetteoxydation
ne se fait pas et latriméthyla-mine à odeur de
poisson
passe dans les oeufs. Ils’agit
en somme d’une interaction
génotype
x alimentconcernant la
qualité
des oeufs. Cela a conduit à envi-sager l’éradication dugène
dans lespopulations
où safréquence
estappréciable,
pourpouvoir incorporer
dutourteau de colza dans les aliments pour
pondeuses.
Nous citerons un autre fait à titre
anecdotique.
Ils’agit
de laréponse comparée
d’unelignée
Rhode-IslandRed,
d’unelignée Fayoumi
et de leurs F1 réci-proques à un aliment&dquo;ponte&dquo;
contenant 50 %d’orge
(parfois
peuappétente)
parrapport
à un aliment&dquo;standard&dquo; : avec le
premier
aliment,
laconsomma-tion et la
ponte
montrent une chute considérable chez4
/ Sensibilité
ourésistance
génétique
à des facteurs
pathogènes
Beaucoup
de travaux, incluant deslignées
de typecommercial,
ont été faits sur la résistancegénétique
àla maladie de
Marek,
avant l’obtention d’un vaccin dans les années 70 mais aussiaprès,
car laprotection
par les vaccins n’est pas
totale,
et il a été montré queles
génotypes
les moins affectés par la maladie deMarek
après
vaccination sontaussi,
dansl’ensemble,
les
plus
résistants en l’absence de vaccination.De nombreux chercheurs ont noté d’autre
part
larelation entre la résistance ou sensibilité à la maladie de Marek et le
génotype
au locus Bd’histocompatibi-lité ;
ainsi,
il est connu que l’allèleB
21
apporte
unniveau élevé de résistance à cette maladie. Par
contre, les
génotypes
résistant au virus de Marek nele sont pas forcément à la leucose
lymphoïde.
Pourcette
dernière,
d’autresgènes
contrôlentl’attache-ment du virus à des
récepteurs cellulaires,
et d’autrepart
le rôle de certainsgènes
virauxendogènes
resteà déterminer.
En dehors des
lignées
commerciales et deshaplo-types
au locus Bqu’elles
contiennent,
des soucheslocales
peuvent
apporter desgènes
de résistance à certainsparasites.
A titred’illustration,
le tableau 7 compare la résistance à une coccidie (Eimericz Tenella) depoussins Rhode-Island,
Fayoumi
et deleurs croisements
réciproques,
pour la mortalité etl’importance
des lésions.Il y a
parfois
des différences de mortalité associées nonplus
à laprésence
d’agents pathogènes,
mais àcelle de facteurs
d’élevage.
Ainsi,
lespoussins
albinosne
présentent
au sol aucune mortalitéparticulière,
alors
qu’en
batteriesd’élevage
ils sont fortementpénalisés
(Silversides etal,
àparaître).
Conclusion
Ces
exemples
citéscorrespondent
à des effetsgénétiques
relativementspécifiques :
gènes majeurs
modifiant lesdéperditions caloriques, gène
dedépig-mentation
agissant
sur la vision et la sensibilité à lalumière,
facteur contrôlant le catabolisme d’un pro-duitagissant
sur laqualité
desoeufs,
enfincomplexe
majeur
d’histocompatibilité
influant sur la résistance à certains virus. Nous avons aussi rencontré deseffets associés à des caractères
pris
encompte
dans lasélection (taille
corporelle
etréponse
à la chaleur) etconstaté
l’importance
limitée des interactionsgénoty-pe x aliment pour les
grands
composants
nonspéci-fiques.
Onpourrait
dire la même chose en cequi
concerne d’ailleurs latempérature
en dehors desexemples plus particuliers
cités.D’un
point
de vueappliqué,
lesperspectives
sonttrès variables selon les cas. La thermotolérance peut
être
jugée
de peu d’intérêt enélevage
industriel enpoulaillers
climatisés ;
cependant,
compte tenu descoûts,
ungénotype
suffisammentthermotolérant,
telle la mutation Cou nu, n’est pas sans utilité.
Dans le domaine des
composants
alimentaires,
l’utilisation du colza est unproblème
nonnégligeable
dans certains pays, d’où des programmes
d’éradica-tion du mutant défavorable de ce
point
de vue.La
réponse
particulière
despoules
albinos àl’intensité lumineuse ne
correspond
pas,elle,
aubesoin
d’adaptation
à un environnementexistant ;
ils’agit d’optimiser
l’environnementapporté
à ungéno-type intéressant par ailleurs
(sexage).
Enfin,
dans le domaine de lapathologie,
l’applica-tion
pratique
est souvent aléatoire compte tenu ducaractère
partiel
de la résistancegénétique,
de l’évo-lution destechniques
deprophylaxie,
detraitement,
de vaccination. Le cas de la maladie de Marek reste
un
exemple
de l’utilitépossible
de cette résistancegénétique
même enprésence
d’un vaccin. Al’avenir,
des différences
génétiques
dans laréponse
immuni-taire,
parexemple
à desvaccinations,
ou dans lepas-sage
d’immunoglobulines
dans l’oeuf contribuant àune
protection
précoce, peuvent
êtreprises
encompte.
Effet différentiel des
génotypes
sur fenvironnement ?Les interactions
génotype
x environnementcorres-pondent
à un effet du milieu sur lesgénotypes,
eninsistant sur la différence de
réponse
de ces derniers.En sens
inverse,
les êtres vivants influent surl’envi-ronnement, et l’influence peut différer en fonction de
leur
génotype.
Il nes’agit plus
d’interactions,
maisd’une autre
catégorie
d’effetsgénétiques. Suggérons
en un. Le taux du
CO, atmosphérique
augmenterégulièrement
par suite desrejets
industriels.Cependant,
larespiration
des êtres vivants ycontri-bue
aussi,
ycompris
celle des animauxd’élevage,
pour un ordre degrandeur
dequelques
millièmes. Acet
égard,
une sélection améliorant l’efficacitéalimen-taire comme celle de nos
lignées
R’ et R- réduit enmême
temps
ladépense énergétique
et lerejet
deC0!
à
production égale
et va donc dans le bon sens. Cegenre d’effet
représente
à coup sûr une contributiontrès
faible,
mais dans ce domaine tout est cumulatif.On
peut
dire la même chose de la réduction des effluents azotés consécutive à une diminution del’ingestion
alimentaire.Références
bibliographiques
Gavora J.S., 1990 - Disease Genetics. In Crawford R.D. (ed.)
Poultry Breeding and Genetics. Elsevier, Amsterdam.p. 805-846.
Mérat P. (ed.), 1989 -
Genotype
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Mérat P, Bordas A., 1989 - Differential Response of Sex-linked Albino (s-’l) and Silver (S) Hens to High and Low Light Intensity. Brit. Poult. Sci., 30, 807-813.