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Le lait : bon diable ou mauvais apôtre ?

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Academic year: 2022

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Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 5-6 - mai-juin 2016 156 Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 5-6 - mai-juin 2016Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XX - n° 5-6 - mai-juin 2016

w w w . g r i o . o r g G R I O Coordonné par :

T. Thomas (Saint-Étienne)

Le lait : bon diable ou mauvais apôtre ?

Pr Patrice Fardellone*

L

e lait de vache fait régulièrement l’objet d’attaques l’accusant d’être la cause de très nombreux maux et problèmes de santé parmi lesquels fi gurerait une augmen- tation du risque de fractures.

On est tout d’abord frappé par la discordance, dans la littérature scientifi que concernant le lait et la santé osseuse, entre les études expé- rimentales et les études épidémiologiques.

Ainsi, chez les enfants prépubères, une sup- plémentation en lait freine la sécrétion de parathormone et réduit le niveau de remo- delage osseux tout en procurant un gain plus important de densité minérale osseuse (DMO). Inversement, une faible consom- mation de lait pendant l’enfance s’accompa- gnera d’une DMO plus basse chez les femmes ménopausées et préménopausées. Cet eff et bénéfi que du lait sur la DMO est également observé lorsque la consommation de lait a lieu après la ménopause.

Si l’action favorable du lait est d’autant plus importante que la consommation en calcium est faible, comme c’est le cas dans les popula- tions asiatiques, les composants du lait ayant un impact osseux sont en réalité nombreux : calcium, protéines, zinc, potassium, protéines du “petit-lait” (milk basic proteins) , etc. Chez les sujets âgés, les protéines du lait, indépen- damment de l’apport en calcium, améliorent la DMO au col fémoral. Ces mêmes protéines semblent avoir une meilleure effi cacité sur la DMO que les protéines de la viande rouge ou celles des plats préparés industriellement.

Les protéines du “petit-lait”, ou lactosérum, ont fait l’objet de nombreuses études, dont certaines ont montré des eff ets antirésor- bants et protecteurs de la masse osseuse.

Il n’y a cependant pas d’études d’intervention évaluant le risque fracturaire lié à la consom- mation de lait de vache, mais seulement des études épidémiologiques, observationnelles, avec des résultats contradictoires…

Dans certaines études, une faible consom- mation de lait durant l’enfance est associée à un risque de fractures 2 fois plus grand après 50 ans, alors que, chez les personnes âgées, sa consommation est associée à une réduction de 40 % du risque de fractures de la hanche. D’autres études ne montrent aucune relation signifi cative entre la consommation de lait et le risque de fractures, qu’il s’agisse d’une consommation dans l’enfance ou à l’âge adulte. Quatre études observationnelles suggèrent une augmentation du risque de fractures ostéoporotiques lors d’une plus grande consommation de lait de vache (1, 2) . Ces études ont fait l’objet de nombreux commen taires et critiques en raison du grand nombre de biais qu’elles comportent : pas d’ajustement sur certains critères majeurs comme la DMO ou la consommation de cal- cium, ou disparition de l’eff et lors de l’ajuste- ment sur la taille, dont on sait le facteur de risque qu’elle représente pour la fracture de la hanche. D’autres critiques font valoir les diffi cultés à collecter sur de longues périodes les habitudes alimentaires des sujets, parfois

très antérieures au recueil des données frac- turaires. Enfi n, le lien entre lait et fracture mis en évidence par des études observationnelles peut n’être qu’une association statistique et non un lien de causalité. Par exemple, les femmes qui se savent ostéoporotiques augmentent leur consommation de lait…

La richesse en protéines et en calcium du lait de vache fait qu’on s’attend plutôt à un eff et bénéfi que sur la santé osseuse. Comment, dès lors, imaginer un effet délétère de ce breuvage largement consommé et souvent recommandé par les instances de santé publique ? Les auteurs de ces publications mettent en avant plusieurs mécanismes pos- sibles : eff et nocif du D-galactose, intolérance au lactose et augmentation de la charge acide, entre autres. Tous ces arguments ont également été vivement critiqués point par point.

On peut légitimement supposer que les études épidémiologiques mettent difficilement en évidence les effets ténus d’un seul composant alimentaire en raison du grand nombre d’interactions nutritionnelles au sein de popu lations qui ne sont pas forcément carencées en apports calciques.

En l’état actuel de nos connaissances scientifiques, il n’existe pas d’argument incontestable justifi ant qu’on se passe d’un aliment aussi largement consommé que le

lait de vache. ■

1. Michaëlsson K, Wolk A, Langenskiöld S et al. Milk intake and risk of mortality and fractures

in women and men: cohort studies. BMJ 2014;349:g6015. 2. Feskanich D, Bischoff -Ferrari HA, Frazier AL, Willett WC. Milk consumption during teenage years and risk of hip fractures in older adults. JAMA Pediatr 2014;168:54-60.

R é f é r e n c e s

L’auteur déclare avoir des liens d’intérêts avec Candia (board scientifi que) et Danone (étude).

* Service de rhumatologie, CHU d’Amiens ; Inserm U1088.

0156_MET 156 19/05/2016 09:05:21

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