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Chapitre 2 : Une belle journée

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Academic year: 2022

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Chapitre 2 : Une belle journée

Par AuBe in Arcadia Publié sur Fanfictions.fr.

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Disclaimers : le protagoniste inconnu de cette histoire m’appartient.

Chronologie : comme vous l’aura indiqué l’endroit où je l’ai rangé, ce texte est concomitant à

« Tortu(r)e en famille ».

Notes de l’auteur : j’ai décidé d’appliquer le principe de « Points de vue » à d’autres fics. En l’occurrence, je m’étais dit à l’époque qu’il y avait matière à développer par ici. Dont acte. Par ailleurs, j’avais envie d’un stagiaire.

Alvin était un stagiaire heureux. Après avoir validé son année en école de commerce, il avait obtenu sans difficulté aucune une place au sein du groupe Netisney Galaxy Resort & Co. La société tentaculaire, plus connue sous le nom de Netis, gérait d’immenses complexes de loisirs dédiés à la simulation holographique, et employait nombre d’intérimaires pour toutes les tâches d’accueil et d’animation.

Certes, le salaire était dérisoire, mais Alvin s’en contentait. Il alternait différents postes en fonction des besoins, de garçon de courses pour le conseil d’administration à plongeur dans l’un ou l’autre restaurant du parc, et observait ainsi au plus près l’organisation managériale de Netis. Ça lui servirait pour sa future carrière de cadre commercial, se disait-il. En sus, il

disposait d’un accès holodeck gratuit par semaine, après les heures de fermeture.

Non, vraiment, il n’avait pas à se plaindre de sa situation.

Jusqu’à aujourd’hui.

Sa mère le lui avait pourtant répété : « fais ton travail sans mettre ton nez dans les affaires des autres. » Un conseil avisé d’une femme qui avait passé sa vie à jongler entre une carrière professionnelle intense et une famille nombreuse, et qu’il aurait en conséquence été judicieux de suivre.

— Encore merci de votre visite, messieurs dames !

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Le matin pourtant, rien ne laissait présager de la tournure dramatique que prendraient les événements. À neuf heures, à l’issue du briefing des équipes, Alvin s’était installé dans la cabine d’accueil d’un holodeck « luxe » en immersion totale. Il avait ensuite chargé les deux séances prévues au planning, accueilli les clients comme il se doit, et prêté une oreille sincère aux commentaires enthousiastes en fin de simu.

Il s’était octroyé une pause déjeuner de quarante-cinq minutes.

Puis il avait étudié la séance holo programmée pour l’après-midi en même temps qu’il la

téléchargeait dans le deck. Une simu pour enfants basée sur un dessin animé célèbre (une des attractions phare du parc). La version longue, avec toutes les options. « Un rupin qui gâte ses enfants », songea Alvin.

C’était à ce moment que tout avait dérapé.

— Ça y est ? On peut entrer ? C’est bon ? Capitaine je peux entrer ? Alleeez !

Alvin avait souri, prêt à s’avancer pour souhaiter la bienvenue aux nouveaux arrivants,

proposer une sucrerie à la petite fille qui, il l’entendait, s’impatientait, et expliquer aux parents les procédures de sécurité du holodeck. Il n’avait jamais terminé son geste.

À présent il était recroquevillé au sol entre sa chaise et le terminal de contrôle local du

holodeck, et priait pour passer inaperçu. Un vain espoir, comprit-il lorsque le bois du comptoir craqua et que le célèbre, terrible, redoutable capitaine Harlock pénétra à demi dans la guérite.

— Il y a une séance prévue pour la p’tite, lâcha celui-ci d’une voix glaciale tout en transperçant Alvin de son regard de tueur.

— Pitié ! couina Alvin par réflexe.

La réponse fut loin de convenir à Harlock, qui réussit à exprimer son mécontentement d’une seule expiration de mauvais augure.

— J’ai son billet, ajouta le pirate.

Alvin entendit « magne-toi le train pour réagir ou je t’éviscère ». Il se releva d’un bond, fronça les sourcils. Qu’était-il censé faire maintenant ? Son cerveau était vide, lessivé par la

panique. Client, se souvint-il. Mot d’accueil.

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— Vous… (bonjour, monsieur le criminel psychopathe !)… Les enfants de moins de douze ans doivent… (doivent rester loin de vous)… doivent être accompagnés… (par des gens

honnêtes)… d’un adulte, prononça-t-il avec effort.

— J’ai deux billets, interrompit Harlock sèchement.

Le pirate se fendit d’un rictus carnassier tandis qu’il écrasait lesdits billets sur le comptoir.

Alvin comprit « ma patience est épuisée ». Il blêmit.

— Oh. (Pitié) Bien. (Pitié !) Parfait. (S’il vous plaît, pitié !) C’est parfait.

Il aurait dû vérifier la validité des tickets dans l’auto-scan. Il aurait dû s’assurer qu’il ne

s’agissait pas de billets contrefaits ou volés. Peut-être les véritables clients arriveraient-ils d’ici quelques minutes, se dit-il. Peut-être Harlock s’était-il trompé d’endroit, peut-être tout ceci n’était qu’un affreux malentendu. Car enfin, pourquoi un hors-la-loi viendrait-il s’enfermer dans un holodeck programmé avec une simulation de dessin animé pour enfants ?

— La séquence démarre automatiquement lorsqu’on entre ? reprit Harlock à brûle-pourpoint.

Était-il en cavale ? Poursuivi ? Fuyait-il la police ? L’armée ?

Alvin déglutit. Reste calme, se répéta-t-il. Continue comme si tout était normal.

— Euh… Oh, oui oui. Comme il s’agit d’une réservation, tout est déjà préprogrammé. Le système fera les ajustements nécessaires dès que vous serez à l’intérieur.

Sortait-il d’un mauvais coup ? Un braquage ? Un meurtre ? Plusieurs meurtres ? Cherchait-il une planque ?

Harlock s’était désintéressé de lui avant même qu’il ne finisse sa phrase. Sans plus rien ajouter, le pirate attrapa la main de la fillette qui l’accompagnait et l’entraîna vers l’entrée du holodeck.

D’où sortait cette enfant, d’ailleurs ? L’avait-il kidnappée ? Continue comme si tout était normal.

— Un excellent choix, monsieur, ânonna Alvin. Les enfants en redemandent !

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Ses mots sonnaient faux. Reste calme.

La petite fille sautillait avec enthousiasme.

— J’suis sûre que ça va être génial ! babillait-elle. Génial, génial, génial !

Elle aurait dû être effrayée. L’avait-il menacée ? L’avait-il frappée ? Était-ce la sienne ?

Lorsque le pirate disparut à l’intérieur de la coupole, Alvin resta quelques secondes comme assommé, presque hébété d’être encore en vie. Les jambes tremblantes, il s’assit devant le terminal et vérifia avec des gestes d’automate que le programme holo se lançait correctement.

Sécurité, songea-t-il. Les procédures de sécurité des holodecks civils étaient drastiques, d’autant plus quand les simulations impliquaient des enfants, mais il était encore possible de les augmenter en cas de besoin. Alvin sélectionna le niveau maximal, valida « mesures de protection actives », et entra son code de confirmation. Voilà. Que le pirate fasse un pas de travers et il se prendrait une décharge de neutralisation.

Satisfait, il se renversa dans le dossier de son fauteuil.

Sur le panneau de contrôle, un voyant vert s’alluma. L’écran afficha « début de simulation », puis le décompte du temps imparti. Trois heures.

Alvin hésita. Bien sûr, tout était en règle (il avait fini par scanner les billets : ils étaient authentiques), mais il ne pouvait s’empêcher de se sentir investi d’une mission. Envers sa planète, sa ville, son employeur. Envers l’enfant.

Si elle avait été kidnappée, il était de son devoir de prévenir la police. Sinon… Il réfléchit. Sinon, alors il était de son devoir de prévenir les services sociaux, décida-t-il. Un criminel ne pouvait élever convenablement une petite fille ! Qui savait quelles atrocités il lui ferait subir !

Et puis… Un criminel ne venait sûrement pas dans un parc de loisirs pour s’amuser, mais plutôt pour commettre des crimes, non ?

L’imagination d’Alvin gambergea. Peut-être le pirate envisageait-il de… pirater le holodeck.

Peut-être allait-il introduire un virus destructeur dans le système informatique de Netis. Peut- être prévoyait-il de pousser la société à la ruine, peut-être se préparait-il à réclamer une rançon exorbitante.

« Et s’il laisse derrière lui une bombe à retardement pour qu’elle explose à la prochaine séance ? » pensa Alvin.

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Il frémit.

Bon.

Pas de panique.

Au mépris de la charte éthique de Netis, Alvin brancha la vidéosurveillance du holodeck. Alors oui, le règlement intérieur stipulait que les enregistrements des caméras ne devaient pas être visionnés en temps réel par respect pour l’intimité des clients (une clause importante pour la partie du parc consacrée aux « holodecks roses »), mais des exceptions étaient permises en cas de danger imminent.

Alvin serra le poing et se composa une expression résolue. Il y avait danger, c’était certain. Qui oserait nier qu’Harlock n’était pas dangereux ?

Il zooma sur le pirate qui progressait dans la simu. Conformément à ses programmes de sécurité, l’IA de contrôle l’avait désarmé et, pour l’instant, rien de suspect n’apparaissait à l’écran. Pour l’instant.

Alvin ne laissa pas la scène bucolique étouffer ses soupçons. Sans aucun doute, Harlock attendait une inattention de sa part pour frapper, se convainquit-il. Eh bien il ne lui offrirait pas cette chance !

— Ici deck neuf-un. Deck neuf-un. Central, vous me recevez ? transmit-il.

L’opératrice lui répondit au bout d’une poignée de secondes interminables.

— Alvin, si ce n’est pas une urgence, laisse la ligne libre…

— C’est une urgence ! coupa-t-il.

Sa voix se brisa dans les aigus. Il se força à inspirer profondément, réprima un sanglot qui se transforma en hoquet étranglé. Il vivait des heures cruciales, tout le monde allait bientôt braquer ses yeux sur lui, la police, l’armée, des journalistes sûrement, ce n’était pas le moment de craquer !

— Harlock est à l’intérieur de ma coupole, il faut que tu me passes la police, qu’on les

prévienne, il est armé, il a peut-être une bombe ou je ne sais quoi, il peut faire du dégât et, euh, et il y a une enfant avec lui, débita-t-il d’une traite.

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Silence.

Dans la simu, Harlock discutait avec une tortue. Il peut faire du dégât. Alvin tapotait nerveusement sur l’accoudoir de son fauteuil. Il peut faire -beaucoup- de dégâts.

— Central, vous m’avez reçu ?

Silence. Crachouillis de bruit blanc. C’est une urgence, merde ! Alvin se retint d’abattre son poing sur le micro. Harlock atteignait une maisonnette pastel. Une autre tortue engageait la conversation. L’enfant gambadait sur la pelouse. Une. Urgence. Quel est le mot que vous n’avez pas compris ?

— Je… transmets l’information, répondit enfin le central. Reste où tu es, Alvin.

— Reçu (Pas trop tôt), terminé.

Bien entendu qu’il restait où il était ! S’il relâchait sa surveillance une seule fraction de seconde, le pirate en profiterait, c’était évident !

L’enfant jouait à la balle. Harlock parlait à un ours. Je suis sûr qu’il manigance un mauvais coup. C’est obligé. C’est un pirate !

— Jeune homme, expliquez-moi ! Vous avez parlé d’une bombe ?

Le directeur de communication de Netis fut le premier à arriver sur place, essoufflé et

transpirant, bientôt rejoint par une secrétaire et deux assistants. Alvin leur montra les images des caméras de surveillance. L’enfant courait derrière son ballon. Harlock la regardait depuis une chaise longue.

— Vous avez parlé d’une bombe, insista le directeur.

— Monsieur, c’est le capitaine Harlock.

(Ce type est une bombe à lui tout seul !) Le directeur grimaça.

— Nous avons reçu un message du gouvernement nous avertissant de la présence de l’Arcadia en bordure de la ville, confirma-t-il. Ils affirmaient contrôler la situation.

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Alvin secoua la tête, lèvres pincées. Ils avaient laissé Harlock entrer en ville ! Ce n’était pas du contrôle, c’était de l’inconscience !

— Si ce pirate est ici, ça veut dire qu’ils ne contrôlent rien du tout, monsieur.

— Hrm, je suppose qu’ils savent ce qu’ils font…

Le directeur se racla la gorge.

— La police a été prévenue, termina-t-il.

Silence. « Vous avez parlé d’une bombe ? » Alvin sentait le regard suspicieux du directeur posé sur lui, et devina des reproches informulés. Clairement, cette histoire ferait une mauvaise

publicité à Netis et cela ne réjouissait pas les dirigeants de la société. Le conseil

d’administration aurait sûrement préféré étouffer l’affaire et continuer à engranger les profits sans qu’un pirate ne vienne enrayer cette belle machine commerciale.

Et, non, il n’avait pas vu de bombe. Harlock n’avait même pas évoqué l’éventualité d’en

posséder une. Mais une chose était certaine : ce maudit pirate était armé, et pas avec du petit calibre. Certes, l’IA avait « camouflé » tout cet arsenal, mais quiconque connaissait un tant soit peu le fonctionnement des holodecks savait comment contourner le problème. Alvin ne doutait pas qu’Harlock serait tout à fait capable de récupérer son artillerie si l’envie lui en prenait.

Il afficha le scan du pirate sur l’écran de contrôle. Le système n’avait pas détecté de

« bombe », mais Harlock possédait sur lui une arme classée « A0 », deux de catégorie A1, deux de catégorie D et une quantité impressionnante de matériels que l’IA avait identifiés comme

« d’une dangerosité hautement probable », dont deux blocs de « possible explosif de type plastic ». Ce type était une bombe ambulante. Un impair de leur part et le résultat pourrait s’avérer désastreux.

— Comment se fait-il que les sécurités du deck l’aient laissé accéder à la simu ? s’étonna le directeur.

Parce que l’IA d’un holodeck « loisir » n’était pas programmée pour repousser les clients et que c’était plutôt le rôle du filtrage à l’entrée du parc ? supposa Alvin in petto. Il se garda toutefois d’énoncer la réponse à haute voix.

— La sécurité est au niveau maximum avec les mesures de protection actives, monsieur. J’ai

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vérifié les tasers, ils sont fonctionnels.

Le directeur hocha la tête, lâcha un « bien… bien… », tandis que son attention se focalisait soudain sur des mouvements de foule dans les allées du parc. Ah. La police.

Alvin fit la moue. Même si Harlock ne risquait pas d’entendre les sirènes hurlantes depuis l’intérieur du deck, la police aurait pu se montrer plus… discrète. Clairement une mauvaise publicité pour Netis. La direction n’allait pas du tout apprécier.

L’inspecteur en charge de l’opération était stressé.

— Il y a une bombe ? Un otage ? Combien de personnes sont enfermées là-dedans ?

Alvin, qui commençait à craindre que cette malheureuse histoire de bombe ne lui retombe dessus (il avait dit « peut-être une bombe », merde !), donna à l’officier de police les mêmes éléments qu’il avait fournis au directeur quelques minutes auparavant.

L’inspecteur pâlit lorsqu’il posa les yeux sur les images des caméras du deck. L’enfant riait.

Harlock jouait au football avec la tortue.

— Vous avez un moyen de le contacter d’ici ?

Alvin opina. Il pouvait même mettre la simu en pause, expliqua-t-il. Il était aussi possible de lancer manuellement le programme de contention. Les holodecks possédaient des tas de sécurité pour empêcher les clients de se blesser ou de violenter d’autres personnes. Alors non, l’IA n’avait encore rien détecté de suspect, mais l’IA n’avait jamais rencontré le capitaine

Harlock. Le capitaine Harlock n’était pas n’importe quel client. Mieux valait prendre les devants avec le capitaine Harlock.

L’inspecteur semblait moyennement convaincu, et donnait davantage l’impression d’avoir envie d’être ailleurs que de prendre à sa charge les opérations. Lui et le directeur de com se lancèrent dans un argumentaire verbeux sur la meilleure conduite à tenir, duquel ressortaient surtout les mots « ne brusquons rien ». Les deux hommes s’accordèrent finalement sur le fait que le Groupe d’Intervention d’Élite serait plus compétent pour, comme son nom l’indiquait, intervenir, puis l’inspecteur sortit un comsat’ de sa poche et se lança dans un compte-rendu exhaustif à Dieu seul savait qui.

Alvin leva les yeux au ciel. À ce train-là, aucune décision ne serait prise avant la fin de la simu, et Harlock repartirait sans être inquiété. Avec l’enfant. Était-il le seul à penser au bien-être de l’enfant ?

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Il s’apprêtait à enclencher la séquence de contention de son propre chef lorsqu’une voix le stoppa net.

— Ne bougez pas, je m’en occupe !

Le nouveau venu était militaire. Un officier de la Flotte Indépendante Terrienne, s’il fallait en croire les parements sur ses épaulettes. « Commandant Warrius Zero », annonça-t-il. Il était suivi d’une jeune femme à l’air sévère, et d’une armoire à glace qui tenait davantage du mercenaire que du militaire standard.

L’inspecteur s’empressa de lui céder la place.

— N’allez pas le mettre en rogne, vous n’y gagnerez rien, ajouta l’officier.

Il adressa un sourire avenant à la cantonade et un regard insistant à l’inspecteur.

— Heureusement, j’ai l’habitude de traiter avec lui en bonne intelligence, continua-t-il. Je vais veiller à ce que rien de fâcheux n’advienne ici.

Puis, sans attendre l’approbation de quiconque, lui et son, euh, « garde du corps » (Alvin ne voyait pas trop comme qualifier ce gros costaud autrement) se dirigèrent vers l’entrée du

holodeck et disparurent à l’intérieur. Ne resta avec eux que la jeune femme, qui les dévisageait sans mot dire.

L’expression du directeur oscillait entre le soulagement et la perplexité.

— Eh bien, tout s’arrange ! avança-t-il tout en tapant sur l’épaule de l’inspecteur avec un entrain forcé.

La froideur que lui opposa la femme le coupa dans son élan.

— Commandant Oki, se présenta-t-elle. Il serait préférable que vous fassiez replier vos troupes.

— Oui mais si le pirate… objecta l’inspecteur.

— Harlock n’a pas pour habitude d’attaquer les civils sans raison, coupa-t-elle.

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Un ange passa.

— … En revanche, je peux vous assurer qu’il attaque les forces de l’ordre quand elles lui barrent le chemin.

Le deuxième ange fut beaucoup moins sympathique que le premier, et plana au-dessus d’eux avec un méchant arsenal plus ou moins légal.

— Oh, euh… Oui, céda l’inspecteur. Bien. Je, euh… Je présume que les voitures peuvent aller se positionner plus, euh… loin. Pour avoir une meilleure vision d’ensemble.

— Voilà. Faites ça, approuva Oki du ton qu’elle devait probablement aussi employer pour donner des ordres à ses subordonnés.

Alvin attendit d’autres consignes. La frustration le submergeait peu à peu en même temps qu’il comprenait que tout officier des Forces Indépendantes Terriennes qu’elle soit, le commandant Oki n’avait pas davantage l’intention d’agir que la police ou le directeur de Netis. « Hé ! » avait- il envie de crier. « Les holodecks peuvent générer des champs de force ! Ils peuvent envoyer des décharges paralysantes ! Je peux neutraliser ce criminel rien qu’en appuyant sur un bouton ! »

Il se mordit la lèvre inférieure.

— Je peux… mettre la simu en pause, répéta-t-il.

Allait-il devoir tout réexpliquer et perdre encore un temps précieux ? La militaire doucha très vite ses espoirs.

— Si le commandant souhaite stopper la simu, il nous le fera savoir. La séance dure encore combien de temps ?

— Il reste soixante-trois minutes, soupira Alvin.

Ce furent de très longues minutes.

Pendant ce temps, le supérieur du commandant Oki prenait le café avec Harlock. Alvin se pencha sur l’image de la caméra. Non, trop clair pour être du café… Du chocolat ? Le capitaine

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Harlock buvait du chocolat ? Avec un officier des Forces Terriennes ? Ils discutaient tranquillement ? Ils auraient dû se battre, merde !

Et pourquoi personne ne se préoccupait de l’enfant ?

— Vous, euh… À qui comptez-vous confier la petite fille ? lança-t-il après s’être débattu avec sa conscience et avoir décidé que si, il devait poser la question.

Oki lui renvoya une moue dédaigneuse.

— Elle vit à bord de l’Arcadia, répondit-elle. Je doute qu’Harlock accepte de la confier à qui que ce soit. Il est très protecteur envers les membres de son équipage, vous savez…

Alvin écarquilla les yeux.

— Mais… (C’est une enfant !) Il faut la mettre en sécurité ! (Une enfant, pas un « membre d’équipage » !) Ce n’est pas bon pour son développement de vivre au milieu de pirates !

Le regard de la militaire était froid.

— Je ne pense pas que cela vous regarde.

— Cela regarde les services sociaux ! insista-t-il.

Très froid.

— Je transmettrai, lâcha-t-elle finalement.

Alvin se demanda si elle s’exécuterait. Ses certitudes avaient été un peu ébranlées depuis le début de l’après-midi.

Lorsque la console de contrôle indiqua la fin de la simu, Alvin nota avec une résignation désabusée que l’inspecteur s’éclipsait fébrilement. Au moment où le sas de sortie s’ouvrit, rien dans les alentours n’aurait pu laisser penser qu’une débauche de forces de police s’était déployée devant la coupole du deck à peine quelques minutes auparavant.

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Lorsqu’Harlock arriva à hauteur de la guérite d’accueil, il ralentit imperceptiblement le pas. Il ne paraissait pas le moins du monde ennuyé d’être escorté par des soldats des forces terriennes – d’un autre côté, il n’était pas non plus entravé, une aberration de l’avis d’Alvin.

Le regard que le pirate lui lança était éloquent : il ne s’était pas fait un ami. Si Harlock tenait à jour une liste personnelle de cibles à abattre (et c’était le cas, Alvin en était convaincu), alors il y figurait désormais en bonne place.

Lorsque le directeur de communication de Netis, sa secrétaire et ses assistants s’écartèrent ostensiblement de lui, Alvin comprit que personne ne le soutiendrait. Ses patrons lui

reprocheraient durant le reste de son contrat d’avoir manqué de déchaîner l’enfer. On le fuirait tel un pestiféré. On oublierait la qualité de son travail. Sa rigueur. Bordel, c’était un pirate ! Un hors-la-loi ! Un criminel ! Il ne fallait pas laisser ces gens-là en liberté ! Était-il donc le seul avec un minimum de sens commun ?

Il soupira. Il aurait préféré des félicitations. Une médaille peut-être, pour récompenser son acte héroïque. « Merci, mais je n’ai fait que mon devoir », aurait-il répondu.

Au loin, Harlock disparaissait dans un glisseur non homologué. Vers son vaisseau,

probablement, Sans avoir jamais été inquiété par quiconque. Alvin secoua la tête. Quelque chose lui avait sûrement échappé.

Il soupira encore. Avait-il fait preuve de trop d’initiative ? Aurait-il dû suivre au mot près la fiche de tâche de son poste, fermer les yeux sur « le pirate » et se cantonner au « client » ?

Ah, bah. Au moins avait-il retenu la leçon : la prochaine fois… Son estomac se contracta au souvenir du regard du pirate. Implacable. Pénétrant. Il y avait vu la mort. Cela hanterait ses nuits. La prochaine fois, il laisserait l’IA gérer la sécurité, se promit-il.

Et puisse-t-il ne jamais connaître de prochaine fois.

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