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Submitted on 1 Jan 1879
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Les couleurs, le chromomètre et la photographie des couleurs
Charles Cros
To cite this version:
Charles Cros. Les couleurs, le chromomètre et la photographie des couleurs. J. Phys. Theor. Appl.,
1879, 8 (1), pp.233-236. �10.1051/jphystap:018790080023301�. �jpa-00237519�
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Un
appareil composé
de deuxpiles
de 20éléments,
chaufféespar deux becs Bunsen
seulement, peut
servir à depetites opéra-
tions de
dorure, argenture, nickelage,
et est effectivementemployé
en Autriche à ces usages par les
horlogers
et lesbijoutiers.
Un
grand avantage
de cesappareils
consiste en cequ’ils prennent
leur force normale en une ou deuxminutes,
et, dèsqu’on
n’en aplus besoin,
on éteint le gaz et toutedépense
cesse.Enfin,
et cepoint
estcapital,
lapile
ne s’altère pas avec letemps,
comme il arrive à presque toutes les autres
piles thermo-électriques.
Cette diminution d’intensité tient non pas à une réduction de la force
électromotrice,
mais à uneaugmentation
de la résistance. Ilnous semble que ce
changement s’explique
par uneoxydation
dessurfaces
métalliques
en contact à la soudure chaude. Dans lapile
de
Noé,
lapetite capsule
de Iaitonqui enveloppe
la soudurechaude
a pour effet
d’empécher
l’accès de l’air etl’oxydation
consé-quen te.
LES COULEURS, LE CHROMOMÈTRE ET LA PHOTOGRAPHIE DES COULEURS;
PAR M. CHARLES CROS.
Je
distingue
deuxcatégories comprises
sous le mot de couleurs:les lumières et les
pigments.
Les lumières
élémentaires, qui
par leursmélanges produisent
toutes
espèces
de teintesproposées,
sont la lumière verte, la vio- lette etl’orangée.
Les
pigments élémentaires, qui
par leursmélanges produisent,
atoutes les teintes
proposées,
sont le rouge, lejaune,
le bleu.Pour obtenir immédiatement les teintes élémentaires des lu- mières et des
pigments
il suffit deregarder
à travers unprisme
une barre blanche sur fond noir et une barre noire sur fond blanc.
Dans le
premier
cas, on voit unspectre orangé,
vert,violet;
dansle second cas, un spectre
bleu,
rouge etjaune.
Dans le
premier
cas,l’orangé, le vert,
le violet sont des lumièresélémentaires,
et, dans le second cas, lebleu,
le rouge, lejaune
sont des lumières combinées deux à deux. On
peut
s’en convaincreArticle published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018790080023301
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à l’aide de
l’appareil suivant,
queje désigne
sous le nom de chro-7nomètre.
Dans une caisse noircie à
l’intérieur, je dispose, parallèlement
entre
elles,
troisglaces
sanstain,
formant, desangles
de45°
avecla
paroi.
Trois ouvertures, dont lesimages
virtuelles dans les troisglaces
viennent seplacer
en un même lieuapparent,
sont munies d’écrans colorésliquides.
Ces écrans sont des cuvesplates
englaces, remplies
des solutions suivantes : solution rouge de chlo-rure de
cobalt,
additionné d’un peu desulfocyanure
depotassium;
solution
jaune
de chromate neutre depotasse;
solution bleue de nitrate de cuivre. Je fais deux cuves dechaque
couleur.Ces
solutions, qui
ne sontpeut-être
pas lesmeilleures,
devrontêtre exactement
dosées,
et lesépaisseurs
des cuves être mesurées.Soient les trois ouvertures
A, B,
C. Jeplace
devant A deux cuvesrouges, devant B deux cuves
jaunes,
devant C deux cuves bleues.Je
regarde
devant lesglaces
sans tainet je
vois les trois refletsqui,
en se
combinant,
donnent du blanc(si l’éclairage
estégal
pourchaque ouverture).
Si
je
masque A au moyen d’un écran opaque,je
n’aiplus
que deux refletsqui
secombinent,
celui du bleu et celui dujaune.
L’apparence
obtenue est celle d’un blanc moinséclairé ;
donc lalumière jaune
et la lumière bleue addi tionnées ne font pas de vert.Le fait a été
déjà
annoncé par M.Helmholtz,
dans des conditionsanalogues.
Si je
masqueB,
les deux reflets rouge et bleu se combinentseuls,
et la teinte est encore du blanc faiblement violacé.Enfin,
enmasquant C,
on obtienttoujours
du blanc teintéd’orangé.
Alors je
combine les cuves deux àdeux, jaune
etbleu,
bleu etrouge, rouge et
jaune,
de manière que les écrans doubles ne lais-sent passer
respectivement
que du vert, duviolet,
del’orangé.
Lestrois reflets combinés donnent du
blanc,
commeprécédemment.
Mais,
si l’on masque successivementA,
B etC,
les apparenceschangent complètement. Quand
onsupprime
le vert, le fond secolore en i,oulze cczrmij2 pur, tel
qu’on
le voit dans lespectre
tri- chrome de la barre noire sur fondblanc; quand
onsupprime
leviolet,
le fond devientjaune
pur, telqu’en
le voit dans le mêmespectre ; quand
onsupprime l’orangé,
le fond devient bleu pur.J’ai nommé cet
appareil clzrolno17lètre,
parcequ’il peut
servir à235
distinguer
les couleurs les unes des autres par des données numé-riques.
Eneffet,
pour faire varier à l’infini la teinte résultante duchamp visible,
il suffit de faire varierl’éclairage
dechaque
ou-verture.
A cet
effet,
deux feuilles depapier
mince collées sur verre re-çoivent
desépaisseurs
d’encre de Chine variantrégulièrement
d’unbout à
l’autre,
et on lesplace
devant le violet etl’orangé,
lesépais-
seurs en sens
inverse; enfin,
une troisième feuillereçoit
lesépais-
seurs maxima au milieu et les
épaisseurs
minima à ses deuxbouts;
elle est
placée
devant le verre vert. Lechamp
visibleprésente
alorsl’aspect
duspectre
de la barre noire sur le fondblanc ;
si l’on veutobtenir
l’apparence
duspectre
de la barre blanche sur fondnoir,
il faut substituer au troisième
papier
unpapier qui
soit à celui-làce
qu’un positif photographique
est à sonnégatif,
c’est-à-dire avecles
épaisseurs
maxima aux deux bouts etl’épaisseur
minimumau milieu.
Une des
applications
lesplus
curieuses du chromomètre est la suivante :J’obtiens trois clichés
d’après
un tableau coloréquelconque,
lepremier
cliché à travers un écran vert, le second à travers un écranviolet,
le troisième à travers un écranorangé.
’Ces écrans sontencore des cuves
plates
englaces,
contenant des solùtions colo- rées titrées. Je remarque, enpassant,
quel’inégalité
d’actinisme de ces différentes lumières estcomplétement compensée
par di-verses substances colorantes
organiques,
dontj’imprègne
lesplaques
sensibles.Les clichés obtenus sont formés
d’argent réduit,
comme les cli-chés ordinaires. J’obtiens les
positifs
noirs sur verre de cesclichés,
et
je place
chacun de cespositifs,
dans lechromomètre,
devantl’écran de même couleur que celui
qui
a servi à tamiser les rayonsdans l’obtention du cliché
correspondant.
Je fais coïncider les trois
reflets,
etl’apparence
résultante estcelle du tableau modèle si l’on
règle
convenablement les troiséclairages.
J’ajoute quelques
mots sur lespigments.
Cequ’on appelle
laCouleur rouge matérielle est une substance
qui supprin1e
le vertde la lumière
blanche;
il ne restedonc,
des trois lumières élémen-taires,
que le violet etl’orangé,
dont la soinnie est du rouge. Deinênie,
lepigment jaune
est celuiqui supprime
la lUlnièreviolette,
le
pigment
bleusupprime
la lunlièreorangée.
J’en ai conclu que, en réalisant sur une mêmes surface blanche les trois
positifs
en rouge, enjaune
et enbleu,
on obtiendrait surcette surface
l’image
du modèle coloré.L’expérience,
réalisée soit par lataille-douce,
soit par leprocédé
surgélatine
de M.Poitevin,
a confirmé mes
prévisions.
J’ai eu l’honneur de montrerquelques spécimens
de cestirages
à la Société dePhysique (1 ).
J’ai donc trouvé les moyens
physiques
dereproduire
les couleurs par laPhotographie;
ces moyens sontsusceptibles
de mesuresexactes, et,
partant,
les résultatspeuvent
sans cesses’approcher
de
la perfection.
En outre, ces résultats sont bienphotographiques,
c’est-à-dire que la main de l’homme
n’y
intervient que pour desopérations appliquées
à la totalité de lasurface,
d’oû l’obtentionégalement
aisée des modèles lesplus
détaillés.P.-G. TAIT. 2014 On the dissipation of energy (Sur la dissipation de l’énergie; Lettre à
sir W. Thomson); Philosophical Magazine, 5e série, t. VII, p. 344; 1879.
Sir W. THOMSON. 2014 Note on the preceeding Letter (Note sur la Lettre qui précède);
ibid., p. 346; 1879.
Dans une Lettre adressée à sir W.
Thomson,
M. Tait reven-dique
pour cephysiciens,
contre M.Clausius,
lapriorité
de l’in-teriJrétation
del’intégrale dq t.
M. Tait avaitmontré
dans sonTraité de
’/7lermodynamique,
quel’expression -
t,odq t
re-présente
laquantité
de chaleurdissipée
dans lejeu
d’une ma-chine
thermique imparfaite qui
fonctionne entre lestempératures
t et t0; c’est-à-dire la
quantité
de chaleurtransportée
par la ma- chineimparfaite
de t à 10, en sus de cellequi
eût ététransportée
de t en to par le
jeu
d’une machine réversible etparfaite.
En mul-tipliant
parl’écjuivalent mécanique
de lacalorie,
il transformait(1) J’ai pu faire cet ensemble de recherches pratiques grâce à l’aide éclairée de M. le duc de Chaulnes, à qui je témoigne ici ma reconnaissance.