A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
C. K IPNIS
C. L ÉONARD
Grandes déviations pour un système hydrodynamique asymétrique de particules indépendantes
Annales de l’I. H. P., section B, tome 31, n
o1 (1995), p. 223-248
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1995__31_1_223_0>
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223
Grandes déviations pour
unsystème hydrodynamique asymétrique
de particules indépendantes
C. KIPNIS~
Ceremade, U.R.A. C.N.R.S. 749, Université Paris IX-Dauphine, France.
C.
LÉONARD
Équipe
de Modélisation Stochastique et Statistique, U.R.A. C.N.R.S. D 0743, Université de Paris-Sud, Bâtiment 425, 91405 Orsay Cedex, France.Vol. 31, n° 1, 1995, p. 248. Probabilités et Statistiques
ABSTRACT. - We
study
thelarge
deviations from thehydrodynamical
limit of the
density
field ofindependent asymmetrical
random walks. A non-variationalexpression
of thelarge
deviation rate function is derived.Key words: Large deviations, random walks, random measures,
hydrodynamical
limit.RÉSUMÉ. - On étudie les
grandes
déviations de la limitehydrodynamique
du
champ
de densité de marches aléatoiresindépendantes
etasymétriques.
En
particulier,
nous donnons uneexpression
non-variationnelle de la fonction de taux desgrandes
déviations.Mots clés : Grandes déviations, marches aléatoires, mesures aléatoires, limite
hydrodynamique.
Claude Kipnis est décédé avant la rédaction définitive de cet
article. Je souhaite de tout mon c0153ur avoir respecté l’esprit
dans lequel il avait entrepris cette étude.
C. Léonard
Classification A.M.S. : 60 F 10, 60 J 15, 60 G 57.
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques - 0246-0203
Vol. 31/95/01/$ 4.00/© Gauthier-Villars
224 C. KIPNIS ET C. LÉONARD 0. INTRODUCTION
Nous étudions les
grandes
déviations de la limitehydrodynamique
d’ungrand
nombre departicules
se mouvant selon des marches aléatoiresindépendantes
sur un réseau.À
l’inverse desystèmes
fortementdépendants
comme ceux étudiés par M. D. Donsker et S. R. S. Varadhan dans
[DoV]
etC.
Kipnis,
S. Olla et S. R. S. Varadhan dans[KOV],
lesystème
considéréici est
simple
dans la mesure où seul lechamp
de densitéempirique
intervient dans les
martingales gérant
son évolution. Dans le mêmeesprit,
la limite
hydrodynamique
pour desparticules
browniennesindépendantes
a été étudiée dans
[KiO].
La condition de
centrage
du cassymétrique permet
d’accélérer lesparticules
de manière à obtenir une limite diffusive. La limitehydrodynamique
a dans cette situation un statut de théorème central limite.La fonction de taux des
grandes
déviations est laconjuguée
deLegendre
d’une fonction
quadratique,
et des considérationsclassiques
sur les espacesL2 permettent
de l’identifier sous une forme non-variationnelle.Ce n’est
plus
le caslorsque
les marches aléatoires ne sont pas centrées.Les
particules
nepeuvent
être accélérées aussi violemment et la limitehydrodynamique
a cette fois-ci un statut de loi desgrands
nombres. Ilen résulte que la fonction de taux des
grandes
déviations est, comme l’information deKullback,
laconjuguée
deLegendre
d’une fonctionconstruite à
partir
d’uneexponentielle :
lalog-Laplace
de la loi de Poisson.Son identification sous une forme non-variationnelle est
plus
inconfortable que dans le casquadratique.
L’objectif principal
de cet article est d’obtenir une formulation non-variationnelle de la fonction de taux des
grandes
déviations dans le casasymétrique.
Nous suivons la démarchedéveloppée
dans[Lé1] ]
et[Lé2],
où ce travail a été effectué pour un
système
departicules
lié àl’équation
de Boltzmann et pour des
petites perturbations
avec sauts.L’approche
habituelle
(quadratique)
ne convientplus.
Celle que nous exposons ici repose engrande partie
sur des considérationsd’analyse
convexe. Lesespaces fonctionnels
qui jouent
le rôle des espacesL2
sont alors des espaces d’Orlicz associés à lalog-Laplace
et à la transformée de Cramér de la loi de Poisson.La méthode
présentée
dans cet articles’applique
sans difficulté à lareprésentation
non-variationnelle de la fonction de taux desgrandes
déviations de certains modèles de réaction-diffusion
([JLV]).
En section
1,
nousprésentons
lesystème
departicules.
Lamajoration
desgrandes
déviations est énoncée au théorème 2.3 avec une fonction de taux donnée sous forme variationnelle.Puis,
à la section3,
nous en donnons uneformulation non-variationnelle
(théorèmes
3.4 et3.5) qui
nouspermet,
en section4,
de prouver la minoration desgrandes
déviations.Une version détaillée de cet article
([KLé])
estdisponible
enprépublication.
1.
PRÉSENTATION
DUMODÈLE.
NOTATIONSOn se donne une famille de processus de Markov à valeurs dans
N1~,
où
ZdN
= Unétat ~
= est uneconfiguration, représente
le nombre departicules présentes
au site i E Pour toutN > 1,
legénérateur AN
du processus estdonné,
pour toute fonctionf cylindrique
surN1~,
par(noter
l’accélération enNt)
où
les
égalités
étant entendues dans7L1v,
et où est tel que :c( k)
>0,V~
E7~d,
et il existe un nombre fini de k E7Ld
tels quec( k)
> 0.Puisque
le taux de sauts de laconfiguration
est linéaire en 7/, ce processus de Markovcorrespond
à lasuperposition
de marches aléatoiresindépendantes qui
sautent de k avec l’intensitéc( k ).
On s’intéresse au processus
empirique YN
donné paroù q est
régi
par legénérateur AN
etM+(S)
est l’ensemble des mesurespositives
bornées sur l’ensemble des sites S =(IR /Z)d.
Leurs réalisations sont dans l’ensembleDM
=D([0, T], M+(S))
destrajectoires càdlàg
de
[0, T]
dansM+ ( S) ,
oùM+ ( S)
est muni de latopologie
faibleVol. 31, n° 1-1995.
226 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
et où l’on
impose
auxtrajectoires
d’être continues àgauche
en T : JLT- ==DM.
L’ensembleDM
est muni de latopologie
de Skorokhod et de la tribu desprojections (qui
coïncide avecsa tribu de
Borel).
On choisit des conditions initiales déterministes:
YN (cv)
=Vw ,
tellesque pour une mesure po E
M+ ( S ) ,
est la masse totale
On a la loi des
grands
nombres : où p EC([0, T], M+ ( S ) )
est la solution de
l’équation faible,
de condition initiale:p(0)
= po,2. LA
MAJORATION
DES GRANDESDÉVIATIONS
Rappelons
que lelogarithme
de la transformée deLaplace
de la loi de Poisson recentrée deparamètre
1 est la fonction convexePROPOSITION 2.1.
(Majoration
sous forme variationnelle pour lescompacts). -
On supposequ’il
existe po EM+ (,S’)
tel que les conditions initialessatisfassent ( 1.1 ). Alors,
pour tout compact C deDM,
on aoù pour tout J-L E
DM
Ipo
étantdéfini
pourtout (
EM+ (S) ,
paret
Preuve. -
À
l’aide de la formuled’Itô,
on montre queest une
surmartingale.
De cefait,
pour toutefonction g
EC(S),
Vol. 31, n° 1-1995.
228 C. KIPNIS ET C. LÉONARD En notant
on a
2014~logZ~(~)=~~y~(~))+0(l/~),
cequi
avec(1.1)
et
(2.2) donne
pour toutesfonctions ~
~C(5’)
et G eC~ :
(g, G) := lim sup 1 Nd+1 g, 03C1o ~. Mais.
pour toute
fonction
G deC1,2([0, T]
x9), 03B8(G,.)
estcontinue,
de sortequ’un
raisonnement traditionnel engrandes
déviations([DZe] ,
lemma4.4.5),
nous
permet
d’afSrmer que pour toutcompact
C deD~ :
Ce
qui
achève la preuve de lamajoration..
De manière à étendre les
majorations
de laproposition
2.1 des ensemblescompacts
aux ensemblesfermés,
il nous faut maintenant prouver le résultat de tensionexponentiel
suivant.’
LEMME 2.2.
(Tension exponentielle). -
Pour tout L >0,
il existe un ensem-ble
KL compact
dansD M
tel que :lim su p g KL)
-L.Preuve. - Nous suivons ici la voie
traditionnelle,
voir parexemple [KOV].
Pour tout m >
0,
on note l’ensemble desmesures ( positives
surS telles +
1,
et on le munit de latopologie
affaiblie parC(6’) : l’espace
des fonctions continues sur lecompact
S. Ondésigne
parDMm
=D([0,T],M~(~))
l’ensemble destrajectoires càdlàg
et bornéesde
[0, T]
dansCompte
tenu de(1.1),
on voit que pour tout Nsuffisamment
grand,
les processusYN
sont à valeurs dansDMm .
De cefait,
il nous suffit de prouver le lemme dansD Mm
au lieu deDM .
Statistiques
Puisque
S estcompact,
il en est de même pourD’après [Jak],
un ensemble K deDMrn
est relativementcompact
si pour toute fonction G d’unefamille 9
cC(S) séparant
les éléments de et stable paraddition, ((t
~(G~(~))) ; ~
EK}
est relativementcompact
dansD([0,T], R).
Il suffit donc que pour toute G E~, 8,J-L
EK}
= 0. En tirantparti
de laséparabilité
deC(S),
on voitqu’il
nous suffit de montrer que pour touté > 0 et toute G dans
C~),
nous avonsPour
cela,
considérons lamartingale
En tant
qu’espérance
d’unesurmartingale,
on aDe
plus,
il existe des constantesCe, CG
> 0 nedépendant
que dec(.)
et de G telles que
de sorte
qu’en appliquant l’ inégalité
de Doob à lasousmartingale
obtient pour tout A > 0 :
On en déduit
(2.4)
en faisant tendre A versl’infini,
en considérant la fonction - G à laplace
de G et enremarquant que ~G, Y~) 2014 (G,
+
C(t - u).
Cequi
achève la preuve du lemme..Vol. 31, n° 1-1995.
230 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Une
conséquence classique (voir [DZe],
lemme1.2.18)
de lamajoration
sur les
compacts (proposition 2.1 )
et de la tensionexponentielle (lemme 2.2)
est l’extension de la
majoration
aux ensembles fermés.THÉORÈME 2.3.
(Majoration
sous formevariationnelle). -
On supposequ’il
existe po E
M+ (,S‘)
tel que les conditions initialessatisfassent ( 1.1 ). Alors,
pour tout
fermé
C deDM,
on aLa
fonction
de taux I est donnée sousforme
variationnelle dans l’énoncé de laproposition
2.1.3.
ÉTUDE
DE LA FONCTION DE TAUXDans cette
section,
nous allons donner aux théorèmes 3.4 et 3.5 uneexpression
non-variationnelle de la fonction de taux La méthode quenous
présentons
maintenant adéjà
étédéveloppée
dans[Lé1]
lors del’étude des
grandes
déviations pour dessystèmes
departicules
en lien avecl’équation
de Boltzmannspatialement homogène.
Au
sujet
des espaces d’Orlicz. Il sera utile pour l’étude de10
d’avoirrecours à certains espaces d’Orlicz.
Rappelons quelques
notions de base sur ces espaces. On pourra sereporter
à[KRu]
ou àl’appendice
de[Nev].
On se donne un espace
polonais
X muni de sa tribu de Borel ainsiqu’une
mesurepositive bornée p
sur X. Onappelle
fonctiond’Orlicz,
toutefonction convexe 0 :
[0, oo[- [0, oo [
telle que8 (~c)
= 0 {:::=} u = 0 etlim
03B8(u) u =
+00. On montre aisémentqu’alors
définit une norme sur
l’espace B (X )
des fonctionsboréliennes,
où l’on identifie les fonctionségales
p-presquepartout. L’espace
d’OrliczL~(X, p)
est défini par
Muni de la c’est un espace de Banach. On note l’adhérence de
l’espace
des fonctions boréliennes bornéesdans
L8 (X, p) .
Dans le cadre des espacesd’Orlicz,
le théorème de Riesz est le suivant. On identifie le dualtopologique
deE8 (X, p)
avecl’espace
d’Orlicz pour le crochet de dualitéG, H~
=x GH d03C1, G E Le* (X, p), H
EEe (X, p)
où ()* est latransformée de
Legendre
de 0 : 0*(v)
=sup{uv - 0(u) ) ,
v > 0. Lau>o
transformée de
Legendre
de la fonction T donnée en(2.1 )
estLes restrictions à
[0,oo[
de T et T* sont des fonctionsd’Orlicz ;
on noteLT, ET, LT*
etET
* les espaces d’Orliczcorrespondants. Remarquons qu’en général
ET cLT , ( ET )’
=LT
*
=
ET
* et(E03C4)" = ( ET * )’
= LT .Étude
deIo.
Premièreétape.
Prenons JL dansDM.
Pour tout G Eon pose
et on définit la mesure bornée sur
[0, T]
x S x E :où E
= {k
EZd ; c(k)
>0}.
On considérel’ espace d’Orlicz L03C4([0,T]
xS x muni de sa et pour tout G E
C 1’ 2 ,
on note(t, x, 0)
E[0, T]
x S x E ~x)
E R. Du fait queon voit aisément que
Vol. 31, n° 1-1995.
232 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
est tel que oo, en
passant
auquotient,
on voitque l
est uneforme linéaire sur
A’9C~ = (A . 8xG ;
G EC 1 ~ 2 ~ qui
est continue pour lanorme ~ ~ ’ ~~. Puisque 0 - c~C 1 ~ 2
est inclus dansE~([0, T]
x S xE, ~1~ ) , d’après
le théorème d’extension de Hahn-Banach et le théorème de Riesz pour les espacesd’Orlicz,
il existe une(en fait,
uneinfinité)
fonction Kmesurable sur
[0,T]
x S x E telleque K
EL~"([0,r]
x S x etBien
sûr, (3.3)
s’écrit aussiÀ
l’aide de l’identitéon voit que si K >
-1,
alorsoù
1 (3)
=( ’"3 2014 1 ) d{3 est l’« information de Kullback »de la
mesure
positive
apar rapport
à la mesurepositive fl.
Se pose alors le
problème
suivant : montrerqu’il
existe uneunique
fonction K = satisfaisant
(3.4)
tel queAlors pour cette
K privilégiée,
on aura =/
xS x E T*(K,..) dA,...
Remarquons
quel’inégalité (3.2)
nous interdit de prouver(3.7.a)
directement. Nous allons résoudre
(3.7)
par une méthoded’analyse
convexe.Un peu
d’analyse
convexe. Soient C un espacevectoriel, CU
son dualalgébrique
et F une fonction convexepositive
définie sur C telle quer(0)
= 0. Sa transformée deLegendre
est définie parOn voit facilement
qu’avec
C = 0 ~l(0 ~ 8xG)
= donnépar
(3.1)
etF(g)
donné parF,(g)
=J f [0, T]
x Sx Es’écrit : = Notre but est donc
d’exprimer
f* sous uneforme non-variationnelle.
Rappelons
un résultatgénéral.
Soient U et V deux espaces vectoriels endualité pour le crochet :
(u, v) EUx
V ~(u, v)
ER,
une fonctionf :
Ut-~] -
oo,+00]
et sa transformée deLegendre f *
définie parf * : v
E V ~ sup{u,v) - f(u)} e] -
oo,Si u
appartient
au domaine effectif def :
domf = (u
EU; f ( u ) + 00 },
le sousdifférentiel def
en u est défini par :=
iv
EV ; f(u)
+~1~, v) ~ f(u
+h),
VhEU}.
On définit la
biconjuguée
deLegendre
def
parf : u
Esup{(u,v) - f*(v)} E] -
Onappelle régularisée
vEV
convexe
a(U, V)-semicontinue
inférieurement de la fonctionf
laplus grande
fonctiona(U, V)-semicontinue
inférieurementqui
minoref.
PROPOSITION 3.1.
(a)
pour tout u E domf
tel que0
et tout v EV,
on a :(b)
v E8vf(u)
u E8uf*(v)
(c)
sif
est convexe eta(U, V)-semicontinue inférieurement,
on a :(d)
sif
est convexe et minorée par unefonction affine 03C3(U, V)-continue,
alors
f
est larégularisée convexe a ( U, V) -semicontinue inférieurement
def.
Vol. 31, n° 1-1995.
234 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Preuve. - Voir
[EkT], Proposition 5.1,
Corollaire 5.2 etProposi-
tion 3.3..
Revenons maintenant à l’étude de F. On suppose que F est Gâteaux- différentiable sur C et on note
F’(g)
EC~
la dérivée au sens de Gâteaux définie parSi nous
appliquons
laproposition
3.1 avec(U, f) = (C,r)
et(V, f*) _ (C#,0393*),
on obtient pour tous les l de la formeI’(y), g
E C :F*(1) = (1, gi) - F(gi) où gl
est tel que : = l. Mais le domaine effectif de F* est strictementplus grand
que{f’ (g) ; 9
EC}
dans le casqui
nous intéresse. C’estpourquoi
nous introduisons la fonction F définiesur le bidual
algébrique C~~
de C parOn note idom f* l’ensemble des
points
internes de domF*,
c’est-à-dire l’ensemble des l EC~
tels que pour tout m dansl’espace
affineengendré
par dom
F*,
il existe a > 0 tel que lesegment [l, l -I- l ) ~
soit inclus dans dom F*.De
même,
on note C-idom F l’ensemble despoints ~
E dom F tels que pourtout g
EC,
il existe a > 0 tel que lesegment [ç, ç
+a(g - ç)]
soitinclus dans dom r.
On dit que F est Gâteaux-différentiable dans les directions de C au
point ~ _
EC-idom r,
si pourtout g
E C la limite’ (03BE), g) : 0393(03BE + tg) - 0393(03BE)
existe.Puisque
- f est convexe,est un élément de
C#.
PROPOSITION 3.2. - Pour tout l de
idom f* ,
il existe~l
EC## satisfaisant
En
particulier,
si C-idom r = dom r et si r estGâteaux-différentiable
dansles directions de C sur tout son
domaine,
on aAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
Si de
plus
F est strictement convexe, pour tout l de idomf* ,
il existe ununique fli
ECUU satisfaisant l’égalité (3.8).
Preuve. - Du fait que F* est convexe,
d’après
le théorème de Hahn- Banachgéométrique,
pour tout l Eidom f* ,
il existe au moins une formefli
EC~#
telle que:fli
E8F*(1).
Deplus,
f* est~(C#, C)-semicontinue
inférieurement et
a fortiori 03C3(C#, C##)-semicontinue inférieurement ;
onpeut
donc
appliquer
lesparties (a)
et(c)
de laproposition 3.1,
cequi
nous donnela
première
assertion de laproposition
3.2.On obtient alors
(3.8)
et(3.9),
enremarquant
quelorsque
F estGâteaux-différentiable dans les directions de C en
~, 9r(~) = ~T’ (~) ~ .
Maintenant,
nous vérifions par l’absurde la dernière affirmation de laproposition. Supposons qu’il existe ~
distincts tels que~, ~’
E af*(l) .
Alors, (proposition 3.1.(c))
l E et l E9r(~). Puisque d’après
la
proposition 3.1.(d),
F estl’enveloppe supérieure
de ses minorantsaffines,
elle est affine sur lesegment [~, ~’~ (car
dans le cascontraire,
lethéorème de Hahn-Banach nous
permettrait
d’aboutir à unecontradiction),
par
conséquent
elle n’est pas strictement convexe..Étude
deIo.
Deuxièmeétape.
De manière à utiliser laproposition 3.2,
il convient de connaître la fonctionF,
associée àF,
et C =A’9(7~.
Cerésultat
qui
a étéprouvé
dans[Lé 1] (voir
aussi[KLé]),
est le suivant.Soient NT : l’adhérence dans LT de C pour la
topologie a(LT, LT*),
ainsi que
N 1 :
l’adhérence dansL~
de C. On noteNT,1
l’ensemble desfonctions g
dont lapartie positive
g+ est dans NT et lapartie négative
g- dansNI.
On note C . le sous-espace deC#
constitué des éléments de laforme g ~ gh d
où h décrit C.THÉORÈME 3.3. - La
biconjuguée
deLegendre :
de surC~#
estdonnée,
pourtout ~
E parr si ~ ~N03C4 1
où l’on a
identifié ~
etfl’
ECUU lorsque ~~~.~~
==~~c.n,~ ~
Preuve. - Voir
[Lé1] ]
ou( [KLé],
corollaire5.7)..
Notons que
d’après (3.3),
nous avonsVol. 31, n° 1-1995.
236 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Nous sommes maintenant en mesure de prouver le théorème suivant.
THÉORÈME 3.4.
(Formulation
non-variationnelle deIo). -
Pour que J-L EDM
soit tel que ilfaut
et ilsuffit qu’il
existe unefonction
mesurable K :[0, T]
x S x E - R telle que pour toutefonction
G de
C1’2 ( [O, T] x s)
et
(donc
K >-1, 11~ presque partout).
Dans ce cas, il existe une
unique fonction
mesurable K =qui vérifie (3.11 )
et(3.12)
et telle queDe
plus,
Remarque. -
S’il existe C > 0 tel que pour toust, k, x, x’
on ait :1 x’I,
alorsl’équation
différentielleordinaire .~
= v + de condition initiale xo = z, dtadmet une
unique
solution xt =0 t
T et(3.11 )
admet pourunique
solution: = 0 t T. En
particulier,
si po n’est pas absolumentcontinue
parrapport
à la mesure deLebesgue ;
t ne l’est pas nonplus.
Annales de l’Institut Henri Poincaré -
Preuve. - On a
déjà
constatequ’avec l
donné par(3.1)
etE s’écrit
Soit e DM
tel que oo. On note C =0394.~C1,2,
F =0393
et r = Avec l’identification du théorème
3.3 : ~ ~ ~
EC~
lorsque 03BE|C. = 03BE’|C. ,
on constate que r est strictement convexe. Deplus,
C-idom r = dom r(a priori
C-idom rG
domr),
r est Gâteauxdifférentiable dans les directions de C sur dom r et pour
tout ç
E dom r :r~)~-i).A~.
Cas intérieur. - On suppose
que
E idomF*.En
appliquant
laproposition 3.2,
on obtient l’existence d’ununique
E dom r satisfaisant
(3.8),
c’est-à-dire :De
plus (3.9)
s’écrit:Ce
qui, compte
tenu de(3.10),
enposant
==e~ - 1,
nous donne(3.11)
et
(3.12)
avec ~ == ainsi que lapremière égalité
de(3.14).
On suppose
que l
E dom f*B
idom 0393*.Alors,
il existel1
E idom 0393* tel que C domf. Posonsl
1
7~20141Il
. P . f* ..ln == - 1 + l , n 2:
1.Puisque
F* est convexe et semicontinue. ?~ 7~
inférieurement,
on aPour tout n >
1, ln
est intérieur etd’après
cequi précède,
il existeKn
tel que
Vol. 31, n° 1-1995.
238 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Puisque 1,
=2/2-~1,
on obtient avecK J-L
=2K2 - Ki,
que pour tout n >1,
VG~=2~-~-~-~~~
et que =J
E
C 1 ~ 2 ,
c’est-à-dire(3 .11 )
avec K =Compte
tenu de
(3.10), K1
etK2
sont dansL~~([0,r]
x S x desorte
que 2/K21 + /Kll l
E cequi
permet d’appliquer
le théorème de convergence dominée pour obtenir : lim/
T] x S x T] x S x
D’où il
vient,
avec
(3.15)
et(3.16),
que : =x Sx
c’est-à-dire
(3.12)
avec K =K, ,
ainsi que lapremière égalité
de(3.14).
Étudions
maintenant laréciproque.
Soit JL EDM.
On montre à l’aide de(3.5),
comme en(3.6),
que pour toute fonction mesurable K > -1 associée à /4 par(3.11 ),
on a :T* (K)
De sorte queet que s’il existe K satisfaisant
(3.11)
et(3.12),
on a +00.Dans ce cas, on a
déjà
montré l’existence de satisfaisant(3.11 )
ettel que
Io( )
=x Sx
ce
qui
avec(3.17)
nous donne ladeuxième
égalité
de(3.14).
Finalement, (3.13)
est uneconséquence
directe de(3.6)
et l’unicité deK, provient
de la stricte convexité de la fonction K -T* (K) d
que l’on minimise sur l’ensemble
convexe {K;
K satisfait(3.11)}.
Cequi
achève la preuve du théorème. []
De manière à
préciser d’avantage
la fonction de taux, nousintroduisons,
comme dans
[Lé2],
les notions de vitesses admissibles et de forces duales.Vitesses admissibles et forces duales. Soit V ak >
0, k
EkEE
E}
le cône convexe de sommet 0 eIRd engendré
par E. Onappelle
facede V en un
point
frontière w, l’intersection de V avec tous leshyperplans
de
support
de V en w.Puisque E
estfini,
V est unpolyhèdre
etpossède
un nombre fini J > 0 de faces :
t~, 1 ~
J. On pose J = 0 si V =R~.
Pour chacune de ces faces
Vy,
on choisit une normale extérieure nj EIRd
telle que V C{~
eR~ ; ~ ’ ~ O}
et V n{~
eR~ ;
=O}
= UnAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
tel nj existe
toujours,
il suffit de le choisir dans l’intérieurintrinsèque
ducône des normales extérieures aux
hyperplans
desupport
de V en w.On
appelle
V : le cône des vitesses admissibles et celuiengendré
par{nj ; 1 j 7} ~
le cône desforces infinies.
E =
~A, B, C~, V
= AOB. Les faces de V sontOA, OB
et{0}.
Le cône des forces infinies est
A’OB’,
noA EOA’,
OB’ et toutvecteur choisi dans l’intérieur de
A’OB’
convient pournlol.
On dira que nous sommes dans une situation
non-dégénérée
si V =Dans ce cas, il
n’y
a pas de forces infinies.Par
convention,
on poseVo
= V et no = 0. L’ensemble desforces
duales est défini par V* =U ~nj ~
xEj
oùEj
estl’espace
o .5: j .5: J
vectoriel
engendré par Vi (considéré
comme le dual deVy).
On noteV* 3
(n, u)
= oon + u et pour tout k EE,
on définit le «produit
scalaire » ,
oon
,. = {k.u -~ si n . k = 0
Remarq uons q ue n estchoisi de telle sorte
que k .
n0,
k E E.Par convention on pose e-°° =
0,
cequi
nouspermet
de définir la fonctionNotons que pour tout
0 ,y
J et tout u EEj,
+u)
=y~
est unpoint
intérieur de la faceVy.
Dans le casnon-dégénéré,
~=~
Une
conséquence
immédiate de la preuve du théorème 3.5plus bas,
estque
l’application
cp estbijective.
Ceparamétrage
de V estl’analogue
deVol. 31, n° 1-1995.
240 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
l’inversion
de la matrice de diffusion lors de l’étude desgrandes
déviationsde diffusions.
Champs
de forces duales. De manière à introduire unparamétrage analogue
pour lestrajectoires
~c EDM
telles que oo, nous définissons un ensemble dechamps
de forces duales V*(~c) .
DÉFINITION. - Pour tout ~c E
DM, 1>* (~c)
est l’ensemble desfonctions
mesurables h :
[0, T]
x ,5‘ -~ V* telles queet il existe une suite de x
S) satisfaisant
Dans
V * (tc)
onidentifie hl
eth2 lorsque
I~ ~hl (t, x)
= 1~ ~h2 (t, x) (dans
R
-presque
partout.Remarques. - *
L’ensemble n’est pas un espace vectoriel engénéral.
* Du fait que E
R,
la convergence de la deuxièmesomme
implique
la convergence vers 0 de(8xHn - h)
dansL~([0,T’]
x S x alors que lapremière
sommeexprime
laconvergence vers 0 de dans
L1(~0, T]
x S xOn en déduit que,
quitte
à extraire une sous-suite de pour-presque
tous(k, t, x) : k . h(t, x)
= lim k. E[-00,
THÉORÈME 3.5.
(Formulation
non-variationnelle desuite) -
Pour touttc de
D M ,
estfini
si et seulement s’il existe unchamp
deforces
hdans
V*(~)
tel que pour toutefonction
H deC1~2
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
Dans ce cas,
(3.18)
admet uneunique
solution h = dans etDe
plus,
lafonction
du théorème 3.4 est donnée par :=~’~~~-1.
Preuve. -
Commençons
par prouver le critère de finitude deD’après
le théorème3.4,
est fini si et seulement s’il existe K satisfaisant(3.11 )
et(3.12).
La condition suffisante du critère(3.18)
en découle. Montrons la condition nécessaire. Soit ~c E
DM
tel que +00.D’après
le théorème3.4,
onpeut
choisir K =K,
telleque = Montrons que
Kp
est de la formee~ ~ 2014
1avec dans V*
( ).
Pour tous u, v EIR,
on a uv - = T*(v) - 03B2(u, v) (v
+1)03C4(u - log(f +1))
si v > -1avec
03B2( , v) = eu
+
l)r(u -log(v
+1))
si v = -1 . On en déduit si v -1
que si K satisfait
(3.11 ),
alorsDe ce
fait,
il existehJ-t
E tel que =1,
presque
partout.
On en déduit(3.18)
en écrivant(3.11)
avec K = ainsique
(3.19)
à l’aide de(3.14).
Vol. 31, n° 1-1995.
242 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Maintenant,
montrons l’unicité de la solution de(3.18)
en h E~*(/~).
Soient
h1, h2 E
des solutions de(3.18).
Les fonctionsKi
=et
K2
=e~ ~~ - 1
sont solutions de(3.11). Puisque h1,h2 E V* (~c),
on ace
qui
avec(3.20)
nous donne: =T* (Kl ) d
=T* (K2 )
Mais
d’après
le théorème3.4, KJ-t
estl’unique
fonction K satisfaisant(3.11 )
et =
T* (K)
Parconséquent Kl
=K2
= Cequi
achèvela preuve du théorème. []
4. LA MINORATION DES GRANDES
DÉVIATIONS
Le
point technique qui
diffère des situations «quadratiques » (en regard
de la situation
« exponentielle » due
à la fonction T que nous étudionsici)
est le lemme 4.1. Nous ne prouvons la minoration que dans le cas de la dimension 1 et dans le casnon-dégénéré (on
interdit que tous les sauts s’effectuent du mêmecôté). Commençons
par montrer deux lemmespréliminaires.
LEMME 4.1. - On se
place
dans le cas d = 1 et on supposequ’il
existe
1~+, >~_
E N tels quec(k+)
> 0 etc(-I~_ )
> 0. Soit ~c EDM
tel que Alors il existe une suite de
DM
telle que lim = limI~o
=Io (~c)
et pour tout n > - 1 lechamp
deforces
hn
associé à n
par(3.18)
est de laforme
hn =~x Hn
avec Hn dansC1~2(Lo, T]
XS).
Remarque. -
L’existence dek+
et k-garantit
lanon-dégénérescence.
Preuve. - Soit
Tt
leprolongement
de ~c à[-1,T
+1] qui
coïncide avec ,u sur
[0, T]
et telque t
E[0,1]
- +t)
et t E
[0,1]
- :==v(t)
sont solutions au sens faible de(~t - v~x)v(t) = 0 . La
(Ã) = T
et ev(0) =
J-to. a trajectoire Oire
Tt
satisfait uneéquation analogue
à(3.18)
sur[-1,T
+1]
avecs’écrit
Noter
qu’en
tant que bornessupérieures
de fonctions affines continues10
et10
sont convexes et semicontinues inférieurement. Ceprolongement permet
derégulariser
par convolution.Soit {03C1n(t,x) ; n
>1}
une suiterégularisante positive
sur[-1,
T +1]
x S. Ondésigne
par la restriction à[0, T]
x S depn * Compte
tenu de la continuité de t(c’est
uneconséquence simple
del’inégalité
de Hôlder pour les espaces d’Orlicz et du théorème3.5),
on a bien sûr lim = ~c.Puisque
lesgénérateurs AN
sont stationnaires entemps
et en espace,Io
estinvariante par les translations en
temps
et en espace. Or10
est convexe, donc=
ji)
="et
D’autrepart, 10
étant semicontinue inférieurement : lim infIo
> -~o (~c),
d’où ilvient que : lim =
Nous montrons maintenant la
régularité
de hn . On identifieJ-tn
et sadensité par
rapport
à la mesure deLebesgue
sur[0,T]
x S. On choisitla suite
régularisante pn
strictementpositive
sur[0, T]
xS,
de sorte que(t ,
inf
T] x > 0. Pour la suite de la preuve, on laissera tomber l’indice n.L’équation (3.18) s’écrit,
pour presquetout t,
avec
Vol. 31, n° 1-1995.
244 C. KIPNIS ET C. LÉONARD
Du fait que nous sommes dans une situation
non-dégénérée, e~~‘
neprend
que des valeurs finies. La solution
générale
de(4.1 )
estoù t )2014~
c(t)
est une fonction mesurable.La
fonction cp
de(4.2)
est C°° et sa dérivée ne s’annule pas, elle admet donc une fonctionréciproque qui
est aussi C~.D’après (4.3),
h(t, x)
= est C°° pour presque tout t.Il nous reste à nous assurer de la
régularité
de t ’2014~c(t).
Pourcela,
nousmontrons dans un
premier temps
que du faitque h
est dansV * (tc),
nousavons pour presque tout t E
[0, T]
En
effet,
il existe une suite deC 1 ~ 2
telle queOr pour presque
tout t,
infx)
> 0 et inf > 0(puisque
x k,x
h(t, .)
estcontinue),
donc lim/
= 0. On endéduit
(4.4)
enremarquant
que pour toutm 2:
1 et tout t E[0, T],
/5’
En combinant
(4.2), (4.3)
et(4.4),
on obtient :/ ~-1
= 0 on en déduit larégularité
~ des
rpB
x =. n en e mt a e
t -
c(t)
à l’aide du théorème d’inversion locale et de larégularité
de
cp-1
et deSoient
PN
la loi deYN
et H une fonction dansC1,2.
On considère unenouvelle loi