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Qualité de l’eau de consommation et maladies hydriques dans la commune de Ze (Benin) pp. 105-113.

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Qualité de l’eau de consommation et maladies hydriques dans la commune de Ze (Benin)

ODOULAMI LÉOCADIE1, Enseignant/chercheur en Géographie

GBESSO FLORENCE2, Doctorant en Géographe HOUNGUEVOU SYLVIE1,

Doctorant en Géographie

1- Laboratoire Pierre PAGNEY, Climat, Eau, Ecosystème et Développement (LACEEDE)/DGAT/FLASH/Université d’Abomey-Calavi (UAC) BP 03BP : 1122 Cotonou, République du Bénin, leocadieo@yahoo.com, hcarmelle@ymail.com

2- Laboratoire de Biogéographie et Expertise Environnementale (LABEE) ;Université d’Abomey-Calavi (UAC), viarrence1@yahoo.fr

RÉSUMÉ

Au Bénin, le problème d’eau se pose surtout du point de vue qualitatif avec l’existence de plusieurs localités partiellement ou totalement dépourvues de source d’approvisionnement en eau potable. L’objectif principal de cette recherche est d’analyser les problèmes de santé qu’engendre la consommation des eaux de qualité douteuse. La démarche méthodologique utilisée est axée sur la collecte des données dans les centres de do- cumentation et des enquêtes dans la commune (observations directes, interview par questionnaire et guide d’entretien) ont été réalisées. Ces enquêtes ont été réalisées dans 165 ménages choisis de façon aléatoire, 15 autorités communales ont été sélectionnées de manière raisonnée et 11 agents de santé ont été questionnés selon l’affluence des patients. Également, des prélèvements d’eau ont été faits dans la commune pour des analyses physico-chimiques et bactériologiques au laboratoire de la DG Eau dans le but d’apprécier la qualité de l’eau utilisée par la population rurale de Zè.

Il ressort des données collectées et traitées que la com- mune de Zè est couverte seulement à 8,52 % en ouvrages hydrauliques et 90,2 % de la population manquent de toi- lettes. Les eaux de puits traditionnels de la commune sont affectées par la pollution biologique. Il découle de cette situation des maladies liées à l’eau telles que les diarrhées, le choléra et les gastroentérites. Il importe que les autorités communales, locales en collaboration avec la population de la commune rurale de Zè adoptent une nouvelle politique de gestion intégrée des déchets (solides et liquides), des excréta et de fourniture de l’eau sans contre partie de la po- pulation et que les textes sur l’hygiène et l’assainissement en vigueur soient appliqués dans la commune rurale de Zè.

Mots-clés : Bénin, commune de Zè, mauvaise gestion des déchets, utilisation de l’eau de qualité douteuse, ma- ladies hydriques.

SUMMARY

In Benin, the water problem arises mainly from a quali- tative point of view with the existence of several areas par- tially or totally devoid of source of drinking water. The main objective of this research is to analyze health problems engendered by the consumption of water of questionable quality. The methodology used is based on the collection of data in the documentation centers and investigations in the town (direct observation, interview questionnaire and interview guide) were performed. These surveys were conducted in 165 randomly selected households, 15 local authorities were selected wisely and 11 health workers were interviewed by the influx of patients in 2010. Also, water samples were made in the commune for physic- chemical and bacteriological laboratory analyses at DG Water in order to assess the quality of the water used by the rural population of the commune of Zè.

It appears from the data collected and processed that the commune of Zè is covered only with 8.52 % in hydraulic infrastructures and 90.2 % of the population lack toilets.

The waters from traditional wells are affected by the bio- logical pollution. It follows from this situation waterborne diseases such as diarrhea, cholera and gastroenteritis. It is important that the municipal and locals authorities , in collaboration with the population of the rural commune of Zè adopt a new policy of integrated management of waste ( solid and liquid) , excreta and water supply without party against from the people and texts on hygiene and sanita- tion are enforced in the rural commune of Zè.

Key words : Benin, Zè commune, poor waste ma- nagement, water use of dubious quality, waterborne diseases.

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1. INTRODUCTION

La qualité de l’environnement constitue aujourd’hui un enjeu important tant du point de vue politique, économique, scientifique que social. Les problèmes environnementaux liés à l’accroissement rapide de la population sont devenus un sujet de préoccupation à la fois nationale et internationale. L’accès à l’eau potable et l’accès à l’assainissement posent encore d’énormes difficultés dans plusieurs régions du mon- de. En effet, plus d’un milliard d’êtres humains dans le monde, n’avaient toujours pas accès en 2003 à l’eau potable et parmi eux, 450 millions se trouvaient en Afrique (PNUD, 2006).

Le problème lié à l’approvisionnement en eau potable est une question primordiale pour les pays d’Afrique en général et ceux d’Afrique de l’ouest en particulier. Source de vie pour tout être vivant, l’eau de bonne qualité est peu disponible. L’eau rend la vie possible et soutient les écosystèmes et les entre- prises de l’homme. Elle est à la fois une ressource stratégique et l’élément de base fondamental à une économie saine (Odoulami, 1999).

Malgré l’exécution des programmes hydrauliques, la population de la commune de Zè éprouve toujours de difficultés à avoir un accès à une eau de bonne qualité. La consommation de l’eau d’origine douteuse et de mauvaise qualité est à l’origine de plusieurs cas de maladies hydriques telles que le choléra, les gastroentérites, les diarrhées, les dysenteries, la fièvre typhoïde. Au Bénin, 70.000 personnes sont actuellement atteintes par ces maladies soit 5 % de la population (Odoulami, 2009). La commune de Zè, l’objet de cette étude, n’est pas en marge de cette si- tuation ; elle est exposée aux problèmes de santé liés à la consommation de l’eau de qualité douteuse.

La commune de Zè, une subdivision administrative du département de l’Atlantique, est comprise entre 6°33’ et 7°27’ de latitude nord d’une part, entre 2°19’ et 2°26’ de longitude est, d’autre part. Avec une superficie de 653 km², elle est la commune la plus vaste de ce département (Mairie de la commune de Zè, 2005). Elle est limitée au nord par la commune de Toffo, au sud par les communes d’Abomey-Calavi et de Tori-Bossito, à l’est par le département de l’Ouémé et à l’ouest par la commune d’Allada (figure 1).

Figure 1 : Situation géographique de la commune rurale de Zè

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La commune de Zè compte 73 villages répartis sur onze (11) arrondissements que sont : Adjan, Dawé, Djigbé, Dodji-Bata, Hèkanmè, Sèdjè-Dénou, Houégoudo, Tangbo-DjèviéYokpo et Zè. La com- mune rurale de Zè abritait en 2002, une population de 72814hts. Cette population est passée à 97518 habitants en 2011 (INSAE, 2003).

L’objectif principal de cet article est d’étudier les problèmes de santé qu’engendre la consommation des eaux de qualité douteuse. Pour y parvenir, une démarche méthodologique a été adoptée pour l’obtention des données sur les eaux les sources et qualité des eaux en consommation dans la commune rurale de Zè.

2. DONNÉES ET MÉTHODES UTILISÉES Plusieurs types de données ont été utilisés dans cette étude : les données démographiques, les données sur les hauteurs de pluies et de l’ETP, les données hydrogéologiques et épidémiologiques. Ces données ont été collectées à l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique (INSAE) et la mairie de la commune de Zè, à l’Agence de Sécurité et de Navigation Aérienne (ASECNA), la Direction Générale de l’Eau (DG Eau), au Département de Géographie et Aménagement du Territoire (DGAT) de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) et dans les cen- tres de santé couvrant l’étendue de la commune.

Le bilan climatique a été calculé avec les hauteurs moyennes de pluie et de l’ETP pour la période 1981 – 2010 pour déterminer les mois les plus pluvieux.

La formule utilisée est :

B (mm) = P (mm) – ETP (mm);

P : hauteur moyenne de pluie tombée et ETP : Évapotranspiration potentielle Quand P ≥ ETP, le mois est pluvieux

Le calcul du bilan a permis d’analyser la recharge en eau des nappes souterraines et superficielles au cours des saisons de l’année et de finir la disponibi- lité des ressources en eau dans la commune rurale de Zè. Il s’est agi d’analyser l’offre des ressources en eau douce par la nature et qui peuvent satisfaire la demande de la population rurale de la commune de Zè. Mais à défaut de l’existence d’une station

station synoptique de Cotonou ont été utilisées compte tenu la fiabilité liée à la régularité de ses données et également compte tenu de la situation de la commune dans la même région subéquatoriale que cette station.

Cette documentation a été complétée par des en- quêtes dans des groupes cibles de la commune. Ces groupes cibles ont été sélectionnés vu l’importance de l’eau et de la santé humaine dans le développe- ment économique d’un milieu. L’échantillon retenu dans la commune rurale de Zè pour ces enquêtes est représenté par le tableau 1.

Tableau 1 : Échantillon d’enquête dans la commune rurale de Zè

No Groupes cibles Nombre enquêtés 01 Autorités communales 15

02 Ménages 165

03 Centres de santé d’arrondissement 11 Source : Enquêtes de terrain, 2011

Le choix des 15 autorités communales est fait de façon raisonnable en vertu des prérogatives qui sont données aux autorités communes dans le cadre de la décentralisation et qui sont stipulées dans la loi 97-028 et 97-029 du Janvier 1999 voté par le gou- vernement du Bénin pour la gestion autonome des ressources naturelles y compris les déchets. Ces autorités sont retenues en tenant compte aussi de leur position stratégique.

Sur un total de 9818 ménages recensés par l’IN- SAE en 2002 dans la commune rurale de Zè (INSAE, 2004), 165 ménages ont été retenus à raison de 15 par arrondissement. Ce choix est basé sur l’existence d’ouvrages hydrauliques à moins d’un kilomètre des habitations. Il s’est agi des puits modernes, de puits traditionnels et de points d’eau autonomes.

Sur un total de 17 centres de santé (Afrique Conseil, 2006), 11 ont été retenus en compte de l’affluence des patients dans ces centres en 2010.

Les observations directes, les interviews directes et semi directes par une grille d’observation et des fiches de questionnaires réalisées à cet effet ont été

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Des prélèvements d’eau ont été également effec- tués aux cours de ces enquêtes dans la commune. Ces prélèvements d’eau ont été faits sur le terrain dans le but d’analyser la qualité des eaux utilisées par la population afin de situer les causes de l’état épidémiologique de la population de la commune rurale de Zè. A cet effet, un prélèvement d’eau de puits traditionnel sans couvercle a été fait dans la maison Sèko dans le village de Domè de l’arrondissement de Dawé à l’aide d’une bouteille d’eau minérale munie d’une corde et d’un contre poids qui a permis la prise de l’eau du puits ; un autre a été fait au robinet d’un poste d’eau autonome après avoir laissé coulée l’eau sans la collecter pendant quelques deux minutes dans le village Domè-Honto dans l’arron- dissement de Dawé. Le troisième prélèvement a été réalisé dans une eau de puits traitée à ‘’aquatabs’’ (pro- duit de désinfection d’eau vendu dans le commerce) et en consommation à domicile dans un plastique rempli par un bol utilisé à cet effet dans un ménage. Ce pré- lèvement a été effectué dans la maison Gounon, dans le village Cadjamè dans l’arrondissement de Zè. Ces quelques eaux uniquement ont fait l’objet d’analyses au laboratoire pour des raisons aussi d’ordre techni- que. Les prélèvements et le transport des échantillons d’eau ont été faits dans des conditions respectant les normes du laboratoire. Les bouteilles plastiques d’eau minérale de capacité 1,5 litres ont servi de contenant pour les eaux prélevées.

Ces échantillons d’eau ont été étiquetés et soigneu- sement rangés dans une glacière avant leur transport au laboratoire de la Direction Générale de l’Eau (DG Eau) pour des analyses physico-chimiques et bactério- logiques. Les étiquettes portent le nom de l’arrondisse- ment, le type d’ouvrage et la date de prélèvement.

Ces données collectées ont permis de constituer une base d’informations et de statistiques qui ont servi à l’élaboration de tableaux et de graphiques plus ex- pressifs pour l’analyse de l’état de l’approvisionnement en eau de la commune de Zè. Plusieurs logiciels ont été utilisés à effet tels que Excel, Word, Arc-view, … pour l’obtention des résultats expressifs.

3. RÉSULTATS ET DISCUSSION 3.1. DÉTERMINANTS DE LA

CONSOMMATION DE L’EAU DE QUALITÉ DOUTEUSE DANS LA COMMUNE DE ZÈ Les paramètres qui sou tendent la consommation de l’eau de qualité douteuse sont de plusieurs ordres dont les plus importants sont la croissance démogra- phique et la gestion des déchets

3.1.1. Évolution de la population et ressources en eau de la commune rurale de Zè

La population de la commune de Zè a connu au cours de ces trente dernières années un accroisse- ment spectaculaire. De 55097 habitants en 1992, la population de la commune rurale de Zè est passée à 72814 habitants en 2002 avec un taux d’accrois- sement de 2,83% (INSAE, 2004). L’INSAE a estimé que cette population passerait à 97518 habitants pour 2011. Une telle croissance de la population a des exigences aussi élevées pour la satisfaction de ses besoins en eau.

Cette eau est collectée sous la forme d’eau de pluie, d’eau de surface et d’eau souterraine dans la commune. Le renouvellement de ces ressources en eau dépend du régime pluviométrique de la zone subéquatoriale. En effet, la commune de Zè est sous les influences de 4 saisons à savoir deux saisons pluvieuses (avril à juillet et septembre à novembre) et deux saisons sèches (décembre à mars et août).

La moyenne des pluies sur la période 1981 à 2010 est de 1304,69 mm par an. Les mois d’avril, mai, juin et juillet sont les plus pluvieux au cours de la grande saison pluvieuse et, septembre et octobre pour la pe- tite saison des pluies. Le bilan d’eau calculé montre qu’au cours de ces mois humides, l’évapotranspira- tion est en baisse (figure 2).

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De janvier à mars, l’évapotranspiration est supé- rieure aux pluies mais elle commence à baisser à partir d’avril et fléchit en juin où les pluies maximales s’observent. Elle augmente encore au cours de la petite sèche et décroît sensiblement au cours de la petite saison pluvieuse sur la période.

La diminution de l’évapotranspiration augmente la possibilité de recharge des nappes. Les saisons pluvieuses déterminent donc des recharges des nappes superficielles et souterraines de la commune de Zè. Mais ces recharges dépendent de la structure géologique du sol de la commune.

En effet, la commune rurale de Zè est sur le bassin sédimentaire côtier qui détient 32 % du potentiel des ressources en eau exploitables dont les recharges annuelles en eau est de 0,05 mm3 /km2 (SCET-Tunisie/

Turkpak-International/DH,1991). Les formations hydro- géologiques de cette commune sont les sables et gra- vier du continental terminal .Ces formations renferment l’aquifère le plus important du bassin, leur épaisseur varie de 60 à plus de 140 m. Les forages réalisés dans cette nappe phréatique offrent des débits variant entre 12 et 20 m3/h. Il y a également les sédiments récents de sables et d’argiles du quaternaire et des formations actuelles. Ces sédiments ont des épaisseurs moyennes variant entre 20 à 80 m. Ils renferment des aquifères d’eau douce - eau salée dont l’exploitabilité est liée à la position de l’interface eau douce-eau salée et à la réalimentation des lentilles d’eau douce. Ils ont une profondeur de 2 à 6 m pour un débit de 15 m3/h. Ces formations sont présentes surtout dans le village de Dokodjo dans l’arrondissement de Hêkanmè. Les eaux souterraines de ces formations sont accessibles par

(Boukari, 2002). Il est à notifier l’existence des eaux de pluie et des eaux de surface dont cette étude ne prend pas en compte à cause de leur exposition à de fortes pollutions et de l’éloignement des eaux de cours d’eau des lieux d’habitation.

L’abondance des aquifères souterraines dans la commune prouvent de la disponibilité d’eau douce utilisable par la population de Zè. Elle est extraite par les puits traditionnels, les puits modernes et les adductions d’eau villageoises.

- Les puits traditionnels : ils sont érigés dans des maisons et sur les places publiques par la population pour les utilisations collectives. Ils sont généralement peu profonds. Leur profondeur varie entre 14 et 20 m dans la commune. Ces puits sont en général sans couvercle donc exposés à la pollution (photo 1).

Photo1 : Un puits traditionnel réalisé sur un espace public, sans couvercle et exposé à la pollution dans l’arrondissement de Hèkanmè. Prise de

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La photo 1 montre un puits traditionnel sans cou- vercle dans lequel des enfants prennent de l’eau avec une puisette. Ce puits est laissé à proximité d’une broussaille où il peut collecter des feuilles mortes, de poussière et autres déchets soulevées par le vent.

De même, les récipients de collecte d’eau sont sou- vent sans protection et à hygiène précaire. Parfois, la contamination est aggravée par la méthode de stabilisation de l’eau par les branchages d’arbre au cours de son transport vers la maison.

- Les puits modernes : ils sont l’œuvre de la DG Eau, des ONG, de la coopération et de l’appui des partenaires internationaux. Les bénéficiaires de ce type d’ouvrage sont les Associations villageoises, les confections religieuses, etc. A la différence des puits traditionnels, ces puits sont plus profonds et sont mu- nis d’un dispositif de puisage à motricité humaine. Ils sont retrouvés dans les centres des arrondissements de Sèdjè-dénou et Dodji-Bata (photo 2)

Photo 2 : Un puits moderne réalisé avec le dispositif de puisage à l’arrière du puits sur un es- pace public dans le village de Sèdjè 1 dans l’arrondissement de Sèdjè-dénou. Prise de photo par HOUNGUEVOU S.C., 2011 - Cette eau est plus sollicitée car elle est captée dans une nappe beaucoup plus profonde et est de bonne qualité selon les agents de la DG Eau. Gérés

par des comités de gestion, l’eau est vendue à 25 FCFA la bassine de 30 litres. Une gestion finan- cière est faite par les comités qui sont chargés du rechange des pièces usées. Cependant, l’hygiène reste précaire car tous les récipients de collecte d’eau ne sont pas protégés, les collecteurs d’eau sont pour la plupart à pieds nus et pataugent dans l’eau versée sur le pourtour de ce puits moderne. Ce comportement peut être une source de pollution de l’eau collectée.

- Les adductions d’eau villageoises : ces ouvrages sont de plusieurs sortes à savoir les bornes fontaines reliées à des châteaux d’eau installés dans les arrondis- sements de Zè et de Hèkanmè et ne couvrant pas tous les arrondissements. Elles sont confiées à des gérants ; il y a les forages équipés de pompe à motricité (FPM) qui sont au nombre de 53 en 2010. Ces forages sont inégalement répartis sur l’ensemble de la commune dont 31 fonctionnels et 22 en panne selon les agents de la DG Eau. Ici, la bassine d’eau de 25 litres est vendue à 15 FCFA et celle de 30 litres à 20 ou 25 FCFA. L’entretien technique et hygiénique sont faits par des comités. Il y a aussi les points d’eau autonomes (PEA) qui appar- tiennent à des individus ou à des communautés. Ces ouvrages couvrent seulement 6 arrondissements et sont au nombre de 13 dont 4 sont en panne.

La plupart de ces différents ouvrages d’eau sont utilisés par la population de la commune rurale de Zè pour la satisfaction des besoins domestiques. Sur le plan quantitatif, la recharge annuelle des ressources en eau facilite le renouvellement des nappes qui ga- rantissent l’alimentation en eau des habitants de cette commune. Mais leur qualité est souvent influencée par la pollution.

3.1.2. Qualité des eaux de consommation dans les ménages de la commune de Zè La plupart des eaux en usage dans les ménages de la commune de Zè sont les eaux de puits tradi- tionnels, les eaux de puits modernes et les eaux des adductions d’eau villageoises. Les analyses physico-chimiques et bactériologiques effectuées sur des échantillons de ces eaux ont donné des résultats consignés dans le tableau qui suit.

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Tableau 2 : Caractéristiques physico-chimiques et bactériologiques des échantillons d’eaux de Zè Échantillon

Paramètres

Puits traditionnels (PT)

Eau traitée à l’aquatabs (prélèvement à la

maison)

Adduction d’eau villageoise

(AEV)

Normes du Bénin (valeur Maximale Admise)

PH 6,01 6.678 5,6 6,5 - 8,5

Conductivité 172,2 123.4 18 2000 Mg/L

Température 26,4 26,6 25,4 ≈25°C-

TDS 82,2 61,7 9 2000 Mg/L

Turbidité 50 3 0 ≥5 mg/L

Bicarbonate (HCO3) 25,1 18,3 6,1 -

Couleur 201 11 0 15 PtCo

Magnésium (Mg²+) 4,45 5.8368 0 50 mg/L

Alcalinite 15 30 10 -

Calcium (Ca2+) 6,752 7,2144 3,81 100 mg/L

Dureté totale 36 42 8 200 mg/L

Iodure (I-) 0,18 0,20 0,8 -

Nitrite (NO2-) 0,0175 0,0033 0 0,1 mg/L

Ammonium (NH4+) 0,275 0,2838 0 0,5 mg/L

Phosphates (P043-) 0,06 0,76 0,77 5 mg/L

Sulfates (SO42-) 22 22 1 500 mg/L

Fer (Fe²+ ) 0,08 0,09 0,21 0,3 mg/L

Chlorure (Cl-) 21,3 25,75 5,32 250 mg/L

Fluorure (F-) 0,195 0 0,37 1,5 mg/L

Nitrate (NO3-) 8,14 0 10,12 45 mg/L

Coliformes totaux 970/100 Ml 0/100Ml 0/100ml 10/100Ml

Coliformes fécaux 40/100ml 0/100Ml 0/100ml 0/100Ml

Streptocoques fécaux 02/100ml 0/100Ml 0/100ml 0/100Ml

Source : Laboratoire de la DG- Eau ; enquêtes de terrain, 2011 Le tableau 2 présente les résultats des analyses

physico-chimiques et bactériologiques effectuées sur les eaux prélevées dans la commune de Zè. Ces eaux ont de façon générale, une qualité physico- chimique conforme aux normes du Bénin. Mais sur le plan bactériologique, l’eau de puits se révèle la

fécaux et des streptocoques fécaux. Ces trois germes sont en concentration nettement plus élevée que ces normes. Les deux autres eaux sont exemptes de ces germes. L’eau de puits traditionnel est alors contaminée par des germes bactériologiques. La consommation des eaux de puits ainsi polluées

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Zè. Les statistiques obtenues dans les centres de santé de la commune de Zè en 2010, révèlent un nombre important de cas d’affections hydriques parmi lesquelles les diarrhées, le choléra et les gastroenté- rites. Les diarrhées affectent 23,9 % des ménages de la commune de Zè, 4,2 % sont affectés par le choléra et 2,8 % sont affectés par les gastroentérites. Cette situation est liée à l’insalubrité de la commune.

3.2. GESTION DES DÉCHETS DANS LA COMMUNE RURALE DE ZÈ

La gestion des déchets solides et liquides reste précaire dans la commune de Zè. Les ordures mé- nagères sont en prolifération aux abords immédiats des habitations. Les eaux usées sont renversées dans les cours de maison, dans la nature, … Près 80 % des ménages interviewés jettent leurs eaux usées dans la nature ou sur les voies ; de même, plus de 20 % de ces ménages jettent les eaux usées dans la cour ou dans les puits abandonnés. Aussi, les défécations dans la nature faute de dispositif prennent une proportion inquiétante. Plus de 90 % des ménages interviewés ne disposent pas de toilette à domicile et défèquent dans la nature.

Ces genres de comportement sont à l’origine de l’insalubrité qui dégrade la qualité des ressources en eau dans la commune de Zè. L’hygiène aussi demeure précaire car la plupart des puits traditionnels observés sont sans couvercle ou sans margelle et collectent facilement les eaux de ruissellement pen- dant les saisons pluvieuses. De plus, les récipients de collecte d’eau sont souvent mal entretenus et constituent également une autre source de pollution.

En effet, ces déchets solides et liquides, libérés dans la nature, se décomposent facilement sous l’effet de la température et de l’humidité et libèrent des produits dérivés toxiques. Ces dérivés sont mobilisés au cours des saisons pluvieuses par les eaux de pluie qui les entraînent par infiltration ou par écoulement pour contaminer les nappes d’eau. Ces produits dérivés sont également soulevés par le vent pour se retrouver également dans ces puits non protégés et de même dans les aliments par manque d’hygiène.

Les eaux polluées de ces puits traditionnels sont souvent les plus sollicitées pour raison de revenus faibles des ménages de la commune rurale de Zè.

Cependant, les consciencieux de la population s’ap- provisionnent en aquatabs, un produit désinfectant

d’eau pour rendre potable sur le plan bactériologi- que les eaux de puits utilisées à domicile. D’autres achètent l’eau au robinet chez les particuliers pour la boisson et la cuisson. Cependant, l’hygiène demeure insuffisante.

La qualité de l’eau de consommation demeure récurrente dans d’autres milieux du Bénin et aussi dans le monde. En effet, l’insuffisance des infrastruc- tures hydrauliques amène les ménages à recourir à l’eau de qualité douteuse. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la santé humaine. Azonhè et al.

(2008) a fait la même remarque dans les communes de Bopa et de Lalo dans la pression des Tchi au Bé- nin où les eaux non potable sont utilisées surtout pendant les saisons pluvieuses. Il en résulte comme conséquence la prolifération des cas de maladies diarrhéiques qui affectent surtout les enfants de moins de 5 ans.

Hêdiblè et al. (2010) ont constaté également dans la commune de N’dali au Bénin que 25,8 % des populations font encore recours à l’eau de qualité douteuse des puits non protégés pour la satisfaction de leurs besoins domestiques. Cette eau de qualité douteuse est la plus utilisée dans cette commune et illustre non seulement la faiblesse de la couver- ture en ouvrage hydraulique mais aussi la faiblesse des revenus des ménages et de même la distance entre l’habitation et le lieu d’approvisionnement en eau. Ces auteurs ont prouvé que certaines localités comme Banhoun Guéou sont dépourvues complè- tement de latrine à côté de la localité de Dagourou qui en dispose quelques unes. Ces auteurs n’ont pas manqué de démontrer que la mauvaise gestion des ordures ménagères, des eaux usées, des points d’eau et la mauvaise évacuation des excrétas dans la commune de N’dali ont des impacts négatifs sur la santé des populations de la commune de N’dali.

Babadjidé et al. (2013) montraient que de point de vue physico-chimique et bactériologique, la plu- part des eaux des puits traditionnels et des eaux des rivières surtout utilisées dans certains villages de la commune de Kétou sont de mauvaise qualité.

La comparaison que ceux-ci ont fait des résultats physico-chimique et bactériologique des eaux de puits et les eaux des rivières a prouvé que les eaux des rivières sont les plus chargées en polluants.

Ils justifiaient cette pollution par la prolifération des matières fécales aux alentours de ces sources d’eau.

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Selon les auteurs, de la consommation de ces eaux se développent les affections comme les affections intestinales, diarrhéiques et palustres.

Konaté (2008), a montré que les moyens d’assai- nissement rudimentaires et précaires utilisés dans la ville de Niono dégradent l’environnement et affectent la qualité des eaux de consommation. Cependant, 50 % de la population de la ville de Niono utlisent comme eau de boisson, les eaux de puits, de petits forages et des canaux d’irrigation polluées et sont exposées aux maladies hydriques.

En somme, les différentes études des auteurs citées ont justifié la contamination de la plupart des ressources en eau par l’insalubrité et la mauvaise hygiène dans la commune de Zè. Ces paramètres sont fondamentalement à la base de la prolifération des déchets (solides et liquides) et des excréta sur- tout en milieu rural.

Il convient que l’eau potable soit mise à la disp- sition de la population rurale sans contre partie pour la préservation de leur santé indispensable dans le développement économique de la commune ou promouvoir le désinfectant aquatabs pour la potabili- sation des eaux de consommation dans la commune.

De même, il faudrait que les autorités communales et locales avec la collaboration de cette population rurale adoptent la politique de gestion intégrée des déchets. Il s’agit de mettre en place des structures de collecte systématique des déchets solides par des jeunes ruraux, d’en faire le tri pour le récyclage des objets usagers pour une réutilisation, de procéder au compostage des matières facilement décompo- sables pour la fabrication de composte utilisable en agriculture qui reste encore le poumon de l’économie africaine. Cela ferait apparaître d’autres activités génératrices de revenu pour les jeunes. Quant aux eaux usées, il faudrait que des fosses septiques ou puisards publics soient construits à plusieurs endroits des villages et de procéder à des concertations avec la population pour leurs utilisation ; il faudrait également que les autorités communales suscitent et motivent la contruction des latrines induviduelles et également collectives par l’octroi de subvention aux ménages ou aux communautés ou les fassent construites par des ONG et par des financements. Il faudrait par la suite appliquer les textes en vigueur sur l’hygiène et l’assainissement dans la commune

4. CONCLUSION

La qualité des eaux de consommation constitue l’une des difficultés que subisse la population de la commune rurale de Zè. Les eaux des puits tradition- nels de la commune sont en général polluées sur le plan bactériologique. La dégradation de la qualité de ces eaux a pour origine le mauvais entretien de ces puits qui se remarque par l’absence de couvercle, l’insuffisance dans la gestion des déchets solides et liquides, la mauvaise gestion des excréta et la mau- vaise hygiène dans les ménages. De ces mauvaises gestions, découlent le développement des maladies liées à la consommation de l’eau. Il serait important que les autorités communales, locales et la popu- lation rurale de Zè se concertent pour une bonne gestion des déchets solides et liquides et des excréta et également une bonne hygiène pour la sauvegarde de la santé humaine, gage d’une économie saine.

BIBLIOGRAPHIE

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