• Aucun résultat trouvé

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es... et je te conseillerai au mieux

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es... et je te conseillerai au mieux"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

0 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 janvier 2011 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 janvier 2011 183 Déjà dans la Grèce antique, Hippo­

crate, le père de l’art médical, ensei­

gnait que «la dieta – ou art de manger dans son sens originel – est la pre­

mière des médecines». De même, les Anciens avaient observé la relation entre la santé du corps et la qualité de l’esprit : Mens sanae in corpo sana. Aujourd’hui, à l’aube du XXIe siècle, la recherche en nutri­

tion démontre scientifiquement le rôle de nos choix alimentaires sur la prévention des maladies chroniques les plus fréquentes dans notre société.

nutrition et maladies

cardiovasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en France (170 000 décès par an). Le risque peut être réduit par une alimentation adéquate :

• 33% pour le risque d’un premier accident cardiaque.

• 50% pour le risque de récidive après un premier accident cardiaque.

• 80% pour le risque de mort subite par trouble du rythme.

nutrition et cancer

En France, 240 000 nouveaux cas de can­

cer sont découverts chaque année. Cela représente :

• 140 000 décès par an et la première cause de décès avant l’âge de 75 ans.

• 30% des cancers imputables à une ali­

mentation inadéquate, notamment ceux tou­

chant le côlon, le rectum, le poumon et le sein chez la femme ; la prostate chez l’hom me.

• Une réduction de 25 à 60% du nombre de cancers avec un régime de type «médi­

terranéen».

nutrition et maladie d

alzheimer

350 à 400 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France, ce qui représente 5% de la population de plus de 65 ans. Le risque pourrait potentiellement

être diminué de moitié par le choix des ali­

ments.

nutrition et excèsde poids Aux Etats­Unis, chaque décennie, dix mil­

lions d’Américains deviennent trop gros mé­

dicalement parlant (surpoids et obésité).

Depuis 2003, plus des deux tiers des Amé­

ricains souffrent de surpoids ou d’obésité.

En France, l’évolution de la dernière décen­

nie est inquiétante. Actuellement, parmi les adultes, 10% sont obèses, 35% sont en surpoids (à titre indicatif : pour une taille de 1,75 m, le surpoids débute à 75 kg et l’obé­

sité à 92 kg).

changer sonmode alimen

-

taire

:

une gageure

?

Le mode de vie contemporain favorise l’obésité mais coexiste avec une aspiration forte à la minceur, aspiration amplifiée par les tendances de la mode et l’aspect fili­

forme des mannequins. Pour résoudre ce paradoxe, certains considèrent leur alimen­

tation comme un sujet de préoccupations perpétuelles, les conseils formulés par tel ou tel régime comme des diktats et le moindre écart comme une faute et un échec. Ils ne perçoivent plus ou n’écoutent plus leurs propres sensations de faim et de satiété.

On parle alors de «restriction cognitive chro­

nique».

La restriction cognitive a plusieurs incon­

vénients :

• Par les frustrations et la faim qu’elle en­

gendre, elle risque de précipiter certains troubles du comportement alimentaire gra­

ves, tels que l’anorexie ou la boulimie ; c’est notamment le cas lorsque la restriction tou­

che des jeunes femmes déjà minces et qui voudraient devenir maigres.

• Par le manque de «naturel» et les con­

traintes qu’elle génère, elle alterne souvent avec des périodes de défoulement, d’où le risque de syndrome Yo­Yo : on s’affame et on perd du poids puis on se libère et on re­

prend tout… plus un bonus.

On pourrait alors être tenté de rejeter toute idée de régime ou même de conseils nutritionnels, sous prétexte qu’ils condui­

raient à faire plus de mal que de bien en empêchant les régulations physiologiques de se réaliser naturellement. Une telle atti­

tude, diamétralement opposée à celle de la restriction cognitive, la rejoint pourtant par la survenue de conséquences aussi pré­

judiciables. En effet, le mode de vie actuel favorise, sans conteste, la prise de kilos su­

perflus ainsi que l’obésité : nous avons con­

tinuellement à notre disposition une quantité d’aliments à la fois savoureux et riches. De plus, nous bougeons de moins en moins et l’organisme n’est pas capable d’éliminer une succession de repas copieux et/ou de gri­

gnotages gourmands.

Cela explique le caractère d’épidémie pris par l’excès de poids dans certains pays comme les Etats­Unis (plus de la moitié des adultes américains ont un excès de poids et un tiers sont obèses), la Grande­Breta­

gne (doublement du nombre d’obèses en dix ans) ou encore dans certaines îles du Pacifique (50 à 70% d’individus obèses). Ces observations «géographiques» montrent bien que les capacités de régulation du poids et le contrôle naturel de la prise de nourriture sont vite dépassés avec le mode de vie contemporain ; on aboutit aux mêmes con­

clusions lorsqu’on observe, en laboratoire, des rats soumis à une alimentation moder ne (variée, grasse et concentrée en calories, très sucrée ou très salée) ; ils deviennent vite obèses.

Alors que peut faire le patient ? Se res­

treindre, et sombrer dans la boulimie, l’ano­

rexie ou le syndrome Yo­Yo ? Ne rien faire et prendre inexorablement du poids ? La sagesse et l’efficacité résident dans une troisième voie : proposer au patient de sur­

veiller son alimentation de façon à la fois souple et attentionnée.

Conscient à la fois des dangers de la res­

triction cognitive et du modèle alimentaire moderne, on peut distinguer deux maniè res de faire attention à ce que l’on mange :

• La première consiste à surveiller son ali­

mentation de façon obsessionnelle, à ne penser qu’à cela (ou presque) tout au long de la journée, à considérer certains aliments comme totalement interdits, à peser tous ses aliments, à limiter ses portions même en cas de faim intense. Dans ce cas, on

Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es…

et je te conseillerai au mieux

Quadrimed 2011

J. Fricker

Dr Jacques Fricker 7 rue Marbeuf, 75008 Paris fricker.jacques@wanadoo.fr

Rev Med Suisse 2011 ; 7 : 183-4

07_08_35430_.indd 1 20.01.11 07:00

(2)

184 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 janvier 2011 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 26 janvier 2011 0

Bibliographie

• Apfelbaum M, Fricker J, Igoin-Apfelbaum L. Low- and very-low-calorie diets. Am J Clin Nutr 1987;45:1126- 34.

• Freedman DS, et al. Trends and correlates of class 3 obesity in the US from 1990 through 2000. JAMA 2002;288:1758-61.

• Westenhoefer J, Stunkard AJ, Pudel V. Validation of the flexible and rigide control dimensions of dietary restraint. Int J Eat Disord 1999;26:53-64.

perd ses repères «internes», on vit dans la crainte perpétuelle de «fautes», on s’expo se à la survenue de l’anorexie, de la boulimie ou du syndrome Yo­Yo. C’est la restriction cognitive obsessionnelle et culpabilisante.

• La seconde consiste à prendre con s­

cien ce qu’il est difficile de contrôler son appé tit et de réguler son poids lorsqu’on ré­

pète certains comportements : consomma­

tion régulière de boissons sucrées ; alimen­

tation concentrée en calories et/ou à index glycémique élevé ; réponse aux émotions par la prise systématique de nourriture ; sé­

dentarité. Ensuite, il convient de proposer

une façon de manger savoureuse, simple et rassasiante tout en limitant les «situations à risque».

Avec cette manière de voir, on donne au patient certains conseils, mais il confection­

ne ses repas et détermine la taille de ses plats selon son appétit ; on lui recommande certains aliments, mais lorsqu’il profite des autres, c’est avec plaisir et sans culpabilité.

On invite ainsi le patient à mener une ré­

flexion sur sa façon de manger qui sera, par définition, cognitive (elle fait appel aux connaissances scientifiques et à la raison), mais également souple et non culpabilisan te.

Il n’a pas à lui obéir, c’est elle qui est à son service : la connaissance au service de son libre arbitre, et non l’inverse.

07_08_35430_.indd 2 20.01.11 07:00

Références

Documents relatifs

:Lenquête de Bonnet le conduit moins, d'ailleurs, dans les cuisines, pour pénétrer les secrets de telles sauces ou recueillir les recettes de tels desserts,

L’adage « Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es » peut-il s’appliquer aux sociétés ouest-africaines du Sahel notamment si on les étudie à travers leurs techniques

organiser l’information utile o Extraire les informations utiles à partir d’un document. o Traduire l’information, reformuler,

Or, si les lits de banquet, avec les tables et les mets qui y sont associés, symbolisent, aux yeux de Platon, une cité de la déca- dence, et si, dans la cité guérie grâce à

Cette distinction faite, il n’est dès lors plus évident qu’intensité sonore et pics émotion- nels soient en corrélation directe ; et ceci pour deux raisons au moins : d’une part,

 Pour traduire un nombre décimal en nombre binaire, il faut faire des divisions

Remarque : Le dictionnaire peut être utilisé dans un premier temps car les élèves ne connaissent pas forcément le sens des mots proposés.. L'exercice régulier favorisant

Sans revenir sur une question qui n'est pas près de sa solution (peut être parce qu'elle est mal posée) on constate que le Conseil est doté d'un statut procédural qui n'est pas