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Étude expérimentale et théorique sur le spectre Raman
de l’eau de cristallisation dans le gypse
Jean Cabannes, Rose Aynard
To cite this version:
LE
JOURNAL
DE
PHYSIQUE
ETLE
RADIUM
ÉTUDE EXPÉRIMENTALE
ETTHÉORIQUE
SUR LE SPECTRE RAMANDE L’EAU DE CRISTALLISATION DANS LE GYPSE
Par JEAN CABANNES et ROSE AYNARD.
Faculté des Sciences de Paris.
Sommaire. 2014 Cette étude
a donné aux auteurs l’occasion de préciser le mécanisme de la diflusion de la lumière au sein d’un cristal par les ondes d’agitation thermique.
Un cas particulièrement intéressant est celui des cristaux dont la plus petite maille contient plusieurs molécules identiques plus ou moins étroitement liées. On verra comment interviennent successivement,
pour déterminer l’allure et le nombre des oscillations internes de ces molécules, la symétrie de la molécule et celle de l’édifice cristallin.
Appliquant
ces considérations théoriques au spectre Raman de l’eau de cristallisation dans le gypse,les auteurs sont parvenus à expliquer tous les détails de leurs observations.
111. NO AOUT 19~2.
1. 2013 Notions
théoriques
sur la diffusionde la lumière dans les cristaux.
1. On sait que la diffusion de la lumière dans un
cristal résulte d’une action des ondes
thermiques
du cristal sur la lumière incidente. Admettonsqu’à
chaque
onde sinusoïdale(électromagnétique
ouélastique)
est associé unquantum
dontl’énergie
h v >et
l’impulsion
hk sontproportionnelles
à lafré-+
quence v et au vecteur d’onde k. Affectons l’indice I
à l’onde lumineuse incidente et l’indice 2 à l’onde
diffusée. La conservation de
l’énergie
et du momentlinéaire
exigent
que-7 « +
,=±
kl== k1=’= k,
avec le
signe
+ ou lesigne
- suivantqu’un
quantum
élastique
,, k
est absorbé ou émis. *"En
désignant
par 0l’angle
des deuxvecteurs k1
,
ut
k2
(angle
dediffusion),
nous pouvons donner à laseconde
équation
la forme"’ . ()
X ; 1 == m ,> >, sis’)
et cette
importante
relation détermine lalongueur
i.de l’onde
élastique
qui
va diffuser l’ondelumi-neuse
î.,
dans la direction 0.Mais ce
qui
nousintéresse,
c’est lechangement
de
fréquence
V2 - VI = --t v lié à la diffusion de lalumière. Pour cela il nous faut connaître la relation entre la
fréquence
et lalongueur
d’onde Î. des ondesélastiques qui
sepropagent
dans le cristal.Soit s le nombre des réseaux d’atomes
congruents
qui
constituent l’édifice cristallin. Born a montré que,lorsqu’on
fixe lalongueur
d’onde,
il existe 3 .sfré-quences,
généralement
distinctes,
qu’on peut partager
en deux
groupes :
Trois
fréquences
ditesacoustiques qui
s’annulentlorsque
lalongueur
d’ondeaugmente
indéfinimentet 3
(s
-i)
fréquences
optiques
qui
tendent versdes valeurs non nulles.
Nous réserverons à ces valeurs limites non nulles
le nom de
fréquences
propres du cristal. A chacune d’ellescorrespond
une oscillation au cours delaquelle
les s réseauxpartiels
à cristal sedéplacent
les uns par
rapport
aux autres sans se déformer et enconservant leur orientation.
Lorsque
le cristal est éclairé en lumière visibleou
infrarouge,
lalongueur
d’onde durayonnement
électromagnétique
et celle des ondesélastiques
peuvent
être considérées enpremière
approxi-mation comme infiniment
grandes
parrapport
aux138
distances
interatomiques
et aux dimensions de lamaille du cristal. Les
fréquences
observées dans lesspectres
d’absorption
et de diffusion seront donc lesfréquences
propres du cristal telles que nous venonsde les
définir;
ce sont les mêmes méthodesspec-troscopiques qui
vont donner lesfréquences
propresd’un cristal et celles d’une molécule dans un fluide.
Cependant
uneimportante
différence doit êtresignalée
entre les deux cas. Nous venons de voirqu’un
cristalpossède
3 s -3
fréquences
propres
différentes de zéro.
Or,
pour avoirle
nombre desoscillations fondamentales d’une molécule
isolée,
il
faut
retrancher,
des 3 spetits
mouvementsindé-pendants,
3 translations et 3rotations,
et il nereste que 3 s - 6
fréquences
non nulles. Ladiffé-rence vient de ce que, dans un cristal où les réseaux
partiels
conservent une orientationfixe,
une rotation desparticules
de base vaproduire
une torsion locale aveccouple
derappel
et mouvement interne defréquence
non nulle.2. De même que les oscillations des atomes dans
une molécule se classent en autant de
types
qu’il
y a dereprésentations
irréductibles dans le groupe de recouvrement de l’édificemoléculaire,
de même les oscillations des réseauxsimples
d’un cristal se classent en autant detypes
qu’il
y a dereprésen-tations irréductibles dans le
groupe
finiisomorphe
du
groupe
de recouvrement de l’édifice cristallin.Le
problème
de la molécule et celui du cristal seramènent ainsi l’un à l’autre.
La théorie des groupes
permet
donc de dénombrer et de classer apriori
lesfréquences
propres d’un
cristal.
L’application
desrègles
bien connues desélection et de
polarisation
permet
ensuite dedéter-miner à
quelle représentation
irréductible dugroupe
se rattache une raie
spectrale.
On trouvera dans deux Notes antérieures[ I ~, [2]
l’orientation à donner au cristal et les mesures à faire pour arriverrapide-ment et avec certitude au résultat.
3. Dans certains
cristaux,
comme lequartz,
les atomes sont étroitement liés entre eux de manièrequ’il
estimpossible
d’y
trouver tel ou telgroupement
dont les oscillationsseraient,
enpremière
approxi-mation,
indépendantes
de la structure cristalline. On nepeut
pas
considérer lequartz
comme unempilement
régulier
de moléculesSi02;
chaque
atome de silicium y est étroitement
uni,
non pasà
deux,
mais àquatre
atomesd’oxygène.
Dans d’autres cas, aucontraire,
nous rencontrons desgroupes
d’atomesplus
étroitement liés entre euxqu’ils
ne le sont avec le reste du cristal. C’est le casde la calcite avec les ions
C03;
dugypse,
avec les ionsS04
et l’eau de cristallisation. On retrouve dans la calcite desfréquences
très voisines de cellesqu’on
observe dans la solution d’un carbonatealcalin;
dans le gypse, desfréquences
voisines de cellesqu’on
observe dans la solution aqueuse d’unsulfate. Les
groupements C03, 504, H20
conservent,
dans le
cristal,
leur individualité. Onpeut
alorsdistinguer
les déformations internes dugroupement
complexe,
dont lesfréquences
sont relativementélevées,
et sesdéplacements
parrapport
aux ionsvoisins,
dont lesfréquences
sontplus
basses.Ces remarques,
applicables
aux selsqui
contiennentun ion
complexe
ou aux cristaux de la chimieorga-nique
dont les molécules sont faiblement liéesentre
elles,
ont unegrande portée,
et il y a lieu d’en tirerparti
pour l’identification et larepré-sentation
schématique
des mouvementsfonda-mentpux.
Ellespermettent
dedistinguer,
dans lescristaux où l’on retrouve avec leurs caractères
essentiels certains
groupements
d’atomes connus àl’état
libre,
les oscillations internes de cesgrou-pements
des oscillations dites externes au coursdesquelles
lesgroupements
constitutifs du cristalglissent
oupivotent
les uns parrapport
aux autres.4. Les
problèmes
lesplus
intéressants sont relatifsaux cristaux dont la
plus petite
maille contientplusieurs
groupements
de mêmeespèce :
c’est lecas du
gypse,
dont la maille contient 2 ionsS04
et
4
moléculesd’eau;
celui d’un cristal denaphtalène,
dont la maille contient 2 molécules. Achaque
fréquence fondamentale
dugroupement
isolécorres-pondent plusieurs
fréquences
propres du cristalqu’on
obtient encouplant
convenablement
lesoscil-lations de tous les
groupements
de mêmeespèce
contenus dans la maille.On connaît
bien,
parexemple,
les oscillations d’unsystème
de trois atomesidentiques
auxsommets d’un
triangle équilatéral (fig.
Ia).
Suppo-sons que la maille d’un cristal contienne deux
groupements
identiques
auprécédent
MNP et 11~’N’P’. Lesfréquences
internes VIet 1J2 =::: ’J3
dugroupement
isolé vont sedédoubler
parcouplage.
Pour fixer les
idées,
nousenvisagerons
successi-vement le cas où les deux
groupements
sont centréssur le même axe ternaire avec un centre de
symétrie
0sur l’axe
(fig.
1b), puis
le cas où ils sontdisposés
dans le mêmeplan
avec un centre desymétrie
0 dans ceplan (fig. 1 c).
Les schémas montrent bien comment vont se
multiplier
danschaque
cas lesfréquences
primitives.
Les forces de
couplage peuvent
se manifester deplu-sieurs manières :
1 ° Dans les deux cas, elles dédoublent chacune des
fréquences
primitives
et les oscillations nouvellessont,
l’unesymétrique,
l’autreantisymétrique
parrapport
aucentre;
2~ Dans le second cas, leur action sur chacun des
triangles
détruit lasymétrie
ternaireprimitive
etsupprime
ainsi ladégénérescence. L’analyse
de la structure cristalline par lesrayons X peut
ne pasde
l’énergie potentielle
dusystème
oscillant n’a pasconservé la
symétrie
primitive
d’oùprovenait
ladégénérescence.
Fig, ~ .
1’ous ces
dédoublements
sont liés au fait que la maille cristalline contientplusieurs
groupements
identiques.
Dire que la maille contientplusieurs
molécules de même
espèce,
c’est dire que les élémentsitératifs d’une molécule isolée ne coincident pas avec ceux de
l’édifice
cristallin. Dans le casgénéral,
on
abordera
donc leproblème
de la manière suivante :r ~ Dénombrer et classer les
fréquences
propres de lamolécule,
prise
isolément,
suivant lesreprésen-tations irréductibles de son groupe de
recouvrement;
2~
Supposer
que toutes les molécules de la mailleont
pris
un des mouvements ainsi définis et fairele
couplage
de manière à retrouver lesreprésenta-tions irréductibles du groupe de recouvrement du
cristal.
Telles sont les idées
générales
que l’un de nous aappliquées
à l’étude dugypse
[3]
etqui
ontguidé
MM. Kastler et Rousset dans leurs recherches sur
les cristaux du
naphtalène [4]
et des dérivésdihalo-génés
du benzène[5].
II. -
Spectre
Raman dugypse.
5. Le gypse est un cristal holoèdre du
système
binaire dont
les
opérations
de recouvrementforment,
d’après
Wooster[6],
le groupespatial ~e,~
- C 2 le.Fis. 2.
La
figure 2
montre les éléments d’itérationprojetés
sur leplan
duclivage principal
010. En effectuanttoutes les itérations du groupe, on vérifie que la
Fig. 3.
maille
(a,
b,
c)
contient huithomologues
MIM2M3M4’
Mf¡ M’2 M/;¡ Mf,¡
d’unpoint
arbitraire(fig. 3).
Mais onsait que le
produit
de deux rotations autour de deux axes binairesparallèles
équivaut
à unetransla-’
tion;
il enrésulte,
dans le casprésent,
que les réseauxpartiels
auxquels
appartiennent
lespoints
MsM4Mf3 M’,
’
sontrespectivement
superposables
à ceuxauxquels
)
appartiennent
lespoints
M1M2M’ M’:!
par latrans-, lation x
y
= .
Il ne restedonc,
endéfinitive,
;que
quatre
points
homologues
noncongruents;
~ ils sont deux à deux
symétriques
parrapport
au. centre i,
; En d’autres
termes,
le réseau est dutype octaédral;
~
, les faces
rectangulaires
001 duprisme
oblique (a,
b,
c)
, sont centrées et ceprisme
n’est pas laplus
petite
:
maille.j La maille
(a,
b,
c)
contientquatre
moléculesS04,Ca,
~ H2 a;
plus
exactement elle renfermequatre
ionssa 4’
quatre
ions Ca et huit molécules d’eau. Il y a donc i autant de molécules d’eau que depoints simples
140
double,
et Wooster a montréqu’ils
sont sur lesaxes
binaires
non hélicoïdaux.6. Le
spectre
Raman d’un cristalpeut
donner sur la structure desrenseignements
qui échappent
auxrayons X. En
particulier,
le spectre
Raman du gypse révèle unedéformation
des tétraèdressa 4
et met en évidence les noyaux H.Les
premières
recherches sur lespectre
Raman dugypse
datent de 1929; elles sont dues à Krishnan[7].
Schaeffer,
Matossi et Aderhold ont montréplus
tard
[8]
que l’intensité et ladépolarisation
desbandes
dépendent
de l’orientation du cristal et ceschangements
ont étéprécisés
par Nisi[9].
Rasetticompara
lesfréquences
dugypse
et del’anhy-drite Enfin nous avons nous-mêmes
multiplié
les observations et cherché àinterpréter
les carac-tères essentiels des bandes observées[II],
[ ~ 2], [3].
Ces bandes sont lessuivantes
(évaluées
en nombresd’ondes au
centimètre) :
Le
groupe
(I)
comprend
des radiations peudisper-sées,
attribuables aux mouvements externes desmolécules et des ions. Les
bandes
dugroupe
(il)
proviennent
des oscillations internes des ionsSO 4.
Onretrouve,
dans le groupe(III),
lesfréquences
d’oscillation des atomes
d’hydrogène
dans les molécules d eau.Les intensités de ces bandes
(sauf 1007)
varient avec l’orientation ducristal;
il n’est donc paspossible
de leschiffrer,
comme ont crupouvoir
lefaire certains auteurs.
Cependant
la raie 1007 restetoujours
laplus
intense. La bande 618paraît
large
etpeut-être
saposition
varie-t-ellelégèrement
dansl’intervalle 61 ~-6~o avec
l’orientation du
cristal. 7.L’analyse
de la structure dugypse
par Wooster a montré que les moléculesd’eau
n’y
sont pasdirec-tement liées entre
elles,
et l’onpeut
considérercomme
négligeables
leurs actions mutuelles. Onpeut,
d’autrepart,
considérer le cristal comme formé de couchesd’ions,
planes
etparallèles
à la directionO 10,
cimentées les unes aux, autres par les moléculesd’eau et
laperfection
duclivage
OIO dans le gypserévèle
la faible liaison de ces molécules avec lesions des couches voisines Nous admettrons
cependant qu’à
latempérature
ordinaire lesoscilla-tions des diverses molécules d’eau dans le cristal
ne sont pas
incohérentes, que le
couplage
est suffisant pour les coordonner et que lasymétrie
de l’édi-fice détermine le mouvement desquatre
molé-culesMIM2M’IM’2
contenues dans laplus petite
maille àpartir
dumouvement
de l’une d’elles.Prise isolément dans la vapeur, la molécule
H20
a pour
fréquences
fondamentales~5g~,
365o et3750
cm l. Or nous avonsobservé,
dans lespectre
Raman du gypse, les
bandesl166o,
3404
et13494
cm-r.Fig. Ç.
La figure, parallèle au plan a- b,
représente
les molécules d’eau dans la maille du gypse. Une couche d’ions S04 et Ca, non représentée, est comprise entre les deux couches de molécules d’eau. Le cristal est constitué par la superpo-sition de couches d’ions et de couches d’eau. Le clivageprincipal est parallèle à ces couches superposées.
D’autre
part,
J. W. Ellis[13]
a observé dans lespectre infrarouge
les bandes1640,
33go
et 3 5 1 o cm.-l. Lesbandes 1660-1640
du cristalproviennent
évi-demment,
comme la bande1595
de la vapeur, de ladéformation de
l’angle
oc des traits devalence;
les autres34o4-339o
et3494-35io,
des oscillations des atomesd’hydrogène
lelong
des traits de valence.Puisque l’angle
ex estsupérieur
àgoo,
lafréquence
la moins élevée
34o4-33go
est celle de l’oscillationsymétrique
parrapport
à l’axe binaire de lamolé-cule
H,O,
que nousdésignerons
parS,
et lafréquence
la
plus
élevée3494-3510,
celle de l’oscillationanti-symétrique,
que nousdésignerons
par A.Il
s’agit,
àpartir
des oscillations S et A de lamolécule
M, (fig.
3),
depréciser
les oscillations des autres molécules de la maillelVf2M’,M’.,.
On les trouve immédiatement dans le tableau suivant.où les molécules affectées d’un même
signe
oscillentles
premières.
I)ails ce tableau les lettres c- ou (xindiquent
que l’oscillatioll estsymétrique
oualti-symétrique
par rapport aux centres i et aux axesbinaires
G2
(lU cristal.1
Les oscillations I et
II,
symétriques
parrapport
aux centres, sont actives dans la diffusion de la
lumière et inactives dans
l’absorption;
c’est le contraire pour les oscillations III etIV,
antisymé-triques
parrapport
aux centres.On
peut
donc s’attendre àtrouver,
dans lespectre
de diffusion dugypse,
quatre
bandes Raman del’eau de
cristallisation,
provenant
des oscillationsdes atomes
d’hydrogène
lelong
des traits de valence : deux oscillations dutype
S,
l’unesymétrique
1et l’autre
antisymétrique
II parrapport
aux axesbinaires du
cristal,
et deux oscillations dutype
A,
l’une
symétrique
1 et l’autreantisymétrique
II par rapport aux axes binaires. Nous lesdésignerons
par Su et Ac et Aex.
En
réalité,
on n’observe que deux bandes; il estprobable
que l’une(34o4) correspond
auxfré-quences 55 et
Sot, trop
voisines pourapparaître
distinctes;
l’autre auxfréquences
A 7 etAcx,
trop
voisines elles aussi. Un meilleurpouvoir
de résolutionséparerait-il
les bandesqui
nousraissent confondues ? Il semble bien
qu’un
chan-gement
de l’orientation du cristaldéplace
légè-rement la
large
bande349LI,
cequi indiquerait
queles oscillations A7 et
A oc,
dont les intensités varient suivant des lois différenteslorsqu’on
change
l’orien-tation ducristal,
n’ont pas exactement mêmefréquence
à latempérature
ordinaire. D’ailleursl’identité
rigoureuse
desfréquences
signifierait
que lecouplage
est nul entre les molécules1VI1
etlVr2
et queleurs oscillations sont incohérentes.
Les deux bandes
d’absorption qu’on
observe dansl’infrarouge
résultent aussi de lasuperposition
de deuxfréquences
Sa + Soc d’unepart,
et Au + Aad’autre
part.
Mais ils’agit
ici d’oscillationsanti-symétriques
parrapport
aux centres i du cristal.Puisque
les oscillationssymétriques
etantisymé-triques
parrapport
aux axes binairesC2
coïncidentpratiquement,
onpeut
penserqu’il
en est ainsi des oscillationssymétriques
etantisymétriques
parrapport
auxcentres,
c’est-à-dire que les écarts entreles
fréquences
3iofy
et339o
d’unepart,
3494
et 3510d’autre
part,
sontimputables
àl’imprécision
desmesures dans le
spectre infrarouge.
III. -
Couplage
des oscillations interne des molécules dans un cristal biaxe. 8. SoientC) u, 0 v, 0 rv
les axesprincipaux
d’une des molécules1B1,
l’axe 0 rn étantperpendiculaire
auplan
de la molécule. Nous définirons le vecteur
élec-trique 6
de l’onde lumineuse incidente et le moment 31éinduit dans la molécule par leurs
composantes
suivant trois axes de coordonnéesrectangulaires
(numérotés
1, 2,
3),
et nousprendrons
la direction 2parallèle
à l’axe binaire du cristal. Nousdési-gnerons par
A,
B,
C les réfractivitésprincipales
de lamolécule;
parli,
in,, n, les cosinus desangles
que font les axes
principaux
0 li,
0 v,
0 w avec l’axe de coordonnées numérotéi;
par el = 80, cos £2t et ,?11; co; !2t lescomposantes
suivant cetaxe du vecteur
électrique
et du moment induit.Ce moment induit est lié au
champ électrique
parles
équations
linéairesCe sont les variations du tenseur
symétrique [s]
etde
l’ellipsoïde
des réfractivitéscorrespondant
qui
déterminent lespectre
Raman de la molécule M. Dans le cas d’une oscillationsymétrique S,
l’ellip-soïde des réfractivités se déforme en conservant les mêmes directionsprincipales;
seules varient lesréfractivités
A, B,
C. Dans le cas d’une oscillationantisymétrique
A,
l’ellipsoïde
oscille sansdéfor-mation autour de l’axe
perpendiculaire
auplan
de la
molécule;
seuls varient les cosinus direc-teursI1, 1,, ~3
et mi, m2, M3*D’une manière
générale,
soit une oscillation depulsation
(,)définie
par la coordonnée normalei - ~ cos ( c~ t -~- ~ ).
On obtientl’amplitude
dumoment induit
qui
émet la raie Raman depulsa-tion Q-ce,
enremplaçant,
dans le tenseur[s],
relatif à l’état
d’équilibre
de lamolécule,
lescoeffi-cients / par les
demi-différentielles ’-
J
osii
Clen s ’ par es eml- I eren le
es
..’:..Nous avons
ainsi,
pour l’oscillationS,
untenseur
[o-]
danslequel
chaque
coefficient o-ii sedéduit du coefficient
correspondant
du tenseur[s]
par substitutionde (
dA
àA,
et ainsi de suite.D’où .
~
’
Nous avons de
même,
pour l’oscillationA,
untenseur
[r]
danslequel chaque
coefficient 7 j sedéduit du coefficient
correspondant
du tenseur[s]
142
qu’on
peut
écrireplus simplement
en tenant
compte
de ce que l’axe reste fixe eten
utilisant
la relation9. Il
s’agit
de passer du moment induit dans lamolécule
Mi,
que l’on vientd’étudier,
au momentinduit dans les trois autres molécules de la maille et
d’ajouter
les valeurs obtenues.Puisque
les oscil-lations actives dans la diffusion de la lumière sontsymétriques
parrapport
au centre i(fig. 3),
les moments induits dans les moléculesM’,
etM’,,
sontrespectivement
égaux
aux moments induits dans lesmolécules
Ml
etM2,
et il nous suffira de faire lecalcul pour la molécule
M2
dont les axesprincipaux
ont les cosinus directeurs contenus dans le tableau suivant :
Si les oscillations des
molécules
sontsymétriques
parrapport
aux axes ducristal,
lescoordonnées
normales ~
sontles mêmes à
chaque
instant pour
les
molécules
Mi
etM2
et le demi-momentinduit
dans
lamaille
estSi les oscillations sont
antisymétriques
parrapport
aux axes, les coordonnéesnormales
sont,
à uninstant donné,
-f- ~
pour lamolécule
Mi
et- 1
pour la molécule
1VI2;
le demi-moment induit dans la maille est alorsLe vecteur
qui
mesurel’amplitude
du
champ
élec-trique
de l’ondelumineuse incidente
et celuiqui
mesure
l’amplitude
du moment induit sont donc reliés par un des deux tenseurscomplémentaires
l’unde l’autre
selon que la raie Raman
provient
d’une oscillationsymétrique
ouantisymétrique
parrapport
aux axesbinaires
du cristal. L’unde
nous avaitdéjà
publié
ce résultat
général
avec lesconséquences qu’il
entraîne
[i].
Mais,
dans le casparticulier
que nousenvisageons
ici,
nous pourrons, enoutre,
calculer les coefficients de ces tenseurs connaissantl’orien-tation
et lesréfractivités
principales
des moléculesd’eau
dans lamaille.
Les tenseurs
[c-]
etdéterminent les caractères
propres
àchacun
des deuxtypes
d’oscillations
actives et
l’orientation
qu’il
faudra donner
aucristal
pourles
distinguer
facilement. Soit 0 ~
le rayonlumineux
incident;
un rayondiffusé
à
goo;
0 z la
normale
auplan
de
diffusion.
Lestableaux suivants font connaître la vibration
lumi-neuse
diffusée
(P
ouR)
enfonction de la vibration
incidente
(Y
ouZ)
lorsque
l’axe binaire numéroté 2
est
parallèle
ou Q z.On en déduit l’intensité I
~--
i et ladépolari-sation I de la lumière
diffusée par
un cristal éclairéSi l’on fait tourner le
cristal
degoo
autourde
l’axebinaire,
les indices i et 3 sepermutent,
maisl’inten-;ité des bandes x reste
invariable,
cequi
permet
engénéral
de les identifier. On pourracontrôler
cette[dentification en recevant sur un
polariseur
lalumière
diffusée,
l’axebinaire
étantparallèle
au rayonincident;
lefacteur
dedépolarisation
est nulou
infini,
suivant
quel’oscillation
estsymétrique
ou
antisymétrique.
IV.
-Vérifications
expérimentales
sur
l’eau
decristallisation du
gypse,
10. Pour calculer les coefficients a et
b,
nousadop-terons
la
structureproposée
parWooster
[6].
L’oxygène
0d’une molécule
H20
estlié
auxoxygènes
les
plus
proches
0’
et 0"des ions
sa 4
voisins.
Les2013 20132013
vecteurs 00’ et 00" sont définis par le tableau suivant :
-
-. {, __
dans
lequel
rdésigne
la distance des noyaux atofmiques ;
OJ
l’angle
du
vecteur avecle
senspositi-Fig.
5,de l’axe
cristallographique
b ;
9,l’angle
de sa projec-tion sur la base a - c avec le sensnégatif
de
l’arête
a(fig.
5).
Nous admettrons que lesdeux
hydrogènes
de la molécule d’eau sont sur les traits 00’ et 0©"
dont
l’angle
est de 1080 environ.L’angle
duplan
OO’O" avec leclivage
fibreuxdu
gypse est de 1 la : c’est aussil’angle
de la molécule d’eau avec ceclivage.
Pour
simplifier
les calculs enpremière
approxi-mation,
nous supposerons leplan
des moléculesd’eau
parallèle
auclivage
fibreux,
avec un destraits de valence suivant l’axe binaire et l’autre
perpendiculaire
à cet axe, et nousdésignerons
par 0l’angle
duclivage
fibreux avec leplan
de coordonnées 1-2(fin. 6).
/
Fig. G.Oscillations
S. - Enremplaçant
lescosinus
directeurs par
leurs valeursdans la
formule fondamentale
on obtient les coefficients des tenseurs
[ul
et[«
144
Oscillations a. - On obtient ici les coefficients
des tenseurs
j~~
etJ
àpartir
de la formule fonda-mentaleen y
remplaçant 1,,
parsin [3
cos0,
cos3,
sin ~
sin~,
en considérant~3
comme une fonctionde ~,
en dérivant parrapport
à ~
et enposant
enfin
fi
=45°.
Ces coefficientssont,
au facteur 22013
5(/::.
près,
’
De notre
hypothèse
sur l’orientation des molécules d’eau dans le cristal découle donc l’inactivité de l’oscil-lation Aa. A cetteapproximation
on a en3494
une bandesymétrique
donnée par l’oscillation Av.Lorsque
l’axe binaire est orientéparallèlement
àO x,
les intensitésprévues
sontPour la bande
Pour la bande
L’intensité de la bande
3/j9Q
doit s’annulerlorsque
0 ~ o, c’est-à-direlorsque
leplan
duclivage
fibreux
(ou
de la moléculed’eau)
estparallèle
auplan
i -2 que nous avons
pris
pourplan
dediffusion. Elle doit être maximum
lorsque
0 =90°,
c’est-à-dire
lorsque
leplan
declivage
estparallèle
au
plan
2 - 3perpendiculaire
auplan
de diffusion.11. Pour vérifier ces
conclusions,
nous avonstaillé un cristal de gypse suivant un
prisme
octogonal
à
génératrices
parallèles
à l’axe binaireet,
après
avoir couché l’axe suivant le faisceau de lumière incident
Ox,
nous avons fait tourner le cristal etphotographié
successivement lespectre
diffusé sui-vantOy
à travers chacune des huit faces duprisme
octogonal.
Nous avons constaté que :io l’intensité des bandes diffusées par deux faces
opposées
est lamême;
z~ la raie
symétrique,
de l’ionS04
garde
une intensitéconstante;
30 les bandes de l’eau
présentent
un maximumet un minimum à
goo
l’un del’autre;
4~
l’intensité de la bande S3044
est maximum et celle de la bande A3494,
minimumlorsque
leplan
duclivage
fibreux estparallèle
auplan
dediffusion
de la lumière.
Par
ciiregistrenient
desspectres
aitInicrophoto-metre,
nous avonsobtenu,
enprenant
comme termede
comparaison
l’intensité de la raie iooy, les résultats suivants :Comme nous l’avions
prévu,
l’intensité de la bande34g4
est minimumlorsque
leclivage
fibreuxest
parallèle
auplan
dediffusion;
mais le minimum n’est pasnul,
et cela n’a rien d’étonnantpuisque
le calculsimplifié
qui
nous avait conduits à un minimumnul
s’appliquait
à des molécules dont la forme etl’orientation n’étaient
qu’à
peuprès
exactes. Enréalité,
l’oscillation Aa n’est pasinactive;
on constateen effet :
10 que,
pour 6
= o(minimum d’intensité),
lefac-teur de
dépolarisation
estsupérieur
à n ;2° que la
position
de la bande varielégè-rement suivant l’orientation
qu’on
donne au cristal. Si maintenant on oriente l’axe binaireparallè-lement à
Oz,
on aL’expérience
montrequ’effectivement
la bande3$9fi
est intense et
polarisée
avec p r.En ce
qui
concerne les oscillations’S,
lorsqu’on
oriente l’axe binaireparallèlement
àO.x,
on observe une bande intense et trèspolarisée
avec p i.
Or,
le calcul donne dans ce casNous pouvons donc considérer comme presque nuls les coefficients b du tenseur
[r]
et la bande3~o4
se trouveêtre,
elleaussi,
une bandesymétrique
oBSi maintenant nous faisons tourner le cristal autour
de l’axe
Ox,
l’intensité de la bande variedepuis
le maximum( JG )
pour b + °jusqu’au
minimum ,qui
est environ5,5
foisplus
petit,
pour
0 =goo.
On en conclut que1
diffère
dC;
1
peude 1 dE
1 est
que,probablement,
la réfractivité de1 1, 1 t, ,
t t
la molécule
3
reste à peuprès
constante auAinsi toutes les observations que nous avons pu
faire sur le
spectre
Raman de l’eau de cristallisation dans legypse
sont faciles àinterpréter
si l’on admet la structureproposée
par Wooster. Lesoscillations S« et A ex sont peu
actives,
et c’est laraison pour
laquelle
l’un de mus[12]
avait puconclure
antérieurement,
au cours d’une étudeplus
sommaire,
que les bandes3"o~l
et3~94
pro-viennent d’oscillationssymétriques
parrapport
àl’axe binaire.
1’Ianuscrit reçu le 3 juillet 19!12.
BIBLIOGRAPHIE.
[1] J. CABANNES, C. R. Acad. Sc., 1940, 211, p. 625.
[2] J. CABANNES, C. R. Acad. Sc., 1940, 211, p.750.
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[9] H. NISI, Japan. Journal of Physics, 1931, 7, p. 1.
[10] F. RASETTI, Nuovo Cimento, 1932, 9, fasc. 3.
[11] J. CABANNES, C. R. Acad. Sc., 1932, 195, p. 1353.