DOSAGE MICROBIOLOGIQUE DE LA CYSTINE
APPLICATION AUX PRODUITS VÉGÉTAUX
UTILISÉS DANS L’ALIMENTATION DU BÉTAIL
Louis
CHEVILLARD, Guy
FAUCONNEAU Jean ROCHELaboratoire de Biochimie
générale
et comparée(Collège
de France),Laboratoire de Biochimie des vitamines
(École
desHautes Études)
et laboratoire de Zootechnie de l’Insütut
Agronomique(I.
N. R. A.)Le
dosage
de lacystine
dans lesvégétaux qui
constituent lesprincipaux
aliments des animaux
domestiques présente
deux difficultésimportantes.
Denombreux auteurs
( 1 8, 32 ,
35,3 8, 40 )
ontsignalé
despertes
au cours del’hydro- lyse
acide et, parailleurs,
lesdosages colorimétriques
de lacystine
dans desmilieux
complexes
sont d’unespécificité
médiocre(6, 3 a). Aussi,
avons-nouscherché à établir une méthode
microbiologique
fidèle etsensible, susceptible
de
s’appliquer
audosage
de lacystine
dans lesvégétaux.
CHOIX DU MICROORGANISME
Deux
microorganismes
Lactobacillus arabinosus17/5
et Leuconostoc mesen-teroides P. 60 ont été mis en oeuvre pour le
dosage
de lacystine.
Les essaisont été
poursuivis
en titrant à la soude 0,01 N(par
cc de milieufinal)
l’aciditélibérée par l’un de ces
organismes
dans des conditions standardisées.Lactobacillus arabinosus
I7 j 5 (A.
T. C. C.8 014 ). -L’emploi
de L. arabinosusa été
préconisé
par de nombreux auteurs : BAUMGARTEN(5),
BARTON-W RI G H
T
(4),
MONDOI,FO et CAMBONI(3’!),
MAHADEVAN(35),
HORN et coll.(27), parmi lesquels
MAHADEVAN a donné des résultatsnumériques
relatifs à uneapplication (poils
de rats et laine demouton).
Le milieu de culture de ce der- nier auteur et celui de HoRN et coll.( 27 )
se sont avérésincomplets
pour ledosage
de lacystine
dans les levures(fig. i).
Lacomparaison
du milieu deculture
préconisé
par MAHADEVAN à celui de MONDOLFO et coll.( 37 )
nous aconduits à
augmenter
la teneur en vitamines du groupe B(B,
x 10,B 2
X 5, PP X 4, acidefolique
X 2, 5, biotine X3 )
pourrégulariser
la croissance dumicroorganisme.
Les essais àblanc, lesquels
consomment unequantité
desoude
importante
dans latechnique
dupremier
auteur( 35 ) ( 3
à 4 ce NaOH0 ,
04 N pour 4 ce volume
total), augmentent
alors encoreplus,
ils demeurentirréguliers malgré
deslavages répétés
de l’inoculum( 5
u.g decystine
pour10
ce)
parcentrifugation
et mise ensuspension
dans unliquide isotonique stérile,
nécessaires pour éliminer toute trace decystine.
Les résultats
obtenus, exprimés
en acidité totale titrée avec de la soude o,oi N pour i ce de volume total et4 8
heuresd’incubation,
sont les suivants :L. arabinosus
17/5 présente donc,
dans un milieusynthétique
ne conte-nant pas de
cystine,
une croissanceappréciable
favorisée par les vitamines du groupe B. Comme les levures et d’autresproduits végétaux
contiennent d’assezgrandes quantités
decelles-ci,
ledosage
de lacystine
à l’aide de cemicroorganisme
nepeut
alors conduirequ’à
des résultatsirréguliers.
D’autres auteurs ont
déjà signalé
des difficultés pour sa réalisation : VE-r,iCx et Rorrzorm
(5 3 )
durent abandonner sonemploi
pour ledosage
de la cys-tine dans
plusieurs
enzymes, RiESEN(4 2 )
et DuNN( 1 6),
étudiant le métabo-lisme de diverses bactéries
lactiques
ont constaté que lacystine
n’est pasindispensable
à la croissance de L. arabinosus17/5 . Cependant
EVANS(ig)
etB ARTO
xT-WRrGH2
( 3 , 4 )
ont admis que celle-ciexige
lacystine
au même titreque la méthionine pour être maxima. l,es résultats contradictoires des divers auteurs tiennent sans doute au fait
qu’ÉVANS (ig)
et BARTOrr-WRrGHT( 3 )
utilisent des milieux
synthétiques
ne contenant que de lapyridoxine
commevitamine
B 6 ,
alors que RmsEN( 42 )
et DUNN(z6)
ontemployé
lapyridoxamine
dans le même but. En
effet,
MARVIN( 3 6)
a observé que L. arabinosusn’exige
pas la
cystine
enprésence
depyridoxal
ou depyridoxamine,
mais que cet acide aminé estindispensable
enprésence
depyridoxine,
comme seule sourcede vitamine
B 6’
Ainsipeut s’expliquer
notre échec dansl’emploi
de L. ara-binosus pour le
dosage
de lacystine
dans desproduits
contenant de la vita- mineB 6
sous forme depyridoxal
ou depyridoxamine,
mais non la variabilitéet la valeur élevée des témoins.
En résumé L. arabinosus n’a pas pu être utilisé pour le
dosage
de la cys-tine dans les levures et les luzernes ; il manque de
spécificité
enprésence
d’une des vitamines du
groupe
B enquantité susceptible
d’êtreapportée
parces échantillons.
Leuconostoc mesenteroides P. 60
(A.
T. C. C.8042.)
- EvArrs(ig),
RW-S E
N
( 42 ),
DUNN( 1 6)
et STEELE(5 0 ),
enemployant
des milieux de culture différents montrent que lacystine
est un élémentindispensable
à la croissance de L. mesenteyoides P. 60. Laplupart
de ces auteurs ont montré laspécificité
très étroite de L. mesenteroides pour la
cystine
ou lacystéine.
En
effet,
EvANS( 19 ),
utilisant un milieu à lapyridoxine
comme vita-mine
B!,
a observé quel’homocystéine
nepeut remplacer
lacystine
et que lacholine,
additionnée decystine
etd’homocystéine, permet
une croissance com-parable
à celle obtenue enprésence
de lacystine
seule. Par ailleursl’homocys-
téine ne
peut
pasremplacer
la méthionine et elle ne provoque aucune crois- sance de L. mesenteroides enprésence
decystine
et de choline.Enfin,
RiE-SEN
( 42 )
a établi que lar,-cystine (HCl)
et leglutathion (hydrolysé préalable-
ment par
HCl)
ont la même action sur la croissance du L. mesenteroidesP-60,
tandis que leglutathion
nonhydrolysé, l’homocystéine
et lethioglycolate
desodium sont à cet
égard
inefficaces. LaD -cystine
inhiberait la croissance de L. mesenteyoidesquand
elle est autoclavée avec le milieu et elle aurait unefaible activité
quand
elle estajoutée
à celui-ciaprès
filtration. Pour MAR-VIN
( 3 6),
lacystine
est un élémentindispensable
à la croissance de L. mesen-te y
oides P. 60
quelle
que soit la forme de vitamineB 6 apportée
par le milieuCependant,
pour HmT et WALLACE( 2 6),
L. mesenteroides utilisel’homocystine
comme la
cystine (en
laprésence
ou en l’absence desérine),
dans un milieudifférent de ceux
employés
par RWS!N( 42 )
ou par EVANS( 19 ).
Les raisonsde ces résultats contradictoires
paraissent
devoir être recherchées dans lesproportions
relatives diverses de différents acides aminés et dans leurs inter- actions mutuelles.Par
ailleurs,
selon WE!,!,!R, LUECKE et Srr!L!,(56)
seules las.-allyl-L- cystéinesulfoxyde
et!,-cystinedisulfoxyde
ont une faible activité sur la crois-sance du L. mesenteyoides P. 60
( 30 %
de celle de la!,-cystine).
Ces faits misen évidence en utilisant des milieux contenant de la
peptone
traitée par l’eauoxygénée ( 34 ), peuvent
ne pas être retrouvés avec d’autresmilieux ;
eneffet,
CAMIEN et DUNN
( 12 )
ont montré que l’addition d’unhydrolysat
de caséineoxydée
à un milieusynthétique
de basesupprime
laréponse
de L. arabinosusà la D-méthionine et à la
D!,-méthioninesulfoxyde.
On
peut
conclure de cette étudethéorique
que la!,-cystine
est un élémentindispensable
à L. mesenteyoides P. 60. La croissance de celui-ci est très faible dans un milieudépourvu
de cet acide aminé(essais
à blanc peuélevés)
ST!!!.!
(5 0 ),
DuNN( 1 6),
MARVIN( 3 6)
et RIESEN( 42 )
et saspécificité
vis-à-visde la
!,-cystine
est trèsétroite,
car elle ne s’étend ni auglutathion,
ni auxautres
composés
sulfurésétudiés,
sauf àl’homocystine
dans le cas du milieude HmT et WA!,!,ac!
( 2 6)
et, dans une certaine mesure, à lacystinedisulfoxyde
avec le milieu de LYMAN
( 12 , 34).
CHOIX DU MILIEU
D’après
BRICKSON et!r.v!HJEM (8)
la croissance de L. mesenteroides est affectée par ledéséquilibre provoqué
parl’apport
de certains acides aminésen
excès, présents
dans les échantillonsanalysés.
Toutefois les concentrations nécessaires pour inhiber la croissance de cemicroorganisme
sontcinq
foisplus grandes qu’avec
L. ayabinosus. Laplupart
des auteursqui
ont dosé lacystine
par voiemicrobiologique
dans desprotéines
pures ou dans desliquides biologiques (urine) ( 4 ,
m, 13, 22, 47, 54,5 7 )
ont utilisé le milieu D de Durrrrlégèrement
modifié(augmentation
de la teneur enaminoacides).
STEELE etS AUB E
RLICH
( 45 , 50)
ont mis aupoint
un milieu decomposition
très différente(milieu VI).
Ces auteurs étudient successivement la croissance de L. mesen- teroides avec les y acides aminésindispensables
à la croissance du micro-organisme
et ilsprennent
comme teneur du milieu enceux-ci,
10 fois la quan-tité
correspondant
à la croissance maximum sauf pour la sérine( 2 , 5 fois)
etl’acide
aspartique ( 5 fois).
Cemilieu,
decomposition optima
pour la croissance du L.mesente y oides, peut
être sensible auxperturbations apportées
par les acides aminés de l’échantillonanalysé,
comme l’a montré MoNDOr,xo( 37 ).
Les teneurs en vitamines B sont
plus
faibles que celles du milieu D de DUNN modifié dans sa teneur en acides aminés par divers auteurs(4,
m, 22, 47,54).
Or, une concentration
plus
élevée en vitamines du groupe B a pour effet de rendre les résultatsplus réguliers
et d’éviter des écarts de croissance dans des milieuxlégèrement
différents(courbe
standard et échantillon àanalyser) susceptibles d’apporter
des vitamines( 37 ).
Nous avons
poursuivi
des essais sur le milieu D de DuNNadapté
audosage
de la
cystine
dans l’urine( II ) (principale
modification :augmentation
de 40%
de la teneur en acides
aminés).
Ce milieu ne contient pas d’acideaspartique
et pas d’acide
glutamique, lesquels gênent
la croissance de L. mesenteroidespendant
lespremiers jours
de sondéveloppement (3!),
car ce sont desproduits
de son métabolisme. Par
ailleurs,
la teneur enasparagine
et en alanine estassez
élevée ;
or, SNELL a montré que l’alanine était unprécurseur
de lapyri-
doxamine et du
pyridoxal
et, comme nousn’employons
que lapyridoxine
comme vitamine
B,, pareille
teneur en alanine semble nécessaire.En outre, de nombreux auteurs
( II ,
41, 47,49 )
ontsignalé
despertes
variables encystine pendant
la stérilisation à l’autoclave des tubes contenant le milieusynthétique (formation
de matièreshumiques).
Pour éviter cespertes, qui peuvent
atteindre65 % ( 49 ),
nous avons utilisé la méthode de DuNN( 11 ) (stérilisation séparée
duglucose
et du milieusynthétique).
Nous stérilisons par ébullition à iooo(une demi-heure)
les tubes contenant le milieu sansglu-
cose et la solution standard de
cystine
ou leséchantillons, puis
nous introdui-sons
aseptiquement,
avec unepipette automatique stérile,
leglucose préala-
blement
stérilisé ;
la solution de ce dernierpeut, d’ailleurs,
contenir l’inoculum.En outre, toutes les solutions : milieu
synthétique, échantillon,
solution stan- dard decystine,
sontajustées
àpH
=6, 32
au lieu de6,8 0 ,
cequi
contribueégalement
à diminuer lespertes
encystine (II).
MODE
OPÉRATOIRE
On
opère
sur un volume total de 3 ce par tube : i ce de milieuconcentré,
i ce de solution de
cystine
ou d’extraitprovenant
de l’échantillon et i cede
glucose
à 6%
contenant l’inoculum. Ce dernier estajouté
dans la propor- tion de i ce pour 100 ce deglucose.
L’inoculum estpréparé
avec 3 ce d’une solution decystine
contenant 5 pg decystine auxquels
onajoute
3ce de milieuconcentré, puis
3 ce deglucose
à 6%.
Il est nécessaire que l’ensemencement de l’inoculum soit fait avec une souche de L. mesenteyoidesrepiquée
tousles 8
jours.
Pour obtenir une bonnereproductibilité
de la courbestandard,
la durée d’incubation de l’inoculum doit
toujours
être la même : 20 heures.La durée d’incubation des tubes contenant le milieu
synthétique
et les solu-tions à
analyser
ou la solution decystine
doit êtresupérieure
à 68 heures dans le cas de L. mesenteroides P. 60( 1 6).
Comme lemicroorganisme
estaérobie,
les tubes doivent avoir le même diamètre intérieur
( 9 , 5
à m,5 mm pour 3 ccde volume
total).
Les corps interférant dans les échantillonsagissent particu-
lièrement sur la vitesse de
croissance ;
aussi utilisons-nous 7o heures environ d’incubation et titrons-nous l’acidité totale obtenue avec de la soude 0,03N( 1 6).
Cette
méthode,
évitant touteperte
decystine pendant
lastérilisation,
est très sensiblepuisqu’elle permet d’appliquer
ledosage
à des échantillons contenant de 0,3 à 3 u-g decystine ;
elle est doncparticulièrement adaptée aux produits végétaux,
pauvres encystine.
Fidélité de la méthode
La
reproductibilité
de la courbe standard s’est montrée satisfaisante pen- dant une année entière. Elle n’est d’ailleurs pas absolument nécessaire à l’exac- titude dudosage, puisque
l’on établit une courbe standard pourchaque essai ;
mais elle contrôle la
bonne
conservation de la souche. LaL -cystéine
et laL
-cystine permettent
d’obtenir exactement la même courbe(cf.
tableau IIet courbe
II).
Les
dosages
effectuéspendant
un an sur le mêmeproduit (luzerne II)
ont donné les résultats suivants :
o,8 7 , 0 ,88, o,8 9 ,
o,go,0 ,8 55 , o,8 9 , o,8 9 , o,88, 0
,85, o,8 9 , 0 ,8 2 , 0 ,865 mg/g
deluzerne,
leshydrolyses
ayant été faites dans les mêmes conditions(HCl 6N, pendant
6 heures à io8o en tube scellé sousvide).
La fidélité de la méthode sur un même échantillon est donc satisfaisante.Précision de la méthode
L’analyse statistique
des résultats(luzerne II)
obtenus sur 5 concentra-tions
(dosages
endouble)
nouspermet
de définir celle-ci. Calculée en%
dumaximum de la courbe standard 3 flg nous avons
successivement,
pour les 5 concentrations croissantes et par ced’hydrolysat
dilué :865
!.g ± 50 I1gc’est-à-dire
6%,
si l’onprend,
comme on l’a faitici,
P = 0,05, ce
qui correspond
à 2 foisl’écart-type.
Laprécision indiquée
parl’analyse statistique (±
6%)
est donc satisfaisante. Elle se vérifie pour 12do- sages effectués dans les mêmes conditions.Conditions
d’hydrolyse
du matériel étudiéLes résultats obtenus par les différents auteurs sont assez contradictoires : HE
ND E
RSONet SNELL
( 23 )
d’unepart,
et STOKES(5 1 )
d’autrepart, préconisent l’emploi
de l’acidechlorhydrique 3 N
à iooopendant
5 à io heures. MAHA-D E
VAN
( 35 ) adopte HCI 3 N pendant
5 à 7 heures à 12oO. AININGet MIRSKY(i)
utilisant l’acide
sulfurique
pourl’hydrolyse
deprotéines
pures trouvent que la teneur encystine (méthode
deF OLIN ) augmente
avec la concentration enacide
(5N
àIIN). Enfin,
HESSet SULLIVAN( 24 ),
dans une étude des meilleuresconditions
d’hydrolyse
pour ledosage
de lacystine
dans le virus de lamosaïque
du
tabac,
ont obtenu laplus
haute teneur encystine
avecSO,H,6N pendant
12 heures et avec IH à 57
%
sous azotependant
18 heures( 0 ,6 9 -o,y %)
alors que HCI à 20
%
dans HCOOHpendant
24heures nepermettait
d’obtenirque 0,51
%
et HCl à 20% pendant
6 heures 0,47%.
Les résultats semblent varier avec le matériel
étudié,
mais tous les au-teurs notent la très
grande
facilité de destruction de lacystine, laquelle
estaccrue par la
présence
detryptophane,
deglucides
et de traces de cuivre(
3 8, 4
8). L’hydrolyse enzymatique
a donné de bons résultats à CALVERY et B!,ocx( 9 )
pour l’ovalbumine( 2 , 1 %
contre 1,3%
parhydrolyse acide) ; cependant
elle neparaît
paspouvoir
êtreemployée
d’une manière trèsgénérale,
car RIESEN et
E LV E JH E M ( 43
et44 )
n’ont retrouvé que 40 à 60% de la
cys-tine libre
après
5jours d’hydrolyse enzymatique
de la caséine. De leur côté POLLARDet
C HIBNAL I. ( 39 )
ont obtenu des résultatsanalogues
pourl’hydrolyse
acide
(HCl 6N)
etl’hydrolyse enzymatique
deprotéines
d’herbes. Deplus,
denombreux auteurs, entre autres BAILEY
(2),
FROMAGEOT( 20 )
ont insisté sur lalabilité de la
cystine
dans sa combinaisonpeptidique,
labilitéempêchant
d’uti-liser le test de
surcharge
pour contrôler la validité d’unetechnique d’hydrolyse ’
Comme le besoin de L. mesenteroides en!,-cystine
est trèsspécifique ( 42 )
nous avons pu
employer
cetorganisme
pour étudier la stabilité de l’acide aminé dans lesprotéines
au cours del’hydrolyse,
en fonction de latempérature,
dela concentration en acide et du
temps
d’action de celui-ci. Les résultats maxima obtenuspeuvent
être considérés commecorrespondant
à une valeuracceptable
de la teneur en
cystine, probablement
entachée d’une sensible erreur par défaut.Test de
surcharge L
-cystine ajoutée
avantl’hydrolyse.
A) Échantillon
i g de luzerne II,hydrolyse
par HCl 6Npendant
6 heuresà 1080.
B) Échantillon
i g de luzerne II !- 600 ¡.t.g deL -cystine, hydrolysé
dans les mêmes conditions :n , 1
,-,j ,.
Glutathion
ajouté
avantl’hydrolyse
dans les mêmes conditions que la!,-cystine (pour
tester la destruction en combinaisonpeptidique) :
n .
Une
perte
de lacystine
duglutathion
a donc lieu au cours del’hydrolyse
decelui-ci. Toutefois comme la
dispersion
des résultats est trèsgrande comparative-
ment à celle obtenue sur l’échantillon de
luzerne,
il estprobable
que laperte
encystine
due àl’hydrolyse
desprotéines
desvégétaux
est sensiblement moindre( 2 ).
On
peut admettre,
enpremière approximation qu’elle
nedépasse
pas io%.
RÉSULTATS
Levu y
es de distilleyie. - Les essais ont été faits en tube scellé sous vide et sous azote pour éviter la destruction de la
L -cystine (i
g de levure n°i65 :
N
% : 5,8 %
dans 20 ced’HCl).
Les résultats les
plus
élevés ont été obtenus enemployant
HCl 6N sousvide
pendant
8heures,
le réactif ayant étépréalablement
saturé d’azote parbarbotage pendant
10 minutes.Résultat : 1,93
mg/g
deproduit
et o,53%
desprotéines ( 1 6 % N).
Luzerne. Nous avons
essayé
diverses conditionsd’hydrolyse
pour des luzernes récoltées à des stades de maturité variés :luzerne I, campagne 1950, traitée par
cubage
avec 4% d’huile,
N%n :
2,2
%;
luzerne II, campagne 1951, séchée
industriellement,
N% :
2,5% :
luzerne III, très
jeune,
hauteur : 15 cm, séchée àl’infrarouge,
N0/
4,3
%.
Toutes les
hydrolyses
ont été faites en tube scellé sous vide à 108°.L’action de l’acide
chlorhydrique
6Npendant
6 heures en tube scellé donne les résultats lesplus
élevés encystine.
Un essaid’hydrolyse
dans lesmêmes
conditions,
mais en matras sousréfrigérant
àreflux,
conduit au même résultat( 0 ,8 50 mg/g).
Nous avonsadopté
lepremier
moded’hydrolyse.
Le chlorure de sodium des échantillons
provenant
de la neutralisation de l’acidechlorhydrique
par la soude negêne
pas lacroissance,
à condition de ne pasdépasser
20 mg de chlorure de sodium pour 3 ce de volume total.L’évaporation
de l’acidechlorhydrique
sousvide,
à 45°,répétée
trois foisaprès reprise
par l’eau du résidu sec, conduit à des résultatsidentiques (o,8
9
o mg/g
pour la luzerneII).
Nous avons
essayé
sans succèsl’hydrolyse
enprésence
de chlorure stan- neux,lequel
réduit considérablement la formation de matièreshumiques
so-lubles
( 29 ,
34,55)!
Laprésence
de l’étain provoque une inhibition de la crois-sance de L. mesenteroides et les résultats obtenus
après
son élimination à l’état de sulfure sont entachés d’unelégère
erreur par défaut( 0 , 740 mg/g
avantl’élimination de l’étain et
o,8 3 o
mgaprès).
Analyse
des divers échantillonsL’analyse
de tous lesproduits analysés
a donné des résultats satisfaisantsaux critères
d’application
de la méthodemicrobiologique.
Nous n’avons ob- servé en effet niinhibition,
ni activation de la croissance de L. mesenteyoides pour des concentrations croissantes enhydrolysats
des échantillons. Les résul- tats trouvés sont d’ailleurs souvent en accord avec des donnéesbibliographiques
les
plus
récentes.Remarques.
Nous n’avons pas observé des différencessignificatives
dansle
pourcentage
decystine
dans les luzernesd’âge croissant,
cequi
est en accordavec les résultats de I,UGG
(33).
Les résultats obtenus par la
technique microbiologique
sont souventplus
faibles que ceux obtenus par des méthodes
chimiques,
comme l’ontsignalé
divers auteurs, entre autres ScxwEiGExT
( 47 ).
Un récentrapport publié
parl’Université
RUTGERS( 5 8)
sur ledosage
de lacystine,
de l’ovalbumine et de la farine d’arachidepar l’une
et les autres, asignalé
des différencessystématiques
entre les résultats
obtenus,
d’unepart,
dans deux laboratoires utilisant uneméthode
microbiologique
et, d’autrepart,
dans trois laboratoires mettant en oeuvre des méthodeschimiques (S ULLIVAN
etF OLIN ),
les valeurs déterminées par les dernières étantsystématiquement plus
élevées. Parailleurs,
BLOCKet BOWLING
( 7 ) indiquent
dans leur ouvrage des teneurs encystine
de levureset des luzernes
plus
fortes que celles obtenues par d’autres auteurs(6,
52,5 8)
et par nous-même.
Résumé. - Nous avons
poursuivi
des recherches sur l’établissement d’une méthodemicrobiologique
dedosage
de faiblesquantités
decystine applicable
à des
produits végétaux
utilisés dans l’alimentation animale.Lactobaciltus arabinosus
17/5 (A.
T. C. C.8 014 )
et Leuconostoc mesente- roides P. 60(A.
T. C. C.8 042 )
ont été successivement mis en oeuvre dans cebut. Le
premier
a du être abandonné en raison des difficultés que l’onéprouve
à couvrir son besoin en
cystine
enprésence
dequantités
diverses de vitamines du groupeB,
tellesqu’en apportent
les échantillons àanalyser.
Leuconostoc mesenteroides P.
6<I, organisme
trèsspécifique,
a étéadopté
avec le milieu D de Durrlr modifié. Nous avons pu doser de manière satisfai- sante à l’aide du mode
opératoire
décrit desquantités
decystine
allant de 0,3 à 3 jxg dans des tourteaux, desfourrages
frais et secs et dans des levures.BIBLIOGRAPHIE
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