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QUELLE REPRÉSENTATION DES MINORITÉS DANS LES BLOGS POLITIQUES ?

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DES MINORITÉS DANS LES BLOGS POLITIQUES ?

À travers le carnet Pourmaville de Fadela Amara

FRÉDÉRIC TORTERAT

Parmi les témoins directs de la diversité des formes de participation existant dans nos sociétés contemporaines, les blogs politiques représentent pour certains d’entre eux l’opportunité d’un dialogue effectif avec la population. Cet article examine dans quelle mesure le carnet électronique de Fadela Amara, responsable « de la ville » française de juin 2007 à novembre 2010, a contribué à reconfigurer les limites de l’espace public de citoyenneté, tout en procurant l’occasion d’une représentation politique des minorités dans un débat lié à une réforme en cours. Tout en nous appuyant sur plusieurs études parues sur les modes émergents de participation numérique, nous montrons en quoi le blog de Fadela Amara est devenu en quelques semaines un support de médiation et de communication inédit. Après avoir présenté les quelques particularités du carnet électronique Pourmaville, nous définissons et nous exemplifions dans quelle mesure il a contribué à favoriser l’expression des habitants des banlieues, tout en constituant une tentative de refondation sociale des quartiers populaires.

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1. Introduction

La toute nouvelle secrétaire d’État chargée de la Politique de la ville se lance dans la communication sur le Net. Avec deux objectifs : établir « un lien direct avec tous les Français qui sont intéressés par la politique de la ville » et s’adresser aux jeunes des quartiers et d’ailleurs. Mais quand elle s’adresse au jeune qui est dans un monde qu’il ne comprend pas et qui ne le comprend pas, c’est sur Skyblog. Le tutoiement s’impose presque naturellement. « N’hésite pas à lâcher plein de comms », « Mon Skyblog ? T’as intérêt d’y participer » : le contact est rugueux, l’intitulé des vidéos explicites (« C’est quoi tes kiffes ? »). Sur Skyblog, Fadela Amara parle le « jeune » couramment. Et l’audience est au rendez-vous. Depuis le lancement du site le 30 juillet, les internautes, jeunes par excellence, ont laché plus de 4000 « comms », contre quelques dizaines sur le blog officiel.

C’est dans ces termes que le journaliste Philippe Crouzillacq présente sur le site d’information francophone LCI, le 3 août 2007, le carnet en ligne de Fadela Amara, laquelle vient d’être nommée responsable de la politique de la ville au sein de l’appareil d’État français (une fonction qu’elle occupera jusqu’en novembre 20101). Ce lieu de communication et de pédagogie se situe en dehors de l’espace officiel, et consiste dans un blog par l’intermédiaire duquel la Secrétaire d’État tente de rapprocher le pouvoir politique des « citoyens ordinaires » (cf. Sedel, 2011 ; Torterat, 2014). En s’exprimant principalement sur un support numérique non institutionnel, Fadela Amara s’applique à bousculer les représentations et les pratiques consultatives du pouvoir et, par ce biais, à revitaliser la participation sociale en incitant la population à donner une part de son temps libre pour une œuvre commune. Car Fadela Amara entend faire plus que sensibiliser les citoyens sur une réforme en cours : elle veut que ces derniers deviennent les co-auteurs d’un plan national, prévu pour janvier 2008. L’enjeu est aussi, pour la Secrétaire d’État, d’impliquer les jeunes gens des « quartiers » sur des questions qui les touchent au premier plan. Une telle initiative pose la question de savoir dans quelle mesure l’apparition de ce nouveau type d’espace public numérique, avec les logiques de communication et de mobilisation qui lui sont propres, reconfigure vraiment la participation politique des franges

« oubliées » de la population, et parmi elles les minorités.

Créé le 30 juillet 2007 (la dernière mise à jour étant datée du 23 septembre 2008) et intitulé Pourmaville, le blog officieux de Fadela Amara est devenu en quelques semaines un support de médiation sociale autorisant une critique plus ou moins euphémistique, variablement polémique, d’une politique de la ville

1. Url du billet de Ph. Crouzillacq : <http://www.01net.com/editorial/355561/fadela- amara-livre-ses-kiffes-sur-son-skyblog/> [au 09-06-2015]

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aux répercussions sociales évidentes. Ce carnet en ligne rassemble, fin 2008, des posts de contributeurs représentant un minimum de 95 % des volumes écrits (avec 59 interventions de la carnetière, pour 11 494 commentaires), et livre des récits « de terrain » qui sont ensuite diversement commentés. Une telle attractivité du blog est assez inédite : là où, « pour beaucoup [de politiques], l’exercice de blogage ne va pas de soi, car il présuppose l’adaptation du ton ainsi que l’adoption d’un discours profondément différent » (Jereczek-Lipinska, 2007, 162), la responsable de la « politique de la ville » en a très tôt mesuré les enjeux participatifs. Le blog Pourmaville comporte un volume d’interventions extérieures pour le moins significatif : l’espace de communication numérique occupé par la Secrétaire d’État, de l’ordre de 4,97 % d’après nos évaluations (sur l’ensemble des rubriques), s’est révélé fondamentalement ouvert au dialogue, ce qui fait de ce blog bien plus qu’un simple lieu de consultation.

Pour autant, concédons qu’il est impossible, compte tenu des conditions d’anonymisation des commentaires et de la variabilité des registres discursifs représentés, de déterminer avec exactitude les proportions dans lesquelles interviennent tel ou tel type(s) de profils sociologiques. Là n’est pas l’objet, néanmoins, de la présente étude, qui exemplifie avant tout les manières dont un tel support, par ailleurs peu commun tant dans son ouverture aux tiers que de par son caractère emblématique (la responsable de la politique de la ville étant elle-même une représentante des « quartiers »), a constitué une réelle incitation à dépasser les formes de dénégation et de rejet du politique, en vue d’une réforme débattue par les « personnes directement concernées » (Hernandez, 2015, 22).

2. Hypothèses liminaires

Multiples, en partie éparpillées parmi les podcasts et les scripts de discours tenus à l’Assemblée, les thématiques abordées dans ce blog se rejoignent autour d’une mobilisation censée influencer les politiques d’aménagement, de logement et d’urbanisme. À l’appui de cette démarche, Fadela Amara se saisit d’une démocratie participative telle qu’on peut la définir, avec Decourt et Gleize (2006, 5), comme « visant à assurer une forme de participation des citoyens et des organisations de la société ». Dans la mesure où l’ouverture que suppose ce type d’initiative est liée à la possibilité, pour les gens ordinaires, de prendre part au « processus décisionnel de politiques publiques » (5-6), un tel blog s’est avéré novateur. L’objectif est bien, pour reprendre les termes d’Emilie Biland (2006, 72), de « reconnaît[re] de nouvelles catégories de la population comme interlocutrices légitimes », et précisément, le caractère inhabituel de Pourmaville est renforcé par le fait que Fadela Amara a clairement ambitionné, dès juillet 2007, d’appeler les uns et les autres, électeurs comme non-électeurs, à contribuer à un effort national de refondation des territoires.

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Comme indiqué supra, le nombre de posts s’élève en tout à plus de 11 500 (la « barre » des 10 000 étant atteinte dès le 14/08/2007 – 3000 le 2/08/2007 –, avec un affaissement sensible par la suite)2. Déclenchés par divers types d’incitations (elles-mêmes réparties dans le blog sur 12 pages et servies à plus de 90 % par des podcasts), les commentaires occupent de 8 à près de 20 000 caractères (autour de 200-300 caractères en moyenne)3. D’après nos estimations, pas moins de 256 d’entre ces « coms » dépassent la barre des 1 500 signes, mais avec une fréquence irrégulière suivant les podcasts ou les billets postés par Fadela Amara. Ce qui pose la question du caractère initiateur des sujets soumis aux participants, lesquels usent de pseudos très variés, pour certains nominatifs, avec une part significative d’envois pratiqués depuis la communauté Skyblog (plus de la moitié des participations), dont l’audience auprès des « jeunes » des « quartiers » est avérée (cf. Deseilligny, 2009). En effet, certaines questions ou thématiques ne suscitent que quelques commentaires : il s’agit généralement de ce qui a trait à l’agenda politique ou institutionnel de la Secrétaire d’État, contrairement à ce qui s’établit pour l’événementiel et les entrevues. En revanche, quelques sujets provoquent un véritable engouement, avec de 230 à 4 328 posts répartis jusqu’à 13 mois. Une telle période n’est néanmoins pas représentative, la plupart des sujets étant suivis de commentaires étalés sur des périodes d’une à trois semaines.

Même s’il est difficile de fournir des éléments quantitatifs précis pour l’analyse (fréquence exacte des posts, récurrences de certains pseudos, taux de réponses entre participants), il apparaît que, tout en illustrant les manières dont la ville est mise en mots, envisagée et discutée par la population, le blog de Fadela Amara est caractéristique à notre sens de l’intérêt démocratique et des enjeux civiques d’une participation sociale numérique à visée réformiste. Nous envisageons à ce titre, dans les pages qui suivent, en quoi ce blog a contribué à redynamiser les débats liés à la ville, en dépit des facteurs d’idéologisation et de politisation des discours qui en ont influencé à la fois le pluralisme et les pratiques. Ces questions nous conduisent à poser le « territoire urbain » comme cadre de réflexion et d’action, d’autant qu’« en France, nos connaissances sur les relations entre pratiques informationnelles et formes d’exercice de la

2. Pour une amorce d’analyse statistique de Pourmaville, voir le rapport de Mathieu Zagrodzki et Sébastian Roché (2007) accessible sur : http://www.lagazettedes communes.com/telechargements/documents/skyblograpport.pdf.

3. Parmi les commentaires les plus volumineux figurent l’un de ceux envoyés par

« karima » (29-08-2007 [23:50]), comprenant 19 984 signes, et celui de l’« Association Horizon Amitié à Strasbourg » (13-11-2007 [17:15]), de 9 125 signes. Concernant le nombre moyen de caractères, on notera que N. Desquinabo (2008), dans son étude des messages échangés sur des webforums partisans, conclut sur des proportions analogues.

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citoyenneté restent insuffisantes » (Le Hay, Vedel et Chanvril, 2011, 50). La démarche méthodologique que nous mettons en œuvre s’inspire notamment de l’Analyse du Discours Médié par la Technologie (Computer-Mediated Discourse Analysis [ADMT] : Herring, 2004), laquelle est susceptible d’apporter des éclairages concrets pour ce type d’usage des supports numériques. Cette approche permet de déterminer en quoi la participation électronique reflète des pratiques socio-culturelles très variées, qu’il s’agisse des types de formulations qui s’y manifestent, ou des modes de politisation et/ou d’institutionnalisation qui leur sont appliqués. Ces pratiques sont souvent liées à des habiletés relationnelles et ce qu’en ADMT on appelle fréquemment les « structures participatives » (ou « collaboratives »), ou encore, à la suite de Fitzpatrick et Donnelly (2010), des « pratiques dialogales »4. De ce fait, là où certaines études s’en tiennent aux billets postés par l’auteur du blog politique (cf. Lehti, 2012), nous exemplifions notre propos, dans le cas présent, autant à l’appui des posts de la responsable de la Ville que des commentaires des lecteurs.

3. Une démocratie participative ?

Intégration, santé publique, vie culturelle, économie... Ces domaines de débat public sont à la base de « questions socialement vives » (Controversial Issues : Wellington, 1986), lesquelles se révèlent aussi fédératrices que sujettes à la contestation. Parmi ces questions qui touchent l’ensemble de la société, celles de l’aménagement urbain et de son organisation sociale, autrement rassemblées dans une « politique de la ville » dans plusieurs pays occidentaux (ainsi en France, mais aussi en Espagne, en Italie ou en Allemagne), interviennent aux premiers rangs des préoccupations des gens « des quartiers », et notamment des minorités. L’un des aspects d’une réponse politique urbaine adaptée à ces préoccupations consiste à procurer des supports susceptibles de recueillir les représentations de la ville telles qu’elles sont formulées par celles et ceux qui, précisément, la vivent au quotidien. Dans de nombreux cas, il s’agit en outre de dépasser certains clivages sociétaux, même si la vie urbaine se morcelle en multiples temps sociaux, en particulier ceux du travail et du temps libre, lesquels s’inscrivent dans le contexte d’une recherche répandue, au sein des pays industrialisés, de ce que Garhammer (1995) nomme une « prospérité temporelle », conciliant l’organisation des temps sociaux avec les impératifs d’intégration et de mobilité propres aux sociétés d’aujourd’hui.

4. Nous traduisons ici « dialogic [practices] » en « dialogales » en ceci que les auteurs ne font pas référence au dialogisme ni aux théories relevant de la polyphonie énonciative, telle qu’elle a été théorisée notamment par le groupe de la Scapoline ou les chercheurs se réclamant de la « praxématique » (cf. Torterat et Thibault, 2010).

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Témoins directs de la diversité des dimensions sociales de l’expérience de participation existant dans nos sociétés contemporaines, les blogs « politiques » font désormais partie de ce quotidien pluriel. Du reste, si les vecteurs liés au web 2 (couramment nommé web social) constituent une forme d’arrière-scène participative, contribuent-ils pour autant à construire, pour reprendre l’expression de Baudoin (1994), un véritable « espace public de citoyenneté » ? Tout comme les forums à certains égards, les blogs se configurent selon les manières dont ils s’ouvrent aux tiers, et par ailleurs rassemblent ce qu’on pourrait appeler des « communautés discursives », en écho à la Diskursgemeinschaft de Pogner (1997). Dans le cas des blogs animés par des responsables politiques, le rapprochement avec la population coïncide avec une ouverture plus ou moins effective au dialogue social, y compris (et peut-être surtout), avec les jeunes générations issues de l’immigration. Pour ce qui concerne le carnet de Fadela Amara, la multiplication rapide des posts (du moins au début) et l’abondance des relais qui se sont fait l’écho de l’initiative parmi les réseaux sociaux numériques, semblent confirmer que les citoyens, dont en particulier les habitants des banlieues, ont très vite souscrit à cet appel à la mobilisation5.

Convenons qu’en tant que tels, les blogs politiques s’organisent variablement comme des lieux d’expression et de confrontation de points de vue. Suivant les circonstances et les auteurs, ces carnets électroniques se présentent comme des supports de médiation, mais aussi de revendication (Le Cam, 2003 ; Greffet, 2007) par l’intermédiaire desquels les participants ont la possibilité de co- construire un espace de réflexion, d’affirmation de soi (Lenhart et Fox, 2006 ; Tisseron, 2011) et de contestation plus ou moins « modéré » (Atifi et Marcoccia, 2006). Qui plus est, le blog officieux de Fadela Amara a notamment pour caractéristique de recourir le moins possible à la modération, à propos de laquelle la Secrétaire d’État poste la mise au point suivante, le 06-08-2007 [15:08] :

Un mot aussi sur les commentaires qui ne seront pas publiés. C’est bien de se lâcher, de dire ce qu’on a sur le coeur, mais la limite, c’est l’insulte et la diffamation. Vous

5. Outre les forums de discussion, les blogs municipaux et associatifs (auxquels les participants renvoient généralement par le biais de liens hypertextes), figurent les blogs de quelques personnalités politiques (ainsi celui de l’opposant Frédéric Travel, au 03-08- 2007), mais aussi plusieurs articles de journaux (nationaux comme régionaux). Citons, à titre d’exemples, les articles de Marie Piquemal (Libération du 02-08-2007), de Vincent Mongaillard (Le Parisien du 09-10-2007), de Samuel Laurent (Le Figaro du 20-11-2007), ainsi qu’un article du Monde daté du 18-12-2007. Plus rarement, certains magazines (ainsi Sites & Cités de septembre 2007, La Vie de janvier 2008) consacrent à Pourmaville une rubrique informationnelle.

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comprendrez que je ne laisserai pas passer de commentaires grossiers ou agressifs. On n’est pas obligé d’être du même avis, par contre, on doit se respecter. Toujours.6 L’interactivité dont se réclame Fadela Amara la conduit dans bien des cas à se poser comme médiatrice entre, d’un côté, les critiques spontanées des modes d’organisation sociale et de représentation politique, et de l’autre, les institutions qu’elle représente, comme en témoigne l’échange ci-après :

Moustafa, 09-02-2008 [13:30]

bonjour je crois pas en vos faux leurs [leurres] c’est les mentalités des français de souche qui doivent changer; cependant les gens des quartiers et pas seulement les banlieues parisiennes mais dans la France entière doivent changer mais par mon expérience personnelle c’est d’abord a la société de changer.

je m’explique :j’ai été salarié d’une grande entreprise française […] ; de par mon origine il y a eu discrimination;au pénal ça été classé sans suite;j’attend le civil mais je n’y crois pas trop car ON EST NÉ ET ON VIT DANS UN PAYS DE RACISTES c’est pour ça que je dis que c’est la mentalité de « mes concitoyens qui serais + sujettes a des plans de changements »

Fadela Amara, 03-03-2008 [15:45]

Moustafa, en effet c’est à la collectivité entière d’évoluer et de penser la France différemment, une France de mixité, et de diversité. Cependant de par ton discours, tu te classe toi même dans cet enfermement, tous les « français de souche » pour reprendre tes propos, propos qui d’ailleurs ne sont pas juste car qui peut se dire français de pure souche aujourd’hui ? Moi même étant française je ne vois pas de degré à ma nationalité.

Toutes ces personnes que tu vises ne pensent pas de la même manière, ainsi que toutes les personnes ayant des origines marquées n’ont pas le même avis sur la question mais en parlant ainsi tu stigmatises toi même et rentre dans une logique sectaire.

C’est trop facile aujourd’hui de se poser en tant que victime, il faut se battre, qu’on ait des origines, qu’on soit une femme, qu’on soit jeune,...il y a toujours une raison pour se sentir rejeter et pour avoir une bonne raison de s’enfermer et de dénigrer la société. Si tu as subit de la discrimination dans ton entreprise, c’est très grave et il y a des alternatives et des recours. Je t’encourage à te mettre en relation avec des associations spécialisées, il y a également la Maison de la Justice et du Droit qui est la pour aider dans ce genre de situation et qui pourra t’être d’une grande aide car ce sont des professionnels qui vous reçoivent (il y en a dans chaque département). Faire changer les mentalités prend du temps mais ce n’est pas un combat vain, au contraire et nous

6. Nous reportons les « posts » tels qu’ils apparaissent dans le blog, en en conservant le plus possible la disposition textuelle. Sont indiqués le pseudo des commentateurs, la date de l’envoi et son heure exacte.

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avons de la chance d’être dans un pays ouvert qui évolue sans cesse et qui cherche des solution aux maux dont il souffre.

N’hésitez pas à me tenir au courant de l’évolution de vos démarches, Fadela

Si l’hésitation apparaissant entre le tutoiement et le voussoiement reste anecdotique, elle est révélatrice, tout comme les tonalités simultanément compréhensive et réfutative de la réponse, d’une médiation difficile et sujette à d’éventuelles contradictions. Pour autant, ici s’exprime, à travers les réponses de la Secrétaire d’État, un éthos numérique qui, à la faveur d’une participation citoyenne, tente à la fois de légitimer certaines remarques fondées sur un vécu concret, et de déligitimer ce que le discours induit par ce vécu comporte d’affirmations péremptoires et d’insinuations stigmatisantes. Amenée à la fois à prendre en compte les ressentis partagés d’une partie significative des minorités, et à tempérer les polémiques, ou encore ce qui correspondrait à des « logiques » de dénigrement, Fadela Amara s’appuie sur l’intervention sociale, les réseaux associatifs de terrain, et surtout sur un « plan » auquel tout le monde est convié à concourir. Chacun s’y applique néanmoins avec sa propre culture, à la fois du débat et de ses modes de participation en ligne, comme le résume S. C. Herring (2001, 622) :

Variation in computer-mediated Discourse [CMD] is also conditioned by situational factors that constitute the context of the communication. […] Participants’ previous experience, both off and on the Internet, also shapes linguistic behavior ; thus users may transfer terms and practices from off-line cultures into CMD7.

Outre cet effort de médiation, l’invitation au débat exige une forme d’animation consistant à convenir, avec les participants, d’initiatives et d’« idées » partagées. Dans le blog Pourmaville, Fadela Amara accompagne la présentation des interventions de l’État, avec ce que celles-ci supposent d’inventaire et de jargon technique, de multiples démarches pédagogiques consistant à montrer en quoi ces interventions, dont certaines sont proprement illisibles pour le citoyen « lambda », répondent à des questions concrètes et à des préoccupations matérielles de la vie de tous les jours. La dimension proprement idéologique du discours politique s’efface alors au profit d’une dynamique fédérative par laquelle la Secrétaire d’État inscrit les vécus individuels dans une mouvance solidaire :

7. La variation, dans les discours médiés par l’ordinateur (DMO), tient également à des facteurs situationnels constituant le contexte de la communication. Les expériences antérieures des participants, tant en dehors que sur internet, déterminent aussi leur comportement linguistique. Les usagers sont de ce fait susceptibles de transposer des expressions et des pratiques issues d’une culture hors-ligne au sein des DMO. (notre trad.)

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Fadela Amara, 07-01-2008 [16:58]

Beaucoup de coms ces temps ci autour de l’école, des diplômes, des stage et souvent du chômage à l’arrivée... Comme Widad de Nevers au chômage avec son bac plus 4 ou encore Dieynaba, qui galère pour trouver du taff et qui va de petit boulot en petit boulot sans trouver de longs contrats

Moi en ce moment je travaille sur mon plan banlieue qui sera annoncé le 22 janvier prochain. Et parmi mes priorités, il y a l’emploi des jeunes et l’école.

Jusqu’à la mi-2008 et avant qu’un autre débat, cette fois-ci sur l’« identité nationale », ne vienne en compromettre l’élan participatif, cet effort d’animation suscitera de nombreuses formes d’adhésion des participants, qui pour beaucoup soulignent les enjeux d’une représentation politique instituée, pourvu qu’elle soit liée au quotidien, en particulier, des minorités des « quartiers ». Ainsi fresh- as-me, tout en décrivant sa vie de tous les jours dans un post du 07-08-2007 [00:19], au sein d’une « petite ville de 30 000 habitants juste au nord de Strasbourg », réclame-t-il avant tout des « aménagements sportifs », ou encore ambre, le 06-08-2007 [08:16], se plaint-elle des horaires des bus scolaires, tandis que marylène déplore, le 04-08-2007 [15:32], les « discriminations » qu’elle subit en tant que membre d’une « population » confrontée à la relégation. À travers ces interventions des commentateurs, qui nous conduisent à interroger le concept même de « minorités », s’exprime assez clairement un désir d’influencer la décision politique, non seulement pour y avoir sa part, mais aussi pour conforter l’idéal réformiste que suppose un tel dialogue social :

Lola, 19-01-2008 [15:02]

Merci de nous représenter si bien.

jean pierre, 19-01-2008 [21:26]

salut, cette fois je suis sérieux car le sujet l’est. j’admire ton envie de révolutionner la vie de ces dits quartiers, et de ces habitants (les jeunes bien sur, mais çà peut s’appliquer aux plus âgés).

je suis dans le social sur Nîmes, comme toi j’ai voulu faire avancer les choses, créer, innover, ... attention !!! si tu n’a pas avec toi un politique, tu vas au casse pipe. çà serait trop long à t’expliquer, si tu veux je me tiens à ta disposition vas voir mon site […], mon msn […]. je te communiquerai les autres sites que je n’ai pas en tête en ton attente, bon courage, nebaisses pas les bras, .... bisous et à bientôt

jean pierre

khalid, 19-01-2008 [21:57]

Bonjour

C’est k1-maro du 76

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J’aurai voulu participer d’une manière ou d’une autre, au Plan Banlieue, que souhaite mettre en place Fadela Amara, car je trouve que ce qu’elle fait est vraiment courageux de sa part, faire face à ces ghettos qui n’ont eux pour ce développer et ne pas tomber dans l’oubli..., le choix de créer une économie parallèle pour survivre et faire face aux discriminations de la vie quotidienne (La scolarité, l’emploi et le logement) qui sont les facteurs de la non intégration et de ce fait les empêches de s’intégrer et non l’inverse.

J’attends votre réponse ou un contact, afin de participer activement au projet dés l’annonce officiel le 22 Janvier

Merci et Bonne chance.

« Participer activement »... Pour peu qu’elle aboutisse à des réponses concrètes des ministères concernés, l’envie de prendre part à la série de réformes prévues, du côté des membres de la population, est souvent sans ambiguïté. Le « Plan Banlieues », dont Fadela Amara déclarera à plusieurs reprises qu’il s’inspire directement des contributions aux différents blogs (dont Pourmaville) et forums de discussion qu’elle a mis en place (d’abord individuellement, et bientôt avec le soutien de son équipe de campagne), apparaît comme une opportunité d’exception. Pourmaville est en particulier l’occasion, comme exprimé dans le post de khalid, de contredire une doxa et des appriorismes sur les « facteurs » discriminants inhérents aux « ghettos ». On remarquera à cet égard que dans ce commentaire, les formes d’euphémisation du propos ne dissimulent aucunement les marques de négation (« qui n’ont » /

« ne pas » / « non intégration » / « et non l’inverse ») et d’énumération cumulative qui, presque entre les lignes, reproduisent discursivement les traces du ressenti social dont la formulation se fait l’écho.

Au demeurant, après les déceptions provoquées par des annonces sans lendemain, le pouvoir politique que représente Fadela Amara est forcément confronté à une perplexité de tous les instants, même si les initiatives de consultation publique (à laquelle son blog ne se réduit pas) ne manquent guère.

Ajoutons à ce sujet qu’un carnet électronique tel que Pourmaville rejoint un ensemble d’« espaces politiques » numériques existants, parmi lesquels on compte les forums électroniques municipaux (Wojcil, 2003 ; Benvegnu, 2006) et les mobilisations des partis « à distance » (Biland, 2006). Or, même si l’on conviendra, avec Best et Krueger (2005) ainsi que Giasson, Darisse et Raynauld (2013), que ces espaces ont souvent pour objet de favoriser le lien social et de faciliter, simultanément, le rapprochement entre la population et les représentants de l’État, les logiques du pouvoir demeurent. En l’occurrence, le blog politique n’échappe pas à un certain opportunisme, à plus forte raison quand il fonctionne comme un « carnet de bord en ligne proposant un point de vue sur la vie de la Cité », en ceci que « ce point de vue peut être individuel ou collectif, mais il est donné en réaction à des évènements » (Greffet, 2005, 5). À

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la lecture des « coms » qui se sont accumulées dans Pourmaville, il apparaît que les citoyens, en l’occurrence, montrent volontiers qu’ils ne sont pas dupes de démarches politiciennes qui se résumeraient dans une forme de communication, voire de propagande, contre lesquelles les franges défavorisées de la population ont imaginé des formes de mobilisation inédites. Or, Fadela Amara étant elle-même issue des banlieues et de l’immigration, elle se montre sensible à ces questions. Aussi poste-t-elle, dès le 02-08-2007 [16:41] :

Déjà 3000 commentaires en 24 heures !

Je suis vraiment heureuse que vous participiez à ce projet, avec autant d’enthousiasme et d’envie. Je savais que je pouvais compter sur vous ! J’essaierai de répondre le plus tôt possible à vos commentaires. Je vois que vous avez beaucoup de bonnes idées mais aussi des revendications à faire passer.

Continuez comme ça, c’est très important.

Merci et à très vite !

Les réponses sont toutefois contrastées, et révèlent en un sens l’oscillation existant entre une entière adhésion à la démarche participative du blog, et pour ainsi dire une inquiétude de voir ce lieu de partage ressembler aux autres espaces numériques, dont l’influence sur la politique est peu garantie :

musikurt, 03-08-2007 [18:19]

j’ai un peu trop l’impression que ce skyblog est l’arbre qui cache la forêt …

c’est bien beau de dire "bravo les jeunes, vous vous investissez" mais c’est pas que à nous de nous investir !!! c’est à vous Madame la secrétaire d’état, c’est à vous de répondre aux commentaires, de dire ce qui est possible de faire ou au contraire ne l’est pas, c’est encore à vous de dire que vous vous interessez aux jeunes tout court et non pas aux jeunes des quartiers (quelque chose à se reprocher pour justifier cet interêt soudain pour eux ???!) c’est à vous d’organiser des actions dans les mairies, les foyers, les maisons de quartier etc..; et non pas de rester derrière un blog !

smile-in-sky, 03-08-2007 [20:35]

Pour les 3 000 comentaires en 24h, c’est pas bien étonant,

Pour une fois qu’on nous donne VRAIMENT l occasion de nous exprimer, en plus par un moyen accessible comme un blog, il faut bien qu’on en profite :)

Ces commentaires variablement critiques sur la démarche elle-même, que nous évaluons à un peu moins de 3 % de l’ensemble des posts envoyés, s’expliquent entre autres par le fait que les aspirations en termes de politique de la ville, maintes fois déçues par des « programmes » ou des « zonages » aussi éphémères qu’incompréhensibles, sont fortes. Qui plus est, la temporalité du blog, avec son agenda circonstancié, ses discussions provisoires et ses réponses

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différées, balance entre le temps court des débats spontanés et le temps long des prises de décision politiques8. À cela s’ajoute, comme suggéré supra, l’éparpillement des temps sociaux que la « ville » questionne de facto, alors même que « les analyses comparées menées en Europe révèlent que le temps est aujourd’hui au centre des réflexions, discours, processus de planification et actions qui touchent aux questions urbaines », comme le résume Boulin (2003, 17). Or, le blog en tant que tel, et de manière générale, a ses propres impératifs, parmi lesquels « la lisibilité, l’urgence et la proximité font loi, auprès d’un public supposé jeune, […] car le blog n’accepte pas la langue de bois », pour reprendre les termes de Jereczek-Lipinska (2007, 168). En marge du jargon institutionnel, les mots eux-mêmes représentent de ce fait un apport très significatif, y compris dans Pourmaville : peut-être est-ce d’abord par eux que s’est atténuée, du moins pour quelques mois, la perplexité suscitée par des années de doubles discours et d’allocutions sans suite, mais aussi d’une « proximité » en partie illusoire (cf. Le Bart, 2005).

4. L’expression plurielle d’une « refondation sociale »

Comme le rappelle opportunément Ratouis (2003, 26), « nommer la ville participe à sa fabrique ». Cela est d’autant plus vrai quand il s’agit de co- construire une politique urbaine en lien le plus direct possible avec les aspirations des gens ordinaires. En termes d’analyse, l’examen des formes d’expression apparaissant dans les blogs politiques s’impose donc de lui-même dès lors qu’il s’agit de réfléchir aux formes de participation électronique existant dans les sociétés contemporaines, d’autant que, rappelle Cardon (2009, 4), « le web a donné à des formes infimes, incomplètes, subjectives et murmurantes de participation l’opportunité d’émerger dans l’espace public » (Voir aussi Pourtois, 2013, 22-23). Cette remarque rejoint le commentaire qu’en formule Blasco (2004, 5), qui insiste sur le fait que le web permet de conduire des luttes sociales et des actions politiques « en dehors du cadre politique institutionnel », d’autant que, selon Giasson, Darisse et Raynauld (2013, 4), « ces plate-formes de communication en ligne ont graduellement redéfini le schéma traditionnel de communication de masse en offrant la possibilité à des acteurs politiques autrefois considérés comme périphériques de consulter, de produire et de

8. Les commentaires critiques portant sur le choix de la démarche consultative elle- même sont assez mesurés : ainsi « karim » dénonçant une « logique électoraliste » (03- 08-2007 [18:50]) ou encore « Zaz » résumant les échanges au fait de « blablater » (11-08- 2007 [20:58]). De telles réductions ne vont d’ailleurs pas sans susciter des contre- objections d’autres participants, parmi lesquels « toxico14 », qui poste, le 01-08-2007 [21:42] : « yen a […] ki critik linitiative de cette politicienne, putin vs voulé koi ? ».

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diffuser rapidement, de manière synchrone ou asynchrone, à moindre coût, des informations politiques multiformes » (sur les complémentarités entre interventions synchrones/asynchrones, voir Herring, 2001, 615-618). Ces spécificités soulèvent la question de savoir quels sont les mots (et plus généralement les formes d’expression) qu’un tel carnet électronique fait émerger et qui permettent, éventuellement, de saisir les représentations et les attentes de la population et des minorités vis-à-vis de la décision politique9. Sur ce point, on admettra qu’il existe aujourd’hui peu de recherches sur l’analyse des mots de la participation numérique et sur leur usage dans nos sociétés contemporaines, alors même que la question de ceux qu’emploient les acteurs politiques et les citoyens dans ce domaine représente un enjeu important10. Cette réflexion est d’autant plus fondamentale que la novlangue institutionnelle a souvent servi de cache-misère pour des rénovations ambitieuses, mais dont les répercussions sur le terrain ont été faibles. Le résumé qu’en donne à cet égard Quarta, pour le contexte français (2009, 87-88), est particulièrement éclairant :

Dès la fin des années 1980, les tentatives de redynamiser la banlieue sont allées du même pas que l’évolution du langage concernant cette question sociale. L’appellation

« zone sensible » s’est affirmée dans les années 1990 suite à la création de zonages infra-communaux – les « quartiers prioritaires » – classés, selon des critères bien précis, sous les noms de « zones urbaines sensibles (ZUS) », « zones de redynamisation urbaine (ZRU) » et « zones franches urbaines (ZFU) ». En bref, les zones urbaines sensibles se caractérisent par la présence de grands ensembles, parfois dégradés, et par un taux de chômage élevé.

Le risque est effectivement que l’initiative de Fadela Amara ne mène à d’autres « zonages » tout aussi improductifs que les précédents, quand bien même la Secrétaire d’État en accompagnerait l’initiative, comme cela s’est généralisé depuis les années 1980 pour la politique du logement, d’un « nouvel appel à la mobilisation et à la participation démocratique des milieux locaux » (Leloup, 2010, 7). Un risque en forme d’instrumentalisation que les internautes dénoncent le plus souvent avec une certaine retenue :

9. Il s’agit bien de définir, pour l’analyse politique, « la nécessité de faire participer ‘les membres de la société’ à la délibération et de faire en sorte que l’opinion publique ainsi formée détermine la décision politique » (Pourtois, 2013, 23). Un entretien complémentaire avec F. Amara (sollicitée par nous sur Twitter) aurait été très utile pour recueillir son point de vue sur ces questions, mais nous n’avons pas été en mesure de le pratiquer.

10. Cela vaut à la fois pour les sciences politiques, la sociologie de l’intervention et celle des mouvements sociaux, mais aussi pour l’anthropologie des institutions.

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mounir, 18-03-2008 [17:13]

Comme le disent la plupart des mes compatriotes ( qui est une image étant doné ke je sui francais) je pesne [pense] kil ne sert plus a rien de mobilisé des voix si la démagogie est une menace sans cesse pesante

Face à cette défiance vis-à-vis des discours convenus, Fadela Amara tente dès le début de convaincre que son « projet » ne se réduit pas à de la communication politique :

Fadela Amara, 06-08-2007 [10:48]

Beaucoup d’entre vous me parlent de mes moyens d’actions, est-ce que ça va changer ? Est-ce que ce n’est pas que de la COM...

Ce que je veux vous dire c’est que je suis déterminée à utiliser tous les moyens financiers de mon ministère pour que la politique de la ville change la vie des habitants des quartiers...

Il y a beaucoup d’argent qu’on utilise depuis des années en direction des quartiers.

Moi je veux évaluer l’efficacité de cet argent, est-ce que ça sert à quelque chose, est-ce que ça va améliorer le quotidien de la population... Une fois que j’aurai fait le point, s’il faut en rajouter je me battrai pour obtenir ce qu’il faut.

Vous pouvez compter sur moi pour aller trouver mes collègues du gouvernement et les motiver pour s’impliquer.

Ce genre de message s’adresse tout particulièrement aux « jeunes » et aux minorités, dont la perplexité s’exprime évidemment de multiples manières. Les reprises contenues dans la réponse (ci-dessus) de Fadela Amara ont à cet égard pour objet de prendre le contre-pied des interdiscours (« est-ce que ça va changer ? » / « est-ce que ça sert à quelque chose ») et des formes de polémisation (« ce n’est […] que de la COM ») induites par un tel dialogue, avec des effets de mimésis interlocutive qui la conduisent à détextualiser son post à la faveur d’une structuration discursive proche des interactions spontanées. Une telle intervention semble témoigner du fait que Fadela Amara a sans doute elle- même observé, à la suite de nombreux analystes, « une relation entre intensité de la participation politique et intensité de l’information politique : les citoyens les plus impliqués dans la vie de la cité tendent à davantage s’informer sur l’actualité sociale et politique que les autres » (Le Hay et al., 2011, 50)11. Dans son effort d’incitation et d’animation, Fadela Amara ira jusqu’à poster, le 03-03- 2008 [15:54] :

11. Les auteurs concluent leur étude (p. 99) en convenant que « ceux qui s’informent principalement par le biais d’Internet laissent entrevoir dans leurs propos [parmi les sondés] la volonté de se démarquer des pratiques les plus courantes et de s’impliquer autrement dans la vie de la cité ».

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Bientôt les élections et comme nous sommes dans une période mouvementée politiquement parlant c’est important que tu te mobilises et que tu bouges ton vote.

Elections...pas d’abstention !

Râler ne suffit pas, bouge pour tes idées et fais entendre ta voix !

À la suite de cet appel au civisme électoral, les réactions s’accumulent, avec des formats et des contenus très divers. Or, c’est principalement autour d’« idées », voire d’un « idéal » partagé que les mots se rejoignent, en lien ici et là avec les événements sociaux et politiques du moment. En témoignent, parmi beaucoup d’autres, les deux commentaires ci-après :

Mipidi76, 13-03-2008 [23:25]

C’est fait j’ai voté et je suis bien contente de l’avoir fait, c’est bien que la jeunesse vote, c’est le seul moyen de faire passer nos idées!

Tristan, 14-03-2008 [19:26]

La France, soi disant le pays des droits de l’homme, des Lumieres (pronant la liberté de conscience et le respect des differentes croyances rappelons le) se contente d’appeller la chine "a la retenue" par rapport aux evenements du Tibet.Je trouve cette attitude en dessous de tout, indigne d’un pays comme le notre, et indigne de l’ideal que l’Europe est censée représenter.

Nous ne reproduisons pas l’intégralité du post (multi-thématique) de Tristan, disponible en ligne, mais précisons que tout en dénonçant les « prétextes » et ce qu’il appelle le « point de vue » de la politique, l’internaute conclut de manière aphoristique, tant à propos des élections que des Jeux Olympiques, qu’« après tout, “l’essentiel est de participer” ». Dans cette dynamique et parmi les mots de la participation sociale les plus représentés dans le blog Pourmaville (et ce dès juillet 2007), ceux qui relèvent des formes, plurielles, que peut prendre l’engagement sont très nombreux. Confirmant cette hypothèse, Joanna Jereczek-Lipinska (2007) indique que « les données statistiques concernant les substantifs [dans les blogs politiques de son corpus] ont permis de constater les grandes thématiques et le positionnement s’il y a lieu politique et idéologique » (p. 159), là où « la récurrence des pronoms et des verbes a révélé la volonté d’engagement, sa volonté d’impliquer le public » (Ibid.). De même « impliquer » / « impliqué », « (s’)engage(r) », « participer » reviennent-ils fréquemment dans Pourmaville, en lien variable avec une mobilisation citoyenne :

mylostmemories, 05-08-2007 [13:36]

Bonjour , je me présente , Alexandre 16ans et demie.

Tout d’abord trés bonne initiative de créer un blog comme celui ci ;)

Je n’ai que 16ans mais depuis cette campagne présidentielle qui ma passionné , j’ai découvert que j’aimais bien la politique. Et pourquoi pas , dans un certain avenir

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m’engagé en politique. J’ai pris le temps d’écouter les idées de chaques candidat(e)s , et 1 seul a retenu mon attention , Mr Sarkozy. (J’adorerais le rencontrer ! J’ai déja pu voir Rachida Dati que j’aprécie particuliérement , sortant de la gare de Lille ).

Dans le blog, les podcasts de Fadela Amara confortent significativement ces schémas dialogaux, avec des questions telles que « quelle place auront les petits coins de France dans ton plan ? » (22-08-2007) ou « T’as réalisé une action pour ton quartier ? » (29-08-2007). En novembre 2007 par exemple, la Secrétaire d’État fait intervenir, parmi les podcasts, les témoignages d’élèves ayant participé à une sortie à La Villette (aux portes de Paris), au sujet des

« territoires ». À la question qu’elle pose le 7 [15:02] au sujet des « impressions » et des « messages » des élèves, à savoir « que penses-tu de leurs réflexions ? », les réponses affluent assez vite, et se poursuivront jusqu’en octobre 2008, avec notamment la suivante :

miiiiamor3-85, 04-09-2008 [21:05]

tous ses message eter tres touchant !!

se ki ma impressionner eter leur intelligence leur maturiter !!

Certe une petite ou un petit avait raison san politike il ny orai pas de loi et sans loi et a leur ki lai [à l’heure qu’il est] je ne veut meme pas y penser !! sa serai une catastrophe !!! fin bref ses enfant je pense kil pourai devenir des grande personne tres important si deja a leur age il pense a la politike !!

felicitation pour se blog il est excellent !!!

Peut-être plus que les réactions sur l’instant, ce sont les commentaires s’efforçant de (re)politiser le débat qui, en termes de ressources pour le lien social qui s’établit, sont les plus susceptibles de documenter les futures décisions politiques, car certains suggèrent de véritables solutions :

bachir, 16-10-2007 [14:11]

La rénovation urbaine permet d’intervenir sur la forme et non sur le fond, je m’explique:

En effet la démolition et la reconstruction de logements ou d’équipements nouveaux n’est qu’une réponse pour améliorer l’environnement urbain des habitants.

Les problèmes majeurs que sont l’accès à l’emploi, au logement, la réussite scolaire, la lutte contre la précarité et la concentration de celle ci dans certaines zones urbaines, la santé..., ne sont pas inscrite dans le cadre de la rénovation urbaine. Je pense donc, que le gouvernement devra allouer autant de crédits en fonctionnement qu’en investissement. Ce n’est pas un nouveau groupe scolaire qui favorisera à lui seul la réussite scolaire

Changer le cadre de vie, ce n’est pas seulement le cadre urbain, c’est aussi répondre aux besoins des populations, en terme d’offre Social.

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Après la rénovation urbaine, il faut la rénovation sociale!!!

Ce n’est surement pas les maigres crédits du cucs [Contrat Urbain de Cohésion Sociale] qui réponderont aux besoins sociaux!!

Je reste à la disposition de Mme Fadela AMARA pour approfondir ce sujet riche de la rénovation sociale!

Francis, 20-10-2007 [11:00]

La plus grande inégalité pour réussir à l’école ne se situe pas tant à l’école que dans le milieu dans lequel l’enfant évolue... Un enfant qui n’a pas d’aide aux débuts de sa scolarité - là où énormément se joue, en particulier dans l’apprentissage de la lecture- écriture - sera largement défavorisé par rapport à l’enfant qui est entouré d’un accès facilité à la culture, au livre, de conseils et du suivi de son "métier" d’écolier. Il ne faut pas penser que les familles des quartiers difficiles sont démissionnaires, mais elles ont bien souvent rencontré l’échec scolaire, les difficultés sociales, parfois les problèmes de communication dûs à la langue ; bref autant de facteurs qui sans doute ne facilitent pas la démarche de parent.

Comme le soulignent les contributeurs eux-mêmes, avec, pour ainsi dire, l’expression quasi-synchrone d’une participation citoyenne liée aux temporalités du post, le désir de « refondation » (/ « rénovation ») sociale est particulièrement prononcé. L’un des principaux enjeux démocratiques que sous-tend un blog comme Pourmaville correspond ainsi à la possibilité qu’il a éventuellement de redimensionner le lien démocratique et, partant, de reconfigurer les limites de l’espace public de citoyenneté tel qu’il peut être abordé à travers des processus de « vivre ensemble » (Miller et Shepherd, 2004), à l’inverse de ce qui serait une forme d’« individualisme urbain » (Bourdin, 2005). Autant de tensions que relate Baudoin (1994, 888), qui conclut, sur cette question plus spécifique d’un « espace public de citoyenneté » :

la démocratie est autre chose qu’une somme d’égoïsmes particuliers. Elle est également une « œuvre » au sens arendtien, qui s’emploie à transcender au moins partiellement le travail souterrain des ambitions et des intérêts.

Plus que la dénonciation des travers de la société et des aménagements urbains, ou encore l’appel à des mouvements sociaux, c’est quelquefois l’espérance d’un meilleur vivre ensemble qui, dans Pourmaville, s’extériorise.

Quand, à la suite d’un podcast mis en ligne le 29-08-2007 [15:04], Fadela Amara invite les participants à nommer le « plan banlieues » qu’elle veut mettre en place, de multiples réponses suivent, parmi lesquelles celles-ci :

zibson, 01-09-2007 [23:20]

plan marchall, cest trop, ça fait rtop guerre, trop coup de point, il faut etre un peu sympa avec les banlieu, plan respect ça marche ou respect et diversité encore mieux

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impressionant, 02-10-2007 [20:06]

action banlieue:ça se résume à envoyer sur le terrain des jeunes consciencieux et sélectionnés avant sur des critères bien définis,pour sensibiliser les jeunes(du moins ceux qui peuvent encore l’être) sur les réalités du monde du travail,de la nécessité des études scolaires,de la sécurité et de la laïcité... leur proposer des solutions à chaque fois que besoin s’en fait ressentir(donc étudier le terrain au préalable en faisant des sondages)

leve-toi-et-ose, 02-11-2007 [20:11]

moi je propose "LE PLAN ESPOIR", "balieue espoir", "espoir de banlieue", parce que l’espoir c’est y croire quand d’autres pensent à une fatalité, c’est aussi la preuve que vous, vous croyez en eux, les jeunes des banlieues alors qu’eux même ne croient plus à rien. en tout cas je vous remercie d’avoir créer ce blog parce qu’on a beaucoup de chose à dire

Le plan de Fadela Amara, qui deviendra précisément « Espoir banlieues », sera une tentative de réponse originale aux questions relatives à la ville, mais aussi à la place que peut encore occuper la politique dans la vie de la Cité.

À contre courant d’un désinvestissement de l’État dans les efforts de mixité sociale qui sont, de fait, peu à peu délégués aux réseaux associatifs, aux communautés de communes et aux municipalités, et à un moment où il est devenu pressant de « faire contrepoids à l’emprise marchande et au repli de l’individu sur lui-même » (Lafortune, 2005, 117), Fadela Amara suscite des formes de militance qui vont au-delà de la seule expression d’« idées », comme cela a été pratiqué ailleurs, de manière notamment à « pallier un déficit de (bonne) représentation de la banlieue » (Sedel, 2011, 118). Pour autant, en dépit d’un désir collectif de changement et des milliers de messages envoyés au pouvoir politique, à sa demande, par les gens des quartiers, le plan « Espoir banlieues », débattu à l’Assemblée nationale puis voté au budget de décembre 2008, n’obtiendra pas les fonds nécessaires.

5. En conclusion

Au cœur des pratiques émergentes de participation sociale et des nouvelles formes d’implication citoyenne, les blogs animés par des responsables politiques engagés dans une logique de réforme constituent des appels à la mobilisation plus ou moins sincères. Celui de Fadela Amara, en plus d’avoir tenté de donner une légitimité institutionnelle aux points de vue exprimés par la population, et pas seulement celle des villes, a tracé une voie possible pour une autre utilisation du temps de la participation sociale. Tout en marquant également « le passage du politiquement correct au politiquement direct »

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(Jereczek-Lipinska, 2007, 170), son blog favorise le lien entre la société civile et les représentants de l’État autour d’une « rénovation urbaine » muée en refondation sociale. Son plan « Espoir banlieues » n’a pas abouti, mais sa démarche a notamment permis de démontrer à quel point les jeunes générations souscrivent spontanément à ce type d’initiative, en dépit d’un scepticisme dont on peut dire qu’il est pleinement fondé.

Une telle marge d’interaction contredit en partie l’hypothèse suivant laquelle

« les nouvelles potentialités techniques offertes par internet semblent, pour ce qui est des informations, n’avoir rencontré en France des conditions favorables à leur développement qu’auprès d’un nombre relativement restreint de gros consommateurs d’information » (Le Hay et al, 2011, 99). L’ouverture prônée par Fadela Amara contredit également la tendance suivant laquelle « les sujets abordés dans les blogs de politiciens sont souvent […] liés à l’auteur et à ses activités ou opinions » (Lehti, 2012, 2. Voir aussi Ruis, 2008, 109-112). La sous- représentation des interventions et, à l’intérieur de celles-ci, des formulations assertives de F. Amara, confirme qu’il s’agit pour elle d’interpeler les habitants de quartiers populaires sur des questions factuelles et événementielles bien plus que sur ses propres opinions. Une telle praxéologie du blog rejoint cette tentative de ce qu’on appelle, à l’occasion, un « empowerment à la française », au gré d’une démocratie participative oscillant entre consultation et pédagogie, sans vraiment donner, aux populations des territoires marginalisés, un accès à la représentation politique. Pourmaville y ajoute néanmoins une pratique de débat et une prise en compte, en partie individuée, des avis formulés qui dépasse le simple fait de « parler de social ». Il semble aussi avoir marginalisé une habitude de victimisation et de dépolitisation qui revient souvent à délaisser la revendication, notamment du côté des gens issus de l’immigration, d’être traités comme des citoyens à part entière. En ne refusant ni la polémique, ni le conflit, un tel support numérique redonne une forme de légitimité directe à l’intervention spontanée des membres de la population.

Comme le rappelle Carlier (2013, 90), « dans un contexte de déclin des formes de légitimité liées à la représentation politique, la démocratie participative s’imposerait comme nouvel horizon démocratique, qui se voit mis en forme dans différents dispositifs ». Parmi eux, les blogs n’induisent pas forcément tous « une reconfiguration des pouvoirs [...] à l’œuvre » (Ibid.), mais peuvent représenter, pour certains d’entre eux, l’opportunité d’un renforcement de la parole des citoyens et d’une collaboration accrue entre différents acteurs sociaux, institutionnels ou non.

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Références

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