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Texte intégral

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ÉDITO

L’HEBDOMADAIRE DU SYNDICAT NATIONAL DES ENSEIGNEMENTS DE SECOND DEGRÉ

FORMATION 3

COMBATS POUR L’ÉCOLE DIPLÔMES ET EMPLOIS

SOMMAIRE

634 24 MARS 2006

IRRESPONSABLE !

GREVE INTERPROFESSIONNELLE LE 28 MARS

« L e CPE ne sera ni retiré, ni suspendu, ni dénaturé » ; à l’impression- nante mobilisation du 18 mars rassemblant toutes les générations, à la contestation qui ne faiblit pas dans les facultés après déjà six semaines de conflit, à l’entrée très significative des lycéens dans le mouvement depuis le 16 mars, à l’annonce de la grève interprofessionnelle unitaire du 28 mars, le Premier ministre répond par une intransigeance incroyable, en refusant même d’en- visager le moindre compromis.

Refus complet du dialogue social, humiliation de toute une jeunesse dont une grande partie garde encore le goût amer de l’état d’urgence en novembre dernier, que cherche donc Dominique de Villepin? Le risque est énorme d’entraîner toute une partie de la population dans la désespérance avec toutes les tentations qui l’accompagnent.

Une telle stratégie est dangereuse et irresponsable. Le gouvernement n’a aujourd’hui pas d’autre solution que de retirer un projet aussi contesté.

Claudie Martens, cosecrétaire générale

Cette brochure, issue des contributions de toutes les sections académiques du SNES, est le complément indispensable à notre publication nationale spéciale

« mutations intra 2006 ». Son objectif : vous apporter une première information sur chacun des 31 mouvements intra-académiques.

Le contexte budgétaire, marqué par une nouvelle vague de sup- pressions d’emplois touchant la quasi-totalité des académies, accentue les problèmes du système éducatif, amplifie les inéga- lités scolaires et territoriales, donc sociales. Les dotations reçues par les recteurs conduise

nt à resserrer fortement les « capacités d’ac- cueil » des académies, à

supprimer un nombre jamais égalé de postes, à multiplier les services à cheval sur plusieurs établissements, voire dans une autre discipline.

Le ministère, ayant choisi d’imposer une étape nouvelle de la décon- centration, accroît su

bstantiellement le pouvoir des recteurs, crée un nouveau système de classement des établissements (APV en 2005,

« ambition réussite » en 2006), rompt avec les règles antérieures du mouvement et les engagements pris envers les personnels. Il prend la responsabilité de générer 31 mouvements académiques différents, de rendre les règles peu compréhensibles et consacre l’accentua- tion des inégalités territoriales de traitement entre les candidats à mutation. La mobilité choisie sera plus difficile, les choix personnels à effectuer plus aléatoires.

Pour formuler vos vœux en connaissance de cause, vous aurez besoin d’informations précises.

C’est l’objectif de ce supplément : vous donner un éclairage sur les prin- cipales caractéristiqu

es de chaque mouvement intra-académique, et les moyens de join

dre les militants et les élus académiques du SNES. Avec vous, ils étudieront votre situation, la stratégie la plus apte à répondre à vos priorités. Ils sont à même de vous conseiller effi- cacement, par leur connaissance du terrain, leur présence majori- taire dans les commissio

ns paritaires où, partout, le SNES fait tout pour préserver l’intérêt des collègues, les garanties collectives et l’unicité des règles du mouvement, développer la transparence des opérations de mutation.

Avec vous, quelle qu

e soit l’académie, ils portent l’exigence d’un traitement juste et égal pour tous les personnels.

N’hésitez pas à les contacter !

AIX-MARSEILLE MOUVEMENT INTRA 2006 Partout, le SNES et ses élu(e)s à votre service

Supplément au n°634 du 24 mars 2006

Notre académie est marquée par de grandes disparités sociales et géographiques, avec un nombre important d’établissements

« difficiles » dans le Vaucluse et les Bouches-du-Rhône (à Marseille c’est un poste sur deux). C’est surtout sur ces établissements (ou dans les départements alpins) que sont affectés les collègues traités en extension : mieux vaut formuler des vœux nombreux et « réalistes », en fonction de votre barème.

De nombreux collègues sont aussi affectés sur des postes avec un complément de service, parfois très éloigné. Quant aux ZR, elles ont été agrandies. La liste des APV est limitée aux établissements « obligatoires » (sensible et violence). La mise en place des APV en 2005 est aggravée cette année par le dispositif

« ambition réussite » qui réduit encore le périmètre de l’éducation réellement prioritaire et s’accompagne d’une réduction massive des moyens dans la plupart des établissements. Nous portons la revendication d’un plan d’urgence – notamment dans les Bouches-du-Rhône – qui améliore les conditions d’enseignement et permette de réduire les retards et les inégalités.

Nous vous accueillons sur une terre de contrastes et de mobilisations. Notre bulletin spécial mutations est envoyé en nombre au SNES de plusieurs académies ou disponible en nous appelant et consultable en ligne sur notre site. N’hésitez pas à nous contacter très vite (dès le résultat de l’inter connu).

À très bientôt.

SNES Aix-Marseille Tél. : 04 91 13 62 80 12, place du Général-de-Gaulle

Fax : 04 91 13 62 83 13001 Marseille

Courriel : s3aix@snes.edu Site : www.aix.snes.edu

Permanence téléphonique 04 91 13 62 81 04 91 13 62 82 Permanences mutations Du mardi au vendredi de 14 heures à 18 heures Premières réunions mutations...22 mars : 14 heures à l’IUFM Canebière et IUFM Aix

29 mars : 14 h 30 au SNES académique (adresse en haut de page) 5 avril : 14h30 au SNES à Avignon (116, rue carreterie) 30 mars à Orange, Digne, Sisteron…

Toutes les réunions : consulter le site académique, www.aix.snes.edu Calendrier prévisionnel du mouvement

Ouverture des serveurs: 30 mars

Fermeture des serveurs: 13 avril à minuit

Limite de dépôt des dossiers médicaux: 13 avril Limite de dépôt des dossiers «postes spécifiques » : 13 avril Groupes de travail académique (GTA) préparatoires

Cas médicaux : 16 mai

Postes spécifiques académiques : en FPMA Vérification des vœux et barèmes: 22 mai : CPE et CO-Psy

22, 23 et 25 mai enseignants (hors PEGC) FPMA et CAPA de mouvement

CPE/CO-Psy : 7 juin

Agrégés-Certifiés : 12, 13, 14 et 15 juin

GTA de révision d’affectation CPE/CO-Psy :

23 juin

Agrégés-Certifiés : 23 juin

GTA d’affectation des TZR: 10 juillet et 25 août Coordonnées du rectorat

12, place Lucien-Paye 13621 Aix-en-Provence cedex

Tél. : 04 42 91 70 70 Fax : 04 42 91 70 09 Courriel : mvt2006@ac-aix-marseille.fr Site web : http://www.ac-aix-marseille.fr Frédérique ROLET co-secrétaire générale

Xavier MARAND Christophe BARBILLAT

secrétaire national

Appel unitaire de : CFDT - CGT - CGT-FO - CFTC - CFE-CGC - FSU - UNSA - Solidaires - UNEF - CE - UNL - FIDL disponible sur le site www.snes.edu

Pendant le mouvement, les mutations continuent : lisez et relisez

nos suppléments Intra ci-joints, également consultables sur le site.

www.snes.edu

L

e SNES avec la FSU mène la bataille depuis près de deux mois contre le CPE. Les enjeux de cette bataille concer- nent en effet les jeunes et les salariés dans leur ensemble.

La mise en œuvre du CPE condamnerait l’ensemble de la jeu- nesse, quel que soit son niveau de qualification, à une pré- carité généralisée. Le CPE est une nouvelle étape vers une atteinte généralisée aux garanties qu’apportent le code du travail et le statut de la fonction publique.Il est en cohérence avec une politique de l’emploi public qui multiplie les situa- tions de précarité, qui dans notre secteur condamne des milliers de non-titulaires au chômage tout en réduisant les recrutements dans tous les secteurs.

Il est tout aussi cohérent avec la politique de démantèlement menée dans l’Éducation nationale:suppression de dizaines de milliers de postes, apprentissage junior dès l’âge de 14 ans, disparition programmée des ZEP,réduction du coût de l’école, remise en cause de la qualification et des statuts des personnels.

Au-delà du CPE sont aussi posées les questions de la place de la jeunesse dans notre société,d’une fragilisation sociale croissante et des orientations de plus en plus profondé- ment libérales de la politique gouvernementale.

Après le 7 février, le 7 mars et le 16 mars, les manifestations du 18 mars ont marqué un nouveau sommet de la mobili- sation des étudiants,des lycéens et des salariés avec 1,5 mil- lion de personnes qui ont défilé dans tout le pays.

Depuis le 18 mars,la mobilisation dans les universités ne flé- chit pas, alors qu’elle se développe de plus en plus rapide-

ment dans les lycées (près d’un millier d’établissements bloqués au 21 mars).

À un mouvement aussi puissant,le Premier ministre vient de répondre par une brutale fin de non-recevoir en affirmant que le CPE « ne serait ni retiré, ni suspendu ni dénaturé ». En jouant aussi ostensiblement le « pourrissement » de la situa- tion,le gouvernement prend la responsabilité d’exacerber les tensions sociales,de compromettre l’année universitaire ou scolaire d’un très grand nombre de jeunes, et surtout de susciter débordements et violences.

Pour imposer le retrait au Premier ministre, il faut donc amplifier encore la mobilisation.

Le SNES appelle les personnels :

• à diffuser aux parents d’élèves et à la population le tract « Retrait du CPE » (cf. le site) ;

• à multiplier les discussions avec les lycéens des établissements;

• à être massivement présents auprès des jeunes dans les manifestations.

Il appelle les S1 à préparer activement la journée nationale interprofessionnelle de grèves,d’arrêts de travail et de mani- festations du 28 mars en se fixant partout l’objectif d’une grève largement majoritaire.

Dès maintenant doit aussi être posée et débattue dans les établissements la question des suites (nouvelles grèves, reconduction,manifestations,manifestation nationale) qu’il faudrait donner au 28 si le Premier ministre devait continuer à s’obstiner dans son refus. ■Bernard Boisseau

Retrait du CPE,

emploi et formation des jeunes

©Thierry Nectoux

CPE 2

SALARIÉS, JEUNES, FAMILLES :

TOUS ENSEMBLE LE 28 MARS POUR LE RETRAIT DU CPE

TROIS QUESTIONS AU SNESUP

(2)

CHOS

L’US N° 634 • 24/03/2006

2

Conseil supérieur de l’éducation

Le CSE « alerte le gouvernement sur la gravité et l’ampleur du mouvement de rejet du CPE dans l’Éducation nationale. Le gouvernement doit sor- tir de l’impasse dans laquelle il s’est mis : il doit retirer le CPE et ouvrir un véritable débat sur l’avenir des jeunes ». 43 pour, 1 contre.

(22 mars 2006)

Les Français soutiennent les étudiants

63 % des Français expriment leur soutien ou leur sympathie au mouvement anti-CPE, 27 % expri- ment leur opposition ou leur hostilité à ce mou- vement (sondage CSA/L’Humanité).

Chirac soutient Villepin

« Il va de soi que je soutiens totalement l’action conduite par le Premier ministre ».

Lionel Jospin

« Avec le CPE, on dit aux jeunes : “Si vous voulez aller à l’emploi, il faut passer par la précarité”. »

Karim Belkacem, 23 ans, cariste

« Le CPE doit aider les jeunes des banlieues, sans qualifications, à trouver du travail. Pourquoi ? On est des phénomènes ? Des gens spéciaux ? Des extraterrestres ? » (Le Monde, 18 mars 2006)

François Dubet, sociologue

« Le mouvement anti-CPE est la réplique, dans les classes moyennes, de celui des banlieues. Ces deux mondes se méfient l’un de l’autre [...] mais leurs angoisses sont très proches : certains sont déjà dehors, les autres ont peur de les rejoindre. » (Le Monde, 19-20 mars 2006)

Laurence Parisot, présidente du MEDEF, sur le CPE

« J’ai toujours considéré qu’il y avait des risques avec ce type d’approche. On le voit aujourd’hui. » (Libération, 15 mars 2006)

Claude Goasguen,

secrétaire national de l’UMP

« On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il y a quand même quelque part de la manipulation politique.»

(Libération, 15 mars 2006)

Rémy Pech, président de Toulouse-II, en réponse au ministre de l’Éducation

« On n’arrivera pas à me culpabiliser. J’ai un avis de citoyen, de père de famille et de président res- ponsable. [...] Je ne dépends pas d’un ministre. Je suis élu à ce poste. » (Libération, 13 mars 2006)

Le rectorat de Paris, après l’évacuation de la Sorbonne

« Des casseurs, des voyous, des anarcho-syndi- calistes qui veulent la révolution mondiale » (Libération, 15 mars 2006)

John Monks, secrétaire général de la Confédération

Européenne des syndicats

« Le développement de la précarité, la remise en cause du droit du travail, notamment en France, mais aussi dans de nombreux autres pays européens, n’est pas la réponse appropriée pour relancer la croissance, améliorer la compétitivité européenne et créer des emplois. »

Communiqué du 20 mars 2006

TROIS QUESTIONS AU SNESup

RETRAIT DU CPE

IMPOSER D’AUTRES CHOIX POUR

L’US : Quel est l’état de la mobilisation à Rennes ? Jacques Degouys : C’est le 7 février que la pre- mière AG des étudiants de Rennes 2 organisée sur le CPE votait la grève avec occupation et blo- cage des locaux (piquets de grève), afin d’empê- cher le déroulement des cours et assurer la mobi- lisation tout en respectant l’égalité de traitement entre étudiants grévistes ou non. Depuis, la mobi- lisation ne cesse de se développer. À la veille de la sixième semaine de suspension de toutes les acti- vités pédagogiques (en dehors des préparations aux concours et des cours pour étudiants étran- gers), une AG a réuni ce lundi 20 mars plus de 5 000 étudiants qui ont décidé – à une large majo- rité et après un débat de plus de 2 heures – de poursuivre la grève avec blocage. Outre la condam- nation du CPE/CNE et le refus, pour les jeunes, d’avoir à choisir entre chômage et précarité, la diminution des postes aux concours du second degré (notamment en APS) et le manque de moyens dans l’Éducation nationale sont au centre des débats.

L’US : Quelle est l’implication du SNESup, et des autres syndicats de la FSU présents à RENNES 2 dans ce mouvement ?

J. D.: C’est tout naturellement que les organisations syndicales des personnels enseignants et IATOS de l’université Rennes 2 – et notamment le SNESup et le SNASUB pour la FSU – ont d’emblée pris position en faveur des revendications du mouvement étu-

diant, que ce soit par l’adoption de motions (au conseil d’administration de l’université ou lors des différentes AG statutaires des personnels convo- quées régulièrement par le Président) ou encore par des déclarations, devant la presse ou les AG étu- diantes, exigeant le retrait du CPE. La solidarité avec les étudiants se traduit également par la volonté de « sauver » l’année universitaire en envi- sageant les mesures de rattrapage nécessaires. La forte participation des personnels aux côtés des étudiants dans les manifestations montre la déter- mination de l’ensemble de la communauté uni- versitaire.

L’US : À ton avis, quelles sont les perspectives ? J. D. : Face à l’obstination du Premier ministre nous considérons que la mobilisation doit encore mon- ter d’un cran.Il est maintenant urgent de prévoir au

plan national une action de grève générale et inter- professionnelle. Un engagement encore plus actif dans le mouvement de la part des personnels de l’université (par exemple par une décision grève reconductible) est aussi envisagé, notamment pour les collègues IATOS, cette proposition paraissant moins pertinente pour les enseignants puisque les cours sont actuellement bloqués.Une assemblée générale des personnels de l’établissement, à l’ap- pel de l’Intersyndicale, devrait demain mardi (21/03) faire des propositions dans ce sens. Impossible d’imaginer à Rennes 2 une reprise normale de l’ac- tivité tant que le CPE n’est pas retiré pour qu’enfin s’engage la concertation sur l’emploi des jeunes et leur formation.

L’US : Merci et bonne lutte !

Propos recueillis le 20 mars 2006

Avec Poitiers ou Toulouse, Rennes fait partie des villes universitaires très tôt mobilisées contre le CPE. L’US donne la parole à Jacques Degouys, maître de conférence et responsable de la (forte) section SNESup de l’université de Rennes 2.

Cyril Ferez

C’est avec une très grande émotion que la FSU a appris qu’un militant de SUD-PTT est dans le coma à la suite d’une charge policière. Elle exprime toute sa solidarité à la victime, aux siens et à ses camarades.

Si les informations sur les circonstances sont avérées, il s’agit d’un événement d’une extrême gravité.

La FSU exige que toute la lumière soit faite au plus vite et que les responsabilités à tous les niveaux soient établies. Elle demande au gouvernement de prendre toutes les dispositions pour que le droit à manifester puisse continuer à s’exercer en toute liberté et sécurité.

Communiqué de presse, Paris le 21 mars 2006

C

ombien faudra-t-il de manifestants pour faire entendre raison à Villepin ?

Le 16 mars, des centaines de milliers d’étudiants et de lycéens – entre 250000 et 500000 – ont crié leur rejet du CPE. Le 18 mars, entre un million et un mil- lion et demi de salariés, de jeunes, et aussi de familles, parents et aïeuls, fiers et solidaires de leur progéniture, se sont rassemblés dans de puissants cortèges dans tout le pays.

Dans une unité syndicale inentamée, cette nouvelle démonstration marque la force et la profondeur d’un mouvement qui ne cesse de s’amplifier : ils étaient ainsi près de 200000 à Paris, plus de 100000 à Marseille, 40 000 à Toulouse, 25 000 à Rennes ou Grenoble, 20 000 à Lyon et à Lille, plus de 15 000 à Nancy...

Malgré de pitoyables tentatives gouvernemen-

tales pour ternir l’image des manifestants, les défi- lés offrent un spectacle de vitalité juvénile, mais aussi de sérénité, de confiance dans la victoire, empreinte toutefois d’une certaine gravité face à l’intransigeance butée du Premier ministre. C’est bien, à travers celui du CPE, d’un rejet global d’un modèle de société fondé sur la précarité générali- sée et la peur dont témoigne cette marée humaine.

Parallèlement, loin de s’essouffler, la grève des uni- versités s’étend, toujours scandée d’assemblées générales massivement suivies, mêlant étudiants et personnels qui se lancent ou reconduisent, après débats et votes démocratiques, le blocage des établissements : le mercredi 22 mars 2006, une soixantaine d’universités étaient mobilisées dont une quinzaine bloquée.

Les lycéens,de lycée d’enseignement général,tech-

nologique ou professionnel, suivent désormais la trace de leurs aînés : près de 800 lycées seraient

«perturbés» selon le ministère de l’Éducation natio- nale – avec une présence toujours plus massive dans les manifestations. À proximité, les parents, souvent inquiets devant l’intransigeance du gou- vernement et les risques de violences. Car les inci- dents,parfois dramatiques comme à Paris au soir du 18/03, ne sont plus rares : un personnel du CRDP matraqué à Toulouse, des jeunes chargés et disper- sés à coup de lacrymos par les CRS à Clermont:aga- cés par la présence d’une caméra,ils avaient lancé des pommes sur les fenêtres de la préfecture...

Prochains rendez-vous les 23 et 28 mars : à l’appel des syndicats de salariés, d’étudiants et de lycéens.

Le printemps est là : il sera chaud dans les rues.

Matthieu Leiritz, le 22 mars 2006

JOURNÉES DU 16 ET DU 18 MARS

SALARIES, JEUNES, FAMILLES : IMPRESSIONNANTS

©Thierry Nectoux©Thierry Nectoux

(3)

L’US N° 634 • 24/03/2006 3

CHÔMAGE

LE DIPLÔME RESTE DÉTERMINANT POUR L’ACCÈS À L’EMPLOI

LES PERSONNELS

DANS L’ACTION CONCOURS :

DES POSTES !

LYCÉENS : LA RÉVOLTE

PRIORITÉ À L’ÉDUCATION

R L’EMPLOI ET LA FORMATION DES JEUNES

U

n jeune actif sur cinq est au chômage en France, un sur cinq occupe un emploi tempo- raire. Peu de pays développés connaissent une situation aussi grave. Il est donc indispensable d’agir, mais dans quelle direction ? Selon le Centre d’études sur les qualifications, trois ans après leur fin d’études, 40 % des sans diplôme sont au chô- mage et 11 % sont en intérim. Dans le même temps, 85 % des diplômés de troisième cycle sont en CDI.

UNE STRATÉGIE RENTABLE

Le diplôme est encore la meilleure façon d’obtenir un emploi stable, parce que les employeurs sont prêts à s’engager pour obtenir des compétences rares et ont besoin de personnel stable pour occu- per les emplois à forte responsabilité. L’augmen- tation du niveau de qualification est donc une stratégie individuelle rentable. Peut-elle être une stratégie collective ou « l’inflation scolaire » entraî- nera-t-elle la dévalorisation des diplômes? La théo- rie enseigne qu’un pays a l’économie de ses fac- teurs de production. Le tissu productif s’adapte aux facteurs de production disponibles et non l’inverse. En matière de qualifications, cela signifie que l’abondance de jeunes diplômés compétents attire les entreprises ayant besoin de ce type de compétences et, inversement, promettre aux employeurs des salariés bon marché taillables et corvéables à merci favorise le développement des activités utilisant du travail peu qualifié.

Améliorer le niveau de formation de la jeunesse est donc le meilleur moyen pour que lui soient pro- posés des emplois qualifiés et stables. Et il y a du chemin à faire : depuis dix ans, le nombre d’étu- diants stagne quand il a augmenté de 20 % en Espagne, d’un quart au Royaume-Uni, de moitié en Corée.

À cette voie toute tracée, le gouvernement oppose

la vieille idée selon laquelle ce seraient les rigidi- tés du marché du travail qui dissuaderaient les employeurs d’embaucher. Il faudrait donc plus de flexibilité. Mais, dans ce cas, pourquoi concen- trer cette flexibilité sur les jeunes, alors qu’ils connaissent déjà une instabilité de l’emploi très importante ? Faux stagiaires payés au-dessous du Smic, faux indépendants rémunérés à la tâche, vrais CDD renouvelés indûment : difficile de croire que le statut des jeunes salariés manque de sou- plesse. Allons plus loin : si le CDI fait peur aux employeurs, comme le prétend le gouvernement, ils vont interrompre les CPE avant l’expiration de la période de deux ans, tant qu’ils peuvent le faire sans coût ni délai. Même en acceptant les postu- lats de départ du gouvernement, le CPE apparaît donc incohérent.

UNE ANALYSE ERRONÉE

En second lieu, la politique de déréglementation part d’une analyse erronée : la rigidité du droit du travail en France, effectivement plus détaillé et

V

illepin, face au chômage des jeunes, offre de faciliter leur licenciement. Dans une actualité justement dominée par le mouvement anti CPE, des combats opiniâtres se poursuivent en faveur d’une Éducation nationale qui puisse relever le défi de la formation et de la qualification pour toute la jeunesse.

Peu importe le couvercle médiatique:les personnels sont dans l’action, le SNES et les syndicats de la FSU à leurs côtés. Là il s’agit toujours et encore d’obte- nir le rétablissement de moyens dans le cadre de la rentrée 2006. Cela peut être à l’échelle d’un éta- blissement : le collège Paul-Bert de Malakoff comp- tait 100 % de grévistes le 15 mars pour protester contre la suppression de 5 postes – 9 heures ont déjà été récupérées ; le lycée Romain-Rolland de Cla- mecy dans la Nièvre était occupé contre la fermeture progressive, dans ce bassin rural, de toute la filière tertiaire.Mais il peut s’agir de départements,comme l’Oise, ou d’une académie tout entière, dans l’unité syndicale, qui ne se résoud pas à l’interminable sai- gnée : Lille (3 568 postes perdus depuis 1998 !) le S3 appelle à un rassemblement et une manifestation le 29 mars à 15h,Porte de Paris,avec prise de parole des représentants des assemblées générales et des établissements en lutte.

Contre la Loi Fillon et son projet d’École au rabais, face au dynamitage des ZEP, à l’apprentissage junior dès 14 ans, les établissements continuent à se mobiliser, notamment par des occupations noc-

turnes, mêlant personnels et parents. Après le 93, d’autres collèges embrayent comme André-Doucet de Nanterre, ou Manet à Villeneuve, avec le soutien de la FCPE.

contraignant qu’ailleurs, s’explique par la faiblesse de la négociation collective. Les protections juri- diques essentielles que donne le droit du travail français existent dans les autres pays, mais sous forme d’accords collectifs et non de lois. Par ailleurs, le droit du travail est très complet mais peu appli- qué. Ainsi, 2 % des observations des inspecteurs du travail donnent lieu à sanction, nettement moins que dans les autres pays d’Europe.

Le CPE recèle des caractéristiques susceptibles de séduire de nombreux patrons, à commencer par la possibilité de licencier sans explications, ce qui peut dissuader les salariés de se syndiquer, d’exi- ger le paiement des heures supplémentaires effec- tuées, de prendre leurs congés, voire de déclarer une grossesse. Il est donc probable qu’il servira de substitut au CDI pour les jeunes à diplôme intermédiaire. Quant aux moins qualifiés, on ne voit pas très bien ce que cette nouvelle forme d’emploi précaire pourrait leur apporter.

■ Arnaud Parienty 0 % Diplôme

du supérieur

POUR LES JEUNES, LE DIPLÔME EST DÉTERMINANT POUR L’ACCÈS AU CDI

Uniquement chômage ou inactivité

Emploi et chômage ou inactivité Uniquement emploi temporaire Emploi à durée indéterminée et emploi temporaire Uniquement emploi à durée indéterminée

Bac CAP,

BEP

Sans diplôme 20 %

40 % 60 % 80 % 100 %

Source:INSEE première 1061,janvier 2006

D

ans les universités il n’y a pas que le CPE qui fâche ! Pour bon nombre d’étudiants qui se préparaient au CAPES et à l’agrégation, la baisse de près de 30 % des postes mis aux concours par rapport à l’année dernière, annon- c é e à q u e l q u e s s e m a i n e s s e u l e m e n t d e s épreuves, ne passe pas.

Cette baisse concerne toutes les disciplines ; elle est particulièrement spectaculaire en éducation physique et sportive (baisse de 57 % à l’agréga- tion, de 50 % au CAPES), en lettres classiques (baisse de 33 % à l’agrégation, de 40 % au CAPES), en philosophie (baisse de 35 % à l’agrégation, de 38 % au CAPES), en mathématiques (baisse de 35 % à l’agrégation), en sciences économiques et sociales (baisse de 30 % à l’agrégation, 33 % au CAPES)...

Le 16 mars, à l’appel du SNEP, de la CNEE-STAPS et du SNESup, 10 000 étudiants, formateurs et enseignants d’EPS ont manifesté, ensemble, à Paris, pour exiger en particulier une augmenta- tion du nombre de postes aux concours 2006 d’enseignants d’EPS.

Plusieurs centaines d’étudiants (venant de Bor- deaux, Poitiers, Orléans, Marseille, Lyon, Lille, etc.) avaient rallié Paris en vélo : une véritable épopée revendicative marquant leur engagement, et leur volonté de faire connaître leurs difficultés à l’opinion.

Plus classique dans la forme d’action mais tout aussi impressionnante dans les résultats, la péti-

tion lancée par un collectif d’étudian(e)s prépa- rant les concours externes « Non à la diminution des postes aux concours de recrutement de l’enseignement secondaire ! » signable en ligne sur le site liens sociaux (www.liens-socio.org) a déjà recueilli plus de 15 000 signatures !

Claudie Martens claudie.martens@snes.edu

ENSEIGNANTS, ÉTUDIANTS, LYCÉENS

PARTOUT LE COMBAT POUR L’ÉCOLE

La mise en œuvre du CPE voté dans le cadre de la loi sur « l’égalité des chances « condamne la jeunesse à une précarité généralisée, quel que soit son niveau de qualification et diplômes. Elle est très clairement en cohérence avec la politique menée dans l’Éducation nationale : suppressions de dizaines de milliers de postes, réduction drastique des recrutements, abandon de la scolarité à 16 ans, disparition programmée des ZEP, réduction du coût de l’école préparée au travers d’audits financiers sur les examens, les horaires élèves. L’actualité nous offre l’occasion de faire venir au premier plan les questions éducatives. Plus que jamais nous devons collectivement être au rendez-vous.

©Daniel Maunoury ©Thierry Nectoux©Thierry Nectoux

L

e mouvement s’étend, inexorablement. Des assemblées générales, des votes: allez on arrête les cours, on bloque par des barrages filtrants, aux grilles, ou dans les bâtiments ; on laisse les élèves des classes prépas, et les TPE, ou pas. Difficile de faire le point précisément. Difficile aussi d’évaluer les pressions exercées sur les élèves par l’admi- nistration ici ou là. Dans le 93, 25 des 64 lycées publics sont bloqués, dans le 77, plus d’un tiers des lycées dans l’action avec les étudiants de Paris-XII ; 36 lycées bloqués sur 110 à Paris mardi contre 11 le lundi, et cela monte. À Nantes, à Angers, au Mans, ce sont tous les lycées, généraux, tech- nologiques ou professionnels, et même du privé ! 25 % des lycées seraient concernés selon la FIDL.

C’est la jeunesse lycéenne qui dit à Villepin : « L’en- jeu, c’est notre avenir, pas le tien ! »

Alors ils marchent, aux côtés des étudiants : 5 000 à Nantes, à Toulouse, à Lille, 10 000 à paris, plus de 50 000 encore ce mardi 21 mars. Il faut avertir les copains du bahut d’à côté, et cela prend. À Mont- pellier, huit lycées ont arrêté les cours, 24 sont tou- chés, et en Bretagne, et cela durera ce qu’il faudra.

« C’est notre avenir, pas le tien ! »

Faites-nous parvenir le maximum d’informations sur les luttes locales

secgene2@snes.edu

Références

Documents relatifs

La trame de ce rapport actualise celle du rapport dédié à la session précédente. Les éléments auxquels il est fait référence sont en effet largement pérennes et il

Dans le cas de cette épreuve, plusieurs questions et même parties du sujet (dont la partie I.1) portent sur des connaissances et savoir-faire de niveau L1 et n’ont pas été

- le développement post-bac ne peut se réduire à une présentation superficielle du concept ; le candidat doit y passer suffisamment de temps pour montrer au jury sa maîtrise d’un

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