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Oui, ce n était pas du tout ma branche. J étais plutôt employée de bureau dans le secrétariat mais je n ai pas retrouvé.

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Academic year: 2022

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Peux-tu me parler de ton parcours scolaire ?

J’ai passé un CAP comptabilité au lycée. Après je me suis retrouvée dans le monde du travail en tant qu’employée de bureau et secrétaire de direction. Ensuite, j’ai tenu un magasin de fringues en Normandie avec une copine d’école pendant une année. Ça a marché pendant une année et puis après… J’ai été factrice aussi. Je suis revenue en Vendée ensuite où j’ai un petit peu galéré parce qu’il n’y avait pas de travail. J’ai atterri ensuite en Loire Atlantique où j’ai fait des stages et des remises à niveau en secrétariat et bureautique parce que j’étais un petit peu larguée. Je suis sortie en 1985 de l’école et je suis arrivée ici en 1993. Au niveau de l’informatique, ça avait drôlement changé. Mais je n’ai pas trouvé de travail dans ma branche. Donc, je me suis retrouvée à faire des ménages.

C’était par défaut ?

Oui, ce n’était pas du tout ma branche. J’étais plutôt employée de bureau dans le secrétariat mais je n’ai pas retrouvé.

Tu as travaillé dans quel type de structures en tant qu’employée de bureau ?

J’ai fait de la comptabilité dans une entreprise vendéenne. J’ai remplacé un congé maternité. C’était tout simple : je retapais les devis. Ensuite, j’ai travaillé dans une nouvelle entreprise où je faisais un peu de tout. Je faisais même de la vente. C’était dans une entreprise d’agréments donc portails, chalets en bois... Je me suis retrouvée secrétaire et commerciale. Je m’occupais des bases de la comptabilité et si je pouvais vendre des vérandas ou des portails, je faisais aussi commerciale.

Ensuite, la boite a fermé et je n’ai pas retrouvé de travail dans ma branche. Nous avons donc ouvert notre magasin. Quand il a fermé, je suis retournée chez mes parents en Vendée. J’ai passé une année au chômage. J’ai retrouvé en tant que femme de ménage.

Ça fait combien d’années que tu exerces cette activité ?

17 ans. Je pensais que c’était du provisoire mais le provisoire dure bien longtemps… Quand je suis arrivée en 1994, j’étais sur le site de l’aérospatiale à Bouguenais dans une entreprise de transports.

J’ai travaillé 10 ans là bas. C’était le matin de bonne heure : je faisais 5 heures du matin jusque 9 heures du mardi au samedi. Après je suis rentrée dans l’entreprise X par le biais de mon mari. Ils cherchaient du personnel. Je suis partie de l’entreprise de transports contre mon gré puisqu’ils auraient bien aimé me garder. Mais j’ai pris le poste dans l’entreprise X parce que ça me rapprochait de chez moi et mon fils entrait en maternelle donc les horaires ne collaient plus. Et puis, trouver une nourrice à 5 heures du matin, ce n’est pas évident. J’y suis entrée en avril 2004.

Et tu as cherché à changer de société ?

Pour l’instant, je reste parce que je ne trouve pas dans mon métier. Plus ça va, plus je vieillis et plus ça devient difficile. Même pour se recycler, c’est un peu la galère. C’est un petit peu par défaut que j’accepte mais bon… il n’y a pas trop le choix, il faut bien manger.

Quel métier exerçaient tes parents ?

Maman était femme de ménage aussi. Elle faisait partie d’une mairie en Vendée. Elle travaillait dans les écoles. Elle était surveillante de cantine et elle faisait les ménages. Papa était maçon.

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Le choix de votre maison a été fait en fonction de votre entreprise à tous les deux ?

Oui, on ne voulait pas être trop loin. On ne voulait pas être à 50 kms, surtout pour moi, pour faire juste quelques heures de ménage. On voulait un peu se retirer de Nantes aussi mais ne pas être trop loin quand même. C’est rapide maintenant. On a trouvé notre maison au hasard. Fin juin, cela fera 17 ans que nous sommes dans cette maison.

Tu es impliquée dans une association ?

Non, je n’ai pas le temps ! Et tu es syndiquée ?

Non, non pas au sein de l’entreprise.

Donc tu travailles pour une entreprise sous traitante ? Est-ce que tu bénéficies des mêmes avantages que les salariés de l’entreprise X ?

Ah non pas du tout. Ça n’a rien à voir. Nous sommes en dehors de l’entreprise X. Tous les agents d’entretien font partie de la société de nettoyage. Il y a aussi une société qui s’occupe des carreaux mais c’est en dehors de l’entreprise X.

Sur le site, combien de salariés de la société de nettoyage sont présents ?

Plus ça va, moins il y a de monde. On doit être une petite douzaine. Nous avons eu un départ en retraite fin février non remplacé. Nous allons avoir un autre départ en retraite fin mai qui ne sera pas remplacé non plus.

Vous avez la même charge de travail ?

Oui, voire plus.

Comment se justifient-ils au niveau de la direction ?

Ils ne se justifient pas, ils s’en foutent royalement.

Vous avez la possibilité de vous faire entendre ?

Oui, on a essayé auprès des syndicats de la l’entreprise X puisque les syndicats de la société de nettoyage ne veulent pas nous répondre. Nous avons essayé de les avoir au téléphone mais personne ne nous répond. Donc, on s’est retourné vers les syndicats de l’entreprise X. Chose que l’on n’aurait pas du faire… ça ne les regarde pas et ils nous l’ont bien fait comprendre. Ils n’ont pas à mettre leur nez dans les affaires de la société de nettoyage. On s’est fait un peu taper sur les doigts.

Ils ont vu qu’on n’était pas très contentes non plus mais ça n’a pas porté ses fruits. Ils s’en foutent royalement.

Les syndicats de l’entreprise X ne veulent pas s’en mêler.

Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas. Ils veulent nous défendre. Ils voient bien ce qu’il se passe. Il y a une surcharge de travail et de moins en moins de personnel. Les corvées que nous avons à faire deviennent pénibles. Nous sommes toujours en train de courir. C’est assez pénible par rapport à ce

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que nous avons connu il y a quelques années. C’est du n’importe quoi. En plus, ils nous contrôlent donc… La société de nettoyage est employée au sein de l’entreprise X par une filiale de l’entreprise X.

Notre client n’est plus l’entreprise X mais sa filiale. Ce sont eux qui font les directives, nous sommes obligés de passer par eux. Ce sont eux qui contrôlent ce qu’on fait : les poussières, les sols, les conneries comme ça…

Comment se passe le contrôle ?

C’est une feuille tout à fait banale. Tu as 0 ou 1. C’est en trois parties : une zone à 73% (bureaux d’atelier en production), une zone à 84% (bureaux) et une zone à 94% (sanitaires).

C’est la note à atteindre ?

Voilà, la note minimum. Il faut au moins avoir ces notes là. Si tu es au dessus, c’est bien et si tu es en dessous, ça ne va pas !

Comment ça se passe si ça ne va pas ?

Si tu es en dessous, ça va chez la société de nettoyage. Et puis, on reçoit une recommandé avec convocation. Au bout de 3 convocations, c’est le licenciement. Tout ça pour des contrôles qui sont…

Ce sont des contrôles réguliers ?

Ils en ont fait un hier. Ils ne nous disent pas quand ils vont les faire. Ils nous contrôlent quand on n’est pas sur nos chantiers. Ils ont contrôlé mon service hier matin, moi je travaille l’après midi. En l’espace de deux ou trois heures, les sanitaires ont servi. Ils sont faits tous les jours. Moi, je n’ai pas à me tracasser.

Tu es seule à gérer les bureaux ?

Oui, moi, j’ai deux niveaux. J’ai deux étages à faire à moi toute seule. C’est moi qui gère. Si admettons, un jour, je ne peux pas faire un bureau parce qu’ils sont en réunion, je ne vais pas rentrer les déranger, j’y retourne le lendemain. Mais il faut qu’on note tout, tout ce qu’on ne peut pas faire parce qu’ils ne veulent pas qu’on rentre ou qu’ils ne sont pas là et qu’on n’a pas les clés. Il faut tout noter : tout ce qu’on ne peut pas faire et qui nous empêche de travailler. Après quand la filiale fait les contrôles, ils peuvent nous pénaliser. Mais si on a écrit que tel jour on ne pouvait pas y aller parce que… ça passe mieux.

Tu as déjà eu des notes en dessous la moyenne ?

Non, pour l’instant, moi ça va.

Et dans tes collègues, des personnes ont été licenciées ?

Ah oui, oui. J’ai une collègue dernièrement qui en est à son deuxième contrôle. Elle gère un nouveau bâtiment qui a ouvert dans l’entreprise X. Malheureusement, les gars quand ils ont fait des travaux, ils ont laissé de la peinture et de la colle à carrelage par terre. Elle a beau laver, ça ne part pas. Et à chaque fois, elle se tape un contrôle et forcément un 0 parce qu’ils voient une tâche au sol et que ce n’est pas normal. Elle a été convoquée là bas. Elle a expliqué quand même le cas : « je ne vais enlever

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de la peinture ou de la colle qui ne s’en va pas. Ce sont les ouvriers qui n’ont pas nettoyé le chantier une fois qu’il était fini. » Il faut tout le temps qu’on se justifie, ça devient pénible.

Vous n’avez pas vraiment de liberté…

Ah bah pas du tout ! Et plus ça va… Depuis qu’on est dans la société de nettoyage, c’est la galère.

Avant, on pouvait un peu gérer. On se dit : si on un contrôle demain, faut qu’on fasse ça à fond. Ça nous stresse. Il y a des filles qui ne dorment plus, qui prennent des cachetons. Moi, ça va, je n’en prends pas. Le personnel de l’entreprise X s’en rend compte mais ne peut rien faire. J’ai vu un monsieur la dernière fois qui m’a dit : « je fais partie du syndicat… » Je lui ai dit : « écoutez, moi je ne vous dis rien parce que qu’à chaque fois qu’on parle… moi déjà, je n’ai même pas le droit de vous parler. » C’est rendu à ce point là : on n’a pas le droit de parler avec le personnel de l’entreprise X.

Cela fait des années qu’on est là, les gens, on les connait ! D’accord, on ne va pas taper la causette pendant une heure non plus. C’est venu aux oreilles des gens de l’entreprise X, ils ne sont pas bêtes non plus. Ils voient très bien que notre comportement a changé depuis quelques années. Nous, c’est pas de notre faute. Alors, on leur dit : « moi, je ne parle pas avec vous » [en chuchotant]. Ça les fait rire et on discute un peu. On ne va pas non plus se taper un café avec des gâteaux.

Et d’où leur est venue cette idée de vous interdire de discuter avec le personnel ?

Ça ne date pas de la société de nettoyage, c’était même avant. Ils se sont aperçus qu’on avait un peu trop de liberté avec le personnel de l’entreprise X et ça ils n’aiment pas. Des fois, on parle comme ça de travail et ils sentent qu’on a été se plaindre. Ils ne veulent pas qu’on se plaigne au personnel. Si on a à se plaindre, c’est à la société de nettoyage.

Quels sont tes horaires ?

Le mardi et le jeudi, je fais 14h-19h30. Les autres jours (lundi, mercredi et vendredi), c’est 14h30- 19h30. Je suis à 26 heures semaine et c’est très bien.

C’est toi qui as demandé un temps partiel ?

Au départ, je faisais plus : 32 heures par semaine. Des chantiers ont disparu. Ils ont réduit mon temps de travail. Au départ, je faisais le château, la maison où habite le directeur. J’y allais tous les matins et je revenais le soir pour travailler. Ce n’était pas le souci. Après, ils se sont aperçus que tous les matins au château, ce n’était pas nécessaire donc ils ont réduit. Je suis passée de 8h par semaine à 6h puis à deux heures par mois. Au départ, je me suis fait avoir, j’avais 32 heures et j’aurais du rester avec ces 32 heures. C’était à eux de me retrouver d’autres chantiers pour combler. Donc, je suis restée à 26h. Après, ils m’ont mis dans les petits chantiers à l’intérieur de l’entreprise X. C’est pour ça que je ne travaille que l’après midi. Je ne veux pas travailler le matin parce que je ne veux pas faire d’aller retour, ça ne sert à rien. Je l’ai fait quelques temps et vu ce que je grille en carburant, ce n’est pas avantageux.

Tu mets combien de temps à aller au travail ?

¼ d’heure.

Au niveau de ton recrutement, comment ça s’est passé ?

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Quand je suis entrée en 1994, c’était le groupe AB. Mon mari connaissait la chef d’équipe (Amélie) qui est toujours ma chef d’équipe aujourd’hui. Je cherchais du travail à l’époque et Amélie a demandé à mon mari si je pouvais être intéressée pour faire des ménages en attendant de trouver mieux. Donc, j’ai dit : « oui, provisoirement, pourquoi pas ? ». Donc, au départ, j’ai commencé à Bouguenais de 5h à 9h du matin dans une entreprise de transports.

Quand tu es arrivée dans la société, quels interlocuteurs as-tu rencontré ?

A cette époque, j’ai juste vu la chef de site. Je l’ai rencontrée directement sur le site de l’entreprise de transports. Elle m’a dit : « il faudra faire ci, ça et basta » à 5 heures du matin. Elle m’avait appelé un mardi pour le mercredi. Je lui avais dit que je préférais commencer le jeudi. A 5 heures du matin, il faut… J’ai été directement sur le site et puis elle m’a dit : « bon, si vous voulez commencer tout de suite… ». J’avais un jour à l’essai et terminé. J’ai signé mon contrat et c’était bon. Quand je suis entrée au sein de l’entreprise X, j’ai eu plusieurs entreprises. Nous, employés, on reste à l’intérieur du site. C’est la société de nettoyage qui change mais pas le personnel. Encore heureux parce que…

J’ai connu plusieurs entreprises. 5 sociétés en l’espace de 8 ans !

Au niveau de tes conditions de travail, tu as perçu des changements à chaque nouvelle société ? Oui, en général, ça change énormément. La dernière fois qu’on a changé, c’est quand on est passé chez Z. Avant, c’était très bien. On faisait nos horaires, notre travail, on n’était pas chronométré et épié puisqu’apparemment, on nous surveille aussi. C’était cool, on va dire. On était moins stressé.

Avec Z, ils nous ont pondu qu’il fallait rester 3 mois sur un site : 3 mois dans les bureaux, 3 mois dans un autre bâtiment… au départ, ça nous a bien pris le chou. Tu ne peux t’adapter sur un chantier en 3 mois. Tu peux te poser la question aussi : pourquoi s’embêter pendant 3 mois alors que dans 3 mois quelqu’un d’autre fera mon boulot ? Si des filles en font moins que d’autres et se crever à chaque fois. Récupérer un chantier, le remettre propre et arriver sur un autre chantier au bout de 3 mois et c’est sale, rebelote ! Ça a marché à peine une année, c’était un peu du n’importe quoi. Les gens nous disaient : « ça a changé de fille ? – ah oui, c’est la rotation ! Tous les 3 mois, on change. » Ça ne plaisait pas au personnel de l’entreprise X mais la société de nettoyage, ils s’en foutent ! Il y a des petites affinités avec le personnel. Il y a une dame : tous les jours, on se fait la bise. Ce n’est pas pour ça que je vais rester ¼ d’heures avec elle. Je lui dis : « bonjour, ça va ? ». Et après, je continue mes occupations. Ou des fois, quand tu rentres dans un bureau, tu discutes en même temps que tu fais le ménage. On n’est pas des sauvages et au contraire même, les gens des bureaux apprécient. Ça leur fait une petite visite et ça les détend aussi pendant qu’ils travaillent. Ça leur permet de prendre une petite pause.

Quand tu es arrivée dans l’entreprise, comment as-tu été accueillie par tes collègues ?

Normalement, quand je suis arrivée, je me suis bien intégrée. Mon mari connaissait ma chef d’équipe mais sans plus, ils se connaissaient comme ça. Je me suis bien entendue avec ma chef et même avec les autres filles, y a pas eu de soucis. Je me suis toujours bien intégrée. Si elles ne m’apprécient pas, ça, je m’en fous royalement. Maintenant, ça va mieux. Mais il y a un an de ça, il y avait une tension entre filles mais ça c’était avec le travail, depuis qu’ils nous ont tout changés. Là, ça va mieux mais je trouve qu’ils l’ont fait un peu exprès, ils voyaient qu’on s’entendait trop bien entre collègues. On a l’impression qu’ils font exprès pour pas qu’on s’entende. Ils se disent : si elles s’entendent bien, elles risqueraient de monter un dossier. Comme l’autre fois, on a voulu faire parler de nous par le biais des

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syndicats, ça ne leur a pas plus : vous voulez qu’on soit soudé ? Là, on était soudé. Pour une fois qu’on était soudé entre filles. Ce n’est pas toujours simple.

Quelles sont tes missions quotidiennes ?

Un jour, je fais un étage : ça comprend les bureaux, les poussières, le balayage et vidage des corbeilles. Regarder s’il n’y a pas de guirlandes : chose que je ne fais pas souvent ! C’est du petit ménage quotidien.

Tu trouves que le personnel de l’entreprise X est respectueux ?

Pour mes niveaux, ça va. A part, l’autre fois… D’ailleurs, ma chef l’a noté. C’était mardi ou mercredi, je venais juste de faire les sanitaires. Vers 18h30, en général, ils sont tous partis. Ma chef vient me voir, je venais de faire les sanitaires au niveau 2. Elle vient me voir, elle me dit : « tu as fait tes toilettes ? ». Je lui dis : « Oui, et puis de fonds en comble : la faïence, les pieds de colonne, enfin tout!

Ils ne peuvent pas être plus propres les toilettes, ce n’est pas possible !». Elle me dit : « écoute, il y en une qui est rentrée et au lieu de mettre son papier essuie main dans la poubelle, elle l’a laissé par terre. Ma chef a fait un contrôle et elle l’a noté : « la fille venait juste de faire le nettoyage et quelqu’un est entré aux sanitaires. » Qu’elle soit entrée encore, moi, je m’en fous puisqu’on met l’heure. Je suis couverte : il y a l’heure de passage. Si quelqu’un vient juste au moment où j’ai lavé, ils n’avaient qu’à attendre que ça sèche. Ma chef a noté que volontairement quelqu’un avait laissé la feuille par terre. Elle me dit : « comme ça, tu es couverte. Si jamais il y a un contrôle le lendemain et qu’ils voient le papier par terre ». Mais non apparemment, le lendemain, il était ramassé. Mais bon, on n’est pas des bonniches. Faut pas exagérer non plus !

Tu t’estimes satisfaite de ton travail actuel ?

Moi, personnellement, oui. Je suis contente de ce que je fais. Après si ça ne leur convient pas, je ne vois pas ce que je pourrais faire de plus. Je ne fais que 5 heures par jour et j’ai deux niveaux à m’occuper. Ça fait pas mal de boulot en 5 heures. Et en plus, j’ai deux côtés d’escalier à faire. J’ai une collègue qui ne peut pas faire son côté d’escalier. Elle a 63 ans. Justement, on a eu une réunion l’autre fois avec la direction parce qu’ils me demandaient de travailler avec cette personne là. Elle aussi a deux niveaux à faire. Je leur ai dit : « écoutez, j’ai 45 ans, elle en a 63. On a 20 ans d’écart. Son rendement n’est pas le même que le mien. Déjà, moi, ça va m’énerver parce qu’elle n’avance pas. Je n’ai rien contre cette personne. Elle ne m’a jamais rien fait. C’est une collègue point barre ! Elle a 20 ans de plus que moi. Elle ne va pas avancer et moi ça va m’énerver parce que je vais en faire plus qu’elle. Il faut être logique : moi, il n’en est pas question ! Et elle, ça va l’énerver parce que je vais aller trop vite. » Ils m’ont dit : « ah oui, c’est vrai. On n’avait pas vu ce côté-là. » Je leur ai dit : « moi, je garde mes niveaux ! – Elle fera vos sanitaires alors pendant que vous faites vos escaliers ». Moi, ça me fait quand même deux escaliers donc ils m’ont dit : « tous les jours, vous lui faites ses escaliers et pendant ce temps là, elle fera vos sanitaires ». Après avec ma collègue, on s’est arrangé. Je lui ai dit : tu ne vas pas me faire mes chiottes tous les jours alors que les escaliers, je ne les fais qu’une fois par semaine. Il faut être logique. Au départ, elle m’a dit : « tu me diras quand tu iras faire tes escaliers, j’irai faire tes toilettes. » Après, ça m’a pris le chou : « tu laisses tomber, je fais les escaliers. Tu ne t’emmerdes pas. Moi, c’est comme j’ai envie. Si je vois qu’ils sont sales, ça peut être un mardi ou un jeudi, je vais le faire. » Je ne vais pas lui dire à chaque fois : « au fait, tu feras mes toilettes parce que je fais mes escaliers ». Moi, c’est au feeling. Si je vois que c’est sale, je vais le faire.

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Elle n’est toujours pas en retraite ta collègue ?

Elle est veuve depuis peu. Elle n’a pas les moyens de s’arrêter, il faut encore qu’elle tienne une année. Elle est toute seule donc elle n’a pas les moyens de s’arrêter avant. Elle a commencé très tard à travailler : après 40 ans. Elle a eu son fils aussi très tard. C’est après qu’elle a décidé de travailler. Je ne sais pas ce qu’elle faisait avant par contre. Je ne connais pas la vie privée de tout le monde et puis, ça ne me regarde pas.

L’entreprise s’adapte ? J’imagine qu’à 63 ans… c’est un métier physique.

Ils n’ont pas trop le choix. L’année dernière, elle est tombée de son vélo et puis, elle a de gros problèmes de hanches. Donc, là, elle a repris le boulot au mois de janvier. Et puis, le médecin du travail lui a dit : « vous ne faites pas d’escalier étant donné l’état de vos hanches et de vos jambes.

Hors de question ». Ça, ça les a un peu embêtés mais bon, ils ne peuvent pas aller contre le médecin du travail.

Donc dans l’entreprise, en dehors de ta chef Amélie, tu n’as pas d’autres interlocuteurs ?

Alors, si, on a une chef d’équipe qui était comme nous avant, à faire les ménages. Elle passait la machine. Bref, elle a fait des formations justement pour ça. Et au dessus d’Amélie, on a le chef de maitrise qui fait partie de la société de nettoyage et qui vient plusieurs fois dans la semaine nous embêter, on va dire. Combien de fois on s’est pris la tête ?

Vous avez trois niveaux de hiérarchie ?

Oui, il y a encore un autre chef de maitrise mais qui reste dans la société de nettoyage.

Et le chef de maitrise qui se rend sur le site, que vient-il faire ?

Il nous emmène des produits. Il vient discuter avec les chefs, soit leur remonter les bretelles… enfin, en général, c’est toujours ça ! Elles sont souvent harcelées. Les félicitations, on ne les voit pas beaucoup.

Ta chef d’équipe était une collègue avant ? Ça s’est bien passé la transition ?

Oui. Pour moi, de toute façon, c’est juste sur sa fiche de paie que c’est marqué. Elle est comme nous ! Elle ne passe peut être plus la machine mais quand il y a du ménage à faire… Hier j’ai été l’aider. Il fallait qu’on mette 240 poubelles donc elle m’a demandé un coup de main parce que l’agent de maîtrise lui avait dit que l’un de mes niveaux allait être détruit. J’ai un bâtiment qui va être détruit le mois prochain donc une partie du service a déjà déménagé. Il me reste quand même l’autre partie et il faut que je fasse les sanitaires pour ces gens. Mais il a dit : « Mme D. n’a rien à faire donc il faut que tu lui trouves du travail ». Il ne faut pas que je le tope lui parce que je vais lui dire : « on a rien à faire ? En 5 heures, non, je n’ai rien à faire… » Il ne voit pas les chantiers extérieurs lui. Lui, il se dit : « j’ai un bâtiment qui va disparaitre le mois prochain. Ça va faire un bâtiment en moins sur la facture ». C’est ça qui les frise. Mais bon, c’est l’entreprise X, ils font des travaux, ils se mettent aux normes.

Tes chefs sont plus âgés ou plus jeunes que toi ? Elles sont un petit peu plus vieilles. 50 ans.

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Pour passer chef d’équipe, l’âge c’était important ou ça aurait pu être une jeune?

Ceux qui voulaient se présenter, ils pouvaient. Elle ça fait plus de 20 ans qu’elle est au sein de l’entreprise X. Elle connait tout le monde. Des fois, elle me parle de quelqu’un et je lui dis : moi je les connais pas les gens. Ce n’est pas marqué sur leur bureau leur nom. Tu peux me dire : « blablabla ».

L’année dernière, elle a fait plein de formations. Enfin des formations qui étaient un peu ridicules mais bon… Hier, elle me dit : « on va vider les poubelles en même temps ». Je lui ai dit : « mais comment tu mets le sac ? ». On a un chariot en fait, une espèce de grand élastique et tu mets ton sac, tu remplis pour qu’il tienne. Ça fait comme des anses de chaque côté. Elle ne les a pas mises et je lui ai dit : « t’as passé des stages pour être chef d’équipe? Mais tu ne sais même pas mettre un sac poubelle, c’est hallucinant ! ». Je la taquine, on est habitué : on se taquine mais ce n’est pas méchant.

Mais moi, je n’en voudrais pas. Je ne voudrais même pas être chef d’équipe. Ça ne m’intéresserait pas. T’as toutes les emmerdes possibles. Autant rester à notre niveau d’ouvrière et puis terminé ! Pour ce qu’on fait, oui, il vaut mieux rester.

Tu changes de salaire quand tu passes chef d’équipe ?

Qu’est-ce que c’est ? Ça doit être une misère. Moi, je préfère rester à mon niveau.

Quand un salarié part en retraite…

Il n’est pas remplacé.

Donc ça fait un moment que personne n’est arrivé dans l’entreprise ?

Ah oui, ça fait un moment. Il y a peut être trois ou quatre ans de ça. On a eu 3 départs en retraite et un décès malheureusement. On avait eu des remplaçantes mais elles ne sont pas restées parce qu’elles avaient trouvé mieux ailleurs. C’est tant mieux pour elles de toute façon. On leur avait dit : là, c’est bien pour dépanner. Ça fait deux ans qu’on n’a pas eu plus.

La salariée la plus jeune a quel âge ?

C’est Charline la plus jeune. 34, je crois. Et la plus vieille, 63 ans ! La moyenne, c’est 55 ou 56 ans.

Quel est le profil de ces femmes ? Tu me disais que l’une d’entre elles était veuve ?

Il y a une célibataire, une veuve, une divorcée et autrement nous sommes toutes mariées ! Et il y a des garçons aussi ! Mais les garçons sont cantonnés dans la production. Ils font du nettoyage des machines. Ils balaient les copeaux. On ne verra pas des garçons dans les bureaux : ce sont des garçons. Les filles, elles ont vu quand elles ont repris les sanitaires des garçons dans la production. Ils ont vu que c’était des garçons qui faisaient les sanitaires.

Tu les connais les garçons qui y travaillent ?

Oh, ils ne sont pas méchants. Un peu simplets mais pas méchants. Ils se font même avoir. Ma chef, c’est elle qui s’occupe d’eux parce que quand ils ont des papiers à faire, elle leur fait. Ils sont complètement à la ramasse. Ce sont des vieux gars.

Tu as de bonnes relations avec ta chef ? Vous vous entendez bien ?

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Oui, ça va. Je n’ai jamais eu d’atomes crochus. Si vraiment je vois un truc, je ne le ferai pas. Bah non, je ne le ferai pas. Là, je suis en train de me battre parce qu’ils veulent qu’on fasse les dessus d’armoires qui sont beaucoup plus hauts que nous. Sur le cahier des charges, on pouvait le lire… j’ai dit à ma chef : « tu permets ? Je vais emmener le cahier des charges pour voir ce qu’on a à faire et ne pas faire au sein de l’entreprise X. » La société de nettoyage a vu avec la filiale les prestations à faire.

Il est bien marqué que les dessus d’armoires sont à faire à hauteur d’hommes. Comme dit mon mari, à hauteur d’hommes, c’est à hauteur des yeux. Déjà, on n’a pas le droit de monter sur un escabeau.

On n’en a pas de toute façon, ils doivent nous le fournir. Si on a à monter quelque part, c’est la société de nettoyage qui doit nous fournir un escabeau. J’ai une collègue qui attend depuis des mois un escabeau pour faire le dessus des armoires dans les vestiaires. Bah, elle ne les fait pas. De toute façon, c’est marqué noir sur blanc à hauteur d’homme : moi, je ne les ferai pas. Comme dans les sanitaires, les néons sont vachement trop hauts. Ma chef d’équipe me dit : « t’as pas fait tes dessus de néons ? ». Je lui ai dit : « attends, je ne fais pas 2m, je fais 1m60. Eventuellement avec la tête de loup mais je ne peux pas bien enlever la poussière, il faudrait la lavette. Regarde ma main, elle ne touche même pas… » Alors elle l’a marqué sur le contrôle : « salariée trop petite ».

Je ne pensais pas que les contrôles étaient si précis…

Ah si, si. Je me demande si je n’en ai pas un modèle. [Elle part le chercher dans la pièce à côté] J’en ai même plusieurs, je les garde : ce sont des preuves ! La filiale les signe et c’est faxé à la société. [Elle me montre le dernier qui concerne les sanitaires pour lesquels elle doit atteindre 94%] Moi, j’ai eu 100 ! Ce n’est pas possible avec tout ce que j’ai fait : si je n’ai pas un 100… [Le formulaire est divisé en trois points : objectifs, constat et résultats. Le contrôleur met 0 ou 1.]

Ta chef est présente lors des contrôles de la filiale ?

Ah oui, parce qu’au départ, elle signait. Elle mettait ses 1 ou ses 0 et après à la filiale, c’est eux qui faisaient le calcul. On s’est rendu compte au mois de décembre qu’en recomptant, on ne trouvait pas du tout pareil. Ils avaient falsifié… Soit ils inventent, ils mettent des 0 alors qu’il n’y avait pas de 0 et que c’étaient des 1 ou carrément au Blanco, là, c’était flagrant. Ils avaient falsifié tout ça pour qu’il y ait au moins deux contrôles qui ne passent pas pour que la filiale pénalise la société de nettoyage.

Quand ils ont un point de pénalité, c’est 400€ en moins sur leur facture. Nous, on re-contrôle derrière. Alors après le chef, il vient nous voir et puis forcément, on se fait gronder puisque les contrôles ne passent pas. L’autre fois, on s’est un peu fâché. Ils s’amusent à les falsifier et après ça nous tombe dessus. Alors, ils sont un peu en bisbille en ce moment, ce n’est pas le top.

Une fois, j’avais eu un moins lors des contrôles [elle le cherche dans ses documents]. J’ai eu 85 au lieu de 89. Ils ont juste marqué non conforme. Mais je n’ai pas reçu de recommandé.

Ils doivent s’adapter en fonction des salariés : si tu n’as jamais eu de soucis pendant des années…

Ah ça, ils s’en foutent. Ils ne vont pas regarder ça.

Tu as le sentiment de partager les mêmes valeurs avec les autres salariés ?

Non parce que certaines ont pas mal de travail par rapport à d’autres. C’est pour ça qu’au départ ils avaient fait la rotation. En 3 mois, il y en a une qui va travailler dur et puis après pendant 3 mois, on va essayer de trouver un chantier plus souple. Mais au sein de l’entreprise X, dans les bureaux, il n’y

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a aucun chantier souple, surtout dans les bureaux. Il faut qu’on court à droite, à gauche vu qu’ils ne veulent pas embaucher. Ils ne veulent pas qu’on reste sans rien faire, c’est surtout ça.

Tu trouves qu’il y a des collègues qui ne travaillent pas assez ?

Non, tout le monde travaille. Tout le monde donne… on ne peut pas faire plus.

Mais en fait, vous ne travaillez pas beaucoup ensemble ?

Ah bah non, vu qu’on a chacun notre secteur. Je n’en vois pas beaucoup à l’embauche vu que je suis la première à embaucher en début d’après midi. Après, on se voit à 19h30 quand on débauche. On vient re signer pour débaucher.

Est-ce que vous voyez en dehors du travail ?

Non, non, juste ma collègue mais occasionnellement. C’est très rare qu’on va chez Pierre ou chez Paul. C’est collègues point barre ! Même, on ne s’appelle pas non plus les weekends. On se voit la semaine, c’est bon quoi. Le travail, c’est le travail. Point barre. Après ce qui se passe chez les unes et les autres, non. Moi, je ne veux pas et je pense qu’on est toutes pareilles.

Par exemple, ton mari, lui, voit plus souvent ses collègues ?

Oui, ce n’est pas pareil. Ce ne sont pas les mêmes mentalités les gars que nous les filles. C’est méchant les filles entre elles.

Tu penses qu’il y a plus de tensions du fait d’être qu’entre femmes ?

Les tâches au départ étaient mal réparties et puis, on va dire, qu’il y avait… du fait que certaines étaient célibataires ou plus âgées. Il y a peut être eu des pensées. Moi, je sais qu’à un moment quand j’ai récupéré le château, ça a fait du bruit. Au départ, c’était une collègue qui est parti en retraite. Et puis, donc, ils avaient dit qu’il fallait absolument donner le château à quelqu’un de confiant, discret et qui ne va pas s’amuser à papoter à droite et à gauche. C’est spécial, c’est le domaine privé. Bah en plus, je ne suis pas embêtée parce que le directeur, je ne le vois pas. Il n’est pas là quand je passe.

Ceux d’avant, elle, je la voyais tous les jours mais ce n’est pas pour ça qu’on mangeait chez eux. Mais c’est vrai qu’au départ, quand on m’a donné le chantier, ça avait fait un peu de bruit. Il y a eu un peu de jalousie. Il y en a une qui voulait absolument le chantier mais ça a été refusé. Il y a eu un peu de tensions, on va dire, et puis moi, le fait que mon mari travaille au sein de l’entreprise, ce n’est pas simple. On peut se dire que vu que son mari travaille dans l’entreprise X… Le mari de ma chef, c’est le chef de mon mari. On a été au Canada ensemble en plus en vacances. C’était vraiment le coup de bol qu’on se retrouve en vacances avec eux. C’était un tirage au sort. C’était bien sympathique : au moins, on connaissait quelqu’un. On s’est retrouvé avec beaucoup de gens de l’entreprise X qu’on côtoie parce qu’on fait le ménage dans leurs bureaux mais qu’on ne voit pas quand on est en vacances. Mais ça s’était très bien passé d’ailleurs.

Ça ne t’a pas gêné de partir en vacances avec ta chef ?

Non parce que je ne la considère pas comme ma chef. Elle est comme nous, elle travaille comme nous même qu’elle est chef de site. C’est sur que si elle dit un truc, si on peut le faire, on le fait. Des fois, on parle. Mais, moi, elle m’embête pas trop avec ça je pense. D’ailleurs, elle m’a bien dit l’autre

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fois… La société de nettoyage nous a demandé carrément un papier avec le prénom et nom des époux et même des parents. Moi, j’ai barré et indiqué décédés pour mes parents, ils n’ont pas besoin d’en savoir plus. Et il fallait carrément indiquer où travaillent nos époux. Quand ils vont voir le truc, ils vont se dire : « celle là, on va peut être pas trop y toucher ». Est-ce qu’on est couvertes par nos époux ? Ça peut nous aider ou pas. Il peut y avoir un peu de jalousie par rapport aux autres filles.

Nous sommes 3 dans ce cas. Il y a aussi la sœur de mon mari. C’est moi qui l’ai fait rentrer. Elle cherchait du boulot elle aussi. Ça doit faire maintenant 4 ans.

Comment ça se passe quand quelqu’un part en retraite ?

Quand notre collègue est parti fin février, avant d’embaucher un vendredi (je n’avais pas trop le choix : il fallait qu’on fasse ça entre midi et deux), on a été chez une autre collègue. On était 4 et on lui a offert des petites babioles pour son départ en retraite. On a fait ça qu’en petit comité. Elle ne voulait pas non plus faire une grande fête avec tout le toutim. Chose que je comprends, j’aurai fait pareil. Après c’est quand ça passe avec une collègue… les autres, ça ne passait pas avec elle donc elle ne les a pas invitées.

Tu travailles avec des personnes en situation de handicap ?

Oui, j’ai une collègue qui est bien embêtée. Elle fait de l’arthrose déformante. Il y aussi Michèle et ses problèmes de hanches. Il y a aussi un des gars qui a une espèce d’attelle et des problèmes au niveau de ses jambes aussi.

Et l’équipe est plutôt mixte socialement ? J’entends par là : est-ce que tu travailles avec des gens d’origine différente ?

Ah non, on n’a pas d’étrangers. Mais, je ne sais même pas s’ils pourraient rentrer au sein de l’entreprise X. J’ai su ça il y a pas très longtemps : il y a une fille de la société de nettoyage qui était en stage avec l’agent de maitrise et elle n’a pas pu entrer dans la société de nettoyage. En plus, elle avait une carte verte donc elle n’a pas pu rentrer. Chose un peu logique vu comment ils sont à cheval sur la sécurité.

Mais il y a plein de gens nés en France…

Ah oui, mais j’en ai jamais vu même dans les petites remplaçantes. Par contre dans le personnel de l’entreprise X, il y a des blacks dans les bureaux et dans l’usine aussi, il y a des arabes. Il y a deux chinois aussi. Mais pas dans notre équipe. Bon, déjà, la société de nettoyage ne veut pas embaucher pour le site de l’entreprise X. Sur Nantes, ça doit être différent. Et puis, les filles de mon équipe vivent toutes à côté de la boite [milieu rural]. Et puis pour le peu d’heures qu’on fait… enfin, c’est moi qui fais le moins d’heures : 26. Moi, c’est mon choix. Ils m’avaient déjà proposé mais moi je leur ai dit : « j’en veux pas, ce n’est pas la peine. Je ne veux pas perdre mon temps sur la route ». L’entreprise X, c’est bien, l’après midi, c’est parfait. A la rentrée, je vais demander s’il y a possibilité de travailler le matin. Comme maintenant, ils s’habituent à nous voir en pleine journée dans les bureaux.

Avant, vous n’en aviez pas la possibilité ?

Oui, on a toujours connu ça et encore, au départ, on finissait à 20h30 le soir. Après ils nous ont fait embaucher plus tôt pour qu’on parte à 19h30. Et il y en a qui viennent le matin. Quand t’habites

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juste à côté, ça va. Donc j’aimerai bien venir le matin vu que mon fils sera au collège et qu’il ne rentrera pas le midi. Comme ça, je serai là au moins l’après midi pour lui quand il rentrera. Pour ses devoirs, ça sera peut être plus pratique.

Dans ton entreprise, on a évoqué avec vous la RSE ? [Je lui explique rapidement] Non, non. On n’a pas eu cette information !

Vous avez des formations proposées ?

Actuellement, nous, non. Mais peut être… Ma chef m’a dit ça hier soir : au fait, Isabelle, tu vas peut- être aller en formation avec moi et un autre des gars pour pouvoir entrer dans le bloc radio. C’est un endroit assez spécial avec des trucs de radioactivité. On est protégé mais on a une petite zipette. Ils appellent ça un dosimètre. Il faut tout le temps le mettre quand on rentre dans cette zone là. Une fois par mois, les médecins les envoient pour analyse pour savoir si… mais bon, on ne craint rien.

C’est rassurant ! Apparemment, on va faire un stage à Brest et je lui ai dit : « ah bon, à Brest, on ne peut pas faire ça au sein de l’entreprise ? Ça serait quand même beaucoup plus simple ! ». On n’est pas rendu à Brest. Moi, si ça ne correspond pas avec mon mari et ses journées, je n’irai pas à leur truc où ils le font au sein de l’entreprise X et puis c’est tout.

Et si je te demande, quel serait ton job idéal ? Tu aurais des idées ?

Moi, j’aimerai bien retourner dans ce que je faisais avant. Secrétaire commerciale : ça c’était mon truc. Autrement, j’avais demandé aussi pour une formation dans la décoration intérieure. Mais là, c’était trop cher. Je suis revenue… je suis redescendue de terre. Non, ça fait trop cher. Et puis, après je doute aussi. Je me mets beaucoup de doutes. J’aurai peut être la facilité de le faire. Je serais peut être capable de le faire mais après ça m’étonnerait que j’y arrive donc…

Tu n’as pas confiance en toi ?

Non, je n’ai pas confiance en moi. En plus, quand je vois que j’avance dans l’âge, j’ai plus de difficultés à…

Tu es toujours vigilante sur les offres d’emploi ?

Ah oui ! J’ai postulé. Mon CV est fait d’ailleurs. Il y a une nouvelle boite de nettoyage qui va se monter derrière chez moi. Je vais postuler en tant que secrétaire commerciale. Après, peut être qu’ils vont proposer des choses plus intéressantes et dans le coin aussi et pourquoi pas. Mais mon premier objectif, c’est secrétaire commerciale, ce n’est pas femme de ménage. Je vais éviter quand même de…

Tu as une idée du nombre de candidatures que tu as envoyé ?

Non, je ne peux pas te dire. J’en ai envoyé pas mal mais après je me suis fait une raison. Au début, avant mon fils, j’ai postulé pas mal. J’ai envoyé pas mal de CV. Après mon fils est arrivé donc on va dire que c’était un peu foutu.

Ton job idéal te semble éloigné de ton poste actuel ?

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Oui, quelque part mais bon après… Si je postule, c’est à cause du ras le bol actuel. Ça se passerait bien, je resterai. Enfin, j’essaierai de rester. Là, si je peux partir, je pars. Mais autrement, vu actuellement comment c’est devenu. Le ménage c’est un peu n’importe quoi donc ça m’énerve.

Et au niveau de ton entreprise, tu n’espères aucune progression ?

Progresser dans ce qu’on fait nous ? Ah non. Déjà qu’ils nous rabaissent bien à notre niveau donc on ne risque pas de progresser. Nous, on est à notre niveau et ils savent bien nous le dire.

Si tu devais changer une chose dans ton job actuel, ça serait quoi ?

Qu’on soit payé un peu plus cher pour ce qu’on fait. Ce n’est pas tellement… dans le nettoyage, on est vraiment payé au ras de pâquerettes.

Vous êtes payé au SMIC ?

Là, je suis à 9,45€. C’est un petit peu plus que le SMIC.

Vous n’avez pas de CE ? De chèques vacances ou de tickets restaurants ?

Non, il y a un CE mais on ne sait pas ce qu’ils font. C’est le néant total avec cette société de nettoyage. On n’a jamais vu ça. Autant avant, dans la précédente société, il y avait un CE. On avait les chèques Cadhoc et on pouvait aussi avoir le droit aux chèques vacances. Je l’avais fait une fois mais là avec la société actuelle, rien du tout. On a même rien d’affiché à notre bureau. Rien du tout ! C’est bizarre… les syndicats, c’est pareil quand on les appelle. L’autre fois, j’ai voulu les appeler. Cette année, j’ai pris 17 jours de vacances entre le 11 aout et le 2 septembre. Ça me faisait compter 17 jours de vacances. Je reviens de… j’étais en arrêt au mois de mars parce que j’étais très fatiguée. On me dit : c’est 18 jours obligatoires. Je leur ai dit : « pardon, ça va pas se passer comme ça ! ». J’ai appelé l’inspection du travail. Ils m’ont dit : « c’est 10 jours obligatoires. Si vous voulez en prendre 13 ou 17, c’est vous qui choisissez ». Ils m’ont demandé : « pourquoi pas 18 ? ». J’ai compté et c’est 17 : je ne vois pas pourquoi j’en prendrai 18. J’ai appelé le syndicat : c’était la permanence le mardi entre 10 heures et midi. Je n’ai jamais pu les avoir et ils n’ont même pas eu la délicatesse de me rappeler parce que je suis tombée sur ma boite vocale. J’ai laissé des messages avec mon numéro de portable, mon numéro de fixe. Ma chef m’a dit : « je t’ai mis 18 jours ». Je lui ai dit : « tu réécris et tu remets 17 ! Si ça ne passe pas, ils viendront me le dire. Mais ce n’est pas à toi de changer ma feuille. J’ai mis 17 et point barre ». Je n’ai pas eu d’échos donc ça a été accepté mais les autres filles ont toutes mis 18. Donc elles vont reprendre le mardi 4 au lieu du lundi 3. Ils leur ont pondu un truc en disant qu’il fallait qu’elles récupèrent le 15 aout. Les autres m’ont dit : « bah, comment ça se fait ? ». Je leur ai dit : « écoutez, maintenant, c’est chacun pour soi. Vous ne voulez pas qu’on s’entraide. Et bien moi, j’ai appelé directement l’inspection du travail et je leur ai demandé. »

Qu’est ce qui t’a donné envie au départ de devenir secrétaire comptable ?

Parce que j’étais à l’école et que j’ai passé un CAP/BEP. Ça m’intéressait bien. Quand j’ai fini l’école en juin 1985, j’ai trouvé un remplacement de congé maternité en décembre. Je suis tombée dedans comme ça. Après, j’ai retrouvé un autre boulot. L’ANPE m’avait dit : il y a un poste là. Je n’étais pas la seule forcément à postuler. On était plusieurs et il y avait une copine de classe à ce moment là qui avait postulé. Je m’étais dit : « ce n’est pas possible, je ne vais pas l’avoir ce boulot ». Et finalement,

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si. J’étais très contente, je doutais encore un peu de moi. C’était impeccable, ce n’était pas très loin de chez moi et ça me plaisait bien. Je touchais à tout : aussi bien du commercial que de la compta.

J’aimais bien : en plus, à cette époque là, c’était de la compta par des calques. Ce n’était pas à l’ordinateur. Le seul truc qu’on avait, c’était le minitel. Ça date ! C’est pour ça là que je pense que si je trouve un truc, il faudrait que j’aie une formation tout de suite. Niveau informatique, je me débrouille mais… je sais travailler sur Word et Excel mais à part faire des tableaux ou des lettres, il doit y avoir bien d’autres choses à faire et à apprendre.

Pour toi, les jeunes sont plutôt une concurrence sur des postes comme ceux là ?

Oui, moi je pense. Dans l’entreprise X, un poste est à pourvoir à l’accueil. J’en ai parlé à mon mari qui me dit : « bah postule ! ». Même son chef me dit : « bah si, tu connais plein de monde ». Après j’ai carrément été voir le monsieur qui s’occupe de ça, le RH. Je lui ai demandé : « c’est pour tout le monde ? – C’est un poste interne mais si vous connaissez quelqu’un, pourquoi pas ? ». Je ne lui ai pas dit que c’était pour moi. Je pensais que le poste était pris mais j’ai de nouveau vu l’annonce.

Et tu ne veux pas postuler ?

Bah si, il faut que je le fasse. Mais j’ai un peu peur. J’ai peur que les gens de l’entreprise X me voient comme je suis actuellement. C’est la femme de ménage, ça ferait bizarre… enfin, c’est moi qui pense ça, c’est peut être ridicule. Mais ils sont faits mes CV ! Il faut que je fasse mes lettres de motivation.

Ça, c’est plus difficile.

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