HAL Id: hal-00894055
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Suivi des introgressions dans les croisements
interspécifiques chez le riz : utilisation des marqueurs
moléculaires
A Ghesquière, O Panaud, P Marmey, Mc Gavalda, O Leblanc, D Grimanelli
To cite this version:
Article
original
Suivi
des
introgressions
dans les croisements
interspécifiques
chez
le riz :
utilisation des
marqueurs
moléculaires
A
Ghesquière
O Panaud
2
PMarmey
MC Gavalda
O Leblanc
1
DGrimanelli
1
Centre
ORSTOM de Montpellier, laboratoire de ressourcesgénétiques
et d’amélioration des plantes, BP 50l5, 34032 Montpellier Cedex 1, France;2
Cornell
University, Plant Breeding and Biometry Department, Ithaca NY 14853,États-Unis
Résumé - La diversité génétique des espèces sauvages de riz est d’un grand intérêt en amélioration des plantes. Malgré de fortes barrières reproductives, des hybrides
interspéci-fiques peuvent être obtenus grâce à la récupération des embryons par culture in vitro et être recroisés ensuite pour introduire des caractères utiles dans les riz cultivés. Au fur et à mesure que la carte de liaison génétique RFLP
(polymorphisme
de longueur de fragment derestriction)
devient de plus en plus saturée, les marqueurs moléculaires constituent un nouvel outil puissant pour analyser et comprendre les mécanismes de la recombinaison dans les croisements éloignés. Trois exemples d’application des marqueurs moléculaires au suivi des introgressions sont présentés à partir d’activités développées à l’ORSTOM(Institut
français de recherche scientifique pour le développement en
coopération)
de Montpellier ou de collaborations avec l’IRRI(Institut
international de recherche sur le riz,Philippines)
et l’Université Cornell(États-Unis).
Ils concernent l’analyse de générations précoces ou de lignées isogéniques développées avec des espèces sauvages de riz possédant le mêmegénome que le riz cultivé
(O longistaminata)
ou des génomes cytogénétiquement différents( O
brachyantha, génomeF)
et( O
australiensis, génomeE).
riz / hybridation interspécifique / marqueur moléculaire / recombinaison / carte
génétique
Summary - Analysis of introgressions in interspecific crosses of rice: utilization of molecular markers. Genetic diversity of wild rice species is of great interest to
tool to investigate and understand the recombination process in distant crosses. Three
different examples of application of molecular markers for introgression monitoring are
presented. They include work at ORSTOM
(Institut
frangais de recherche scientifiquepour le développement en
cooperation)
Montpellier and collaborative research with IRRI(International
Rice Research Insitute,Philippines)
and Cornell University(USA).
This work involves the analysis of early generations or isogenic lines developed with wild ricespecies possessing the same genome as cultivated rice
(O longistaminata)
orcytogenetically
different genomes
(O
brachyantha, F genome; 0 australiensis, Egenome).
rice / interspecific hybridization / molecular marker / recombination / genetic map
INTRODUCTION
Le
développement
de cartes de liaisongénétique
basées sur les marqueursmolécu-laires permet d’identifier et de localiser des marqueurs de caractères d’intérêt
agro-nomique.
Chez leriz,
l’établissement de telles cartes de liaisongénétique
est enconstante
progression
et lapremière
cartecomplète
avec 12 groupes de liaison a étédéveloppée
àpartir
d’unepopulation
back cross dérivée d’unhybride interspécifique
O sativa x O
longistaminata
(Causse
etal,
1992) ;
cette carte comporte désormaisplus
de 600 marqueurs sur 1222 cM(Tanksley
etal,
1992).
Une autre carte esten cours d’élaboration au
Japon
àpartir
de croisements entre variétés indica etjaponica
avecl’objectif d’intégrer
en même temps des marqueursmorphologiques
etphysiologiques
(Saito
etal,
1991);
elle comporteégalement plus
de 600mar-queurs
cartographiés
(Kurata
etal,
1992).
Deséchanges
concernant 70 sondes RFLPont
permis
de comparer les différentes cartes obtenues et de vérifier la colinéaritédes marqueurs tout en mettant en évidence des zones
plus
ou moins densémentmarquées
(Xiao
etal,
1992).
L’identification degènes
d’intérêtagronomique
estentreprise
et se base essentiellement sur lacomparaison
dupolymorphisme
RFLPentre
lignées isogéniques-donneur-parent
récurrent;
elle apermis
de localiser des résistancesspécifiques
à certaines maladies comme lapyriculariose
(Pyricularia
ory-zae), (Yu
etal,
1991)
ou la bactériose folia,ire(Xanthomonas oryzae), (Yoshimura
et
al,
1992),
ainsiqu’à
d’autres caractères :photopériode
(MacKill
etal,
1992),
arôme des
grains
(Ahn
etal,
1992).
Il existe dans le genreOryza
de nombreusesespèces
sauvages et 5génomes cytogénétiquement
différents de celui des riz cultivés(A)
ont été identifiés avec des formestétraploïdes
BBCC et CCDD(Nayar, 1973).
L’utilisation de ces
espèces
sauvages connaît undéveloppement
important
parceque d’une part ces
espèces présentent
unpotentiel
de diversitéadaptative
trèsim-portant,
particulièrement
engènes
de résistance à despathogènes
variés(Bonman
et
al,
1992)
et d’autre part parce que lespossibilités
de sauvetaged’embryons
parculture in vitre permettent de s’affranchir des barrières
reproductives
et deréa-liser des
hybridations interspécifiques
avec un trèsgrand
nombied’espèces
(Jena
et Khush 1984; Brar et
al,
1991).
L’utilisation des marqueurs moléculairescarto-graphiés
constitue un nouveau moyen d’étudier la recombinaison et de suivre lesintrogressions
dans leshybridations interspécifiques éloignés.
Troisexemples
d’ap-plication
des marqueurs moléculaires dans ce domaine sontprésentés
àpartir
deétudiées à l’Institut international de recherche sur le riz aux
Philippines
(IRRI)
etl’Université Cornell
(États-Unis).
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
Développement
du matérielvégétal
La création du matériel
végétal
mettant enjeu
lesespèces
sauvagespossédant
desgénomes
différents faitpartie
d’un programmed’hybridation
distantedéveloppé
àl’IRRI et suit un schéma similaire
quelles
que soient lesespèces
(fig
1) :
àpartir
d’un trèsgrand
nombre depollinisations,
larécupération
desembryons
par culturein vitro permet d’obtenir
quelques hybrides
F1;
ceux-ci sontcomplètement
mâleet femelle
stériles,
ils montrent en méiose 24 univalentscorrespondant
au stockhaploïde
dugénome
A et dugénome
del’espèce
sauvage utilisé dans le croisement.Dans les combinaisons réalisées entre 0 sativa et 0
australiensis,
la stérilité totale deshybrides
FIdiploïde
a été contournée entétraploïdisant
aupréalable
la variétéIR 31917 pour obtenir un
hybride
FItriploïde
(AAE)
à 36 chromosomes(fig 1).
Larécupération
desembryons
par culture in vitro est encore nécessaire pour obtenir lesembryons
de lagénération
suivante(BC2
pour les croisements avec 0brachyantha,
BC1 pour les croisements avec O
australiensis).
La
stratégie adoptée
ensuitedépend
totalement desproduits
de cettepremière
génération
de recombinaison et consiste à identifierparmi
lesplantes
obtenues cellesqui présentent
les caractères recherchés tout en ayant une fertilité suffisante pourcontinuer le processus de recroisement par voie naturelle.
Ainsi,
les croisements entreO sativa et 0 australiensis ont été
entrepris
dansl’objectif
d’introduire de nouvellessources de résistance à la bactériose foliaire du riz
provoquée
par Xanthomonasoryzae pv oryzae
(Xoo) ;
cettemaladie,
trèsimportante
enAsie,
faitl’objet
d’uneintense recherche de nouveaux
gènes
de résistanceparticulièrement
à travers lescroisements distants. Deux
plantes
BC1 à 28 chromosomes(AA+4E)
ont pu êtreobtenues et donner 18
plantes
BC2 dont seules lesplantes
ayant au maximum2 chromosomes surnuméraires E étaient suffisamment fertiles pour être
exploitées
dans les recroisements ultérieurs. En
particulier,
uneplante
à 2n + 1 chromosomeset
correspondant
à lalignée
d’addition du chromosome 12présentait
les caractèresrecherchés : d’une part une résistance à la race 6 de Xoo et d’autre part une
résistance à la cicadèle brune
qui
est un agent vecteur de viroses du riz. C’està
partir
de cettelignée
d’addition que les recroisements avec lalignée
récurrente IR 31917 ontpermis
d’aboutir à deslignées isogéniques diploïdes
et fertiles.Les
hybridations
avec 0longistaminata
sont de nature différente car les 2espèces
partagent le mêmegénome;
néanmoins,
0longistaminata
manifeste unetrès forte barrière
reproductive
nécessitantégalement
larécupération
desembryons
pour obtenir des
hybrides
F1. 0longistaminata
présente
par ailleurs 2originalités
biologiques
dans le genreOryza : allogamie
strictegrâce
à unsystème
d’auto-incompatibilité
etpérennité
parl’expression
de rhizomesL’analyse génétique
etcytologique
des croisements FI s’accorde avec un modèle basé sur lacomplémenta-tion de
gènes
létaux dominants D1(0
longistaminata)
et D2( O sativa),
provoquantentre les 2
espèces
agit
au niveau deshybridations interspécifiques
car la fraction degraines
normales obtenues sur leshybrides
FI au cours des recroisements permetd’obtenir facilement les back cross de
première génération
et des suivantes(Causse
et
Ghesquière,
1991).
Sur cesgénérations,
le modèlegénétique
de barrièrereproduc-tive reste
globalement
valide mais montre un fonctionnementplus quantitatif
qui
s’accorde mieux à un modèle suivant
lequel
legène
Dl est modifié consécutivementsouches d’O
longistaminata d’origine
différente ont été croisées avec unhybride F1;
cette
première génération
de recroisement montre unemajorité
deplantes
stériles ouauto-incompatibles
avec uneexpression
variée des rhizomes.Seuls,
quelques
indi-vidus sont suffisamment fertiles pour obtenir des descendances en autofécondationqui
montrent en accord avec le modèle unelarge ségrégation
pour de nombreuxca-ractères
phénologiques
(vigueur,
fertilité,
expression
desrhizomes);
17 descendances BC1F2correspondant
à 46 individus ont servi de base pour suivre lesintrogressions
MÉTHODES
Le suivi des
introgressions
a été réalisé en utilisant les marqueursdéveloppés
par leprogramme de carte
génétique
des riz(Tanksley
etal,
1992).
Le choix des sondes aété réalisé en fonction de leur distribution le
long
des chromosomes etégalement
de leurorigine;
ainsi l’étude desintrogressions
avec Obrachyantha
aexigé
l’utilisationdes sondes
développées
àpartir
d’unebanque
de cDNA d’avoine car la librairiegénomique
réalisée àpartir
de la variété d’ O sativa IR 36 nes’hybridait
pas ou trèspeu avec l’ADN d’ O
brachyantha
(Panaud, 1992).
La distancegénétique
importante
entre les parents permet d’identifier des marqueurs
spécifiques
avec seulementquelques
couples
enzymes/sondes.
Ainsi,
lacomparaison
dupolymorphisme
des parentsimpliqués
dans leshybridations
avec Olongistaminata
(lignée
d’ Osativa,
hybride
F1,
parent Olongistaminata,
souches d’Olongistarrainata
utilisées dans lesrecroisements)
permet pour lamajorité
des sondes testées avec les 2 enzymesde restriction EcoRV et HindIII d’identifier une bande
diagnostic
«sativa» etd’en suivre l’hérédité sans
ambiguïté
dans lagénération
BC1F2(Leblanc
etal,
1992).
L’ADN de cette descendance et des parents a été alorsdigéré,
transféré surmembrane et
hybridé
avec les sondes retenues suivant lesprotocoles
standards(Mc
Couch et
al,
1988).
À
l’IRRI,
le marquage des sondes a été réalisé en utilisant une méthodeoriginale
de chemiluminescenceappliquée
à la détection deséquences
uniques
(Digoxigenine-dUTP-AMPPD)
(Panaud,
1992;
Ishii etal,
1990).
RÉSULTATS
Recombinaison entre le riz cultivé
(O sativa)
etl’espèce
de riz sauvage(O brachyantha)
Les
plantes
BC1 sont trèshomogènes
et leur méiose révèle 12 univalentscorrespon-dant au
génome
F par suite de la non réductionchromatique
desgamètes
femellesFI. En
revanche,
lesplantes
BC2 sontbeaucoup
plus
hétérogènes
phénotypique-ment et montrent un nombre de chromosomes variant de 26 à 32chromosomes;
les
plantes
présentent
12 bivalents et donc un nombre d’univalents dugénome
Fallant de 2 à 8. Cette
génération
BC2 est doncparticulièrement
propice
mettreen évidence et
comprendre
les recombinaisonsintergénomiques,
car celles-ci sontprogressivement
éliminées dans lesgénérations
avancées par le processus de recroi-sement et d’autofécondation nécessaire pour créer deslignées
recombinantes.L’observation des patrons
d’hybridation
montre que toutes lesplantes
ont aumoins un locus RFLP révélant un marqueur
spécifique
d’Obrachyantha.
L’absence de marqueurs d’Obrachyantha
(- - -)
pour un chromosome donné s’accorde avecl’élimination du chromosome venant d’O
brachyantha
au cours de la méioseBC1,
alors que les patrons où tous les marqueurs d’O
brachyantha
sont observés(+
++)
correspondent
vraisemblablement à une situationaneuploïde
à 2n + 1 chromosomes.À
côté de ces cas defigure
classique,
d’autres situations sont observées(+ - +),
(- + -), (-
++), (+
+-)
etsuggèrent
despossibilités
de recombinaisons entre leschromosomes des
génomes
A et F(fig 3).
Les données de la
cytogénétique
ne militent pas pour ce genre dephénomène;
au stade diacinèse
qui
peut ne pas rendre comptecomplètement
despossibilités
réelles de recombinaison si à ce stade la terminalisation des
crossing
over estdéjà
achevée par suite du manque d’affinité des chromosomes des 2
génomes
(Panaud,
1992).
Lespréparations cytologiques
à un stadeplus précoce
(pachytène)
bien queplus
difficiles à réalisertechniquement
semblent donner des arguments pour despossibilités
de recombinaisons(Brar,
IRRI,
Philippines,
comm.pers.).
Ces résultatsmontrent que si les recombinaisons dans les
générations précoces
semblent nonnégligeables,
elles ne doivent pas masquer le fait que lesplantes
obtenues ont engénéral
desphénotypes
très altérés et une très forte stérilité. Il estprobable
quetoutes ces recombinaisons sont fortement contresélectionnées car l’utilisation de ces
plantes
dans lesgénérations
suivantes se limite leplus
souvent à cellesqui
présentent
24 chromosomes associées à un
phénotype
deplante
cultivée et à une restaurationde la fertilité.
Localisation d’un
gène
de résistance à la bactériose foliaire dans leslignées
isogéniques
issues du croisement entre 0 sativa et 0 australiensis Ledéveloppement
delignées isogéniques
àpartir
de lalignée
d’addition 12 a conduità rechercher en
priorité
des marqueurs sur ce chromosome en comparant le parentdonneur
(O australiensis),
le parent récurrent(IR 31917)
et 5lignées isogéniques.
Quinze
sondescartographiées
du chromosome 12 ont étéanalysées;
seules les sondes RG 901 et 190 ont manifesté unpolymorphisme
entre lalignée
récurrente etles
lignées isogéniques
etsuggèrent
que la résistance est située à l’extrémité duchromosome 12
(fig 4).
Néanmoins,
les bandes observées chez leslignées isogéniques
necorrespondent
pas
complètement
au patron de restriction observé chez O australiensis etl’ampli-fication de la sonde RG 901 par des amorces
spécifiques
ne révèleplus
lepolymor-phisme
mis en évidence auparavant. Uneexplication
à cette observationpourrait
provenir
du matériel lui-mêmequi
n’aurait pas été fixécomplètement
avant leségalement
dans d’autres programmesd’hybridation
distante etl’analyse
degénéra-tions avancées issues de croisement avec 0
o
f
ficinalis
montre unpolymorphisme
que l’on peut attribuer à une
hétérozygotie
résiduelle de cettelignée
(Jena
etal,
1992).
La recherche de marqueurs a été
complétée
en testant 466 amorces de 10 bases en utilisant latechnique
RAPD et permet de retenir 4 amorces pourlesquelles
les
produits d’amplification
de l’ADN de 2 deslignées isogéniques
manifestent unebande du parent sauvage 0 australiensis. Ces 4 marqueurs ont été clonés pour être
hybridés
sur des membranes avec l’ADN des 2 parents et les 5lignées isogéniques.
Deux de ces marqueurs
correspondent
à desséquences répétées
et ne sont doncpas
utilisables,
un autre ne donne aucunsignal
et le dernier ne donneplus
designal positif.
Une autre série d’amorces de 10 bases sera testée pour identifier unmarqueur
qui puisse
correspondre
à uneséquence
unique
ou enpetit
nombre decopies
afin d’êtrecartographié.
Deux deslignées isogéniques
ont été croisées avecle parent récurrent pour mettre en évidence les
coségrégations
entre la résistanceet les marqueurs RFLP et RAPD
préalablement
identifiés. De la même manière que les 2 marqueurs RFLP RG901 etRG190,
de nombreux marqueurs RAPDrévèlent chez les
lignées isogéniques
unpolymorphisme
différent de celui des 2de recombinaison non
homologue
ou mutationnel consécutifs à la confrontation degénomes
différents chezl’hybride
Fl.Suivi des recombinaisons dans les
hybridations
entre 0 sativa et 0lon-gistaminata
Les taux de recombinaisons entre les marqueurs ont été estimés à
partir
deséquations
de maximum de vraisemblance établies pour ces descendances dans le cas de 2 ou 3 loci(Allard,
1956).
Dans les situations à 3loci,
une simulation a étéréalisée pour obtenir les valeurs du
couple
(x, y)
optimisant
l’ajustement
entre lesfréquences
simulées et observées. Pour laplupart
deschromosomes,
on constate queles distances entre marqueurs sont sensiblement
plus
faiblescomparativement
à lapopulation
back cross de référence(fig 5).
La taille de la carte
développée
sur lapopulation
back crossinterspécifique
estde 1222 cM et
représente déjà
une relativement forte restriction à la recombinaison(70%)
comparativement
à cequi
est observé dans les croisementsintraspécifiques
où les valeurs
présumées
sont de 1950 cM(Tanksley
etal,
1992).
Cette variationimportante
des taux de recombinaison suivant que les marqueurs sontplacés
àpartir
de croisementsintraspécifiques
ouinterspécifiques
peut
être due à un effetdirect de
l’hybridation interspécifique
qui
«rapproche»
d’une certaine manière lesmarqueurs consécutivement à une forte sélection
gamétique
chezl’hybride
Fl. Cetterestriction à la
recombinaison,
dans la mesure ou elle estgénéralisée
sur l’ensembleLes distorsions de
ségrégation
dechaque
marqueur ont étéanalysées
pour les2 méioses
séparant
lagénération
étudiée del’hybride interspécifique
FI(tableau I).
En back cross de
première génération,
lességrégations
sontéquilibrées
avec unléger
excèsglobal
deplantes
enségrégation
pour le marqueursativa;
2exceptions
sont observées : RG 134 où le marqueur venant d’ O sativa est
systématiquement
présent
dans toutes les descendances et RG 869qui
est le seul marqueur montrantà l’inverse des autres une forte dérive à l’encontre de l’allèle d’ O sativa. La bonne
régularité
de lapremière génération
peut venir du fait que les descendances étudiéesproviennent
toutes deplantes autocompatibles
avec une fertilité suffisammentres-taurée;
cesplantes
peuvent constituer un biais en faveur des marqueurs d’O sativacar l’hérédité de marqueurs
isozymiques
sur l’ensemble de lagénération
derecroise-ment montre
plutôt
un retour vers 0longistaminata
(Ghesquière
etCausse,
1992).
Une distorsion de
ségrégation
dans cettegénération
peut être indicative d’uneliai-son avec le
gène
de barrièrereproductive
venant d’O sativa(D2)
surtout si elles’accompagne
localement d’un accroissement de recombinaison. Ces 2 conditionssont réunies pour le marqueur RG 869 sur le chromosome 12 et fournissent un bon
argument pour localiser D2 à
proximité
de ce marqueur. Au niveau de lagénéra-tion
d’autofécondation,
la difficulté de mettre enplace
et de maintenir lapopulation
recombinante
(plantes
albinos,
faiblesse)
pouvait
présager
de forts effets deviennent compenser une dérive attendue
beaucoup plus
forte en marqueurs venantd’O sativa. La
régularité
de cettegénération
BC1F2 dupoint
de vueintrogression
apparaît
ainsi comme la résultante de ces 2 éléments : sélection deplantes
auto-compatibles
fertiles àl’origine
des descendances étudiées et effets dedépression
consanguine
due au fardeaugénétique
d’ Olongistaminata.
L’observation du
développement végétatif
desplantes
montre unegrande
diver-sité dans la mise en
place
del’appareil rhyzomateux
que l’on peut caractériser parla date
d’apparition
despremières
tiges
aériennes par rhizomes(d)
et leur impor-tance relative dans la constitutionglobale
de laplante
(R)
au bout de 6 mois decroissance. Le rapport
R/d
est un bon indicateur de lapérennité
desplantes
pourcaractériser des
plantes
annulant laphase
detallage
pour émettre trèsprécocement
de nombreusestiges
aériennes par rhizomes(type
0longistaminata)
jusqu’à
desplantes
émettantquelques
rhizomes très tardifs. Sur l’ensemble desdescendances,
ily a un bon
ajustement
pour uneségrégation
3 :1 entreplantes
à rhizomes etplantes
totalement
dépourvues
de rhizomes(phénotype
obakeanalogue
auxhybrides
Fl).
Le caractère
R/d
pris
comme un indicateurphénologique
d’introgression
entre les 2espèces
montre une bonne relation avec le tauxd’introgression
mis en évidence surles marqueurs. La recherche de
QTL
paranalyse
de variance ne permet de retenirque le marqueur RG 109 sur le chromosome 1
(P
< 0, 001 - R2 =0, 23) ;
cetteanalyse
est confirmée par la recherche de liaisongénétique lorsqu’on
ne considère lecaractère «rhizome» que sous forme
présence
ou absence(r
=0, 26;
P <0,01).
RG109
apparaît
donc comme un bon candidat pour localiser legène
permettantl’ex-pression
des «rhizomes» et par la même occasion celuiqui
chez 0longistaminata
gouverne la barrièrereproductive
entre les 2espèces.
DISCUSSION
L’une des motivations essentielles
qui
a conduit à s’intéresser auxhybridations
interspécifiques
a été la recherche de nouveauxgènes
de résistancespécifique
(Jena
et
Khush,
1990).
En outre, il existe une diversité de résistance trèsimportante
dansles
espèces
sauvages, ycompris parmi
desespèces
non confrontées naturellement auxpathogènes
vis-à-visdesquelles
ces résistances sont observées(résistance
desespèces
sauvages africaines et américaines vis-à-visd’agents pathogènes présents
enAsie)
(Ikeda
etVaughan,
1991).
La localisation et le transfert de ces résistances se fondent engénéral
sur l’évaluation delignées
d’addition à 2n + 1 chromosomesavant leur sélection sous forme de
lignées
recombinées(Kobayashi
etal,
1992).
La
génétique
de l’introduction de ces résistances n’est pastoujours
très claire carsi certaines résistances semblent bien avoir été transférées pour s’hériter ensuite
de
façon
mendélienne,
de nouveaux spectres de résistanceapparaissent qui
necorrespondent
pas forcément aux résistancesprésentes
dans les parents mis enjeu
dans les croisements. C’est ainsi les
lignées isogéniques
issues du croisement avecO australiensis sont totalement résistantes à la race 5 de Xoo bien
qu’elles
n’aientpas été sélectionnées pour cette résistance étant donnée que le parent récurrent
présentait déjà
un certain niveau de résistance à cette racegrâce
augène
Xa-4.
IlDe la même
manière,
certainsgènes
provenantd’espèces
sauvagesprésentent
l’intérêt de donner une résistance à
plusieurs
races en même temps : legène
Xa-21provenant d’O
longistaminata
confère la résistance aux 6 races de Xooprésentes
aux
Philippines
et a été localisé sur le chromosome 11(Ronald
etal, 1992;
Ikeda etal,
1991).
Des résistancesmultiples
ont étéégalement
transférées àpartir
d’un croisement avec 0 minuta(génome BBCC) ;
lagénération
BC2 issue de cettecombinaison montre une décorrélation de résistances pourtant bien associées par
des
gènes
de résistance dans le parent récurrent(Amante-Bordeos
etal,
1992)
etconfirme,
comme l’observation despolymorphismes
moléculaires,
cette variabiliténouvelle
qui
sembleprovenir
deshybridations interspécifiques.
Jusqu’à présent,
tous les transferts de résistances àpartir
d’espèces éloignées
qui
ont été tentés semblent avoir étéobtenus;
si seuls desphénomènes
derecom-binaison sont en cause, cette réussite semble en contradiction avec la très forte
sélection
qui
s’opère
dans lespremières
générations pour
obtenirquelques
géno-types viables. Dans ces conditions le transfert de caractères
adaptatifs
à dominantepolygénique,
outre lesproblèmes
d’évaluationqu’il
pose,risque
d’être une sévèrelimitation à l’intérêt des croisements distants. L’utilisation des marqueurs
molécu-laires
cartographiés
fournit un outild’investigation
d’ungrand
intérêt pour étudierla recombinaison entre
génomes
différents. Le suivi du devenir desfragments
intro-gressés
dans lesgénérations
avancées au fur et à mesure de la sélection pour desplantes
fertiles à 24 chromosomes pourraindiquer
les niveauxd’introgressions
etles corrélations effectives de ces zones avec les caractères recherchés. Un
premier
exemple
de ce genred’approche
est donné par l’étude de descendances BC2F8is-sues de croisements entre O sativa x O
of
f
icinalis;
ces descendances montrent desintrogressions
qui
sont structurées enfragments
depetite
taillerépartis
surl’ensem-ble des chromosomes et sans relation évidente avec la résistance transférée
(Jena
et
al,
1992).
Leshybridations
avec 0longistaminata
montrentqu’une
fois que les barrières dereproduction
sontsurmontées,
lespossibilités
de recombinaisonpeu-vent être favorables. La construction d’une carte de liaison RFLP à
partir
d’un backcross
interspécifique
et la bonne colinéarité des marqueurs entre les cartes intra etinterspécifique
en sont une preuve manifeste. Même si la recombinaison en BC1F2apparaît quantitativement
plus
faible,
sarégularité
contraste avec les distorsions deségrégation
qui
peuvent êtreponctuellement
très fortesdans
certains croisementsindica-japonica
et être laconséquence
de la domestication des riz cultivés.Indépen-damment de la création de variabilité nouvelle
qui
n’est pas ànégliger
et dont les mécanismes sont àélucider,
lacompréhension
de facteurs comme le fonctionnementdes barrières
reproductives,
le bon déroulement de la méiose(appariements
chro-mosomiques
etpossibilités
decrossing
over)
peut contribuer à mieux déterminer lespotentialités
de recombinaisons favorables et les conditionsd’exploitation
desressources
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desespèces
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