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Memoires et lettres de Henri Duc de Rohan, sur la guerre de la Valteline
Rohan, Henri de
A Geneve et se vend a Paris, 1758
Zentralbibliothek Zürich Shelf Mark: Ri 108
Persistent Link: https://doi.org/10.3931/e-rara-24953
Dépêches en cour, par Isaac, du 20 août 1635, du camp de Tiran.
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DE R O rt A N. '59
D £ p £ CHES EN COUR,
par Ifaac , du 20 Aoüt 163 5, du camp de Tiran.
A M . Serviert.
Monsieu r,
Je suis tout etonneque vous ayez pu apprendre 1’heureux succes des armes du Roi , dans Ia comte de Bormio & valMonastere ,au temps que vous me le marquez par la votre du 17 du passe, car je ne sus ä Sainte-Marie que le 21, Lc je de- pechai au Roi le 23. Je suis trop glorieux de la part que vous prenez aux petits services que j’ai täche de rendre aSa Majeste , je vous en
ai une particuliere Obligation, vous suppilant de croire que vous ne fa- voriserez jamais personne de vos bonnes graces qui soit plus votre serviteur que moi.
J’ai grand regret que le paquet quevous m’envoyez pour le pauvre
Cvj
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seu M.de Montanster , ne 1’ait trou- ve en vie , je le trouverai bien ä dire ; mais M. de Leques (a) qui vient ,le remplacera ; son regiment
& celui du Lande sont arrives : j’ai necessairement affaire d’un troisie- me pour m’opposer comme il saut aux Allemands qui se fortifient ds toutes parts pour m’attaquer ; car dc s’attendreaux levees etrangeres, ni ä faire des recrues en ce pays , c’est tems perdu.
Pour la cavalerie , je vous ai deja mande que j’avois donne de l’ar- gent pour faire faireles recrues de Canillac (£) & Villeneuve (c) , lef-
^a) Henri de Chaumont , daran de Lec-
ques.Nousen avons parledans unenote^ .37.
(i) Guillaume de Montboissier -Beaufort ,
daran de Canillac, d’abord capitaine d’une Compagnie de chevaux-legers, puls mestre de camp d’un regiment de cavalerie defön nom , depuis le 24Janvier 1638 , jusqu’a la reformede 1661 ,marechal de campen 1649,
& lieutenant-general ,le10 Juillet 1652.
(<*)Claude de Murat , sieurde Villeneuve,
de Rohan. 6t quelles s’avancent tellement que je ne songe point ä mettre ma Compa¬
gnie de chevaux-legers fur pied , pour ce qu’austl-bien viendroit -elle trop tard , 6c vaudroit mieux m’en envoyer une toute faite.
Quant aux dragons , outre que je iiiis en un pays oü je ne puis entretenir perfonne sans argent, je les tiens fort inutiles ici ou il ne faut que bonne cavalerie & bonne Infanterie , ä caufeque le fourrage est tres-rare ici ; car d’entretenir quelques troupes fur le pays enne- mi , c’est chofe du tout impoffible pour ce que nous ne l’avons qu’aux deux bouts de la Valteline :le cote du Milanois nous est bouche par le lac de Como & les fortifications que Cerbellon y a faites jufqu’au haut des montagnes ; & celui du Tirol par de hautes montagnes , la
capitame d’une Compagniedechevaux -legers, levaun regimem de cava 'erie deion nom , 5e 24 Janvier 1638.11 im fait marechalde camp le 20 Octobre 1647.
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peste , la famine & les Allemands ; tellement que soit cavalerie ou In¬
fanterie ,il faut me l’envoyer tonte faite de France.
Tout ce qui me reste ä vous dire est que le Milanois ne se peut sau- ver des mains dn Roi que par le secours d’AUemagne, lequel n’y peut arriver ä temps , qu’en formant la Valteline : juger par-lä 1’interet que Sa Majeste a de me fortifier jusqu’ä la fin de Novembre ; car de la conservation de ce pays depend le bon succes des affaires d’Italie,
fi bien que le secours qui m’est ne- cessaire doit etre present , 8c non le fonder sur de nouvelles levees ; c’est ce que je vous supplie bien humblement de vouloir faire consi¬
derer ou il appartient , me trouvant maintenanten tel etat que , manque d’argent , tous travaux sont cesses,
& toutes les troupes pretes ä de- bander ;mais de cela j’en ecris plus particulierement ä MM. les surin- tendans , & envoie ce Courier en toute diligence , asinqu’on y pour-
de Roh ä h. 6z voye prompte ment ; für ce , je vous baise bien humblement les mains ,
& demeure.
A MM. les (a ) furintendans.
Messieurs,
Je vous avois ecrit par la voie ordinaire l’extreme necestite oii j*
me trouve , ayant une armee für les bras , force fortifications k faire
& force forts k munir fans un fou ,
& qui pis est , fans aucune nouvelle
«le la voiture ; mais maintenant il y a bien pis , c’est que le commis Hu sieur Lionne ( b ) , für un Cou¬
rier qui lui est venu de Paris , s’en est alle je ne s$ais oii , fans m’en donner avis , & fans donner ordre
(<j) Franfois Subkt desNoyers , Claude de Bullion , & Claude Bouthillier , surinten¬
dans des finances.
(£) Peut-etre Martin deLyonne , conseiller du Roi , qui avoit ete tr 41orier general der LiguesSuissesen i6 >8 , & en 1624.
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ä quoi que ce soit , telleffient qtie je me trouve en une peine extraor- dinaire ;& siM. MeliaHd(a)ne m’eüt
assiste extraordinairementjje n’eusse pu subsister jusqu’ä present. Ce qui me fait vous envoyer ce Courier en toute diligence , pour vous conju¬
rer , au nom de Dieu , autant que vous avez les assaires du Roi en recommandation , de ne perdre un moment de temps a m’assister, au- trement je succomberai sous le faix.
Je vous envoie un duplicata de ma precedente depeche , qui vous fera entendre en quel etatje suis , & ce qui m’est necessaire pour y remd- dier : bref , Messieurs, le Milanois ne peut etre secouru que par ici ; juger par-la de quelle importance est ce pays : vous ne devez nulle- ment douter que les Allemans ne
(a) Blaise Meliand , seigneur d 'Egligny , president en Ia cour du parlement de Paris, fut ambaffadeur du Roi en Suisse depuis la fin de 1634 jusqu ’en 1640.
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fassent leurs efforts pour 1’occuper avant l’hiver ; c’est pourquoi il ne staut pas s’amufer k de nouvelles levees , ü saut m’envoyer des trou- pes toutes staites , & de quoi Ies entretenir , car il n’y a homme par- ticulier dans la Valteline qui pisisse trouver du pain pour de 1’argent : A qui que ce soit , tant de cavale- rie que d’infanterie , il faut que je lui fournifle du pain de munition , tant le pays est ruine . Vous pouvez voir par -lk st le soldat peut vivre stans la solde . J’ai cru necesiaire de vous faire s^avoir ces chofes, afin que , felon vos prudences , 'vous y pourvoyez ä 1’avenir particulie- rement , vous fuppliant bien hum- blement de donner ordre qu’en cas que la voiture fut encore eloignee, de notis envoyer en poste la plus grosse forume d’or que vous pour- rez . Pour la sin je vous demande pardon si je vous parle si librement;
mais l’extreme necessite m'y con ^- traint , & je me promets que vous m ’excuferez facilement , puifque
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vous s$avez combien je vous ho¬
nore , etant plus que personne du monde.
A M . Bouthilher surintcndant.
Mons IEUR,
Outre la lettre que je vous ecris en eommun avec M.de Bullion (a ), je vous fais ce mot en particulier pour vous dire que je juge plus ä propos pour le vicomte de Melun, de lui faire obtenir le regiment dii Biez , que la lieutenance d’une Com¬
pagnie de chevaux -legers en mon nom , pour ce qu’ayant le gouverne- ment de Tiran , il a affaire d’infan- terie , & qifil ne fera point oblige ä une grande depense ; c’est pour- quoi , avant que de lui en parier,
(a) Claude de Bullion , surintendant des finances , depuis 163a , mourut en 1640 , le aa Decembre prefident a monier au parle- ment deParis
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)’ai voulu vous ecrire ce que dessus.
J’en ecris aufli k ma femme qui en conferera avec vous ;en ce cas , je ne mettrai point ma Compagnie fur pied ,asin de ne lui donner nulme- contentement ,aufli bien ne ffauroit«
eile venir k temps p®ur le fecours qui m’est neceflaire ici. Je mande k M . Servien que j’ai befoin de compagnies faites &c non ä faire , tcHement que si les affaires le re- quierent , tk ledit vicomte le de¬
lire , je la pourrai mettre plus fa- cilement fur pied ä ce printemps qu’4 prefent . Pour la sin je vous demande la continuation de la fa- veur de vos bonnes graces , & que vous me croyiez plus que personne du monde.
