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LE COMPTE N’Y EST TOUJOURS PAS

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Academic year: 2021

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POUR RÉSISTER À L’ENTREPRISE DE CASSE

ÉDITO

L’HEBDOMADAIRE DU SYNDICAT NATIONAL DES ENSEIGNEMENTS DE SECOND DEGRÉ

SALAIRES 3

LE COMPTE N’Y EST TOUJOURS PAS

JEUNESSE 4-5

CPE ET AUTRES MAUVAIS COUPS

RENTRÉE 2006 6-7

ÉCOLE SINISTRÉE : LILLE, SEINE-SAINT-DENIS ASSISES ZEP LE 8 MARS

MÉTIER 8-9

VIOLENCES : QUELLES RÉPONSES ?

REMPLACEMENTS 10-11

NE PAS BAISSER LA GARDE

SOMMAIRE

632 11 FÉVRIER 2006

T ous les médias l’ont souligné : si la grève du 2 février a été diverse- ment suivie dans la fonction publique, la mobilisation de l’Éducation natio- nale a été forte (41 % de grévistes, 45 % en collège et 32 % en lycée). Partout les cortèges étaient marqués par la pré- sence des personnels de l’Éducation et tout particulièrement de la FSU.

Tout autant que le ministre de la Fonc- tion publique, c’est donc le ministre de l’Éducation qui était sur la sellette. Au fil des interviews de manifestants diffu- sées par les radios, on retrouvait toutes les préoccupations du moment : postes supprimés par milliers, disparition pro- grammée des ZEP, réduction à la por- tion congrue des postes mis au concours, etc.

Cette mobilisation du 2 février, après celles du 4 octobre et du 24 novembre, s’ajoute à la multiplication des conflits locaux (préparation de la rentrée, réac- tions à des faits de violence, etc.), ainsi qu’à des initiatives plus larges de grèves et d’occupations nocturnes comme dans l’académie de Lille le

20 janvier ou en Seine-Saint-Denis, le 26.

Dans cette situation, le ministre a opéré quelques corrections de tra- jectoires. Il cherche manifestement, sur les remplacements de courte durée, à éviter les affrontements trop directs que promettait la mise en œuvre du décret à partir du 1

er

janvier. Pour les ZEP, il reporte sur 2007 le choix périlleux des collèges qui sortiront de la carte et tente de rassurer, sans complètement convaincre, sur la pérennité de leurs moyens à la rentrée 2006. Certaines de ses déclarations dénotent même une certaine fébrilité : « l’avis de décès des ZEP est caduc » a-t-il curieusement affirmé à plusieurs reprises...

Cependant, G. de Robien maintient l’essentiel de ses projets et même en rajoute presque tous les jours. Avec toujours les mêmes caractéristiques : la recherche coûte que coûte de l’appro- bation de l’opinion, la réduction et la rentabilisation maximum des moyens, l’abandon sous couvert de l’« égalité

CPE, ON CONTINUE !

TOUS À PARIS POUR L’ÉCOLE ?

Suite page 2

BOLKESTEIN ZEP

y

©Daniel Maunoury

Strasbourg, 14 février

La mobilisation contre la directive Bolkestein sur les services se poursuit.

Après la manifestation du 11 février, le SNES et la FSU, avec les organisations syndicales européennes, seront présents au

rassemblement devant le Parlement européen à Strasbourg le 14 février.

Assises nationales, 8 mars

Le SNES organise avec les syndicats de la FSU le 8 mars à Paris, les Assises nationales de l’Éducation prioritaire, le matin : échanges-débats-témoignages, l’après-midi : rassemblement en direction du ministère pour y porter les revendications.

Chaque établissement ZEP est invité à y envoyer un ou deux délégués.

Modalités pratiques, inscriptions : envoyer un courriel à college@snes.edu ou 01 40 65 28 54 ;

A vec le contrat nouvelle embauche, Dominique de Villepin crée un contrat précaire pour les moins de 26 ans, soi-disant pour juguler le chômage des jeunes, de fait pour démanteler le Code du travail, subordonner le salarié à l’employeur, bridant ainsi toute revendication et le respect des droits, créant un lien de dépendance sans possibilité d’insertion durable dans l’emploi.

Le caractère foncièrement injuste des mesures comme le CNE pour les plus de 26 ans, le CPE pour les jeunes, ne trouve même pas de justification par l’efficacité. Les études d’économistes montrent le faible impact sur l’emploi durable, la rotation prévisible des contrats.

Parallèlement à cette précarisation de l’emploi dans le secteur privé, le CDI a été instauré dans la fonction publique au détriment du statut ; la même logique pilote les mesures prises pour les salariés du public et du privé. Cette politique n’a pas pour objectif l’intérêt des jeunes ; elle prétend donner un traitement à court terme du chômage, fondé sur les atteintes lourdes au droit du travail en sabordant par ailleurs la formation et les qualifications.

Après avoir répondu à l’embrasement des banlieues par des propositions centrées sur la répression, le gouvernement consacre la ségrégation sociale et l’expulsion des jeunes du système scolaire et les livre sans garantie ni avenir au mar- ché du travail. La participation importante des lycéens et étudiants aux cortèges organisés partout le 7 février contre le CPE, l’évolution de l’opinion publique montre que la communication intensive du Premier ministre n’a leurré per- sonne. Nous avons là toutes les raisons de poursuivre les mobilisations. Prochain rendez-vous de la jeunesse les 14 et 16 février et nouvelle journée nationale de mobilisation dans l’unité des salariés et des jeunes le mardi 7 mars.

Frédérique Rolet, cosecrétaire générale

(2)

BREF

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ACTUALITÉ

des chances » de la lutte contre les inégalités sociales et de l’objectif de la réussite de tous.

Le projet du gouvernement, qui à bien des égards tend à faire revenir l’École 50 ans en arrière, suscite aujour- d’hui un rejet général de la part des personnels et de tous les acteurs de l’École. C’est ce qui s’est exprimé lors d’une réunion le 1

er

février à laquelle la FSU avait convié les fédé- rations de l’Éducation, les syndicats lycéens et étudiants, les parents d’élèves et les associations. Au-delà des nuances et parfois des divergences, au-delà des interrogations sur l’ef- ficacité de l’action, la volonté d’arrêter le gouvernement dans son entreprise est unanime. Une idée est lancée : celle d’une grande manifestation nationale pour l’École avant les vacances de Pâques. Décision le 13 février.

Bernard Boisseau, bernard.boisseau@snes.edu Suite de la page 1

23 février 2005-23 février 2006 : un an après, le combat

pour l’histoire continue

Depuis un an, le SNES se bat aux côtés d’un certain nombre d’associations et de collectifs d’historiens contre l’article 4 de la loi du 23 février 2005 imposant une lecture positive de la colonisation. Le président de la République a dû demander, de fait, l’abrogation des alinéas incriminés de cet article. On ne peut que s’en réjouir. Mais on ne saurait s’en tenir là : le risque est grand que, dans d’autres circonstances, sur d’autres sujets « chauds », l’histoire soit dévoyée à des fins politiciennes et partisanes par des groupes qui voudront imposer leur mémoire comme lecture officielle de l’histoire. C’est pourquoi le 23 février 2006 sera une nouvelle journée d’actions diverses et complémentaires : il s’agit de poursuivre la dynamique de réflexion enclenchée depuis un an autour des usages de l’histoire. Des actions diverses auront lieu dans les DOM-TOM à l’initiative de collectifs d’historiens, d’associations, de syndicats – dont le SNES. À Paris une journée de réflexion aura pour thème : « Un an après la loi du 23 février 2005 : légiférer sur le passé ? » à l’initiative du Collectif des historiens contre la loi du 23 février 2005, de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Ligue de l’Enseignement et du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire (Université de Jussieu, amphi 24, 9 h 30-17 heures).

En présence d’historiens et de représentants des associations, le SNES tiendra une conférence de presse au Sénat, entre 10 h 30 et 12 h 30 : il s’agira de présenter l’état de la réflexion et surtout les suites de l’action. Nous invitons les enseignants à participer massivement à toutes ces manifestations.

Les discriminations raciales n’épargnent pas les jeunes apprentis des CFA

Une enquête pour le compte de l’assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), montre que l’apprentissage est loin d’être épargné par les discriminations raciales.

Les auteurs ont conduit une série d’entretiens avec 70 apprentis issus de l’immigration préparant des diplômes allant du CAP au master dans des filières telles que la qualité, l’environnement, la gestion-comptabilité, la bureautique, l’informatique, la sécurité des personnes, la restauration et le BTP. Ces entretiens ont été complétés par des échanges avec plusieurs CFA et les employeurs des apprentis.

Que disent ces jeunes ? Ils ont « le ressenti profond d’une discrimination » et sont « convaincus qu’ils doivent être meilleurs que les Français de souche pour avoir une chance de franchir le cap de la sélection en CFA ou en entreprise ». Certains reprochent aux CFA « leur manque de soutien face aux difficultés pour trouver une entreprise ».

L’analyse relève, effectivement, la participation, consciente ou non, des CFA aux phénomènes de discrimination : « dans un souci de concrétiser un contrat d’apprentissage en présupposant la difficulté de placer un jeune au patronyme étranger ou pour protéger ce dernier de

comportements racistes, les candidatures des jeunes issus de l’immigration sont moins diffusées auprès des entreprises ». Et Olivier Noël, chercheur à l’ISCRA, d’ajouter : « ces jeunes rencontrés lors de notre enquête étaient d’un niveau bien supérieur aux autres, car sursélectionnés par les CFA.

Certains formateurs sont « en souffrance » selon le rapport et encouragent, par exemple, les élèves à postuler dans des entreprises tenues par des patrons de la même nationalité ou envoient leur dossier avant les autres...

Côté entreprise, la première réaction est de dire qu’il n’y a aucune discrimination mais

« une clientèle regardante et fermée »,

« un problème de présentation »...

Bref, ce rapport alarmant montre que la loi pour l’égalité des chances qui prône l’apprentissage à 14 ans et exclut certains jeunes du droit à l’éducation n’est qu’un leurre et une injustice criante, incapable de résoudre les problèmes posés à notre société.

POUR RÉSISTER À L’ENTREPRISE DE CASSE

TOUS À PARIS POUR L’ÉCOLE ?

©Daniel Maunoury DR

(3)

L

e ministre aura donc trouvé trois organisa- tions, représentant environ un tiers des agents, pour signer un accord avant même la grève du 2 février. UNSA, CFDT et CFTC font observer qu’elles n’ont pas signé le volet salarial. Elles ont cependant permis au ministre de sortir de ces dis- cussions à son avantage, programmant pour 2006 une nouvelle perte du pouvoir d’achat et divisant le front syndical.

Le volet statutaire(1)de l’accord s’inscrit dans une politique de réduction du budget de l’État, lequel ne devrait plus évoluer en valeur, donc régresser du fait de l’inflation. Dès lors, les mesures, actées pour 3 ans, seraient financées par la diminution du nombre des emplois, selon les principes du non-remplacement d’un départ en retraite sur deux et de la redistribution de 50 % des écono- mies salariales « sous forme d’intéressement par l’amélioration des carrières ou des primes de résultat »(2).

Une politique systématique de fusion de corps est engagée, version actuelle de la réforme statutaire.

Un premier ensemble de mesures est dicté par la nécessité de relever le traitement minimum en juillet pour le porter au niveau du SMIC, lequel devrait alors progresser de 3 %. L’indice de début de la catégorie C sera ainsi porté de 276 à 280, celui de la catégorie B de 290 à 296. Les premiers échelons sont donc retouchés en conséquence,

mais seul le haut de la grille de catégorie C est relevé par la création d’un échelon supplémen- taire (de 14 jusqu’à 22 points d’indice selon les échelles).

En catégorie A, aucune mesure indiciaire n’est prévue, à l’exception du point attribué à tous en novembre. Un certifié, CPE ou CO-Psy débutant sera donc rémunéré moins de 25 % au-dessus du SMIC, quand il l’était deux fois plus il y a 25 ans.

Une indemnité annuelle de 700 euros sera versée aux agents de la grille « A type »(3), bloqués à l’in- dice terminal (actuellement 782) depuis au moins cinq ans.

Refusant d’accompagner les agents de la fonction publique dans leurs démarches de VAE(4), le ministre entend utiliser le concept à des dispo- sitions internes : dispense de certaines épreuves des concours, limitation de la place des concours

L

e gouvernement est prêt à tout utiliser pour réduire les moyens dans le second degré. Après les suppressions massives de postes ces dernières années et pour la prochaine rentrée, après l’im- position de tâches supplémentaires pour les ensei- gnants (remplacements par exemple), ce sont les horaires d’enseignements en lycée (1), le baccalau- réat (2)et les décharges de services des enseignants qui sont menacées.

C’est à travers des audits qui viennent d’être demandés par le gouvernement que l’attaque se prépare. Concernant les services des enseignants, sont ainsi visées les différentes décharges statu- taires dont bénéficient les enseignants du second degré (1rechaire, heures de laboratoire, pondéra- tions en BTS, etc.) et les décharges accordées par les recteurs, par exemple pour la gestion des équi- pements informatiques. Il y a moins d’un an la Cour des comptes avait déjà préparé le terrain affichant que 7 800 emplois pourraient être « éco-

nomisés » par la disparition des décharges des enseignants du second degré. Le rapport annexé à la loi d’orientation, rapport annulé par le Conseil constitutionnel, les remettait déjà en cause.

Pour le SNES, la contestation, même partielle, de ces droits est totalement inacceptable. Alors que les enseignants du second degré n’ont bénéficié d’au- cune diminution de leur temps de travail depuis 60 ans, que notre pouvoir d’achat est sans cesse en diminution, que les conditions d’exercice de notre métier sont de plus en plus difficiles, ce que le gouvernement semble envisager est une véritable agression.

Le gouvernement serait bien inspiré de se méfier de la réaction des personnels face à un tel projet auquel le SNES s’opposera résolument.

Daniel Robin, daniel.robin@snes.edu

1. Voir article page 8.

2. Voir article page 8.

internes, prise en compte pour les changements de corps. Des discussions, avec les seuls signa- taires vont s’ouvrir pour la transposition du DIF(5). Verra-t-on contester le droit à la formation sur le temps de travail ?

Enfin, les mesures consacrées aux non-titulaires sont particulièrement vides. Seule la promesse de rendez-vous tous les trois ans sur l’évolution de leur rémunération a été ajoutée aux proposi- tions initiales qui écartent toute perspective d’un plan de titularisation, ou même de définition de règles de référence pour la gestion des contrac- tuels.

On le voit, de telles mesures ne sont en aucun cas de nature à résoudre le conflit qui oppose les fonctionnaires à leur ministre. Christian Jacob prétendait que l’absence d’accord était préjudi- ciable aux agents. Il vient de prouver qu’un accord pouvait leur être défavorable.

Anne Féray anne.feray@snes.edu

(1) La prochaine US Mag traitera du volet social.

(2) Villepin, conférence de presse du 27 octobre 2005 (3) Celle des certifiés, CPE et DCIO.

(4) Validation des acquis de l’expérience.

(5) Droit individuel à la formation : 20 heures annuelles, cumulables sur six ans.

SALAIRES-EMPLOI

LES MESURES SALARIALES

+ 0,5 % au 1erjuillet 2006, + 0,5 % au 1erfévrier 2006.

+ 1 point d’indice au 1ernovembre 2006, ce qui représente 4,49 €en brut et 3,74€en net.

Inflation prévisionnelle inscrite en loi de finances pour 2006 : 1,8 %.

D

iffusion du journal unitaire aux concours internes, occupation de l’IUFM de Bagnolet le 25 janvier avec le CDNT qui maintient le cam- pement devant le rectorat de Créteil depuis 110 jours, actions spécifiques le 2 février à Nice et Nantes où les tentes ont été à nouveau exposées et à Montpellier, avec des actions dans les établis- sements, présence dans les manifestations, les col- lègues non-titulaires sont toujours dans l’action avec l’objectif d’une nouvelle journée d’action nationale courant mars. Il est important que le plus grand nombre de personnes signent la péti- tion qui est la base d’une intersyndicale large. Un courriel sera envoyé prochainement par l’inter-

médiaire des sections académiques. Nous nous fixons le chiffre minimum de 5 000 signatures.

nontitulaires@snes.edu

NON-TITULAIRES : L’ACTION CONTINUE

SIGNONS ET FAISONS SIGNER LA PÉTITION UNITAIRE !

Le site de réflexion et d’action des collectifs non-titulaires du SNES : http://nontitulaires.

phpnet.org/

©DR

©Daniel Maunoury

SALAIRES : UN MARCHÉ DE DUPES

EMPLOI : NOUVELLES ÉCONOMIES

DANS LE SECOND DEGRÉ

MGIEN : PERSONNELS NOMBREUX DANS L’ACTION LES 25 ET 26 JANVIER !

Dans nombre d’académies, à l’initiative des S3 (entre autres, Bordeaux, Créteil, Grenoble, Nice, Rennes, Strasbourg), souvent dans le cadre de l’intersyndicale SNES, SNUEP, SGEN, les personnels permanents de la MGI et leurs collègues de la formation initiale ont massivement été dans l’action les 25 et 26/01 pour manifester leur colère à l’égard du sort que la politique gouvernementale réserve depuis 3 ans à cette mission du service public : de nombreux personnels permanents en grève le 26/01, comme à Rennes (100 %), à Strasbourg (85 %), rassemblés en AG ou devant les rectorats ont porté en délégation auprès des recteurs leurs revendications et pétitions (voir le texte de base en ligne sur le site du SNES).

La mise en place d’un groupe de travail paritaire académique sur la MGI a été obtenue dans plusieurs académies, principe qu’un prochain CTPA pourrait confirmer. Cette action a aussi permis de sortir la MGIEN de sa clandestinité : des conférences de presse ont été organisées (Nice, Rennes...), des articles ont été publiés dans la presse régionale (Ouest-France, La Marseillaise...).

Cette étape dans la construction d’un rapport de force plus global est indispensable pour arriver à sauver la MGI de l’Éducation nationale et ses personnels, une mission dont les jeunes décrocheurs des territoires socialement défavorisés ont impérativement besoin : à suivre... et à amplifier, car les collègues en ont « ras le bol » d’une gestion sans principe des exclus et des précaires, qui méprise également les jeunes « décrocheurs » et les personnels qui les encadrent.

PS : ne pas oublier de faire remonter la pétition par fax : 01 40 63 29 76

Lucien Truffy

MENACES SUR

LA FONCTION PUBLIQUE

www.snes.edu

(4)

au « nom des réformes structurelles » des mar- chés du travail.

Villepin se gausse du succès statistique du CNE : mais s’il proposait un contrat avec un salaire à 50 % au-dessous du SMIC, nul doute que le

« succès » des CNE et CPE serait vite dépassé ! Cette guerre contre les droits est menée au nom de l’emploi. Et pourtant l’hypothèse que ce sont les droits des salariés, notamment de ceux qui en ont le moins, qui sont facteurs de chô- mage, a montré sa vacuité et son coût exorbi- tant pour les finances publiques.

Il faudrait réformer le droit du travail, non par un aveuglement idéologique, aiguisé par la concur- rence au sommet de l’État, mais pour assurer de nouveaux droits correspondant aux évolutions économiques et technologiques, pour sécuriser les salariés et leur permettre de se projeter dans l’avenir.

Au lieu de cela, une politique sans efficacité économique et qui défait tranquillement la société sans avoir d’autre idée pour continuer à vivre ensemble que d’agiter le bâton sécuri- taire.

Daniel Rallet

P

lus de 400000 personnes dont une bonne moi- tié de lycéens et étudiants ont participé aux 157 manifestations organisées sur tout le territoire pour le retrait du CPE : 45 000 à Paris, 30 000 à Marseille, de 15 000 à 18 000 à Nantes, Toulouse, Grenoble, Bordeaux, de 10 000 à 12 000 à Rennes, Brest, Clermont, Lyon, Montpellier, Saint-Etienne,Toulon, de 5 000 à 10 000 à Nice, Tarbes, Limoges, Saint- Brieuc, Lille, Caen, Le Mans, Rouen, Quimper, Avi- gnon,Roanne,Angers,Albi,Saint-Nazaire,Nîmes,etc.

De tels résultats sont d’autant plus appréciables que d’importants obstacles ont dû être surmontés : calendrier de mobilisation très raccourci par la précipitation du gouvernement, période de vacances scolaires et d’examens pour les étudiants.

Ces résultats sont un puissant encouragement à donner des suites à cette action, même si le gou- vernement entend poursuivre sa route et recourt au 49,3 dans le débat parlementaire. D’autant plus qu’une enquête BVA/BFM/Les Échos met en évi- dence un véritable basculement de l’opinion vers le rejet du CPE. Celle-ci juge désormais à 60 % contre 35 % (65 % chez les jeunes) que le CPE va accroître la précarité et à 67 % que la mobilisation du 7 février était justifiée. L’expérience montre

BREF

DROIT DU TRAVAIL

Après le CNE lancé en août dernier, et réservé aux très petites entreprises, après le CDD « seniors », le Contrat première embauche est une nouvelle mesure décidée par le gouvernement pour, dit- il, « faire baisser le taux de chômage des jeunes ».

Destiné aux demandeurs d’emploi de moins de 26 ans, et aux entreprises de plus de 20 sala- riés, il institue une période d’essai de deux ans, dite de « consolidation », pendant laquelle l’em- ployeur pourra licencier le jeune sans aucune justification à apporter, avec seulement quinze jours de préavis. Les jeunes ainsi recrutés vont donc pendant cette période être à la merci du patron, taillables et corvéables à merci, dans la crainte de perdre leur emploi.

De plus, les entreprises pourront bénéficier d’une exonération totale de charges patronales pendant trois ans pour tous les contrats à durée

« indéterminée » (CDI, CNE, CPE) signés avec des jeunes de moins de 26 ans au chômage depuis plus de six mois. C’est bien sûr un encou- ragement à embaucher systématiquement des jeunes en CPE. Celui-ci pourra désormais s’im- poser partout comme modèle d’embauche des jeunes, ce qui fera disparaître, de fait, les contrats à durée indéterminée.

Le gouvernement argue des longues périodes d’inactivité ou de précarité subies par les jeunes pour vanter son projet. Mais, non seulement le CPE s’ajoute à la liste déjà longue des « petits boulots » (emplois aidés, CDD, intérim, stages...), mais il aggrave encore en la généralisant la pré- carité de vie des jeunes, quelles que soient leur formation et leur qualification. Et sans la moindre garantie de déboucher sur un emploi fixe ! Com- ment construire sa vie, trouver un logement, faire des projets, dans ces conditions ? Le gouvernement poursuit sa politique néfaste de baisse des charges sur les bas salaires, qui n’ont pourtant pas fait la preuve de leur effica- cité, de développement de la flexibilité, et d’abandon des ambitions en matière de forma- tion des jeunes.

Au-delà des dures conditions faites aux jeunes dans notre pays, ce sont tous les salariés qui sont concernés par la fragilisation des emplois et la destruction progressive du droit du travail.

Élizabeth Labaye, elizabeth.labaye@snes.edu

7 FÉVRIER

QU’EST-CE QUE LE CPE ?

POUR DE VILLEPIN, LES GALÈ

©Daniel Maunoury

©Daniel Maunoury

que si l’on se donne le temps de mener les débats, comme cela s’est fait ces derniers jours, internet a été très utilisé, il sera possible de mobiliser plus lar- gement encore. Les organisations d’étudiants et de

lycéens devaient se retrouver le jeudi 8 février, puis le vendredi 9 avec l’ensemble des confédé- rations.

Bernard Boisseau

400 000 CONTRE LE CPE

7 FÉVRIER

OFFENSIVE LIBÉRALE SANS FIN

Q

ue pouvait-on encore ôter à un jeune, can- didat à un emploi salarié, cible privilégiée des multiples atteintes depuis 20 ans à la pro- tection de l’emploi faites au nom de la « flexi- bilité » ?

Plus grand-chose, mais Villepin a trouvé : on peut le licencier sans motif, et accessoirement lui interdire de fait l’accès au droit de grève.

CNE sur ordonnance, CPE en urgence, bientôt en ligne de mire le CDI, et le statut de la fonction publique : plus de limites au démantèlement du droit du travail ! Au bout, il y a le droit com- mercial et le contrat de mission, comme au

« bon vieux temps » où le salarié n’était encore qu’une marchandise sans droits.

Pour embaucher, un patron a aujourd’hui le c h o i x e n t r e d i x - s e p t t y p e s d i f f é r e n t s d e contrats ! Car même les droits sont devenus des produits mis en concurrence sur un marché : concurrence entre les contrats jeune et senior, entre le nouveau CPE et le probable « contrat de seconde embauche » à venir, entre les droits du travail au sein de l’Union européenne, récla- mée dans les « lignes directrices pour l’emploi »

©Danniel Maunoury

©Daniel Maunoury

7 MARS :

ON CONTINUE !

Déclaration des organisations étudiantes et lycéennes et des organisations

syndicales de salariés : UNEF, UNL, CFDT, CGT, CGT-FO, CFTC, FSU, UNSA.

Les manifestations unitaires du 7 février ont constitué une première étape importante.

Les organisations syndicales réaffirment leur volonté commune de poursuivre la mobilisation pour obtenir le retrait pur et simple du CPE.

Ce contrat constitue une discrimination forte à l’égard de la jeunesse qu’il condamne à la précarité. Se rajoutant au Contrat Nouvelles Embauches à destination des salariés de toutes générations dans les entreprises de moins de vingt salariés, il annonce une fragilisation du contrat de travail de tous les salariés.

Le gouvernement confirme sa volonté de passer en force. Il donne des raisons supplémentaires pour développer les mobilisations.

Les organisations syndicales mettront tout en œuvre localement pour la réussite des actions décidées par les organisations de jeunes.

Les premières d’entre elles sont fixées pour les 14 et 16 février. Elles décident d’une grande journée nationale de mobilisation des jeunes et des salariés le 7 mars, elles appellent leurs structures locales à organiser des manifestations communes.

Les organisations Union Syndicale Solidaires, Confédération étudiante, Sud étudiant et FIDL, également présentes à la réunion s’associent à cet appel.

Communiqué suite à la réunion intersyndical du 10 février 2006

DERNIÈRE MINUTE

(5)

TRAVAIL DE NUIT DÈS 15 ANS!

A

u début de ce XXIesiècle, la nou- velle Chambre Bleu (UMP) horizon vote un texte de loi, cyni- quement intitulé « égalité des chances », modifiant le Code du tra- vail pour que « l’apprenti junior » puisse signer un contrat d’appren- tissage de droit commun à partir de l’âge de 15 ans, et non plus 16 ans. En principe, travailler de nuit est interdit pour les mineurs selon l’article 221-3 du Code du travail.

Mais sous la pression de la droite, de nombreuses dérogations ont été accordées, notamment dans l’hô- tellerie-restauration. De même, le travail des mineurs le dimanche et les jours fériés est autorisé dans les cafés et toutes sortes de com- merces. À la question de savoir si ces dérogations sont applicables aux apprentis de 15 ans, le rappor- teur (UMP) de la loi a répondu favo- rablement.

Pour mémoire, on rappellera que la loi du 19 mai 1874 affirme dans son article 4 : « Les enfants ne pour- ront être employés à aucun travail de nuit jusqu’à l’âge de seize ans révolus ». Son article 5 ajoute que

« les enfants âgés de moins de seize ans ne pourront être employés à aucun travail, par leurs patrons, les dimanches et fêtes reconnues par la loi, même pour rangement de l’ate- lier ».

En somme, le Premier ministre inverse le célèbre slogan de mai 68 :

« cours camarade, le vieux monde est devant toi ! ».

■ Daniel Rallet

APPRENTISSAGE JUNIOR

BREF

1

er

février : non aux expulsions des jeunes sans papiers et de leur famille

Des rassemblements en France dans une cinquantaine de départements ce mercredi 1erfévrier à l’appel du Réseau Éducation Sans Frontières (RESF) contre les expulsions d’élèves et de parents sans papiers qui ne cessent pas, au mépris des droits fondamentaux, du droit à l’éducation pour tous. Face à cette politique inhumaine, des milliers de personnes ont manifesté leur solidarité, leur indignation et leur colère contre une politique indigne et leur détermination à s’y opposer : des enseignants (CNT, FERC CGT, FSU, SGEN, Sud Éducation), des parents d’élèves

(FCPE), des représentants d’associations et d’organisations politiques (LDH, FASTI, MRAP, Droits Devant, DAL, Alternatifs, LCR, LO, PCF, PS, Verts), des lycéens de plusieurs établissements avec leur banderole, des « sans-papiers », de simples citoyens...

Les expulsions continuent, et ce en dépit de la circulaire du 31 octobre 2005 qui garantit à tous ces jeunes le droit de finir l’année scolaire, et les cas se multiplient. Mais l’échéance de l’été est insupportable. Ce sont parfois une quarantaine de jeunes par lycée qui risquent d’être concernés, et ce dans toute la France. Il est intolérable que ces jeunes, ces familles, soient condamnés à vivre dans l’angoisse permanente d’une expulsion en juillet.

Politique menée en dépit des textes ratifiés par la France, qui préservent les droits fondamentaux et protègent notamment les enfants.

Un pas de plus : les Renseignements Généraux au sein des établissements scolaires ?

Dans un courrier électronique adressé aux chefs d’établissement, l’inspection académique de l’Oise leur enjoint d’indiquer « pour les élèves

majeurs sous la menace d’une reconduite à la frontière, leurs noms, nationalités et résultats scolaires ». L’Éducation nationale au service des politiques ignominieuses du ministère de l’Intérieur qui veut faire du chiffre en expulsant 23 000 immigrés dans l’année ! Avec les autres syndicats, de chefs d’établissement notamment, la FCPE et la FSU ont protesté violemment contre cette démarche dangereuse pour la démocratie, qui prétend faire jouer aux proviseurs le rôle de délateurs.

Avec le projet CESEDA sur l’immigration, le gouvernement durcit encore plus ces politiques : cartes de séjour, regroupement familial, seront encore plus difficiles d’accès – sauf pour les

« cerveaux » dont la France a besoin – et les sans- papiers encore plus nombreux. Il est donc urgent de créer les conditions d’une mobilisation qui fasse obstacle à cette politique, à ce gâchis humain.

Marylène Cahouet

Indre-et-Loire

Plusieurs élèves étrangers des lycées d’Indre-et-Loire ayant atteint l’âge de 18 ans ont été enjoints par le préfet de quitter le territoire national, au mépris même d’une récente circulaire qui exclut cette possibilité en cours d’année scolaire. Le SNES ne se satisfait d’ailleurs pas de cette circulaire et exige que tous ces élèves puissent poursuivre, en France l’intégralité de leurs études.

©DR©DR

L

es entreprises abusent des stages ! C’est ce que dénonce depuis plusieurs mois le collectif Génération précaire. Et il n’a guère été démenti.

Pour ce mouvement, il faut mettre en place un

« cadre juridique inscrit dans le Code du travail » car, considérés comme des étudiants, les stagiaires ne bénéficient d’aucune des garanties du droit du travail ; deuxième problème, la faible rémuné- ration, au mieux 30 % du SMIC ! Les entreprises bénéficient ainsi d’une main-d’œuvre bon mar- ché ou gratuite, et sans droit, une véritable aubaine pour le patronat ! On estime à 10 000 le nombre d’« emplois camouflés » sous l’appellation stages.

Ceux-ci devraient être un sésame vers l’emploi, or, seulement 9 % des stages sont prolongés par une embauche.

L’UNEF a élaboré avec l’UGICT-CGT une charte des stages en entreprise qui garantisse :

• un encadrement pédagogique, dans l’entreprise et dans l’établissement d’enseignement supérieur ;

• un accompagnement à la recherche de stage par l’établissement d’enseignement supérieur ;

• la non-reconductibilité du stage,à la fin de celui-ci;

• un défraiement et une rémunération, fixée par un barème national, prenant en compte le niveau d’études, la durée du stage et la qualification.

Le MEDEF s’est dit prêt à élaborer une charte de bonne conduite, en concertation avec l’Éducation nationale, mais s’oppose à un dispositif juridique des conditions d’utilisation d’un stage. Suite aux mobilisations,de Villepin a annoncé trois mesures en complément d’une Charte à destination des sta- giaires:une indemnité de principe pour les stages de plus de trois mois et une franchise de cotisation à hauteur de 360€mensuels ; la reconnaissance des stages longs dans le cursus universitaire et la prise en compte des stages dans l’ancienneté profession- nelle qui devrait être négociée par branche.

La mobilisation devrait néanmoins se poursuivre, l’essentiel n’étant pas acquis.

Élizabeth Labaye, elizabeth.labaye @snes.edu

PRÉCARITÉ

Quel bilan faites-vous de la journée du 7 février ? Pour nous cette journée a été une réussite et nous considérons que nous avons rempli « notre contrat ». Quand on présente les chiffres, il ne faut pas oublier qu’une zone était en vacances et que des partiels se déroulaient dans beaucoup d’uni- versités. Autant d’éléments qui n’ont pas facilité une mobilisation qu’il a fallu organiser quasiment dans l’urgence, compte tenu de la volonté gou- vernementale de faire vite. Nous considérons donc que cette journée a jeté les bases solides d’un mouvement qui doit s’amplifier.

Comment envisagez-vous la suite ?

D’abord, il nous faut préserver l’unité de cette pre- mière étape, qui a associé dans l’action mouve- ments de jeunes et syndicats de salariés du privé et du public. Nous allons très prochainement nous revoir et déterminer, dans ce cadre, la date d’une nouvelle initiative.

Par ailleurs, il nous faut aussi construire la mobili- sation étudiante, selon notre propre calendrier et notre propre rythme. Cela signifie donc que nous allons continuer à informer, à débattre et organi- ser des journées d’action dans les universités.

Même si les sondages témoignent d’une évolution positive de l’opinion publique, tout un travail de conviction est encore à mener. C’est d’autant plus indispensable que la détermination de ce gou- vernement, qui a lancé le CPE sans aucune concer- tation, est grande.

Que répondez-vous à ceux qui disent :

« le CPE, c’est mieux que rien » ?

Ce CPE est l’occasion pour l’actuelle majorité de débiter un certain nombre de mensonges,en ce qui concerne le côté social de la mesure ou l’accès au logement, par exemple. Par ailleurs, peut-on croire

Diminution drastique des

recrutements pour l’enseignement public, l’enseignement privé, quant à lui, a droit à plus de sollicitude de la part du ministère.

O

n se souvient de l’annonce de la diminution drastique des recrutements de nouveaux enseignants dans l’enseignement public. Cette baisse est de 28,6 % pour l’ensemble des concours de recrutement du second degré(1). Quelques semaines plus tard, avec la discrétion nécessaire, le ministère a publié le nombre de postes mis au concours pour le privé. La baisse n’est que de 11,8 %. Une telle évolution crée une dynamique très claire : celle de donner la possibilité aux éta- blissements privés de ne pas subir une baisse de moyens comparable à celle des établissements publics. Le gouvernement n’avait pas osé, lors du vote du budget, remettre en cause la répartition 20 % pour le privé, 80 % pour le public qui est res- pectée depuis 1959 : cela aurait été sans doute trop voyant. Par contre pour les recrutements cette retenue n’a pas été de mise.

Même si on note que les postes aux concours internes sont en baisse plus importante dans le privé que dans le public, on se souviendra que ces concours n’apportent aucun « sang neuf » et ne permettent donc pas de faire évoluer les moyens en face des élèves.

L’opération ministérielle vise donc, par la bande, à déséquilibrer, au détriment de l’enseignement public, les moyens d’enseignements. Que le minis- tère se méfie :les tentatives faites de favoriser davan- tage encore l’enseignement privé débouchent presque toujours sur des mouvements d’ampleur.

■ Daniel Robin, daniel.robin@snes.edu

(1) Agrégation, CAPES, CAPEPS (éducation physique), CAPET, CAPLP2 (professeurs de lycée professionnel).

que le dispositif va vraiment créer des emplois, ce qui devrait être sa priorité ? Si on compare avec le CNE,on s’aperçoit que la plupart des contrats signés l’auraient été de toute façon. En fait le CPE va fra- giliser et jeter dans la précarité des jeunes, qui, sans lui, auraient pu avoir accès à un CDI. En cela, le CPE n’est pas mieux que l’existant : il est pire.

■ Propos recueillis par Françoise Dumont

3 QUESTIONS À

BRUNO JULLIARD,

PRÉSIDENT DE L’UNEF

RECRUTEMENTS

LA PROVOCATION

RES FORMENT LA JEUNESSE

©Daniel Maunoury

©Daniel Maunoury

GÉNÉRATION

STAGIAIRES

(6)

PRIORITAIRE

EDUCATION

ZONE

RENTRÉE 2006

LES EP1, AMBITION, DÉRÉGLEMENTATION ?

U

ne réunion à la DPE le 1erfévrier avait pour but d’informer les organisations syndicales des missions et modalités d’affectation des 1000 ensei- gnants « expérimentés » attribués, à raison de trois ou quatre en moyenne, aux collèges. « Ambition Réussite ». Mise à part la confirmation que ces moyens reposaient sur des redéploiements, l’orien- tation de la réunion suscitait quelque perplexité.

Le plus grand flou entourait la question des mis- sions, du rôle des professeurs, toutes les règles d’affectation étaient renvoyées aux recteurs, le seul objectif clair émergeant des propos des membres de la DPE étant l’accroissement des pro- cessus de déréglementation, l’accentuation mise sur l’individualisation des carrières et le mérite.

Ces nouveaux venus « personnes référentes » (profs, enseignants-documentalistes, CPE, CO-Psy) seront nommés dans le cadre d’un mouvement spécifique académique, après présentation dans les CTPA de fiches de postes établies par les chefs d’établissement après consultation des équipes, censées dessiner un profil « au plus près des besoins des établissements ». En plus de quelques heures éventuelles d’enseignement, la liste des tâches varie de l’intégration scolaire, l’école ouverte, les pratiques sportives, la liaison CM2/Sixième, à l’accompagnement des néo-titulaires ou le soutien.

Une lettre de mission fournie par le chef d’éta- blissement à « ces personnes référentes » précisera les objectifs.

Les politiques rectorales définiront la hauteur des bonifications pour les mutations.

Côté carrière, ces collègues devraient bénéficier d’un suivi « plus individualisé », être inspectés davantage (éventuellement dans le cadre d’une inspection croisée IPR de la discipline et IPR EVS) et être promus plus vite à la hors-classe.

L’administration feint de découvrir que des col- lèges EP1 allaient subir des mesures de carte scolaire, voire le départ de collègues de l’établissement tan- dis que d’autres arriveront...sans doute pour confor- ter le travail en équipe. Aucune mesure générale n’est d’ailleurs prévue pour favoriser la concertation, les 1 000 « expérimentés » distillant conseils et bonnes pratiques à des équipes surchargées.

Pour parachever le tout, les conclusions de la réunion faisaient état aux côtés des « 1 000 super profs » d’affectations de PLP en Sixième dans les disciplines générales.

Si la DPE s’abrite derrière le côté expérimental de cette mesure, les choix faits dans les arbitrages des concours second degré et les propos de Robien démentent ces affirmations.

Décidément les EP1 seront bien les lieux de toutes les déréglementations, pour les élèves comme pour les personnels.

Frédérique Rolet frederique.rolet@snes.edu

LE MINISTRE EN DIFFICULTÉ

Décidément, le ministre n'apprécie pas du tout la campagne

d'information du SNES contre son plan de dynamitage des ZEP ni les premières mobilisations menées par les personnels et les parents d'élèves : il a tenté de calmer le jeu lors de ses annonces définitives du 8 février tout en maintenant l'intégralité de son projet dont les effets les plus nocifs sont parfois reportés à la rentrée 2007.

D

’abord, il claironne partout qu'aucun établis- sement aujourd'hui classé ZEP ou REP ne per- dra des moyens, et qu'il y aura même des gagnants (les collèges faussement dénommés « ambition réussite »). Cet argument qu'il a pourtant qualifié

« en béton » lorsqu'il a reçu la FSU en audience, n'est pour l'instant pas vérifié pour la rentrée pro- chaine. Les CTPD démontrent plutôt que la situa- tion va se dégrader dans pratiquement tous les

collèges, même classés.

Souvent, ceux pressentis pour être EP1 (présentés comme les grands gagnants) perdent aussi, à effectif constant, des moyens par fois très conséquents. Les futurs postes d'enseignants qu'ils recevront par la suite du fait de leur clas- sement EP1 ne compen- seront pas ces pertes puisque ces « super profs » ne seront mis que partiellement devant élèves ! Rappelons par ailleurs que les engage- ments oraux du ministre sur le prétendu maintien des moyens en ZEP ne portent que sur la ren- trée 2006 et que les plus fortes suppressions sont

attendues pour la rentrée 2007, quand le 1erdéclas- sement des EP3 aura pris effet. On comprend mieux pourquoi le ministre ne veut rendre publique qu'après la rentrée 2006 la liste des EP2 et EP3, et qu'il est peu disert sur les critères qui auront permis de les distinguer !

Ensuite le ministre se garde bien de faire la clarté sur la question du statut des collèges EP1.

Dès le dépar t, nous avons dénoncé la logique qui consiste à vouloir en faire des labo- ratoires de la dérégle- mentation :

multiplication des postes à profil pour des

« super profs » issus du 1erou du 2nddegré, affec- tés sur le réseau de réus- site qui comprend à la fois le collège et ses écoles sur des missions polyvalentes définies localement ;

gestion différenciée des carrières avec l'accès pri- vilégié à la hors-classe pour ces « super profs » qui constitueraient aussi un relais de la hiérarchie ;

organisation dérogatoire des enseignements (obsession ministérielle à ne viser que le socle commun dans les collèges ZEP et à n'offrir le reste qu'aux élèves les plus méritants).

Le ministre maintient sa décision (contestée par

tous) de renforcer la ghettoïsation des lycées de banlieue, en permettant aux « meilleurs » élèves de Troisième des collèges EP1 de déroger à la carte scolaire et de s'inscrire dans le lycée de leur choix.

La politique ZEP de Gilles de Robien illustre clai- rement l'école à deux vitesses que la loi Fillon vise à organiser sur la base d'un véritable tri social.

Moins d'école pour les jeunes des milieux popu- laires, relégués dans des établissements de seconde zone, cantonnés à des savoirs scolaires peu exi- geants, et invités à quitter le collège le plus vite pos- sible, notamment dès l'âge de 14 ans pour entrer en « Apprentissage junior » ; plus d'école pour les élites, appelées à suivre une scolarité complète et ambitieuse dans les meilleurs établissements aux- quels seuls les élèves les plus « méritants » des col- lèges EP1 pourront avoir accès.

Ne les laissons pas faire ! Préparons activement les Assises nationales du mercredi 8 mars 2006 à Paris, en organisant partout des débats pour dénoncer cette logique de renoncement et mettre en avant nos propositions pour une véritable relance de l'éducation prioritaire. Les inscriptions (1 ou 2 collègues par collège ou lycée ZEP/REP) peuvent remonter dès maintenant à college@snes.edu

Monique Parra-Ponce monique.parra-ponce@snes.edu

(1) Comités techniques paritaires départementaux.

L

e choix d’augmenter les moyens de l’équivalent de 1 000 emplois pour les collèges les plus en difficulté, sur des critères clairs ne peut qu’avoir notre accord. Ce qui rend la proposition du ministre inacceptable, c’est qu’elle est financée par redé- ploiement au détriment des autres établissements et qu’elle obéit à une logique de diminution rapide du nombre d’établissements en ZEP.

Le ministre est empêtré dans une communication qui est incompréhensible et truffée de contradic- tions. Soucieux de donner l’impression d’avoir été mal compris,il enchaîne les déclarations pour tenter

d’éteindre les incendies qu’il a lui-même allumés.

Mais la réalité de la préparation de la rentrée 2006 dans les académies est éclairante. Les moyens des collèges « Ambition Réussite » doivent être trouvés dans la dotation négative pour la grande majorité des académies.

Les redéploiements de moyens dans les acadé- mies sont donc très importants, surtout là où il faut financer un nombre important de collèges

« Ambition Réussite ». Tout est bon, dans le désordre et l’opacité la plus totale pour y parvenir : suppression des demi-heures non affectées dans les collèges et/ou suppression des IDD (Itinéraire de découverte) et/ou redéploiement interne entre les établissements ZEP et/ou redéploiement avec l’ensemble des établissements de l’académie ou du département.

Ainsi, dans l’académie de Lille où les établisse- ments sensibles ont été intégrés aux collèges REP, les moyens de ces derniers se trouvent amputés ; partout les seuils d’ouverture de classe sont modi-

fiés à la hausse (ainsi l’IA du Nord a prévu de rele- ver d’un point les seuils d’effectifs des collèges non REP jusqu’à 29,99 pour les Cinquième, Qua- trième, Troisième, les seuils des établissements REP étant fixés à 24,99).

En Seine-Maritime (académie de Rouen) la dotation bonifiée attribuée aux EP1 réalisée à moyens constants a pour effet de diminuer les dotations de tous les autres collèges (104 sur 110...), les col- lèges REP perdant en moyenne 1,5 % (H/E en baisse de 0,2) ; à Dijon, la suppression de 87 postes en collège aboutit, là aussi, à des H/E encore en baisse, quant au post-bac, il paie l’insuffisance de dotation avec la fermeture de 5 BTS non justifiée par le manque d’effectifs.

Bref,quoi qu’en dise le ministre,les moyens attribués aux établissements les plus en difficulté se font partout au détriment des moyens d’enseignement des autres établissements. Alors, Monsieur le Ministre, êtes-vous menteur ou incompétent ?

Frédérique Rolet, Daniel Robin

Le Havre

Au Havre, la mobilisation continue sur la question des ZEP ; des assises locales se sont tenues mercredi 8 à l’initiative du SNES et de la FSU.

Plusieurs collèges – Varlin, Descartes, Jean-Moulin – lourdements touchés par des suppressions de postes et refusant la nouvelle politique ZEP, appellent à la grève le jeudi 9.

QUELS MOYENS POUR LES COLLÈGES

« AMBITION RÉUSSITE » ?

Bouches-du-Rhône

Dans les Bouches-du-Rhône, où le taux d’encadrement dans les collèges est un des plus bas de France, on supprime comme partout des postes (54), et aussi une demi-heure en Cinquième et une demi-heure en Quatrième.

Mais cela ne suffit pas pour dégager 100 postes pour les collèges ambition réussite. Aussi supprime-t-on en plus 735 heures-postes (prises sur les IDD) y compris dans les ZEP, soit l’équivalent de 40 postes environ. Est-ce un moyen pour lutter contre l’échec scolaire dans un département sinistré où le SNES demande depuis des années un plan d’urgence ? Le 3 février, le collège Fabre à Vitrolles était en grève : un bon début !

Le S2 des Bouches-du-Rhône

Raison garder et dialoguer

Enseignants, nous ne pouvons être indifférents aux multiples incitations et pressions visant à restreindre la liberté d’expression et donc la liberté de critique. La publication en septembre dernier de caricatures de Mahomet débouche aujourd’hui sur des réactions disproportionnées et donne lieu à des violences que le SNES condamne.

Si cette affaire suscite débat, la plupart des réactions, visent en fait, à faire du religieux un espace où la liberté d’expression devrait être limitée. Une telle volonté est incompatible avec les valeurs de laïcité et le développement de l’esprit critique dont notre enseignement est porteur. Aucun sujet, fût- ce la religion, ne peut prétendre échapper au droit donné à chacun de l’étudier, le critiquer voire le caricaturer.

Aujourd’hui, les démarches réductrices de la liberté d’expression sont défendues par toutes les églises et cette tendance n’est pas nouvelle. Souvenons nous des réactions de l’église catholique à la sortie

du film « la dernière tentation du Christ » et plus récemment lors du détournement, pour une affiche publicitaire, de la Cène de Léonard de Vinci. On ne peut que s’inquiéter de cette évolution qui peut s’interpréter comme une volonté d’imposer les « Livres » contre la loi républicaine.

Quelle que soit la « qualité « de ces caricatures, l’utilisation que certains font de cette affaire pour développer racisme et xénophobie est inquiétante et condamnable.

On ne saurait, enfin, se laisser abuser par l’exploitation qui est faite de la publication de ces caricatures, dans maints pays du Proche Orient ou dans les discours présidentiels américains.

Notre rôle d’éducateurs est et reste de développer chez nos élèves la liberté de conscience, d’être à tout instant disponibles pour un dialogue avec eux à l’aune des valeurs républicaines dans le respect des convictions de chacun.

Eugenio Bressan, Thierry Reygades, Daniel Robin

©Daniel Maunoury

(7)

ACTUALITÉ

D

epuis un mois, la Seine-Saint-Denis est mobili- sée contre la politique éducative du gouver- nement (loi Fillon, loi Borloo, réforme des ZEP, apprentissage à 14 ans), car elle renonce à la démo- cratisation de l’école et dessine les contours d’une école libérale à deux vitesses. Notre département, très populaire (64 collèges sur 119 classés ZEP), serait frappé de plein fouet.

Après de nombreuses réunions dans les établisse- ments pour informer les collègues, le SNES et le SNUIPP,rejoints par la CGT,la CNT et SUD,ont appelé à une grève départementale le 26 janvier, elle a été suivie par 55 à 60 % des collègues dont 2 000 ont manifesté devant l’IA, alors que les parents appe- laient à l’école déserte. Pour inscrire ce mouvement dans la durée et faire la jonction avec la grève natio- nale du 2 février (même taux de grévistes), le SNES a appelé les collègues à occuper tour à tour leurs éta- blissements la nuit,ce qui a eu un large écho média- tique et a contribué à étendre la mobilisation.

Le ministre, inquiet des risques d’extension, s’est cru obligé de venir en catimini à Bobigny pour assurer qu’aucun établissement du 93 ne sortirait du dis- positif ZEP en 2006 et que la politique ZEP n’était pas morte.

Nous persévérons à affirmer le contraire car les EP1 n’ont plus rien à voir avec cette politique. En substituant une logique individuelle à une logique territoriale, la masse des élèves de ces collèges sera laissée à l’abandon avec pour seul horizon le socle commun, seuls les plus « méritants » pourront s’en sortir en fuyant leur secteur scolaire alors que les plus en difficulté seront voués à l’apprentis- sage-junior dès 14 ans.

Par ailleurs, ces EP1 connaîtront une totale déré- glementation pour les élèves (programmes, horaires, groupes de compétences...), comme pour les professeurs (statuts, services, contrac- tualisation, renforcement des pouvoirs du prin- cipal...).

Cette politique menace gravement les ZEP mais aussi tout le service public d’éducation et ses per- sonnels car chacun mesure aisément qu’il y a là un laboratoire d’expérimentation de mesures qui s’étendront rapidement à l’ensemble du système éducatif.

Seule la plus large mobilisation pourra l’empêcher.

Pour notre part, nous sommes déterminés à la poursuivre au retour des vacances de février.

Le S2 de Seine-Saint-Denis

LILLE, EN LUTTE POUR L’ÉCOLE

Comment assurer un service public de qualité avec plus de 3 500 suppressions de postes ?

C’est la question que se posent les personnels du Nord/Pas-de-Calais qui vivent cette année

une nouvelle aggravation de la situation.

U

n tiers des suppressions (-749 postes) concer- nent l’académie pour 20 % de la baisse démo- graphique nationale, aucune autre n’est ponc- tionnée à un tel niveau. Ce sont parfois jusqu’à 20 postes en lycée, 7 en collège qui sont supprimés.

Vivrions-nous au-dessus de nos moyens ? La rec- trice, comme ses prédécesseurs, l’assure, elle qui ne veut voir que la baisse démographique, « le quan- titatif », oubliant opportunément la situation cri- tique de l’enseignement dans la Région, la fai- blesse des qualifications, la baisse des taux de passage en Seconde et de scolarité en Terminales, la montée relative de l’enseignement privé, la fuite des élèves vers la Belgique, la difficulté scolaire qui, quoique parfois plus silencieuse qu’ailleurs, n’en est pas moins grave.

NEUVIÈME ANNÉE DE RÉGRESSION !

Neuf années de suppressions, c’est le sentiment de travailler dans le mensonge et le déni. Mensonges quand, par exemple, on nie les difficultés des zones prioritaires où les effectifs grimperont fortement cette année et où les moyens disparaissent (le

seuil des effectifs théoriques déclenchant les dota- tions augmente de 2 élèves dans les collèges vio- lence cette année !)*. Mensonge encore quand on constate que là où grimpent les effectifs comme en primaire, les suppressions restent la règle : en 3 ans, les effectifs ont augmenté de 4 000 élèves, et le solde des postes reste négatif (- 40). Dans une Région où les résultats des évaluations sont largement inférieurs à la moyenne nationale, le recteur a fait baisser de 20 points le taux de sco- larisation des 2 ans, sous prétexte d’avance sur le reste de la France.

PROMESSES NON TENUES

Si l’on vous assure que la baisse démographique entraînera une amélioration des conditions de travail d’ici quelque temps, n’en croyez rien, c’est ce qui nous était promis il y a dix ans. Si l’on vous promet un plan de rattrapage pour compenser les inégalités régionales, ne soyez pas dupes, cette promesse vieille de 5 ans chez nous pour les admi- nistratifs n’a pas non plus été tenue !

Le déni, c’est celui des efforts réalisés par les équipes qui sont sans cesse démembrées, tandis que les projets s’effondrent faute de moyens. C’est aussi celui de l’éducabilité de tous les élèves, dans une Région qui a payé le prix fort du mépris social au temps de l’industrialisation, mais qui avait réussi à tirer les qualifications par le haut, par le déve- loppement de l’enseignement professionnel et technique. Les collèges ghettos promis par de Robien sont de ce point de vue un retour en arrière inadmissible.

Cette situation exceptionnelle a valeur d’exemple pour tous. Ces suppressions ont entraîné le chô- mage pour des centaines de précaires et ne s’est

accompagné d’aucun plan social. Le rectorat a refusé de proposer, comme le demandait le SNES, des formations lourdes pour les collègues laissés sur le carreau. Elles ont également provoqué l’aug- mentation du nombre de TZR, qualifiés de sur- nombre puisque les postes disparaissent, et à qui on refuse toute reconversion choisie et préparée, au profit de la déréglementation imposée (affec- tation en CDI, en vie scolaire...).

GRÈVE ACADÉMIQUE MAJORITAIRE

Cette année, comme les précédentes, les collègues se sont engagés dans la lutte dès la rentrée et l’ont amplifiée en janvier, avec une grève acadé- mique majoritaire. Une intersyndicale large (FO refusant d’y participer sans se justifier) a fait le choix de relayer les nombreuses actions locales

ACADÉMIE

SEINE-SAINT-DENIS (93)

NON AUX “ZONES D’EXCLUSION POPULAIRE” !

PAROLES DE PROFESSEURS EN LUT TE

ANTOINE GERMA

professeur d’histoire et géographie au lycée Alfred-Nobel de Clichy-sous-Bois

L’US : Quelle a été la réaction dans les établissements de Clichy lorsque vous avez su que tous les collèges de la ville étaient EP1 ?

Antoine Germa : Symbole oblige, Clichy-sous-Bois se doit d’être concerné par la réforme. Mais lorsque nous avons lu les propositions concernant l’Éducation prioritaire, c’est la colère qui a gagné les salles des profs car tous les collèges de la ville sont classés « ambition réussite » à la rentrée 2006 ! Le lycée Alfred-Nobel est du même coup touché par la dérogation à la carte scolaire pour les « bons » élèves de la ville. La ghettoïsation scolaire se trouve ainsi institutionna- lisée : quelle stigmatisation pour ce lycée sans têtes de classe et pour ses élèves !

Dans le même temps, le gouvernement affiche clairement son « ambition » pour la masse de nos élèves : l’apprentissage junior avec son lot de discriminations et l’orientation vers le lycée professionnel et le socle commun de connaissances.Le rôle du primaire semble totalement occulté alors même que les moyens font cruellement défaut à Clichy !

Le message est clair : malheur aux vaincus !

Là où le gouvernement clame l’ambition et la réussite, je ne vois que ségrégation, entre-soi scolaire et relégation sociale pour la majorité des élèves des quartiers populaires. C’est l’application de la double peine sociale pour la majorité des habitants de Clichy-sous-Bois. C’est exactement l’inverse de ce qu’il fallait faire ! Beaucoup d’habitants le disent : « ils n’ont rien compris à ce qui s’est passé » !

L’US : Quelle a été votre mobilisation et vos modes d’action ?

A. G. : La mobilisation a été inédite amenant à recréer et élargir les réseaux tissés en 2003, avec le primaire et les col- lèges de Clichy-sous-Bois, de Montfermeil, le CIO voisin. Participation massive aux AG un peu partout, grève parti- culièrement suivie le 26, occupation nocturne au lycée renforçant un peu plus notre détermination et notre unité.

Nous avons rédigé collectivement un texte qui vise à interpeller l’ensemble de la société française, voté à l’unanimité des présents dans les trois collèges de Clichy et au lycée, et qui doit paraître dans la presse nationale (www.lmsi.net).

Nous réservons bien des surprises à ceux qui croient que la mobilisation va se tarir car après les vacances les habi- tants des quartiers seront avec nous !

EMMANUEL TRIDANT

professeur de lettres au collège Jean-Moulin d’Aubervilliers

L’US : Le collège Jean-Moulin à Aubervilliers serait classé EP1. Quelle a été la réaction des personnels ? Emmanuel Tridant : On s’attendait à l’être : on correspondait aux critères requis mais on savait que le projet « Ambi- tion réussite » conjuguait régression et déréglementation sans apporter la moindre réponse aux problèmes réels.

L’US : Quelle est donc la situation à Jean-Moulin ?

E.T. : On ne dépasse pas 45 % de réussite aux évaluations de Sixième,les résultats au brevet baissent chaque année.Cette situation d’échec a une bonne part dans les violences qui se multiplient de façon inquiétante.73 % de nos élèves sont « défa- vorisés »,mais tous ont un énorme désir et un réel potentiel de réussite :ils ont besoin de temps,pas de rabais sur le savoir.

La salle des profs s’est renouvelée de façon massive et les trois-quarts des enseignants n’ont pas cinq ans d’ancienneté.

Le désir de transmettre est immense, l’activisme pédagogique permanent, mais un désarroi écœuré apparaît souvent devant l’absence de moyens.

Tous les ans ce sont admonestations à la direction, grèves, audiences à l’IA sans jamais obtenir de notre hiérarchie une attention véritable aux problèmes réels de l’établissement.

L’US : Le classement EP1 montre au moins une certaine prise en compte de vos difficultés.

E.T. : EP1 pour nous, ce sont : un poste de CPE et plus de soixante heures supprimés pour 20 élèves de moins; et toujours personne pour occuper le demi-poste d’infirmière.

Mais on va, dans le cadre des « expérimentations », autoriser les EP1 à déroger sur les horaires et les programmes pour transformer des heures de cours en heures d’accompagnement. C’est l’école à ambition réduite. L’institution scolaire a renoncé dans certaines zones, elle cherche juste à rendre cela supportable. Ce n’est pas ça l’égalité des chances.

EP1 c’est aussi l’école du management pour les principaux, l’inspection tous les ans, la contractualisation de toutes les activités ! Fliquer et restreindre la liberté pédagogique, n’incitera jamais les personnels à travailler et à s’engager long- temps dans les établissements difficiles !

Avec la réforme Robien les conditions de travail des élèves et des personnels s’aggraveront.Plus on lit,plus on discute, plus on se convainc qu’il n’y a pas une phrase à sauver de l’éducation prioritaire façon Robien.

Enterrement de la ZEP au collège Jean-Jaurès de Villepinte

(boycott, communiqués de presse, rassemble- ments, occupations des locaux, journées « col- lèges morts ») par des appels réguliers à des actions plus larges : grève le 20 janvier, rassemblements le 8 février. Si tout cela avait été relayé par les médias nationaux, chacun aurait pu en prendre connais- sance. Il est vrai que coups de pied et doigts cas- sés ne suffisent plus pour attirer leur attention.

Notre sentiment reste, après dix années de luttes, que seules les actions d’ampleur natio- nale obligent les gouvernements à faire d’autres choix en matière d’éducation.

Le S3 de Lille

* Dernière annonce du rectorat le 8 : ce taux est ramené à 22,9 dans les collèges ambition réussite seulement.

Pour les autres, ce sera « au cas par cas ». Belle invitation aux luttes !

©Karine Boulonne

DR

Références

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Я уже очень давно просил папу пойти со мной на Птичий рынок 1 , но у него никогда не было времени.. —

Que représente la droite (CM) pour le triangle ABC ? 8°) Déterminer l’équation de la

Les personnels précédemment gérés par l’académie et demandant leur réintégra- tion bénéficient d’une bonification de 1000 points pour les vœux DPT et ACA correspondant à

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