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Séance 5 : L amour rêvé. A. Lisez les deux textes suivants et répondez aux questions

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Séance 5 : L’amour rêvé

Parfois, l’amour n’est qu’un rêve… Le rêve amoureux est un autre grand thème de la poésie lyrique : il permet de lier les deux thèmes de l’amour et de la poésie comme source de rêve, d’échappatoire face à un réel insatisfaisant ou comme moyen d’expression d’un regret mélancolique.

A. Lisez les deux textes suivants et répondez aux questions

a. « Mon rêve familier »

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant

D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon cœur, transparent Pour elle seule, hélas ! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse ? – Je l'ignore.

Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore Comme ceux des aimés que la Vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,

Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine, « Mon rêve familier », Poèmes saturniens, 1866 1. De combien de strophes se poème se compose-t-il ? Combien de vers comportent ces strophes ? Quelle est donc la forme de ce poème ? Ce poème est un sonnet : il se compose de deux quatrains et de deux tercets.

2. Quel est le mètre utilisé ? Verlaine utilise l’alexandrin.

3. Dans les deux quatrains :

o quelles sont les caractéristiques de la femme aimée ? Dans les deux quatrains, la femme aimée est à la fois inconnue et aimante, changeante sans changer fondamentalement, compréhensive, compatissante et consolante. En somme, il s’agit non pas d’une femme réelle, mais d’une femme rêvée, idéalisée, qui n’est pas décrite précisément dans son physique ou son caractère, mais simplement par son attitude tendre et consolatrice envers le poète.

o qu’est-ce qui la rend à la fois « familière » et « étrange » ? Comment expliquez-vous ce paradoxe ? La femme est « étrange » parce qu’elle demeure inconnue et inconnaissable : elle n’est jamais « tout à fait la même », et est une femme rêvée plutôt qu’une femme réelle. Mais elle est aussi « familière » parce que le poète rêve « souvent » d’elle : c’est une sorte de fantasme récurrent.

o qu’attend d’elle le poète ? Il attend d’elle essentiellement pitié, consolation, et amour inconditionnel, comme le souligne le parallélisme de construction « et

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que j’aime, et qui m’aime ». En somme, il lui prête une attitude presque plus maternelle qu’amoureuse.

o que pensez-vous de cette vision de l’amour ? C’est une vision de l’amour non pas tournée vers une relation concrète envers une femme aimée pour elle- même et en elle-même, mais un fantasme de femme consolatrice et maternelle, dont rêve le poète pour que son cœur « cesse d’être un problème ».

4. Dans les deux tercets :

o quel est le nouveau type de phrase employé ? Suggère-t-il que le poète a une image très déterminée de la femme rêvée ? En quoi cela imite-t-il le flou ou la confusion typique d’un rêve ? On trouve deux phrases interrogatives dans les deux tercets, qui montrent que le poète ne connaît ni l’apparence, ni le nom de la femme qu’il dit aimer. Cette imprécision, ce flou, peuvent nous rappeler les contours indécis et changeants des images de rêve.

o quelles sont les deux expressions qui évoquent la mort ? dans la première, quelle est la figure de style utilisée ? En outre, comment appelle-t-on la figure de style qui consiste à ne pas désigner une réalité déplaisante directement, mais de manière atténuée ou détournée ? Les expressions « que la Vie exila » et les

« voix chères qui se sont tues » évoquent la mort ou les êtres que l’on a perdus.

Dans la première, la majuscule à « Vie » et le fait que le mot soit sujet d’un verbe d’action nous indique qu’il s’agit d’une personnification : le poète fait comme si la Vie elle-même avait banni les êtres aimés qu’il a perdus. Ces deux expressions lui permettent en outre d’évoquer la mort de manière détournée et atténuée, moins brutale qu’en la désignant directement : il s’agit d’un euphémisme.

5. Expliquez en quoi la musicalité du poème contribue à créer une atmosphère onirique : o relevez les effets de répétition dans ce poème :

§ les anaphores : dans le deuxième quatrain, on trouve l’anaphore « pour elle seule », en début de vers, reprise par « elle seule » ensuite au v. 8.

L’anaphore permet d’insister sur la singularité de la femme rêvée : seule cette femme idéale peut comprendre le poète, qui reste sinon fondamentalement incompris du monde et malheureux.

§ les parallélismes de construction : Le premier quatrain est presque entièrement construit sur des parallélismes de construction, comme « et que j’aime, et qui m’aime », « ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre », « et m’aime et me comprend ». Ces parallélismes imitent la relation amoureuse idéale et rêvée en plaçant symétriquement les amants en face l’un de l’autre.

§ les énumérations : on trouve deux énumérations fondées sur un rythme ternaire (un rythme en trois temps) : « brune, blonde ou rousse » et « lointaine, et calme, et grave », qui servent toutes les deux à tenter de décrire la femme aimée. Le poète ne peut donner une image physique de son apparence, mais il peut rendre le son de sa voix.

§ En quoi ces répétitions contribuent-elles à créer un effet de berceuse ? Le poème est donc construit sur une série de figures de style fondées sur des répétitions (répétition de mots comme l’anaphore, de construction de phrase comme le parallélisme, de rythme comme l’énumération ternaire). Ce caractère répétitif donne un rythme très régulier, très doux au poème, qui le rend musical et rappelle celui d’une berceuse.

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o étudiez les allitérations et les assonances. Comment renforcent-elles la musicalité et la douceur du poème ? Toute la première strophe, par exemple est construite à ma fois sur une allitération en [m], qui rappelle le verbe « aimer », et sur une assonance en « è » : « D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime / Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend. » De manière générale, dans les deux premiers quatrains, on peut noter la récurrence de consonnes liquides comme le « l » et le « r », et de sons vocaliques comme « è », « eu », « a » et « an ».

Ce retour sans cesse des mêmes sons permet de donner une grande cohérence sonore au poème et donc une grande musicalité. Ce sont également des sons plutôt doux (par opposition au son vocalique « i », aigu, ou aux consonnes fricatives, comme s, z, f, ou v, qui donnent des sons sifflants, par exemple), qui renforcent son aspect de berceuse.

o Montrez que le rythme du poème est très lent :

§ De combien de phrases se composent les deux quatrains ? En quoi cela ralentit-il le rythme du poème ? Les deux quatrains se composent chacun d’une seule phrase. A la place d’un enchaînement rapide de courtes phrases, on trouve donc de longues phrases complexes qui ralentissent le rythme de la lecture.

§ Relevez les enjambements. En quoi ralentissent-ils le rythme du poème ? Quels mots mettent-ils en valeur ? Pourquoi, selon vous ? On trouve trois enjambements dans ce poème : « ce rêve étrange et pénétrant / D’une femme inconnue », « mon cœur, transparent / Pour elle seule », « elle a / L’inflexion des voix chères qui se sont tues ». A chaque fois, le groupe de mots rejeté au vers suivant renvoie à la femme rêvée et aimée : « femme », « elle seule » et l’« inflexion » de sa voix. Ils attirent donc l’attention du lecteur la femme idéalisée qui constitue le sujet central du poème. Ces enjambements rallongent les phrases et ralentissent donc encore le rythme du poème.

o En quoi tous ces éléments renforcent-ils la thématique principale du poème, le rêve ? Tous les éléments que nous venons d’analyser, la mélodie, le rythme et les répétitions qui évoquent la musique d’une berceuse, et le rythme très lent du poème, rappellent les thèmes du rêve et du sommeil. Tout est fait pour évoquer, dans la forme même du poème, le « rêve familier » qui en constitue le thème central. Ainsi, le poème imite dans ses sonorités, son rythme et ses figures de style, l’atmosphère du rêve dans lequel le poète aperçoit la femme aimée et désirée.

6. Pourquoi, selon vous, le poème est-il écrit au présent ? Le poète emploie un présent d’habitude pour suggérer que son rêve « familier » est récurrent.

7. Dans le dernier tercet, à quoi le poème compare-t-il le regard de la femme aimée, selon vous ? Pourquoi ? Il compare le regard de la femme aimée à celui des

« statues ». Cela montre, encore une fois, qu’il s’agit moins d’une femme réelle que d’un idéal féminin, lointain.

8. Ce poème se trouve dans la section « Melancholia » (= la mélancolie) du recueil Poèmes saturniens de Verlaine. Pourquoi peut-on dire qu’il est « mélancolique » ? Quels thèmes se cachent en fait, dans ce poème, derrière celui du rêve amoureux ? On peut dire que ce poème est mélancolique car, sous couvert de décrire un rêve amoureux, le poète met en scène un amour idéal mais irréel pour une femme qui, non seulement n’existe pas, mais ne peut exister. En ce sens, il la rapproche des morts et des statues, figures aimées et admirées mais qui restent inaccessibles. Cette femme

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étant la seule capable de comprendre le poète, il avoue ainsi, implicitement, être condamné à une forme de solitude et d’incompréhension.

b. « A la mystérieuse »

J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ?

J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être.

Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute,

Ô balances sentimentales.

J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.

J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie.

Robert Desnos, « A la mystérieuse », dans Corps et biens, Paris, Gallimard, 1930.

1. Pouvez-vous repérer des vers dans ce poème ? Qu’y a-t-il à la place ? Comment appelle-t-on, en poésie, ce genre de paragraphes ? Qu’est-ce qui nous permet de dire que ce texte est poétique ? Il n’y a pas de vers dans ce poème, à proprement parler, pas même de vers irréguliers. A la place, on trouve de courts paragraphes en prose, mais travaillés de manière poétique, qu’on appelle versets. On les trouve dans les textes poétiques ou religieux comme le Coran ou la Bible, par exemple. Cependant, il s’agit tout de même d’un texte poétique :

- le poète y développe, à la première personne, une expression lyrique de ses sentiments - le texte est travaillé de telle manière qu’il est à la fois :

o très musical (comme le montrent les allitérations en [t], [b] et [v] et l’anaphore en [ã] par exemple : « Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? »)

o et très imagé (comme le montrent les métaphores du fantôme et celle du cadran solaire : « J’ai tant rêvé de toi […] qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. »)

- le lexique employé n’est pas courant mais typique du lyrisme (« ô balances sentimentales »).

2. A qui s’adresse le poète ? Cette personne est-elle présente ? Justifiez votre réponse. Le poète s’adresse à une femme aimée mais absente qu’il ne peut rejoindre qu’en rêve.

Au début du poème, il ne peut étreindre que l’ombre de la femme aimée, avant de craindre que, à force d’aimer une ombre, il ne devienne ombre lui-même. D’où l’exclamation mélancolique « ô balances sentimentales » : quand le poète est présent, la femme est absente, n’est qu’une ombre ; quand il pense pouvoir se rapprocher d’elle, il devient ombre à son tour. A la fin, le poète ne peut espérer retrouver celle qu’il aime que s’il devient autant fantomatique qu’elle.

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3. Dans la dernière strophe, quelle métaphore le poète utilise-t-il pour parler de la femme aimée ? Relevez dans tout le poème le champ lexical auquel appartient cette métaphore. Quel effet cela produit-il ? Dans cette strophe, la femme aimée est évoquée comme un « fantôme ». On retrouve le champ lexical du fantôme dans tout le poème : « l’ombre » de la femme aimée s’oppose ainsi à son « corps vivant » inaccessible dans les strophes 2 et 3, le verbe « hante » s’oppose à « l’apparence réelle » dans la strophe 4. Par ailleurs, le terme « ombre » est répété de nombreuses fois dans le poème. Tout cela montre bien que le rêve résume à la fois le désir du poète d’enlacer réellement le corps vivant de la femme aimée, et la réalité, qu’il doit affronter, de son absence. Tout le poème hésite ainsi entre réalité fantasmée et rêve éveillé, entre désir et constat de l’impossible réunion des amants.

4. Dans l’avant dernière strophe, quel est l’effet du rêve sur le poète ? Pourquoi ? Dans l’avant-dernière strophe, le poète déclare : « J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille ». Il finit par préférer son rêve à la réalité au point de ne plus pouvoir en sortir : il se retrouve ainsi à « dormir debout », devant « toutes les apparences de la vie et de l’amour » que lui propose le rêve. Son rêve a complètement contaminé la réalité, les deux se confondent.

5. Quels mots sont répétés dans la dernière strophe ? Que craint le poète, à force de rêver de cette femme « mystérieuse » ? Quelle inversion se produit ici ? Les mots

« fantôme » et « ombre » sont répétés dans la dernière strophe : le poète craint, à force de rêver à la femme aimée, de perdre sa propre réalité, et de devenir fantôme comme elle. Au début du poème, c’était la femme aimée qui « perdait sa réalité » parce que le poète rêvait tellement d’elle qu’il ne pouvait plus la voir que comme un personnage de rêve ; à la fin, c’est le poète lui-même qui craint de devenir une ombre de rêve, tandis que la femme aimée reprend « [s]a vie ». D’où le mouvement de « balances sentimentales » décrit par le poète.

6. Montrez comment la confusion entre rêve et réalité est présente dans tout le poème : - quelle anaphore montre l’intensité et la récurrence du rêve ? L’effet de répétition

provoqué par l’anaphore « J’ai tant rêvé de toi » suggère que le poète rêve à la fois très souvent et très fortement de la femme décrite.

- relevez les mots et expressions appartenant au champ lexical du corps. A quel autre champ lexical s’opposent-ils ? Des mots comme « corps vivant », « bras »,

« bouche », « poitrine », « corps », « front » et « lèvres » désignent le corps et s’opposent au champ lexical du fantôme. Le poète désire le corps vivant de la femme, mais ne peut atteindre, à travers son rêve et son écriture poétique, que son fantôme.

- Quels sont les verbes conjugués au conditionnel ? Quelle est la valeur de ce conditionnel ? Quelles expressions viennent renforcer cette valeur ? Les verbes

« plieraient », « deviendrais », « pourrais » sont au conditionnel, à valeur d’irréel : ils désignent ce que le poète voudrait, mais ne peut accomplir. Les expressions « peut- être », et « sans doute », viennent renforcer cette valeur.

7. Quelles expressions suggèrent la fuite du temps ? Quelles autres expressions montrent cependant que l’amour du poète est durable ? En quoi cela est-il également montré par le choix des temps employés par le poète ? Les expressions « est-il encore temps »,

« il n’est plus temps », « depuis des jours et des années » expriment la fuite du temps : plus le temps passe et plus le poète rêve de la femme aimée, plus il craint de perdre le sens de la réalité et de vivre comme un fantôme. Cependant, son amour, bien qu’impossible, ne cessera pas, comme le montre l’expression « se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie ». Le choix des temps renforce cette opposition entre temps qui passe et amour durable : alors que le passé composé renvoie au temps passé à rêver et que le conditionnel montre tout le caractère

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irréalisable du rêve, le futur de l’indicatif, temps du futur certain, qui apparaît dans la dernière strophe, montre que le poète est sûr que son amour durera toute la vie de la femme aimée.

8. Selon vous, l’amour évoqué par le poète pourra-t-il devenir réalité ? Pourquoi ? Tout le poème est construit sur une opposition indépassable entre rêve et réalité : d’un côté, le corps vivant, réel, mais absent de la femme aimée ; de l’autre, l’ombre présente, mais fantomatique, de celle-ci dans le rêve. Seul l’espace du poème permet de faire coexister les deux.

Synthèse

1. Dans les deux poèmes, comment voit-on que l’amour brouille les frontières du rêve et de la réalité ? Le sentiment amoureux fait perdre aux poètes la notion de la frontière entre rêve et réalité : Desnos « dort debout » et « rêve éveillé » pour tenter de rejoindre la femme aimée, tandis que le rêve à la fois « étrange » et « familier » de Verlaine est

« pénétrant » : à la fin du poème, on ne sait plus si la femme aimée n’a jamais existé, n’est qu’un idéal de femme, comme une statue, ou si c’est une morte dont il pleure la perte. Le rêve amoureux envahit la réalité des deux poètes pour prendre la place de l’amour qu’ils ne peuvent pas vraiment vivre.

2. Les deux femmes évoquées ressemblent-elles à des femmes réelles, ou sont-elles idéalisées ? Peut-on les comparer à des Muses ? Les deux femmes sont complètement idéalisées : elle ne sont pas décrites précisément, mais à travers une esthétique du flou qui en fait plus des statues ou des fantômes que des femmes réelles, singulières, uniques. Elles symbolisent une relation rêvée mais inaccessible au poète, qui cependant l’inspire et sert de thème et de prétexte à son poème. En ceci, elles ressemblent aux Muses, déesses de l’inspiration, et qui sont moins des femmes réelles que figures divines, inaccessibles, admirées et qui poussent à écrire de la poésie.

3. En lisant ces poèmes, peut-on dire que le rêve d’amour est un rêve heureux ? Pourquoi ? Le rêve d’amour n’est pas vraiment un rêve heureux : il génère plutôt une forme de mélancolie, la femme aimée absente étant comparée à une morte (un fantôme, une voix qui s’est tue). Plus le poète insiste sur son désir de retrouver la femme aimée, plus il souligne en creux sa propre solitude.

4. A votre avis, Desnos a-t-il été influencé par Verlaine ? Pourquoi ? On peut supposer que Desnos a été influencé par Verlaine, puisqu’on retrouve des images et des thèmes communs d’un poème à l’autre, notamment la comparaison de la femme aimée et de la morte dont on fait le deuil, et le thème de la solitude, la confusion généralisée du rêve et de la réalité. En outre, les deux poèmes débutent de manière très similaire : « J’ai tant rêvé de toi » fait écho à « Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant / D’une femme inconnue ».

B. Grammaire : les propositions subordonnées circonstancielles de cause et de conséquence

Révision : dans la deuxième strophe du poème de Desnos, où est la principale ? où est la subordonnée ? De quel type de subordonnée s’agit-il ?

« Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère ? »

à Il s’agit d’une proposition subordonnée relative, introduite par le pronom relatif « qui ».

Elle complète l’antécédent « voix ». Le pronom relatif « qui » est sujet du verbe « est ».

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1. Observez

Regardez la première phrase du poème de Desnos : J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité.

Où est la proposition principale ? Où est la subordonnée ?

Quelle idée est exprimée dans la subordonnée ? La surbordonnée exprime la conséquence de l’action décrite dans la principale : le poète a tellement rêvé de la femme qu’aimée qu’elle perd de sa réalité.

Par quel mot la subordonnée est-elle introduite ? Connaissez-vous la nature de ce mot ? La subordonnée est introduite par la conjonction de subordination « que ».

Quel est le temps utilisé dans la subordonnée ? Pourquoi, à votre avis ? Le poète utilise le présent de l’indicatif pour montrer que son action passée (j’ai rêvé) a des conséquences réelles sur son présent (tu perds ta réalité).

Peut-on supprimer la subordonnée ? Est-elle essentielle ? Quelle est sa fonction ? On peut supprimer la subordonnée : « J’ai tant rêvé de toi » est une phrase grammaticalement correcte, sans complément nécessaire (contrairement à « Je demande s’il vient demain », où on ne peut pas écrire simplement « Je demande »).

Essayez de réécrire cette phrase en utilisant « puisque ». Que remarquez-vous ? J’ai tant rêvé de toi puisque tu perds ta réalité à la subordonnée n’exprime plus la conséquence mais la cause, et le sens change. Pour conserver le même sens, il faudrait écrire « Puisque j’ai tant rêvé de toi, tu perds ta réalité ». Mais, dans ce cas, la principale devient la subordonnée.

2. Leçon

Collez ou recopiez la leçon p. 106 (manuel joint : « les propositions subordonnées circonstancielles de cause et de conséquence »)

3. Exercices

Ex. 1, 2, 3, 4, 7, 8, 9 p. 106-107 Exercice 1

1. Tout est en ordre, nous pouvons partir.

2. L’espérance de vie a augmenté, la médecine a fait de grands progrès.

3. La neige est tombée en abondance, notre départ a été retardé.

4. Je ne peux pas t’attendre, je suis très pressé.

Exercice 2

Subordonnée conjonctive de cause Subordonnée conjonctive de conséquence Parce qu’ils ont beaucoup d’enfants

Comme elle était émue Qu’ils ont été invités à le produire de nouveau.

De sorte qu’on respira dans le quartier.

Exercice 3

1. Le chat a tellement grossi qu’il ne peut plus passé par la chatière. à proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de conséquence.

2. Comme le niveau des eaux avait monté, ils se sont réfugiés sur le toit. à proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de cause.

3. Il n’a pas fait ses exercices sous prétexte qu’il a perdu son livre. à proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de cause.

4. Toutes les phrases du texte ont été mélangées de sorte qu’on n’y comprend plus rien.

à proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de conséquence.

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Exercice 4

1. Groupe prépositionnel à puisqu’ils ont peur.

2. Groupe prépositionnel à du fait qu’ils avaient donné la nourriture…

3. Groupe prépositionnel à parce que tu as appuyé…

C. Bilan sur l’ensemble de la séquence

1. Qu’est-ce que la poésie lyrique ? a. L’expression de soi

La poésie lyrique se définit d’abord par l’expression des sentiments du poète à la première personne. Elle explore donc les grandes émotions liées à l’expérience humaine à travers des thèmes comme le temps, l’amour, la mort ou le rêve. C’est pourquoi c’est une poésie à la fois personnelle et universelle : le poète parvient à parler à tous en parlant de lui car tous peuvent se reconnaître dans les sentiments exprimés. Marceline Desbordes-Valmore écrit après une rupture, mais nous pouvons nous reconnaître dans la douleur qu’elle exprime.

b. Images et musique

L’activité poétique se définit par le travail sur le langage, notamment dans sa capacité à créer des images nouvelles et à explorer la musicalité du langage (au départ, la poésie est d’ailleurs chantée). C’est particulièrement vrai dans la poésie lyrique, car :

- le poète cherche à communiquer son expérience personnelle, à faire comprendre ses sentiments intimes au lecteur : il utilise donc beaucoup les figures de style qui permettent de faire des comparaisons entre son expérience intime et une réalité connue des lecteurs. On va donc trouver de nombreuses métaphores ou comparaisons dans les poèmes lyriques. Ainsi, Apollinaire compare le temps qui passe et qui affaiblit l’amour à l’eau de la Seine qui s’écoule sans cesse.

- le poète cherche à faire sentir la force de ses émotions : il va donc utiliser un langage expressif, énergique. On trouve donc une ponctuation expressive (avec de nombreux points d’exclamations ou d’interrogation), mais aussi des figures de répétition, qui insistent sur les sentiments exprimés, comme l’anaphore ou le parallélisme de construction. On trouve aussi des figures qui mettent l’accent sur l’intensité des émotions éprouvées : l’antithèse, qui insiste sur le caractère contradictoire des émotions ressenties, l’énumération, qui fait la liste de tout ce qu’on peut subir ou dont on peut se réjouir.

- le poète cherche à montrer la beauté ou l’intensité du sentiment amoureux par un travail sur les sons ou le rythme : la beauté musicale du poète est mise au service de la beauté de l’être aimé ou de la beauté du sentiment éprouvé. Il utilise donc des figures qui renforcent la musicalité de son texte, comme l’assonance ou l’allitération qui jouent sur la répétition de sons identiques, ou l’enjambement, qui permet de jouer sur le rythme en rallongeant un vers.

c. La recherche de l’idéal

Le poète, grâce à toutes ces figures, parvient ainsi à créer une image idéale de l’être aimé ou de la passion amoureuse. La poésie lyrique tend ainsi à privilégier deux directions :

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- un lyrisme de la célébration, qui loue l’être aimé et en montre une image idéale, tellement idéale parfois que cet être n’est en fait qu’un rêve ;

- un lyrisme élégiaque, c’est-à-dire un lyrisme de la tristesse, qui met en avant la souffrance liée à la passion amoureuse.

Cette idéalisation du sentiment ou de l’être aimé s’exprime alors souvent par des figures d’exagération comme l’hyperbole.

2. Récapitulatif des propositions subordonnées étudiées Complétez

a. Indépendante, principale, subordonnée

- Deux propositions indépendantes peuvent être soit juxtaposées (reliées par un signe de ponctuation), soit coordonnées (reliées par une conjonction de coordination, comme mais, ou, et, donc, or, ni, car).

- Si deux propositions ne sont pas indépendantes l’une de l’autre, alors :

o l’une des deux propositions ne dépend pas de l’autre : c’est la proposition principale.

o l’une des deux propositions dépend de l’autre, elle ne peut exister seule, sinon la phrase devient incorrecte : c’est la proposition subordonnée.

b. Les subordonnées

- Il y a des propositions subordonnées essentielles (qui complètent un verbe) et des propositions subordonnées non essentielles.

- Ces dernières peuvent soit :

o Donner des précisions sur un nom ou un pronom dans la phrase. Dans ce cas, ce nom ou ce pronom est appelé antécédent et la proposition est une subordonnée relative dont la fonction est complément de l’antécédent. Elle est introduite par un pronom relatif.

o Donner des précisions sur le cadre, les circonstances dans lesquelles se passe l’action décrite dans la phrase. Dans ce cas, la proposition est une subordonnée conjonctive (elle est introduite par une conjonction de subordination) et sa fonction est complément circonstanciel.

Pour récapituler (complétez le tableau) : La subordonnée

complète… Elle est

introduite par… Nature de la subordonnée

Fonction de la subordonnée

Exemple Un verbe Une conjonction

de subordination

Subordonnée conjonctive

Complétive (COD)

Je veux que tu viennes.

Un nom Un pronom relatif Subordonnée relative

Complément de l’antécédent

Le livre que je lis est passionnant.

La phrase Une conjonction

de subordination Subordonnée

conjonctive Complément circonstanciel

Puisque tu pars, je viens

avec toi.

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