HAL Id: jpa-00208188
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Submitted on 1 Jan 1974
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Étude cinétique de l’effet d’hystérésis dans les
transitions polymorphiques influence de la surpression
J. Leliwa Kopystynski, J. Peyronneau, A. Lacam
To cite this version:
J. Leliwa Kopystynski, J. Peyronneau, A. Lacam. Étude cinétique de l’effet d’hystérésis dans les
transitions polymorphiques influence de la surpression. Journal de Physique, 1974, 35 (7-8), pp.609-
614. �10.1051/jphys:01974003507-8060900�. �jpa-00208188�
ÉTUDE CINÉTIQUE DE L’EFFET D’HYSTÉRÉSIS
DANS LES TRANSITIONS POLYMORPHIQUES
INFLUENCE DE LA SURPRESSION
J. LELIWA KOPYSTYNSKI
(*)
Institut de
Géophysique
de l’Académie Polonaise desSciences, Pologne
J. PEYRONNEAU et A. LACAM Centre National de la Recherche
Scientifique
1, place A.-Briand,
91190 Bellevue, France(Reçu
le 10 décembre1973,
révisé le 12 mars1974)
Résumé. 2014 La surpression étant définie comme étant l’écart
expérimental,
à un moment donné,vis à vis de la pression d’équilibre thermodynamique des phases solides, on propose un modèle
mathématique dans lequel l’évolution de la transition est liée à la surpression. Pour ce faire, on
admet que la germination et la croissance des germes sont des fonctions de cet écart. L’équation mathématique obtenue rend bien compte de l’allure des phénomènes expérimentaux. Une compa- raison
théorie/expérience
est faite dans le cas du chlorure de rubidium.Abstract. 2014 Overpressure is defined as the difference between the thermodynamic equilibrium
pressure and the pressure observed, at a given moment, during a phase transition of solid phases.
We propose a mathematical model in which the rate of this transition and, in particular, the rates
of nucleation and of growth are a function of overpressure. The theoritical results are in a good qualitative agreement with experimental data for RbCl.
Classification
Physics Abstracts
7.488
Dans une
précédente
étudecinétique [1]
de l’effetd’hystérésis
queprésentent
les transitionspolymor- phiques
induites par lapression,
nous avions pu montrer que le modèlemathématique qui
se rappro- chait leplus
del’expérience correspondait
à unegermination
d’ordre un associée à une croissance monodimensionnelle. Toutefois ce modèle nepouvait
être
accepté
sans réserves. Eneffet,
un tel résultat avait été obtenu en fixant lesorigines
auxpressions PN
etPn
pourlesquelles
les transitions sont décelablesexpérimentalement.
Enfait,
cespressions
ne consti-tuent pas des
repères physiques caractéristiques.
Expérimentalement
elles ne sont que la traduction del’énergie
deconfiguration
des sitespotentiels.
En
revanche,
l’évolution de la transition est direc-tement liée à la
surpression
vis à vis de lapression thermodynamique d’équilibre
desphases.
Cette der-nière
correspond
au centre de la zone d’indifférence tellequ’elle
a été définie parBridgman [2].
Le butrecherché ici est de tenir compte de cette réalité
physique.
Comme pour les études
précédentes [1], [3] l’équa-
tion
volumétrique
de base reste valabledans
laquelle le volume total V(t)
sous pression au
temps t est égal
à la somme des volumes du liquide
compresseur
VL et
desphases
solidesVi
etV2 au
même moment. Si nous introduisons une fonction
v(t)
traduisant le
degré
d’avancement de la transformationet si nous considérons les coefficients de
compressi-
bilité aL, al et a2 des corps en
présence,
soient plet P2 les densités des
phases solides,
nous parvenons àl’équation générale
suivante :AP(t)
étant lasurpression
vis-à-vis de lapression
(*) Adresse actuelle : C. N. R. S., 1, place A.-Briand, 92190 Bellevue.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01974003507-8060900
610
d’équilibre thermodynamique
et :représente
lechangement
total de volume induit par lapression
et la transitionpolymorphique.
De
l’éq. (2)
l’on peut tirer la fonctionv(t) :
Les seules
hypothèses physiques
faites sont lessuivantes :
- L’ensemble sous
pression garde
unetempé-
rature constante
pendant
la transformation comptetenu de l’énorme
capacité calorifique
de l’enceintehaute
pression
et de la très faible vitesseopératoire.
- Les
compressibilités
duliquide
et desphases
solides varient linéairement au
voisinage
des pres- sions de transitions.Dans ces conditions nous avons pu montrer
[3]
qu’il
étaitpossible d’adopter
pourv(t)
uneexpression
de la forme :
où
v(t - r) correspond
au volume au moment td’un germe de la nouvelle
phase
créé à l’instant idz
représente l’augmentation
du nombre de germespendant
l’intervalle dr.Nous avions admis
précédemment [3]
que la crois-sance obéissait à une loi de la forme :
avec
k étant
égal
à1,
2 ou 3 selon que l’on suppose que la croissance est mono-, bi- ou tridimensionnelle. De mêmel’augmentation
du nombre de germes(densité
initiale
r)
se mettait sous la forme :avec
Le fait de considérer ak et
Pk
comme des constantesconstitue une
première approximation.
En réalitéces coefficients ont une
dépendance
vis à vis de lasurpression.
Cette dernière est, dans nos conditionsd’expérience,
une fonction du temps. Pour tenir compte du comportementphysique
des échantillonsnous pouvons admettre une
dépendance
des coeffi- cients de croissance ak et degermination Pk
vis-à-visdu temps
pendant
latransformation,
on a alors :et
dans ces conditions les relations
(6)
et(7)
deviennent :d’où
et en associant
(9)
et(11)
on obtient pour la rela- tion(5) :
dans cette
expression
le facteurest la traduction du nombre de germes apparu dans l’intervalle
0, r
etexprime
la croissance des germes nés au temps 1:.L’expression (12)
est utilisablepratiquement lorsque
l’on connaît ak et
Pk-
Le milieu étant considéré commeisotherme ces
paramètres
nedépendent plus
que de lapression,
c’est-à-dire de l’écart à lapression
ther-modynamique PT d’équilibre
desphases.
Nous sup- poserons que ak etPk
sont liés à[P(t) - PT]/PT
par des relations de la forme :
A
partir
del’éq. (2)
on peut écrire que :avec :
La relation
(12)
devient en tenant compte de(13),
(14)
et(15) :
Dans cette
expression
les constantesÀ1, À2
etÀ3 dépendent
des conditionsexpérimentales
choisies.Elles sont mesurables. Il en est de même de
AV(t) qui correspond
à la variation de volumeimposée
dans le
dispositif piston/cylindre.
Elle suit une loide la forme :
En revanche
k,
ak,Pk,q
et r doivent être arbitrairement fixés en fonction du processus de transformation étudié et des résultatsexpérimentaux
le concernant.En
conjugant (17)
et(18)
nous obtenons :avec :
et
Pour obtenir la relation AP =
AP(A V)
la solutionde cette
équation
estintroduite,
compte tenu de(18),
dansl’expression (15).
Pour trouver la fonction
v(A V)
del’éq. (19)
nousavons utilisé la méthode
d’approximation
suivante :en remarquant que la fonction croît de
façon
mono-tone et que ses valeurs sont
comprises
entre 0 et1,
le
changement
de volume peut donc se mettre sous la forme :Nous pouvons alors chercher la fonction
v(A V), qui
serait constituée d’ungrand
nombre de segments dedroite,
telle que :Le
problème numérique
consiste à trouver l’unaprès
l’autre les coefficientsS;.
Les calculs ont étéeffectués sur un ordinateur IBM
370/165,
en prenantcomme base de
départ
les valeursexpérimentales [4]
de RbCl.
Après
avoir fait choix de la valeur deD V,
les coefficientsSM
ont été déterminés de tellefaçon
que la valeur de M conduise à une fonction
v(M. D V) proche
de l’unité.Après
des essaissystématiques
on arrive à la conclusion que
l’approximation
devientsuffisante,
pour les courbes lesplus simples, lorsque
M atteint 40.
Lorsque
l’effet derétropression (**)
était très accentué nous avons été amené à diminuer l’intervalle DV et à augmenter M.
Application
à la transitionpolymorphique
de RbCI.- Les bases de
départ
de lacomparaison théorie/
expérience
sont les suivantes :- On admet que la
pression
de transition se situe à5,28
kb. Cette valeur a été établieprécédemment [4]
en prenant comme critère de mesure la valeur moyenne des centres des
cycles d’hystérésis
relatifs à 40expé-
riences. Cette valeur est
légèrement supérieure
àcelle que donne la méthode par zone
d’indifférence,
elle constitue néanmoins une bonne
approximation
et permet une
comparaison
directe avec les résultats antérieurs.- Le milieu transmetteur est un
mélange équi- volumétrique
d’iso- et de n-pentane. Le volume duliquide,
mesuré à lapression atmosphérique,
étaitde 40 cm’.
- Les constantes
physiques qui
permettent de calculer lesÀ,
à lapression
detransition,
sont les suivantes :- Les vitesses de
déplacement
dupiston
étaientmaintenues fixes au cours de
chaque expérience.
En
général,
les calculs ont été effectués pour les trois modes de croissance : mono-, bi- et tridimen- sionnelle. Les diversesfigures présentées
montrentl’évolution de AV en fonction de la
pression lorsque
les divers coefficients
varient,
entre autre :les domaines d’étude étant les suivants :
(**) Le phénomène de rétropression correspond à une variation volumétrique du solide, en cours de transformation, plus rapide
et de sens opposé à celle qui est imposée par l’avance du piston
dans le dispositif compresseur.
612
La
germination instantanée, qui
constitue un casparticulier
etextrême,
est illustrée par lafigure
1.Celle-ci montre l’évolution du
phénomène
pour diverses valeurs ducoefficient q qui
est directement relié à la croissance des germes. On remarque une discontinuité dans cette évolution selon que q = 0 ou q > 0. Le cas q = 0 faitapparaître
une croissanceconduisant à une
pression
inférieure à celle del’équi-
libre
thermodynamique
desphases.
Dans ces condi-tions le modèle
mathématique
conduit à uneincompa-
tibilité
physique. Pour q
> 0 les courbes obtenuesreprésentent
les cas limites de ce que donneraient les autres modes degermination.
FIG. 1. - Germination instantanée. Influence de la surpression
sur la croissance monodimensionnelle.
Les
figures
suivantes se rapportent à lagermina-
tion d’ordre un
(exceptions
faites sidk
et r sont nulsqui
ramènent au casprécédent).
La croissance mono-dimensionnelle est
représentée
sur lafigure
2 pour r variant dans le domaineprécité.
La valeur unitaireadoptée
pour qimplique
une variation linéaire de aken fonction de la
surpression.
Il est à noter que lafraction :
est,
pendant
latransition,
inférieure à l’unité.Expé-
rimentalement nous n’avons
jamais
observé l’inverse.FIG. 2. - Croissance monodimensionnelle. Influence de la sur-
pression sur la germination d’ordre 1.
Dans ces conditions il est normal que les fonctions
décroissent
lorsque r
augmente. Le cas r = 0 cor-respond
à lagermination instantanée ;
les courbes d’ordresupérieur
doivent donc toutes se situer à sadroite car elles traduisent des vitesses de réaction inférieures.
FIG. 3. - Croissance monodimensionnelle. Germination d’ordre 1
indépendante de la surpression. Influence de dk.
L’influence de la variation du coefficient
dk
=A/Pk
est mise en évidence par la
figure
3. Pour un échantil-lon
donné,
c’est-à-dire pourun Pk déterminé,
lesdiverses courbes rendent compte de l’influence de la vitesse
opératoire.
Inversement si l’on maintient A constant et si l’onopère
avec des échantillonsdifférents,
les différences entre les courbes seront dues aux facteurs degermination.
Le modèle mathé-matique proposé
rend bien compte du sens de l’évo- lution desphénomènes expérimentaux
observés. Cet accord a pu être vérifié en cequi
concerne la vitessebpératoixe,
à savoir que lalargeur
ducycle d’hysté-
résis augmente avec cette dernière. En
revanche,
l’influence defi,
n’a pas encore été mise en évidenceexpérimentalement
faute d’en être maître.Les deux
figures
suivantes se rapportent à l’in- fluence de ck = akTk/Ak.
Lafigure
4 montre l’évolutionFIG. 4. - Germination d’ordre 1 et croissance monodimensionnelle liées à la surpression. Influence de Ck.
FIG. 5. - Comparaison des trois modes de croissance la germina-
tion étant indépendante de la surpression.
du
phénomène
pour diverses valeurs de ce coefficient.La
figure
5 permet de comparer les divers modes de croissanceslorsque ck
est fixé. Les variations de ck peuvent être reliées aux conditionsd’expérience
de la manière suivante : si l’on considère un échantil- lon
donné,
les coefficients ak etTk
sontimposés ; si,
parailleurs,
nous supposonsqu’ils
demeurentsensiblement constants au cours des
expériences successives,
l’évolution ducycle d’hystérésis
ne seraplus
fonction que de la vitesseopératoire. ck
est alorsinversement
proportionnel
à cette dernière.Expéri-
mentalement on observe un
élargissement
ducycle d’hystérésis lorsque
la vitesse augmente. Par consé- quent, le modèlemathématique,
illustré par lafigure 4,
est bien accordqualitatif
avec ce résultatexpérimental. Quant
à l’évolution duphénomène,
en fonction du mode de croissance
k,
elle estégale-
ment correctement traduite. Notons que les courbes
qui correspondent
aux croissances mono- et bidi-mensionnelles,
sont assezproches
de celles que nousavons
obtenues,
ainsi que l’on peut enjuger
en lescomparant à celles de la
figure expérimentale
8.Les formes extrêmes du
cycle d’hystérésis,
obtenusur un même
échantillon,
sontimputables
à deuxtraitements
thermiques (trempe
etrecuit)
suscep-FIG. 6. - Germination d’ordre 1 et croissance monodimension- nelle liées à la surpression. Influence de dk.
FIG. 7. - Comparaison des trois modes de croissance. Germina- tion et croissance étant des fonctions linéaires de la surpression.
FIG. 8. - Cycles d’hystérésis expérimentaux de RbCI recuit et
trempé.
tibles de faire
varier,
dans delarges proportions,
le nombre et
l’énergie
des sitespotentiels.
Enrevanche,
la courbe de croissance tridimensionnelle s’écarte de la réalité dans sapartie
terminale.La
dépendance
de lagermination,
vis-à-vis de lasurpression,
peut êtreappréciée
en comparant lesfigures
3 et 6. Le mode decroissance, qui
seul varie dans lafigure 7,
conduit à ces conclusionsanalogues
àcelles que nous venons de faire au
paragraphe pré-
cédent.
Conclusions. - Le
présent
modèlemathématique proposé
permet de traduireplus
fidèlement lephéno-
mène
d’hystérésis
que lesprécédents.
Alors que ces derniersconduisaient,
dans certains cas, à des courbesd’hystérésis
pouvant se situer à despressions
inférieu-res à celle de
l’équilibre
desphases,
le nouveau modèleélimine cette
incompatibilité physique.
Ilapparaît
donc comme absolument
impossible
denégliger
l’in-fluence de la
surpression
sur lagermination
et lacroissance. Le choix des
origines
à lapression d’équi-
libre constitue une meilleure
approximation
que cellequi
consistait à la situer auxpressions
de début denucléation. Toutefois le choix définitif des meilleurs modèles de
germination
et de croissance ne peutencore être fait. Il
apparaît
que lagermination
d’ordre614
un associée à des croissances mono- ou bidimension- nelles donne les résultats les
plus proches
de la réalité.Mais,
commeprécédemment
un certain nombre de réserves subsistent. Lesprincipales
sont les suivantes :- L’influence de la dimension des cristaux n’inter- vient pas dans les calculs alors que la
comparaison
porte sur des résultatsexpérimentaux
obtenus avecdes
poudres
de relativement faiblegranulométrie.
-
Chaque
courbemathématique
a été établie en ne faisantintervenir,
au cours d’une transition com-plète, qu’un
seul mode de croissance. Il est fort pro- bable que ce dernierchange
avec ledegré
d’avance-ment de la réaction. Il faudrait donc introduire d’au- tres coefficients pour tenir compte de cette éventualité.
L’éventuelle influence de la taille des cristaux semble assez facilement accessible à
l’expérience.
Enrevanche,
il estindispensable
deséparer
les fonctionsde
germination
et de croissance si l’on veut accéderaux divers modes de croissance
qui régissent
l’évolu-tion de la transition
polymorphique.
L’étude desdiagrammes pression/temps
obtenus à volume cons-tant, alors que les deux
phases coexistent,
permettrontpeut-être
d’éclaircir ceproblème
en isolant la fonction de croissance.Bibliographie
[1] Etude cinétique de l’effet d’hystérésis dans les transitions poly-morphiques induites par la pression. LACAM, A., PEYRON- NEAU, J. et LELIWA KOPYSTYNSKI, J., J. Physique 35 (1974) 287.
[2] The velocity of polymorphic changes between solids. BRIDG- MAN, P. W., Proc. Am. Acad. Sci. 52 (1916) 57.
[3] Transitions polymorphiques des solides induites par la pression.
Traitement mathématique de la cinétique de l’effet de
RETROPRESSION. LACAM, A., PEYRONNEAU, J. et LELIWA KOPYSTYNSKI, J., J. Physique 34 (1973), 1055.
[4] Transition polymorphique de RbCl sous haute pression. Influence
des paramètres expérimentaux sur l’effet d’hystérésis.
LACAM, A. et PEYRONNEAU, J., J. Physique 34 (1973)
1047.