• Aucun résultat trouvé

Questions de temps

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Questions de temps"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

HAL Id: halshs-00696554

https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00696554

Submitted on 12 May 2012

HAL is a multi-disciplinary open access

archive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés.

Questions de temps

Jean-Loïc Le Quellec

To cite this version:

Jean-Loïc Le Quellec. Questions de temps. Jean-Dominique Lajoux. Murs d’images. Art rupestre du Sahara préhistorique, Errances / Actes Sud, pp.284-285, 2012. �halshs-00696554�

(2)

285 284

Questions de temps

Il est heureusement possible d’être touché par une peinture sans rien savoir de son auteur, de son époque, de son contexte originel, mais il n’empêche qu’un Van Gogh n’est pas la même chose qu’une fresque médiévale ou qu’une icône du xve siècle, et que seule la prise en compte du contexte permet de comprendre les images. Il en est de même pour l’art rupestre et, entre un être énigmatique en style des “Têtes Rondes”, un bœuf porteur exécuté par le peintre qu’on peut appeler le “Maître d’Ihéren” et un char au galop volant, il y a, toute proportion gardée, la même diff érence qu’entre les autoportraits du fameux essorillé, “Le Sauveur” d’Andreï Roublev, et la Madeleine de Philippe de Champaigne. Considérer l’art rupestre saharien comme un tout indiff érencié serait comme se refuser à reconnaître toute distinction dans l’ensemble des arts picturaux d’Europe, du haut Moyen Age à Paul Klee en passant par El Greco.

En plus de leurs qualités esthétiques, les images rupestres sont aussi des objet archéologique et, à ce titre, elles peuvent concourir à l’élaboration d’une histoire des peuples sans écriture. Pour cela, il importe de pouvoir les dater. Hélas, malgré les énormes progrès réalisés depuis les premiers essais de datation au radiocarbone, malgré les résultats remarquables que cette méthode a livrés, en particulier pour dater les représentations des grottes ornées du Paléolithique, malgré plusieurs tentatives eff ectuées dans l’Akukas en Libye et sur le plateau de la Tassili-n-Ajjer en Algérie, aucune date fi able n’a encore pu être obtenue par l’analyse des pigments. Tout n’est pas perdu pour autant, car divers procédés de datation indirecte permettent une estimation très satisfaisante.

En combinant tout ce que l’on sait maintenant sur les faunes anciennes du Sahara, l’évolution des climats, les industries lithiques, les décors

céramiques, l’architecture funéraire, les diff érents styles et leur thématique, il est possible de dresser un tableau chrono-culturel encore imprécis, certes, mais qui n’est pas faux pour autant. Les classifi cations anciennes, qui faisaient se succéder sans aucun chevauchement des groupes totalement étrangers les uns aux autres, chacun remplaçant soudain le précédent, complètement, à l’instar des “Chasseurs“ qui auraient cédé le pas aux “Pasteurs”, ne sont plus de mise. Si la date d’apparition des plus anciennes peintures et gravures reste inconnue, il est indéniable que la grande fl oraison des arts rupestres sahariens se situe pendant la période humide dite “Optimum climatique” qui culmina environ 4000 ans avant l’ère commune. Un millénaire plus tard peu ou prou, la multiplication des représentations de chèvres et de moutons par les adeptes du style d’Ihéren fera écho à l’adoption de ces bêtes par des populations forcées de s’adapter à une aridité croissante, et qui enterraient probablement leurs notables dans des monuments du type dit “en trou de serrure” ou mieux “à couloir et enclos”. Le temps passant, et le climat se dégradant toujours plus, l’élevage des bovins fi nira par tomber en désuétude, et l’adoption du cheval justifi era les noms de Caballins ou d’Equidiens aujourd’hui utilisés pour désigner les peuples qui, à l’approche de l’ère commune, commenceront d’employer le métal et introduiront l’écriture au cœur d’un monde jusqu’alors dominé par les images. Celles-ci continueront pourtant d’être apposées sur les parois durant la période caméline et jusqu’à nos jours, mais dans un style, une manière, un esprit bien diff érents, allant jusqu’au graffi ti pur et simple, qui parasite parfois ce que nous pressentons avoir été d’anciens sanctuaires.

Jean-Loïc Le Quellec

Ce tableau donne un état simplifi é de la chronologie sur laquelle s’accordent actuellement la plupart des chercheurs. La grande faune sauvage se raréfi e à mesure que le climat se détériore, et ses représentations se font plus rares après l’Aride néolithique, vers la fi n duquel l’élevage des caprins prend le pas sur celui des bovins. Les bandes rouges concernent les graveurs du Sud-Ouest libyen, les bleues valent pour les peintres de la Tassili-n-Ajjer et de l’Akukas. Les doubles fl èches verticales indiquent une relation assurée entre des peintres ou graveurs d’un style particulier et certains types de monuments funéraires. Ainsi, les tombes en corbeille, qui sont bien datées, sont indubitablement en rapport avec le style du Messak, la relation des “monuments en trou de serrure” (MTS) avec le style d’Ihéren est quasi certaine, et les monuments à antennes en “V” (MAV) pourraient bien être associés aux populations caballines. Les variations culturelles sont cohérentes avec l’alternance des phases arides et humides. La courbe en pointillés bleus donne le pourcentage approximatif de paléolacs en pourcentage de leur nombre total sur la totalité de l’Holocène. Le décalage entre les périodes d’aridité maximale et l’assèchement des lacs s’explique par le temps de latence entre les deux phénomènes, puisque l’un et l’autre sont progressifs, et que le second est forcément décalé dans le temps par rapport au premier. Les principales incertitudes qui restent à résoudre portent surtout sur l’âge des gravures antérieures au style du Messak et sur celui des plus anciennes peintures en style des Têtes Rondes, c’est-à-dire de “l’Ecole des Antilopes” de J.-D. Lajoux.

Références

Documents relatifs

Même s'il n'est pas possible de distinguer de différence significative entre les deux groupes de mères à cet égard, on constate toutefois la présence d'une

À cet effet, nous nous attarderons successivement sur le couple invariant vs variante, sur la notion de pertinence définie co(n)textuellement ainsi que sur celle de saillance. Les

Les étudiants respecteront la présentation décrite dans ce document (première page. Si le sommaire ne tient pas sur la page de titre, il sera mis en un seul mor- ceau dans la

Guiraud (1963) dans son ouvrage intitulé Essais de stylistique : le texte littéraire est un objet linguistique, il est un langage de connotation, il doit faire l’objet d’une

Ce mur reposait à même le sol extérieur du premier étage (Fig. 105) et recouvrait le dallage se développant à l'avant de l'accès oriental de la chaussée-parvis du

Il fait du trou une place topologique enserrée par trois éléments, représentés par le nouage de trois cercles : le réel, irréductible au sens, il surgit, chaque fois, dans la

La défense du « non-style » peut paraître assez inattendue, voire paradoxale, de la part d‟un auteur réputé précieux (et qui va même jusqu‟à argumenter en faveur de

[r]