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Palatabilité et comportement alimentaire chez les ruminants

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Academic year: 2021

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René Baumont

To cite this version:

René Baumont. Palatabilité et comportement alimentaire chez les ruminants. Productions animales,

Institut National de la Recherche Agronomique, 1996, 9 (5), pp.349-358. �hal-02698846�

(2)

R. BAUMONT

INRA Station de Recherches sur la Nutrition des Herbivores Theix 63122 St-Gen•s Champanelle

PalatabilitŽ

et comportement alimentaire

chez les ruminants

INRA Prod. Anim., 1996, 9 (5), 349-358

La palatabilitŽ dÕun aliment int•gre les caractŽristiques physiques et chimiques qui dŽterminent les prŽfŽrences alimentaires de lÕanimal.

Ainsi, par exemple, les ruminants prŽf•rent les aliments dont les caractŽristiques physiques leur permettent de les ingŽrer rapidement.

Mais la palatabilitŽ est difficilement quantifiable car la rŽponse des sens, mesurŽe par la consommation, fait intervenir la valeur nutritive et le plaisir procurŽ par lÕingestion de lÕaliment. LÕarticle fait le point sur les diffŽrentes mŽthodes de mesure de la palatabilitŽ et sur son r™le dans le contr™le des quantitŽs ingŽrŽes.

RŽsumŽ

La palatabilitŽ (ou lÕappŽtibilitŽ) dŽsigne les caractŽristiques de lÕaliment qui pro- voquent la rŽaction des sens de lÕanimal. Elle est le corollaire de lÕappŽtit de lÕani- mal pour lÕaliment. LorsquÕun seul aliment est disponible, la palatabilitŽ peut •tre ŽvaluŽe par la vitesse dÕingestion au dŽbut du repas et non par la quantitŽ ingŽrŽe qui int•gre en partie les effets post-ingestifs. Toutefois certaines techniques expŽ- rimentales permettent de sŽparer les deux phŽnom•nes. Lorsque plusieurs ali- ments sont proposŽs, leur palatabilitŽ est gŽnŽralement ŽvaluŽe par des tests de prŽfŽrence. LÕŽtude du comportement permet dÕŽvaluer la motivation pour lÕali- ment plut™t que son rŽsultat qui est la quantitŽ ingŽrŽe. Les procŽdures de condi- tionnement opŽrant montrent comment lÕanimal maintient son choix pour un ali- ment prŽfŽrŽ lorsquÕil devient de plus en plus difficile ˆ obtenir. Les caractŽristiques physiques de lÕaliment (taille des particules, rŽsistance ˆ la cas- sure, teneur en mati•re s•che, hauteur et densitŽ du couvert vŽgŽtal...) partici- pent ˆ la rŽponse des sens. Elles influencent la facilitŽ de prŽhension et de masti- cation et les animaux prŽf•rent gŽnŽralement les aliments dont la forme physique permet une ingestion rapide. Le gožt et lÕodeur sont considŽrŽs comme des dŽter- minants importants de la palatabilitŽ, mais leurs effets sont difficiles ˆ mesurer car ils dŽpendent de la technique expŽrimentale utilisŽe. La plupart des Žtudes sur la palatabilitŽ sont rŽalisŽes ˆ court terme (quelques minutes ou quelques heures). A plus long terme (plusieurs jours ou semaines) les prŽfŽrences alimen- taires semblent gŽnŽralement •tre associŽes ˆ des modifications digestives. Les animaux associent par apprentissage les effets post-ingestifs de lÕaliment avec ses caractŽristiques sensorielles. Les ruminants dŽveloppent gŽnŽralement des prŽfŽ- rences pour les aliments qui leur permettent dÕatteindre rapidement un Žtat de satiŽtŽ ŽlevŽ. Ainsi la palatabilitŽ mesurŽe par la rŽponse des sens ˆ lÕaliment int•gre sa valeur nutritive. Cependant, pour une valeur nutritive donnŽe, les pro- priŽtŽs sensorielles intrins•ques de lÕaliment peuvent stimuler plus ou moins un comportement alimentaire de nature hŽdonique, surtout dans les situations de choix et pour les animaux ˆ faibles niveaux de productions. En premi•re approche, la valeur hŽdonique de lÕaliment peut •tre assimilŽe ˆ la diffŽrence entre la quantitŽ ingŽrŽe observŽe et celle prŽvue ˆ partir de sa valeur nutritive.

Un aliment doit tout dÕabord •tre reconnu comme comestible pour •tre ingŽrŽ. Le r™le des sens (vue, odorat, toucher, gožt) dans les choix alimentaires au p‰turage est bien Žtabli

(Arnold 1970). En revanche, il est probable- ment moins important lorsquÕun seul aliment est distribuŽ ˆ lÕauge (Demarquilly 1978).

NŽanmoins, m•me dans une situation aussi simple, il est impossible de dŽcrire parfaite- ment les variations dÕingestibilitŽ au sein dÕune large gamme dÕaliments uniquement ˆ partir de leurs caractŽristiques digestives et mŽtaboliques (Faverdin et al1995). Les tra- vaux sur lÕingestion chez les ruminants ont jusquÕˆ prŽsent moins ŽtudiŽ le r™le des sens que lÕeffet de lÕencombrement du rumen ou du contr™le ŽnergŽtique de lÕingestion. Il est signi- ficatif quÕaucun des syst•mes de prŽvision des quantitŽs ingŽrŽes publiŽs ˆ ce jour ne tienne compte de la rŽponse des sens ˆ lÕaliment.

La palatabilitŽ (ou lÕappŽtibilitŽ) dŽsigne les caractŽristiques de lÕaliment qui provoquent une rŽponse des sens de lÕanimal (Greenhalgh et Reid 1971) et donc un appŽtit (ou une appŽ- tence) plus ou moins dŽveloppŽ pour cet ali- ment. Apr•s avoir dŽfini ce que recouvre le terme palatabilitŽ, nous discuterons les mŽthodes utilisŽes pour lÕŽvaluer. Puis les principales caractŽristiques de lÕaliment qui dŽtermine sa palatabilitŽ et certains aspects de lÕutilisation des sens de lÕanimal seront ana- lysŽs. Enfin, nous essaierons de tirer quelques conclusions sur le r™le de la palatabilitŽ dans le contr™le des quantitŽs ingŽrŽes.

1 / DŽfinitions

Church (1979) dŽfinit la palatabilitŽ comme les Ç caractŽristiques alimentaires ou les conditions qui stimulent une rŽponse sŽlective

(3)

de lÕanimal È. En accord avec Hodgson (1979), il consid•re la palatabilitŽ comme une caractŽ- ristique inhŽrente ˆ lÕaliment. Pour Matthews (1983) la palatabilitŽ dÕun aliment est Žquiva- lente ˆ la prŽfŽrence pour celui-ci. Elle est dŽterminŽe par son gožt, son odeur, son appa- rence, sa tempŽrature et sa texture. Cepen- dant, Forbes (1995) consid•re que la palatabi- litŽ nÕest pas uniquement un attribut de lÕaliment puisquÕelle dŽpend de lÕexpŽrience et de lÕŽtat mŽtabolique de lÕanimal. Gallouin et Le Magnen (1987) soulignent que la palatabi- litŽ nÕest pas absolue et dŽpend de lÕŽtat de faim de lÕanimal. La palatabilitŽ de lÕaliment est le corollaire de lÕappŽtit de lÕanimal, cÕest- ˆ-dire la stimulation ˆ ingŽrer provoquŽe par lÕaliment. La palatabilitŽ de lÕaliment est dŽfi- nie par lÕensemble de ses caractŽristiques phy- siques (port de la plante, prŽsence dÕŽpines, ...) et chimiques (odeur, gožt, ...) qui agissent sur lÕappŽtit (Jarrige 1988). Mertens (1994) se rapproche de cette dŽfinition, mais ne prŽcise pas si les caractŽristiques physiques, qui dŽterminent notamment la facilitŽ de prŽhen- sion et de mastication, font partie ou non de la palatabilitŽ. Au p‰turage, la facilitŽ de pre- hension joue un r™le important sur la sŽlection alimentaire (voir lÕarticle de B. Dumont dans ce dossier). Pour des animaux nourris ˆ lÕauge, le m•me foin distribuŽ en brins longs, hachŽ ou broyŽ ne sera ingŽrŽ ni ˆ la m•me vitesse, ni en m•me quantitŽ (Jarrige et al 1995).

Comme il est bien Žtabli que des caractŽris- tiques physiques comme la taille des parti- cules et le taux dÕhumiditŽ contribuent ˆ la rŽponse sensorielle provoquŽe par lÕaliment, celles-ci seront considŽrŽes dans cette revue comme agissant sur la palatabilitŽ.

2 / Comment Žvaluer

la palatabilitŽ des aliments ?

La mesure idŽale de la palatabilitŽ est celle qui nÕest influencŽe ni par lÕingestion prŽa- lable dÕaliments (Matthews 1983), ni par les consŽquences post-ingestives de la consomma- tion des aliments ŽtudiŽs (Grovum et Chap- man 1988). Les diffŽrentes mŽthodes utilisŽes diff•rent entre elles selon que des quantitŽs ingŽrŽes ou des param•tres du comportement alimentaire sont mesurŽs et selon que un ou plusieurs aliments sont proposŽs en m•me temps aux animaux.

2

.1

/ Mesures des quantitŽs ingŽrŽes

Les diffŽrences de quantitŽs ingŽrŽes ne peuvent pas •tre attribuŽes seulement ˆ la palatabilitŽ puisquÕelles sont Žgalement le rŽsultat des modifications digestives, mŽtabo- liques et hormonales provoquŽes par les diffŽ- rents repas. Mesurer la quantitŽ ingŽrŽe pen- dant les premi•res minutes qui suivent la prŽsentation de lÕaliment limite toutefois la confusion entre palatabilitŽ et consŽquences post-ingestives. La vitesse dÕingestion en dŽbut de repas traduit la motivation des ani- maux ˆ ingŽrer. Par exemple, elle augmente progressivement au cours des premi•res semaines de lactation chez des vaches lai- ti•res alimentŽes avec une ration de composi- tion constante (Faverdin 1985). LorsquÕon redistribue le m•me foin ˆ des moutons 3 ˆ 5 heures apr•s un premier repas, la vitesse dÕin- gestion au dŽbut du deuxi•me repas est tr•s proche de celle mesurŽe au dŽbut du premier (figure 1), alors que lÕŽtat digestif et mŽtabo- lique des animaux est tr•s diffŽrent (Baumont et al1990). La vitesse dÕingestion en dŽbut de repas, qui peut varier du simple au double entre deux fourrages, semble •tre un bon cri- t•re pour Žvaluer la rŽponse sensorielle provo- quŽe par lÕaliment et donc sa palatabilitŽ.

Pour sŽparer lÕeffet de la palatabilitŽ et de la digestibilitŽ sur la quantitŽ ingŽrŽe Green- halgh et Reid (1971) ont dŽveloppŽ une tech- nique utilisant lÕintroduction directe dÕun ali- ment dans le rumen (figure 2). Toutefois cette technique ne semble pas adaptŽe pour compa- rer la palatabilitŽ dÕaliments qui nÕont pas la m•me structure physique car la mastication lors de lÕingestion ne peut pas •tre simulŽe (van Niekerket al1973). Une autre technique pour Žviter les post-ingestifs de lÕaliment consiste ˆ dŽriver les ingesta du tube digestif par une fistule de lÕÏsophage (Grovum et Chapman 1988).

Evaluer lÕeffet que va exercer par son gožt ou son odeur un composŽ chimique sur la palatabilitŽ dÕun aliment suppose de pouvoir sŽparer lÕeffet du composŽ chimique de celui du substrat auquel il est incorporŽ. Ainsi le r™le des gožts primaires (Goatcher et Church 1970a, 1970b) et de nombreuses flaveurs a ŽtŽ ŽtudiŽ avec des solutions aqueuses. En com- plŽment, la rŽponse dÕanimaux normaux peut

•tre comparŽe ˆ celle dÕanimaux rendus La vitesse

dÕingestion en dŽbut de repas

traduit la motivation de lÕanimal ˆ consommer lÕaliment et permet dÕŽvaluer sa palatabilitŽ.

1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200 0

30 60 90 120 150 180 210 240 270 300 330 360 Temps (minutes)

Quantité ingérée (g MS)

1ère distribution

2ème distribution 2ème distribution

Foin de luzerne Foin de prairie naturelle

Figure 1. Cinétique d’ingestion au cours du repas qui suit la distribution du matin et après une deuxième distribution 3 ou 5 heures après. Les cinétiques sont ajustées sur une courbe exponentielle : QI = A (1 – e–bt),

avec QI = quantité ingérée, t = temps, A et b étant les paramètres d’ajustement.

La vitesse d’ingestion en début de repas (t = 0) est égale à A*b (d’après Baumont et al 1990).

(4)

agueusiques et / ou anosmiques par voie chi- rurgicale (Arnold 1966, Michalet-Doreau 1975).

Le comportement alimentaire est plus sen- sible aux diffŽrentes caractŽristiques de lÕali- ment dans une situation de choix. Ainsi lÕam- plitude, et m•me parfois le sens, des effets sur lÕingestion de certains composŽs odorants varie selon que les animaux sont en situation de choix alimentaire ou non (Arnold 1970).

Les tests de palatabilitŽ devraient donc tou- jours •tre rŽalisŽs en situation de choix. Tou- tefois, la durŽe des tests et les quantitŽs dÕali- ments offertes aux animaux doivent •tre soigneusement dŽfinies pour Žviter des rŽponses exclusives (un seul aliment consommŽ) ou difficilement exploitables (tous les aliments consommŽs). Ainsi, pour tester la palatabilitŽ des concentrŽs chez la ch•vre, Morand-Fehr et al (1987) ont dŽfini la procŽ- dure suivante : 1) les aliments sont testŽs par paires, 2) les diffŽrentes combinaisons (6 pour 4 aliments par exemple) sont mises en Ïuvre selon un dispositif expŽrimental en carrŽ latin, 3) chaque test dure 30 s et est rŽpŽtŽ 4 fois avec 200 g de chaque aliment offerts aux animaux.

Une mŽthodologie originale a ŽtŽ dŽvelop- pŽe par Colebrook et al (1985) pour sŽparer le r™le des caractŽristiques physiques qui

influencent la vitesse dÕingestion potentielle de lÕaliment, de celui des autres facteurs sen- soriels agissant sur la prŽfŽrence. Cette mŽthode associe la mesure de la vitesse dÕin- gestion initiale de lÕaliment et la mesure de la prŽfŽrence pour cet aliment par rapport ˆ un foin standard dont on fait varier la longueur des brins (figure 3). Un autre aspect intŽres- sant de cette mŽthode est lÕutilisation dÕun ali- ment de rŽfŽrence. Une mesure de palatabi- litŽ est toujours relative aux autres aliments prŽsentŽs en m•me temps et lÕutilisation dÕun fourrage de rŽfŽrence peut aider ˆ regrouper les rŽsultats de plusieurs essais.

2

.2

/ Mesures du comportement

Les mesures du comportement permettent dÕŽvaluer la motivation de lÕanimal pour lÕali- ment plut™t que le rŽsultat de cette motiva- tion qui est lÕingestion. Deux types de compor- tement peuvent •tre ŽtudiŽs (Matthews 1983) : le comportement associŽ ˆ lÕingestion dÕali- ments disponibles librement et le comporte- ment pour obtenir lÕacc•s ˆ des aliments choi- sis. Au p‰turage, la mesure du temps

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

PalatabilitŽ et comportement alimentaire chez les ruminants / 351

Figure 2. Une méthode pour séparer les effets de la digestibilité et de la palatabilité sur la quantité ingérée. L’effet de la palatabilité est mesuré par la différence de quantité ingérée entre les deux aliments lorsque l’autre est introduit directement dans le rumen afin de maintenir la composition et la digestibilité de la ration constante (d’après Greenhalgh et Reid 1971).

1200

1000

800

600

400

200

0

0,37 0,53 0,53 0,71

Ingéré Introduit dans le rumen Quantité

ingérée (g MS)

Paille Paille

Herbe

Herbe Paille

Herbe

Paille

Herbe Effet

digestibilité Effet palatabilité

Effet digestibilité

Digestibilité

80 70 60 50 40 30 20 10

0

VI potentielle du foin standard (g/min)

Longueur des brins du foin standard (mm)

0 5 10 15 20 25 30

40 32 24 16 8 0

VIP VIA

Préférence (%)

Figure 3. Mesure quantitative de la palatabilité d’un aliment. Les vitesses d’ingestion potentielles (VIP, mesurées pendant la première minute) du fourrage étudié et d’un foin standard haché à plusieurs longueurs de brins sont

déterminées séparément. Ensuite la préférence pour le fourrage étudié est testée par rapport aux différentes longueurs du foin standard. La régression linéaire entre la préférence pour le fourrage étudié et la vitesse d’ingestion du foin standard pour les différentes longueurs de brins permet de calculer une vitesse d’ingestion ajustée (VIA) à une préférence de 50 %. La différence entre VIP et VIA représente une mesure quantitative des facteurs sensoriels qui influencent la sélection pour le fourrage étudié (d’après Colebrook et al 1985).

(5)

dÕingestion est beaucoup plus aisŽe que la mesure des quantitŽs ingŽrŽes. Le temps passŽ ˆ p‰turer diffŽrents couverts vŽgŽtaux peut •tre considŽrŽ comme un indicateur de la motivation ˆ ingŽrer ces couverts ˆ condition que la structure de ces couverts (hauteur, den- sitŽ, ...) soit comparable.

Les techniques de conditionnement opŽrant permettent dÕŽtudier le comportement de lÕanimal pour obtenir lÕaliment (Baldwin 1978, Matthews et Kilgour 1980). Un dispositif cou- ramment utilisŽ chez les bovins consiste en un bouton-poussoir sur lequel les animaux doivent appuyer avec le nez pour avoir acc•s ˆ lÕaliment. On peut, par exemple, augmenter progressivement le nombre dÕappuis nŽces- saires pour obtenir lÕaliment jusquÕau seuil ˆ partir duquel les animaux vont cesser dÕagir.

Cette procŽdure a ŽtŽ utilisŽe pour Žvaluer la palatabilitŽ dÕaliments prŽsentŽs un par un ˆ des moutons (Hutson et van Mourik 1981).

Mais le conditionnement opŽrant peut Žgale- ment •tre utilisŽ en situation de choix. Un des avantages de cette technique est que le crit•re mesurŽ pour chacune des alternatives du choix est identique et indŽpendant de lÕacte dÕingestion (Matthews 1983). De plus, en fai- sant varier les param•tres permettant lÕob- tention de la rŽcompense on peut Žviter les rŽponses exclusives. En situation de choix, le conditionnement opŽrant permet dÕŽtudier comment les animaux vont maintenir le choix pour lÕaliment prŽfŽrŽ lorsquÕil devient de plus en plus difficile ˆ obtenir. Dumont et Petit (1995) ont dŽveloppŽ un test dans lequel les animaux ont le choix entre un mauvais four- rage disponible ˆ volontŽ et un bon fourrage

disponible en quantitŽ limitŽe mais dont lÕob- tention nŽcessite de traverser lÕaire de test (figure 4). Ce test a ŽtŽ utilisŽ pour comparer les prŽfŽrences dÕovins et de bovins lorsque lÕaccessibilitŽ et la disponibilitŽ du fourrage prŽfŽrŽ est Žquivalente pour les deux esp•ces.

Ce test permet Žgalement de comparer la palatabilitŽ des fourrages.

3 / Les principales composantes de la palatabilitŽ

des aliments

3

.1

/ Les caractŽristiques physiques

Le toucher, dont le r™le est reconnu depuis le travail de Arnold (1966), est utilisŽ par lÕanimal au p‰turage pour Žviter les plantes Žpineuses ou gluantes.

Les mesures dÕingestibilitŽ et de comporte- ment alimentaire rŽalisŽes avec des fourrages dŽshydratŽs hachŽs ou broyŽs (Jarrige et al 1995) montrent que lorsque la taille des parti- cules diminue, la quantitŽ ingŽrŽe augmente, la durŽe dÕingestion diminue et par consŽ- quent la vitesse dÕingestion augmente consi- dŽrablement (voir aussi Colebrooket al 1985

; figure 3). Cependant, en-dessous dÕun seuil de 0,75 mm pour les lŽgumineuses et de 0,50 mm pour les graminŽes, la rŽponse de lÕani- mal sÕinverse.

Les caractŽristiques physiques de lÕaliment nÕagissent pas seulement mŽcaniquement sur la facilitŽ de prŽhension, puisquÕil a ŽtŽ mon- trŽ en situation de choix que les moutons prŽ- f•rent gŽnŽralement les aliments qui sÕing•- rent rapidement. Avec des couverts vŽgŽtaux artificiels, on montre que les effets sur les prŽfŽrences de la hauteur de lÕherbe et de la densitŽ du couvert sont Žtroitement liŽs aux variations de la vitesse dÕingestion (Black et Kenney 1984). Avec des fourrages secs, la prŽ- fŽrence pour des mŽlanges contenant plus ou moins de petites particules est tr•s prŽcisŽ- ment fonction des vitesses dÕingestion des dif- fŽrents mŽlanges (Kenney et Black 1984 ; figure 5). La prŽfŽrence pour les petites parti- cules est dÕautant plus marquŽe que la vitesse dÕingestion du fourrage est faible comme dans le cas de la paille. La prŽfŽrence pour les four- rages qui peuvent •tre ingŽrŽs rapidement pourrait expliquer en partie la liaison nŽga- tive entre lÕŽnergie nŽcessaire au broyage et lÕingestibilitŽ (Chenost 1966). La rŽsistance au broyage est liŽe ˆ la teneur en parois vŽgŽ- tales et ˆ la proportion de tiges dans le four- rage (Chenost et Grenet 1971). Ainsi, une rŽsistance au broyage tr•s ŽlevŽe pourrait expliquer en partie la faible palatabilitŽ de la paille.

Les moutons expriment une prŽfŽrence pour le fourrage vert par rapport au m•me four- rage sŽchŽ lorsque lÕingestion est calculŽe en mati•re fra”che, mais non lorsquÕelle est cal-

On peut aussi

Žvaluer la motivation de lÕanimal pour lÕaliment en mesurant la contrainte

acceptŽe par lÕanimal pour avoir acc•s ˆ lÕaliment.

a

b

A ? ? B

a

b

A ? ? B

Auges Seaux

Figure 4. Une technique de conditionnement opérant pour étudier la palatabilité des fourrages. Quand l’animal entre dans l’aire de test, il a le choix entre ingérer un fourrage de mauvaise qualité à volonté dans l’auge B et traverser l’aire de test pour être récompensé par un fourrage de bonne qualité dans le seau a. Lorsque le seau est vide, le système pivote et l’animal a le choix entre l’auge A qui contient le mauvais fourrage et revenir pour ingérer le bon fourrage dans le seau b. (d’après Dumont et Petit 1995).

(6)

Figure 5. Relations entre la vitesse d’ingestion d’un mélange de petites et de grandes particules et la préférence pour ce mélange par rapport à un mélange contenant autant de particules des deux tailles. Les grandes et les petites particules sont mélangées dans des proportions de 0 :100, 33 :66, 66 :33 et 100 :0 sur la base du poids (d’après Kenney et Black 1984).

les moutons dŽveloppent une prŽfŽrence pour la luzerne par rapport au tr•fle et pour du blŽ rŽcoltŽ au stade foin par rapport ˆ de la paille (Kenney et Black 1984).

Les effets des gožts primaires (sucrŽ, salŽ, amer et acide) ont ŽtŽ ŽtudiŽs avec des solu- tions aqueuses (Goatcher et Church 1970a, 1970b) et avec un aliment solide rŽcupŽrŽ par une fistule de lÕÏsophage (Grovum et Chap- man 1988). Les rŽsultats diff•rent selon la mŽthode utilisŽe, surtout pour les gožts sucrŽ et salŽ (tableau 1). Grovum et Chapman (1988) soulignent que lÕabsence dÕeffets post- ingestifs (notamment modifications du pH et de la pression osmotique ruminale) peut expliquer les divergences entre leurs rŽsultats et ceux obtenus avec des solutions aqueuses.

En revanche, Forbes (1995) rappelle que les animaux fistulŽs de lÕÏsophage perdent de la salive et peuvent devenir carencŽs en sodium ce qui expliquerait leur prŽfŽrence pour des aliments salŽs. Le gožt Ç umami È est une combinaison des gožts sucrŽ et salŽ et corres- pond au gožt du glutamate monosodique. Son effet positif sur la palatabilitŽ (tableau 1) a ŽtŽ retrouvŽ en traitant du foin avec une solu- tion aqueuse de glutamate monosodique (Ghe- rardi et Black 1991).

Arnold (1970) et Arnold et al (1980) se sont intŽressŽs aux effets de lÕodeur et du gožt de certains composŽs que lÕon trouve dans les plantes herbacŽes ainsi quÕaux effets des acides acŽtique et butyrique que lÕon trouve dans les ensilages. Les effets des composŽs odorants ont ŽtŽ analysŽs en les pulvŽrisant sur des tampons dÕouate placŽs dans lÕauge.

La difficultŽ est de contr™ler le niveau dÕodeur testŽ. Les solutions aqueuses permettent de ma”triser la dose du composŽ testŽ, mais la difficultŽ est alors de distinguer lÕeffet sur lÕodorat de lÕeffet sur le gožt. Pour cette raison Arnold et al (1980) ont comparŽ la rŽponse dÕanimaux normaux ˆ celle dÕanimaux anos- miques et/ou agueusiques. Comme indiquŽ plus haut, lÕamplitude, et m•me parfois le sens, des effets observŽs varient selon que les tests sont ou ne sont pas rŽalisŽs en situation de choix. Par exemple la coumarine a un effet nŽgatif sur la quantitŽ ingŽrŽe lorsque lÕani- mal ne dispose que dÕun seul aliment alors que les animaux dŽveloppent une prŽfŽrence pour la coumarine en situation de choix. Plu-

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

PalatabilitŽ et comportement alimentaire chez les ruminants / 353

La palatabilitŽ dÕun aliment dŽpend de ses caractŽristiques physiques et chimiques, mais lÕeffet strict des propriŽtŽs sensorielles est difficile ˆ dissocier de celui de la valeur nutritive.

70 65 60 55 50 45 40 35 30

11 12 13 14 15 16 17 18

Préférence (% de la quantité ingérée totale)

Vitesse d'ingestion du mélange (g/min)

100:0

66:33

33:66

0:100

0:100

33:66 66:33

100:0

Paille

Foin

(0:100 - 33:66 ... : proportions de petites et grandes particules)

culŽe en mati•re s•che (Kenney et al 1984).

LÕinfluence de la teneur en mati•re s•che sur les prŽfŽrences semble •tre mineure par rap- port ˆ celle de la taille des particules. Dans cette m•me Žtude, le fourrage hachŽ en brins de 10 mm a toujours ŽtŽ prŽfŽrŽ au fourrage hachŽ en brins de 40 mm, quelle que soit sa teneur en mati•re s•che. Des observations comparant les modes de conservation du four- rage sont en accord avec un effet plus impor- tant sur la palatabilitŽ de la taille des parti- cules que de la teneur en mati•re s•che. La diminution de quantitŽ ingŽrŽe de foin par rapport au fourrage vert correspondant ne semble pas due ˆ une diminution de la palata- bilitŽ puisque la vitesse dÕingestion dÕun foin rŽalisŽ dans de bonnes conditions est Žquiva- lente ˆ celle du fourrage vert (Jarrige et al 1995). Chez les vaches laiti•res, la quantitŽ ingŽrŽe de fourrage sec peut m•me •tre supŽ- rieure ˆ celle du fourrage vert lorsque sa teneur en mati•re s•che est infŽrieure ˆ 15 % (VŽritŽ et Journet 1970). Chez les moutons, la faible ingestibilitŽ des ensilages dÕherbe rŽali- sŽs en brins longs par rapport ˆ ceux rŽalisŽs en brins courts est associŽe ˆ une vitesse dÕin- gestion nettement plus faible.

3

.2

/ Les caractŽristiques chimiques

DÕautres facteurs que les caractŽristiques physiques agissent sur la palatabilitŽ. Quelle que soit la taille des particules, les lŽgumi- neuses sont toujours ingŽrŽes plus vite que les graminŽes (Jarrigeet al1995). A un taux dÕin- corporation de 10 % dans une m•me ration,

Tableau 1. Réponse du mouton aux goûts primaires selon qu’ils sont testés avec la technique de dérivation des ingesta par une fistule de l’œsophage (Grovum et Chapman 1988), ou par des tests de préférence en solution aqueuse (Goatcher et Church 1970a, 1970b)

Gožt MolŽcule utilisŽe Effet sur lÕingestion (tech. dŽrivation)

PrŽfŽrence pour la solution aqueuse traitŽe

SucrŽ Saccharose d linŽaire D ˆ la dose maximum

SalŽ NaCl D sans effet dose d linŽaire

Acide HCl d ˆ la dose maximum d linŽaire

Amer UrŽe d sans effet dose variable

Umami Glutamate D aux doses ŽlevŽes non testŽ

monosodique

(7)

sieurs rŽsultats indiquent que les moutons peuvent dŽvelopper une prŽfŽrence pour lÕacide butyrique (Arnoldet al 1980, Gherardi et Black 1991). En revanche, testŽ en solution aqueuse, lÕacide butyrique comme les acides acŽtique et propionique a un effet nŽgatif sur les prŽfŽrences (Goatcher et Church 1970a, 1970b). LÕeffet nŽgatif de lÕacide acŽtique a ŽtŽ retrouvŽ lorsquÕon le pulvŽrise sur du foin (Gherardi et Black 1991) et lorsquÕon en rajoute dans de lÕensilage de luzerne (Bucha- nan-Smith 1990), mais non lorsquÕon teste spŽcifiquement lÕeffet de son odeur (Arnold et al 1980).

La faible ingestibilitŽ des ensilages dÕherbe peut-elle •tre expliquŽe par un manque de palatabilitŽ puisque la digestibilitŽ de lÕensi- lage est en gŽnŽral peu diffŽrente de celle du fourrage vert correspondant ? Les effets de lÕensilage sur lÕodorat et le gožt ont ŽtŽ Žtu- diŽs avec des moutons anosmiques et agueu- siques (Michalet-Doreau 1975). Les rŽsultats doivent •tre interprŽtŽs avec prŽcaution car les animaux anosmiques ing•rent plus que les animaux normaux (Arnold et al 1980).

NŽanmoins, lÕaugmentation de la quantitŽ ingŽrŽe dÕensilage chez les animaux anos- miques est plus prononcŽe (+ 33 %) avec des ensilages mal conservŽs quÕavec des ensi- lages bien conservŽs (+ 6,4 %). En revanche, la quantitŽ ingŽrŽe nÕest pas modifiŽe chez les animaux agueusiques. LÕaddition de com- posŽs aromatiques ˆ lÕensilage dÕherbe peut augmenter les quantitŽs ingŽrŽes de 8 % sur une pŽriode de 8 semaines chez des vaches laiti•res (Weller et Phipps 1989). Sur des

animaux munis de fistules de lÕÏsophage, lÕŽtude du r™le des composŽs principaux du jus dÕensilage donne des rŽsultats inattendus (Buchanan-smith 1990). Seule lÕaddition dÕacide acŽtique ˆ lÕensilage a un effet claire- ment nŽgatif sur la quantitŽ ingŽrŽe. LÕaddi- tion dÕun mŽlange dÕacides acŽtique et lac- tique augmente la quantitŽ ingŽrŽe et celle dÕun mŽlange dÕacides acŽtique et butyrique tout comme celle dÕammoniaque nÕa pas dÕef- fet. Un mŽlange dÕamines et dÕacide gamma- amino butyrique diminue la quantitŽ ingŽrŽe ˆ certaines concentrations. La prŽsence dÕamines en forte concentration semble dimi- nuer la palatabilitŽ de lÕensilage chez le mou- ton puisque la vitesse dÕingestion en dŽbut de repas est alors rŽduite (van Os et al 1995).

Les effets des agents de saveur dŽpendent en fait de la palatabilitŽ du fourrage traitŽ. La mŽlasse permet de faire p‰turer des plantes souillŽes par des dŽjections (Marten et Donker 1964). En revanche, lÕaddition de mŽlasse dans des pellets de foin de bonne palatabilitŽ nÕaugmente la quantitŽ ingŽrŽe que faiblement et temporairement (Demar- quilly 1978).

Dans la plupart des Žtudes o• lÕaliment est modifiŽ, la rŽponse de lÕanimal nÕest ŽtudiŽe quÕˆ court terme pendant quelques minutes ou quelques heures. Arnold et al (1980) ont ajoutŽ ˆ des pellets de foin de petites quanti- tŽs de molŽcules identifiŽes pour diminuer la palatabilitŽ par le gožt ou lÕodeur (tableau 2).

Sur une pŽriode de trois jours, la quantitŽ ingŽrŽe est rŽduite significativement avec la coumarine, la gramine, lÕacide tannique, lÕacide malonique et la glycine. Cependant ces effets sont observŽs Žgalement chez des mou- tons rendus ˆ la fois anosmiques et agueu- siques. De plus, la digestibilitŽ in vitrodes pellets est rŽduite fortement par lÕacide tan- nique et la gramine, faiblement par la couma- rine et la glycine et nÕest pas modifiŽe par les autres molŽcules. Dans des Žtudes ˆ court terme, Gherardi et Black (1991) montrent que traiter du foin avec de lÕacide butyrique et du glutamate monosodique augmente sa palata- bilitŽ et que le traiter avec de lÕoxyde de magnŽsium la diminue. Dans une Žtude ˆ plus long terme, le traitement ˆ lÕacide buty- rique et au glutamate monosodique entra”ne une augmentation de 10 % de la quantitŽ ingŽrŽe et un maintien de la prŽfŽrence pour le foin traitŽ pendant 25 jours (Gherardiet al 1991). LÕaugmentation de la quantitŽ ingŽrŽe est associŽe ˆ une augmentation du taux de digestion dans le rumen. Le traitement ˆ lÕoxyde de magnŽsium nÕentra”ne pas de rŽduction de la quantitŽ ingŽrŽe sur 25 jours bien que la digestibilitŽ ruminale du foin soit rŽduite et compensŽe par un Žtat de rŽplŽtion plus important. En revanche, dans les tests de prŽfŽrence, lÕaversion pour le foin traitŽ se maintient tout au long de lÕexpŽrience. Les effets ˆ long terme sur les prŽfŽrences alimen- taires ou la quantitŽ ingŽrŽe semblent donc associŽs ˆ des modifications de param•tres digestifs.

Tableau 2. Effet (en % de variation par rapport au témoin) sur la quantité ingérée pendant 3 jours de certains composés chimiques présents naturellement dans les herbacées selon qu’ils sont testés en tant que contaminant odorant ou incorporé dans l’aliment et, dans ce dernier cas, effet sur la digestibilité in vitro de l’aliment (d’après Arnold 1970, Arnold et al 1980).

ComposŽs

chimiques contaminant odorant incorporŽ

Effet sur la quantitŽ ingŽrŽe Effet sur la digestibilitŽ

in vitro

Coumarine -9,3 -32 -3,9

Gramine non testŽ -62 -22

Acide tannique -18 * -31 -52

Acide malonique -29 *a -19 ns

Glycine -18 -25 -3,5

Acide glutamique 0 ns ns

Acide malique -14 *a ns ns

Acide quinique -8,6 *a ns ns

ns : non significatif, * : en situation de choix, a: testŽ en solution aqueuse.

Tableau 3. Développement, chez l’agneau, d’une préférence (en ml de solution consommés) pour l’arôme associé à un apport de glucose par rapport à un arôme associé à un apport de saccharine (d’après Burrit et Provenza 1992).

Glucose Saccharine

Avant conditionnement :

PrŽfŽrence initiale pour lÕar™me 455 ± 47 439 ± 46 Apr•s 10 jours de conditionnement :

PrŽfŽrence pour lÕar™me associŽ avec 840 ± 111 32 ± 17

(8)

4 / LÕutilisation des sens dans le comportement alimentaire

Ainsi que lÕindiquent les effets ˆ long terme des modifications de palatabilitŽ, les animaux semblent capables dÕassocier les propriŽtŽs sensorielles dÕun aliment avec les consŽ- quences nutritionnelles de son ingestion.

4

.1

/ LÕapprentissage

des effets post-ingestifs

Les sens stimulŽs par lÕaliment permettent ˆ lÕanimal dÕanticiper les effets post-ingestifs.

Ceci est bien Žtabli chez le rat (voir revue de Le Magnen 1985). Provenza et al (1992) ont proposŽ une reprŽsentation schŽmatique des processus impliquŽs dans lÕapprentissage des prŽfŽrences alimentaires. Dans un processus affectif lÕanimal commence par associer le gožt de lÕaliment avec ses consŽquences post-inges- tives. Puis dans un processus cognitif lÕanimal associe le gožt de lÕaliment avec son odeur et son apparence visuelle. Ainsi les ruminants, comme les autres mammif•res, apprennent ˆ Žviter les plantes toxiques et les aliments aux- quels on ajoute expŽrimentalement un com- posŽ qui va provoquer un malaise. LÕapprentis- sage de prŽfŽrences consŽcutif ˆ un effet nutritionnel positif de lÕaliment est certaine- ment Žgalement important chez les rumi- nants. Des agneaux dŽveloppent une prŽfŽ- rence tr•s forte pour lÕar™me qui a ŽtŽ associŽ ˆ lÕapport de glucose pendant la phase de conditionnement par rapport ˆ lÕar™me associŽ ˆ un apport de saccharine (Burrit et Provenza 1992 ; tableau 3). Ainsi, les ruminants vont dŽvelopper des prŽfŽrences pour les aliments qui apportent le plus dÕŽnergie (Provenza 1995). La consommation de paille est doublŽe lorsquÕon augmente la digestibilitŽ de la ration en introduisant dans le rumen de lÕherbe ˆ la place de la paille (figure 2). A lÕinverse la consommation dÕherbe diminue lorsquÕon introduit de la paille dans le rumen ˆ la place de lÕherbe. Ces rŽsultats, tout comme ceux des Žtudes citŽes plus haut (Arnold et al 1980, Gherardiet al 1991) sÕexpliquent par lÕappren- tissage de la valeur nutritive de lÕaliment.

Cependant, dans une situation de libre choix, les choix alimentaires ne vont pas systŽmati- quement maximiser la densitŽ ŽnergŽtique de la ration. LorsquÕon offre un aliment concentrŽ ˆ volontŽ ˆ des moutons, ils ing•rent un peu de paille pour assurer un bon fonctionnement ruminal (Cooper et al 1995). De m•me ils maintiennent 10 % de la ration sous forme de fourrage hachŽ lorsquÕon leur offre un fourrage en libre choix sous forme hachŽe ou mis en pellets (Greenhalgh et Reid 1974). LÕexpŽ- rience alimentaire dans le jeune ‰ge est dŽter- minante pour la consommation de fourrages de faible valeur nutritive et pour les choix ali- mentaires en situation de libre choix. Les pro- cessus dÕapprentissage par la m•re, les congŽ- n•res et par expŽrience individuelle ont fait lÕobjet de synth•ses (Provenzaet al 1992, Pro- venza 1995).

Les animaux utilisent la vue et lÕodorat pour dŽtecter de subtiles diffŽrences entre ali- ments et opŽrer des choix alimentaires. Le r™le dÕanticipation des sens peut expliquer en partie pourquoi, chez des vaches, un repas dÕorge diminue significativement lÕingestion de foin lorsquÕil est consommŽ par voie orale et non lorsquÕil est introduit directement dans le rumen (Baumontet al 1994 ; tableau 4). Le r™le dÕanticipation des sens peut Žgalement expliquer pourquoi les moutons anosmiques ing•rent plus que les moutons normaux. En effet, chez le rat, les signaux olfactifs ne sont pas seulement impliquŽs dans la perception de la palatabilitŽ, mais aussi dans le contr™le de lÕŽnergie ingŽrŽe (Larue et Le Magnen 1972). LÕanticipation par les sens des effets post-ingestifs peut Žgalement expliquer en partie lÕŽvolution au cours de la journŽe des choix alimentaires au p‰turage (Parsonset al 1994).

4

.2

/ Le comportement hŽdonique

LÕingestion est un comportement dŽterminŽ par la faim, qui est une sensation dŽsa- grŽable, et par la satiŽtŽ qui est gŽnŽralement une sensation agrŽable (Read 1992). Forbes (1995) fait lÕhypoth•se que les ruminants, comme lÕhomme, mangent la quantitŽ dÕali- ments qui permet dÕoptimiser un Žtat de bien-

•tre. Chez lÕhomme, des composantes qualita- tive, quantitative et affective peuvent •tre distinguŽes parmi les sensations complexes ressenties lors de lÕingestion (Fantino 1992).

Les deux premi•res composantes permettent dÕidentifier la nature et la quantitŽ des ali- ments ingŽrŽs. La troisi•me, que lÕon peut appeler perception hŽdonique, est liŽe aux sensations agrŽables et dŽsagrŽables que pro- voquent lÕaliment. Ainsi les mŽcanismes de rŽcompense peuvent induire un comporte- ment alimentaire de nature hŽdonique en compŽtition avec les facteurs du contr™le phy- siologique de la quantitŽ ingŽrŽe. La palatabi- litŽ de lÕaliment va donc stimuler plus ou moins le comportement hŽdonique. Comme nous lÕavons vu plus haut, la quantitŽ ingŽrŽe est plus que doublŽe lorsque des moutons re•oivent de lÕherbe plut™t que de la paille alors que la digestibilitŽ de la ration est main- tenue constante en introduisant lÕautre ali- ment dans le rumen (cf figure 2). La paille doit donc avoir une valeur hŽdonique tr•s faible. Avec des fourrages de bonne qualitŽ,

INRA Productions Animales, dŽcembre 1996

PalatabilitŽ et comportement alimentaire chez les ruminants / 355

Lorsque plusieurs aliments sont offerts, lÕanimal choisit en fonction de son expŽrience - il associe les caractŽristiques de lÕaliment et les consŽquences digestives et mŽtaboliques de son ingestion - et de celle transmise par sa m•re et ses congŽn•res.

Tableau 4. Effet d’un apport d’orge (2,7 kg de matière sèche) sur la quantité ingérée de foin selon que l’orge est ingérée ou introduit directement dans le rumen après mélange avec de la salive artificielle (Baumont et al 1994).

Apport dÕorge

aucun ingŽrŽ dans le rumen

Foin ingŽrŽ (kg de MS)

premi•re heure 1,55a 1,26b 1,56a

journŽe 7,89a 7,00b 7,48ab

Sur une m•me ligne, les valeurs suivies de lettres diffŽrentes diff•rent significativement (ˆ P < 0,05).

(9)

les quantitŽs ingŽrŽes par les bŽliers castrŽs sont tr•s supŽrieures ˆ leurs besoins. Ceci doit sÕexpliquer partiellement par un compor- tement hŽdonique (Baumontet al1997). Chez des animaux rassasiŽs par un premier repas, une distribution de fourrage peut contreba- lancer les signaux de satiŽtŽ et dŽclencher un deuxi•me repas (Gatel 1984). La taille du deuxi•me repas dŽpend de la palatabilitŽ rela- tive des deux fourrages (Baumontet al 1990).

RassasiŽ avec un foin de prairie de faible qua- litŽ, les moutons peuvent encore ingŽrer 400 g de foin de luzerne (cf figure 1). En revanche, rassasiŽs avec de la luzerne, ils refusent dÕin- gŽrer le foin de prairie. Le comportement hŽdonique est en compŽtition avec lÕeffort nŽcessaire ˆ la rŽcompense. Dans un test o•

les animaux doivent marcher pour obtenir un bon fourrage, la prŽfŽrence pour le bon four- rage dŽpend de la quantitŽ qui rŽcompense les animaux (Dumont et Petit 1995).

Conclusion :

palatabilitŽ et contr™le des quantitŽs ingŽrŽes

La rŽponse sensorielle provoquŽe par un ali- ment peut •tre ŽvaluŽe par la vitesse dÕinges- tion lorsquÕun seul aliment est offert ˆ lÕani- mal et par lÕŽtude des prŽfŽrences en situation de choix. Elle int•gre les effets post-ingestifs que lÕanimal apprend ˆ associer avec les pro- priŽtŽs sensorielles et interagit avec les besoins de lÕanimal. La taille des repas et les choix alimentaires sont principalement contr™lŽs par anticipation des effets post- ingestifs afin dÕŽviter des exc•s ou des carences nutritionnelles. Les ruminants, comme les autres animaux, dŽveloppent des prŽfŽrences pour des aliments qui permettent dÕatteindre rapidement un niveau de satiŽtŽ ŽlevŽ. A condition quÕils ne contiennent pas de composŽs toxiques, les aliments qui peuvent

•tre ingŽrŽs rapidement et qui sont tr•s diges- tibles sont donc tr•s palatables. NŽanmoins, pour une valeur nutritive donnŽe, les propriŽ- tŽs sensorielles intrins•ques de lÕaliment sti- mulent plus ou moins un comportement ali- mentaire de nature hŽdonique. En effet, la variabilitŽ rŽsiduelle des mod•les de prŽvision de lÕingestibilitŽ basŽs sur les caractŽristiques nutritionnelles de lÕaliment (valeurs ŽnergŽ- tique et azotŽe, effet dÕencombrement) demeure ŽlevŽe. La palatabilitŽ ŽvaluŽe par la rŽponse des sens int•gre la valeur nutritive et la valeur hŽdonique de lÕaliment (figure 6). Le comportement hŽdonique est probablement dÕautant plus important que le niveau de pro- duction des animaux est faible et que les ani- maux sont en situation de choix alimentaire.

En premi•re approche, la valeur hŽdonique de lÕaliment peut •tre assimilŽe ˆ la diffŽrence

entre la quantitŽ ingŽrŽe observŽe et celle prŽ- vue ˆ partir de sa valeur nutritive. Plusieurs questions demeurent sans rŽponse. Est-il pos- sible dÕaccro”tre durablement la quantitŽ ingŽ- rŽe en amŽliorant la perception hŽdonique de lÕaliment sans accro”tre la valeur nutritive ? Quels sont plus prŽcisŽment les caractŽris- tiques physiques et les composŽs chimiques utilisŽs par les ruminants pour associer les propriŽtŽs sensorielles de lÕaliment ˆ sa valeur nutritive ? Les mŽthodes modernes pour analyser la texture et les composŽs aro- matiques des aliments laissent espŽrer une meilleure comprŽhension des composantes de la palatabilitŽ.

Texte adaptŽ de Baumont R., 1996. Palatability and fee- ding behaviour in ruminants : a review. Ann. Zootech., 45, 385-400.

Figure 6. Réponse des sens aux caractéristiques de l’aliment. Les propriétés sensorielles de l’aliment influencent le comportement hédonique et sont associées par apprentissage à la valeur nutritive. La palatabilité mesurée par la réponse des sens intègre ces deux aspects.

ALIMENT

Valeur nutritive Propriétés

sensorielles

Valeur hédonique

Association par apprentissage

Effets post-ingestifs Réponse

des sens

Préférence

(choix) Vitesse d'ingestion (absence de choix)

Ingestion ANIMAL

Caractéristiques physico-chimiques

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Sci., 112, 67-71.

Abstract

Palatability and feeding behaviour in rumi- nants.

Palatability usually designates those characteris- tics of a feed that invoke a sensory response in the animal, and is considered to be the corollary of the animalÕs appetite for the feed. When only one feed is given to animals fed indoor palatabi- lity can be evaluated by the eating rate at the beginning of the meal and not by voluntary intake that integrates palatability and postinges- tive effects. However experimental procedures allow these two variables to be separated. When several feeds are studied, preference tests are most often used to assess palatability. Behaviou- ral measurements assess motivation for a feed rather than intake. Operant conditioning proce- dures show how animals maintain their choice for a preferred feed as it becomes increasingly difficult to obtain. Physical characteristics of the feed (particle size, resistance to fracture, dry matter content, height and density of sward...) contribute to the sensory response invoked by the animal. They influence ease of prehension and ease of mastication and animals generally prefer the physical form of the feeds they can eat faster. Taste and odour are recognised as of

importance in feed palatability, but their effects are difficult to measure and depend on the expe- rimental procedures used. Most of the palatabi- lity studies are short-term with time scales of minutes or hours. In the long-term (several days or weeks), feed preferences seem generally to be associated with digestive modifications. Animals use their senses to learn to associate the postin- gestive effects of the feed with its sensory charac- teristics. Ruminants generally develop prefe- rences for feeds that will provide a high satiety level rapidly. Thus palatability measured as the sensory response invoked by the feed integrates its nutritive value. However, for a given nutritive value, sensory properties of the feed per se can stimulate or depress hedonic feeding behaviour.

The role of hedonic behaviour on intake may be of particular importance in choice situations and for low producing animals. In a first approach, hedonic value of the feed can be assessed by the difference between the observed intake and the predicted intake as affected by the nutritive value.

BAUMONT R., 1996. PalatabilitŽ et comportement alimentaire chez les ruminants. INRA Prod. Anim., 9 (5), 349-358.

Références

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