Pointe de Flèche à ailerons et à
douille.
Vasselay – les champs du Fossé 2018
Pascal PAUTRAT archéologue (Inrap)
Présentation
Lors de la fouille dans la zone deux à Vasselay Les Champs du fossé, l’unité stratigraphique numérotée : US 2053 est interprétée comme une colluvion, c’est une couche linéaire à largeur variable, constituée de terre humique de couleur noire, à l’emplacement d’une vallée sèche. Le fossé F6 coupe l’us 2053.
La méthode de fouille défini en accord avec le service régional d’archéologie de Orléans, est la fouille manuelle par mètres carrés. Après avoir réalisé un essaie long est peu probant, la mécanisation avec une mini-pelle de 5 tonnes c’est imposée d’elle-même, mais la fouille est toujours réalisée par mètres carrés.
La couche US 2053 a donné plusieurs artéfacts : céramiques de l’Age de Bronze, terre cuite
C’est à la fouille du fossé F6 dans la partie supérieure de l’US 2148 et dans le carré Q 58, situé entre 149.46 m NGF et 149.66 m NGF, que l’on découvre une pointe de flèche métallique en matière ferreuse, à douille et à deux ailerons. Sa conservation est moyenne, le métal est très oxydé est attaqué à plusieurs endroits, sur toute sa surface.
Description et Utilisation
Fiche technique :
Longueur totale : 63 mm Longueur du fer : 33 mm Largeur du fer :13 mm
Épaisseur du fer : 2 mm /55 mm vers l’extrémité de la pointe.
Longueur de la douille : 31 mm
Diamètre de la douille : 8 mm extérieur, 7 mm intérieur
Épaisseur de la douille : 1 mm Poids : 5 grammes
La section du fer est plate et en losange à l’extrémité de la pointe. Les deux bords sont tranchants.
La pointe est constituée d’un aileron encore visible, mais il manque l’extrémité pointue, à l’opposé l’usure du métal suggère un deuxième aileron manquant. La partie sommitale est bien conservée et très pointue, elle est renforcée avec une section quadrangulaire de 55 mm, par contre la tête de la pointe est très corrodée avec une section plate d’une épaisseur de 2 mm. (photo n°1 et 2).
La largeur de la tête est de 1.4 cm, sa longueur est de 3.3 cm jusqu'à la douille sans les ailerons.
Photo n°1 Photo n°2
La pointe est forgée à douille ouverte non soudé ce qui implique que le métal est tourné sur lui- même, c’est encore visible sur la douille (photo n°3), ce qui lui donne une forme interne conique, et indique que le fût en bois doit être taillé en cône (photo n°4).
Photo n°3 Photo n°4
La douille ne comporte pas de trou de fixation, ce qui signifie que l’extrémité du fût doit être collé, cette technique est la plus répandue. On utilise de la résine ou un autre matériau (poix, cire d’abeille), on peut aussi la fixer par simple élasticité du métal ou par resserrage du métal sur le bois en tapotant avec un petit maillet tout autour de la douille (Bongrain 2006, p.108).
Le métal entre la douille et la pointe est aplati, avec une épaisseur de 2 mm et une largeur de 6 mm.
Datation
L’étude des céramiques du fossé F6 est menée par Laurence Augier (service d’archéologie de l’agglomération de Bourges plus), il s’agit exclusivement du mobilier de l’âge du Bronze (cf. étude de la céramique).
Les pointes de flèche en métal ferreux apparaissent plus tardivement à partir du Hallstatt, cette forme de pointe à tête triangulaire avec douille et aileron est courante jusqu’au Moyen Age. Cette pointe de flèche est donc intrusive, une pollution est envisageable avec l’us supérieur, en effet la découverte de la pointe se situe dans la partie supérieure de l’us 2148.
On peut la comparer avec un modèle en métal ferreux, semblable à tête foliacé triangulaire, des ailerons à bords tranchants et une douille conique, provenant de la fouille au Puy d’Issolud dans le Lot, à l’oppidum d’Uxellodunum, le lieu de la dernière bataille de César en gaule en 51 av.J.C (Renoux 2011, p.34 et 35).
Mais la particularité de l’extrémité de la pointe du au renfort de section quadrangulaire, est connu pour la période antique, effectivement on peut la comparer avec la pointe du musée des Antiquités Nationales (M.A.N) de Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines, (fiche d’inventaire n°4, numéro d’inventaire : 2818).
Cette pointe provient de Porentruy en Suisse, découverte par Don Vautrey, vicaire à Porentruy en 1865, elle est datée du Ier s. ap. J.-C. au IIIème s. ap. J.-C. C’est une pointe de flèche de type A4-b à douille et deux ailerons avec un renfort à l’extrémité de la tête (Renoux 2010, p.104-107), ses dimensions sont légèrement plus petites que celle trouvé à Vasselay.
Fiche technique de la pointe de flèche de Porentruy :
Musée des Antiquités Nationales, Saint-Germain-en-Laye, Yvelines.
Fiche d’inventaire n°4 Numéro d’inventaire : 2828
Longueur totale : 43 mm Longueur de la douille : 21 mm
Longueur du fer : 22 mm Largeur du fer : 11 mm
Epaisseur du fer : 3 mm /6 mm vers l’extrémité de la pointe.
Diamètre de la douille : non communiqué La section est en losange. Les deux bords sont tranchants.
L’observation qui est mentionnée dans la fiche d’inventaire est de Don Vautrey, vicaire, Porentruy, 1865.
« L’un des ailerons est cassé, l’autre est en assez bon état. Longs, ils descendent jusqu’au milieu de la douille. Nous avons affaire à une pointe de flèche foliacée (ou triangle isocèle) avec double aileron.
Le fer est très aplati. L’extrémité du fer est beaucoup plus épaisse, il est renforcé de chaque côté par deux « appendices » de forme triangulaire, permettant certainement une meilleure pénétration de la flèche. Vu sa petite taille et son épaisseur, nous pensons qu’il vaut mieux la considérer comme ayant servi pour la chasse (?) » (Renoux 2010, p.375).
Cette pointe est comparée par G.Renoux, avec d’autres pointes de même type.
Les premières du musée de Rennes provenant du site La Guyomerais près de Chatillon-sur-Seiche située dans le département d'Ille-et-Vilaine (35). Elles sont datées du IIème-IIIème siècle ap. J.-C et mesurent entre 4 cm et 5.5 cm (Cf. Catalogue de l’exposition, Nos ancêtres les Riedones : la villa gallo-romaine de Châtillon-sur-Seiche, exposition organisée par l’Ecomusée du pays de Rennes, 20 juin-31 décembre 1990, 1990,p. 38-39.).
Les deux autres provenant de la villa gallo-romaine de Montmaurin, mesurant 6 cm pour toutes les deux, (Cf. Fouet, G., La villa gallo-romaine de Montmaurinen, Haute Garonne, XXe supplément, Gallia, 1969, p. 177-179.).
Conclusion
Sa typologie est bien connue pour la période Antique, mais la particularité dû au renforcement de
L’utilisation de ses pointes de flèches tendent vers un type de chasse, il est à noter que leurs découvertes principales sont situées dans des sites d’habitat.
Bibliographie
Bongrain 2006
BONGRAIN (G.) ―Le longbow ou le grand arc occidental. Chaumont : Edition crépin Leblond, 2006, p.108-109.
Santy et al. 2006
SANTY (J.), MARCHE (J.) ―Revue archéologique de l’Est, t. 55. Extrait, Jean Santy, Jean Marche, Pointes de flèche en fer forgé du Moyen Âge : Recherche expérimentale sur leur technique de fabrication. Chaumont : Revue archéologique de l’Est, t. 55- 2006, p.323-338. © SAE 2007.
Renoux 2010
RENOUX (G.) ―Les archers de César. Guillaume Renoux (Docteur en science de l’Antiquité UMR 5608 TRACES CNRS), Recherches historiques, archéologiques et paléométallurgiques sur les archers dans l’armée romaine et leur armement de César à Trajan
.
: Edition Univ Européenne, Collection : OMN.UNIV.EUROP, 2010, p.375Renoux 2011
RENOUX (G.) ―Revue tir à l’arc magazine n°12. Extrait, Guillaume Renoux (Docteur en science de l’Antiquité UMR 5608 TRACES CNRS), Reconstitution de pointes de flèche gauloises et romaine.
Chaumont : Edition crépin Leblond, tir à l’arc magazine n°12, 2011, p.34-35.
Feugère 1993
FEUGERE (M.) ―Les armes des Romains de la république à l’Antiquité tardive. Paris : édition Errance, 1993, 287p.