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HAL Id: jpa-00242317

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00242317

Submitted on 1 Jan 1908

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Ionisation par le phosphore et phosphorescence

Léon Bloch, Eugène Bloch

To cite this version:

Léon Bloch, Eugène Bloch. Ionisation par le phosphore et phosphorescence. Radium (Paris), 1908, 5

(12), pp.353-355. �10.1051/radium:01908005012035300�. �jpa-00242317�

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MÉMOIRES ORIGINAUX

Ionisation par le phosphore et phosphorescence

Par Léon et Eugène BLOCH

[Faculté des Sciences de Paris et École Normale Supérieure.]

Tome cinquième. 5e Année. - N° 12. Décembre 1908.

Les phénomènes lumineux que présente lc phos- phore et qui lui ont fait donner son nom sont restés

mystérieux jusqu’au jour différents chimistes, en particulier Fourcroy et Vauquelin 1, montrèrent que la phosphorescence est inséparable de l’oxydation.

Dans l’azote, dans l’hydrogène purs, il n’y a pas de

phosphorescence, bien qu’il y ait vaporisation du phos- phore. L’énergie mise en jeu dans la phosphorescence

cst donc d’origine chimique; elle est d’ailleurs corré- lative d’une faible élévation de température.

D’autres faits, signalés principalement par Jouberf,

ont montré depuis longtemps que cette explication de

la phosphorescence avait hesoin d’être précisée. Si en

effet la phosphorescence est duc à la combustion du

phosphore, elle doit être plus vive dans l’oxygène quc dans l’air. Or dans l’oxygène pur, le phosphore cesse

d’ètre phosphorescent. La phosphorescence ne com-

mence à paraitre que lorsque la pression partielle de l’oxygène tombe au-dessous d’une certaine limite,

variable avec la tcmpératlre; et la pression à laquelle

la phosphorcscence atteint son maximum d’éclat est très inférieure à la pression atmosphérique. Ainsi

l’excès d’oxygène, comme le défaut d’oxygène, s’oppose

à la phosphorescence ; et la réaction chimique corré-

lative de cette phosphorescence ne s’opère qu’entre

des limites de pression assez étruitemcnt définies.

L’oxydation du phosphore avec phosphorescence est accompagnée de plusieurs autres phénomènes remar- quables. En premier lieu cette oxydation produit,

comme on sait, une quantité notable d’ozone ; en second

lieu le gaz qui a passé sur le phosphore est devenu

fortement conducteur de l’électricité. Afin de pourvoir

établir des rapports entre des ordres de faits aussi

différents, il était nécessaire de faire d’abord unc

étude approfondie de la conductibilité électrique pro- duite par le phosphore. Cette conductibilité, attribué

par certains à des particules venant se charger au con-

tact d’une électrode pour se décharger sur l’électrode 1. FOURCROY et VAUQUELIN. Ann. Ch., 31-1791-189.

2. J. JOUBERT. Sur la phosphorescence du phosphore. Ann., École Normale Sup., .1874-209.

opposée, a été démontrée par l’un de nous être le résultat d’une véritable ionisation 1. Elle est due à des gros ions des deux signes, c’est-à-dire à des ions dont la très faible mobilité (au maximum 1/100e de niilli- mètre), les distingue nettement des petits ions pro- duits par les rayons de Bontgen ou le radium (mobi-

lités de l’ordre de 1 cm. a la seconde). Les mesures de

Ilarlns’ ont confirné ces résultats.

Si la production de gros ions n’avait été constatée que dans le cas du phosphore, on aurait eu affaire à

une par ticularité inexplicable venant s’ajouter à la propriété de phosphorescence. Mais l’un de nous a

montrée que la formation de gros ions est un cas beau- coup plus général qu’on ne le pensait tout d’abord.

Les gaz récemment préparés par voie chinlique con-

tiennent presque tous des centres chargés de faible

mobilité. Il en est de même des gaz dégagés pendant l’électrolyse (Townsend). EnOn - et c’est là un fait

sur lequel nous retiendrons

-

les gaz de la flamme renferment eux aussi des gros ions 4. Il est important

de rapprocher dcs maintenant ce cas de celui du phos- phore : dans les deux cas la mobilité des ions n’atteint

sa valeur finale, excessivement faible, que si l’on sc

place à grande distance de la source d’ionisation, c’est-à-dire si on laisse aux agglomérations qui consti-

tuent les ions le temps de se formcr complètement.

Lorsqu’on se rapproche de la flamme, les gaz qui en

émanent renferment des ions de mobilités relativement

grandes, et de mêmes, tout près du phosphore, les

ions recueillis sont plus petits qu’à grande distance (les

mobilités maxima obtenues par Iiarms sont de Omm1 j).

L’ensemblc des expériences sur l’ionisation par le

phosphore ramène donc ce phénomène 3 un cas normal, celui de l’ionisation par voie chimique, et le rapproche tout particulièrement d’un certain ordre de réactions chimiques, celles qui ont pour siège les

flammes. Les expériences nouvelles qui vont ètre

1. E. BLOCtt. Sur la conductibilité de l’air produite par le

phosphore. Ann. Ch. Ph., janvier 1905.

2. HARMS. Phys. Zeitschr., 1905.

3. E. BLOCH. Loc. cit.

4. E. BLOCH. Le Radiiiiii, 2-1905-215.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/radium:01908005012035300

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décrites nous paraissant non seulement devoir rendre

Plus étroit encore ce rapprochement, mais expliquer

le lien qui, comme nous l’avons vu, existe entre l’io-

nisation, la phosphorescence et la production d’ozone.

Lorsqu’on fait passer sur des fragments de phos- phore un courant d’air de faible Vitesse (quelques

ce. à la seconde), l’éclat de la phosphorescence n’est

pas sensiblement modifié. filais si on augmente pro-

gressivement la vitesse du courant gazeux, on con- state une modification notable de la phosphorescence

du phosphore. Cette phosphorescence, d’abord li- mitée au phosphore, s’allonge dans le sens du courant

gazeux, et, pour une vitesse convcnable, elle finil par

se séparer dn phosphore, laissant entre elle et lui un

intervalle parfaitement obscur. Généralement le phos- phore lui-même garde alors une phosphorescence

faible, qu’on peut fairc disparaître u son tour, en augmentant encore le débit. On n’observe plus alors

dans le tube qu’une colonne phoshhorescente isolée, qui se déplace, sans grande diminution d’éclat, en

suivant les variations du débit. Avec un tube suffi- sammcnt long, il est possible de régler le débit de

façon u maintenir la phosphorescence à une distance

de plusieurs mètres du phosphore. Il est aussi pos- sible de l’amener à l’orifice de sortie du tube, où elle

se manifeste par la production d’un jet luniinescent dans l’atmosphère. En forçant encore le débit, ce jet

même devient invisible, le tube restant obscur sur

toute sa longueur.

Il état intéressant de rechercher si, parallèlement

u ce déplacement de la région de phosphorescence,

on peut saisir un déplacement : 1° de la région se produit l’ionisation; de la région se produit

l’ozone.

Un petit condensateur cylindrique, muni d’un tube de garde, long de 10 centimètres, et d’un diamètre égal a 9"’"B5, peut s’intercaler en différents points du

tuhc de verre au moyen de joints de caoutchouc. Ce condensateur est relié à l’électromètre, et chargé à

un potentiel de 95 volts. Les mesures peuvent se faire

de deux manières : ou bien on laisse le condensateur dans une position invariable, et on fait varier le débit de façon à déplacer la phosphorescence 1. Ou bien on règle le débit une fois pour toutes, de façon que la

phosphorescence soit dans la partie moyenne du tube,

et on raccorde le condensateur soit avant, soit après

la phosphorescence. Dans tous les cas, on constate à

l’électromètre des charges considérables des deux

signes cluand le condensateur est placé dans la phos- phorescence ou au delà. Quand il est en dcçâ de la phosphorescence, l’électromètre reste rigoureusement

au zéro. Une expériences particulièrement frappante

1. Il sufiil de variations relativ es faibles (inférieures au ciu- quième) pour faire franchir à la phosphorescence la longueur to-

talc de notre tube (6m,40 environ).

2. Il est Ic plus souvent nécessaire de shunter l’électrométrc par unc forte capacité.

consiste à chasser la phosphorescence au delà du con-

densateur et, a isolcr l’électromètre, qui reste, ainsi qu’on vicnt de le dire, rigoureusement immobile. Si alors on arrête brusquement le courant gazeux, la

phosphorescence revient rapidement au phosphore, et

en passant a travers le condensateur elle lui donne

unc charge notable correspondant u unc impulsion

violente de l’électromètre.

Pour déceler l’ozone, nous avons employé le papier

amidonné à l’iodure de potassium, préparc fraîche-

ment. Le genre d’expériences dont il s’agit ne eOlll- porte évidemmcnt pas l’emploi de flacons lavcurs ou

harhoteurs. lVlais la production d’ozone a toujours été

suffisante pour impressionner ncttement le papier, après un tenips qui n’a jamais dépasse une vingtaine

de minutes, très souvent en moins d’une minutc. Ici

encore, deux fragments de papier identiques, hlocés

l’un après la phosphorescence, l’autre dans la zone

ohscure qui précède la phosphorescence, se sont tou- jours comportés différemment : le premier bleuit,

tandis que l’autre demeure rigoureusement blanc.

Nous concluons de la que :

1° La phosphorescence, l’ionisation et l’ozone se

produisent dans la même région;

2° Cette région peut être séparée du phosphore par

un courant gazeux suffisamment rapide.

Ces faits indiquent que la phosphorescence, l’ioni-

sation et l’ozone ne se produisent pas par l’oxydation

directe du phosphore solide, mais par l’oxydation

d’une substance émanée du phosphore et entraînée par le courant gazeux. On peut songer soit à la vapeur de

phosphore, soit à l’anhydride phosphoreux.

Il existe de nombreux motifs qui militent en fa-

veur de la seconde explication. La vapeur de phos- phore semble incapable de produire les phénomènes

dont il s’agit, tandis que les propriétés connues de l’anhydride phosphoreux s’accordent très bien avec tout ce que l’expérience nous apprend.

llappelons d’abord, en ce qui concerne la pliosplio-

rescence, les résultats si intéressants de Jungfleisch 1..

Ce savant a montré que si l’on fait passer sur le phos- phore un gaz inerte (gaz carbonique, azote), la phos- phorescence disparait presque entièrcment. Pourtant les vapeurs de phosphore sont formées et entrainées

normalement. Jungfleisch a montré qu’on peut les

recueillir en quantité sensiblement égale à ce que

permet de prévoir le calcul basé sur la connaissance des tensions de vapeur du phosphore. A la sortie de l’appareil, les vapeurs de phosphore ne produisent

au contact de l’air qu’une phosphorescence à peine perceptible, ne dépassant pas 1 millimétre, et visible

seulement quand l’oeil est bien reposé. Nous avions

constaté de notre côté que l’oxygène agit à cet égard

comme un gaz inerte. Avec lcs débits d’oxygène em-

1. V. E. JUNGFLEISCH. C. R., 1U05-445.

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ployés car nous, aucune pitosphoresccncc n’était j’1-

sible à la sortie du gaz dans l’atmosphère. Jungfleisch

conclut de l’ensemble de ses expériences que la phos- phorescence est due nou a l’oxydation du phosphore,

mais â celle de l’anhydride phosphoreux.

R. Schencli, F. Mihr et Bauthien 1 ont montré,

d’autre part, que l’anhydride phosphoreux décharge

les électroscopes. Si l’on envoie dans un cylindre re-

lié à un electroscope un courant d’air ayant passé sur l’anhydride phosphoreux, il y a décharge extrêmemellt

rapide. Cette décharge est dinlinuce et pratiquement supprimée quand on remplace l’air par un gaz inca-

pable d’oxyder l’anhydride phosphoreux. L’action est incolnparalllenlent plus intense avec l’anhydride phos- phoreux qu’avec le phosphore.

Enfin. l’ozone ne se forme pas en quantité appré-

ciable par la combustion de la seule vapeur de phos- phore. C’est ce que nous avons vérifié directement en

entraînant cette vapeur par un courant d’oxygène, jouant le rcile de gaz inerte. Un papier ozonoscopi-

que, placé à la sortie du tube, où la vapeur de

phosphore doit brûler dans l’atmosphère, ne donne

aucun bleuissement au bout de 20 minutes. Dans les mêmes conditions de débit, il bleuit très rapidement

si on remplace l’oxygène par l’air.

A tous ces arguments, nous pouvons ajouter le fait expérimental suivant. Si le débit est réglé de telle façon quc le tube reste obscur sur toute sa longueur,

et si brusquement on coupe le courant gazeux, on

constate l’apparition, en diffchents points du tube,

de belles phosphorcscentes isolées. Ces bulles se met- tent lentement en marche dans des sens opposés. Elles disparaissent quand elles se rencontrent, plus rare-

mcnt elles s’éteignent spontanément. Souvent il faut

attendre plusieurs secondes, après qu’on a arrêté le

courant gazeux, pour voir apparaître spontanément

les premières bulles. Celles-ci se fornlent fréquem-

ment aux mémes points; il y en a toujours une qui prend naissance au voisinage immédiat du phosphore,

d’autres naissent aux joints ou à l’extrémité ouverte du tube. Tout le phénomène, depuis l’apparition jus- qu’à la disparition des bulles, peut durer une ou deux

minutes. Il s’explique très bien si l’on admet que le

tube, denleuré obscur, est 1-empli d’anhydride phos- phoreux non encore oxydé. Ce corps est spontanément intlammable, et le mouvement des bulles phospho-

rescentes ne serait que la propagation d’explosions

. R. ScuLVCk, MUIR et BAUTHIEN Chem. Ber., 1907.

multiples durant jusqu’à ce que tout l’anhydridc plios- phoreux soit complètement oxyde*.

De tout ce qui précède, nous tirons la conclusion suivante : La phosphorescence, l’ionisation et l’ozone

ne se produisent pas par l’oxydation dit phosphore,

1nais pai- celle de l’anhydride phosphoreux. M. Jung-

fleisch 2 a montré que ce corps se forme directement

aux dépens du phosphore, et la zone obscure qui pré-

cède la phosphorescence est celle ou l’anhydride phos- phoreux n’est pas encore transforme en anhydride lOosphorique.

Cette explication a l’avantage de rendre compte du

fait signalé au début de cet article, la nécessité d’o-

pérer dans l’oxygène dilué si l’on veut produire la phosphorescence. C’est en effet dans l’oxygène dilué

que se produit le premier degré d’oxydation du phos- phore, l’anhydride phosphoreux. De plus, elle permet de prévoir la grande analogie signalée ci-dessus entre

les ions du phosphore et les ions de la flamme. La réaction chimique, qui donne naissance aux ions du phosphore est une combustion vive, il est naturel que les ions formés soient les mémes que pour les autres combustions. C’est ce que l’expérience confirme com- plètement. Déjà, comme l’a signalé Harms, et comme

nous avons pu le vérifier, lcs mohilités augmentent beaucoup, quand on se rapproche du phosphore, et passent de Omm, 005 à 0mm, 15. Mais il est possible

d’obtenir des mobilités vingt fois plus grandes encore

en plaçant aussitôt après le phosphore un tampon de

coton qui retient les fumées formées sur le phosphore.

On trouve alors immédiatement après lc tampon, des mobilités atteignant 2 ou 5 millimètres par sec. Ces mobilités diminuent avec la distance, tout en res-

tant bien supérieures à ce qu’on aurait en l’absence

de tampon. C’est là une confirmation nouvelles de la conclusion énoncée plus haut : les ions du phosphore

sont produits par la combustion de l’anhydride phos- phoreux, et rapidement alourdis par la présence de particules liquides ou solides. Il n’y a donc pas lieu de les distinguer de ceux que produit n’importe quelle flamme, sinon en ce que la flamme prend ici l’aspect

bien connu de la phosphorescence.

[Reçu le 28 novembre 1908.]

1. 011 explique même de la sorte pourduoi l’expérience ne

réussit pas très régulièrement. L’anhydride phosphoreux ne

s’cnflammc à l’air, d’après Scharli, que sous certaines condi- tions de pression, et il faut que le débit gazeux soit propor- tionné à la concentration de l’anhydride phosphoreux pour que les bulles prennent facilement naissance.

2. E. JUNGFLEISCH. C. Il , 1907.

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