Pin maritime et sécheresse dans les Landes de Gascogne, croissance et circonférences

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Pin maritime et sécheresse dans les Landes de Gascogne, croissance et circonférences

Brice Lemoine, Adrien Sartolou

To cite this version:

Brice Lemoine, Adrien Sartolou. Pin maritime et sécheresse dans les Landes de Gascogne, croissance et circonférences. Comptes Rendus des Séances de l’Académie d’Agriculture de France, Académie d’agriculture de France, 1979, 65, pp.694-702. �hal-02729750�

Comptes rendus des

séances de l'Académie d'agriculture de France

Source gallica.bnf.fr / Académie d'Agriculture de France

Académie d'agriculture de France. Comptes rendus des séances de l'Académie d'agriculture de France. 1979.

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PIN MARITIME ET SÉCHERESSES DANS LES LANDES DE GASCOGNE CROISSANCES EN CIRCONFÉRENCES

par B. Lemoine (*)

avec la collaboration technique d'A. Sartolou (*) (Note présentée par M. Pourtet)

RÉSUMÉ :

Des mesures d'accroissements mensuels en circonférences ont permis d'apprécier l'importance et la durée des effets de deux sécheressesnettement caractérisées,en 1970et 1976,sur la croissancede peuplementsde Pin maii- time d'âge moyen et adulte.

Ces peuplementsréagissenttrès biendansl'ensembleaux sécheressesd'années non consécutives : après en avoir enregistréles effetsinstantanés,ils retrouvent leur croissance normale.

Cependant,ceseffetssont plus importants en dune qu'en lande; ceciconfirme que l'eau est dans cette station-là le facteur limitant.

SUMMARY:

Measures of monthlyincrementsofgirth allowedto estimatethe importance and durationoftwo droughteffects,in 1970and 1976,uponthegrowthof middle aged and adult stands.

Thesestands react verywellan the wholeagainst drougthsof not consecutive years: after they had scored the instantaneouseffects,they regain their normal growth.

Meanwhilethese effectsare more importantin dune than in heath; thisfact confirmsthat the water is in dune the limitingfactor.

Le Pin maritime couvre dans les Landes de Gascogne 947.000 hectares. L'accroissement courant de ce massif forestier a été pendant l'avant-dernière décennie de 4,8 m3/ha/an (1). Nous ajouterons que sa contribution à la production nationale est de 1/6.

La monospécificité à cette échelle accentue les problèmes liés aux équilibres biologiques, nous étudions ici l'un d'entre eux :

quel est le comportement du Pin maritime sur sol sableux lorsque survient un aléa climatique ? L'étude de ce comportement se justifie deux fois puisque la sécheresse peut avoir des effets directs ou indirects.

(*) I.N .R.A., Laboratoire de Sylvicultureet d'Écologie de la Pinède Lan- daise, Domaine de l'Hermitage, Pierroton, 33610 Cestas. ~u

(1) Inventaire Forestier National : départementsdu Lot-et-Garonne, 1966,

des Landes, 1967,et de la Gironde, 1971.

— 695 —

Les croissances mensuelles en épaisseur du Pin maritime sont suivies à l'aide de microdendromètres à ruban :

— d'une part depuis 1968 sur une parcelle du Domaine de l'Hermitage, âgée de 22 ans à cette date;

— d'autre part depuis 1973 sur un échantillon de placettes du massif landais (cf. carte de la figure n° 1) d'âges compris entre 30 et 60 ans.

Le cycle annuel de croissance en circonférence du Pin maritime ne diffère pas pour l'essentiel de celui des autres essences dans leurs zones d'implantation. Comme en témoignent les différents graphiques présentés nous constatons dans les Landes:

— une croissance généralement faible en mars;

— une accélération de cette croissance en avril et mai;

— une décélération de cette croissance, plus ou moins amortie, depuis le « pic» de mai jusqu'au « repos» intervenant en novembre.

Ces mesures portant sur presqu'une décennie, outre qu'elles ont rendu possible l'explication de certains phénomènes de

croissance et de concurrence, ont permis d'apprécier l'effet sur la croissance du Pin maritime de deux années de sécheresse nette- ment caractérisées.

1. —L'ANNÉE 1970 :

Elle se caractérise sur le plan des pluviosités (mm) par rapport aux deux années qui l'encadrent, 1969 et 1971, de la façon suivante (Domaine de l'Hermitage) :

~--~ ANNÉES

~-~~ 1969 1970 1971

Mois

Avril. 96 74 95

Mai 142 62 120

Juin. 73 37 100

Juillet. 27 23 103

6.oût. 51 62 41

Septembre 198 2/ 85

Octobre. 98 37 34

Total saison de végétation. 685 316 578

— 696 —

Il a donc plu en moyenne moitié moins pendant la saisoi de végétation 1970 que pendant les deux saisons de végétatioi qui l'encadrent, soit 1969 et 1971.

Les répercussions sur la croissance du Pin maritime son

illustrées par le graphique n° 2.

—6Ô7 —

FIa. 2. — Croissancesmensuelles en circonférence

pour une forêt de lande humide assainie (Domaine de l'Hermitage).

| On laissera de côté l'infériorité du mois d'avril 1970 par apport aux mois homologues de 1969 et 1971 : elle résulte u fait que la température moyenne, facteur limitant du démar- ge de croissance, n'était que de 9,0°C en 1970 contre respec-

vement

11,5°C en 1969 et 12,7°C en 1971.

Par contre, de mai inclus à octobre inclus, l'infériorité, au plan e la croissance, de l'année 1970 par rapport aux deux années

ni l'encadrent peut être imputée à la sécheresse.

Dernier fait à signaler concernant les effets de cette sécheresse :

croissance (au moins en circonférence) du Pin maritime est la

ême mois par mois (sauf en juillet pour une cause indécelable)

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en 1971 qu'en 1969; la parcelle étudiée, qui n'est pas située dans les conditions de sol les plus difficiles (lande humide assainie), a récupéré très rapidement ses facultés de croissance.

2. — L'ANNÉE1976 :

La comparaison est faite par rapport aux deux années qui la précèdent, 1974 et 1975.

Les pluviosités (mm) données ici pour la région sont la moyenne des cent postes météorologiques des deux départements des Landes et de la Gironde (il pleut notablement plus dans le premier que dans le second, et ceci quelle que soit l'année) :

ANNÉES M~ ~-~~

A~NNÉ~ES

1974 1975 1976

Mois os

Janvier. 59 86 33

Février. 118 30 58

Mars. 93 130 73

Avril. 69 83 52

Mai 94 91 30

Juin 29 40 14

Juillet. 23 18 66

Août. 62 58 108

Septembre. 141 116 104

Octobre. 154 47 153

Total:

Saison de végétation. 572 453 527

Janvier à octobre 842 527 691

La sécheresse a donc commencé en hiver, d'où une réper- cussion importante sur la « crue» de la nappe phréatique. Elle s'est poursuivie pendant tout le premier semestre.

Les répercussions sur la croissance du Pin maritime sont illustrées :

— par le graphique n° 3 pour notre parcelle de l'Hermitage ;

— par le graphique n° 4 pour le massif landais;

— par le graphique n° 5 pour la dune littorale et par le gra-

phique 5 bis pour la lande située immédiatement à l'Est de

la dune littorale (peuplements à l'Ouest de la ligne Bordeaux-

Tartas).

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FIG. 3. — Croissancesmensuelles en circonférence

pour une forêt de lande humide assainie (Domaine de l'Hermitage).

Ces quatre graphiques ont un caractère commun: après la perte de croissance, plus ou moins longue' ou importante enre-

gistrée jusqu'en juin 1976, le Pin maritime montre au 3e trimestre un comportement identique à celui des deux années précé-

dentes. Après avoir plus ou moins « souffert» il profite donc bien des pluviosités de l'été (en majorité des orages) et de l'automne.

Tout au moins pour ce qui concerne notre parcelle particulière de l'Hermitage (lande' humide assainie), les répercussions de la sécheresse de 1976 ont été moins importantes que celles de 1970 (cf. graphiques n° 2 et 3). La répercussion à l'échelle du massif illustré par le graphique n° 4 est décelable mais d'une part ne concerne que les mois de mai et juin et d'autre part est

relativement faible. Mais il en va tout autrement pour les forêts

de la dune littorale dont le comportement est illustré par le

graphique n° 4 que l'on peut comparer à celui des forêts situées

— 700 —

FIG. 4. — Croissancesmensuelles en circonférencepourla régionllandaise.

FIG. 5. — Croissancesmensuellesen circonférencepour les forêts de dunes.

- 701 -

PIa. S bis. — Croissancesmensuellesen circonférencepour les forêts de landes situées à l'ouest de la ligne Bordeaux-Tartas.

immédiatement à l'Est (cf. graphique n° 5 bis); le « pic » de croissance, déjà moins accusé qu'en lande en année normale, a complètement disparu en 1976; par contre là encore la crois- sance redevient normale après juin, ceci comparé aux années précédentes ; cependant une parcelle parmi les 32 mesurées, de

dune elle aussi, n'a pas poussé de toute cette année 1976.

3. — ENSEIGNEMENTS : Les conclusions sont de deux ordres :

a) au plan de la production :

Les impacts enregistrés au niveau des accroissements moyens annuels font l'objet du tableau de la page 702.

On notera l'impact relativement faible — moins de 20 de « perte » d'accroissement — de la sécheresse 1976. L'impact

de la sécheresse 1970 est nettement plus prononcé; il est vrai- semblablement plus fort au niveau régional que celui annoncé ici — environ 1/3 de « perte » d'accroissement — pour un type

de station convenablement alimentée en eau en année normale.

— 702 —

b) au plan écophysiologique :

Strictement au plan de la croissance, le Pin maritime d'âge moyen et adulte réagit très bien dans l'ensemble aux sécheresses d'années non consécutives : après en avoir enregistré les effets il « repart » comme si rien ne s'était passé.

Cependant les effets, qui semblent se limiter à des effets instantanés, sont plus importants en dune qu'en lande; ceci confirme que l'eau est dans cette station-là le facteur limitant.

On suivra de près la récupération de la forêt de Saint-Isidore qui n'a pas poussé de l'année, même pendant l'automne plu- vieux: les chutes importantes d'aiguilles sont peut-être la cause de ce comportement anormal; soulignons ici que des lots d'arbres complètement défeuillés par la chenille processionnaire mettent 3 ans à retrouver une croissance normale.

Nombre de travaux ont déjà montré, pour les Landes de Gascogne, la productivité du Pin maritime à l'échelle de la révolution et de la rotation. Cette productivité se révèle rela- tivement stable face aux aléas climatiques enregistrés pendant la dernière décennie.

(1) Cf. DECOURT et LEMOINE, 1969. — Tables de production pour le Pin

maritime dans le Sud-Ouest de la France. Rev. Forest. Franç., n° 1, 1969.

— 703 -

Présentation d'ouvrage :

COMMENT RÉALISER

VOS DESSINS SCIENTIFIQUES (*) par Yves Coineau

M. Vayssière (**). — Le professeur Y. Coineau est directeur du laboratoire de Zoogéographie de l'Université Paul Valéry de Montpellier où il enseigne l'écologie et la biogéographie. Il a jugé nécessaire de montrer au jeune chercheur, qu'il est possible

de dessiner sans être artiste. Il suffit d'apprendre certaines tech- niques simples, généralement peu coûteuses, de bien connaître le matériel existant pour les mettre en œuvre et de s'initier aux

« trucs» et aux procédés permettant d'éviter les maladresses.

La première fois que je vis l'ouvrage de Y. Coineau, il était entre les mains de mon voisin Claude Delamare Deboutteville

qui le feuilletait à une assemblée scientifique pour montrer rapi- dement les images. Mon ami me communique le livre dont, déjà, une présentation me frappe: celle de la table des matières. Ce fut une révélation. En effet au cours de ma carrière, je faisais partie de ces nombreux collègues « qui prétendent être victimes

dans ce domaine (du dessin scientifique), d'une incapacité congénitale et qui ne se croient pas perfectibles ». Et pourtant mes parents et mes frères n'ont pas eu ce défaut (pour un

naturaliste), bien au contraire.

La table des matières placée avant le texte de l'ouvrage intéresse le lecteur qui ouvre le livre et qui a les titres et sous- titres très précis, ne rebutant pas des termes, des expressions mystérieuses, sans difficultés, on trouvera le chapitre relatif à la conduite à suivre pour l'équipement indispensable: papiers, calque, bristol, encres, crayons, etc. les outils et instruments classiques: crayons, plumes, pinceaux., les principes élémen- taires de dessin avec l'usage des divers instruments.

Quant au texte d'initiation, il se répartit en six chapitres, subdivisés pour en faciliter la lecture et le rendre agréable au débutant, quel que soit son âge: choix du matériel de dessin,

(*) 238 pages, figures, Éd. Gauthier-Villars,1978.

(**) En l'absence de M. VAYSSIÈRE, cette présentation a été lue par M. le

Secrétaire perpétuel.