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La croisade chrétienne au moyen âge : un épisode peu glorieux de l’histoire de l’église. pp. 7-19.

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Référence de cet article : Gnagoran Bi YAO(2013), La croisade chrétienne au moyen âge : un épisode peu glorieux de l’Eglise, © EDUCI 2013. - GODO GODO - Rev Hist Arts Archéol Afr, ISSN 1817-5597, n° 23, pp7-19..

LA CROISADE CHRETIENNE AU MOYEN AGE : UN EPISODE PEU GLORIEUX DE L’HISTOIRE DE L’EGLISE.

GNAGORAN BI YAO

UFR des Sciences de l’homme et de la Société Filière des Sciences historiques

Université Félix Houphouët Boigny Abidjan -Cocody

RESUME

Mission de défense de la Chrétienté contre l’Islam dont les Turcs étaient le fer de lance, la Croisade à cause de sa mauvaise organisation, des dissensions en son sein et surtout de la supériorité numérique et technique de ses adversaires, connut un échec cuisant faisant des Musulmans les seuls maîtres de l’Orient.

Mots-clefs : Croisade, Chrétientés, Schisme d’Orient, Turcs, Islam, Jérusalem, Pape.

SUMMARY

The Christendom crusade against Islam that the Turkish were the spearhead, knew a bitter defeat due to its bad organization, discords within itself and especially due to the numerical and technical superiority of their enemies. That situation enabled the Muslims to take control of the East and became thus the sole masters of this part of World.

Keywords: Crusade, Christendoms, Schism of East, Turks, Islam, Jerusalem, Pope

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INTRODUCTION

Institution née de la volonté du Saint Siège, encouragée et soutenue par plusieurs conciles œcuméniques1, la Croisade fut une suite d’expéditions organisées par les chrétiens d’Occident dans le triple but de délivrer Jérusalem, la ville sainte des mains des musulmans, empêcher l’expansion de l’empire ottoman et ramener les Eglises schismatiques d’Orient sous l’autorité romaine2.

L’idée avait déjà été suggérée au IXe siècle par les papes Léon IV et Jean X, au moment où les Sarrazins débarquaient en Italie méridionale et mettaient Rome en péril. Ils affirmèrent alors que la lutte contre les infidèles était un acte pieux, et que celui qui périssait au combat ne pouvait se voir refuser la récompense de la vie éter- nelle.3 Deux siècles plus tard en 1063, le pape Alexandre III renouvela cette faveur spirituelle aux chevaliers qui devaient porter secours aux Espagnols confrontés à l’invasion des Almoravide. Et en 1074, ayant appris l’invasion de l’empire byzantin et de la Syrie par les Turcs qui y avaient causé de sérieux ravages et anéanti presque l’armée byzantine, le pape Grégoire VII proclama alors son intention d’organiser une expédition, destinée à secourir les chrétiens d’Orient et s’il en faut libérer le tombeau du Christ. Ce vœu ne se réalisera qu’en 1095 au Concile de Clermont, lorsque le pape Urbain II lança un appel à la « juste guerre », qui bientôt deviendra la Croisade.

En prenant cette initiative prometteuse d’indulgence plénière4, Urbain II ne pensait qu’à une modeste expédition militaire de cavaliers français bien armés. Mais l’accueil que lui réserva le peuple chrétien au cri de « Dieu le veut », fit participer clercs et moines, princes et nobles, seigneurs et paysans. Aussi la croisade apparut-elle moins une affaire de foi que d’argent. Dans la mesure où à partir de la quatrième expédition, elle se détourna de son but initial et pire elle devint la préoccupation de certains rois et empereurs qui en décidaient l’organisation, parfois contre le gré de la papauté5. Dans ces conditions, quel sens donner à cette gigantesque entreprise de l’Eglise catholique ? Quels en étaient les motivations et les enjeux ? Autrement dit, pourquoi l’Eglise a-t-elle accepté de combattre en tuant en même temps qu’elle prêche parallèlement l’Amour de Dieu et du prochain ? Comment organisait-elle les expéditions ? Et quelles en furent les retombées autant pour l’Eglise, l’Europe que l’Islam ?

Le présent article veut mettre en évidence l’extrême complexité du phénomène de la croisade, en montrant d’abord ses motivations et ses enjeux ; puis son organisation et son idéologie avant de dresser son bilan.

1 Pratiquement toutes les Assemblées des évêques réunies entre 1095 et 1268 pour réfléchir sur la vie et les orientations de l’Eglise ont donné leur caution à la Croisade. Certains papes comme Innocent III, ont même imposé aux chrétiens le payement de la dîme sur les ventes des marchandises pour soutenir cette cause.

2 J.M. Mayer, Ch. et L. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, Histoire du christianisme, T.5, Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274), Ed. Desclée, Paris 1993, p.345.

3 Jean RICHARD, L’Esprit de la Croisade, Cerf, Paris 1969, p.10

4 C’est à dire que la participation à l’expédition tiendrait lieu de la pénitence infligée par les confesseurs à ceux qui auraient confessé leurs péchés.

5 Evidemment, certaines expéditions semblent dues à l’initiative d’un prince qui, prenant la croix, enjoint à ses sujets de le suivre. Même des particuliers qui ont répondu à l’appel du pape ont, à leur corps défendant, pris l’initiative des expéditions.

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I- LES MOTIVATIONS DE LA CROISADE.

Plusieurs raisons sous-tendent l’initiative de la croisade. Elles sont d’ordre religieux, politico-social, économique et commercial.

I.1- LES RAISONS RELIGIEUSES.

L’appel lancé par le pape Urbain II au Concile de Clermont en 1095, situe sur les raisons qui ont incité les chrétiens d’occident à mener la croisade. Depuis le IXe siècle, les Turcs Ottomans tentaient d’annexer l’empire byzantin. Mais la conquête victorieuse de l’empereur de Byzance Alexis 1er Comnène les en dissuada pendant un moment, permettant à l’orthodoxie orientale de se maintenir comme seule religion d’Etat. La reconquête qu’ils entreprirent au XIe siècle avec l’appui des Arabes désagrégea tout le tissu social, laissant les Grecs d’Asie mineure sans défense contre la religion des conquérants c›est-à-dire l’Islam.6 Devant cette tragédie - car les Turcs ont tué plusieurs chrétiens, en ont fait des captifs et profané plusieurs églises – l’empereur de Byzance implora le secours de la papauté pour combattre et évincer l’ennemi hors de son territoire. Ignorant les divergences entre Rome et Constantinople depuis le schisme d’Orient7, le pape Urbain II qui ne pouvait accepter que le christianisme fût affaibli encore moins anéanti par les Arabo-musulmans, invite toute la chrétienté sans distinction d’origine et de statut social à se mobiliser contre les Turcs.8 On imagine la haine des chrétiens contre l’islam qui ambitionnait de conquérir son héritage. On devine une haine pareille chez les mahométans qui ne souhaitent pas une cohabita- tion avec le christianisme. Tous les ingrédients sont réunis pour une « guerre juste ».

I.2- Les raisons politico- sociales.

Face à des conquérants intrépides décidés à annexer tout l’Orient, l’empereur byzantin Alexis Comnène Basileus, sollicita l’aide des chevaliers d’Occident auprès de Robert de Flandre. Ce dernier comme le pape Urbain ainsi que la chrétienté d’occi- dent dans son ensemble, pense que « secourir Constantinople confrontée à l’avance turque pour faire barrage à l’empire ottoman, c’est faire preuve de la charité fraternelle et éloigner ce danger qui pourrait mettre en péril toute l’Europe ». Ce qui amènerait aussi à tourner la page du schisme d’Orient. C’est le sens qu’il faut donner à la lettre de l’empereur byzantin et du patriarche de Constantinople au pape Innocent III le 12 novembre 1199, pour réunir un Concile en vue du règlement des divergences de Rome9. Plusieurs fois reporté, celui-ci se tint finalement à Rome en 1213 avec pour objectifs : «Relancer vers l’extérieur un projet de croisade permettant de reconquérir ce que les croisés avaient perdu en 1212, apaiser les discordes et affermir la paix, et finalement impliquer les princes et les peuples chrétiens à secourir la Terre sainte. » 10

Au niveau social, la croisade devait faire cesser la violence en Europe entre chrétiens, et amener ainsi les anciens brigands à se reconvertir en soldats de Dieu.

6 J.M. Mayer, Ch et L Pietri, A. Vauchez, M. Venard, op. Cit, p.349.

7 C’est le premier grand schisme qu’a connu le christianisme en 1054 et qui donna naissance à l’Eglise orthodoxe d’Orient ayant à sa tête le Patriarche.

8 J.M. Meyer, Ch. Et L. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, op. cit, p.350.

9 J.M Meyer, Ch. et L. Pietri, A. Vauchez, M. Menard, op. cit, p. 350 10 Fore ville, Latran I, PP. 329-330.

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Puisque la croisade était perçue avant tout, comme un pèlerinage et une pénitence pour gagner le Ciel.

I.3- Les motifs économiques et commerciaux.

Dès lors, seigneurs et chevaliers se mirent à concevoir le projet de ramener de l’Orient en Occident, des sources d’or et de produits précieux dont le premier était pourvus.11 Quant aux Italiens possesseurs de grands ports comme Gênes, Pise et Venise dont les façades maritimes se prêtaient volontiers aux activités mercantiles, ils pensaient naturellement à développer par le biais de la croisade leur commerce et réaliser ainsi d’énormes profits.

Quelques chevaliers et grands princes croisés prenaient part aux expéditions cer- tains pour étaler leurs richesses et s’attirer tous les regards, d’autres par l’appât du lucre. D’autres enfin, notamment les particuliers ou aventuriers, y allaient par simple goût de l’aventure et de la mystique.

II- ORGANISATION ET LANCEMENT DE LA CROISADE.

Toutes ces raisons expliquent l’organisation parfois rigoureuse de la croisade, sous- tendue par une idéologie capable de motiver les combattants et leur faire comprendre l’importance et la nécessité de leur mission.

II.1- L’organisation.

Elle repose sur les moyens à la fois humains, techniques et stratégiques, ainsi que le financement et la propagande.

II.1.1- Les moyens humains, techniques et stratégiques.

La croisade était au départ l’affaire de volontaires chrétiens d’Occident, désireux d’aller secourir leurs frères d’Orient en particulier les habitants de la Jérusalem.

Mais la réalisation de cet idéal fut contrariée par d’énormes difficultés entre autres, l’éloignement de l’Europe de la destination des croisés, les difficultés climatiques et l’insécurité, la pénible traversée de désert, des fleuves et des mers, ont fait que le nombre des croisés arrivants était souvent inférieur au nombre de départs. Il n’empê- cha que de nouveaux volontaires parvinrent à braver tous ces obstacles pour répondre aux différents appels de la papauté.

Leur nombre variait en fonction des expéditions. Ainsi la première expédition conduite conjointement par l’évêque de Puy, Adémar Monteil légat du pape et res- ponsable de l’expédition et le Comte Raymond de Saint-Gilles12 chef militaire, fut effectuée avec 85 chevaliers : ce qui valut à ce dernier le titre de prince de Galilée.

En revanche c’est avec 374 chevaliers que le roi Amaury affronta les 200 Kurdes du Sultan Chirkouk.13 Dans l’ensemble, l’Europe chrétienne tout entière participa à cet effort de guerre. Mais la supériorité numérique des combattants francs fut telle qu’ils

11 Daniel Rops, La Cathédrale et la croisade, p.386

12 En confiant la responsabilité de l’expédition au légat du pape, l’Eglise devient seule maîtresse du territoire à conquérir ou à gagner ; l’armée de chevaliers n’étant qu’un instrument.

13 Régine Pernoud, Les hommes de la croisade, Librairie Jules Taillandier, Paris 1977, p.144.

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bénéficièrent de l’adage : « Gesta dei per Francos », c’est-à-dire « les hauts faits de Dieu réalisés par les Français ».

La stratégie consistait à convertir au fur à mesure les populations des territoires conquis au christianisme. Cette tâche était confiée aux clercs participants qui avaient le devoir de traduire le Coran en conformité avec la doctrine chrétienne. Pour leur sécurité, les croisés se faisaient coudre des croix d’étoffe rouge sur leur épaule droite.

Quelques uns néanmoins préféraient se faire marquer au feu rouge. Tous étaient munis de cotte de maille, d’un casque et d’un bouclier pour leur protection.14

En plus des combattants, hommes de terrain, il y avait des ingénieurs et bâtisseurs chargés de la communication. Leur tâche consistait à bâtir sur les sommets des collines des forteresses ou Kraks, permettant la communication entre les croisés.

C’est ainsi que par des signaux et des relais, Jérusalem fut déplacée jusqu’au loin- tain Krak à la lisière du désert. C’est aussi grâce aux forteresses que les royaumes francs, purent survivre plus d’un siècle à la catastrophe qui avait anéantie leur armée et livrer Jérusalem à Saladin.15 Certaines forteresses ou châteaux avaient une fonc- tion spécifique : celle de Mont-pèlerin par exemple, bâtie en 1103, avait pour rôle de couper les approvisionnements de la cité de Tripoli, afin d’amener le prince de ce lieu à signer un accord avec le Comte Raymond de Saint Gilles.

II.1.2- Le financement et la propagande.

A la question de savoir qui finançait les expéditions des croisés, la réponse paraît fort surprenante. Ce sont les croisés eux-mêmes qui, voulant manifester leur foi en l’Eglise et leur obéissance à la papauté, décidèrent de financer leur voyage. Chacun assurait son équipement, et les plus riches aidaient les autres à s’équiper. C’est ainsi que Godefroy de Brouillon et sa mère Ida, multipliaient les donations aux églises pour aider les croisés les plus faibles. Raymond de Saint Gilles prit lui aussi en charge l’équipe des pauvres. En même temps qu’ils assuraient leur voyage, les croisés développaient les œuvres de la prière, du jeûne et de l’aumône.

Mais il n’est pas étonnant que la réussite d’une entreprise aussi gigantesque que la croisade ne puisse se satisfaire uniquement de moyens techniques et financiers ; la propagande ou l’idéologie y avait sa place. Il arrivait que le pape lui-même prêche la croisade. Ainsi, « lors de la première croisade, Urbain II promet à celui qui meurt en chemin ou au combat la rémission des péchés ; à ceux qui accomplissent le vœu de croisade l›indulgence plénière »16. Et à partir du quatrième concile du Latran, l’indulgence plénière fut étendue à ceux qui contribuaient à la construction de bateaux pour la croisade, alors qu’elle était jusque là réservée aux seuls combattants. Quant à bulle quantum praedecessores, elle stipule que « le croisé, sa famille et ses biens sont placés sous la protection de l’Église. Il est pendant son voyage exempté de taxes, d’aide, de péages. Le paiement de ses dettes est suspendu jusqu’à son retour »17. Ces différentes décisions conciliaires ont pour finalité d’associer toute la chrétienté à l’idéal des croisades et non pas seulement les combattants.

14 Daniel Rops, op. cit., p. 386.

15 Régine Pernoud, op.cit, p.176.

16 Jean Richard, op. cit., p.11.

17 Idem, p. 13.

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Mais le pape peut aussi confier la prédication de la croisade à des clercs autorisés.

Des prédicateurs spéciaux proposaient alors leurs services ou étaient tout simplement choisis pour prêcher dans un milieu bien déterminé. Ce choix supposait que le pré- dicateur ait une bonne connaissance de tout le cadre géographique, socioculturel et religieux de Jérusalem : la géographie de la Palestine, la Bible ou la Torah, l’histoire de Mahomet et la connaissance du Coran devinrent les critères de choix.

Parmi les grands prédicateurs on peut citer Pierre l’Ermite, le plus célèbre ; Picard d’Amiens, sorte de prophète dans l’art de la parole ; Foulques de Neuilly qui prêcha à Paris ; Flandre de Normandie et surtout Saint Bernard de Clairvaux qui affirma :

« Nous sommes ici comme des guerriers sous la tente, cherchant à acquérir le ciel par la violence, et l’existence de l’homme sur la terre est celle d’un soldat18 et donc

« la meilleure solution est de tuer ».19 A côté des prédicateurs il y avait des poètes, qui composaient des chants pour rimer les hauts faits des croisés ainsi que le déses- poir et l’attente de leurs amis partis à la rencontre des difficultés sous d’autres cieux.

Quelques poètes comme Guillaume IX d’Aquitaine et Rutebeuf relevèrent les tares des rois, princes et prélats, qui œuvraient seulement pour leur bien-être.

II.2- Les expéditions.

On en compte huit de succès inégal. La première offensive qui a été bien préparée atteignit son but. Les trois autres qui suivirent n’ont presque rien donné. Puis c’est la défensive, où les croisés convaincus de leur incapacité à vaincre les musulmans sur leur terre furent obligés de camper sur leurs positions ou alors négocier avec l’adversaire pour pouvoir sauver ce qui pouvait l’être encore.

II.2.1- La période offensive (1096-1204).

Elle concerne les quatre premières expéditions réalisées avec plus ou moins de succès.

II.2.1.1- La première croisade (1095 – 1099).

Elle fut considérée à l’époque comme « le pèlerinage de reconquête20 ». Proclamée par le pape Urbain II au Concile de Clermont en mars 1905, elle a été prêchée par Pierre l’Ermite : « Que ceux qui étaient habitués auparavant à combattre méchamment, en guerres privées contre les fidèles, se battent contre les infidèles, et mènent jusqu’à la victoire la guerre qui aurait dû commencer depuis longtemps déjà ; que ceux qui jusqu’ici ont été brigands deviennent soldats ; que ceux qui ont autrefois combattu leurs frères et leurs parents se battent comme ils le doivent contre les barbares ; que ceux qui ont autrefois été mercenaires pour des gages solides gagnent à présent les récompenses éternelles »21

18 Georges Minois, L’Eglise et la guerre de la Bible à l’ère atomique, Fayard, Paris 1994, p.149.

19 Idem, p.148.

20 Au moment où Urbain II en confiait la responsabilité à l’évêque du Puy, Adhémar de Monteil, ce qui est devenue plus tard croisade, s’appelait « l’expédition, le pèlerinage, le voyage vers Jérusalem » et même le « chemin du sépulcre du Seigneur » (Cf. Guy Bedouelle, Dictionnaire d’histoire de l’Eglise, éd.

C.L.D. 1994, p.88.

21 Jean Richard, op. cit, p.

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Cette prédication donna lieu à une extraordinaire mobilisation de tout le peuple chrétien, en particulier les français qui constituaient à eux seuls quatre armées fournies par la noblesse française. Celles-ci étaient composées essentiellement de paysans non entraînés et non organisés, si bien qu’elles massacrèrent sur leur passage de nombreux Juifs22. Bien que les croisés aient subis eux aussi de lourdes pertes humaines dues notamment à la faim, à l’épuisement, aux épidémies et au combat contre les Turcs, ils parvinrent à reconquérir Nicée, Antioche et Jérusalem respectivement en 1097, 1098 et 1099. Ainsi furent crées le royaume de Jérusalem, la principauté d’Antioche et les comtés Latins d’Edesse et de Tripoli, comprenant quatre archidiocèses et dix diocèses.

Les chefs des croisés occidentaux qui se disaient trahis par l’empereur byzantin qui ne serait pas venu leur porter secours au moment du siège ininterrompu d’Antioche (octobre 1097-juin 1098), se partagèrent seuls les territoires conquis. Godefroy de Bouillon et son frère Baudouin d’Edesse s’approprièrent le royaume de Jérusalem ; Daimbert, le légat du pape s’institua Patriarche de la ville sainte ; Bohémond, chef normand, devint prince d’Antioche.23 Après la mission, beaucoup de croisés s’en retournèrent en Occident.

II.2.1.2- La seconde croisade (1147 à 1149).

Elle fut lancée au tout début du règne de Manuel 1er Comnène, empereur de Constantinople. Son trajet nécessitait le passage en pays hongrois, puis byzantin.

Mais elle se heurta à l’opposition farouche de l’émir turc Mossoul, qui reprit le Comté d’Edesse en 1144, en massacrant un grand nombre de croisés24. Quand la nouvelle de cette tragédie parvint en Occident, le peuple chrétien en fut si traumatisé, que le pape Eugène III envoya une bulle à Louis XII (1137-1180), roi de France, dans laquelle il insista à la fois sur la nécessité pour les chrétiens de conserver coûte que coûte les territoires acquis à la chrétienté depuis 1095 et le fait qu’Edesse n’avait jamais été soumise aux infidèles : « Nous avons appris par les récits des anciens, et nous trou- vons écrit dans leurs livres tout ce que nos prédécesseurs, les pontifes romains, ont fait pour la libération de l’Eglise d’Orient. Notre prédécesseur, d’heureuse mémoire, le pape Urbain, a comme embouché la trompette pour convier à cette libération, depuis les diverses parties du monde, les fils de la sainte Eglise de Rome…Mais c’est à cause de nos péchés et ceux de ce peuple chrétien – et nous ne pouvons pas l’avouer sans en souffrir profondément et sans en gémir – que, de nos jours, la cité d’Edesse a été prise par les ennemis de la croix du Christ – cette cité qui, dit-on, était la seule à être demeurée au pouvoir des chrétiens et à continuer à servir le Seigneur au temps où toute la terre d’Orient était occupée par les païens…Nous vous invitons tous, nous vous requérons et nous vous ordonnons dans le Seigneur, et nous vous en joignons à titre de rémission pour vos péchés, que tous ceux qui sont à Dieu, et surtout les plus puissants et les nobles, s’arment courageusement. Qu’ils se portent au devant

22 Il est bon de mentionner que les premières persécutions collectives des Juifs en Europe sont inter- venues à cette période. D’où l’allusion aux ennemis du Christ, qu’on allait combattre au loin : un sorte d’antisémitisme chrétien.

23 Guy Bedouelle, op.cit, p.89.

24 Aussi bien les forteresses appartenant aux chrétiens que l’archevêque de cette cité, ses clercs et beaucoup d’autres chrétiens y furent massacrés ; les reliques des saints ont été foulés aux pieds par les infidèles et dispersées.

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de cette multitude de païens qui s’enorgueillit d’avoir presque toujours eu le dessus dans ses combats avec les nôtres »25

Sur ces entrefaites, le pape ordonna à Saint Bernard de Clervaux26 de promouvoir une nouvelle croisade. Par sa prédication et son impétuosité ordinaire, il réussit à rallier Louis VII en assemblée de Vézelay en 1146, et à persuader l’empereur Conrad III (1147-1149) d’Allemagne, à se croiser à la suite du roi français.27 Un triangle idéolo- gique et politique constitué par les deux empires et la papauté se mit donc en place, précédé par bien des démarches relatives à l’union des Eglises, à la croisade et aux Etats latins établis en Orient.28 Cette coalition réussit une offensive victorieuse sur les Turcs au profit de Byzance. Mais les dissensions entre les armées française et allemande et donc entre les croisés eux-mêmes, la méfiance de l’empereur byzantin envers eux en raison des divergences entre Rome et Constantinople, contribuèrent à faire échouer l’expédition et à infliger de lourdes pertes aux Latins devant Damas.

Contre toute attente, cet échec fut attribué à Bernard de Clairvaux29.

II.2.1.3- La troisième croisade (1189-1192).

La reprise de Saint-Jean d’Acre puis de Jérusalem par le jeune Sultan kurde d’Egypte Saladin en octobre 1187, déclenche la troisième croisade conduite d’abord par Frédéric Barberousse, empereur de Germanie. Mieux organisée et sérieusement équipée, elle reprend Saint-Jean d’Acre aux mains des Turcs, mais ne peut reconquérir Jérusalem à cause de la mort accidentelle par noyade de l’empereur germain. C’est alors que le roi de France Philippe Auguste et celui d’Angleterre Richard Cœur-de- Lion se rallient à la croisade et reprennent courageusement des positions en Pales- tine. Mais comme dans le cas précédent, la mésentente entre les deux hommes les empêche d’aller plus loin dans leur offensive. Richard-Cœur-de-Lion conclut une trêve avec Saladin, afin de permettre le passage des pèlerins chrétiens et sauvegarder un petit royaume latin sur la côte de la Palestine30. Lequel disparut à partir du XIIIe siècle ne laissant plus aucune trace des croisés Francs.

II.2.1.4- La quatrième croisade (1202 -1204).

Fut conduite par des seigneurs grands propriétaires terriens et non des sou- verains. Elle reçut tout de même la bénédiction du pape Innocent III (1198 -1216) qui, conscient de cette autre défaite qui constituait une humiliante profonde pour le peuple chrétien, décrète en 1199, pour la croisade, une taxe spéciale, le « décime », c›est-à-dire le dixième des revenus de tous les bénéfices31. Mais l’insuffisance de ces revenus trop maigres pour une expédition sérieuse, contraint les croisés à traiter avec Venise qui elle aussi voulait profiter de l’occasion pour étendre ses territoires

25 Jean Richard, op. cit, p.67.

26 Sans être le fondateur de l’Ordre de Cîteaux (cisterciens) son nom y reste néanmoins attaché. Tour à tour réformateur, prédicateur, maître spirituel, théologien et conseiller des rois et des évêques, il assura à cet ordre une qualité spirituelle ainsi qu’une audience extraordinaire. Associé de près ou de loin à toutes les affaires importantes de son temps, il prit une part active à la deuxième Croisade.

27 J.M. Mayeur, Ch. et L. Pietri, A. Vauchez, M. Venard, T.5, op. cit, p. 357.

28 J. Mayeur, Ch. et L Pietri, A. Vauchez et H. Venard, op. cit, p. 360.

29 Idem, p.360.

30 Guy Bedouelle, op. cit, p.89.

31 G. Le Bras, Institutions ecclésiastiques de la chrétienté médiévale, T.12, Bloud et Gay, 2 vol. 1959-1964, p. 71.

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et son influence commerciale et maritime. La tractation ayant échouée, les croisés se détournèrent vers Constantinople qu’ils prirent en juillet 1203, avant de se livrer à des pillages systématiques et aux massacres crapuleux de leurs frères d’Orient le 13 avril 1204.32 Cette tragédie confirma à jamais la rupture entre les deux Eglises latine et grecque.

Informé de la situation, Innocent III en fut surpris et indigné. Mais il déplora tar- divement les « excès horribles de ceux qui n’ont épargné ni la religion, ni l’âge, ni le sexe »33. Au moment où l’empereur byzantin contesté et menacé se réfugiait à Nicée de l’autre côté du Bosphore, les croisés organisaient allégrement leur royaume latin en Orient sous la direction de Baudouin de Flandre. Mais la joie ne sera que de court e durée.

II.2.3- La période défensive (1217-1227).

II.2.3.1- La cinquième croisade (1217 – 1221).

Bien que prévue par le pape Innocent III (1198 – 1216), c’est son successeur Honorius III qui la soutint. Dans son encyclique Quia major publiée en avril 1213 avant sa mort et adressée à tous les fidèles du Christ de la province de Mayence, Innocent III écrivait : « La nécessité est plus pressante que jamais de porter secours à la Terre Sainte, et, de ce secours, on doit espérer un succès plus grand que jamais.

Aussi crions-nous à nouveau vers vous, de la part de Celui qui, en mourant sur la croix, poussa un grand cri – Lui qui s’était fait obéissant à Dieu son père jusqu’à la mort de la croix, et qui criait vers Dieu pour nous faire échapper au supplice de la mort éternelle. Il crie aussi lui-même quand il nous dit : « Si quelqu’un veut venir à moi, qu’il renonce à lui-même, prenne sa croix et me suive », ce qui revient à dire plus expressément : « Celui qui veut, en me suivant, atteindre la couronne, qu’il me suive aussi maintenant au combat qui est offert à tous pour les éprouver »34. A sa suite, la Constitution conciliaire de Latran IV de 1215, recommande elle aussi la mise en place d’une armée chrétienne qui bénéficierait de la présence d’un légat pontifical, et qui serait maintenue en état de grâce par la prédication, la prière et la confession, sans oublier l’extension des privilèges spirituels et temporels dont jouiront les croisés.35

Toutes ces dispositions antérieures qui allaient dans le sens de la préparation de la cinquième croisade furent mises en pratique par le pape Honorius. Celle-ci s’attaqua à l’Egypte et réussit à s’emparer de Damiette en 1219. Mais grisés par ce succès, les croisés refusèrent l’échange de la paix proposé par l’Emir d’Egypte contre la restauration du royaume latin de Jérusalem. Et comme les croisés à leur tête le roi saint Louis de France tentaient une percée vers Carthage, en Afrique du Nord, ils furent stoppés par la peste à l’entrée de Tunis. Cherchant à rebrousser chemin vers l’Egypte, ils furent surpris par l’armée égyptienne et capitulèrent devant Damas. Saint- Jean-D’acre, leur dernier bastion tomba définitivement aux mains des musulmans.

32 Théo, Nouvelle encyclopédie catholique, Droguet,-Ardant-Fayard, Paris 1989, p. 360.

33 Guy Bedouelle ; op. cit, p.90.

34 Jean Richard, op. cit, p.85.

35 Idem, p.85

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II.2.3.2- La Sixième croisade (1228-1229).

Cette expédition donna lieu à un arrangement entre le Sultan d’Egypte Melik- el-Kâmi et Frédéric II roi germain, dont l’intention n’était pas de combattre mais de négocier avec lui le passage des pèlerins qui voulaient se rendre en Palestine. Cette diplomatie qui déplut royalement à Rome qui qualifia Frédéric II de pirate, permit à ce dernier d’obtenir une sorte de souveraineté sur Jérusalem. Les musulmans conservent néanmoins leurs lieux de culte à Omar, Nazareth et bien d’autres localités situées sur la route de Saint-Jean d’Acre à Jaffa.

II.2.3.3- La septième croisade (1248 -1254).

Les Templiers Francs profitent de cette trêve pour s’allier aux Syriens et attaquer l’Egypte en 1243. Ils sont vaincus par les bandes turcomanes au service des Egyp- tiens, qui reconquièrent Jérusalem en 1244. Le pape Innocent IV lance un nouvel appel à la croisade récupérée par le roi Louis IX36 qui s’y s’engage avec une grande partie de la noblesse française et des barons anglais. Les coalisés qui débarquent à Chypre en 1248, s’emparent de Damiette une année après en 1249. Sûrs de leur victoire, ils tentent de reconquérir l’Egypte. Mais affaiblie par la famine et les épidé- mies l’armée fut faite prisonnière. Saint-Louis fut capturé et fait prisonnier avec ses hommes en 125037. Ils abandonnent pour leur libération Damiette et payent une forte rançon au Sultan d’Egypte. Après avoir séjourné plusieurs années en Terre sainte, Louis IX négocie des trêves avec les musulmans afin de mettre en état de défense les territoires encore sous contrôle Franc. Il regagna la France en 1254.

II.2.3.4- La huitième croisade (1265-1272).

Mais l’accalmie ne fut que de courte durée. Face à la volonté affirmée des Egyp- tiens d’annexer tous les Etats latins d’Orient, le même Urbain IV lança une huitième croisade à partir 1265. C’est l’occasion pour Louis IX, emprisonné et libéré de façon humiliante, de faire de cette expédition un pèlerinage expiatoire. Sous sa conduite donc, les croisés essaient d’apporter leur appui aux Francs d’Acre pour défendre leurs dernières places. S’étant emparés de Carthage en 127, ils se dirigèrent vers Tunis dans le secret espoir de convertir au christianisme l’émir Hafside al-Mustansir et faire de Tunisie une base d’attaque vers l’Egypte. Victimes une fois de plus du typhus ou la dysenterie ainsi que de l’épidémie de peste qui éclata à Tunis la capitale, le roi et ses troupes périrent tous sans pouvoir entrer dans la ville38.

D’autres tentatives de croisades eurent lieu pour sauver la face mais elles échouèrent lamentablement comme les premières. A partir de 1291, les musulmans deviennent les maîtres absolus des lieux et les Latins sont privés pour toujours d’une base commerciale importante.

36 Roi éminemment chevaleresque, saint Louis ambitionnait de porter secours au royaume latin de Jérusa- lem menacé d’être submergé par les Turcs. De là, sa détermination à aller jusqu’au bout de son ambition.

37 Théo, op. cit, p. 369.

38 Ibidem, p.369.

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III- BILAN DE LA CROISADE.

III.1- Au plan religieux.

Les croisades contribuèrent à éloigner les chrétiens des musulmans mais plus encore les catholiques des orthodoxes39. Alors que le Concile de Lyon de 1274 réuni à la Cathédrale Saint Jean a paru sceller définitivement la réconciliation entre les chrétientés d’Orient et d’Occident, la quatrième croisade vint ruiner tous les espoirs laissant face à face Rome et Constantinople. A cause de cet éloignement, les catho- liques ne purent durant cinq siècles faire le pèlerinage de Jérusalem.

Cependant, il y eut création d’ordres religieux et militaires. Ainsi en 1113, naissait l’ordre de saint Jean, pour soigner les malades en Palestine. La plupart de ses reli- gieux s’engageaient dans la lutte contre les musulmans : ce sont les Chevaliers de Maltes. Ils continuèrent de s’occuper des malades en Europe et dans le monde. Huit de ces Chevaliers restés à Jérusalem s’installèrent sur l’emplacement du temple en 1120. Reconnus sous le nom de l’ordre des Templiers, ils observent les trois vœux de pauvreté, chasteté et obéissance auquel ils ajoutent un quatrième : le combat contre les infidèles.

III.2- Au plan politique.

Certes la menace turque a été constante en Asie Mineure notamment sur la rive Sud de la Méditerranée, mais grâce aux croisades, la prise de Constantinople par les Turcs a été retardée pendant environ deux siècles. Délai qui aura permis aux Etas européens de se former et de se consolider afin de contenir cette poussée ottomane et la confiner sur cette rive.

Mais c’est le moment où s’affaiblit la féodalité et où le déclin des grands seigneurs propriétaires terriens devient manifeste, face à l’influence prépondérante exercée par les arts et les techniques d’Orient en Occident. La France, puissance politique d’alors n’avait d’autre préoccupation que d’assurer la protection des minorités chrétiennes du Levant.

III.3- Au plan économique et culturel.

Nombreux sont les seigneurs qui vendirent leurs biens pour soutenir les diffé- rentes expéditions des croisés. Ce qui rehaussa le prestige de la France et de son Eglise qui en tirèrent d’énormes profits. Mais la croisade contribua paradoxalement aussi à épuiser les trésors français. Quant aux croisés qui ne voulaient pas effec- tuer le change de leur monnaie à un taux désavantageux, ils utilisaient un système d’escompte. Les Templiers versaient en Syrie l’argent dont Louis VII avait besoin et se faisaient rembourser à Paris. Les croisades permettaient ainsi de développer les activités bancaires.

Elles ont permis en outre à l’Occident de créer des comptoirs de commerce en Orient, qui prirent en mains une partie du commerce entre l’Europe et l’Orient jusque

39 Précisément après la quatrième croisade qui dévia de son itinéraire habituel pour mettre à sac Constan- tinople, la capitale du royaume byzantin.

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là monopole oriental. Elles permirent aussi le développement de l’activité commerciale des cités italiennes : en échange de l’aide de Gênes, les barons francs attribuaient aux Génois une part de butin, un quartier ou fondouk, l’exemption des taxes dans les villes conquises. En plus du transport et du ravitaillement des États latins, les comptoirs servaient de support aux importations en Occident des produits de luxe de l’Orient comme les épices, aux exportations en Orient de draps de laine, d’armes, de bois et de fer. L’Orient devint ainsi le champ des rivalités entre Gênes et Venise. Mais après la quatrième croisade et la prise de Constantinople par les croisés, Gênes fut exclue des terres byzantines. La cité offre alors son appui à Michel VIII Paléologue qui, redevenu maître de Constantinople, donne à ses alliés le monopole du commerce en mer Noire. Pour sûr, l›Europe a conservé des croisades un profit économique dont les musulmans n’ont pas vu l›importance.

Du point de vue culturel, les déplacements massifs d’hommes de toutes natio- nalités et leur corollaire de brassage, contribuèrent à un enrichissement mutuel de l’Occident et de l’Orient. Principalement, les croisades favorisèrent le transfert de connaissances de l’Orient vers l’Occident. Après s’être donc combattus, les Orientaux et les Occidentaux ont appris à se connaitre et à s’apprécier mutuellement : l’estime et l’amitié que les Turcs, adversaires chevaleresques ont imposé aux Latins, sont restés vivaces dans les mémoires.

CONCLUSION.

Le pèlerinage armé à Jérusalem fut d’une grande importance pour l’Eglise chré- tienne en ce qu’il était perçu comme l’œuvre de Dieu : la Croix était portée devant l’armée coalisée et la participation valait « une remise de toute la pénitence à accomplir pour les péchés ». Une indulgence qui, à cette époque, apportait un réel soulagement au pêcheur et mettait en évidence l’excellence de l’entreprise pontificale.

Mais les croisades n’ont pas atteint leurs objectifs : non seulement elles n’ont pu débarrasser les lieux saints de l’emprise musulmane, mais plus encore elles ont renforcé le fossé déjà existant entre les Eglises d’Orient et d’Occident. Néanmoins les différentes expéditions ont eu le mérite d’exercer une grande influence sur la vie religieuse, politique et économique de l’Europe occidentale dont les diverses popula- tions, unies et solidaires dans la foi acceptèrent de la défendre ainsi que son Eglise, en s’armant contre l’ennemi commun qu’est l’Islam.

Dès lors, on ne peut s’étonner que sur le phénomène de croisade les opinions puissent diverger. Les unes louant la bravoure et l’élan idéaliste qui précipitèrent les croisés dans les guerres aux issues plus qu’incertaines. Les autres au contraire mettant l’accent sur les horreurs, les crimes, les erreurs, les massacres des Juifs et des musulmans qui ne se justifient guère, quand on sait que le but recherché était avant tout l’unité de la chrétienté. N’est-ce pas pour cette raison que saint François d’Assise n’approuva jamais la croisade comme moyen de lutte contre les hérésies ?

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SOURCE ET BIBLIOGRAPHIE.

I. SOURCE.

L’esprit de la croisade, Textes recueillis et présentés par jean RICHARD, Edition du Cerf, Paris 1969, 195p.

FOREVILLE, Concile du Latran I, 1123, PP. 329-330.

II. BIBLIOGRAPHIE.

1. OUVRAGES DE REFERENCE

BEDOUELLE Guy, Dictionnaire d’histoire de l’Eglise, éd. C.L.D. 1994.

THEO, Nouvelle encyclopédie catholique, Droguet-Ardent-Fayard, Paris 1989.

LA BIBLE TOB, L’Ancien et le Nouveau Testament traduits sur les textes originaux Hébreu et grec, Nouvelle édition mise à jour, 2004.

2. OUVRAGES GENERAUX.

J.M. MEYER, CH et L. PIETRY, A. VAUCHEZ, M. VENARD, T.5, Apogée de la papauté et expansion de la chrétienté (1054-1274), Ed. Desclée, Paris 1993.

MINOIS Georges, L’Eglise et la guerre de la Bible à l’ère atomique, Fayard, Paris 1994.

LEBRAS Georges, Les institutions ecclésiastiques de la chrétienté médiévale, T.12, Bloud

&Gay, 2 volumes 1959 et 1964.

3. OUVRAGES SPECIALISES.

DEUIL, La Croisade de Louis VII, roi de France, éd. Waquet, Paris 1949.

MORRISON Cécile, Les croisades, PUF, Nouvelle édition Paris 2006.

PERNOUD Régine, Les hommes de la croisade, Librairie Jules Taillandier, Paris 1977.

ROPS Daniel, L’Eglise de la cathédrale et la croisade, Librairie Arthème Fayard, 1963, 830p.

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